Test Blu-ray / Juliette au printemps, réalisé par Blandine Lenoir

JULIETTE AU PRINTEMPS réalisé par Blandine Lenoir, disponible en DVD et Blu-ray le 15 octobre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Izïa Higelin, Sophie Guillemin, Jean-Pierre Darroussin, Noémie Lvovsky, Salif Cissé, Éric Caravaca, Leny Morand…

Scénario : Blandine Lenoir & Maud Ameline, d’après le roman graphique de Camille Jourdy

Photographie : Brice Pancot

Musique : Bertrand Belin

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Juliette, 35 ans, illustratrice de livres pour enfants, retourne dans le lieu où elle a grandi pour passer quinze jours en compagnie de ses proches : un père un peu lunaire, une sœur qui a d’autres chats à fouetter entre ses gosses, son boulot, son falot de mari et son amant, une mère aux abonnés absents et une grand-mère qui perd la tête. Souvenirs enfouis, non-dits et secrets de famille remontent à la surface…

Quand on découvre Juliette au printemps, on pense instantanément à un autre film, en l’occurrence Rosalie Blum de Julien Rappeneau, pépite sortie en 2015. Cela n’est pas anodin, puisque le quatrième long-métrage réalisé par Blandine Lenoir est aussi l’adaptation d’un roman graphique de Camille Jourdy (Juliette, les fantômes reviennent au printemps), dont on retrouve la même sensibilité et le même univers. Voici donc Juliette au printemps, merveilleuse comédie-dramatique, excellemment interprétée par une prestigieuse distribution, sur laquelle trône la lumineuse Izïa Higelin. Parallèlement à sa carrière musicale, la fille du grand Jacques n’a eu de cesse d’étonner au cinéma et ce depuis sa première apparition dans le très conseillé Mauvaise Fille de Patrick Mille en 2012. La comédienne a ensuite confirmé tout le bien que l’on pensait d’elle en apparaissant devant la caméra du tandem Nakache/Toledano (Samba), celle de Kervern et de Delépine (Saint Amour), mais aussi de Catherine Corsini (La Belle saison), Jacques Doillon (Rodin) et Louis Leterrier (le carton Netflix de Loin du périph). Juliette au printemps vaut aussi pour l’immense Jean-Pierre Darroussin, bouleversant dans le rôle du père qui n’a jamais su exprimer ses sentiments, mais dont le regard débordant d’amour et les gestes sans cesse esquissés et retenus émeuvent jusqu’aux larmes. La dépression a rarement été aussi poétique au cinéma et Juliette au printemps est ni plus ni moins l’un des meilleurs films français de l’année 2024. Un vrai coup au coeur.

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Test Blu-ray / La Vie à l’envers, réalisé par Alain Jessua

LA VIE À L’ENVERS réalisé par Alain Jessua, disponible en DVD & Blu-ray le 6 novembre 2024 chez Inser & Cut/L’Oeil du témoin.

Acteurs :  Charles Denner, Anna Gaylor, Guy Saint-Jean, Nicole Gueden, Yvonne Clech, Jean Yanne, Robert Bousquet, Nane Germon…

Scénario :  Alain Jessua, d’après son roman

Photographie : Jacques Robin

Musique : Jacques Loussier

Durée : 1h35

Date de diffusion initiale : 1964

LE FILM

Jacques Valin, employé dans une agence immobilière de Montmartre, mène une vie sans problème en compagnie de son amie cover-girl. Il décide de l’épouser sur un coup de tête. Incapable de supporter les invités de la noce, dont ses patrons, il quitte le restaurant et déambule dans Paris avec sa femme, ce qui lui vaut de perdre son emploi. Coupé de la routine, il s’enferme dans la solitude et plonge peu à peu dans une folie heureuse.

Premier long métrage d’Alain Jessua (1932-2017), La Vie à l’envers est un film étrange, singulier, unique, percutant et par la suite inoubliable. L’ancien assistant de Max Ophüls, Marcel Carné, Yves Allégret et Jacques Becker signe la première pépite de sa filmographie, sans nul doute l’une des plus étonnantes et originales de l’histoire du cinéma français. Primé à Venise (Grand Prix de la presse italienne et Prix de la première œuvre) et à Cannes, grande inspiration pour Martin Scorsese, La Vie à l’envers, adapté du roman du même nom écrit par le metteur en scène lui-même, impose un univers qui lui est propre, qui a toujours détonné au sein de l’industrie cinématographique hexagonale. Véritable plongée psychologique et psychanalytique, le récit adopte le point de vue de son personnage principal du début à la fin, ne le quitte jamais, ne perd pas le fil de ses pensées, s’attarde sur son visage énigmatique, sans pour autant donner toutes les explications quant à ses agissements. Alors qu’il envisageait tout d’abord Jean-Louis Trintignant dans le rôle de Jacques Valin, Alain Jessua jette finalement son dévolu sur l’immense Charles Denner, qui avait fait précédemment une apparition dans Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle et interprété Landru dans le film éponyme de Claude Chabrol. Comédien exceptionnel et au phrasé inimitable, ce dernier n’a que peu à faire pour apporter à Valin une déstabilisante ambiguïté. Laissant l’imagination du public faire son office, le cinéaste tend à montrer que l’être humain qui ne souhaite pas se conformer aux règles qui lui ont été imposées pour paraître en société, saura trouver le moyen de se préserver en s’extrayant volontairement de la masse, de la faune, quitte à passer pour un fou. Ce qui serait alors vu comme de la démence chez le commun des mortels, ne serait en réalité que le dernier moyen de défense d’une âme qui a pris conscience que le monde allait droit dans le mur et qu’il était encore temps d’en réchapper. Soixante ans après sa sortie, La Vie à l’envers n’a pas fini de subjuguer, de passionner et de questionner.

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Test Blu-ray / Breathe, réalisé par Stefon Bristol

BREATHE réalisé par Stefon Bristol, disponible en DVD & Blu-ray le 16 octobre 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Jennifer Hudson, Milla Jovovich, Quvenzhané Wallis, Sam Worthington, Common, Raúl Castillo, Dan Martin, Kaliswa Brewster, James Saito…

Scénario : Doug Simon

Photographie : Felipe Vara de Rey

Musique : Isabella Summers

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Maya et sa fille sont obligées de vivre sous terre après que la Terre ait été rendue inhabitable par un manque d’oxygène. Seuls de brefs voyages à la surface sont possibles grâce à une combinaison à oxygène ultramoderne fabriquée par le mari de Maya, Darius, qu’elle présume mort. Lorsqu’un couple mystérieux arrive, prétendant connaître Darius, Maya accepte de les laisser entrer dans leur bunker, mais sont-ils vraiment ce qu’ils semblent être ?

Aaaaah Milla Jovovich…Difficile de résumer plus de 35 ans de carrière au cinéma, tant il n’en ressort pas grand-chose en dehors du Cinquième Élément The Fifth Element de Luc Besson , qui allait la faire connaître dans le monde entier, et les six épisodes de la saga Resident Evil, qu’elle aura porté pendant une quinzaine d’années. Malgré une filmographie conséquente, peu de films sortent réellement du lot, à part bien sûr He Got Game de Spike Lee, The Million Dollar Hotel de Wim Wenders et Jeanne d’Arc – The Messenger: The Story of Joan of Arc, cette fois encore de Luc Besson. Mais ça c’était avant l’an 2000. Depuis, la belle ukrainienne naturalisée américaine collabore souvent avec son mari Paul W. S. Anderson, qui avait emballé quatre opus de Resident Evil, ainsi que l’inénarrable The Three Musketeers Les Trois Mousquetaires (2011) et dernièrement Monster Hunter, adaptation de la série de jeux vidéo du même nom éditée par Capcom. Le pire, c’est que Milla Jovovich est loin d’être mauvaise actrice et elle le prouve une nouvelle fois avec Breathe, réalisé par Stefon Brostol, metteur en scène américain remarqué avec See You Yesterday, qui avait fait un carton sur Netflix en 2019. Cinq ans plus tard, le voilà aux manettes d’un film post-apocalyptique, dont l’affiche est centrée sur Milla Jovovich, mais qui apparaît en réalité comme second rôle, laissant la place principale à Jennifer Hudson et Quvenzhané Wallis. Si Breathe est bien interprété, sauf par Sam Worthington qui comme d’habitude en fait des tonnes, l’aspect fauché de l’ensemble laisse à désirer, l’histoire est redondante et peu de scènes marquent réellement. On peut laisser sans problème son cerveau au vestiaire pendant 1h30, le récupérer à la fin du film, qui ne laissera aucun souvenir une fois les neurones rebranchés.

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Test Blu-ray / Stay Hungry, réalisé par Bob Rafelson

STAY HUNGRY réalisé par Bob Rafelson, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 15 novembre 2024 chez Bubbel Pop’ Édition.

Acteurs : Jeff Bridges, Sally Field, Arnold Schwarzenegger, R.G. Armstrong, Robert Englund, Roger E. Mosley, Woodrow Parfrey, Scatman Crothers, Kathleen Miller, Fannie Flagg, Joanna Cassidy, Richard Gilliland, Mayf Nutter, Ed Begley Jr….

Scénario : Charles Gaines & Bob Rafelson, d’après le roman de Charles Gaines

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Byron Berline & Bruce Langhorne

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Joe Santo doit concilier son entraînement pour le titre de Mister Univers avec sa vie en société. Parallèlement, Craig Blake, agent immobilier, s’intéresse au rachat de son club d’entraînement et tombe amoureux de l’ancienne amante de Joe.

Il existe un film, sans doute l’un des plus beaux de l’histoire du cinéma. Il s’agit de Cinq Pièces faciles Five Easy Pieces, sorti en 1970, durant la pleine émergence du Nouvel Hollywood, réalisé par Bob Rafelson (1933-2022), par ailleurs producteur d’Easy Rider et de La Dernière séance. Ou comment les bases de ce courant cinématographique et même du mythe Jack Nicholson étaient posées. Cinéaste dont le nom est aujourd’hui quelque peu oublié, au contraire de ses longs-métrages à l’instar de ses autres collaborations avec celui qui sera alors son comédien fétiche (Le Facteur sonne toujours deux fois, Man Trouble, Blood & Wine), signe en 1976 l’un de ses opus les plus méconnus et pourtant l’un de ses plus attachants, Stay Hungry. Quasi-inédit dans nos contrées, malgré une sortie – certes discrète – dans les salles françaises, cette comédie mélancolique ou drame léger et sportif se place à un carrefour planté entre deux époques (on imagine et espère que les années 1980 seront plus légères, voire insouciantes), ainsi qu’entre deux ères du septième art. Mais pour l’heure, alors que Rocky devient le plus grand succès de l’année, suivi de près par Les Hommes du président, que La Malédiction de Richard Donner fait frémir les spectateurs, qu’un certain Travis Bickle conduit son taxi dans les rues de New York et que l’Inspecteur Harry en est déjà à sa troisième enquête, Bob Rafelson clôt ce qui apparaîtra rétrospectivement comme une trilogie avec Stay Hungry. Ainsi, après Cinq pièces faciles (1970) et The King of Marvin Gardens (1972), le réalisateur se penche sur la quête existentielle d’un autre jeune, issu ici d’une classe aisée, dont les parents viennent de disparaître dans un accident d’avion. Livré à lui-même, paumé dans sa grande baraque tenue par son valet au service de sa famille depuis un demi-siècle, Craig se voit entraîner malgré lui dans quelques combines immobilières montées par une bande d’escrocs qui souhaiteraient mettre la main sur un pâté de maisons dans une grande ville de l’Alabama. C’est alors qu’il va se prendre d’amitié pour celles et ceux qu’il devait pour ainsi dire mettre à la porte et se découvrir enfin lui-même. Chronique immersive dans le monde du culturisme, radiographie d’une jeunesse américaine en mal de repères (on pense aux futurs personnages de Bret Easton Ellis), pour ne pas dire de piliers, Stay Hungry est tout cela et encore plus. Pierre précieuse du cinéma hollywoodien dissimulé dans une parure de diamants plus célébrés qui lui ont forcément fait de l’ombre, le film de Bob Rafelson est – pour continuer dans le monde de la joaillerie – un diamant à découvrir, à faire connaître, à conseiller entre cinéphiles, qui impose à l’écran l’impressionnant Arnold Schwarzenegger, récompensé par le Golden Globe de la révélation masculine.

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Test Blu-ray / Naïs, réalisé par Raymond Leboursier & Marcel Pagnol

NAÏS réalisé par Raymond Leboursier & Marcel Pagnol, disponible le 1er octobre 2024 en Blu-ray, chez CMF (Compagnie Méditerranéenne de Films).

Acteurs : Fernandel, Jacqueline Pagnol, Raymond Pellegrin, Henri Poupon, Charles Blavette, Henri Arius, Germaine Kerjean, Paule Langlais…

Scénario : Marcel Pagnol, d’après une nouvelle d’Emile Zola

Photographie : Charles Suin & Walter Wottitz

Musique : Vincent Scotto & Henri Tomasi

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Naïs, jeune paysanne provençale, aime Frédéric, fils débauché des patrons de son père. Elle devient sa « maîtresse des vacances ». Toine le bossu les surprend, mais, par amour pour Naïs, il devient leur complice. Micoulin, le père de la jeune fille, met tout en œuvre pour venger son honneur…

Naïs marque le retour de Marcel Pagnol derrière la caméra, cinq ans après La Fille du puisatier, sans parler de La Prière aux étoiles, entamé en 1941, mais dont le tournage sera interrompu en raison des conditions que l’on imagine difficiles sous le régime de Vichy, qui défendait au réalisateur de se rendre à Paris pour ses prises de vue. Marcel Pagnol, dont Alfred Greven, président de la fameuse Continental, désirait lui confier quelques œuvres de propagande nazie, décide finalement de détruire ce qu’il avait tourné pour La Prière aux étoiles, afin d’éviter toutes récupérations. 1945, Naïs sort sur les écrans, d’après Naïs Micoulin, une nouvelle d’Émile Zola, sur lequel Marcel Pagnol a dû laisser parfois la place à la mise en scène à Raymond Leboursier, qui selon les professionnels n’a quasiment rien tourné en réalité. Néanmoins, Naïs est et restera une œuvre mineure dans la carrière exceptionnelle de son auteur et vaut essentiellement aujourd’hui pour l’excellence et la beauté de ses interprètes, Fernandel en tête bien sûr, bouleversant comme jamais, ainsi que la blonde et diaphane Jacqueline Bouvier, devenue la compagne de Marcel Pagnol. Celle qui inspirera Manon des sources au réalisateur, est resplendissante de naturel et de fraîcheur dans Naïs et ses scènes avec Fernandel sont les plus belles du film, qui montre quelques baisses de rythme. Il n’empêche que même plus « anecdotique », Naïs reste bien supérieur aux drames du même acabit, son propos restant par ailleurs moderne, tout comme certaines répliques qui font encore mouche. Une escapade sous le soleil ardent, au milieu des grillons, avec la divine Jacqueline, cela ne se refuse pas.

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Test Blu-ray / Le Schpountz, réalisé par Marcel Pagnol

LE SCHPOUNTZ réalisé par Marcel Pagnol, disponible le 1er octobre 2024 en Blu-ray, chez CMF (Compagnie Méditerranéenne de Films).

Acteurs : Fernandel, Orane Demazis, Fernand Charpin, Robert Vattier, Pierre Brasseur, Léon Belières, Jean Castan, Enrico Glori…

Scénario : Marcel Pagnol

Photographie : Willy Faktorovitch

Musique : Casimir Oberfeld

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1938

LE FILM

Jeune commis épicier un peu mythomane, Irénée, à qui le cinéma a tourné la tête, est convaincu qu’il deviendra un acteur célèbre. Il rencontre une équipe de tournage qui lui réserve une plaisanterie cruelle. Il arrive aux studios plein d’espoir…

« Quand on fait rire sur la scène ou sur l’écran, on ne s’abaisse pas, bien au contraire. Faire rire ceux qui rentrent des champs, avec leurs grandes mains tellement dures qu’ils ne peuvent plus les fermer, ceux qui sortent des bureaux avec leurs petites poitrines qui ne savent plus le goût de l’air, ceux qui reviennent de l’usine, la tête basse, les ongles cassés, avec de l’huile noire dans les coupures de leurs doigts…Faire rire tous ceux qui mourront, faire rire tous ceux qui ont perdu leur mère, ou qui la perdront…Le rire n’est pas une espèce de convulsion absurde et vulgaire mais une chose humaine que Dieu a peut-être donnée aux hommes pour les consoler d’êtres intelligents. » Marcel Pagnol

Tourné en parallèle de Regain, Le Schpountz est un des monuments de son auteur, Marcel Pagnol (1895-1974). Après le dernier épisode de sa Trilogie marseillaise, le réalisateur confie à nouveau le rôle principal à Fernandel. Ainsi, après Saturnin, le valet de ferme dans Angèle et Urbain Gédémus, le rémouleur de Regain, le comédien endosse l’habit et la raie au milieu d’Irénée Fabre, commis-épicier, persuadé qu’il est fait pour le cinéma, son « talent caché ». Inspiré par une véritable anecdote survenue au moment du tournage d’Angèle en 1934, Le Schpountz révèle l’entre-soi du monde du septième art, où les artistes et techniciens n’hésitent pas à se moquer ouvertement d’un grand garçon benêt (ou un « fada », un « raté », « un bon à rien », « une loque », « une épave », « un pauvre couillon » comme le dit affectueusement l’oncle d’Irénée), persuadé qu’il est fait pour « briller » et mettre les spectateurs à ses pieds. Succession ininterrompue de dialogues anthologiques durant plus de deux heures, cette comédie tragique ou drame comique (cela fonctionne souvent dans les deux sens avec Marcel Pagnol), Le Schpountz possède la même force de frappe qu’un film de Chaplin, son propos est inaltérable, universel et intemporel. Immense chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / Les Misérables, réalisé par Jean-Paul Le Chanois

LES MISÉRABLES – 2 ÉPOQUES réalisé par Jean-Paul Le Chanois, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 6 novembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean Gabin, Danièle Delorme, Bernard Blier, Bourvil, Béatrice Altariba, Serge Reggiani, Silvia Monfort, Fernand Ledoux, Jimmy Urbain…

Scénario : Jean-Paul Le Chanois, Michel Audiard & René Barjavel, d’après le roman de Victor Hugo

Photographie : Jacques Natteau

Musique : Georges Van Parys

Durée : 3h10

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Jean Valjean, un paysan condamné à cinq ans de travaux forcés pour avoir volé un pain, sort du bagne de Toulon en 1815 après y avoir passé dix-neuf ans, sa peine initiale ayant été prolongée à cause de ses multiples tentatives d’évasion. Son destin bascule lorsque l’évêque de Digne, Monseigneur Myriel, se dévoue pour lui éviter d’être de nouveau incarcéré à la suite du vol qu’il a perpétré dans sa maison. Dès lors, Jean Valjean va s’évertuer à ne faire que le bien autour de lui au détriment de son propre bonheur.

C’est un véritable blockbuster. En 1958, Jean-Paul Le Chanois adapte Les Misérables de Victor Hugo (publié en 1862), avec un casting de luxe, 10.000 figurants et un budget conséquent. Bien avant cela, l’oeuvre de l’écrivain avait inspiré le septième art, dès ses débuts d’ailleurs et ce aux quatre coins du monde. On peut bien sûr citer la version de Raymond Bernard en 1934, avec Harry Baur, Charles Vanel, Jean Servais et Orane Demazis, mais aussi celle (tout aussi virtuose) de Riccardo Freda (sous le titre français L’Évadé du bagne) avec Gino Cervi et Valentina Cortese. Jean-Paul Le Chanois coécrit son film avec René Barjavel, après un départ précipité de Michel Audiard (avec lequel le travail s’est très mal passé) et confie le rôle de Jean Valjean à Jean Gabin. Depuis son retour en grâce en 1954, le « Vieux » enchaîne les tournages et multiplie les succès. En 1955, six films dont il est la vedette sortent sur les écrans (dont French Cancan, Chiens perdus dans collier, Gas-oil) et quasiment tout autant l’année suivante (Des gens sans importance, Voici le temps des assassins, Le Sang à la tête, La Traversée de Paris…). Après un repos en 1957 (avec « seulement » deux films à l’affiche), Jean Gabin est à nouveau omniprésent en 1958 avec un film sortant en moyenne tous les deux mois. Ainsi, après Maigret tend un piège au mois de janvier, le mois de mars est marqué par l’événement cinématographique de l’année, l’arrivée des Misérables, scindé en deux époques pour une durée totale de 3h10 (le premier montage dépassait même les cinq heures, ce qui allait poser moult problèmes au montage), qui va alors attirer près de dix millions de spectateurs en France (on parle même de près de 25 millions en Union soviétique) et restera le deuxième plus grand succès de l’acteur au box-office, derrière les 12,5 millions d’entrées de La Grande Illusion. C’est la seconde collaboration entre Jean Gabin et Jean-Paul Le Chanois, après Le Cas du docteur Laurent et qui continuera après avec Monsieur (1964) et Le Jardinier d’Argenteuil (1966). Spectaculaire transposition du monument littéraire de Victor Hugo, Les Misérables demeure un gigantesque spectacle, qui a peut-être vieilli du point de vue des décors qui font parfois un peu carton-pâte, mais qui n’en reste pas moins passionnant et merveilleusement interprété.

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Test Blu-ray / Au P’tit Zouave, réalisé par Gilles Grangier

AU P’TIT ZOUAVE réalisé par Gilles Grangier, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 16 octobre 2024 chez Pathé.

Acteurs : François Périer, Dany Robin, Paul Frankeur, Marie Daëms, Jacques Morel, Alice Field, Robert Le Fort, Bernard Lajarrige, Paul Azaïs…

Scénario : Pierre Laroche & Albert Valentin

Photographie : Marcel Grignon

Musique : Vincent Scotto

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Dans un quartier populaire de Paris, où les policiers et un assassin de vieilles filles sévissent, le café Au P’tit Zouave offre réconfort et sécurité aux habitants modestes de la ville. Mais l’arrivée d’un homme plus fortuné et mystérieux vient perturber l’équilibre déjà précaire de l’établissement.

Les années qui ont passé ont contribué à réhabiliter l’oeuvre de Gilles Grangier (1911-1996). Si vous êtes fidèles à Homepopcorn depuis toutes ces années, vous savez que nous avons toujours défendu le réalisateur, conspué par la Nouvelle vague et ses disciples du 6e arrondissement. Nos chroniques consacrées à La Vierge du Rhin, Trois jours à vivre, Meurtre à Montmartre, Échec au porteur, Le Sang à la tête, Train d’enfer, Gas-oil, Maigret voit rouge et Archimède le clochard témoignent de notre amour inconsidéré pour le travail de cet artisan du cinéma français, qui a toujours su imprimer sa griffe dans des œuvres populaires. Gilles Grangier, c’est plus d’une soixantaine de mises en scène étalées sur près de quarante ans et s’il y a eu sans aucun doute un avant et un après Jean Gabin (les deux hommes feront douze films ensemble), on connaît indéniablement moins bien la première partie de sa prolifique et éclectique carrière. L’ancien assistant de Sacha Guitry, René Pujol et Georges Lacombe, ayant signé son premier long-métrage en 1943 (Adémaï bandit d’honneur avec Noël-Noël), enchaîne les tournages après la Seconde Guerre mondiale, allant jusqu’à signer trois films par an, avec une prédilection pour la comédie et le film musical. Au P’tit Zouave clôt cette décennie et s’avère une étonnante chronique, légère en apparence, d’un petit bar parisien situé au bas de la station de métro Dupleix, non loin de La Motte-Picquet – Grenelle et des usines Citroën. En réalité, l’endroit est propice aux rencontres les plus singulières, où l’on se confie au patron bougon (Robert Dalban, génial comme à son habitude) qui rappelle Bernard Blier dans Archimède le clochard, tandis que la serveuse Fernande (l’explosive Annette Poivre) regarde tout ce beau monde, les yeux rêveurs, tout en ne perdant pas une miette de ce qui est dit. Alors, quand le quartier devient le terrain de jeu d’un tueur en série, les suspicions commencent. Au P’tit Zouave est anecdotique quand on s’intéresse à Gilles Grangier, mais il y a toujours quelque chose à glaner ici et là chez ce cinéaste, une dimension documentaire notamment, à l’instar de l’ouverture, où le générique défile tandis que la caméra, placée à l’avant du métro, donne un bel aperçu de la capitale. On se sent bien devant un opus de Gilles Grangier, dont on ressent un humanisme non feint, raison pour laquelle Au P’tit Zouave mérite le coup d’oeil.

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Test Blu-ray / Un homme à genoux, réalisé par Damiano Damiani

UN HOMME À GENOUX (Un uomo in ginocchio) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er octobre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Giuliano Gemma, Eleonora Giorgi, Michele Placido, Tano Cimarosa, Ettore Manni, Luciano Catenacci, Nello Pazzafini, Fabrizio Forte…

Scénario : Damiano Damiani & Nicola Badalucco

Photographie : Ennio Guarnieri

Musique : Franco Mannino

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Sorti de prison, Nino, un petit truand sans envergure, a décidé de se ranger. Mais quand il se rend compte que, dans son quartier, rôde un tueur à gages, il est convaincu d’en être la cible. Il va devoir renouer avec son passé criminel pour faire face à ce danger.

Goodbye & Amen, Comment tuer un juge, Nous sommes tous en liberté provisoire, La Mafia fait la loi, Amityville II – Le Possédé, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République, El Chuncho, Seule contre la mafia…on pourrait continuer encore longtemps comme ça. Autant de titres qui font vibrer le cinéphile féru de cinéma italien et tous imputables à un réalisateur, Damiano Damiani (1922-2013). Un uomo in ginocchio, traduit littéralement en français par Un homme à genoux pour sa sortie en DVD et Blu-ray dans nos contrées en 2024, était alors inédit dans notre pays, probablement en raison de son important échec de l’autre côté des Alpes. Pourtant, de l’aveu même de son auteur, il s’agissait peut-être de son film le plus personnel, ou tout du moins l’un de ses préférés. Merveilleusement incarné par l’immense Giuliano Gemma, Un homme à genoux est le long-métrage qui clôt les années 1970 pour le cinéaste et on ne peut pas dire qu’il se montre optimiste quant à la nouvelle décennie qui s’annonce. Fondamentalement sombre et alarmiste, profondément mélancolique, inquiet, triste, Un uomo in ginocchio rend compte d’un monde qui s’est arrêté de tourner pour la plupart des petites gens en Sicile, qui (sur)vivent comme ils le peuvent, quitte à tomber dans la criminalité. C’est le cas pour Nino, repris de justice, libéré pour bonne conduite après deux années de prison, après avoir été arrêté pour vol de voitures. Marié, deux enfants, Nino est placé en liberté conditionnelle et a misé le peu d’argent qu’il avait avec son épouse dans un petit kiosque. Comme le destin s’acharne souvent, le petit débit de boissons est situé en face d’un entrepôt à poissons où s’est récemment déroulé le rapt de la femme d’un avocat de renom et lié à la mafia. Soupçonné d’avoir été mêlé à cette affaire, Nino est condamné à mort par des mafieux qui le soupçonnent d’avoir fait partie du kidnapping. C’est donc seul contre tous que Nino va tenter de s’innocenter…Sur un scénario aussi virtuose que labyrinthique coécrit par Damiano Damiani et Nicola Badalucco (Black Journal de Mauro Bolognini, Mort à Venise et Les Damnés de Luchino Visconti), Un homme à genoux prend aux tripes du début à la fin, embarque le spectateur dans la spirale infernale dans laquelle est plongé malgré lui le personnage principal, une réaction en chaîne dont on ne connaît jamais réellement quel est le premier maillon, ni le dernier. Une magistrale démonstration de force d’un réalisateur au sommet de son art pour un chef d’oeuvre à découvrir enfin en France dans une copie restaurée 4K grâce aux bons soins d’Artus Films.

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Test Blu-ray / Pépé le Moko, réalisé par Julien Duvivier

PÉPÉ LE MOKO, réalisé par Julien Duvivier, disponible en combo Blu-ray/DVD le 16 octobre 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Gabin, Mireille Balin, Gabriel Babrio, Lucas Gridoux, Gilbert Gil, Saturnin Fabre, Marcel Dalio, Charles Granval…

Scénario : Julien Duvivier & Henri La Barthe, d’après le roman de Henri La Barthe

Photographie : Marc Fossard & Jules Kruger

Musique : Mohamed Iguerbouchène & Vincent Scotto

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1936

LE FILM

Réfugié dans la casbah d’Alger, Pépé le Moko chef d’une bande de malfaiteurs, est émerveillé par la beauté d’une jeune femme, Gaby, dont il tombe amoureux. Hélas, leur idylle est de courte durée car Slimane, un indicateur, tend un piège à Pépé pour le faire quitter son repaire…

Parmi les plus grandes collaborations entre Jean Gabin et des metteurs en scène, il y a celle avec Julien Duvivier (1896-1967), qui s’est déroulée sur sept longs-métrages, de Maria Chapdelaine (1934) à Voici le temps des assassins (1956). Pépé le Moko est non seulement l’une de leurs associations les plus célèbres, mais aussi l’un des films les plus emblématiques de toute la carrière prestigieuse du « Vieux ». En l’espace de deux ou trois ans, ce dernier tournera rien de moins que La Belle Équipe (déjà avec Duvivier, qui ne connaîtra pas le même succès que La Bandera), Les Bas-Fonds, La Grande Illusion et La Bête humaine de Jean Renoir (à qui Pépé le Moko avait tout d’abord été proposé), sans oublier Le Quai des brumes et Le Jour se lève de Marcel Carné. Ça calme. On retrouve donc Jean Gabin dans la peau du « Moko », dérivé du « moco », qui désigne un marin originaire de Toulon et de la Provence, truand qui a débarqué à Alger (ville entièrement reconstituée en studio à Paris) le lendemain de l’attaque d’une bande toulonnaise. Pépé le Moko, d’après le roman de Henri La Barthe, est un huis clos à ciel ouvert, un drame sentimental teinté de thriller, où le monstre du cinéma français, quasiment de tous les plans, ou de toutes les scènes, crève l’écran une fois de plus en créant une nouvelle image de gangster, ou tout du moins héritée du Scarface d’Howard Hawks sorti cinq années auparavant. Passionnant, immersif, à la limite du documentaire quant à la représentation de la Casbah, Pépé le Moko est une étape indispensable et primordiale dans le parcours de tout cinéphile qui se respecte.

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