Test Blu-ray / Exécutions, réalisé par Romolo Guerrieri

EXÉCUTIONS (Un detective) réalisé par Romolo Guerrieri, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er mars 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Franco Nero, Florinda Bolkan, Adolfo Celi, Delia Boccardo, Susanna Martinková, Renzo Palmer, Roberto Bisacco, Maurizio Bonuglia…

Scénario : Franco Verucci, Alberto Silvestri & Massimo D’Avak, d’après le roman de Ludovico Dentice

Photographie : Roberto Gerardi

Musique : Fred Bongusto

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

L’inspecteur Belli est mandaté par le célèbre avocat Fontana de faire expulser une cover-girl dont son fils Mino est tombé amoureux, et d’enquêter sur un certain Romanis, le directeur d’une maison de disques, qui avait promis un poste important à Mino. Il trouve ce dernier assassiné de deux balles de revolver.

Le metteur en scène Romolo Guerrieri (né en 1931), de son vrai nom Romolo Girolami, est connu des cinéphiles amateurs de Bis, pour son western Le Temps des vautours 10.000 dollari per un massacro (1967), avec Gianni Garko, sans aucun doute un des meilleurs westerns transalpins produit, réalisé et interprété à cette époque bénie du cinéma. Dans sa filmographie, se distingue aussi et surtout L’Adorable Corps de Deborah Il dolce corpo di Deborah, giallo de l’année 1968 avec Carroll Baker, Jean Sorel et George Hilton. Juste après ce dernier, Romolo Guerrieri adapte un roman de Ludovico Dentice (Macchie di belletto Des taches de peinture), avec l’aide de Franco Verucci (Big Guns Les Grands fusils de Duccio Tessari, Le Cogneur de Steno avec Bud Spencer), Alberto Silvestri (Trinita voit rouge de Mario Camus, La Prof d’éducation sexuelle de Mariano Laurenti) et Massimo D’Avak (Le Labyrinthe du sexe d’Alfonso Brescia, Si douces, si perverses d’Umberto Lenzi, Qui l’a vue mourir ? d’Aldo Lado). Il fallait au moins autant de scénaristes pour venir à bout de cette histoire tarabiscotée, qui lorgne bien évidemment sur les récits tortueux, hermétiques (pour ne pas dire chiants) de Raymond Chandler. Car si Franco Nero, ultra-classe, est aussi inattendu que formidable dans ce rôle de flic corrompu, animé par l’argent facile et mauvais comme une teigne, on finit par s’ennuyer rapidement devant Exécutions (Un detective, ou tout simplement Detective Belli aux Etats-Unis), en raison d’une multitude de personnages qui dissimulent en réalité une intrigue finalement peu emballante et trop bavarde.

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Test 4K UHD / La Balance, réalisé par Bob Swaim

LA BALANCE réalisé par Bob Swaim, disponible en Combo 4K Ultra HD + Blu-ray le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Philippe Léotard, Nathalie Baye, Richard Berry, Maurice Ronet, Bernard Freyd, Christophe Malavoy, Jean-Paul Comart, Albert Dray, Florent Pagny, Tchéky Karyo, Sam Karmann…

Scénario : Bob Swaim & Mathieu Fabiani

Photographie : Bernard Zitzermann

Musique : Roland Bocquet

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

Mathias Palouzi, flic responsable des brigades territoriales, s’est mis en tête d’arrêter le roi de la pègre de Belleville : Roger Massina. Pour atteindre son but, un indic lui est indispensable. Quand celui qui l’informait est retrouvé assassiné, Palouzi n’a plus qu’à chercher une autre « balance ». Dédé Laffont, petit proxénète, apparaît comme le remplaçant idéal : il a un contentieux avec Massina et désire se venger.

Né en 1943 dans l’Illinois, Bob Swaim s’installe en France en 1965, où il s’inscrit à la Sorbonne, section ethnologie. Devenu un fidèle de la Cinémathèque, il commence à étudier à l’École Louis Lumière, puis devient cameraman, avant de signer trois courts-métrages, Le Journal de M. Bonnafous (1970), L’Autoportrait d’un pornographe (1972) et Vive les Jacques (1973). Il passe le cap du long-métrage en 1977 avec La Nuit de Saint-Germain-des-Prés, dans lequel Michel Galabru interprète le légendaire Nestor Burma, d’après Léo Malet, et dirige un certain Daniel Auteuil, qui faisait ses premiers pas au cinéma. Échec cinglant, le film n’attire même pas 50.000 spectateurs…1982, Bob Swaim fait son retour derrière la caméra et crée l’événement avec La Balance. Avec ses 4,2 millions d’entrées, ce polar se classe en cinquième position au box office cette année-là, derrière E.T. l’extraterrestre, L’As des as, Deux heures moins le quart avant J.C. et Le Gendarme et les Gendarmettes, et parvient à se classer devant La Boum 2, Les Misérables de Robert Hossein, Mad Max 2, le défi et Les Sous-doués en vacances. Carton plein pour La Balance, qui obtient huit nominations aux César et récolte les compressions tant convoitées de la Meilleure actrice, du Meilleur acteur et du Meilleur film. Quarante ans après son raz-de-marée, La Balance demeure une valeur sûre du film policier hexagonal. S’il reste indéniablement représentatif de son époque et si les premières minutes peuvent faire peur avec son côté nanar et kitsch, La Balance déploie ensuite un récit riche en rebondissements et déploie un éventail de personnages excellemment écrits, développés, croqués, documentés, remarquablement interprétés par Nathalie Baye, Philippe Léotard, Richard Berry, Christophe Malavoy, Jean-Paul Comart, Florent Pagny, Tchéky Karyo et bien d’autres. Si l’on a souvent loué l’importance des Ripoux de Claude Zidi, de Police de Maurice Pialat, et de L.627 de Bertrand Tavernier, sortis respectivement deux ans, trois ans et dix ans après, dans sa représentation réaliste du quotidien de la brigade des stupéfiants de Paris, La Balance posait déjà les bases, les intentions et les partis-pris. L’oeuvre de Bob Swaim était donc ce qu’on peut qualifier d’avant-gardiste, avait su saisir quelque chose d’inédit d’un genre en pleine mutation, qui allait engendrer moult ersatz, séries B et Z et même changer la donne quant aux codes des séries télévisées du genre qui reprendront le même schéma (même encore aujourd’hui) plus réaliste. La Balance est ni plus ni moins une pierre angulaire du polar français.

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Test Blu-ray / Ultime violence, réalisé par Sergio Grieco

ULTIME VIOLENCE (La Belva col mitra) réalisé par Sergio Grieco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er mars 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Helmut Berger, Marisa Mell, Richard Harrison, Marina Giordana, Luigi Bonos, Vittorio Duse, Ezio Marano, Claudio Gora…

Scénario : Sergio Grieco

Photographie : Vittorio Bernini

Musique : Umberto Smaila

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Le tueur Nanni Vitali s’évade de prison avec trois complices. Il se lance dans une folie meurtrière, remplie de vols, viols, assassinats, et prises d’otages. L’inspecteur Giulio Santini se met à sa poursuite avec force moyens. Mais Vitali va séquestrer son père et sa soeur.

Sergio Grieco (1917-1982) fait partie de ces innombrables artisans du cinéma Bis transalpin. Si son nom reste méconnu, en France tout du moins, les titres de ses films fleurent bon l’exploitation et demeurent toujours appréciés des aficionados du genre, ou plutôt des genres, puisque le metteur en scène aura suivi les modes et surfé sur le goût des spectateurs, qui n’aura de cesse d’évoluer des années 1950 à la fin des années 1970. On peut citer pêle-mêle Le Chevalier de la violence Giovanni dalle Bande Nere, Le Pirate de l’épervier noir Il pirata dello sparviero nero, Les Nuits de Lucrèce Borgia Le notti di Lucrezia Borgia, L’Esclave de Rome La schiava di Roma, Jules César contre les pirates Giulio Cesare contro i pirati, Mission spéciale… Lady Chaplin Missione speciale Lady Chaplin, Superman le diabolique Come rubare la corona d’Inghilterra, L’Homme qui défia l’Organisation L’uomo che sfidò l’organizzazione et Une Suédoise sans culotte La nipote del prete. L’ancien assistant de René Clément sur le sublime Au-delà des grilles (1949) aura réalisé quarante longs-métrages en près de trente ans de carrière, vouée quasiment entièrement au cinéma commercial. Il tire sa révérence à l’âge de soixante ans avec Ultime violence La Belva col mitra, célèbre aussi sous le titre Le Fauve à la mitraillette, ainsi que Mad Dog Killer et Beast with a Gun pour son exportation internationale, thriller agressif, néo-polar et donc plus précisément poliziottesco pur et dur, à ne pas mettre devant tous les yeux en raison de certaines scènes très cruelles, dans lequel Helmut Berger s’avère complètement déchaîné. Un très bon cru.

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Test 4K UHD / Les Fauves, réalisé par Jean-Louis Daniel

LES FAUVES réalisé par Jean-Louis Daniel, disponible en Combo 4K Ultra HD + Blu-ray le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Philippe Léotard, Daniel Auteuil, Gabrielle Lazure, Macha Méril, Valérie Mairesse, Véronique Delbourg, Florent Pagny, Farid Chopel…

Scénario : Catherine Cohen, Jean-Louis Daniel & Philippe Setbon

Photographie : Richard Andry

Musique : Philippe Servain

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Un couple de célèbres cascadeurs. Bela et Berg, se préparent à présenter un numéro particulièrement dangereux. Bela, en larmes, annonce à Berg qu’elle le quittera à la fin de la soirée. Étonné de cette décision soudaine, Berg s’énerve et provoque l’accident. Berg est éjecté de la voiture en flammes tandis que Bela périt brûlée vive. Trois ans plus tard, Berg en proie aux remords, a renoncé au métier de cascadeur et travaille comme vigile faisant des rondes de nuit en voiture, dans Paris…

Avant sa mise en orbite définitive avec Jean de Florette et Manon des sources, la carrière de Daniel Auteuil prenait un premier envol grâce au triomphe des Sous-doués de Claude Zidi, qui attire pas loin de 4 millions de spectateurs en 1980, conforté par le succès des Sous-doués en vacances (3,6 millions d’entrées) deux ans plus tard. Les films, principalement des comédies (Les Hommes préfèrent les grosses, T’empêches tout le monde de dormir, Pour cent briques t’as plus rien !, Que les gros salaires lèvent le doigt !) s’enchaînent très vite pour l’acteur désormais populaire. Mais celui-ci mettra un an pour revenir sur le grand écran, refusant les « pantalonnades » qu’on lui propose, désireux de montrer qu’il peut faire autre chose et de dévoiler entre autres ses capacités dramatiques. C’est à ce moment-là qu’arrive Les Fauves de Jean-Louis Daniel (né en 1955), metteur en scène et scénariste autodidacte, qui avait jusqu’à présent réalisé deux longs-métrages, La Bourgeoise et le Loubard, connu aussi sous le titre Trottoir des allongés, présenté au Festival de Cannes en 1977, suivi en 1980 de Même les mômes ont du vague à l’âme, avec Marie-Christine Barrault, Guy Bedos, Bruno Cremer, Jacques Spiesser et Mimsy Farmer. Polar suintant qui pue le caniveau, la sueur, le cuir tanné et la bibine frelatée, Les Fauves est un pur produit de son époque, qui interpelle par son côté désespéré, pessimiste, sombre et ultraviolent, un film néo-noir qui dégouline de spleen, où une poignée de marginaux prennent possession des rues de Paris quand arrive minuit et que la ville met à jour les plus bas instincts de l’être humain.

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Test Blu-ray / Échec au porteur, réalisé par Gilles Grangier

ÉCHEC AU PORTEUR réalisé par Gilles Grangier, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 19 janvier 2022 chez Pathé.

Acteurs : Paul Meurisse, Jeanne Moreau, Serge Reggiani, Simone Renant, Robert Porte, Fernand Sardou, Bernard La Jarrige, Christian Fourcade…

Scénario : Noël Calef, Gilles Grangier & Pierre Véry, d’après le roman de Noël Calef

Photographie : Jacques Lemare

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h24

Année de sortie : 1958

LE FILM

Membre d’un gang de trafiquants, Bastien Sassey transporte un ballon de foot contenant de la drogue. Mais celui-ci est bientôt remplacé par un ballon en plastique chargé d’explosifs, destiné à éliminer un gang rival. Hélas, cette bombe à retardement tombe entre les mains d’un groupe d’enfants qui joue à proximité…

Depuis toujours, sur Homepopcorn, à travers nos critiques consacrées à Train d’enfer, Le Sang à la tête, Gas-oil, Maigret voit rouge et Archimède le clochard, nous n’avons jamais cessé de réhabiliter le talent du réalisateur Gilles Grangier (1911-1996), un des meilleurs artisans du cinéma français des années 1950-1960. On lui doit entre autres près de soixante-dix long-métrages, téléfilms et séries, mis en scène en quarante ans de carrière, dont douze opus avec Jean Gabin. Éclectique, le cinéaste n’aura de cesse de passer du drame à la comédie, en passant par le film policier. Échec au porteur appartient à la dernière catégorie. Sorti en janvier 1958, la même année que Trois jours à vivre avec Daniel Gélin et surtout Le Désordre et la Nuit, avec « le Vieux », ce polar quelque peu oublié est pourtant représentatif du solide boulot de Gilles Grangier. Si le projet est proposé à ce dernier par Michel Audiard, « le Petit Cycliste » ne s’occupe pas du scénario. On doit en effet l’adaptation du roman du même nom de Noël Calef, immense succès dans les librairies deux ans auparavant et auréolé du Prix du Quai des Orfèvres, à l’auteur lui-même, épaulé par Pierre Véry (L’Assassinat du père Noël, Les Disparus de Saint-Agil, Goupi-Mains rouges, Les Anciens de Saint-Loup, L’Enfer des anges) et Gilles Grangier. Cela se ressent immédiatement. Échec au porteur est un film sec, sans mots d’auteur qui ont fait la renommée d’Audiard, naturaliste, qui fait la part belle aux décors naturels (ici les terrains vagues de Gennevilliers) comme les affectionnaient tant le réalisateur, qui les mettait toujours en valeur, autant que ses comédiens, les ambiances de quartier, leurs habitants et les métiers disparus. Avec son intrigue soutenue et resserrée sur 85 minutes, son casting quatre étoiles (Paul Meurisse, Jeanne Moreau, Serge Reggiani, Gert Fröbe…) et son suspense maintenu du début à la fin, Échec au porteur est à redécouvrir absolument.

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Test 4K UHD / Perdita Durango, réalisé par Álex de la Iglesia

PERDITA DURANGO réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray depuis le 22 novembre 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Rosie Perez, Javier Bardem, Harley Cross, Aimee Graham, James Gandolfini, Screamin’ Jay Hawkins, Carlos Bardem, Demián Bichir…

Scénario : Barry Gifford, David Trueba, Álex de la Iglesia & Jorge Guerricaechevarria, d’après le roman de Barry Gifford

Photographie : Flavio Martínez Labiano

Musique : Simon Boswell

Durée : 2h10

Année de sortie : 1997

LE FILM

Perdita Durango, une femme solitaire venu au Mexique répandre les cendres de sa soeur, rencontre l’étrange Roméo Dolorosa un tueur sans scrupule adepte de magie noire vaudou. Les deux protagonistes deviennent amants Dans leur périple de sexe et violence ils kidnappent un jeune couple américain en vacances au Mexique. Toujours sur un mauvais coup, Dolorosa se voit confier le transport d’un camion rempli de fœtus pour le compte de la mafia. Mais la route menant jusqu’à Las Vegas sera parsemée de policiers, d’assassins, de journalistes et par les parents des jeunes gens enlevés…

Quasiment deux ans jour pour jour après Le Jour de la bête, Álex de la Iglesia livrait son troisième long-métrage, Perdita Durango, nouvelle bombe cinématographique comme lui seul en a le secret, même si le réalisateur reprenait ici un projet destiné auparavant à son compatriote Bigas Luna. Le film devait à la base réunir Javier Bardem, Madonna et Dennis Hopper, puis dans un deuxième temps Victoria Abril, Johnny Depp et Ray Liotta. Finalement, après la reprise en main par Álex de la Iglesia, Javier Bardem est confirmé, mais le rôle-titre est confié à la torride Rosie Perez, d’origine portoricaine, découverte en 1989 dans Do the Right Thing de Spike Lee, vue ensuite en 1991 dans Night on Earth de Jim Jarmusch, et surtout en 1992 dans Les Blancs ne savent pas sauter White Men Can’t Jump de Ron Shelton, dans lequel elle interprète la petite amie explosive et caliente de Woody Harrelson. Dans Perdita Durango, elle trouve l’un des rôles de sa vie et signe une prestation flippante, qui n’a rien à envier à celle de son partenaire, qui repousse les limites une fois de plus. Álex de la Iglesia embarque son audience dans les aventures mouvementées et violentes de ces « tueurs nés latinos », dans un environnement qui rappelle beaucoup celui de U Turn – Ici commence l’enfer d’Oliver Stone, pourtant sorti en même temps, le même mois, la même année. Particulièrement dérangeant, Perdita Durango n’est certainement pas un film « aimable », le cinéaste s’amusant à pousser les spectateurs dans ses retranchements, son empathie pour des personnages non seulement outranciers, mais aussi criminels et agressifs. C’est une expérience à part entière, pas forcément réussie du début à la fin, comme la plupart des œuvres du metteur en scène qui comme d’habitude a cette fâcheuse tendance à s’éparpiller, mais force est de constater que Perdita Durango n’a absolument rien perdu de sa force et de son aura un quart de siècle après sa sortie.

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Test Blu-ray / La Chasse – Cruising, réalisé par William Friedkin

LA CHASSE (Cruising) réalisé par William Friedkin, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 19 janvier 2022 chez Colored Films.

Acteurs : Al Pacino, Paul Sorvino, Karen Allen, Richard Cox, Don Scardino, Joe Spinell, Jay Acovone, Randy Jurgensen…

Scénario : William Friedkin, d’après le roman de Gerald Walker

Photographie : James A. Contner

Musique : Jack Nitzche

Durée : 1h42

Année de sortie : 1980

LE FILM

Plusieurs crimes sont perpétrés à New York sur des homosexuels adeptes de pratiques sado-masochistes. Steve Burns, un jeune policier, est chargé de l’enquête et doit, pour ce faire, infiltrer le milieu gay de Greenwich Village…

Après French Connection (1971), récompensé par cinq Oscars, deux BAFTA et trois Golden Globes, puis L’Exorciste (1973), deux Oscars et quatre Golden Globes, William Friedkin peut faire tout ce qu’il souhaite à Hollywood. Cela va être le cas, mais rien ne va se passer comme prévu. Le Convoi de la peur Sorcerer est un échec commercial très grave, qui sort dans l’ombre d’un certain Star Wars. Le temps fera son affaire, mais pour l’heure, le réalisateur doit absolument se refaire une santé au box-office. Pour ce faire, il accepte de prendre les manettes de Têtes vides cherchent coffres pleins The Brink’s Job, comédie policière inspirée par un fait divers réel, avec un casting quatre étoiles, Peter Falk, Peter Boyle, Warren Oates, Gena Rowlands et Paul Sorvino. Mais cette fois encore, le public ne répond pas à l’appel. Le producteur Jerry Weintraub (Nashville de Robert Altman) lui propose alors la transposition du roman Cruising (Piège à hommes en France) de Gerald Walker (journaliste criminel au New York Times), publié en 1970, qui narre l’histoire d’un policier infiltré, à la recherche d’un tueur en série qui sévit dans le milieu gay sado-maso new-yorkais. Mais William Friedkin rechigne, trouvant que le livre a déjà vieilli. Certains éléments récents, quelques histoires sordides de corps ou de membres repêchés, vont toutefois éveiller sa curiosité et le cinéaste décide finalement de lier ces événements à l’intrigue du roman, tout en commençant à se documenter sur le milieu dans lequel se déroulerait le film. La suite, les cinéphiles la connaissent plus ou moins. Le tournage de Cruising La Chasse est marqué par l’omniprésence d’activistes homosexuels, qui manifestent et perturbent les prises de vue, pensant que comme des gays sont tués dans le film, celui-ci ne peut être qu’homophobe. Au coeur de la controverse car acteur principal, Al Pacino est menacé et escorté par des gardes du corps. Il ne participera pas à la promotion de Cruising à sa sortie et gardera un souvenir amer, autant du tournage que du montage final de William Friedkin, qu’il accuse d’avoir trahi son personnage. Quarante ans après, La Chasse est probablement devenu l’un des opus préférés du réalisateur de la part des passionnés de cinéma. Véritable plongée asphyxiante et foncièrement ambiguë dans un monde interlope, complètement méconnu à l’époque, Cruising est un film peu aimable et très dérangeant, il le sera d’ailleurs toujours. Pourtant, thriller admirable, politiquement incorrect, qui malmène constamment le spectateur en l’emmenant sur un territoire où il n’a aucun repère, La Chasse est un film vers lequel on n’a de cesse de revenir, car il s’en dégage un mystère insondable, et lorsque l’on pense en avoir saisi la teneur, le regard face caméra d’Al Pacino réinitialise pour ainsi dire nos analyses et réamorcent nos certitudes. Chef d’oeuvre.

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Test 4K UHD / BAC Nord, réalisé par Cédric Jimenez

BAC NORD réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD, Blu-ray et Combo Blu-ray + 4K UHD le 18 décembre 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Gilles Lellouche, François Civil, Karim Leklou, Adèle Exarchopoulos, Kenza Fortas, Cyril Lecomte, Michaël Abiteboul, Idir Azougli, Vincent Darmuzey, Jean-Yves Berteloot…

Scénario : Cédric Jimenez & Audrey Diwan

Photographie : Laurent Tangy

Musique : Nick Powell

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu’au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…

C’est LE film français qui a fait couler beaucoup d’encre, d’ailleurs nous ne reviendrons pas sur la polémique insupportable et absurde qui a accompagné sa sortie, mais qui a surtout rassemblé plus de deux millions de spectateurs dans les salles hexagonales, un exploit en ces temps de pandémie qui engrange forcément moins d’entrées. BAC Nord est le quatrième long-métrage de Cédric Jimenez (né en 1976), après Aux yeux de tous (2012), La French (2014) et HhhH (2017). Remarqué en 2007 pour avoir écrit et produit Scorpion de Julien Seri, il démarre sa carrière de metteur en scène avec un thriller urbain centré sur l’idée d’une société de plus en plus oppressante. Film atypique et ambitieux, Aux yeux de tous regorgeait d’obsessions personnelles, notamment celle où la vie de tous les jours est exhibée aux yeux des caméras. Pour ce faire, Cédric Jimenez filmait toute son action à travers le prisme des caméras de surveillance et de webcams. Pour un coup d’essai, le metteur en scène faisait preuve d’une solide maîtrise de cette étrange grammaire visuelle, en faisant fi d’un budget très serré. Si ces partis-pris l’emportaient finalement sur les personnages et la crédibilité de l’histoire, Aux yeux de tous, complexe et ambitieux, était une première œuvre prometteuse. Cédric Jimenez n’a pas mis longtemps pour faire sa place au sein du cinéma français, car deux ans plus tard sortait La French, avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche, qui incarnaient respectivement le juge Pierre Michel et le parrain du milieu marseillais Gaëtan Zampa pendant les années 1970 et 1980, lors de la période de trafic d’héroïne de la French Connection. Obtenant carte blanche et un budget conséquent de plus vingt millions d’euros, le réalisateur signait un polar tendu et sombre, mais en dépit d’un succès mitigé (1,5 million d’entrées), son travail était salué de toutes parts. Il devait enchaîner avec HhhH, l’adaptation du roman historique homonyme de Laurent Binet, publié en 2010 aux éditions Grasset, prix Goncourt du premier roman et traduit en vingt langues, relatant le véritable récit de l’Opération Anthropoid, durant laquelle deux résistants tchécoslovaques furent envoyés pour assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo et des services secrets nazis. Le cinéaste s’emparait de cette histoire romanesque à part entière et convoquait un casting international pour son premier long métrage en langue anglaise. Cette fois encore, Cédric Jimenez démontrait un savoir-faire indéniable derrière la caméra. Mais il lui manquait ce petit truc qui pouvait le porter vers les cimes. Ce qu’il semble avoir trouvé avec BAC Nord, qu’il coécrit avec Audrey Diwan, comme ses précédents longs-métrages, qui vient d’ailleurs de remporter le Lion d’or du Festival de Venise pour L’Evènement. Librement inspiré par le scandale qui a eu lieu en 2012 au sein de la brigade anti-criminalité de Marseille, où dix-huit de ses membres avaient été déférés en correctionnelle pour trafic de stupéfiants et racket, BAC Nord est un vrai western urbain, un polar burné (tu peux trembler du scrotum Olivier Marchal), frontal, sec comme un coup de trique, non seulement formidablement réalisé, mais aussi magistralement interprété par un casting quatre étoiles. Donc non, pas de barouf à la con, mais un film qui fait réfléchir doublé d’un putain de grand divertissement qui fait du bien au cinéma français.

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Test Blu-ray / Paiement Cash, réalisé par John Frankenheimer

PAIEMENT CASH (52 Pick-Up) réalisé par John Frankenheimer, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 16 octobre 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Roy Scheider, Ann-Margret, Vanity, John Glover, Robert Trebor, Lonny Chapman, Kelly Preston, Doug McClure…

Scénario : John Steppling, d’après le roman d’Elmore Leonard

Photographie : Jost Vacano

Musique : Gary Chang

Durée : 1h50

Date de sortie initiale: 1986

LE FILM

Un industriel américain, Harry Mitchell, mène une vie très active entre son entreprise florissante et sa femme Barbara qui « manage » un homme politique. Mais Harry s’est entiché d’une jeune mannequin et le jour où il décide de rompre, un maître-chanteur et deux complices lui projettent une cassette contenant des preuves irréfutables de cette aventure. Harry décide, après une explication très franche avec Barbara, de ne pas céder…

Paiement Cash 52 Pick-Up, ou quand John Frankenheimer (1930-2002), le réalisateur du Prisonnier d’Alcatraz (1962), Un crime dans la tête (1962), Le Train (1964) et Grand prix (1966), French Connection 2 (1975) se mettait au service de la légendaire Cannon Films ! Contrairement à À armes égalesThe Challenge (1982), film de ninja et d’action de seconde zone dans lequel il était difficile de reconnaître la griffe du metteur en scène, Paiement Cash est comme qui dirait un pot-pourri de tout le bagage technique de John Frankenheimer, qui se fait plaisir avec ce thriller de série B (de luxe), adapté du roman Fifty-Two Pickup de l’immense Elmore Leonard, publié en 1974, qu’il transpose pour ainsi dire page par page, parfois à la réplique près, juste en délocalisant le lieu de l’action de Detroit à Los Angeles. S’il n’a connu aucun succès dans les salles, 52 Pick-Up est rapidement devenu culte et demeure par ailleurs un des derniers bons films où Roy Scheider tenait le haut de l’affiche. Le comédien retrouvera John Frankenheimer quatre ans plus tard pour La Quatrième Guerre The Fourth War. En l’état, Paiement Cash reste un savoureux divertissement, solidement réalisé et dont l’univers malsain dans lequel se déroule l’intrigue annonce 8 Millimètres de Joel Schumacher.

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Test Blu-ray / Les Contrebandiers de Santa Lucia, réalisé par Alfonso Brescia

LES CONTREBANDIERS DE SANTA LUCIA (I contrabbandieri di Santa Lucia) réalisé par Alfonso Brescia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Mario Merola, Antonio Sabàto, Gianni Garko, Jeff Blynn, Edmund Purdom, Sabrina Siani, Lorraine De Selle, Marco Girondino…

Scénario : Ciro Ippolito & Piero Regnoli

Photographie : Silvio Fraschetti

Musique : Eduardo Alfieri

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Le capitaine Ivano Radevic enquête sur un trafic international d’héroïne. Pour cela, il n’hésite pas à infiltrer le milieu des contrebandiers napolitains, et se lie avec Don Autiero, un trafiquant de cigarettes. Celui-ci le mènera à Don Vizzini, un parrain de la mafia.

Au cours de nos chroniques, nous avons déjà parlé d’Alfonso Brescia (1930-2001), parfois connu sous son pseudonyme Al Bradley, ancien assistant de Roberto Bianchi Montero, Giuseppe Vari, Mario Amendola, Silvio Amadio, Mario Caiano, grâce auxquels il apprend son boulot de metteur en scène sur leurs comédies, péplums et films d’aventures. En 1964, il passe lui-même derrière la caméra avec La Révolte des prétoriens La rivolta dei pretoriani, très vite suivi du Gladiateur magnifique Il magnifico gladiatore (1964), avec Mark Forest. Le réalisateur signera une cinquantaine de longs-métrages, en passant par tous les genres possibles et imaginables, dont les titres demeurent emblématiques du cinéma Bis et reflètent l’évolution des goûts du public, Goldocrack à la conquête de l’Atlantide Il conquistatore di Atlantide (1965), Furie au Missouri – Il Giorni della violenza (1967). Tête de pont pour huit implacables Testa di sbarco per otto implacabili (1968), Le Labyrinthe du sexe Nel labirinto del sesso (1969), Un joli corps qu’il faut tuer Il tuo dolce corpo da uccidere (1970), Le Manoir aux filles Ragazza tutta nuda assassinata nel parco (1972), Supermen contre les Amazones Superuomini, superdonne, superbotte (1975), La Bataille des étoiles Cosmo 2000 – Battaglie negli spazi stellari (1978) et bien d’autres. A la fin des années 1970, Alfonso Brescia délaisse la science-fiction, il venait d’emballer quatre « space opera » et revient au polar mafieux avec Napoli serenata calibro 9, L’Ultimo guappo, Il mammasantissima et Les Contrebandiers de Santa Lucia I contrabbandieri di Santa Lucia, les quatre films ayant pour particularité d’avoir été tournés à Naples. S’il retrouvera le polizziotescho et cette ville encore après, le film qui nous intéresse est donc Les Contrebandiers de Santa Lucia, formidable thriller qui propose à la fois une intrigue policière solide doublée d’une dimension documentaire puisqu’Alfonso Brescia y plonge sa caméra dans les rues, dans les us et coutumes de Naples, au milieu de ses habitants, de leur quotidien et de leurs magouilles.

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