Test Blu-ray / Sarah Bernhardt, la Divine, réalisé par Guillaume Nicloux

SARAH BERNHARDT, LA DIVINE réalisé par Guillaume Nicloux, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2025 chez Memento Distribution.

Acteurs : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar, Pauline Etienne, Mathilde Ollivier, Laurent Stocker, Samuel Brafman-Moutier, Sylvain Creuzevault…

Scénario : Guillaume Nicloux & Nathalie Neuthreau

Photographie : Yves Cape

Musique : Reynaldo Hahn

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

1915. Atteinte d’une tuberculose osseuse au niveau du genou, la grande actrice Sarah Bernhardt se voit contrainte d’être amputée de la jambe droite. Au terme d’une opération délicate mais réussie, elle assiste aux visites successives de ses proches, notamment le jeune cinéaste Sacha Guitry qui cherche à percer le secret de la liaison entre Sarah et son père Lucien. C’est le début d’une longue confession sur ce qui, vingt ans plus tôt, aura fait basculer le destin de « la Divine ».

Si l’on devait comparer Guillaume Nicloux à un autre metteur en scène, ce serait sans nul doute Steven Soderbergh, avec lequel le cinéaste semble partager cette envie insatiable de filmer, de passer d’un genre à l’autre, d’aborder les différents formats, courts et longs-métrages, documentaires, téléfilms, séries télévisées. Son premier opus, Les Enfants volants, remonte à 1990, mais c’est à partir d’Une affaire privée (2002) qu’il accélérera le rythme avec à ce jour, dix-sept longs-métrages à son actif. Guillaume Nicloux a encore passé la vitesse supérieure depuis 2022 avec La Tour, drame horrifique, La Petite, qui offrait à Fabrice Luchini l’un de ses plus beaux rôles, Dans la peau de Blanche Houellebecq, sa troisième collaboration avec Michel Houellebecq dans son propre rôle, après L’Enlèvement de Michel Houellebecq et Thalasso, puis enfin, le film qui nous intéresse aujourd’hui, Sarah Bernhardt, la Divine. Comme son titre l’indique, ce dernier est un biopic consacré à l’actrice Sarah Bernhardt (1844-1923), également peintre et sculptrice, considérée comme une des plus importantes comédiennes françaises du XIXe et du début du XXe siècle, première star internationale, appelée par Victor Hugo « la Voix d’or », mais aussi par d’autres « la Divine » ou encore « l’Impératrice du théâtre », l’une des plus grandes tragédiennes de tous les temps, qui avait connu un triomphe sur les cinq continents. La légende raconte aussi que Jean Cocteau aurait créé pour elle l’expression « monstre sacré ». C’est Sandrine Kiberlain qui se glisse dans les magnifiques costumes créés par Anaïs Romand (Boléro, De Gaulle, Une vieille maîtresse), habituée des films historiques, et qui livre à cette occasion l’une des plus grandes prestations de toute sa carrière, déjà conséquente et impressionnante. Certains ont pu reprocher un certain académisme à l’ensemble, pourtant Sarah Bernhardt, la Divine demeure comme son sujet, furieusement moderne dans son approche, le récit étant branché directement sur l’ébouriffante énergie de son interprète principale, tandis que le réalisateur s’amuse avec la temporalité de cette existence, en revenant dans le passé, en imbriquant les flashbacks, en dévoilant une artiste qui était chaque seconde en représentation, oubliant souvent la différence entre la scène et la vie réelle. Une grande et belle expérience de cinéma et un rôle en or pour Sandrine Kiberlain, injustement oubliée des César en 2025.

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Test Blu-ray / 36 fillette, réalisé par Catherine Breillat

36 FILLETTE réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Delphine Zentout, Étienne Chicot, Olivier Parnière, Jean-Pierre Léaud, Berta Domínguez D., Jean-François Stévenin, Diane Bellego…

Scénario : Catherine Breillat & Roher Salloch, d’après le roman de Catherine Breillat

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Maxime Schmitt

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Lili, quatorze ans, passe ses vacances dans un camping avec ses parents et son frère. Un soir, elle rencontre Maurice, personnage cynique de quarante ans qui cherche à la séduire. Une relation ambiguë s’installe alors.

À cause de la faillite de son producteur, le premier long-métrage de Catherine Breillat, Une vraie jeune fille, tourné en 1975, ne pourra être distribué que près d’un quart de siècle plus tard. En 1979, sort sur les écrans Tapage nocturne, ou l’histoire d’une femme, mariée et mère d’une petite fille, qui recherche constamment l’amour fou et va d’aventure en aventure au rythme de deux ou trois rendez-vous par soirée, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse jusqu’à la passion. On reconnaît bien là les thèmes, les obsessions de la réalisatrice. 180.000 spectateurs auront la curiosité d’aller voir ce second film. Après cela, Catherine Breillat officiera exclusivement comme scénariste, pour Lilaiana Cavani (La Peau), Marco Bellocchio (Les Yeux, la bouche), Maurice Pialat (Police), et ne fera son retour derrière la caméra qu’en 1988 avec 36 fillette. Rétrospectivement, ce dernier est assurément l’un des meilleurs opus de la cinéaste, qui se place dans la droite lignée d’Une vraie jeune fille, avec lequel 36 fillette partage de nombreux motifs, tout en prolongeant certains questionnements, notamment cette dichotomie entre le corps et l’esprit. Remarquablement interprété par Delphine Zentout et Étienne Chicot, 36 fillette n’est évidemment pas à mettre devant tous les yeux, mais s’avère un fascinant objet de cinéma pour les autres, doublé d’un passionnant sujet de réflexion.

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Test Blu-ray / L’Attachement, réalisé par Carine Tardieu

L’ATTACHEMENT réalisé par Carine Tardieu, disponible en DVD et Blu-ray le 1er juillet 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Pio Marmaï, Vimala Pons, Raphaël Quenard, César Botti, Catherine Mouchet, Marie-Christine Barrault, Mélissa Barbaud…

Scénario : Carine Tardieu, Raphaëlle Moussafir & Agnès Feuvre, d’après le roman d’Alice Ferney

Photographie : Elin Kirschfink & Yann Maritaud

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Sandra, quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption.

Cela couvait depuis un certain temps. On l’avait même senti dès son premier long-métrage en 2007, La Tête de maman. Du vent dans mes mollets (2012) était plus récréatif, mais cela n’empêchait pas la réflexion, tandis qu’Ôtez-moi d’un doute (2017) nous avait pour le coup laissé perplexes. La chrysalide a eu lieu en 2022 avec Les Jeunes Amants et maintenant que nous avons L’Attachement devant nos yeux nous pouvons le dire, Carine Tardieu est devenue une de nos plus grandes réalisatrices. En adaptant le roman d’Alice Ferney, L’Intimité, paru en 2020, la cinéaste livre un film-somme, en adoptant le point de vue d’un petit garçon de cinq ans (le monde de l’enfance ayant souvent tenu une place importante dans l’oeuvre de Carine Tardieu) et en explorant le thème de la disparition d’un être, déjà à l’oeuvre dans Les Jeunes amants. Mesdames et messieurs, préparez les mouchoirs, car L’Attachement est sans nul doute l’un si ce n’est le plus beau film que vous verrez en 2025. Pio Marmaï (dans son plus beau rôle), Vimala Pons, Valeria Bruni Tedeschi, César Botti, Raphaël Quenard…ils sont tous merveilleux ici, atteignent les sommets, touchent en plein coeur et foudroient l’âme du début à la fin, en évitant tout pathos. Dans Du Vent dans mes mollets, Carine Tardieu s’attardait sur les adultes scrutés par les enfants, eux-mêmes passés au scanner par les plus grands, à travers un univers coloré et poétique. Près de quinze années plus tard, L’Attachement, coécrit par Carine Tardieu et sa fidèle coscénariste Raphaële Moussafir, ainsi qu’avec Agnès Feivre (Le Théorème de Marguerite, Une Estonienne à Paris), oscille entre le réalisme universel et le romanesque propre au cinéma. La cinéaste capte cette fois encore avec sensibilité les peines de l’âme humaine, analyse comment les enfants et les adultes cohabitent ensemble et comment les êtres en peine vont continuer malgré tout à s’aimer, en trouvant la bonne équation, quand bien mêmes les inconnues se révèlent être multiples et inattendues. Le chef d’oeuvre de Carine Tardieu.

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Test Blu-ray / La Rue, réalisé par Jerry Shatzberg

LA RUE (Street Smart) réalisé par Jerry Shatzberg, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 22 octobre 2024 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Christopher Reeve, Kathy Baker, Mimi Rogers, Jay Patterson, Andre Gregory, Morgan Freeman, Anna Maria Horsford, Frederick Rolf…

Scénario : David Freeman

Photographie : Adam Holender

Musique : Robert Irving

Durée : 1h37

Date de sortie initiale: 1987

LE FILM

Un fringant journaliste, Jonathan Fisher, en perte de vitesse, propose à son rédacteur en chef un reportage « saignant » sur un souteneur de Times Square. Mais il n’est pas évident d’approcher un des membres du milieu et à bout d’idées, Jonathan bidonne le portrait pittoresque d’un mac imaginaire. Grand succès dans les médias et Jonathan se voit confier une série de reportages sur les bas-fonds. Mais toute médaille a son revers et le journaliste va se frotter au milieu et à la police pour avoir si naïvement menti…

Difficile de trouver un cinéaste aux débuts aussi fulgurants que Jerry Schatzberg (né en 1927). 1970, Portrait d’une enfant déchuePuzzle of a Downfall Child, 1971, Panique à Needle ParkThe Panic in Needle Park, 1973, L’ÉpouvantailScarecrow, qui remporte la Palme d’or au Festival de Cannes 1973. On connaît beaucoup moins la suite de sa carrière, même s’il n’a pas arrêté de tourner jusqu’en 1989, après quoi Jerry Schatzberg fera un break de près de dix ans et reviendra au cinéma qu’en 2000 avec The Day the Ponies Come Back, interprété par Burt Young et Guillaume Canet, qui sera complètement rejeté par la critique et le public. La Rue Street Smart sort en 1987 et s’avère une production Cannon, Yoram Globus et Menahem Golan, toujours en quête de respectabilité, ayant pu mettre la main sur le réalisateur, comme ils venaient de le faire pour Barbet Schroeder (Barfly) et Jean-Luc Godard (King Lear), pendant qu’ils produisaient à côté Protection rapprochée et Le Justicier braque les dealers avec Charles Bronson, Les Barbarians, Le Ninja Blanc et Les Maîtres de l’univers. La même année, alors sous contrat, Christopher Reeve s’apprête à renfiler les collants bleus de Superman pour la quatrième aventure de l’Homme d’acier, dont la licence a été rachetée aux Salkind par les Go-Go Boys. À la recherche de nouveaux rôles qui pourraient l’éloigner de l’image du super-héros qui l’a rendu mondialement célèbre, Christopher Reeve accepte The Quest for Peace (ou Le Face à face chez nous), s’il obtient le financement et donc le premier rôle dans La Rue. C’est une affaire faite. Et le comédien de livrer une grande prestation. Street Smart est un thriller dramatique foncièrement contemporain, qui dévoile une facette peu reluisante de l’ère Reagan, où tout est permis, tout cela dans le but d’arriver au sommet. La Rue n’a rien perdu de sa force et annonce déjà le principe des médias modernes marqués par les chaînes d’infos en continu. Assurément à découvrir.

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Test Blu-ray / Le Mohican, réalisé par Frédéric Farrucci

LE MOHICAN réalisé par Frédéric Farrucci, disponible en DVD & Blu-ray le 17 juin 2025 chez Ad Vitam.

Acteurs : Alexis Manenti, Mara Taquin, Théo Frimigacci, Paul Garatte, Marie-Pierre Nouveau, Michel Ferracci, Jean Michelangeli, Luiza Benaïssa…

Scénario : Frédéric Farrucci

Photographie : Jeanne Lapoirie

Musique : Rone

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

En plein cœur de l’été, Joseph, l’un des derniers bergers du littoral corse, voit son terrain convoité par la mafia pour un projet immobilier. Il refuse de céder. Cela signerait la fin d’un monde. Quand il tue accidentellement l’homme venu l’intimider, il est forcé de prendre la fuite et devient la proie d’une traque sans répit du sud au nord de l’île. Portée par sa nièce Vannina, la légende de Joseph, incarnant une résistance réputée impossible, grandit au fil des jours et se propage dans toute la Corse…

C’est ce qu’on appelle un grand cinéaste en devenir ! Le Mohican est seulement le second long-métrage du réalisateur Frédéric Farrucci, remarqué en 2020 avec La Nuit venue, drame néo-noir avec Camélia Jordana, récompensé par le César de la meilleure musique originale. On attendait avec impatience son deuxième coup d’essai et nous ne sommes pas déçus. Le Mohican impose bel et bien un nouvel auteur doublé d’un metteur en scène virtuose, qui a profité d’une présentation de son film à la Biennale de Venise en 2024. Loin de la capitale et de l’asphalte où se déroulait principalement l’action de son précédent opus, Frédéric Farrucci, amoureux du cinéma de genre, livre un vrai et formidable western moderne tenté de polar, entièrement tourné dans le maquis, pour lequel il retrouve d’ailleurs sa terre natale, étant né à Ajaccio et ayant grandi sur l’Île de Beauté. Le Mohican est une œuvre personnelle, engagée, anxiogène, qui prend à la gorge du début à la fin, pour résumer, un superbe objet de cinéma.

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Test Blu-ray / Jouer avec le feu, réalisé par Delphine et Muriel Coulin

JOUER AVEC LE FEU réalisé par Delphine & Muriel Coulin, disponible en DVD & Blu-ray le 22 mai 2025 chez Ad Vitam.

Acteurs : Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stefan Crepon, Sophie Guillemin, Édouard Sulpice, Arnaud Rebotini, Maëlle Poesy…

Scénario : Delphine et Muriel Coulin, d’après le roman Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin

Photographie : Frédéric Noirhomme

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Pierre éduque seul ses deux fils. Louis, le cadet, réussit ses études et avance facilement dans la vie. Fus, l’aîné, part à la dérive. Fasciné par la violence et les rapports de force, il se rapproche de groupes d’extrême-droite, à l’opposé des valeurs de son père. Pierre assiste impuissant à l’emprise de ces fréquentations sur son fils. Peu à peu, l’amour cède place à l’incompréhension…

On est heureux de revoir les sœurs Coulin, Muriel, l’aînée, et Delphine, réalisatrices de 17 filles (2011) et de Voir du pays (2016), qui depuis avaient signé un documentaire, Charlotte Salomon, la jeune fille et la vie, peintre allemande qui, entre 1940 et 1942, a peint plus de 1300 tableaux mêlant peinture, textes et musiques, avant de disparaître à Auschwitz à 26 ans. Elles reviennent à la fiction avec Jouer avec le feu, adaptation du roman de Laurent Petitmangin, Ce qu’il faut de nuit, publié en 2020, qui se penche sur la cellule familiale qui implose quand l’un des fils se met à fréquenter un groupe de jeunes ultras d’extrême-droite. Avec ce troisième long-métrage, Muriel et Delphine Coulin s’inscrivent définitivement dans le cercle des grandes réalisatrices de ces quinze dernières années. Jouer avec le feu impose une fois de plus un univers qui leur est propre, personnel, engagé, fiévreux, qui fait vibrer le spectateur à travers un sujet d’actualité, de société, en trouvant là encore ce parfait équilibre entre film d’auteur et divertissement populaire. Immense réussite.

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Test Blu-ray / Dernier été à Tanger, réalisé par Alexandre Arcady

DERNIER ÉTÉ À TANGER réalisé par Alexandre Arcady, disponible en DVD & Blu-ray le 3 juin 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Valeria Golino, Thierry Lhermitte, Roger Hanin, Vincent Lindon, Jean Bouise, Julien Guiomar, Jacques Villeret, Anna Karina…

Scénario : Alexandre Arcady, Alain Le Henry, Tito Topin d’après le roman Au diable son dû (The Devil His Due) de William O’Farrell

Photographie : Robert Alazraki

Musique : Serge Franklin

Durée : 2h04

Année de sortie : 1987

LE FILM

L’été 1956 à Tanger : Richard Corrigan dans son bureau de détective privé rêve d’Amérique. Quand un avocat suisse lui propose une forte somme pour porter une enveloppe à quelques mètres de là au bar de l’hôtel Minzah. Là, Claudia, magnifique Italienne de vingt ans l’attend. Pour Corrigan c’est le début de la fortune, mais aussi le commencement des ennuis. De nombreux crimes suivent le sillage de la pulpeuse Claudia.

Rétrospectivement, Dernier été à Tanger est le premier revers commercial d’Alexandre Arcady. Abonné au succès depuis son premier film Le Coup de Sirocco, le réalisateur met pourtant tous les atouts de son côté dans ce cinquième long métrage aux décors fastes et à la reconstitution soignée. Il peut se permettre ce luxe grâce à ce qui restera ses deux plus grands triomphes, Le Grand pardon (1982) avec 2,2 millions d’entrées et Hold-up (1985) avec Jean-Paul Belmondo qui attire 2,4 millions de spectateurs. Avec Dernier été à Tanger, le cinéaste revient à une œuvre plus personnelle, réunit un casting impressionnant devant la caméra et livre une histoire où plane l’ombre du cinéma classique hollywoodien. Si le projet est ambitieux, le résultat n’est pas à la hauteur des espérances, même si Dernier été à Tanger n’a rien de honteux et reste un divertissement très honnête.

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Test Blu-ray / Le Coup de Sirocco, réalisé par Alexandre Arcady

LE COUP DE SIROCCO réalisé par Alexandre Aracady, disponible en DVD & Blu-ray le 3 juin 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Roger Hanin, Michel Auclair, Marthe Villalonga, Patrick Bruel, Philippe Sfez, Marie-Anne Chazel, Gérard Jugnot, Lucien Layani…

Scénario : Alexandre Arcady, Daniel Saint-Hamont, Jan Saint-Hamont d’après le roman éponyme de Daniel Saint-Hamont

Photographie : Jean-François Robin

Musique : Serge Franklin

Durée : 1h45

Année de sortie : 1978

LE FILM

Paul Narboni se souvient de son enfance heureuse à Oran en Algérie avant de quitter le pays suite aux événements de 1954. Avec sa famille, il arrive alors à Marseille avant de monter à Paris. Épicier, son père Albert va devoir s’adapter à ce nouveau pays. Paul est alors adolescent : c’est le temps des premiers amours. La famille rencontre d’aimables gens qui se révéleront être des escrocs. Ensemble, ils vont malgré tout s’intégrer peu à peu et s’habituer à leur nouvelle vie…

C’est de là que tout est parti pour Alexandre Arcady. Dans son premier long métrage, Le Coup de Sirocco, le réalisateur de 32 ans se penche sur un événement qu’il a connu personnellement avec ses parents et ses quatre frères, l’exil en métropole à la fin de la guerre d’Algérie. Après une carrière avortée de comédien, puis de metteur en scène de théâtre, Alexandre Arcady est attiré par le cinéma et réalise quelques courts métrages. Avec sa compagne Diane Kurys, il crée une société de production, Alexandre Films et coproduit Diabolo menthe, immense succès de l’année 1977 avec plus de 3 millions d’entrées. De son côté, Alexandre Arcady découvre la première ébauche du roman Le Coup de Sirocco de Daniel Saint-Hamont, dans lequel il y voit une résonance avec sa propre histoire. Les deux hommes s’associent et adaptent le livre pour le grand écran. C’est un grand succès. Non seulement le film est l’un des premiers à évoquer le rapatriement des familles Pieds-noirs en métropole, mais il est également largement autobiographique et a aussi contribué à relancer la carrière de Roger Hanin. Quarante ans après sa sortie, Le Coup de Sirocco reste un film très frais, joliment mis en scène avec des personnages très attachants.

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Test DVD / Daddio, réalisé par Christy Hall

DADDIO réalisé par Christy Hall, disponible en DVD le 11 avril 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Sean Penn, Dakota Johnson, Marcos A. Gonzalez & Zola Lloyd

Scénario : Christy Hall

Photographie : Phedon Papamichael

Musique : Dickon Hinchliffe

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Une jeune femme atterrit à JFK à New York un soir, après deux semaines passées avec sa demi-sœur en Oklahoma, dans sa petite ville d’origine. En sortant de l’aéroport, elle prend un taxi. Échangeant quelques textos hésitants avec son amant, elle accepte de discuter avec le chauffeur de taxi, qui entame la conversation…

Daddio est un premier long-métrage très prometteur, celui de Christy Hall, productrice et scénariste du très remarqué Jamais plus It Ends With Us de Justin Baldoni, grand succès critique et public de 2024. Tout d’abord imaginé comme une pièce de théâtre expérimentale, avant de devenir le scénario d’un film auquel était rattaché Daisy Ridley, Daddio est finalement mis en stand by en 2017 et placé sur la Black List. Il faudra attendre quatre ans pour que le film soit relancé et c’est là que le nom de Dakota Johnson arrive, la comédienne étant maintenant engagée pour tenir le rôle principal, tout en participant également à la production. À ses côtés, Sean Penn, qui avait mis le cinéma quelque peu de côté, lui donne la réplique. Et là le miracle s’accomplit, car Daddio place les deux têtes d’affiche dans un taxi, les y enferme pendant 90 minutes et repose entièrement et uniquement sur leur face-à-face, elle comme passagère, lui comme chauffeur qui effectue sa dernière course de la nuit. « Girlie » et « Clark », comme ils ont décidé de s’appeler, vont entamer une conversation inattendue, apprendre à se connaître avec quelques indices donnés ici et là, l’habitacle du taxi devenant alors soudainement un confessionnal improvisé qui va faire autant de bien à l’une qu’à l’autre. Sur un concept casse-gueule déjà tenté avec un résultat en demi-teinte (voir Locke de Steven Knight et son remake Le Choix de Gilles Bourdos), Christy Hall livre une fabuleuse partition pour son merveilleux tandem, qui crève l’écran et dont la prodigieuse alchimie emporte le spectateur à leur côté. Une formidable course, qui nous restera assurément dans un coin de la tête.

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Test Blu-ray / Pour l’exemple, réalisé par Joseph Losey

POUR L’EXEMPLE (King & Country) réalisé par Joseph Losey, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 avril 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Dirk Bogarde, Tom Coutenay, Leo McKern, Barry Foster, Peter Copley, James Villiers, Jeremy Spenser, Barry Justice…

Scénario : Evan Jones, d’après la pièce de John Wilson

Photographie : Denys N. Coop

Musique : Larry Adler

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

En 1917, le soldat Hamp est traduit en cour martiale pour avoir déserté le front pendant quelques heures. Son avocat, l’éloquent capitaine Hargreaves, tente d’enrayer la terrible mécanique d’une justice militaire décidée à faire, de ce cas, un exemple…

On n’a pas le temps de faire ça dans les règles !

La filmographie de Joseph Losey (1909-1984) est sans doute l’une des plus passionnantes de l’histoire du cinéma. Les éditeurs français ont très souvent mis en avant ses longs-métrages, ses plus célèbres (Le Messager, Mr Klein, Accident, Cérémonie secrète, Eva, Le Rôdeur, The Servant) comme les plus méconnus (L’Assassinat de Trotsky, La Bête s’éveille, The Criminal, Les Damnés) et on en oublie forcément. Pour l’exempleKing & Country fait assurément partie de la seconde catégorie et ce malgré la présence au générique de Dirk Bogarde, avec lequel le cinéaste tournera à cinq reprises. Ce film de guerre et de procès sort un an après The Servant, qui avait été un immense succès et valu le BAFTA au comédien. Une décennie après leur première association, le tandem Losey-Bogarde se réunit pour un drame intimiste, confidentiel on pourrait dire, inspiré par la pièce de théâtre Hamp, écrite par John Wilson, que le réalisateur ne trouvait pas bonne d’ailleurs, qui était elle-même tirée d’une nouvelle de James L. Hodson. C’est Evan Jones, qui avait déjà bossé avec Joseph Losey sur Eva et Les Damnés, qui se charge de cette transposition au cinéma et l’on y retrouve la rigueur, ainsi que la sécheresse qui marqueront plus tard son scénario de Réveil dans la terreurWake in Fright (1971) de Ted Kotcheff. Sous son aspect austère, Joseph Losey enferme ses personnages et donc le public dans les tranchées, les englue dans la boue, au milieu des rats et sous la pluie diluvienne, pour évoquer non seulement l’enfer dans lequel sont plongés les soldats au quotidien, mais aussi dans celui que vit le personnage merveilleusement incarné par Tom Courtenay. Pour l’exemple est un modèle de tous les instants, une leçon de montage, d’interprétation, d’écriture (certaines répliques annoncent même le premier épisode de Rambo) de mise en scène (virtuose), de concision. On en ressort exténué, mais aussi bouleversé, scandalisé par ce qui s’est joué. La force de l’histoire n’est pas sans annoncer celle d’Outrages Casualties of War (1989) et Redacted (2009) de Brian De Palma. C’est dire le caractère indispensable de ce chef d’oeuvre humaniste et antimilitariste.

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