Test DVD / Mon père et moi, réalisé par Laura Terruso

MON PÈRE ET MOI (About My Father) réalisé par Laura Terruso, disponible en DVD le 3 octobre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Robert De Niro, Sebastian Maniscalco, Leslie Bibb, Kim Cattrall, David Rasche, Anders Holm, Brett Dier, Adan James Carrillo…

Scénario : Austen Earl & Sebastian Maniscalco

Photographie : Rogiers Stoffers

Musique : Stephanie Economou

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Encouragé par sa fiancée, Sebastian invite son père Salvo, modeste coiffeur italo-américain, à faire la connaissance de sa très riche et excentrique belle-famille durant un weekend prolongé dans leur somptueuse résidence. Ce véritable choc des cultures se transforme en un concentré édifiant et hilarant de tout ce qu’il faut éviter de faire lors d’une telle rencontre familiale…

Quand il ne tourne pas chez son pote Martin Scorsese ou chez David O. Russell, ce bon vieux Robert De Niro enfile une chemise hawaïenne et un bermuda pour se complaire dans des comédies souvent insignifiantes. Il y a près de 25 ans (oui oui, déjà un quart de siècle), le premier volet de ce qui sera alors une trilogie, Mon beau-père et moi Meet the Parents de Jay Roach, que le comédien produisait également, allait lui faire un nouveau pécule à la banque et confirmait ainsi au public, déjà conquis précédemment par Mafia Blues Analyze This de Harold Ramis, que Bob savait faire rire. Ou comment passer en un clin d’oeil de Casino et Heat à Showtime de Tom Dey et La Loi et l’Ordre Righteous Kill de Jon Avnet, une comédie qui s’ignore certes, mais tout de même. Mon beau-père, mes parents et moiMeet the Fockers (2004) et Mon beau-père et nousLittle Fockers de Paul Weitz (2010) ont laissé de telles traces, y compris chez nous, que certains distributeurs n’ont pas hésité à nous refourguer d’autres exploits du même genre de Bobby, en nous faisant croire à travers leurs titres français qu’il s’agissait d’une pseudo-suite. Ainsi, après Mon grand-père et moi The War with Grandpa de Tim Hill en 2020 (sans parler de Dirty Papy de Dan Mazer), voilà que débarque Mon père et moi About My Father de Laura Terruso. Évidemment, rien à voir encore une fois avec les Fockers, mais il s’agit d’une entourloupe pour nous vendre la nouvelle distribution Lionsgate et production des frères Chris et Paul Weitz. Totalement inconnu en France, Sebastian Maniscalco (né en 1973) est un acteur et humoriste spécialisé dans le stand-up, qui a fait quelques apparitions au cinéma dasns Green Book: Sur les routes du sud de Peter Farrelly et The Irishman de Martin Scorsese. Il y a fort à parier que c’est sur ce dernier que Sebastian Maniscalco a su convaincre Robert De Niro d’incarner son père dans About My Father, inspiré de sa propre vie et donc de son paternel, film qu’il a écrit et dans lequel il s’est octroyé le premier rôle, personnage qui porte d’ailleurs son véritable nom. Mais ce n’est clairement pas avec ce Mon père et moi qu’il se fera justement une renommée dans nos contrées, d’une part parce que le film est sorti dans l’indifférence générale, d’autre part puisqu’il s’agit d’une comédie aux gags pauvres et complètement éculés, qui semble sortir des bas-fonds des années 1990-2000 où elle aurait été oubliée. Rien ou pas grand-chose ne sauve About My Father du tout-venant, si ce n’est l’abattage de De Niro, vêtu aux couleurs du drapeau américain, qui fait la course à l’oeuf et drague une Kim Catrall méconnaissable, tout en faisant sa mimique mythique, l’oeil pincé et le sourire de travers. C’est peu, beaucoup trop peu.

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Test DVD / Normale, réalisé par Olivier Babinet

NORMALE réalisé par Olivier Babinet, disponible en DVD le 23 août 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Benoît Poelvoorde, Justine Lacroix, Joseph Rozé, Steve Tientcheu, Sofian Khammes, Saadia Bentaïeb, Geoffrey Carey, Mayline Dubois…

Scénario : Olivier Babinet, Juliette Sales & Fabien Suarez

Photographie : Jean-François Hensgens & Boris Abaza

Musique : Jean-Benoît Dunckel

Durée : 1h24

Année de sortie : 2023

LE FILM

Lucie, une adolescente en classe de troisième, vit seule avec son père veuf, addict au haschich et souffrant de la sclérose en plaques. Elle est amoureuse d’un garçon de sa classe, qui victime d’homophobie, lui propose un étrange marché. En parallèle, l’état de son père se dégrade. Une assistante sociale doit venir à la maison pour vérifier que tout se passe bien…

Rebelote pour Olivier Babinet, qui avec son quatrième long-métrage Normale confirme une fois de plus la singularité, mais aussi la préciosité de son cinéma. En adaptant la pièce de théâtre Monster in the Hall de David Greig, co-scénariste de l’ébouriffant Vinynan de Fabrice du Welz, le réalisateur plonge l’immense Benoît Poelvoorde dans une comédie-dramatique qui prend des allures de roman-graphique, impression renforcée par l’utilisation du cadre atypique 1.66. Il y a indéniablement une fraîcheur et un côté inclassable chez Olivier Babinet, même si Normale apparaît plus « classique » que son ambitieux Poissonsexe sorti en 2020. Il s’agit ici, pour reprendre les mots de la jeune Lucie, d’une « histoire de souffrance, de désespoir, de malaise et de honte d’une fille de Chelles, où se mêlent le sexe, la mort, l’humiliation et la catastrophe ». Il faut voir derrière ces mots couchés dans un journal intime, les sentiments complexes, la timidité, l’anxiété d’une adolescente qui a perdu sa mère dans un accident de moto et qui doit s’occuper de son père atteint de la sclérose en plaques. Quel avenir peut-on alors envisager quand on vit cette situation et quand on a juste quinze ans ? La délicatesse d’écriture, sans aucun misérabilisme, dans laquelle on peut retrouver la sensibilité de la scénariste Juliette Sales (le merveilleux Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé, le génial Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu, l’envoûtant Dorothy d’Agnès Merlet), foudroie du début à la fin de Normale, drame aux allures de comédie (et/ou le contraire), magnifiquement interprété par le grand Benoît (qui a désormais l’étoffe d’un Depardieu) et Justine Lacroix, révélation de C’est ça l’amour de Claire Burger, qui confirme aussi tous les espoirs placés en en elle. Assurément l’un des petits trésors de l’année 2023.

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Test DVD / Pour l’honneur, réalisé par Philippe Guillard

POUR L’HONNEUR réalisé par Philippe Guillard, disponible en DVD le 6 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Olivier Marchal, Olivia Bonamy, Mathieu Madénian, Solène Hébert, Camille Aguilar, Tom Villa, Saabo Balde, Sâm Mirhosseini…

Scénario : Philippe Guillard & Eric Fourniols

Photographie : Denis Rouden

Musique : Gisèle Gérard-Tolini

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Trocpont-sur-Vézère et Tourtour-les-Bains, deux petits villages du Sud de la France, se livrent depuis toujours une impitoyable guerre de clocher. Symbolisée par un redoutable derby entre les deux équipes de rugby, Trocpont a incontestablement pris l’ascendant mais une arrivée inattendue de demandeurs d’asile va changer la donne et bouleverser la vie de ces deux villages.

Il persiste le bougre ! Depuis le joli succès dans les salles de son premier long-métrage, Le Fils à Jo (2011) qui avait attiré plus d’1,2 millions de spectateurs, Philippe Guillard, ancien joueur de rugby (« un sport de brutes pratiqué par des coeurs tendres ») reconverti dans le cinéma, a signé trois autres films, On voulait tout casser (2015), Papi Sitter (2020) et J’adore ce que vous faites (2022), qui se sont tous méchamment vautrés au box-office. Rebelote avec Pour l’honneur, qui n’aura pas dépassé la barre des 175.000 entrées et pour cause…N’y allons pas par quatre chemins, il s’agit ni plus ni moins d’un des pires films de l’année 2023. Rien, absolument rien ne fonctionne, le casting, l’alchimie entre les « comédiens », la mise en scène, l’humour, le message, tout y est catastrophique. En martelant son discours sur la fraternité et l’entraide avec la délicatesse et l’humilité d’un Jean Messiha qui annonçait son départ de Reconquête après l’annonce des résultats du premier tour en 2022, Pour l’honneur se prend les pieds dans le tapis dès la première scène, celle de la réunion du village où les idéologies s’opposent, autrement dit les deux extrêmes. D’un côté, la tenancière d’un bar-hôtel, qui ouvrira son établissement à une poignée de migrants (avec lesquels ils chanteront Je l’aime à mourir de Francis Cabrel, qui a d’ailleurs signé la chanson de la bande originale) venus de Côte d’Ivoire, du Mali, d’Afghanistan, du Congo, de Syrie…et de l’autre un type d’origine allemande (évidemment) qui voit d’un mauvais œil cette installation forcée. Comment résumer la situation…Dans la France profonde, on n’aime pas les noirs et les arabes, même si on nous dit que « le noir ça déteint pas ». Dans toute la France profonde ? Noooon ! Quelque part près de Brive, une brave hôtelière ouvre ses portes à une dizaine de migrants…et si parmi eux il y avait des possibles recrues pour intégrer leur équipe locale de rugby ??? Hein ??? Mais c’était sans compter le dénommé Gantzer, qui avec son nom nazi déteste ce qui a la peau bronzée ! Ces gens là gênent…surtout que l’usine qui fait vivre la région est spécialisée dans le jambon, ce n’est sûrement pas avec eux que leur chiffre d’affaire va croître ! Non mais alors ma bonne dame ! Je vous remets un gros rouge qui tâche ? Philippe Guillard, c’est un peu un sous-Christophe Barratier, qui a probablement la musique de la publicité pour les saucisses Herta (« ne passons pas à côté des choses simples ») comme sonnerie de téléphone, qui écoute un best-of de Sandrine Rousseau sur YouTube, qui met des pouces en bas sur les vidéos de Charlotte d’Ornellas sur le même réseau, qui a sorti le rouleau de Sopalin devant la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby et qui est venu trop vite quand Jean Dujardin a montré ses miches (de pain). C’était le bon temps aurait chanté Francis Kuntz de Groland. En l’état, Pour l’honneur est une horreur absolue, tant sur le fond que sur la forme, jusqu’à l’affiche où les personnages paraissent, comme le dirait Orson Welles, se foutre de notre gueule. À vos risques et périls…

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Test Blu-ray / La Moutarde me monte au nez, réalisé par Claude Zidi

LA MOUTARDE ME MONTE AU NEZ réalisé par Claude Zidi, disponible en Blu-ray le 6 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Pierre Richard, Jane Birkin, Claude Piéplu, Jean Martin, Danielle Minazzoli, Vittorio Caprioli, Julien Guiomar, Henri Guybet…

Scénario : Claude Zidi, Michel Fabre & Pierre Richard

Photographie : Henri Decaë

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Dans une petite ville du midi, Pierre est un peu l’homme à tout faire : professeur dans un pensionnat, il rédige également les discours de son père, en pleine élection électorale, sans oublier les articles pour son ami Patrick, un critique de spectacles. Ses élèves ont alors la bonne idée d’intervertir le contenu des dossiers. Pierre se retrouve alors dans une foule de situations cocasses et déconcertantes.

Dans l’immense et prolifique carrière de Claude Zidi, La Moutarde me monte au nez (3,7 millions d’entrées) se place en dixième position de son palmarès, entre Banzaï (3,70 millions) et Inspecteur la Bavure (3,69 millions). Pour la première fois, le réalisateur délaissait momentanément les Charlots, avec lesquels il avait fait Les Bidasses en folie (1971), Les Fous du stade (1972) et Le Grand Bazar (1973), qui à eux trois avaient réuni plus de 17 millions de français dans les salles. La Moutarde me monte au nez donc, est la première association entre Claude Zidi et Pierre Richard. L’année où le box-office est dominé par Emmanuelle de Just Jaeckin, Les Valseuses de Bertrand Blier, L’Exorciste de William Friedkin, Bruce Lee (avec rien de moins qu’Opération Dragon et La Fureur du Dragon), Zidi parvient à placer deux opus dans le top 10, Les Bidasses s’en vont en guerre (qui sort pour les fêtes de fin d’année), qui supplante finalement La Moutarde me monte au nez sorti deux mois avant. Depuis Le Distrait (1970) et Les Malheurs d’Alfred (1972), Pierre Richard s’est vu propulser nouvelle star de la comédie avec le triomphe international du Grand Blond avec une chaussure noire (1972) d’Yves Robert. Si son retour devant et derrière la caméra, Je sais rien mais je dirais tout, est un nouveau succès, 1974 démarre par deux échecs successifs, Juliette et Juliette de Remo Forlani et Un nuage entre les dents de Marco Pico. La Moutarde me monte au nez le remet en selle. Avec cette comédie délirante, Claude Zidi innove sur le plan formel avec une mise en scène encore plus élaborée que pour ses films avec les Charlots, les gags sont souvent plus osés, à l’instar de la légendaire scène de l’opération menée par Claude Piéplu, dont le personnage est préoccupé par sa campagne électorale, qui vire carrément au gore, comme celle du cercueil transpercé par un cadavre bien rigide et dont les pieds deviennent encombrants. Un humour anglo-saxon rare dans nos contrées, doublé d’une critique de la presse à scandale, prête à tout pour réaliser un scoop. Un grand classique.

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Test Blu-ray / La Vie pour de vrai, réalisé par Dany Boon

LA VIE POUR DE VRAI réalisé par Dany Boon, disponible en DVD et Blu-ray le 30 août 2023 chez Pathé.

Acteurs : Dany Boon, Kad Merad, Charlotte Gainsbourg, Maxime Gasteuil, Caroline Anglade, Aurore Clément, Gaël Raës, Catherine Artigala…

Scénario : Dany Boon

Photographie : Glynn Speeckaert

Musique : Alexandre Lecluyse

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Tridan Lagache a passé sa vie au Club Med, à changer d’amis tous les 8 jours. À 50 ans, il démissionne du club de vacances mexicain où il est né, bien décidé à retrouver, 42 ans plus tard, son grand amour d’enfance, Violette. Il débarque à Paris, naïf et perdu mais heureux d’être hébergé chez Louis, un demi-frère dont il ignorait l’existence. Pour se débarrasser d’un Tridan encombrant, Louis supplie une de ses conquêtes, Roxane, de se faire passer pour Violette que Tridan croit reconnaître au premier regard.

Dany Boon, huit longs-métrages réalisés à ce jour depuis 2006, plus de 46 millions d’entrées cumulées rien qu’en France dont évidemment 20,5 millions pour Bienvenue chez les Ch’tis et sachant que l’immonde 8 rue de l’Humanité n’est pas sorti dans les salles et a été présenté uniquement sur la plateforme Netflix. Pas un seul échec au box-office, y compris son premier coup d’essai, le très bon La Maison du bonheur, qui avait dépassé la barre du million d’entrées. Il fallait bien que cela arrive un jour et donc son dernier opus en date, La Vie pour de vrai, produit avec un budget de près de 25 millions d’euros (contre 28 pour La Ch’tite famille, 33 pour Raid Dingue, 32 pour Supercondriaque…) n’aura attiré que 800.000 spectateurs. L’auteur de ces mots est le premier étonné d’écrire ceci, mais ce bide sévère est injuste, car La Vie pour de vrai est sans aucun doute le meilleur de son auteur depuis Rien à déclarer (2011) et ce sans aucune commune mesure. En effet, Dany Boon retrouve enfin ce qui faisait la réussite de ses trois premiers longs-métrages, des personnages attachants et simples, des dialogues soignés, ce à quoi s’ajoute une mise en scène également plus recherchée et moins fonctionnelle. Sortie dans un contexte social quelque peu houleux (ou quand on évoquait la possibilité d’un nouveau mai 68 en mars 2023), La Vie pour de vrai n’a pas su attirer un public que l’on pensait pourtant conquis d’avance par ces retrouvailles entre Dany Boon et Kad Merad, accompagnés cette fois par la toujours divine Charlotte Gainsbourg, géniale dans la peau d’une nymphomane qui tombe amoureuse pour la première fois.

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Test DVD / Sage-homme, réalisé par Jennifer Devoldère

SAGE-HOMME réalisé par Jennifer Devoldère, disponible en DVD le 19 juillet 2023 chez Warner Bros.

Acteurs : Karin Viard, Melvin Boomer, Steve Tientcheu, Tracy Gotoas, Theodore Levisse, Bruce Dombolo, Nadia Roz…

Scénario : Jennifer Devoldère & Cécile Sellam

Photographie : Jean-François Hensgens

Musique : Dim Sum

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Léopold, 19 ans, rate le concours d’entrée en médecine. Par défaut, il décide d’entrer à l’école des sages-femmes en cachant la vérité à son entourage, dans le but de réintégrer médecine plus tard grâce à une passerelle. Alors qu’il s’engage sans convictions dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.

Tiens, revoilà la réalisatrice et scénariste Jennifer Devoldère, qui avait signé deux longs-métrages fort passables (pour ne pas dire complètement ratés) avec Mélanie – Je suis modeste – Laurent, Jusqu’à toi (2009) et Et soudain, tout le monde me manque (2011). Depuis, plus aucune nouvelle. IMDB indique qu’elle a récemment coécrit Zodi et Téhu, frères du désert d’Éric Barbier, sorti quelques semaines avant le troisième long-métrage de la cinéaste, Sage-Homme, incontestablement son meilleur film à ce jour et de loin. Cette plongée immersive dans le monde des sage-femmes, offre à la précieuse Karin Viard un nouveau rôle en or, qui lui va une fois de plus comme un gant et révèle un jeune acteur de 20 ans, Melvin Boomer, précédemment apparu dans la mini-série Le Monde de demain de l’excellente Katell Quillévéré, dans laquelle il interprétait JoeyStarr. Superbe alchimie entre les deux comédiens qui ne font qu’un avec leurs personnages, tandis que le spectateur en saura désormais plus sur ce métier ô combien indispensable, y compris sur sa définition : sage, dérivé du mot sapiens, qui signifie celui qui a la connaissance, l’expérience, et le mot femme désignant ici la femme dont on s’occupe. Ainsi, on assiste à l’émergence d’une vocation, celle de Léopold donc, qui va devenir un (on peut dire le ou la) sage-femme, en apprenant son métier auprès d’une professionnelle qui amorce la dernière partie de sa carrière et probablement de sa vie. Une comédie-dramatique élégante, noble, très réussie.

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Test DVD / 10 jours encore sans maman, réalisé par Ludovic Bernard

10 JOURS ENCORE SANS MAMAN réalisé par Ludovic Bernard, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Franck Dubosc, Aure Atika, Alexis Michalik, Annelise Hesme, Héléna Noguerra, Swan Joulin, Violette Guillon, Ilan Debrabant, Evan Paturel, Vincent Martin…

Scénario : Ludovic Bernard & Mathieu Oullion, d’après une histoire originale de Mariano Vera

Photographie : Vincent Richard

Musique : Harry Allouche

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Antoine Mercier a été licencié de son poste de directeur des ressources humaines dans une grande enseigne de bricolage. Depuis deux ans, il est devenu père au foyer et s’occupe de ses quatre enfants, souvent seul car sa femme Isabelle est très prise par son activité d’avocate. Depuis deux ans dans la famille Mercier, les rôles ont donc clairement été inversés et Antoine commence à de moins en moins tenir le coup face à l’énergie que lui demande sa petite famille. Voilà pourquoi 10 jours de vacances à la montagne s’annoncent comme une aubaine, surtout à Courchevel. Antoine se dit alors qu’il va pouvoir enfin se reposer. Malheureusement pour lui, alors qu’ils sont sur le quai de la gare, le cabinet d’Isabelle la sollicite et elle ne peut plus partir avec les siens. Antoine va alors devoir à nouveau passer 10 jours seul avec ses 4 enfants.

En 2020, Ludovic Bernard (Mission Pays Basque, L’Ascension) connaît un joli succès mérité avec 10 jours sans maman. Porté par Franck Dubosc, ce remake du film argentin Mamá se fue de viaje d’Ariel Winograd, sorti en 2017 et inédit dans l’Hexagone, parvient à attirer 1,2 million de français dans les salles, juste avant l’instauration du confinement et de la fermeture des cinémas. Après deux épisodes emballés pour la série Lupin, le réalisateur qui a fait ses classes dans l’écurie Besson en étant assistant sur Lucy, Taken 2 et 3, 3 Days to Kill, Malavita et autres ignominies, décide de revenir à la famille Mercier, histoire sans doute de surfer sur le hit rencontré par le premier opus, qui aurait pu aller plus loin si nous n’avions pas été « en guerre » (pour citer un humoriste qui s’ignore) contre la Covid 19. Le fait est que cette suite qui ne s’imposait pas reprend certes les personnages, mais n’en fait pas grand-chose et perd la dynamique de groupe qui faisait la réussite du précédent, en se focalisant beaucoup plus sur Franck Dubosc, trop souvent isolé des enfants. L’alchimie entre les comédiens, qui reprennent tous leurs rôles respectifs y compris les quatre rejetons, est évidente et les scènes les plus amusantes sont indéniablement celles où ils sont tous confrontés les uns aux autres, mais elles apparaissent étonnamment peu. On a donc l’impression constante que Ludovic Bernard a dégoté un ancien scénario et l’a quelque peu remanié pour en faire une pseudo-suite à 10 jours sans maman, mais sans jamais parvenir à retrouver cette fraîcheur et le sens du gag qui faisaient mouche il y a trois ans. Au final, 10 jours encore sans maman n’est pas désagréable en soi et Franck Dubosc est entre autres très bien, mais l’ensemble demeure un brin poussif.

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Test Blu-ray / Miranda, réalisé par Tinto Brass

MIRANDA réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Serena Grandi, Andrea Occhipinti, Franco Interlenghi, Andy J. Forest, Franco Branciaroli, Malisa Longo, Laura Sassi, Isabelle Illiers…

Scénario : Tinto Brass, d’après la pièce de théâtre de Carlo Goldoni

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Italie, début des années 1950. La superbe Miranda tient une auberge. Libertine, elle tente d’oublier son mari, supposé mort à la guerre, dans les bras des hommes de passage dans son établissement : un chauffeur, un Américain, un élu local, un ancien fasciste… Lequel d’entre eux la satisfera à la fois en tant qu’amant et comme mari ? L’heure du choix a sonné et son employé, Toni, espère bien qu’il sera l’heureux élu.

Deux ans après La Clé, Tinto Brass, conforté par son précédent succès, continue sur sa lancée et plonge toujours plus profondément dans l’érotisme avec Miranda. En s’inspirant de la pièce La Locandiera (La Belle aubergiste) de Carlo Goldoni, dont la protagoniste s’appelle Mirandoline, le réalisateur de Caligula dresse un nouveau portrait d’une autre femme libre, qui assume son existence et la dirige comme elle le souhaite, surtout sa sexualité. Après avoir renoncé à engager Stefania Sandrelli, devenue trop chère à la suite du triomphe de La Clé, Tinto Brass jette son dévolu sur Serena Grandi, qui jusqu’à présent n’avait rien fait de vraiment mémorable, en dehors d’AnthropophagousAntropophagus (1980) de Joe d’Amato et quelques apparitions en tant que « silhouette » en tant qu’infirmière, caissière, policière et (c’était alors un passage obligé) prostituée. Le cinéaste remarque ses courbes affolantes (105-60-100) et décide de lui confier le premier rôle de Miranda. Disons-le carrément, les amateurs de poils, de postérieurs proéminents et de poitrines généreuses seront aux anges, Tinto Brass ne reculant devant rien pour mettre en valeur ces trois éléments cinégéniques (et ce dès le tout premier plan), quitte à choquer certains, même si rétrospectivement, la sincérité de la démarche prend le pas sur la vulgarité. Miranda, que son auteur a toujours trouvé supérieur à La Clé, n’est certes pas aussi riche sur le plan thématique, mais n’en reste pas moins une réussite et surtout moderne dans son message féministe.

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Test Blu-ray / Cop Secret, réalisé par Hannes Þór Halldórsson

COP SECRET (Leynilögga) réalisé par Hannes Þór Halldórsson, disponible en Blu-ray le 10 mai 2023 chez Extralucid Films.

Acteurs : Auðunn Blöndal, Egill Einarsson, Sverrir Þór Sverrisson, Steinunn Ólína Þorsteinsdóttir, Björn Hlynur Haraldsson, Vivian Ólafsdóttir, Rúrik Gíslason, Steinþór Hróar Steinþórsson…

Scénario : Nína Petersen, Hannes Þór Halldórsson & Sverrir Þór Sverrisson, d’après une histoire originale d’Auðunn Blöndal, Egill Einarsson & Hannes Þór Halldórsson

Photographie : Elli Cassata

Musique : Kristján Sturla Bjarnason

Durée : 1h35

Année de sortie : 2021

LE FILM

Pour élucider une curieuse série de braquages où rien n’est dérobé, un « super flic » de Reykjavik, téméraire mais en pleine remise en question, se retrouve à devoir faire équipe avec un nouveau partenaire, un mec stylé, aisé et particulièrement libéré.

Le nom de Hannes Þór Halldórsson pourrait éventuellement dire quelque chose à certains d’entre vous, du moins aux passionnés de football. En effet, le réalisateur de Cop Secret n’est autre que l’ancien gardien de l’équipe nationale d’Islande, sélectionné près de 80 fois et qui a participé à l’Euro 2016, ainsi qu’à la Coupe du Monde de 2018 durant laquelle il avait arrêté un penalty de Lionel Messi. Avant de devenir sportif professionnel, Hannes Þór Halldórsson, passionné par le cinéma, se prédestinait à devenir cinéaste. Son rêve devient enfin réalité, puisqu’en 2021 il met en scène son premier long-métrage Leynilögga, que l’on peut traduire par « Flic Infiltré », que la distribution internationale aura finalement rebaptisé Cop Secret. Un buddy movie qui rend hommage au genre des années 1980-90, le tout largement influencé par le Hot Fuzz d’Edgar Wright et Bad Boys de Michael Bay. On imagine que le budget n’était pas énorme (apparemment, cela équivaudrait à 0,03 % de la production de Fast & Furious 9), surtout vu la qualité des effets spéciaux avec ses explosions et le sang confectionnés en mauvaises images numériques, mais il se dégage une vraie énergie contagieuse de ce Cop Secret, qui s’amuse à prendre tous les clichés attendus, à les triturer, au point de faire de son tandem de flics burnés, deux mecs qui tombent amoureux l’un de l’autre dans le feu de l’action. C’est barré, pas franchement original, mais l’ensemble est prometteur et les acteurs assurent le spectacle du début à la fin.

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Test Blu-ray / Le Drapeau noir flotte sur la marmite, réalisé par Michel Audiard

LE DRAPEAU NOIR FLOTTE SUR LA MARMITE réalisé par Michel Audiard, disponible en DVD et Blu-ray le 12 juin 2023 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Jacques Marin, André Pousse, Jean Carmet, Raymond Meunier, Micheline Luccioni, Yves Barsacq, Jacqueline Doyen, Roger Lumont, Michel Pilorgé, Ginette Garcin, Gilberte Géniat, Eric Damain, Ginette Leclerc, Claude Piéplu…

Scénario : Michel Audiard & Jean-Marie Poiré, d’après le roman de René Fallet

Photographie : Pierre Petit

Musique : Georges Brassens

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Victor, épicier et patron tyrannique ne cesse de parler à sa famille de son passé de marin, bien que ceux-ci ne l’ont jamais cru. Lorsque son neveu gagne un concours de maquette de bateau et est chargé d’en construire un à échelle réelle, Victor va tenter de s’imposer comme le patron de la petite équipe…

Invisible pendant près d’un demi-siècle en raison de droits partagés entre Paramount et Universal, Le Drapeau noir flotte sur la marmite réapparaît dans une copie intégralement restaurée. Unique opus dans lequel Michel Audiard « dirige » Jean Gabin, cette bizarrerie que le Vieux tourne entre Le Chat de Pierre Granier-Deferre et Le Tueur de Denys de La Patellière est bien plus une curiosité qu’une comédie disons-le d’emblée réussie. Né en 1920, Michel Audiard commence sa longue, mythique et éclectique carrière de scénariste à la fin des années 1940. En 1968, il passe pour la première fois derrière la caméra avec Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Suite à ce grand succès avec plus de 2 millions d’entrées, il enchaîne l’année suivante avec Une Veuve en or avec Michèle Mercier, puis connaît son plus grand triomphe dans les salles avec Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause !. En ce qui concerne Le Drapeau noir flotte sur la marmite, nous retrouvons ce qui pouvait faire la qualité, mais aussi malheureusement les défauts de Michel Audiard placé lui-même à la tête d’un long-métrage. Certes celui-ci n’a jamais brillé avec ses mises en scène, mais demeure une sympathique distraction, une fantaisie où les acteurs livrent de merveilleux numéros, tout en se délectant des dialogues truculents signés bien sûr Audiard lui-même. Derrière ce titre à rallonge comme les affectionnait Michel Audiard, nous trouvons une comédie aux scènes lâchement reliées entre elles, prétextes à une poilade entre amis, coécrite avec Jean-Marie Poiré, d’après un roman de René Fallet (La Soupe aux choux, Un idiot à Paris, Les Vieux de la vieille, Le Triporteur, Porte des Lilas). Ainsi, Jean Gabin s’avère comme toujours remarquable dans la peau d’un mythomane, qui va se retrouver confronter au mensonge qui entoure son existence, pour épater ce qui lui reste de famille, y compris son jeune neveu, qui l’admire et le prend pour un grand aventurier. Moins foutraque qu’à son habitude, probablement en raison d’un casting sur lequel trône le Vieux, Michel Audiard peine toutefois à maintenir l’intérêt du début à la fin, à trouver un rythme sur la durée et met un peu de tout dans sa tambouille, ou la marmite ici, au risque de frôler souvent l’indigestion. Néanmoins, découvrir ce Drapeau noir… fait indéniablement plaisir pour les complétistes que nous sommes.

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