DANS LE SILENCE DE L’OUEST (The Keeping Room) réalisé par Daniel Barber, disponible en DVD et Blu-ray le 19 août 2021 chez Condor Entertainment.
Acteurs : Brit Marling, Hailee Steinfeld, Muna Otaru, Sam Worthington, Kyle Soller, Ned Dennehy, Amy Nuttall, Nicholas Pinnock…
Scénario : Julia Hart
Photographie : Martin Ruhe
Musique : Martin Phipps
Durée : 1h31
Date de sortie initiale : 2014
LE FILM
1865, dans le sud des États-Unis, en pleine Guerre de Sécession. Alors que les hommes sont appelés au front, Augusta, sa petite sœur Louise et leur esclave Mad, se retrouvent livrées à elles-mêmes dans la ferme familiale. La vie s’organise au mieux entre les trois femmes, jusqu’à l’annonce d’une menace imminente : une troupe de soldats sans foi ni loi, menée par le sergent Moses, pille et assassine tous ceux qu’ils croisent dans la vallée. Un seul choix s’impose à elles : prendre les armes pour repousser les assaillants…
Du réalisateur britannique Daniel Barber (né en 1965), on ne connaît que ses deux œuvres précédentes, son court-métrage The Tonto Woman, nommé à l’Oscar en 2008, et surtout son premier long-métrage, Harry Brown, avec Michael Caine, dans lequel le comédien prenait les armes pour devenir – après avoir incarné Alfred dans la triste trilogie de Christopher Nolan – à son tour un chevalier noir tuant tour à tour les petites frappes de sa cité qui ont tué son meilleur ami. Un thriller à la moralité plus que douteuse, chaînon manquant entre Un justicier dans la ville et À vif, où la star anglaise paraissait fatiguée à flinguer autant les dealers que sa fin de sa carrière. Depuis, plus de nouvelles du cinéaste. Pourtant, cinq ans après Harry Brown, celui-ci repassait derrière la caméra pour un western haut de gamme intitulé Dans le silence de l’ouest – The Keeping Room, film annoncé dès 2012 avec Olivia Wilde. Quelques mois plus tard, la comédienne quitte le projet et se voit remplacer par Brit Marling. Entièrement tourné en Roumanie durant l’année 2013, Dans le silence de l’ouest avait ensuite disparu des radars. Il est temps aujourd’hui d’en parler puisque le film de Daniel Barber connaît enfin une exploitation en DVD et Blu-ray en France, en espérant que les passionnés de westerns et de home-invasion se ruent dessus très vite, puisqu’il s’agit d’un très grand cru, aussi percutant que The Salvation (2014) de Kristian Levring, Bone Tomahawk (2015) de S. Craig Zahler, Brimstone(2016) de Martin Koolhoven et Never Grow Old (2019 d’Ivan Kavanagh. Autant dire de belles références auxquelles vous pouvez d’ores et déjà ajouter The Keeping Room.
Le jour d’une éclipse, Alex rencontre Kristina et le charme commence à opérer entre eux. C’est l’opportunité pour le magicien Rustam de s’emparer de leur essence magique en leur lançant une malédiction.
Certaines grosses productions soviétiques parviennent à se frayer un chemin jusqu’en France grâce au marché de la VOD et du DVD, à l’instar du sympathique Titanium (2014) de Dmitriy Grachev ou l’affreux Guardians(2017) de Sarik Andreasyan, sans oublier Attraction 1 et 2 de Fedor Bondarchuk (2017-2020), Sputnik, espèce inconnue (2020) – rien à voir avec leur vaccin anti-COVID Spoutnik V – d’Egor Abramenko, Salyut-7 (2017) de Klim Shipenko, ainsi que le diptyque Night Watch – Day Watch (2004-2008) de Timur Bekmambetov, qui avait réussi à se frayer un chemin vers les salles hexagonales et permis à son réalisateur d’obtenir son billet d’entrée à Hollywood pour y tourner Wanted : Choisis ton destin avec Angelina Jolie et James McAvoy. Le blockbuster soviétique existe bel et bien et nous sommes chaque fois curieux de découvrir ce qu’ils peuvent bien nous pondre au doux pays de Vladimir. Voici donc Eclipse, titre adopté dans nos contrées, traduit littéralement de Zatmenie en version originale, ou bien encore Mystic Game pour son exportation, qui surfe un peu sur toutes les grandes sagas – avortées ou non – qui ont déferlé sur les écrans depuis dix ou quinze ans, de Harry Potter en passant par Twilight, Divergente, The Mortal Instruments et Sublimes créatures. Tout cela à la sauce vodka, sous un climat rugueux et avec des acteurs à la peau diaphane qui parlent une langue étrange comme s’ils étaient en pleine incantation. Eclipse n’a rien de déshonorant, c’est juste qu’il est extrêmement bordélique et ce du début à la fin en dépit de sa très courte durée (75 minutes, montre en main). Voulant probablement parler de beaucoup de choses dans un temps extrêmement resserré, le réalisateur Artyom Aksenenko (né en 1983) montre ce qu’il a sous le capot, mais le scénario d’Oleg Sirotkin ne l’aide pas des masses. Plein de portes s’ouvrent dans Eclipse, les thèmes intéressants sont présents ou exposés, mais rien n’y est développé, tout va trop vite, on ne comprend rien. Rien à redire sur les acteurs, impeccables et grâce auxquels on arrive finalement au bout de cette 1h15, même si la frustration demeure en fin de projection, celle de s’être fait quelque peu avoir en assistant à l’introduction d’une franchise nouvellement créée. Cela ne semble pas être le cas puisque Eclipse est déjà sorti il y a cinq ans et qu’un deuxième volet n’est pas (ou plus) à l’ordre du jour…
SAC D’OS – LA MAISON SUR LE LAC (Bag of Bones) réalisé par Mick Garris, disponible en DVD et Blu-ray le 5 décembre 2020 chez Condor Entertainment.
Acteurs : Pierce Brosnan, Melissa George, Annabeth Gish, Anika Noni Rose, Matt Frewer, Jason Priestley, Caitlin Carmichael, Peter MacNeill…
Scénario : Matt Venne, d’après le roman Sac d’os de Stephen King.
Photographie : Barry Donlevy
Musique : Nicholas Pike
Durée : 2 épisodes de 75 minutes.
Date de sortie initiale : 2011
LA MINISÉRIE
Mike Noonan, auteur de romans à succès, vient de perdre son épouse Jo dans un accident. Pour préparer son prochain livre, il décide de se retirer dans sa résidence secondaire, un chalet situé sur les bords d’un lac du Maine. Il fait aussi la connaissance de Mattie, une jeune veuve, et de sa petite fille Kayla. Or Max Devore, le beau-père de Mattie, un multimillionnaire, cherche à obtenir la garde de la fillette. Bientôt Mike se trouve confronté à la fois à des fantômes hantant sa maison dont celui de sa défunte femme et ainsi qu’à Max Devore qui est prêt à tout pour parvenir à ses fins.
Le réalisateur Mick Garris (né en 1951) est un habitué de l’univers de Stephen King et détient probablement le record d’adaptations à l’écran des œuvres du maître de l’horreur ! C’est en 1992 qu’il démarre sa collaboration avec Stephen King, qui lui écrit le film La Nuit déchirée – Sleepwalkers, un scénario original et non tiré d’un de ses romans. Deux ans plus tard, les deux hommes remettent le couvert avec l’ambitieuse transposition du Fléau – The Stand, minisérie devenue culte déclinée en quatre parties de 90 minutes, avec Gary Sinise, Molly Ringwald, Jamey Sheridan, Miguel Ferrer et Rob Lowe. Fier de leur association, Stephen King confie à Mick Garris sa propre version de Shining en 1997, toujours sous la forme d’une mini-série, cette fois en trois parties de 85 minutes. La même année, le réalisateur signe Quicksilver Highway, téléfilm à la fois basé sur les nouvelles Le Dentier claqueur (parue en 1993 dans le recueil Rêves et Cauchemars) de Stephen King et Le Corps politique de Clive Barker. Suivront Riding the Bullet (2004) d’après la nouvelle Un tour sur le Bolid’, puis Désolation – Desperation en 2006. A ce jour, La Maison sur le lac – Bag of Bones est la dernière adaptation de Stephen King mise en scène par Mick Garris. Cette minisérie en deux parties est l’adaptation du roman Sac d’os, paru en 1998, récompensé à sa sortie par le prix Locus du meilleur roman d’horreur, le prix Bram Stoker et le prix British Fantasy, en d’autres termes, il s’agit du livre le plus récompensé de l’écrivain. Sur un scénario de Matt Venne, qui a récemment signé le sympathique Acts of Vengeance d’Isaac Florentine, avec Antonio Banderas qui distribue des bourre-pifs, Sac d’os ou La Maison sur le lac donc (puisqu’il a été diffusé à la télévision sous ce titre en France), est une transposition honnête, qui ne fait pas d’éclats, mais qui se concentre étonnamment sur ce qui faisait la moelle du roman, l’histoire du deuil du personnage principal. Ce dernier est campé avec élégance par Pierce Brosnan, qui venait de tourner The Ghost Writer, dernier chef d’oeuvre en date de Roman Polanski, qui porte le récit à bout de bras, en étant quasiment de tous les plans. Si le rythme est somme toute assez lent, les fans du King retrouveront l’âme de leur écrivain préféré, tandis que Mick Garris soigne sa réalisation et exploite intelligemment ses superbes décors.
THE ROOM réalisé par Christian Volckman, disponible en DVD et Blu-ray le 15 octobre 2020 chez Condor Entertainment.
Acteurs : Olga Kurylenko, Kevin Janssens, Joshua Wilson, John Flanders, Francis Chapman, Vince Drews, Marianne Bourg, Oscar Lesage…
Scénario : Christian Volckman, Eric Forestier, Gaia Guasti, Vincent Ravalec
Photographie : Reynald Capurro
Musique : Raf Keunen
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Kate et Matt quittent la ville pour s’installer à la campagne dans une grande maison isolée et délabrée. Peu après leur déménagement, ils découvrent une chambre qui a le pouvoir d’exaucer tous leurs désirs…
Il aura fallu attendre 14 ans pour que Christian Volckman fasse son retour au cinéma, de longues années après son premier long métrage, l’ambitieux film d’animation Renaissance, réalisé en motion-capture, un projet qui lui aura demandé près de sept ans de travail et qui s’était malheureusement soldé par un échec commercial important (240.000 entrées pour un budget de 14 millions d’euros). Egalement animateur et peintre, Christian Volckman délaisse la science-fiction et le N&B, pour son deuxième film, The Room. Cette fois, le réalisateur s’attaque au genre fantastique mâtiné d’horreur et livre un petit coup de maître, très élégamment mis en scène et dans lequel on retrouve constamment son sens du cadre. S’il n’a jamais lâché la caméra (on lui doit quelques clips vidéos pour ChineseMan, Zaz, Alma, General Elektriks), on est heureux de le voir revenir au grand écran, surtout avec une œuvre aussi originale et maîtrisée, solidement interprétée par la divine Olga Kurylenko.
COLD SKIN réalisé par Xavier Gens, disponible en DVD et Blu-ray le 17 juillet 2019 chez Condor Entertainment
Acteurs : Ray Stevenson, David Oakes, Aura Garrido, Winslow M. Iwaki, John Benfield, Ben Temple, Iván González, Alejandro Rod…
Scénario : Jesús Olmo, Eron Sheean d’après le roman d’Albert Sánchez Piñol
Photographie : Daniel Aranyó
Musique : Víctor Reyes
Durée : 1h48
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
Au lendemain de la Grande Guerre, un officier météorologique de l’armée est envoyé sur une île isolée en Antarctique, dont le seul habitant est un vieux gardien de phare russe. La nuit venue, ils sont attaqués par des mystérieuses créatures marines.
Réalisateur de plus d’une quarantaine de vidéo-clips, Xavier Gens passe le cap du long métrage en 2007 avec Frontière(s), slasher produit par Luc Besson. Ce dernier parvient à le faire engager pour transposer à l’écran le jeu vidéo Hitman. Prenant peur devant la violence du film, la production reprend le montage de Xavier Gens, dépossédé alors de sa première expérience américaine, qui sera néanmoins un succès honorable. Il faudra attendre quatre ans pour que Xavier Gens livre son troisième long métrage, The Divide, film de science-fiction post-apocalyptique, avec Michael Biehn et Rosanna Arquette, qui ne sera pas exploité dans les salles françaises. Après une participation au film à sketches d’horreur The ABCs of Death (2012), l’actualité de Xavier Gens se bouscule avec les sorties successives de The Crucifixion, Cold Skin et de Budapest. Si ce dernier reste une comédie potache, bien enlevée et très drôle, les deux autres démontrent une fois de plus toute l’affection du réalisateur pour le film de genre. Nous parlerons de The Crucifixion une autre fois, car le film qui nous intéresse ici, Cold Skin est le meilleur film du cinéaste. Il revient avec ce film de science-fiction horrifique franco-espagnol, adapté du roman catalan La Peau froide – La Pell freda, best-seller d’Albert Sánchez Piñol publié en 2002. Un temps envisagé par David Slade (Hard Candy, 30 jours de nuit, Twilight – Chapitre III : Hésitation, cherchez l’intrus), Cold Skin atterrit dans les mains de Xavier Gens, qui s’empare littéralement du roman original. Cold Skin est un énorme coup de cœur. Avec sa merveilleuse photographie (Daniel Aranyó), ses décors magnifiques (le film a été tourné à Lanzarote, île volcanique des Canaries), sa mise en scène léchée, son interprétation inspirée et son mélange de fantastique, d’émotion et de survival, Cold Skin est un des films de 2019 à ne pas manquer.
DARK MURDERS (Dark Crimes) réalisé par Alexandros Avranas, disponible le 2 mai 2019 en DVD et Blu-ray chez Condor Entertainment
Acteurs : Jim Carrey, Marton Csokas, Charlotte Gainsbourg, Kati Outinen, Vlad Ivanov, Robert Wieckiewicz, Agata Kulesza, Piotr Glowacki…
Scénario : Jeremy Brock d’après l’article de David Grann
Photographie : Michal Englert
Musique : Richard Patrick
Durée : 1h32
Année de sortie : 2016
LE FILM
Un puissant homme d’affaires est retrouvé sauvagement assassiné. L’enquête est confiée à Tadek, flic intègre et désabusé, en quête de réhabilitation suite à une précédente affaire qui a mal tourné. Très vite, ses soupçons se portent sur un auteur de polar, dont le dernier roman décrit les moindres détails du meurtre, pourtant gardés confidentiels. Peu à peu, l’enquête plonge Tadek dans un monde souterrain pervers et terrifiant, où cohabitent sexe et corruption. Obsédé par cette affaire dont les enjeux le dépassent, saura-t-il affronter ses propres secrets les plus sombres afin de découvrir la terrifiante vérité ?
Le dernier triomphe de Jim Carrey, Bruce tout-puissant, remonte déjà à 2003. Il y a plus de quinze ans que le comédien, qui fut un temps le mieux payé de l’histoire du cinéma et l’un des plus rentables des années 1990, remplissait les salles sur son seul nom. Malgré l’instantané culte Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry en 2004 et les succès relatifs des Désastreuses aventures des orphelins Beaudelaire, Braqueurs amateurs, Le Nombre 23, Yes Man, Le Drôle de Noël de Scrooge, les années 2010 ont été quelque peu houleuses pour Jim Carrey. Si I Love You Phillip Morris de Glenn Ficarra et John Requa était on ne peut plus sympathique, M. Popper et ses pingouins et Dumb & Dumber De ont été des déceptions. Demeurent ses participations frappadingues à The Incredible Burt Wonderstone et Kick-Ass 2…Beaucoup plus rare sur les écrans, si l’on excepte The Bad Batch d’Ana Lily Amirpour et Jim et Andy (exceptionnel documentaire sur le tournage de Man on the Moon de Milos Forman) diffusés sur la plateforme Netflix, ainsi que la série Kidding réalisée par Michel Gondry et diffusée sur Showtime, Jim Carrey préfère désormais se consacrer à la peinture. Autant dire que l’on accueillait à bras ouverts le thriller Dark Crimes rebaptisé Dark Murders (!) dans nos contrées. Un thriller qui lorgnait apparemment sur le 8 millimètres de Joel Schumacher. Malheureusement, ce film glacial et neurasthénique est un impressionnant échec artistique où les comédiens arborent un masque figé du début à la fin dans des décors monochromes. Lame de rasoir vendue séparément.
Tadek, un policier polonais, enquête sur le meurtre d’un homme d’affaires non résolu. Il découvre que son assassinat est semblable à celui décrit dans un roman de l’écrivain Krystov Koslow. Obsédé par ce crime, Tadek rencontre la petite amie de ce dernier, Kasia, qui va le faire plonger dans un monde souterrain pervers, où règnent la corruption et le sexe.
On se réjouissait de la confrontation Jim Carrey-Charlotte Gainsbourg. Hélas, Dark Murders n’est qu’une succession de vignettes filmées en plan fixe, éclairées à la lampe torche, dont le rythme n’a rien à envier à celui d’un épisode de Louis la brocante. Limite caricatural, le film se complaît dans les scènes froides et glauques, à mi-chemin entre les films Millénium adaptés de l’oeuvre de Stieg Larsson et la première saison de Top of the Lake de Jane Campion, sans jamais rendre son personnage principal attachant ou intéressant. Production américano-polonaise inspirée par un fait divers relaté en 2008 dans un article de David Grann publié dans New Yorker, Dark Murders a été tourné en Pologne, avec des comédiens du cru, ce qui nous vaut quelques sourires quand les personnages, supposés être polonais, s’expriment dans la langue de Shakespeare avec un accent à couper au couteau (dans l’eau).
Jim Carrey se projette pourtant avec conviction dans ce personnage torturé, quasi-mutique, qui délaisse sa femme et sa fille au profit de son enquête. Animé par le sens de la justice, il va devoir batailler pour prouver la culpabilité du dénommé Krystov Kozlow (minéral Marton Csokas) que tout semble accuser. Charlotte Gainsbourg donne également de sa personne et n’hésite pas à se désaper face caméra dans une atmosphère crade et souvent repoussante. Le dénouement (si vous arrivez jusque-là) et le casting sont bien les seules choses à sauver de cette entreprise signée pourtant par Alexandros Avranas, Lion d’argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise en 2013 pour Miss Violence.
Avec son visage taillé à la serpe, ses rides creusées et son regard usé, Jim Carrey n’a jamais été aussi charismatique et il serait temps que de grands cinéastes profitent de cet immense talent gâché laissé sur le banc de touche. Et ce n’est pas le film Sonic the Hedgehog adapté du jeu Sega qui va arranger les choses…
LE
BLU-RAY
Dark Murders date de 2016 et aura eu du mal à arriver dans les bacs français. C’est désormais chose faite grâce à l’éditeur Condor Entertainment. Le Blu-ray est disposé dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. En revanche, l’éditeur aurait pu choisir une autre photo de Charlotte Gainsbourg, plutôt que ce cliché où la comédienne semble s’être levée du lit quelques secondes auparavant. Le menu principal est animé et musical.
Aucun
bonus.
L’Image
et le son
Les partis pris sont à l’image du film, froids, glacials, sans aucune aspérité. A côté de ça, la clarté est de mise, le piqué quasi-chirurgical (mention spéciale à la barbe de Jim Carrey), les contrastes denses et le relief omniprésent.
Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement sobres, mais instaurent un confort acoustique suffisant. En version originale, les dialogues auraient néanmoins mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, mais nous vous conseillons d’éviter l’horrible doublage français. D’ailleurs, Emmanuel Curtil ne prête pas sa voix à Jim Carrey. Dans les deux cas, la spatialisation musicale est présente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas.
PRIS AU PIÈGE (El Bar) réalisépar Álex de la Iglesia,disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2017 chez L’Atelier d’Images et Condor Entertainment
Acteurs : Blanca Suarez, Mario Casas, Carmen Machi, Secun de la Rosa, Jaime Ordonez, Terele Pávez, Joaquin Climent, Alejandro Awada…
Scénario : Álex de la Iglesia, Jorge Guerricaechevarría
Photographie : Ángel Amorós
Musique : Carlos Riera, Joan Valent
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
Madrid, 9 heures du matin. Des clients, qui ne se connaissent pas sont dans un bar. L’un d’entre eux sort et se fait tirer dessus, les autres se retrouvent bientôt prisonniers de l’établissement.
Le réalisateur espagnol fou, expert de l’humour noir et grinçant est de retour avec une satire socio-politique. A l’instar de son récent Un jour de chance, chaque protagoniste plongé dans une situation extraordinaire et dans laquelle dépend leur survie, va apparaître sous son vrai visage et dévoiler qui se cache réellement derrière la façade affichée quotidiennement. Comme souvent chez Álex de la Iglesia, la situation sociale est au centrede Pris au piège – El Bar, comédie brutale et cinglante, jubilatoire et décalée.
Avec sa virtuosité coutumière (malgré un espace confiné), un montage alerte et une photographie à couper le souffle, Álex de la Iglesia signe un film ovni très attachant, virulent, émouvant et drôle. Merveilleux directeur d’acteurs, il offre à ses comédiens l’occasion de composer des personnages explosifs, sournois, pathétiques, menteurs, hypocrites et égoïstes que n’auraient pas reniés la comédie italienne, grande source d’inspiration du réalisateur, et qui s’apparentent souvent à des cousins ibériques des mythiques Monstres. A travers une galerie de personnages hétéroclites présentés dans un fabuleux plan-séquence en guise d’ouverture, une jeune femme belle et sexy qui a visiblement réussi dans la vie (Blanca Suárez), un représentant en lingerie fine (Alejandro Awada), un ex-flic (Joaquín Climent), un SDF aux dents gâtées prénommé Israel (sensationnel Jaime Ordóñez, déjà présent dans Les sorcières de Zugarramurdi), deux tenanciers de bar (Secun de la Rosa et la regrettée Terele Pávez), un hipster (Mario Casas), une accro au jeu (Carmen Machi) et d’autres individus de la vie de tous les jours, Álex de la Iglesia dresse le portrait d’une société effrayée qui se dissimule derrière des faux-semblants, qui s’écroulent dès que leurs petites habitudes sont rattrapées par la réalité.
Dans un quartier de Madrid, en début de matinée. Quelques clients, habitués ou non, qui se connaissent de visu ou qui se rencontrent pour la première fois, prennent tranquillement leur café dans un bar. Quand soudain, un homme qui vient de sortir est tué net sous leurs yeux par la balle d’un sniper. Ils réalisent alors qu’ils sont dans sa ligne de mire, se retrouvant de fait prisonniers du bar et en danger de mort. Le compte à rebours est lancé pour trouver le moyen de s’échapper ! Quelques minutes plus tard, un homme imposant, au corps enflé, sort des toilettes en toussant jusqu’à tomber raide mort à leurs pieds. Le petit groupe comprend alors que cet individu a été victime d’une arme bactériologique et qu’ils se trouvent tous confinés dans le bar, à la merci de l’armée, prête à les tuer l’un après l’autre. Pris au piège (d’où le titre français), la tension monte, les non-dits éclatent, certains sont plus facilement pris pour cible à l’instar du hipster qui fait peur en raison de sa barbe…Le réseau ne passe plus et les chaînes d’informations restent muettes. La paranoïa entre en éruption.
Álex de la Iglesia réalise un film fou, qui ne ressemble qu’à lui. Inclassable, capable de combiner le sordide au sexy en plongeant notamment la bombe Blanca Suárez (La Piel que habito, Les Amants passagers) dans les égouts, le cinéaste espagnol montre qu’il n’a rien perdu de sa verve et qu’il n’est pas prêt de se calmer à cinquante ans passés. Si la première partie peut parfois mettre les nerfs à rude épreuve avec son avalanche de dialogues vachards et sa musique omniprésente, Pris au piège devient très vite un redoutable tour de force et prend même la forme inattendue d’un survival invraisemblable avec errance dans les bas-fonds où tous les coups semblent permis, comme dans un thriller d’épouvante. Mais pour y accéder, il faut encore pouvoir glisser dans un espace réduit et s’enduire d’huile, séquence aussi tordante que tordue et même érotique quand Blanca Suárez (encore elle, mais ceux qui verront le film comprendront pourquoi), en petite tenue, est badigeonnée des pieds à la tête pour pouvoir s’introduire dans l’interstice.
Álex de la Iglesia réunit les différentes faces cachées de l’Espagne contemporaine, qui vit sous la crainte de devenir elle aussi la cible récurrente d’attentats comme Paris (qui sont évoqués au travers d’une réplique), repliée sur elle-même, victime d’amalgames, prête à dénoncer et à rejeter celui ou celle qui semble ne pas lui inspirer confiance. Pris au piège – El Bar est donc un film 100 % Álex de la Iglesia qui à travers le genre, réalise une fois de plus une sensationnelle radiographie de son pays en crise et au bord du gouffre, traitée avec intelligence, maestria et une savoureuse amoralité. Un grand spectacle, injustement privé d’une sortie dans les salles françaises, comme le précédent film du cinéaste, Mi Gran Noche.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Pris au piège, coédité par L’Atelier d’Images et Condor Entertainment, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette est attractif. Le menu principal est animé sur la musique du film.
Cette édition comporte tout d’abord une interview d’Álex de la Iglesia (15’), réalisée en prévision de la sortie de Pris au piège dans les bacs français. Contrairement à ses films, le réalisateur apparaît toujours calme et posé et cet entretien ne déroge pas à la règle. Álex de la Iglesia revient sur son rapport aux spectateurs, sur les thèmes abordés dans Pris au piège (la peur et sur ce qu’elle engendre chez l’être humain), sur la longue gestation du film (entre dix et quinze ans) et l’évolution des personnages au fil du récit, tout en indiquant quelques-unes de ses références comme The Thing de John Carpenter, ainsi que ses intentions de mise en scène. Quelques photos dévoilent l’envers du décor.
Nous trouvons également un excellent making of (37’) constitué d’entretiens avec les comédiens du film et d’Álex de la Iglesia, ainsi que de très nombreuses et impressionnantes images de tournage. Dans la première partie, nous assistons à la première lecture du scénario avec toute l’équipe réunie, puis nous passons aux prises de vues souvent très difficiles quand les acteurs sont plongés dans la fange, même si les égouts ont évidemment été créés en studios. Les comédiens se montrent véritablement investis, notamment Jaime Ordóñez dont le corps était véritablement recouvert d’ecchymoses que devaient dissimuler les maquilleurs ! Chaque acteur présente son personnage et aborde les thèmes du film, tandis que la caméra s’immisce dans les loges où les maquilleurs s’apprêtent à donner naissance à Israel. Comment la scène du trou a-t-elle été tournée ? Les bagarres ? La poursuite dans les égouts ? L’affrontement final ? L’épilogue ? Il faudra visionner ce formidable documentaire pour le savoir.
L’Image et le son
Que voilà un bel objet ! Les deux éditeurs ont mis les petits plats dans les grands et offre à la belle photo d’Ángel Amorós (Mi Gran Noche) un superbe écrin qui restitue adroitement les partis pris esthétiques originaux. Le piqué est diaboliquement ciselé, le cadre large flatte les rétines, les contrastes sont particulièrement riches et tranchés, les noirs concis et la colorimétrie froide des décors est bigarrée à souhait. L’ensemble est soutenu par une compression AVC de haute volée et fort élégante, et malgré quelques sensibles pertes des détails sur quelques plans sombres, ce master français HD (1080p) est brillant, dense et minutieux, avec même un léger grain très plaisant.
Le confort acoustique a été soigné avec deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 espagnol et français, aussi probants dans les scènes agitées que dans les séquences plus calmes, même si effectivement il n’y en a pas beaucoup puisque tous les personnages sont sans cesse en train de parler « très fort ». Les pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets foisonnants qui environnent le spectateur de partout. A ce titre, l’acte final dans les égouts mettra à mal votre installation ! Les ambiances annexes sont omniprésentes et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des séquences au moment opportun. La spatialisation musicale est luxuriante avec un net avantage pour la version originale. Si possible, évitez la version française. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale et le changement de langue non verrouillé à la volée.
USURPATION (Inconceivable) réalisépar Jonathan Baker,disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Condor Entertainment
Acteurs : Nicolas Cage, Gina Gershon, Nicky Whelan, Faye Dunaway, Natalie Eva Marie, Leah Huebner, Jonathan Baker, James Van Patten…
Scénario : Chloe King
Photographie : Brandon Cox
Musique : Kevin Kiner
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
Brian mène une vie paisible et confortable avec sa femme Angela et leur fille. Le jour où leur voisine est retrouvée noyée, leur quotidien semble irrémédiablement déraper : Angela échappe de peu à un accident mortel, et des objets disparaissent de la villa. Brian sombre peu à peu dans la paranoïa : que cache l’intrigante jeune femme qui vient de s’installer dans leur guest house ? Leur cauchemar aurait-il un lien avec une mystérieuse série de meurtres remontant à plusieurs années ?
Les Direct To Video avec Nicolas Cage se suivent et ne se ressemblent pas ! Usurpation – Inconceivable est déjà le cinquième film avec le comédien à débarquer dans les bacs en France cette année. Après les excellents USS Indianapolis de Mario Van Peebles et Dog Eat Dog de Paul Shrader, le passable Arsenal et le raté Vengeance, Usurpation s’avère une série B plutôt réussie qui fleure bon les années 1990 et qui lorgne plus particulièrement sur le grand classique de Curtis Hanson, La Main sur le berceau.
En dehors de Dog Eat Dog, Nicolas Cage apparaissait plutôt comme un second rôle dans ses derniers films, laissant la place à ses partenaires, ce qui lui laissait probablement le temps de faire la navette entre ses divers tournages simultanés et ses joggings matinaux. Il n’est pas mauvais ici, très sobre et donc bon et attachant. Il retrouve Gina Gershon à qu’il avait déjà donné la réplique il y a vingt ans dans Volte-Face, le chef d’oeuvre de John Woo. Les années ont passé, la comédienne a vraisemblablement eu recours à quelques injections, ce qui ne l’empêche pas d’être avant tout excellente, charismatique et toujours aussi sexy. Visiblement très complice, le couple fonctionne très bien à l’écran.
Mais le réalisateur Jonathan Baker, dont il s’agit du premier long métrage, donne le beau rôle à la méconnue Nicky Whelan, blonde incendiaire aux yeux bleus perçants, qui campe une redoutable garce et dont le personnage fait donc sérieusement penser à celui campé par la sulfureuse Rebecca De Mornay dans La Main sur le berceau. Habituée des séries télévisées, elle fait une prestation remarquée – surtout par la gent masculine – en 2011 dans B.A.T (bon à tirer) des frères Farrelly face à un Owen Wilson bouleversé par ses charmes. Ses autres apparitions à l’écran demeurent discrètes et oubliables. Elle faisait également partie du catastrophique Le Chaos – Left Behind de Vic Armstrong, l’un des pires films avec Nicolas Cage sorti en 2014. Après un petit détour chez Terrence Malick dans Knight of Cups et également au générique de Dog Eat Dog, Nicky Whelan retrouve donc Nicolas Cage pour la troisième fois de sa carrière. Elle est impeccable dans le rôle de la détraquée Katie, devenue stérile après un problème médical, qui décide de « reprendre ses droits » sur les enfants nés grâce à ses derniers ovules qui avaient pu être sauvés. Après avoir kidnappé une petite fille et tué le père de cette dernière, elle parvient à s’incruster dans la vie d’un couple de médecins, Brian et Angela (Cage et Gershon), qui ont eu leur enfant par insémination artificielle, mais dont ils ignorent la provenance de l’ovule. Katie sombre de plus en plus dans la folie, tandis que Brian et Angela se sentent de plus en plus menacés.
Comme au bon vieux temps de la saga Hollywood Night qui a fait les belles soirées de TF1 le samedi de 1993 à 1999, Usurpation distille une petite dose de venin souvent jubilatoire, teinté d’érotisme soft, mais plaisant. La mise en scène de Jonathan Baker est soignée, tout comme le cadre et la direction d’acteurs. S’il n’est évidemment pas inoubliable, ce thriller où même Faye Dunaway vient faire un petit coucou s’avère fort sympathique, divertissant, en aucun cas un navet et encore moins un nanar, mais il est souvent utile de le préciser à certains spectateurs qui croient encore que Nicolas Cage demeure uniquement abonné aux deux catégories. Usurpation remplit parfaitement son contrat, sans se forcer certes, mais avec efficacité et un sens du travail bien fait.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray d’Usurpation, disponible chez Condor Entertainment, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel de la jaquette est soigné et saura attirer l’oeil des admirateurs de Nicolas Cage les plus fervents. Il y en a encore. Aucun supplément.
L’Image et le son
Condor Entertainment livre un beau master HD d’Usurpation, même si le Blu-ray est au format 1080i. Le cadre large et les contrastes sont plutôt ciselés, les détails agréables, la colorimétrie chaude côtoie un léger grain cinéma flatteur. Si le piqué est sans doute un peu doux à notre goût, les noirs sont denses, le relief et la profondeur de champ sont éloquents, l’encodage AVC est solide comme un roc, excepté sur quelques séquences en extérieur. Signalons divers moirages constatables sur les surfaces rayées.
Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière avec une efficacité chronique. Le doublage français est convaincant et par ailleurs le mixage s’avère plus dynamique dans la langue de Molière qu’en version originale. Les sous-titres français ne sont pas imposés et le changement de langue n’est pas verrouillé pendant le visionnage.
UNDER PRESSURE(Mississippi Grind)réalisé par Anna Boden et Ryan Fleck,disponible en Blu-ray et DVDle 12 octobre 2016 chez Condor Entertainment
Acteurs : Ryan Reynolds, Ben Mendelsohn, Sienna Miller, Analeigh Tipton, Yvonne Landry, James Toback…
Scénario : Anna Boden, Ryan Fleck
Photographie : Andrij Parekh
Musique : Scott Bomar
Durée : 1h45
Date de sortie initiale: 2015
LE FILM
Malchanceux et fauché, Gerry s’associe avec un joueur charismatique de poker plus jeune, Curtis, afin de retrouver enfin la chance. Les deux hommes se lancent alors dans un voyage vers les routes du Sud des États-Unis avec des visions de lointaines victoires passées.
Anna Boden et Ryan Fleck sont respectivement la scénariste et le réalisateur de l’acclamé Half Nelson, qui a connu un grand succès en 2006. Couvert de récompenses dont le Prix spécial du jury à Deauville et à Locarno, le film a également été nommé dans les festivals du monde entier, en offrant même à Ryan Gosling sa première nomination aux Oscars du meilleur acteur. Désormais associés à la mise en scène, Anna Boden et Ryan Fleck réalisent Sugar en 2008, inédit en France et Une drôle d’histoire en 2010 avec Zach Galifianakis, sorti directement en DVD dans nos contrées. Même chose pour leur dernier film, Mississippi Grind, qui arrive dans les bacs sans passer par la case cinéma. Rebaptisé Under Pressure, ce très beau drame mélancolique (jusque dans sa bande-son blues et folk) est étrangement vendu comme un film d’action avec Ryan Reynolds, dont le visage tuméfié qui semble prêt à en découdre, remplit tout le visuel de la jaquette. De même, le résumé du film mentionne à peine le personnage incarné par Ben Mendelsohn alors que ce dernier a bel et bien le premier rôle. Mais il faut bien vendre un film…Toujours est-il qu’Under pressure raconte l’histoire de Gerry (Ben Mendelsohn), quadra au bout du rouleau, accro aux jeux d’argent, endetté, divorcé et père d’une fille qu’il ne voit jamais. Un soir, autour d’une table de poker, il rencontre Curtis (Ryan Reynolds donc), séduisant trentenaire, également expert aux cartes. Roublard, charismatique, enfiévré, il s’attache rapidement à Gerry et souhaite lui venir en aide. Visiblement solitaire et ayant pas mal bourlingué, Curtis propose à Gerry de prendre la route et de tenter ailleurs de remporter le gros lot.
Né en Australie en 1969, Ben Mendelsohn a su s’imposer au fil des années comme un des comédiens les plus fascinants en activité. S’il demeure essentiellement connu dans son pays natal, le grand public a pu l’apercevoir dans Vertical Limit de Martin Campbell, Le Nouveau monde de Terrence Malick, Australia de Baz Luhrmann, mais c’est son rôle d’oncle psychopathe dans Animal Kingdom de David Michôd qui lui ouvre encore plus grand les portes du cinéma hollywoodien. Depuis Ben Mendelsohn a collaboré avec Joel Schumacher, Andrew Dominik, Christopher Nolan, Derek Cianfrance, Anne Fontaine et Ridley Scott et Danny Rayburn dans la série Bloodline. Avant de décrocher un des rôles principaux dans le très attendu Rogue One: A Star Wars Story de Gareth Edwards, Ben Mendelsohn tourne ce petit Mississippi Grind. Magnétique, bouleversant, dingue de charisme, l’acteur a peu à faire pour créer l’empathie avec les spectateurs.
A ses côtés, Ryan Reynolds trouve un de ses plus beaux rôles à ce jour. Il est d’ailleurs étonnant de voir comment le jeu du comédien canadien a su s’affirmer depuis quelques années. Il est ici d’une étonnante et belle sobriété, très élégant. L’excellente Sienna Miller apparaît également au casting, encore une fois métamorphosée et qui a toujours le don de rendre ses personnages marquants même avec peu de temps à l’écran. Dans un tout petit rôle, Analeigh Tipton, révélation de Crazy, Stupid, Love. de John Requa et Glenn Ficarra en 2011, change ici de registre et s’avère remarquable dans le genre dramatique.
Under Pressure est un film lent, plein de spleen, mais dans lequel on se sent bien et qui donne envie de se battre contre tout ce qui peut nous tomber sur la tête. L’histoire est simple, tout comme la manière dont sont abordés les sentiments, mais Under Pressure nous transporte avec les personnages (qui se dévoilent petit à petit), lancés sur les routes de la Nouvelle Orleans, en Alabama, en Iowa et dans le Massachusetts, comme si le temps était suspendu voire s’était arrêté il y a plusieurs décennies. C’est là toute la grande réussite de ce petit film qui avec sa sincérité, sa douceur et sa sensibilité, sans oublier l’alchimie entre les deux comédiens, mérite la plus large audience possible.
LE BLU-RAY
Bien que Ben Mendelsohn soit l’acteur principal du film, il n’apparaît pas sur le visuel principal de la jaquette et son nom n’est même pas mentionné ! La part belle est faite à Ryan Reynolds, plus vendeur, surtout depuis le carton de Deadpool. De plus, avec son titre « français » Under Pressure et la trogne cassée de Ryan Reynolds qui occupe les 2/3 du visuel, cette jaquette induit en erreur puisque le film est bel et bien un drame et surtout pas un film d’action ou un thriller. Le menu principal est animé et musical.
Seul supplément de cette édition, un excellent making of (17′). Composé de nombreuses images de tournage et de propos de l’équipe (les réalisateurs, les acteurs, les producteurs), ce documentaire s’avère dans le ton du film et expose posément les thèmes, les enjeux, les personnages, ainsi que les conditions de tournage.
L’Image et le son
Le Blu-ray d’Under Pressure est proposé au format 1080i. Tourné en 35mm avec un petit budget, ce Blu-ray rend compte des conditions modestes d’un film indépendant, qui peine à trouver un équilibre en Haute-Définition. Si l’on est d’abord séduit par le rendu de la colorimétrie, force est de constater que la définition chancelle à plusieurs reprises. Le piqué manque singulièrement de mordant, tout comme les détails, notamment au niveau des visages des comédiens. Le codec tente de consolider certains plans avec difficulté, surtout sur les quelques séquences sombres. De plus, la profondeur de champ est décevante, quelques fourmillements sensibles s’invitent à la partie, la gestion des contrastes étant au final aléatoire. Toutefois, certains plans sortent aisément du lot avec un relief indéniable et une clarté plaisante sur les séquences diurnes.
Ne vous attendez pas à des explosions ou des effets surround fulminants, mais les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 permettent de spatialiser la musique du film. Cependant, les dialogues auraient peut-être gagné à être un poil plus alerte sur la centrale et l’ensemble demeure essentiellement frontal en dehors des quelques plages musicales. Les ambiances naturelles se font parfois ressentir et la balance des enceintes avant et arrière est plutôt bien équilibrée, surtout sur les scènes de casino et de courses. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.