Test Blu-ray / Borderlands, réalisé par Eli Roth

BORDERLANDS réalisé par Eli Roth, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 5 décembre 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Cate Blanchett, Kevin Hart, Jack Black, Ariana Greenblatt, Jamie Lee Curtis, Florian Munteanu…

Scénario : Eli Roth & Joe Crombi

Photographie : Rogier Stoffers

Musique : Steve Jablosky

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d’Atlas, l’homme le plus puissant (et le plus méprisable) de l’univers. Pour y arriver, Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tiny Tina ; Tannis, une scientifique fantasque et Claptrap, un robot très bavard. Ensemble, ces héros improbables vont devoir affronter les pires espèces extraterrestres et de dangereux bandits pour découvrir les secrets les plus explosifs de Pandore.

C’est en totale ignorance de la franchise de jeux vidéos (apparemment l’une des plus vendues de tous les temps) que l’auteur de ces mots abordera l’adaptation cinématographique de Borderlands. À la barre de cette superproduction au budget de plus de cent millions de dollars (sans compter les reshoots tardifs orchestrés par Tim Miller), on retrouve Eli Roth, découvert en 2002 avec Cabin Fever, propulsé trois ans plus tard avec Hostel. Après la suite de ce dernier, le metteur en scène marquera les esprits avec The Green Inferno (fabuleux hommage aux films de cannibales italiens des années 1970-1980), puis son excellent Knock Knock, avant de livrer un savoureux remake d’Un justicier dans la ville (Death Wish, avec Bruce Willis). 2018, Eli Roth change de registre et se voit confier La Prophétie de l’horloge, transposition du roman La Pendule d’Halloween de John Bellairs, qui connaît un joli succès au box-office. Après une pause, le revoilà donc aux manettes d’un blockbuster, pour lequel il retrouve Cate Blanchett, star de son précédent long-métrage, dans la peau d’une (super)héroïne bad-ass aux cheveux flamboyants et fine gâchette. Elle est ici accompagnée d’un casting sympathique et se fond à merveille au milieu de décors numériques (mais pas que, le film ayant été tourné en Hongrie), de personnages pittoresques. Sans rien attendre du tout de Borderlands, le charme agit. Avec sa photographie bariolée et sa bande d’outsiders, on pense indéniablement aux Gardiens de la galaxie, sur lesquels Borderlands semble prendre un malin plaisir à piétiner les plates-bandes. S’il n’atteint pas les Guardians de James Gunn à la cheville, Borderlands n’a cependant pas à rougir de la comparaison dans les scènes d’action, excessivement généreuses, nawaks, mais avec lesquelles Eli Roth paraît s’amuser. Il y a quelque chose de contagieux dans Borderlands, qui ne révolutionne rien, qui s’inspire ouvertement à droite à gauche (sans « copier » à la Tarantino, ce qui a toujours été une grande différence entre le sieur Quentin et Roth), mais qui le fait bien, en assumant sa condition de sale gosse et sans doute d’ersatz. Un très bon divertissement au final.

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Test DVD / Super papa, réalisé par Léa Lando

SUPER PAPA réalisé par Léa Lando, disponible en DVD le 5 décembre 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Ahmed Sylla, Zabou Breitman, Ismaël Bangoura, Julien Pestel, Louise Coldefy, Claudia Tagbo…

Scénario : Fadette Drouard, Léa Lando & Nathanaël Guedj

Photographie : Jérôme Alméras

Musique : Laurent Perez Del Mar

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Pour les 8 ans de son fils Gaby, Tom, lui offre sans le vouloir un livre… qui ne contient que des pages blanches. Devant la déception de Gaby et pour ne pas perdre la face, Tom prétend qu’il s’agit d’un livre magique : il suffit d’y écrire ses rêves pour qu’ils se réalisent. Voilà comment, totalement dépassé, Tom va tout mettre en œuvre pour exaucer les rêves de son fils, même les plus fous !

Depuis sa révélation en 2011 dans l’émission On n’demande qu’à en rire, l’humoriste et comédien Ahmed Sylla a naturellement fait son chemin au cinéma. Le succès viendra d’ailleurs très vite, puisque L’Ascension de Ludovic Bernard franchira la barre du million d’entrées en 2017. Rebelote pour Inséparables de Varante Soudjian. Ahmed Sylla tourne beaucoup, trop sans doute, ayant été à l’affiche d’une dizaine de longs-métrages depuis 2020, en faisant d’autres scores plutôt honnêtes au box-office, mais jamais de réels échecs. Cependant, on sent que l’acteur arrive au bout d’un concept et ce n’est pas Super papa qui va contredire cela. À mi-chemin entre Menteur, menteur Liar Liar de Tom Shadyac, Le Prince oublié de Michel Hazanavicius et Demain tout commence de Hugo Gélin, le premier long-métrage de Léa Lando, également humoriste et animatrice surfe sur une vague de comédies éculées, dont l’aspect téléfilm ou même série télévisée (du genre Scènes de ménages) est représentatif d’un certain genre de cinéma français dit populaire, où les histoires – comme la distribution et même l’affiche sur fond bleu – s’avèrent interchangeables, où la forme est complètement oubliée. Sur le fond, Super papa n’est pas « déplaisant » et Ahmed Sylla fait le job, on ne passe pas un mauvais moment, mais tout s’évapore alors même que le générique, sur fond de Djadja d’Aya Nakamura (pitié…), est à peine démarré. Au suivant !

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Test Blu-ray / Breathe, réalisé par Stefon Bristol

BREATHE réalisé par Stefon Bristol, disponible en DVD & Blu-ray le 16 octobre 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Jennifer Hudson, Milla Jovovich, Quvenzhané Wallis, Sam Worthington, Common, Raúl Castillo, Dan Martin, Kaliswa Brewster, James Saito…

Scénario : Doug Simon

Photographie : Felipe Vara de Rey

Musique : Isabella Summers

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Maya et sa fille sont obligées de vivre sous terre après que la Terre ait été rendue inhabitable par un manque d’oxygène. Seuls de brefs voyages à la surface sont possibles grâce à une combinaison à oxygène ultramoderne fabriquée par le mari de Maya, Darius, qu’elle présume mort. Lorsqu’un couple mystérieux arrive, prétendant connaître Darius, Maya accepte de les laisser entrer dans leur bunker, mais sont-ils vraiment ce qu’ils semblent être ?

Aaaaah Milla Jovovich…Difficile de résumer plus de 35 ans de carrière au cinéma, tant il n’en ressort pas grand-chose en dehors du Cinquième Élément The Fifth Element de Luc Besson , qui allait la faire connaître dans le monde entier, et les six épisodes de la saga Resident Evil, qu’elle aura porté pendant une quinzaine d’années. Malgré une filmographie conséquente, peu de films sortent réellement du lot, à part bien sûr He Got Game de Spike Lee, The Million Dollar Hotel de Wim Wenders et Jeanne d’Arc – The Messenger: The Story of Joan of Arc, cette fois encore de Luc Besson. Mais ça c’était avant l’an 2000. Depuis, la belle ukrainienne naturalisée américaine collabore souvent avec son mari Paul W. S. Anderson, qui avait emballé quatre opus de Resident Evil, ainsi que l’inénarrable The Three Musketeers Les Trois Mousquetaires (2011) et dernièrement Monster Hunter, adaptation de la série de jeux vidéo du même nom éditée par Capcom. Le pire, c’est que Milla Jovovich est loin d’être mauvaise actrice et elle le prouve une nouvelle fois avec Breathe, réalisé par Stefon Brostol, metteur en scène américain remarqué avec See You Yesterday, qui avait fait un carton sur Netflix en 2019. Cinq ans plus tard, le voilà aux manettes d’un film post-apocalyptique, dont l’affiche est centrée sur Milla Jovovich, mais qui apparaît en réalité comme second rôle, laissant la place principale à Jennifer Hudson et Quvenzhané Wallis. Si Breathe est bien interprété, sauf par Sam Worthington qui comme d’habitude en fait des tonnes, l’aspect fauché de l’ensemble laisse à désirer, l’histoire est redondante et peu de scènes marquent réellement. On peut laisser sans problème son cerveau au vestiaire pendant 1h30, le récupérer à la fin du film, qui ne laissera aucun souvenir une fois les neurones rebranchés.

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Test DVD / Boléro, réalisé par Anne Fontaine

BOLÉRO réalisé par Anne Fontaine, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos, Vincent Perez, Anne Alvaro, Sophie Guillemin, Alexandre Tharaud, Serge Riaboukine…

Scénario : Anne Fontaine & Claire Barré, d’après le livre de Marcel Marnat

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Paris, les années folles. Les oreilles de Maurice Ravel bourdonnent quand Ida, chorégraphe sensuelle et audacieuse, lui commande la musique de son prochain ballet. Tétanisé, Ravel ne sait plus où chercher l’inspiration. C’est en puisant dans ses souvenirs et en s’inspirant des femmes de sa vie que le compositeur créera sa plus grande œuvre : Le Boléro.

« Il ne s’écoule jamais plus d’un quart d’heure sans qu’on entende le Boléro de Ravel quelque part dans le monde » indique un panneau en guise de conclusion du film d’Anne Fontaine. Mais près de deux heures avant cela, le générique d’ouverture montre déjà que l’oeuvre du compositeur n’a eu de cesse d’être empruntée, détournée, mixée, samplée ou tout simplement réinterprétée depuis sa création (et son triomphe) en 1928. Boléro, titre simple, concis, entier, est le dix-neuvième long-métrage réalisé par Anne Fontaine en un peu plus de trente ans, qui trois après sa fantaisie où elle imaginait le retour politique de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, unis contre l’imminence au pouvoir de Marine Le Pen dans Présidents, livre un faux biopic, non pas sur la figure même de Maurice Ravel, mais sur celle de la création de son œuvre la plus célèbre au monde, le Boléro. Le film démarre d’ailleurs en 1903, alors que le jeune musicien est âgé de 28 ans, jusqu’à son décès en 1937. Mais le Boléro est et demeure le pivot central du récit, comme il l’a finalement été dans la vie de Maurice Ravel. Anne Fontaine observe son personnage principal avec admiration et aussi beaucoup de questionnements, comme si elle savait elle-même qu’en dépit des moyens présentés par le cinéma, elle ne pourrait pas mettre à jour la face cachée du compositeur, sonder son âme perturbée, décoder ses secrets, dévoiler son processus créatif. La force de Boléro provient de Raphaël Personnaz, indéniablement dans un de ses meilleurs rôles et qui livre sans doute sa plus grande prestation à ce jour. Tout en intériorité, le comédien rend compte du bouillonnement qui s’emparait au quotidien de Maurice Ravel, qui ne vivait que pour la musique, au point qu’il n’arrivait pas à s’exprimer autrement, sans jamais être satisfait de ce qu’il entreprenait, malédiction des artistes. Boléro est un sommet dans la carrière de la cinéaste et de sa tête d’affiche.

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Test DVD / Quelques jours pas plus, réalisé par Julie Navarro

QUELQUES JOURS PAS PLUS réalisé par Julie Navarro, disponible en DVD le 7 août 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Benjamin Biolay, Camille Cottin, Amrullah Safi, Makita Samba, Saadia Bentaïeb, Loula Bartilla Besse, Olivier Charasson, Andranic Manet, Hippolyte Girardot…

Scénario :Julie Navarro et Marc Salbert, d’après le roman de ce dernier, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire

Photographie : Sylvestre Dedise

Musique : Arnaud Rebotini

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Arthur Berthier, critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours croit-il, d’héberger Daoud, un jeune Afghan.

Oui bon d’accord, le cinéma français bien-pensant blabla, les bobos de cinquante piges, les écouteurs vissés sur les oreilles en train d’écouter The Kinks ou The Zombies, confortablement installés dans leur 50m² à Barbès (car ils aiment le melting-pot), en train de découvrir le monde (les migrants quoi), qui se découvrent une âme de militant (par hasard, après avoir reçu un coup sur la tronche ici) et qui décident (malgré eux) de recueillir un demandeur d’asile. C’est Quelques jours pas plus, premier long-métrage écrit et réalisé par Julie Navarro, ancienne assistante de Véra Belmont, Jean-François Davy, Jean-Marc Vallée et ancienne directrice de la distribution (sur La Science des rêves, Mariage à Mendoza, Hippocrate, Médecin de campagne…). Cependant, si le pitch peut effectivement faire peur, Quelques jours pas plus est une première œuvre extrêmement attachante et contre toute attente, on suit le cheminement de son protagoniste, critique musical qui commence à avoir de la bouteille et qui semble revenu de tout, qui se retrouve embringué dans le quotidien d’une association caritative, spécialisée dans l’accueil des migrants et réfugiés à Paris. Ce dernier est en outre interprété par Benjamin Biolay, qui mine de rien s’est construit une vraie filmographie depuis une quinzaine d’années. Depuis ses débuts devant la caméra de Vincent Dietschy (dans Didine), l’interprète multi-récompensé de Comment est ta peine ? n’a eu de cesse d’enchaîner les rôles (une bonne cinquantaine désormais), en prenant petit à petit une véritable épaisseur et un charisme qui s’est encore plus sculpté avec les années. Après Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Personal Shopper d’Olivier Assayas, Irréprochable de Sébastien Marnier, Les Apparences de Marc Fitoussi (pour ne citer que ceux-là), Benjamin Biolay trouve incontestablement l’un de ses meilleurs personnages dans Quelques jours pas plus (adaptation du roman de Marc Salbert, compagnon de la metteuse en scène, dénommé De l’Influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire publié en 2015 sous Le Dilettante), dans lequel il est criant de vérité. Un joli film sincère, émouvant, drôle aussi, à la frontière du documentaire, qui ne tombe pas dans le piège du message enfoncé à coups de marteau dans le crâne des spectateurs, mais qui lui expose des faits, sans en rajouter. Une belle découverte.

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Test Blu-ray / Dead for a Dollar, réalisé par Walter Hill

DEAD FOR A DOLLAR réalisé par Walter Hill, disponible en DVD & Blu-ray le 7 août 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Christoph Waltz, Willem Dafoe, Rachel Brosnahan, Warren Burke, Brandon Scott, Benjamin Bratt, Luis Chávez, Hamish Linklater…

Scénario : Walter Hill & Matt Harris

Photographie : Lloyd Ahern II

Musique : Xander Rodzinski

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Chihuahua, Nouveau-Mexique en 1897. Max Borlund, un célèbre chasseur de primes, est engagé pour retrouver et ramener la femme d’un homme d’affaires de Santa Fe, apparemment kidnappée par un déserteur afro-américain. Au cours de son investigation au Mexique, il tombe sur son ennemi juré, l’expatrié américain Joe Cribbens que Max a envoyé en prison des années auparavant. Il retrouve également la femme et le déserteur, désormais amants, qui se cachent dans le désert mexicain pour échapper à son mari violent. Max la renverra-t-il ou l’aidera-t-il à combattre des tueurs à gages sans pitié et son rival de toujours ?

Tiens, revoilà ce bon vieux Walter Hill ! Nous étions sans nouvelle de l’auteur du Bagarreur, Driver, Les Guerriers de la nuit, 48 Heures, Double détente, Extrême préjudice, Comment claquer un million de dollars par jour depuis son lénifiant, mais sympathique Revenger The Assignment avec Michelle Rodriguez. Retour au western pour le metteur en scène du Gang des frères JamesThe Long Riders (1980), Geronimo (1993), Wild Bill (1995), Dernier Recours Last Man Standing (1996), sans oublier la série Deadwood (2004) et le téléfilm Broken Trails (2006), genre de prédilection du cinéaste, qui s’en est même toujours inspiré pour ses films contemporains. Six ans après son adaptation de la bande dessinée, publiée en France sous le titre Corps et Ame (chez Rue de Sèvres), cosignée par le réalisateur lui-même avec Matz et Jef, Walter Hill revient au grand Ouest Américain pour Dead for a Dollar, dont il a coécrit le scénario avec Matt Harris. Avec ce retour aux sources et un tel casting mené par Christoph Waltz et Willem Dafoe, on pouvait s’attendre à mieux que ce petit western finalement sans ambition, mené sur un rythme pépère, qui n’invente rien et qui déçoit également dans sa direction artistique sans grande envergure avec des décors cheaps, un montage paresseux (doublé d’une surabondance de fondus en noir), une photo sépia lisse et sans aspérité du chef opérateur Lloyd Ahern, déjà à l’oeuvre sur Wild Bill et Les Pilleurs. Avec Du plomb dans la têteBullet to the Head, Walter Hill avait démontré qu’il en avait encore sous le capot, mais désormais âgé de plus de 80 balais, il serait sans doute temps pour lui de prendre sa retraite (dites-le aussi à Ridley Scott au passage), car tout le monde n’est pas Clint Eastwood et Dead for a Dollar est clairement un « film de trop ».

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Test DVD / Une vie, réalisé par James Hawes

UNE VIE (One Life) par James Hawes, disponible en DVD & Blu-ray le 26 juin 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Anthony Hopkins, Lena Olin, Johnny Flynn, Helena Bonham Carter, Tim Steed, Matilda Thorpe, Daniel Brown, Alex Sharp, Jirí Simek, Romola Garai…

Scénario : Lucinda Coxon & Nick Drake, d’après le livre de Barbara Winton, If It’s Not Impossible…: The Life of Sir Nicholas Winton

Photographie : Zac Nicholson

Musique : Volker Bertelmann

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie, Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où six cent soixante-neuf enfants juifs trouveront refuge.

Grand succès de 2024 en France avec plus d’1,5 million d’entrées, ce qui le place pour l’instant dans le top 10 de l’année, entre Bob Marley:One Love et Maison de retraite 2, Une vie One Life est le premier long-métrage de James Hawes, réalisateur ayant fait ses classes à la télévision depuis plus de trente ans. Remarqué et parfois même récompensé pour son travail sur les séries Doctor Who, Slow Horses, Snowpiercer, Penny Dreadful, Mad Dogs et Black Mirror (les épisodes Hated in the Nation de la saison 3 et Smithereens de la saison 5), ou pour son téléfilm Enid (2009) avec Helena Bonham Carter, le metteur en scène adapte le livre If It’s Not Impossible…The Life of Sir Nicholas Winton de Barbara Winton, qui narrait sur la vie de son père Nicholas Winton (1909-2015), surnommé le « Schindler britannique ». Cette histoire vraie, restée méconnue pendant des décennies, est dévoilée au monde entier lorsqu’en 1988, une émission britannique, That’s Life !, invite Nicholas à témoigner. Celui-ci ne se doute pas que dans le public se trouvent les enfants – désormais adultes – qui ont survécu grâce à lui dans les années 1930. Certes, ce récit est incroyable, mais le film pâtit d’un académisme ronflant et bien pépère. Nous sommes ici en plein biopic réalisé en mode automatique, sans relief, sans imagination. Une mise en images fonctionnelle où rien ne dépasse, où les plans s’enchaînent comme un vulgaire téléfilm. Sir Anthony Hopkins, 86 ans au moment du tournage, n’a pas grand-chose à faire durant les trois-quarts du long-métrage, dans lequel il n’apparaît qu’en pointillés, se contentant la plupart du temps de se faire un thé, de nager, de regarder par la fenêtre. En revanche, il laisse la place à Johnny Flynn, qui incarne Nicholas Winton jeune. Essentiellement connu pour sa carrière musicale, il est également apparu au cinéma, comme à deux reprises chez Olivier Assayas (Sils Maria, Après mai). Le biopic est un genre qu’il connaît pour avoir incarné David Bowie dans Stardust (2020) de Gabriel Range et Ian Fleming dans La Ruse Operation Mincemeat (2021) de John Madden. Rebelote pour l’acteur né en 1983, qui se taille la part du lion dans Une vie et qui a plus de choses à défendre que son aîné dans le même rôle, mais à un demi-siècle de séparation. En l’état, One Life se laisse regarder et le propos interpelle forcément, mais l’ensemble ne laisse au final pas grand-souvenir, à part le moment déjà connu (celui de l’émission), dont la reconstitution apparaît quelque peu factice, comme par ailleurs le reste du film.

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Test DVD / Cocorico, réalisé par Julien Hervé

COCORICO réalisé par Julien Hervé, disponible en DVD & Blu-ray le 6 juin 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Christian Clavier, Didier Bourdon, Sylvie Testud, Marianne Denicourt, Julien Pestel, Chloé Coulloud, Patrick Prejean, Johann Dionnet…

Scénario : Julien Hervé

Photographie : Jérôme Alméras

Musique : Matei Bratescot

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Sur le point de se marier, Alice et François décident de réunir leurs deux familles. Pour l’occasion, ils réservent à leurs parents un cadeau original : des tests ADN pour que chacun puisse découvrir les origines de ses ancêtres. Mais la surprise va virer au fiasco quand les Bouvier-Sauvage, grande famille aristocrate, et les Martin, beaucoup plus modestes, découvrent les résultats, pour le moins… inattendus !

Pour le moment, alors que nous arrivons au premier semestre 2024, Cocorico se place toujours dans le top 5 des plus grands succès de l’année au cinéma avec près de deux millions d’entrées. Un deuxième hit pour Didier Bourdon, même pas deux mois après l’engouement équivalent rencontré par Chasse gardée. S’il donnait la réplique à Thierry Lhermitte dans ce dernier, il se retrouve face à Christian Clavier dans Cocorico, le réalisateur Julien Hervé réunissant donc l’ex-Inconnu et l’ancien membre du Splendid, deux valeurs sûres de l’humour (certains diront dans des temps anciens), pour son second long-métrage après Le Doudou, par ailleurs coréalisé avec Philippe Mechelen. L’ancien auteur des Guignols de l’info, devenu scénariste de comédies populaires (Les Tuche 2, 3 et 4, Astérix et Obélix : L’Empire du milieu) surfe sur le modèle de la trilogie Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, Christian Clavier campant pour ainsi dire le même personnage de gros bourgeois au goitre dissimulé sous un foulard en soie, qui peine à cacher son dégoût du prolétariat et des classes moyennes, ainsi que des individus qui n’ont pas la peau blanche. Cocorico n’a évidemment rien d’original et s’apparente à un pot-pourri de tout ce qui a fonctionné dans les salles ces trente dernières années, le tout reposant sur des acteurs on ne peut plus sympathiques. Si Didier Bourdon et Sylvie Testud tirent le film vers le haut, Christian Clavier démontre que même dans un film médiocre ou mauvais, il reste bien au-dessus de la mêlée et peu de comédiens de plus de 70 ans peuvent se targuer d’avoir le même timing comique. Ce divertissement honorable vaut étonnamment pour son troisième acte, qui permet enfin au quatuor de s’épanouir un peu plus et quelques scènes s’avèrent même amusantes.

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Test Blu-ray / L’Abbé Pierre: Une vie de combats, réalisé par Frédéric Tellier

L’ABBÉ PIERRE: UNE VIE DE COMBATS réalisé par Frédéric Tellier, disponible en DVD & Blu-ray le 7 mars 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz, Antoine Laurent, Alain Sachs, Leïla Muse, Malik Amraoui, Chloé Stefani…

Scénario : Frédéric Tellier & Olivier Gorce

Photographie : Renaud Chassaing

Musique : Bryce Dessner

Durée : 2h18

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Né dans une famille aisée, Henri Grouès a été à la fois résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire et iconoclaste. Des bancs de l’Assemblée nationale aux bidonvilles de la banlieue parisienne, son engagement auprès des plus faibles lui a valu une renommée internationale. La création d’Emmaüs et le raz de marée de son inoubliable appel de l’hiver 54 ont fait de lui une icône. Pourtant, chaque jour, il a douté de son action. Ses fragilités, ses souffrances, sa vie intime à peine crédibles sont restées inconnues du grand public. Révolté par la misère et les injustices, souvent critiqué, parfois trahi, Henri Grouès a eu mille vies et a mené mille combats. Il a marqué l’Histoire sous le nom qu’il s’était choisi : l’Abbé Pierre.

Était-ce bien raisonnable ? 35 ans après Hiver 54, l’abbé Pierre de Denis Amar, grand succès de l’année 1989 avec plus d’1,6 million d’entrées, qui vaudra à son interprète Lambert Wilson d’être récompensé par le prix Jean-Gabin et d’être à nouveau nommé aux César, le cinéma français s’empare de l’histoire du célèbre prêtre. Cette fois, il s’agit de toute sa vie passée au crible dans L’Abbé Pierre : une vie de combats, un vrai biopic donc, tourné avec un budget confortable de 15 millions d’euros, pour passer en revue sept décennies, en gros de 1937 (quand l’abbé a 25 ans) jusqu’à sa mort en janvier 2007. À la barre, l’excellent Frédéric Tellier, révélé en 2014 avec L’Affaire SK1, qui a ensuite largement confirmé avec Sauver ou périr quatre ans plus tard et Goliath en 2022. Mais L’Abbé Pierre : une vie de combats ne fonctionne malheureusement pas et tombe dans le piège de la page Wikipédia illustrée, comme bon nombre de films du genre. S’il n’y a évidemment rien à redire sur la prestation de Benjamin Lavernhe, comme d’habitude parfait, c’est tout le reste qui peine à convaincre, ennuie et ce n’est pas l’absence de rythme qui aide à aller au bout de ces très longues 135 minutes. Les spectateurs ont été peu enthousiastes face à ce drame « historique », le film ayant fait ni plus ni moins deux fois moins d’entrées qu’Hiver 54. Un échec on ne va pas dire « mérité », mais tout du moins peu étonnant.

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Test Blu-ray / La Tresse, réalisé par Laetitia Colombani

LA TRESSE réalisé par Laetitia Colombani, disponible en DVD & Blu-ray le 28 mars 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Kim Raver, Fotinì Peluso, Mia Maelzer, Sajda Pathan, Avi Nash, Manuela Ventura, Sarah Abbott, Francesco Marinelli…

Scénario : Laetitia Colombani (d’après son roman) & Sarah Kaminsky

Photographie : Ronald Plante

Musique : Ludovic Einaudi

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.

Italie. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.

Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est malade.

Trois vies, trois femmes, trois continents. Trois combats à mener. Si elles ne se connaissent pas, Smita, Giulia et Sarah sont liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier.

Difficile d’aborder l’adaptation d’un gros best-seller (5 millions d’exemplaires vendus, dont deux millions rien qu’en France) quand l’auteur de ces mots n’a pas lu le livre en question. Cette critique sera donc uniquement axée sur l’aspect cinématographique de La Tresse, même s’il y a fort à parier que Laetitia Colombani (née 1976), réalisatrice ici, n’a vraisemblablement pas trahi son roman, au risque de s’attirer les foudres de celles et ceux qui attendaient impatiemment cette transposition. Elle coécrit cette mouture pour le grand écran avec l’aide de Sarah Kaminsky, capable du pire (La Ch’tite famille, Raid Dingue) comme du meilleur (Adieu Monsieur Haffman, Gauguin – Voyage de Tahiti) dispose d’un budget étonnamment « modeste » (un peu plus de huit millions d’euros) et d’une mise en avant internationale. Après un tournage chaotique qui s’est étalé sur six mois en raison de la pandémie, La Tresse a une fois de plus rencontré son public avec plus d’1,2 million d’entrées, malgré une critique qui a fait quelque peu la fine bouche. En l’état, le film se suit agréablement, facilement, frôle souvent le pathos certes, mais s’en tire grâce à un excellent casting et une photographie soignée Ronald Plante, chef opérateur québécois remarqué pour son travail sur la mini-série Sharp Objects. Un divertissement forcément capillotracté et à un cheveu de tomber dans le misérabilisme, mais qui ne manque pas d’élégance.

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