Test 4K UHD / The Substance, réalisé par Coralie Fargeat

THE SUBSTANCE réalisé par Coralie Fargeat, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 13 mars 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid, Hugo Diego Garcia, Alexandra Papoulias Barton, Oscar Lesage, Joseph Balderrama, Robin Greer…

Scénario : Coralie Fargeat

Photographie : Benjamin Kracun

Musique : Raffertie

Durée : 2h21

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Évincée de l’émission d’aérobic qu’elle présente, Elisabeth Sparkle, une actrice vieillissante, accepte de payer pour un traitement novateur. Recevant un premier colis, elle y trouve une substance lui permettant de créer un double d’elle-même, plus jeune et plus parfait. Une fois l’activation et la genèse du double réalisées, celui-ci doit alors être stabilisé chaque jour avec un autre liquide prélevé dans la moelle épinière de l’être d’origine, ceci avant de permuter au bout d’une semaine en échangeant leur sang. Elle donne ainsi naissance à Sue, qui devient vite célèbre, mais qui est censée ne faire qu’une avec elle. Du coup le retour à son corps d’origine risque d’être bien frustrant…

Il est là le film de 2024 ! The Substance, le second long-métrage de Coralie Fargeat (née en 1976), sept ans après Revenge, qui avait immédiatement révélé la réalisatrice à l’aube de ses 40 ans. Il aura fallu attendre sept années, même si elle aura signé entre temps le clip À chaque vaccination, c’est la vie qui reprend (vous vous rappelez ? C’était après le confinement…), pour que Coralie Fargeat revienne sur le devant de la scène. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente est plus que très largement récompensée. The Substance est un monument, un chef d’oeuvre instantané, qui nous retourne à la fois la tête et l’estomac, au point où l’auteur de ces mots a carrément été malade toute la nuit suivant la projection du film. Pur film de mise en scène où rien n’est laissé au hasard, merveilleusement photographié par Benjamin Kracun (Promising Young Woman d’Emerald Fennell), suintant de références cinématographiques et donc cinéphiles (l’ombre de Stanley Kubrick, de David Cronenberg, de John Carpenter et de David Lynch planent sur tout le film, ainsi que Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson et même Blanche-Neige), The Substance embarque le spectateur dans un rollercoaster émotionnel et sensoriel, comme il en déboule désormais rarement dans les salles. Le grand succès international rencontré par The Substance (près de 600.000 entrées en France, 77 millions de dollars de recette mondiale, dont plus de 17 millions récoltés sur le sol américain) est donc plus que mérité, tout comme les multiples récompenses (Prix du scénario au Festival de Cannes, Oscar des Meilleurs maquillages et coiffures, Golden Globes de la Meilleure actrice pour Demi Moore) et autres nominations (dans quatre catégories pour les Oscars et les Golden Globes). Un sans-faute pour cette nouvelle étape du film de genre, qui non seulement s’avère une des plus grandes expériences de cinéma de ces 25 dernières années, mais qui en plus ne cesse de titiller l’intellect du spectateur en lui parlant de sujets entièrement contemporains. Réservé à un public averti, déconseillé aux âmes sensibles ou si vous venez de manger, mais ne ratez sous aucun prétexte.

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Test Blu-ray / Here – Les Plus belles années de notre vie, réalisé par Robert Zemeckis

HERE – LES PLUS BELLES ANNÉES DE NOTRE VIE (Here) réalisé par Robert Zemeckis, disponible en DVD & Blu-ray le 12 mars 2025 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany, Kelly Reilly, Michelle Dockery, Ophelia Lovibond, Beau Gadsdon, Nikki Amuka-Bird…

Scénario : Eric Roth & Robert Zemeckis, d’après le roman graphique de Richard McGuire

Photographie : Don Burgess

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

À travers les âges et les époques, hommes et femmes défilent dans un lieu unique, sur trois générations. En défiant le temps, ce lieu sera le témoin unique de l’évolution de l’humanité et deviendra le théâtre de vies entremêlées, d’histoires d’amour, de conflits et de découvertes…

C’est un fait, le succès échappe à Robert Zemeckis depuis Flight, sorti aux Etats-Unis en 2012, qui avait récolté plus de 160 millions dans le monde pour un budget étonnamment « dérisoire » de trente millions. Malgré leurs immenses qualités, The Walk : Rêver plus haut, Alliés et Bienvenue à Marwen se sont tous les trois plantés au box-office. Les mal-aimés (à juste titre cette fois) Sacrées sorcières The Witches et Pinocchio (adaptation live du long-métrage d’animation Disney) ont connu une exploitation limitée, dans les salles pour le premier ou sur la plateforme de Mickey pour le second et l’on attendait patiemment de revoir un film de Robert Zemeckis dans les salles. Une fois ce retour annoncé, quelle ne fut pas notre impatience de retrouver toute l’équipe de Forrest Gump (devant et derrière la caméra) réunie pour une nouvelle expérience de cinéma, propre à son auteur. La déception est de mise et Here Les Plus belles années de notre vie ne peut rivaliser avec l’ampleur des opus précédents du cinéaste…en ce qui concerne le fond du moins, car force est de constater le 22e long-métrage de Robert Zemeckis possède là encore une bonne longueur d’avance sur ses camarades. Le metteur en scène tant acclamé jadis pour sa trilogie Retour vers le futur et Qui veut la peau de Roger Rabbit, a toujours été à la pointe des effets visuels, à l’instar de la capture de mouvements initiée il y a plus de vingt ans avec Le Pôle express The Polar Express. Toujours à la recherche de nouveaux outils pour raconter ses histoires, Robert Zemeckis bénéficie ici de l’intelligence artificielle, une technologie baptisée Metaphysic Live, utilisée pour rajeunir ses comédiens (en temps réel sur le plateau), dont les personnages sont suivis de l’enfance à la vieillesse. L’occasion de redécouvrir Tom Hanks et Robin Wright comme si le premier venait de tourner Big et la seconde Princess Bride. Le résultat est bluffant et Here interpelle, passionne par son côté technique, qui laisse pantois d’admiration. Cependant, le bât blesse au niveau du récit, les protagonistes ne sont guère attachants et finalement noyés dans les effets spéciaux (omniprésents), d’autant plus que Here reste en caméra fixe durant près de 100 minutes. En fait, le film ressemble à une attraction qui aurait pu tout aussi bien avoir sa place dans un parc à thèmes (après tout, le cinéma est né dans les foires), à l’instar du Visionarium, longtemps disponible à Disneyland Paris, qui utilisait la technique Circle-Vision 360°, qui parlait aussi du thème du voyage dans le temps. C’est ce même sujet que traite Robert Zemeckis, en prenant comme point de vue celui d’une maison, d’une terre même, de la météorite responsable de l’extinction des dinosaures (si si) à l’hiver d’une poignée de personnages qui vont habiter la majeure partie de leur existence dans une bâtisse, dont le cinéaste va disséquer la mémoire des murs. Dommage que l’émotion manque à l’appel donc. Il faudra sans doute beaucoup de temps pour apprécier pleinement Here (qui nous rappelle A Ghost Story de David Lowery), qui pendant longtemps risque de demeurer un fascinant objet d’étude estimé à 50 millions de dollars (hors promo), qui n’aura rapporté que 16 millions dans le monde et attiré seulement 60.000 spectateurs en France.

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Test DVD / En tongs au pied de l’Himalaya, réalisé par John Wax

EN TONGS AU PIED DE L’HIMALAYA réalisé par John Wax, disponible en DVD le 12 mars 2025 chez Le Pacte.

Acteurs : Audrey Lamy, Nicolas Chupin, Eden Lopes, Naidra Ayadi, Benjamin Tranié, Jean-Charles Clichet, Steve Tientcheu, Stephan Wojtowicz…

Scénario : John Wax & Marie-Odile Weiss

Photographie : Vincent Mathias

Musique : Michel-Ange Merino

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Pauline, en cours de séparation, est mère d’un petit garçon autiste, Andrea, six ans et demi, en dernière année de maternelle. Entre l’emploi du temps lie à son travail et la garde alternée, malgré les outils qu’on a mis à sa disposition et la présence d’une aide, Pauline commence à se décourager…

En 2010, sort et cartonne sur les écrans Tout ce qui brille, coréalisé par Géraldine Nakache et Hervé Mimran. Si l’on a évidemment beaucoup parlé de son tandem principal, une autre actrice avait pu aussi se démarquer, au point de voler la vedette à chaque apparition, Audrey Lamy. Celle que l’on appelait alors encore « la sœur d’Alexandra Lamy » a su très vite se faire un prénom et l’actrice n’a cessé depuis d’apparaître au cinéma, devenant un second rôle récurrent, pour ne pas dire indispensable. Si Cédric Klapisch, Maïwenn, Mélanie Laurent, Marc Fitoussi, Christophe Gans et bien d’autres lui ont offert de très beaux personnages, elle accède enfin en haut de l’affiche en 2018 avec Ma reum de Frédéric Quiring, qui connaît un joli succès avec 800.000 entrées. Cependant, loin de se cantonner au registre de la comédie, Audrey Lamy a souvent apporté une gravité, une mélancolie, une profondeur à celles qu’elle a incarnées. Les Invisibles et La Brigade de Louis-Julien Petit, Rebelles d’Allan Mauduit ont dernièrement prouvé une fois de plus son talent de caméléon. À l’instar de sa frangine, Audrey Lamy a pris de la bouteille, cela lui sied à ravir et apporte un background à ses personnages. C’est le cas pour En tongs au pied de l’Himalaya, dans lequel elle trouve l’un de ses plus beaux rôles à ce jour. Cette comédie dramatique, car il n’est pas interdit de rire, comme une soupape indispensable entre deux scènes plus difficiles, se penche avec force et pudeur sur le handicap. Réalisé par John Wax, ancien photographe de plateau et directeur artistique superviseur, En tongs au pied de l’Himalaya est son premier long-métrage signé en solo (il avait auparavant mis en scène Tout simplement noir avec Jean-Pascal Zadi) et témoigne d’une vraie sensibilité, doublée d’une solide direction d’acteurs. Si le propos n’est guère inédit (on pense souvent au magnifique Les Clefs de la maisonLe Chiavi di casa de Gianni Amelio), l’émotion est présente, le pathos aux abonnés absents, l’humour fonctionne et la distribution est impeccable. Un beau moment.

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Test Blu-ray / Iron Man, réalisé par Joseph Pevney

IRON MAN réalisé par Joseph Pevney, disponible en DVD et Blu-ray le 25 mars 2025 chez Elephant Films.

Acteurs : Jeff Chandler, Evelyn Keyes, Stephen McNally, Rock Hudson, Joyce Holden, Jim Backus, James Arness, Steve Martin, George Baxter…

Scénario : George Zuckerman & Borden Chase, d’après le roman de William R. Burnett

Photographie : Carl E. Guthrie

Musique : Milton Rosen

Durée : 1h22

Année de sortie : 1951

LE FILM

En Pennsylvanie, un mineur, Coke Mason, veut acheter un magasin de radio et épouser Rose Warren. Son frère, lui, pense plutôt à son avenir dans la boxe, sachant que quand il se bat, on le surnomme « l’homme de fer ». Coke l’écoute mais, grisé et corrompu par le succès, il ne connaîtra la reconnaissance du public que dans la défaite…

S’il y a un nom que l’on aime retrouver au fil de nos chroniques, c’est bien celui de Joseph Pevney (1911-2008), réalisateur appliqué ayant touché à plusieurs genres, La Police était au rendez-vous Six Bridges to Cross (1955) et Rendez-vous avec une ombreThe Midnight Story (1957) avec Tony Curtis, L’Homme aux mille visages Man of a Thousand Faces (1957), formidable biopic sur Lon Chaney, avec James Cagney dans le rôle-titre, Le Château de la terreur The Strange Door (1951) avec rien de moins que Charles Laughton et Boris Karloff. Avant de se consacrer principalement à la télévision, pour laquelle il signera moult épisodes de séries cultes, notamment Star Trek, La Petite maison dans la prairie, L’Incroyable Hulk, Bonanza, Joseph Pevney se faisait un nom dans le domaine de la série B et montrait systématiquement qu’il en avait sous le capot. C’est encore le cas avec Iron Man, aka Poings d’acier dans nos contrées, son quatrième long-métrage et par ailleurs l’un de ses quatre films sortant dans les salles en cette année 1951. Iron Man est la première collaboration du cinéaste avec l’un de ses acteurs fétiches, le génial Jeff Chandler (1918-1961), avec lequel Joseph Pevney tournera plus d’une demi-douzaine de fois, pour le compte des studios Universal. Ainsi Iron Man, drame sportif, se déroule dans le milieu de la boxe et se place dans le sillage de Nous avons gagné ce soir The Set-Up de Robert Wise et Le Champion Champion de Mark Robson, sortis deux ans auparavant, mais aussi de Gentleman Jim (1942) de Raoul Walsh, qui racontait l’histoire d’un modeste employé de banque passionné par la boxe et désireux de s’élever au-dessus de sa condition, dont l’arrivisme irritait les membres du Club Olympique. Ou comment le sport devient synonyme (ou pas) d’élévation sociale et une échelle pour aider certains à connaître le tant convoité American Dream. Iron Man est un tout petit film, mais qui condense en à peine 80 minutes autant, si ce n’est plus, que certains titres contemporains qui s’étendent sur plus 2h30. C’est là l’efficacité d’un metteur en scène à réhabiliter et dont il est important de remettre l’oeuvre en avant.

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Test Blu-ray / En fanfare, réalisé par Emmanuel Courcol

EN FANFARE réalisé par Emmanuel Courcol, disponible en DVD et Blu-ray le 1er avril 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco, Jacques Bonnaffé, Clémence Massart-Weit, Anne Loiret, Mathilde Courcol-Rozès, Yvon Martin…

Scénario : Oriane Bonduel, Emmanuel Courcol, Irène Muscari & Marianne Tomersy

Photographie : Maxence Lemonnier

Musique : Michel Petrossian

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…

En dépit d’une critique dithyrambique, Un triomphe, second long-métrage d’Emmanuel Courcol comme réalisateur, n’avait attiré qu’un peu plus de 300.000 spectateurs dans les salles en 2021. Ce très beau film offrait entre autres à Kad Merad l’un de ses plus beaux rôles et l’un de ses partenaires se distinguait une fois de plus, l’excellent Pierre Lottin (né en 1989). Qu’il semble loin désormais le Wilfried de la famille Tuche (quand bien même le cinquième volet de la saga cartonne encore avec plus de trois millions d’entrées) et le comédien, que nous n’avons eu de cesse de mettre en avant à chaque apparition, est maintenant très demandé dans le cinéma français. De François Ozon (Grâce à Dieu, Quand vient l’automne) à Anna Fontaine (Présidents), en passant par Jean-Jacques Annaud (Notre-Dame brûle), Philippe Faucon (Les Harkis), Dominik Moll (La Nuit du 12) et bientôt chez le tandem Nakache/Toledano, Pierre Lottin est partout et on ne va pas se plaindre. Il détient enfin un hit personnel avec En fanfare, pour lequel il retrouve Emmanuel Courcol donc, qui aura attiré plus de 2,6 millions français dans les salles, tous emballés par son duo formé avec le génial (et déjà plus confirmé) Benjamin Lavernhe. Ce dernier, à mille lieues du rôle avec lequel nous l’avons découvert il y a plus de dix dans l’hilarant Radiostars de Romain Levy (Smiters, c’était lui !) a fait son chemin depuis, aussi bien à la Comédie-Française qu’au cinéma où tout le monde se l’arrache (Nicole Garcia, Jeanne Herry, Bruno Podalydès, Toledano/Nakache, Frédéric Tellier et même Wes Anderson). Les deux font des étincelles dans En fanfare, comédie (très drôle) dramatique (très triste, mais jamais pathos), qui rappelle bien sûr quelques classiques britanniques comme Les Virtuoses Brassed Off (1996) de Mark Herman ou The Full Monty (1997) de Peter Cattaneo, mais qui s’en démarque rapidement et trouve sa propre personnalité, grâce à une distribution prestigieuse et une écriture aussi élégante que soignée. Un grand succès largement mérité.

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Test Blu-ray / Miséricorde, réalisé par Alain Guiraudie

MISÉRICORDE réalisé par Alain Guiraudie, disponible en DVD & Bu-ray le 4 mars 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Félix Kysyl, Catherine Frot, Jean-Baptiste Durand, David Ayala, Tatiana Spivakova, Salomé Lopes, Serge Richard, Elio Lunetta, Jacques Develay…

Scénario : Alain Guiraudie

Photographie : Claire Mathon

Musique : Marc Verdaguer

Durée : 1h43

Année de sortie : 2024

LE FILM

Jérémie revient à Saint-Martial pour l’enterrement de son ancien patron boulanger. Il s’installe quelques jours chez Martine, sa veuve. Mais entre une disparition mystérieuse, un voisin menaçant et un abbé aux intentions étranges, son court séjour au village prend une tournure inattendue…

Si comme nous, vous croisez par hasard dans votre vie ou sur les réseaux sociaux, une personne qui vous sort l’immanquable « le cinéma français, c’est toujours la même chose », demandez-lui si elle ou il connaît le réalisateur Alain Guiraudie. Il y a de fortes chances que ce nom ne lui dise rien, ce à quoi vous pourrez alors ajouter « c’est un univers unique et quasi-inclassable ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Miséricorde, le septième long-métrage du cinéaste, ne déroge pas à la règle. À la fois comédie de mœurs et thriller provincial, cette nouvelle œuvre, toujours teintée de sexe, sort constamment des sentiers battus, surprend à chaque scène, propose à son public un divertissement (car le spectacle est garanti) rempli de rebondissements, de retournements de situations, de formidables numéros d’acteurs, le tout en communion avec la nature environnante, autre sujet de prédilection de son auteur. C’est peu dire que Miséricorde est une autre grande réussite d’Alain Guiraudie, dont on salue également le rapide retour derrière la caméra, soit deux ans après la sortie de Viens je t’emmène, alors qu’il avait fallu attendre plus de cinq années pour découvrir ce dernier après le génial Rester vertical.

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Test Blu-ray / Vénus en fourrure, réalisé par Massimo Dallamano

VÉNUS EN FOURRURE (Venere in peliccia – Le Malizie di Venere) réalisé par Massimo Dallamano, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 mars 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Laura Antonelli, Régis Vallée, Loren Ewing, Renate Kasché, Werner Pochath, Mady Rahl, Wolf Ackva, Peter Heeg, Josil Raquel…

Scénario : Fabio Massimo, d’après l’oeuvre de Leopold von Sacher-Masoch

Photographie : Sergio d’Offizi

Musique : Gianfranco Reverberi

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le romancier Séverin, en quête d’un sujet pris sur le vif, assiste par un trou aménagé dans le mur au spectacle des plaisirs de Wanda, une célèbre call-girl arrivée pour se reposer dans l’auberge où il séjourne. Repris alors par une obsession érotique qui remonte à sa plus tendre enfance, Séverin décide de posséder Wanda.

Laura Antonelli begins…enfin, pas vraiment. En effet, la belle (euphémisme) avait déjà dévoilé ses charmes en 1966 dans l’improbable et frappadingue L’Espion qui venait du surgelé Le spie vengono dal semifreddo de Mario Bava, dans lequel, alors âgée de 25 ans, elle illuminait le film de son sex-appeal en passant quasiment tout le métrage en petite nuisette affriolante. 1969, année érotique, mais pas que(eue). Alors qu’elle apparaît dans Exécutions Un detective de Romolo Guerrieri, distribué dans les salles italiennes, Laura Antonelli tient le rôle-titre de Vénus en fourrure Venere in peliccia de Massimo Dallamano (1917-1976), coproduction germano-helvético-italienne, qui n’aura pas l’honneur de sortir de l’autre côté des Alpes, ou tout du moins dans une combinaison de salles restreintes, avant d’être rapidement retiré de la circulation en raison de la censure. Elle y fait pourtant sensation en s’affichant pour la première fois dans le simple appareil et ce à de multiples reprises (et dès les premières secondes), dans quelques scènes érotiques assez osées pour l’époque. C’est en découvrant ce film (et sa prestation) dans quelques copies qui circulaient sous le manteau, que des producteurs et réalisateurs italiens décident de l’engager peu de temps après, jusqu’à exploser littéralement avec les triomphes successifs de Ma femme est un violon Il merlo maschio de Pasquale Festa Campanile et du mythique MaliciaMalizia de Salvatore Samperi. Une star est née, ou est sur le point de naître dans Vénus en fourrure, romance dramatique évidemment inspirée de l’oeuvre de Leopold von Sacher-Masoch (le « masochisme » vient de son nom) publiée en 1870, mais librement et qui donne matière au réalisateur Massimo Dallamano, pour expérimenter le cadre et ses remarquables recherches plastiques. Ainsi, Laura Antonelli apparaît comme étant un fascinant « objet » à sculpter et si la comédienne est parfois maladroite dans son jeu, elle reste encore aujourd’hui l’une des plus fascinantes créatures de l’histoire du cinéma.

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Test DVD / Le Royaume, réalisé par Julien Colonna

LE ROYAUME réalisé par Julien Colonna, disponible en DVD & Blu-ray le 18 mars 2025 chez Ad Vitam.

Acteurs : Ghjuvanna Benedetti, Saveriu Santucci, Anthony Morganti, Andrea Cossu, Eric Ettori, Régis Gomez, Pascale Mariani, Frederic Poggi…

Scénario : Jeanne Herry & Julien Colonna

Photographie : Antoine Cormier

Musique : Audrey Ismael

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Alors qu’elle vit l’un de ses premiers étés adolescents, Lesia est envoyée chez son père. Sauf que lui est chef de clan d’une mafia locale. En plein milieu du tumulte, durant ces quelques semaines estivales, ils vont apprendre à se connaître…

Colonna ? La Corse ? Oui, mais il n’agit pas ici du célèbre éleveur, militant indépendantiste et criminel corse, assassin du préfet de Corse Claude Érignac en 1998, qui avait pris la fuite dans le maquis pendant quatre ans, avant d’être arrêté en 2012, puis incarcéré à Arles, où un codétenu allait le tuer dix ans plus tard. Julien Colonna est lui le fils de Jean-Jérôme Colonna, parrain présumé de la Corse-du-Sud, décédé en 2006 dans un étrange accident de voiture. Le Royaume est son premier long-métrage, une révélation, un choc cinématographique. Forcément largement inspiré par sa propre histoire, quand bien même le personnage principal est une adolescente, ce thriller s’intéresse avant tout à la relation père-fille, malmenée par l’action du premier, qui n’entretient avec la seconde qu’un rapport épisodique. Bien que Julien Colonna ait insisté qu’il s’agissait d’un œuvre de fiction, difficile de ne pas y voir une dimension autobiographique, y compris dans le passé du personnage du père, formidablement interprété par Saveriu Santucci, agriculteur et guide de montagne de son état, qui campe Pierre-Paul, repéré lors d’un long casting sauvage réalisé en Corse par le réalisateur, qui recherchait une authenticité qu’il n’aurait pu trouver ailleurs. Le Royaume accroche le spectateur dès la première scène, qui pose le décor, le quotidien des personnages, ainsi que le charisme et le talent de la jeune Ghjuvanna Benedetti, étudiante en école d’infirmière, quasiment de tous les plans, elle aussi comédienne non-professionnelle. Film aussi sec qu’implacable, Le Royaume est aussi un drame familial bouleversant, où l’émotion prend aux tripes au fur et à mesure de cette cavale sans issue. On en ressort la bouche pâteuse, la chair de poule, avec aussi la conviction d’avoir « rencontré » un nouvel et grand auteur à suivre de près.

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Test Blu-ray / The Ship that Died of Shame, réalisé par Basil Dearden

LE BATEAU QUI MOURUT DE HONTE (The Night my Number Came Up) réalisé par Basil Dearden, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 14 janvier 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Richard Attenborough, George Baker, Bill Owen, Virginia McKenna, Roland Culver, Bernard Lee, Ralph Truman, John Chandos, Harold Goodwin, John Longden…

Scénario : John Whiting, Michael Relph & Basil Dearden, d’après une nouvelle de Nicholas Monsarrat

Photographie : Gordon Dines

Musique : William Alwyn

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Après s’être illustré par sa bravoure pendant la Seconde Guerre mondiale, l’équipage du canonnier 1087 de la Royal Navy décide de remettre le navire à flots pour se lancer dans la contrebande. Alors que les cargaisons deviennent de plus en plus suspicieuses, le bateau semble refuser son nouvel et humiliant emploi.

S’il y a un réalisateur britannique auquel devraient s’intéresser les cinéphiles, c’est bien Basil Searden (1911-1971). Nous avons déjà parlé de ce cinéaste à travers nos chroniques consacrées à Khartoum, Au coeur de la nuit (pour lequel il signait le sketch intitulé Le Cocher de corbillard – Hearse Driver, ainsi que celui dit « de liaison ») et Un si noble tueur The Gentle Gunman. Un nom emblématique des studios Ealing. C’est toujours un immense plaisir de mettre la main sur une œuvre méconnue, devenue invisible depuis longtemps et devant laquelle on redécouvre sans cesse la virtuosité d’un metteur en scène. C’est encore le cas avec Le Bateau qui mourut de honte The Ship That Died of Shame, sorti en 1955, alors que le cinéma anglais connaît une crise sans précédent. Cet opus est le vingtième et antépénultième emballé par Basil Dearden pour le compte des Ealing Studios et sans doute l’un des plus étonnants, avec lequel son auteur retrouve une petite veine fantastique déjà exploitée dans le sensationnel Au coeur de la nuit. Également scénariste et producteur, Basil Dearden dirige de merveilleux comédiens et convoque le spectre de la Seconde Guerre mondiale, en se focalisant sur une poignée d’anciens combattants, dont l’âme est restée à bord de leur navire, en pleine mer, qu’ils ont arpenté plusieurs années pour faire face à l’ennemi. Le retour à la « vie normale » est pour ainsi dire impossible, mais il faut bien vivre et continuer à avancer puisqu’ils n’ont pas sombré dans les flots. Comme le hasard fait bien (ou mal) les choses, ces vétérans vont se retrouver quelques années plus tard et remonter à bord de leur ancien navire de guerre, reconverti en bâtiment destiné à la contrebande. Le Bateau qui mourut de honte est comme qui dirait un huis clos à ciel ouvert, où les personnages semblent avoir été enfermés à jamais sous cloche avec leur bateau. La violence jusqu’alors contenue, ainsi que les règlements de comptes vont alors exploser. Grande découverte que ce The Ship That Died of Shame.

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Test Blu-ray / Heretic, réalisé par Scott Beck & Bryan Woods

HERETIC réalisé par Scott Beck & Bryan Woods, disponible en DVD & Blu-ray le 9 avril 2025 chez Le Pacte.

Acteurs : Hugh Grant, Sophie Thatcher, Chloe East, Topher Grace, Elle Young…

Scénario : Scott Beck & Bryan Woods

Photographie : Chung Chung-hoon

Musique : Chris Bacon

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Deux jeunes missionnaires de l’église mormone d’une petite ville du Colorado font du porte à porte dans l’espoir de convertir les habitants. Le soir venu, après une journée infructueuse, elles décident de frapper à la porte d’une maison isolée. C’est le charmant Mr Reed qui les y accueille. Mais très vite, les jeunes femmes réalisent qu’elles sont tombées dans un piège. La maison est un véritable labyrinthe où elles ne pourront compter que sur leur ingéniosité et leur intelligence pour rester en vie…

Moonlight de Barry Jenkins, Mise à mort du cerf sacré The Killing of a Sacred Deer de Yórgos Lánthimos, 90’s Mid90s de Jonah Hill, The Lighthouse de Robert Eggers, Midsommar d’Ari Aster, Everything Everywhere All at Once de Daniel Kwan et Daniel Scheinert, The Whale de Darren Aronofsky, La Zone d’intérêt The Zone of Interest de Jonathan Glazer, pour ne citer que ceux-là, sortent tous de la même écurie, celle de la société indépendante de production et distribution A24. Un logo devenu un signe de qualité. Le dernier film en provenance du studio est Heretic, mis en scène par Scott Beck et Bryan Woods, plus connus pour leur travail de scénariste sur les deux premiers volets de la désormais franchise Sans un bruit et qui comme réalisateurs avaient signé entre autres 65 – La Terre d’avant avec Adam Driver. Le tandem revient au thriller d’horreur et offre à Hugh Grant probablement l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Tout en affichant le même sourire (en plus carnassier ceci dit) qui ravageait les coeurs dans les années 1990, le comédien, désormais âgé de 64 ans, affiche une patine qui lui sied à ravir et a l’air de prendre un malin plaisir à jouer les psychopathes, bien décidé à jouer avec les nerfs de deux jeunes femmes qui voulaient juste tailler le bout de gras et prêcher la bonne parole avec lui. Huis clos, survival, Heretic est autant un thriller qu’un drame psychologique, merveilleusement écrit, prenant, formidablement emballé et magistralement interprété par un trio d’acteurs quasi-seuls en piste et qui se renvoient la balle avec virtuosité. Un des immanquables de 2024, très justement récompensé par un beau succès critique et commercial avec près de 60 millions de dollars de recette dans le monde entier pour une mise de départ de dix millions.

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