Test Blu-ray / Les Amants de Brasmort, réalisé par Marcello Pagliero

LES AMANTS DE BRASMORT réalisé par Marcello Pagliero, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Nicole Courcel, Frank Villard, Henri Génès, Line Noro, Robert Dalban, Philippe Nicaud, Mona Goya, Jacky Flynt…

Scénario : Jacques Dopagne & Robert Scipion

Photographie : Roger Hubert

Musique : Georges Auric

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Jean Michaut est un marinier sans le sou qui vit près d’un cimetière de péniches appelé le « Bras-mort ». Il tombe amoureux de Monique la fille de son oncle qui est un riche armateur fluvial. Elle finit par l’aimer mais leurs différences sociales rendent difficile leur relation. Monique décide malgré tout de vivre avec Jean et de l’épouser.

Le bras-mort du titre du film de Marcello Pagliero, c’est le « Bras Favé » de l’île-du-Devant à Conflans-Sainte-Honorine, bras mort de la Seine donc, qui accueillait d’anciennes embarcations en bois, demeures habitées par des personnes sans véritables ressources, en particulier des familles d’anciens mariniers. C’est là que le réalisateur français d’origine italienne a entièrement tourné Les Amants de Bras-Mort, dans cette commune des Yvelines qui servait de carrefour aux voies fluviales. Si ce long-métrage mérite d’être redécouvert aujourd’hui, c’est pour sa dimension documentaire, celle d’une France qui a totalement disparu au profit d’une modernisation inévitable des travaux d’hier. L’histoire est sans doute simple, mais les personnages attachants, notamment le couple formé par la belle Nicole Courcel – alors au début de sa carrière et qui avait déjà tourné pour Jacques Becker, Henri Decoin, Jean Dalannoy et Marcel Carné – et Franck Villard, dont la présence est forte et marquante. Si la mise en scène est plus ou moins fonctionnelle et illustrative, Les Amants de Bras-Mort possède un charme inaltérable, rend compte admirablement des métiers d’antan et repose sur une distribution solide.

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Test Blu-ray / Au coeur de minuit – Heart of Midnight, réalisé par Matthew Chapman

AU COEUR DE MINUIT (Heart of Midnight) réalisé par Matthew Chapman, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Brenda Vaccaro, Jack Hallett, Nicholas Love, James Rebhorn, Tico Wells, Sam Schacht, Nina Lora, Steve Buscemi, Frank Stallone, Denise Dumont, Peter Coyote…

Scénario : Matthew Chapman

Photographie : Ray Rivas

Musique : Yanni

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Carol est une femme ayant récupéré d’une récente dépression nerveuse. Elle vient d’hériter de « Midnight », une boîte de nuit anciennement détenue par son oncle, le regretté Fletcher. Elle quitte le domicile familial et entreprend de rénover le Nightclub. Cependant, elle découvre rapidement que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être… par le passé, une section du club semble avoir été réservée à une clientèle libertine et sadomasochiste.

Plus connu comme scénariste (Jeux d’adultes Consenting Adults de Alan J. Pakula, Color of Night de Richard Rush, Le Maître du jeu Runaway Jury de Gary Fleder) que comme réalisateur, Matthew Chapman (né en 1950) n’a il est vrai que peu tourné. Pourtant, dans sa poignée de films et téléfilms se distingue Au coeur de minuit Heart of Midnight, drame psychologique indéniablement sous influence de David Lynch dont le Blue Velvet a semble-t-il laissé quelques traces et qui annonce étrangement d’autres opus du cinéaste à venir comme Lost Highway (1997) et Mulholland Drive (2001). Au centre de Heart of Midnight, une comédienne, immense, magnétique, qui aura d’ailleurs attendu 2017 (la série Twin Peaks: The Return) pour tourner pour David Lynch avec lequel elle se devait de collaborer, Jennifer Jason Leigh, qui n’a eu de cesse d’impressionner et ce depuis sa première apparition au cinéma dans Appels au meurtre – Eyes of a Stranger de Ken Wiederhorn en 1981. Elle explose littéralement durant cette décennie et se montre tout aussi géniale dans la comédie (Ça chauffe au lycée Ridgemont Fast Times at Ridgemont High d’Amy Heckerling) et l’aventure médiévale (La Chair et le Sang Flesh and Blood de Paul Verheoeven), avant de bifurquer vers le thriller avec le mythique Hitcher de Robert Harmon. Dans Heart of Midnight elle crève l’écran une fois de plus et trouve l’un de ses rôles comme qui dirait matriciel, celui d’une jeune femme névrosée, fragile, dépressive, hyper-sensible, prête à sombrer définitivement dans la folie. Avec son récit labyrinthique, écrit par Matthew Chapman lui-même, Heart of Midnight entraîne le spectateur dans une spirale infernale, une psyché perturbée, les méandres d’un esprit malade et offre indiscutablement à sa tête d’affiche l’un des plus beaux et grands rôles.

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Test DVD / Une vie, réalisé par James Hawes

UNE VIE (One Life) par James Hawes, disponible en DVD & Blu-ray le 26 juin 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Anthony Hopkins, Lena Olin, Johnny Flynn, Helena Bonham Carter, Tim Steed, Matilda Thorpe, Daniel Brown, Alex Sharp, Jirí Simek, Romola Garai…

Scénario : Lucinda Coxon & Nick Drake, d’après le livre de Barbara Winton, If It’s Not Impossible…: The Life of Sir Nicholas Winton

Photographie : Zac Nicholson

Musique : Volker Bertelmann

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie, Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où six cent soixante-neuf enfants juifs trouveront refuge.

Grand succès de 2024 en France avec plus d’1,5 million d’entrées, ce qui le place pour l’instant dans le top 10 de l’année, entre Bob Marley:One Love et Maison de retraite 2, Une vie One Life est le premier long-métrage de James Hawes, réalisateur ayant fait ses classes à la télévision depuis plus de trente ans. Remarqué et parfois même récompensé pour son travail sur les séries Doctor Who, Slow Horses, Snowpiercer, Penny Dreadful, Mad Dogs et Black Mirror (les épisodes Hated in the Nation de la saison 3 et Smithereens de la saison 5), ou pour son téléfilm Enid (2009) avec Helena Bonham Carter, le metteur en scène adapte le livre If It’s Not Impossible…The Life of Sir Nicholas Winton de Barbara Winton, qui narrait sur la vie de son père Nicholas Winton (1909-2015), surnommé le « Schindler britannique ». Cette histoire vraie, restée méconnue pendant des décennies, est dévoilée au monde entier lorsqu’en 1988, une émission britannique, That’s Life !, invite Nicholas à témoigner. Celui-ci ne se doute pas que dans le public se trouvent les enfants – désormais adultes – qui ont survécu grâce à lui dans les années 1930. Certes, ce récit est incroyable, mais le film pâtit d’un académisme ronflant et bien pépère. Nous sommes ici en plein biopic réalisé en mode automatique, sans relief, sans imagination. Une mise en images fonctionnelle où rien ne dépasse, où les plans s’enchaînent comme un vulgaire téléfilm. Sir Anthony Hopkins, 86 ans au moment du tournage, n’a pas grand-chose à faire durant les trois-quarts du long-métrage, dans lequel il n’apparaît qu’en pointillés, se contentant la plupart du temps de se faire un thé, de nager, de regarder par la fenêtre. En revanche, il laisse la place à Johnny Flynn, qui incarne Nicholas Winton jeune. Essentiellement connu pour sa carrière musicale, il est également apparu au cinéma, comme à deux reprises chez Olivier Assayas (Sils Maria, Après mai). Le biopic est un genre qu’il connaît pour avoir incarné David Bowie dans Stardust (2020) de Gabriel Range et Ian Fleming dans La Ruse Operation Mincemeat (2021) de John Madden. Rebelote pour l’acteur né en 1983, qui se taille la part du lion dans Une vie et qui a plus de choses à défendre que son aîné dans le même rôle, mais à un demi-siècle de séparation. En l’état, One Life se laisse regarder et le propos interpelle forcément, mais l’ensemble ne laisse au final pas grand-souvenir, à part le moment déjà connu (celui de l’émission), dont la reconstitution apparaît quelque peu factice, comme par ailleurs le reste du film.

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Test DVD / Vivants, réalisé par Alix Delaporte

VIVANTS réalisé par Alix Delaporte, disponible en DVD & Blu-ray le 2 juillet 2024 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Alice Isaaz, Roschdy Zem, Vincent Elbaz, Pascale Arbillot, Pierre Lottin, Jean-Charles Clichet, François De Brauer, Grégoire Leprince-Ringuet, Nicolas Carpentier…

Scénario : Alix Delaporte & Alain Le Henry

Photographie : Inès Tabarin

Musique : Evgueni & Sacha Galperine

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Gabrielle vient d’intégrer une prestigieuse émission de reportages. Sans formation classique, elle doit dépasser les préjugés pour trouver sa place au sein d’une équipe de journalistes aguerris. En immersion, elle va peu à peu percer le mystère de ces grands reporters, toujours passionnés, souvent drôles, parfois blessés par la vie et le métier. Et puis il y a Vincent, le rédacteur en chef de l’émission, qu’elle ne cesse de bousculer…

En 2011, Angèle et Tony était une des plus belles surprises du cinéma français. Le très réussi premier long-métrage d’Alix Delaporte avait alors attiré plus de 225.000 spectateurs. Le second film de la réalisatrice, Le Dernier coup de marteau, réunissait à nouveau la lumineuse Clotilde Hesme et l’imposant Grégory Gadebois, César du meilleur espoir masculin de l’année 2012, mais la réalisatrice ne parvenait pas à convaincre autant avec des personnages qui manquaient de chair et ce en dépit une beauté plastique et d’une délicatesse indéniables. Il aura fallu attendre presque dix ans pour qu’Alix Delaporte fasse son retour derrière la caméra avec Vivants, très largement inspiré par ce qu’elle a vécu à ses débuts, à l’agence CAPA, où elle officiait comme journaliste-caméraman. Si celle-ci signait surtout des reportages pour l’émission culte Nulle part ailleurs sur Canal+, les personnages de son dernier opus ont été habitués à aller sur le terrain, couvrant les événements les plus importants dans le monde, les guerres notamment. Mais les temps ont changé, les moyens vont en s’amenuisant, les téléspectateurs veulent de la proximité, « l’international ne marche plus » dit d’ailleurs le « big boss ». Il faut alors se contenter des faits divers, ce qui peut entraîner de nombreuses frustrations de la part de ces anciens « héros ». Vivants ne retrouve pas l’étincelle d’Angèle et Tony, même si cette fois encore on ne peut nier la sincérité et la sensibilité de son auteure. Cependant, plonger directement dans le feu de l’action, prendre le train en marche dans leur boulot peut décontenancer et limiter l’attachement que l’on aurait pu avoir pour ces personnages. Notre point d’ancrage reste celui impeccablement campé par Alice Isaaz, dont le regard s’avère en fait celui des spectateurs, celui à travers lequel nous découvrons cet univers singulier. Vivants est une sorte de ride mené sur un rythme souvent frénétique, qui ne s’arrête quasiment jamais pendant 80 minutes, durée du film, générique de fin compris. Si l’expérience immersive fonctionne, dommage qu’il n’en soit pas de même pour l’émotion qui demeure factice et ce malgré d’excellents comédiens, comme toujours solidement dirigés par la cinéaste.

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Test Blu-ray / Retour de manivelle, réalisé par Denys de La Patellière

RETOUR DE MANIVELLE réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Michèle Morgan, Daniel Gélin, Peter van Eyck, Bernard Blier, Michèle Mercier, François Chaumette, Pierre Leproux, Jean Olivier, Hélène Roussel…

Scénario : Denys de La Patellière, d’après le roman de James Hadley Chase

Photographie : Pierre Montazel

Musique : Maurice Thiriet

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Fréminger, un riche homme d’affaires se suicide après avoir supprimé la clause du suicide de son testament. Sa veuve, Hélène, tente alors de maquiller sa mort en meurtre après avoir fait croire que le défunt est encore en vie. Elle fait appel à Robert, le chauffeur, qui devient son amant. Mais le plan tourne mal…

Quand on évoque la grande carrière de Denys de La Patellière (1921-2013), le cinéphile pense instantanément à ses nombreuses et fructueuses collaborations avec Jean Gabin, six films tournés de 1958 à 1972, des Grandes familles au Tueur, près de 18 millions d’entrées au total. Parmi les autres succès du réalisateur on peut aussi citer son premier long-métrage, Les Aristocrates (2,9 millions), Un taxi pour Tobrouk (4,9 millions) et Retour de manivelle (2 millions). Moins connu que ses autres opus, ce dernier sorti en septembre 1957 apparaît comme un chaînon manquant entre Assurance sur la mort Double Indemnity (1944) de Billy Wilder et Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot. Avouez qu’on a déjà fait pire comme références, surtout que ce thriller dramatique et psychologique parvient sans mal à trouver sa propre identité et ce grâce à un formidable trio d’acteurs au sommet de leur art, Michèle Morgan, Daniel Gélin et Bernard Blier, exceptionnels et qui se délectent des répliques concoctées par Michel Audiard. Une très belle année pour le dialoguiste puisqu’il signait également en même temps celles de Trois Jours à vivre et Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier, Maigret tend un piège de Jean Delannoy et aussi celles des Grandes familles du même Denys de La Petellière. Le cinéaste n’est pas en reste et livre un quasi-huis clos étouffant, prenant du début à la fin, un film noir à la française qui vaut assurément d’être réhabilité.

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Test DVD / Un silence, réalisé par Joachim Lafosse

UN SILENCE réalisé par Joachim Lafosse, disponible en DVD le 21 mai 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Matthieu Galoux, Jeanne Cherhal, Louise Chevillotte, Nicolas Buysse, Karim Barras, Larisa Faber…

Scénario : Chloé Duponchelle, Paul Ismael, Joachim Lafosse, Thomas Van Zuylen, Sarah Chiche, Valérie Graeven & Matthieu Reynaert

Photographie : Jean-François Hensgens

Musique : Ólafur Arnalds

Durée : 1h35

Année de sortie : 2024

LE FILM

Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.

Chaque film du réalisateur belge Joachim Lafosse est pour ainsi dire un événement. Nombreux sont ceux qui sont restés dans la mémoire des cinéphiles à l’instar d’À perdre la raison (2012), L’Économie du couple (2016) et dernièrement Les Intranquilles (2021). Ce ne sera probablement pas le cas pour Un silence, son dernier opus en date, inspiré par un fait divers réel, l’affaire Hissel. En 2007, Victor Hissel, ancien avocat (très présent dans les médias) des familles des victimes de Marc Dutroux, avait été inculpé pour détention de pédopornographie en 2007. Il sera condamné à 10 mois de prison. Deux ans plus tard, Roman, le fils de Hissel, poignarde son père, ancien symbole de la lutte contre les violences sexuelles en Belgique, à plusieurs reprises en 2009, le blessant grièvement. Alors pourquoi cela ne fonctionne pas cette-fois ci ? Sans doute parce qu’on a furieusement l’impression d’avoir déjà vu ce genre d’histoire et que le récit (pourtant écrit par sept scénaristes, dont le fidèle Thomas Van Zuylen) n’est guère aidé par une mise en scène non seulement redondante (toutes les scènes en voiture…), mais qui manque surtout d’originalité. Nous sommes ici entre L’Adversaire (2002) et le cinéma austère de Michael Haneke, un univers froid comme la glace, tranchant, sec, peu empathique, difficile d’accès pour certains. En fait, le problème d’Un silence est – contre toute attente – la présence de Daniel Auteuil. Si ce dernier est évidemment excellent, le comédien renvoie immédiatement au film de Nicole Garcia susmentionné, dans lequel il donnait déjà la réplique à Emmanuelle Devos, et son rôle n’est pas sans rappeler celui qu’il campait dans Au nom de ma fille (2016) et dans Le Mensonge (2020), tous les deux signés Vincent Garenq. Pas ou peu de surprises dans Un silence, où le spectateur navigue à vue, anticipe le déroulement des scènes (un long flashback, la scène finale en fondu en noir après lequel nous laissons la justice faire son travail), ainsi que les réactions (ou leur absence plutôt) des personnages, pour lesquels nous n’avons aucun attachement. Demeure le boulot de Joachim Lafosse, qui lui aussi paraît peu inspiré sur ce coup-là, joue avec les plans-séquences, le non-dit, le hors-champ et le ressenti, mais en manquant sa cible. Dommage.

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Test Blu-ray / Un été en Louisiane, réalisé par Robert Mulligan

UN ÉTÉ EN LOUISIANE (The Man in the Moon) réalisé par Robert Mulligan, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 juin 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sam Waterston, Tess Harper, Reese Witherspoon, Emily Warfield, Jason London, Gail Strickland, Bentley Mitchum, Ernie Lively…

Scénario : Jenny Wingfield

Photographie : Freddie Francis

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h39

Année de sortie : 1991

LE FILM

La Louisiane dans les années cinquante. Dani Trant, quatorze ans, connaît ses premiers émois amoureux et s’enferme des heures entières en compagnie de son disque favori Loving you du King. C’est alors qu’un beau jeune homme de dix-sept ans arrive dans la propriété voisine. Dani commence par le dédaigner puis en tombe amoureuse. Mais il y a Maureen, sa grande soeur, coqueluche des garçons du pays, qui ne laisse pas le jeune homme indifférent.

Un été en LousianeThe Man in the Moon est le dernier long-métrage de Robert Mulligan (1925-2008), réalisateur ô combien estimé des cinéphiles, à qui l’on doit les légendaires Du silence et des ombres To Kill a Mockingbird (1962), trois Oscars, d’après le roman d’Harper Lee, Un été 42 Summer of ’42 (1971) et L’Autre The Other (1972). Assurément un cinéaste à réhabiliter, comme l’ont prouvé ses films ressortis ces dernières années, Le Sillage de la violence Baby the Rain Must Fall (1965) avec Steve McQueen, Le Roi des imposteurs The Great Impostor (1960), qui a largement influencé Arrête moi si tu peux Catch me if you can (2002) de Steven Spielberg, Les Rendez-vous de septembre Come Septembre (1961) et L’Homme de BornéoThe Spiral Road (1962), tous les deux avec Rock Hudson. Il clôt sa prestigieuse carrière au début des années 1990 avec un ultime portrait d’une jeune adolescente (âge souvent central dans l’oeuvre du metteur en scène), interprétée par Reese Witherspoon, dans sa première apparition au cinéma, qui obtient le premier rôle alors qu’elle envisageait juste d’apparaître comme figurante. Sur un scénario de Jenny Wingfield, inconnu au bataillon et dont la filmographie demeure obscure, Robert Mulligan signe un bijou intemporel sur les premiers émois amoureux (et les premiers baisers, après s’être exercé avec la main), l’éveil sexuel, la solitude, l’incompréhension des êtres arrivés au premier carrefour de leur existence, celui de l’entrée dans le monde adulte, l’adieu à l’enfance, les responsabilités, les échecs, les désillusions, l’injustice, la jalousie…et la première confrontation à la mort et au deuil. Éminemment solaire, à l’image de sa jeune comédienne âgée de 14 ans et qui reste d’ailleurs aujourd’hui l’une des actrices (et grande productrice) les plus pétillantes du cinéma hollywoodien, Un été en Louisiane, production Mark Rydell (The Rose, La Maison du lac), est un cadeau pour les passionnés de septième art doublé d’un film testament.

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Test Blu-ray / La Corruption de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem

LA CORRUPTION DE CHRIS MILLER (La Corrupción de Chris Miller) réalisé par Juan Antonio Bardem, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean Seberg, Marisol, Barry Stokes, Perla Cristal, Rudy Gaebel, Gérard Tichy, Alicia Altabella, Mariano Vidal Molina…

Scénario : Santiago Moncada

Photographie : Juan Gelpí

Musique : Waldo de los Ríos

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Années 1970, dans le Pays basque espagnol – Ruth Miller réside dans sa propriété avec sa belle-fille, Chris, psychologiquement instable à la suite d’un viol. Ruth, quant à elle, souffre de névrose après avoir été abandonnée par son mari. Les deux femmes vivent dans un climat de peur, d’autant que, depuis plusieurs mois, la région est le théâtre d’une série de meurtres. Lors d’une nuit d’orage, un vagabond, Barney Webster, vient se réfugier dans la grange des Miller. Après un moment d’hésitation, Ruth l’engage comme homme à tout faire…

Quelle étrange filmographie que celle de Jean Seberg…Après les années 1960 où elle a collaboré avec Claude Chabrol, Philippe de Broca, Robert Rossen, Jean Becker et Jacques Besnard, la comédienne s’exporte à l’international et apparaît dans Airport de George Seaton, La Kermesse de l’Ouest Paint Your Wagon de Joshua Logan, dans lequel elle pousse la chansonnette auprès de Clint Eastwood (énorme four au box-office). Après deux films mis en scène par son compagnon Romain Gary (Les Oiseaux vont mourir au Pérou et Kill), Jean Seberg se promène aussi bien en Italie (Un amour insolite Questa specie d’amore d’Alberto Bevilacqua, Les Tueurs à gages Camorra de Pasquale Squitieri) qu’en Espagne, où elle tourne La Corruption de Chris Miller La Corrupción de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem. Ce giallo ibérique, rejeté par Jean Seberg qui n’accepta le film que pour le gros cachet qu’on lui proposait, est une grande découverte et s’avère même marquant à plus d’un titre. D’une part pour son ambiance étouffante et immersive, d’autre part pour la prestation de son trio vedette, Jean Seberg donc, peu importe ce qu’elle a pu en dire par la suite, Josefa Flores González, plus connue sous le pseudo de Marisol, chanteuse très célèbre dans son pays, et Barry Stokes, impeccable dans la peau de l’énigmatique Barney Webster, qui va s’immiscer dans le quotidien de Ruth Miller et de sa belle-fille Chris…Une expérience cinématographique à part entière, à mi-chemin entre le film de genre et le film d’auteur expérimental.

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Test DVD / Le Bonheur est pour demain, réalisé par Brigitte Sy

LE BONHEUR EST POUR DEMAIN réalisé par Brigitte Sy, disponible en DVD le 19 juin 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Laetitia Casta, Damien Bonnard, Béatrice Dalle, Guillaume Verdier, Coralie Russier, Sarah Le Picard, Malik Tadj, Félix Verhaverbeke…

Scénario : Christine Dory, Frédéric Serve & Brigitte Sy

Photographie : Frédéric Serve

Musique : Béatrice Thiriet

Durée : 1h35

Année de sortie : 2024

LE FILM

Sophie a un enfant, un conjoint, mais son quotidien lui semble désespérément plat, sans plaisir, sans envies. Jusqu’au jour où elle rencontre Claude. Il est drôle, séduisant, intelligent. Elle tombe immédiatement sous le charme. Mais Claude n’est pas un prince charmant. C’est un braqueur. Or, au cours d’une attaque de banque, un homme est tué. Claude est arrêté et condamné à une lourde peine de prison. Ce qui aurait dû être la fin devient alors le début d’une histoire folle, passionnelle et sans limites. Soutenue par Lucie, la mère de Claude, Sophie ne renonce pas à son amour pour Claude. Elle est prête à aller jusqu’au bout. Quelles qu’en soient les conséquences.

En 2010, Brigitte Sy signe Les Mains libres, un magnifique premier long métrage inspiré de sa propre histoire à l’époque où elle dirigeait des ateliers de théâtre en prison avec les détenus. Loin des clichés liés aux films se déroulant en milieu carcéral mais avec une extrême pudeur ainsi qu’une émotion constamment à fleur de peau, la réalisatrice dressait le portrait d’un homme et d’une femme, solitaires et abîmés par la vie, dont la rencontre dans un milieu inattendu allait les ressusciter tous les deux. Avec leurs personnalités faites de force nerveuse et d’une sensibilité fragile comme du cristal, Ronit Elkabetz (sublime) et Carlo Brandt (immense comédien de théâtre) incarnaient ces deux êtres troublants avec une rare intensité qui nous bouleversaient tout du long jusqu’à la poignante séquence finale où brillait également l’indispensable Noémie Lvovsky. Avec sa mise en scène sobre, sans concession et épurée, Brigitte Sy allait droit à l’essentiel, et saisissait directement le spectateur en plein coeur. On en ressortait complètement retourné. Après L’Astragale (2015), adaptation de l’autobiographie éponyme d’Albertine Sarrazin, qui évoquait aussi un couple (Leïla Bekhti et Reda Kateb) autour du thème de la prison, Brigitte Sy revient une fois de plus à ses thèmes de prédilection (pour ne pas dire obsessions) avec Le Bonheur est pour demain, qui aborde encore l’incarcération, l’amour empêché, la cavale, l’évidence entre deux êtres, avec un romanesque assumé. Et l’on se retrouve à nouveau sur les rotules, emportés que nous sommes par le souffle de cette histoire d’amour aussi contrariée que passionnée, magistralement interprétée par Laetitia Casta et Damien Bonnard, l’un des plus beaux couples vus dernièrement au cinéma.

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Test Blu-ray / Une robe noire pour un tueur, réalisé par José Giovanni

UNE ROBE NOIRE POUR UN TUEUR réalisé par José Giovanni, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Annie Girardot, Claude Brasseur, Bruno Cremer, Jacques Perrin, Catherine Allégret, Albina du Boisrouvray, Jacques Maury, François-Eric Gendron, Arielle Dombasle…

Scénario : José Giovanni & Monique Lange

Photographie : Jean-Paul Schwartz

Musique : Olivier Dassault

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

À l’issue de son procès, Simon Risler est condamné à mort pour le meurtre d’un policier. Le témoignage de l’inspecteur Reynolds a fait pencher la balance en faveur d’un verdict d’autant plus sévère qu’il est parfaitement injustifié. L’inspecteur a, en effet, commis un parjure à travers son faux témoignage. Pour échapper à la peine capitale, Simon Risler prend le procureur en otage. Blessé au cours de son évasion, il parvient toutefois à se rendre au domicile de son avocate, Florence Nat. Un ami de celle-ci, Alain Rivière, accepte de « planquer » le fugitif. Pendant ce temps, Florence essaie de faire la lumière sur l’affaire qui a failli coûter la vie à son client. Comme par hasard, les témoins les plus précieux disparaissent les uns après les autres…

C’est la fin du règne d’Annie Girardot sur le cinéma français. Nous sommes en 1981 et Une robe noire pour un tueur sera l’un de ses derniers « succès » personnels au box-office après vingt ans où la comédienne ne cessait d’enchaîner les triomphes depuis Rocco et ses frères de Luchino Visconti. D’ailleurs, Cause toujours, tu m’intéresses d’Édouard Molinaro n’avait guère brillé deux ans auparavant avec 685.000 entrées. Une robe noire pour un tueur fera encore moins en cette année où cartonnent Les Aventuriers de l’arche perdue, Le Professionnel, Pour la peau d’un flic, Diva…les comédies ont la cote aussi avec La Chèvre (qui se placera sur la première place du podium), Le Maître d’école, La Soupe aux choux, Viens chez moi, j’habite chez une copine, Tais-toi quand tu parles, Les Hommes préfèrent les grosses…les goûts changent, comme les époques….C’est un revers pour José Giovanni dont Les Égouts du paradis avait encore attiré plus de 850.000 spectateurs en 1979, même si Comme un boomerang avait déçu, surtout pour un gros film porté par Alain Delon. S’il se refera avec Le Ruffian deux ans plus tard, le réalisateur, auteur, scénariste (et ancien repris de justice, par ailleurs condamné à mort, avant d’être finalement gracié) signe avec Une robe noire pour un tueur l’un des derniers opus et représentants d’un genre, avant que le polar hexagonal mute et laisse place aux thrillers d’action inspirés de ceux provenant d’outre-Atlantique, ce qui causera aussi la perte de Bebel et Delon peu de temps après également. Ce drame judiciaire patine beaucoup et le scénario peine à maintenir un intérêt du début à la fin, l’ensemble reposant essentiellement sur un casting quatre étoiles et qui à lui seul vaut largement le déplacement.

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