Test Blu-ray / Re-Animator 2, réalisé par Brian Yuzna

RE-ANIMATOR II (Bride of Re-Animator) réalisé par Brian Yuzna, disponible en Édition Collector 2 Blu-ray + 2 DVD + Livret depuis août 2020 chez The Ecstasy of Films.

Acteurs : Jeffrey Combs, Bruce Abbott, Claude Earl Jones, Fabiana Udenio, David Gale, Kathleen Kinmont…

Scénario : Woody Keith, Rick Fry & Brian Yuzna

Photographie : Rick Fichter

Musique : Richard Band

Durée : 1h33

Année de sortie : 1990

LE FILM

Après leurs méfaits commis dans la ville d’Arkham, le docteur Herbert West et son complice, l’étudiant Dan Cain, se sont réfugiés en Amérique latine. De retour dans leur pays avec un nouveau sérum particulièrement perfectionné, ils se proposent de réanimer la fiancée de Dan Cain dont il ne peut oublier la disparition avec le corps d’une jeune femme sur le point de mourir. Le résultat n’est pas tout à fait celui qu’ils attendaient, surtout pour la fiancée.

Il aura fallu cinq ans pour que le Re-Animator revienne sur les écrans, après avoir connu un beau succès dans les salles américaines, mais surtout un triomphe dans le reste du monde et plus particulièrement en Europe. En France, près de 635.000 spectateurs s’étaient rués dans les salles pour découvrir les aventures de ce savant fou moderne incarné par Jeffrey Combs. Alors qu’une suite était déjà envisagée sur le tournage de From Beyond (1986), le projet prend forme début 1990, mais Stuart Gordon ne peut pas rempiler, en raison d’un emploi du temps non compatible. Le producteur Brian Yuzna, ayant pu trouver des capitaux provenant du Japon, est dans l’obligation de tourner durant l’été 90 pour une sortie prévue en février 1991 aux Etats-Unis et même avant en Europe. Bryan Yuzna s’étant fait la main à la mise en scène avec son premier long-métrage Society, décide de signer lui-même Re-Animator 2Bride of Re-Animator. Si la référence à H.P. Lovecraft est encore de la partie, le réalisateur, épaulé par ses coscénaristes de Society, Rick Fry et Woody Keith, rendent cette fois un hommage encore plus appuyé au Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley. En effet, cette fois le docteur Herbert West ne se contente pas de ressusciter les morts, mais souhaite donner la vie à partir d’éléments composites. Ecrit dans la précipitation, Re-Animator 2 est pourtant un immense divertissement fourre-tout et extrêmement généreux, qui parvient à se hisser au niveau du premier volet, et nous n’hésiterons pas à dire qu’il parvient même à le surpasser. Encore plus inventif, drôle, sanglant, décomplexé et surtout mieux rythmé, cette Fiancée de Re-Animator n’a pas usurpé son statut culte et reste l’un des rares cas de suite encore plus fun et frappadingue que l’original.

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Test Blu-ray / L’Éventreur de New York, réalisé par Lucio Fulci

L’ÉVENTREUR DE NEW YORK (Lo Squartatore di New York) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret + CD chez The Ecstasy of Films.

Acteurs : Jack Hedley, Almanta Suska, Howard Ross, Andrea Occhipinti, Alexandra Delli Colli, Paolo Malco, Cosimo Cinieri, Cinzia De Ponti…

Scénario : Gianfranco Clerici, Lucio Fulci, Vincenzo Mannino & Dardano Sacchetti

Photographie : Luigi Kuveiller

Musique : Francesco De Masi

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

A New York, plusieurs femmes sont assassinées de manière atroce par un tueur en série, connu pour être doté d’une voix de canard. L’inspecteur Williams se charge de l’enquête alors que les meurtres sadiques s’enchaînent…

Nous avons déjà longuement parlé de Lucio Fulci (1927-1996) sur Homepopcorn.fr, mais comme nous aimons tout particulièrement le cinéaste, nous prendrons la peine de nous auto-citer. Lucio Fulci, qui se destinait d’abord au monde de la médecine, décide de se tourner vers le cinéma et intègre le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, en suivant les cours de Michelangelo Antonioni et de Luchino Visconti. Il devient l’assistant du réalisateur Marcel L’Herbier pour Les Derniers Jours de Pompéi en 1950. Mais c’est avec le cinéaste Steno, de son vrai nom Stefano Vanzina, que Fulci fait réellement ses premières classes. Il s’agit de comédies, principalement avec Totò, aux titres aussi évocateurs que Totò et les femmes, L’uomo, la bestia e la virtù, Où est la liberté. Progressivement, Lucio Fulci devient scénariste et signe Une fille formidable de Mauro Bolognini, Un Americano a Roma de Steno avec l’immense Alberto Sordi. Il passe enfin derrière la caméra en 1959 avec I Ladri, une comédie interprétée par… Totò. La boucle est bouclée. Dans les années 1960, Lucio Fulci enchaîne moult comédies avec le duo célèbre en Italie, Franco Franchi et Ciccio Ingrassia. Si le succès est au rendez-vous, il commence sérieusement à vouloir changer son fusil d’épaule et démontrer qu’il est capable de réaliser autre chose que des comédies. Il signe un western avec Franco Nero (Le Temps du massacre, 1966), une comédie policière intitulée (Au diable les anges, 1967), un drame (Liens d’amour et de sang, 1969). Mais le véritable tournant s’opère en 1969 avec le giallo Pervertion StoryLa Machination (Una sull’altra). Si Dario Argento et Mario Bava sont fréquemment annoncés comme étant les réalisateurs phares du giallo, ce genre italien de film d’exploitation, cocktail de cinéma d’horreur, de film policier et d’érotisme soft, il est grand temps aujourd’hui de réhabiliter Lucio Fulci, jusqu’ici surtout défendu par les amateurs de cinéma de genre. Un an après l’onirique, poétique, sensuel, cruel, oppressant, kafkaïen Le Venin de la peurUna lucertola con la pelle di donna, et la même année que sa comédie érotique Obsédé malgré lui, Lucio Fulci signe un de ses films les plus célèbres, La Longue nuit de l’exorcismeNon si sevizia un paperino. Suvront deux aventures de Croc-Blanc (1973 et 1974), Les Quatre de l’apocalypse (1975) et L’Emmurée vivante (1977). A la fin des années 1970, la carrière de Lucio Fulci bat de l’aile après quelques échecs successifs, tandis que sa fille connaît un très grave accident et que son divorce l’a laissé sur la paille. Contre toute attente, le producteur Fabrizio De Angelis lui confie les commandes de L’Enfer des Zombies, titre opportuniste surfant sur le triomphe du Zombie de George A. Romero, dont le montage européen avait été confié à Dario Argento. Sur un scénario écrit par Dardano Sacchetti (Le Chat à neuf queues, La Baie sanglante, Le cynique, l’infâme, le violent, L’emmurée vivante) même si crédité sous le nom de sa femme Elisa Brigranti, L’Enfer des Zombies va non seulement relancer la carrière de Lucio Fulci, comme il n’aurait jamais pu l’espérer, être à l’origine de tout un tas d’ersatz, et surtout devenir et rester un des films les plus emblématiques du genre. Nous voici donc rendu aux années 1980 où Lucio Fulci mettra les bouchées doubles et enchaînera La Guerre des gangsLuca il contrabbandiere, Frayeurs Paura nella città dei morti viventi, Le Chat noir Il Gatto nero, L’Au-delà…E tu vivrai nel terrore! L’aldilà et La Maison près du cimetièreQuella villa accanto al cimitero. L’année 1982 est celle de L’Éventreur de New YorkLo squartatore di New York, légendaire thriller, extrêmement violent, tourné à New York (sans autorisation, ou presque) par un Lucio Fulci très inspiré par la ville qu’il avait déjà filmée et qu’il met en valeur une fois de plus ici. Près de quarante ans après sa sortie, L’Éventreur de New York demeure d’une redoutable efficacité et met à rude épreuve les nerfs des spectateurs avec certaines séquences éprouvantes à ne pas mettre devant tous les yeux ! Et vous ne verrez plus Donald Duck de la même façon…

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Test Blu-ray / Zeder, les voix de l’au-delà, réalisé par Pupi Avati

ZEDER, LES VOIX DE L’AU-DELÀ (Zeder) réalisé par Pupi Avati, disponible en combo Blu-ray-DVD le 18 mars 2017 chez The Ecstasy of Films

Acteurs : Gabriele Lavia, Anne Canovas, Paola Tanziani, Cesare Barbetti, Bob Tonelli, Ferdinando Orlandi, Enea Ferrario, John Stacy

Scénario : Pupi Avati, Maurizio Costanzo, Antonio Avati

Photographie : Franco Delli Colli

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Stefano, un jeune journaliste, achète une vieille machine à écrire. Il découvre du texte encore imprimé sur le ruban. Il apprend ainsi l’existence d’un certain Paolo Zeder, un scientifique qui aurait découvert dans les années 50 un moyen de faire revivre les morts suivant le lieu de leur enterrement. Stefano entre bientôt en contact avec un obscur groupe de savants qui tentent de prouver la véracité des thèses exposées par Zeder…

Réalisateur, scénariste et producteur, Giuseppe Avati, plus connu sous le nom de Pupi Avati (né en 1938) signe avec Zeder, les voix de l’au-delà – connu aux Etats-Unis sous le titre Revenge of the Dead – un de ses films les plus célèbres, du moins pour les amateurs de cinéma fantastique. Eclectique et plutôt prolifique, le cinéaste de La Mazurka del barone, della santa e del fico fiorone (1975) et de La Cage aux minetsBordella (1976), comédies qui ont fait sa renommée, s’est aussi illustré dans l’épouvante dès son premier long métrage avec le gothique Balsamus, l’homme de Satan (1970). Suivront Thomas e gli indemoniati (1970) et surtout La Maison aux fenêtres qui rient (1976). Passionné par les phénomènes paranormaux, l’ésotérisme et l’occultisme, mais aussi par le macabre, Pupi Avati revient à son genre de prédilection sept ans après ce succès international, avec Zeder, les voix de l’au-delà.

Stefano (le monolithique Gabriele Lavia), un romancier, reçoit une vieille machine à écrire de la part de sa femme Alessandra (la délicieuse Anne Canovas, vue récemment dans la série Plus belle la vie), en guise de présent pour leur anniversaire de mariage. Alors qu’il s’apprête à changer le ruban encreur de la machine, il découvre que les empreintes dactylographiques laissées sur celui-ci par le précédent propriétaire sont encore lisibles. Fasciné par la perspective de cette découverte, Stefano extirpe du ruban la narration d’expériences réalisées par un scientifique du nom de Paolo Zeder qui semblait avoir découvert un moyen de vaincre la mort. Hanté par cette découverte prometteuse sur les théories de Zeder, Stefano va se lancer dans un terrifiant voyage et sera confronté à une conspiration de réanimation des morts !

Zeder, les voix de l’au-delà n’a rien perdu de son pouvoir hypnotique et repose entièrement sur la mise en scène très inspirée de Pupi Avati. Zeder, les voix de l’au-delà est un film très étrange, quasi-inclassable, jouant avec les codes du giallo sans en être un malgré un meurtre réalisé dans le noir avec un objet contondant. A l’instar du personnage principal, le spectateur se retrouve souvent incrédule, mais ne peut s’empêcher de continuer à visionner cette œuvre insolite, poussé par la curiosité, d’autant plus que les événements n’ont de cesse de surprendre et de devenir de plus en plus inquiétants voire franchement dérangeants. Mais cette attraction de l’horreur se manifeste surtout par les partis pris, notamment la photo sombre, poisseuse, étouffante et froide du chef opérateur Franco Delli Colli (Je suis une légende avec Vincent Price), ainsi que par la composition inspirée de Riz Ortolani, les décors fantomatiques, comme cet énorme bâtiment laissé à l’abandon, dans lequel se perd le personnage principal en quête de vérité.

Zeder, les voix de l’au-delà ne manque pas de rebondissements et promène l’audience de Chartres dans les années 1950 à Bologne et plus largement dans la région d’Emilie-Romagne pour ce qui concerne la partie contemporaine. Sans effets gratuits ni ostentatoires, le récit, qui rappelle Simetierre de Stephen King alors publié la même année, se déroule posément, tandis qu’un étau semble se refermer aussi bien sur la gorge du personnage que sur celle du spectateur. Pupi Avati convoque le dernier cri du matériel audiovisuel et les images vidéo renvoyées dans la tombe du terrain K, où les morts peuvent revenir à la vie, sont à la fois drôles et effrayantes. Zeder, les voix de l’au-delà ne verse jamais dans l’excès, bien au contraire, ne joue pas la carte du gore ou des zombies en décomposition, et pourtant se révèle être une œuvre, maîtrisée de A(vati) à Z(eder), pesante et anxiogène, tout en gardant un pied dans un réalisme troublant.

S’il n’est pas sorti dans les salles françaises, le drame de Pupi Avati, car il s’agit bien plus d’un drame que d’un film fantastique, a connu une carrière en VHS et son groupe d’aficionados n’a jamais cessé de croitre. A connaître absolument.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray et le DVD de Zeder, les voix de l’au-delà, disponible chez The Ecstasy of Films, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. L’élégante jaquette (réversible) saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de cinéma Bis, et des autres, avec son visuel mystérieux. Le menu principal est animé et musical. Ce titre intègre la collection Cauchemars italiens.

The Ecstasy of Films ne vient pas les mains vides, mais avec près d’une heure de suppléments.

On commence par l’interview de Pupi et Antonio Avati (31’). Enregistrés séparément, les deux frères, le premier réalisateur et le second producteur, reviennent sur la genèse de Zeder, les voix de l’au-delà (à partir du ruban d’une machine à écrire), l’écriture du scénario, le choix des décors, les partis pris, les intentions, le casting et les lieux de tournage. Pupi Avati indique entre autres que Zeder, les voix de l’au-delà correspond à une période de sa vie où il était fasciné par le sujet de la vie après la mort et constituait beaucoup de recherches sur ce thème.

Dans la seconde interview, nous retrouvons l’illustre compositeur Riz Ortolani (1926-2014). Visiblement enregistré peu de temps avant son décès, cet entretien avec le maestro qui aurait signé près de 230 musiques pour le cinéma et la télévision, permet d’en savoir un peu plus sur le travail de ce passionné qui a oeuvré avec les plus grands. Riz Ortolani passe en revue son enfance placée sous le signe de la musique, ses débuts dans le cinéma, ses rencontres déterminantes et bien évidemment sa longue collaboration avec Pupi Avati. Le tout accompagné d’anecdotes diverses et variées, aussi intéressantes que truculentes à écouter.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, une galerie de photos (y compris de tournage), ainsi qu’un comparatif avant/après la restauration, sans oublier la bande-annonce de Re-Animator 2Bride of Re-Animator, bientôt disponible chez The Ecstasy of Films!

N’oublions de mentionner la présence d’un formidable et exclusif petit livret de 20 pages, intitulé De A(vati) à Z(eder), conçu par Frank Lafond, essayiste et directeur de collection, auteur de Jacques Tourneur, les figures de la peur (2007), Joe Dante, l’art du je(u) (2011) et du Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction (2014).

L’Image et le son

Zeder, les voix de l’au-delà est présenté pour la première fois en France en DVD et Blu-ray, dans une version intégrale restaurée en Haute-Définition et dans son format original respecté 1.85. L’éditeur indique s’être occupé de l’étalonnage de restauration à Paris, tandis qu’un laboratoire italien s’est chargé du transfert numérique du négatif original du film. Le film est désormais disponible en Blu-ray, au format 1080p (AVC). Difficile de juger une image comme celle de Zeder, les voix de l’au-delà ! Quelques scories et dépôts résiduels demeurent, surtout durant la première partie française, mais dans l’ensemble la copie s’avère propre et bien nettoyée. Les couleurs ternes de la première partie sont bien restituées, de même pour les teintes plus chaudes du reste du film. Dommage cependant que le teint des comédiens passe souvent du rose au plus saumoné. Le master affiche une belle stabilité, certains effets de pompage peuvent se faire ressentir au cours d’une même séquence, sans que cela perturbe le visionnage. Les contrastes sont fermes et le piqué souvent étonnant. La promotion HD est donc validée pour ce titre et l’éditeur s’en sort très bien, malgré l’évidente complexité à respecter les volontés artistiques originales.

Les versions italienne et française sont proposées en DTS-HD Master Audio Mono. Sans surprise, la piste originale s’avère la plus propre et dynamique du lot. Evitez le doublage français, qui privilégient le report des voix – pincées et parfois chuintantes – au détriment des effets et ambiances annexes. Zeder, les voix de l’au-delà est un film qui se déguste avec la musicalité de la langue transalpine. Un panneau indique également que certains éléments audio d’origine ont été perdus.

Crédits images : © OB Films / The Ecstasy of Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Cynique, l’Infâme et le Violent, réalisé par Umberto Lenzi

LE CYNIQUE, L’INFÂME, LE VIOLENT (Il Cinico, l’infame, il violento) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en combo DVD/Blu-ray le 18 mars 2017 chez The Ecstasy of Films

Acteurs : Maurizio Merli, Tomás Milián, John Saxon, Renzo Palmer, Gabriella Lepori, Claudio Undari, Bruno Corazzari

Scénario : Ernesto Gastaldi, Dardano Sacchetti, Umberto Lenzi d’après une histoire originale de Sauro Scavolini

Photographie : Federico Zanni

Musique : Franco Micalizzi

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Luigi Maietto, dit   »le Chinois » , jeune truand cynique et ambitieux, vient de s’évader de prison. Son premier souhait est de faire mordre la poussière au responsable de sa condamnation à vie, l’ex-commissaire de police Leonardo Tanzi, en lui envoyant deux tueurs. En dépit de graves blessures, il se fait passer pour mort et se cache à Rome pour y donner la chasse à son persécuteur. Le Chinois, qui se croit débarrassé, a repris son activité au sein de la pègre organisée, en s’associant au « boss » italo-américain Frank Di Maggio pour mieux régner en maître sur la Mafia romaine. Tanzi monte un plan machiavélique pour anéantir Le Chinois en l’opposant à Di Maggio. Une guerre sans merci va débuter.

Au cours des années 70, l’Italie subit les revendications politiques des Brigades Rouges et vit ce que l’on appellera plus tard ses « années de plomb » . Reflet social, le cinéma va exprimer cette violence dans une vague de polars urbains âpres et cruels. Fortement inspirés par des films comme L’inspecteur Harry (1971), Un justicier dans la ville (1974) ou encore French Connection (1971), les réalisateurs Enzo G. Castellari, Fernando Di Léo, Umberto Lenzi, et bien d’autres, vont faire mettre en images violence, vengeance et justice. Franco Nero, Tomás Milián, Fabio Testi, ou Maurizio Merli, vont camper les flics, voyous, mafieux, escrocs ou justiciers, pour le plus grand bonheur des spectateurs.

Celui qui nous intéresse ici est Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il cinico, l’infame, il violento (et même The Cynic, the Rat and the Fist en anglais !) réalisé par le prolifique Umberto Lenzi (Maciste contre Zorro, Kriminal, Le tueur à l’orchidée) avec le mythique Tomás Milián, comédien cubain qui alternait les séries B lucratives et les films d’auteur chez Mauro Bolognini, Alberto Lattuada, Valerio Zurlini, Liliana Cavani, Bernardo Bertolucci, Michelangelo Antonioni. A l’heure où certaines villes italiennes sont ratissées par certains gangs organisés et les petits commerçants pillés de toutes parts, Le Cynique, l’Infâme et le Violent agit comme un véritable défouloir dans les salles de cinéma en 1977.

Triomphe public, ce thriller violent n’a sans doute pas l’audace de Big Racket d’Enzo G. Castellari, mais n’en demeure pas moins un reflet de l’Italie d’alors et n’a rien perdu de sa férocité aujourd’hui. Porté par le charisme animal de Tomás Milián d’un côté, de Maurizio Merli de l’autre et du comédien italo-américain John Saxon entre les deux, Le Cynique, l’Infâme et le Violent est un véritable festival de bastons aux bruitages à la Terence Hill / Bud Spencer, de répliques cinglantes (en version originale tout du moins), de règlements de comptes (on y casse des jambes avec un cric, on jette de l’acide au visage d’une femme, on défonce la tête d’un homme à l’aide de balles de golf avant de le donner à bouffer à des dogues allemands), ça défouraille sévère. Le tout en gardant l’air décontracté, la chemise au col pelle à tarte bien ouvert sur le torse poilu où brillent les chaînes en or.

Après La rançon de la peurMilano odia : la polizia non può sparare, Bracelets de sangIl giustiziere sfida la città, Opération casseur Napoli violenta, Le Cave sort de sa planqueIl trucido e lo sbirro, Le Clan des pourrisIl trucido e lo sbirro et surtout Brigade spécialeRoma a mano armata dont il s’agit d’une suite (mais contrairement à Merli, Milian n’incarne pas le même personnage), Umberto Lenzi réunit ses précédentes têtes d’affiche pour Le Cynique, l’Infâme et le Violent, même si Tomás Milián et Maurizio Merli, qui ne se supportaient plus au point d’en venir aux mains, n’apparaissent jamais dans le même plan, y compris lors de l’affrontement final, grâce à un montage malin et très découpé.

Maurizio Merli traverse le film en singeant Franco Nero, au point d’y ressembler de façon troublante sur certains plans, comme si rien ne pouvait l’atteindre, en mettant un coup de poing d’abord et en discutant après. L’intrigue est typique du néo-polar italien aka poliziesco, avec quelques ingrédients directement issus du western et même de Mission Impossible lors d’un casse réalisé à l’aide de quelques gadgets (dont des lunettes à infrarouges pour passer à travers des lasers), et l’on suit avec délectation ces trois intrigues en parallèle, jusqu’à ce que le destin réunisse les trois personnages principaux sur la même scène.

Quarante ans après, Le Cynique, l’Infâme et le Violent demeure un savoureux divertissement, un pur plaisir de cinéma Bis, un petit bijou de l’Eurocrime fait évidemment pour remplir le tiroir-caisse, mais avec une redoutable efficacité doublé d’un vrai sens du spectacle populaire.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray et le DVD du Cynique, l’Infâme et le Violent, disponible chez The Ecstasy of Films, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. L’élégante jaquette (réversible) saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de cinéma Bis, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est animé et musical. La tranche de la jaquette indique que ce titre est le numéro 1 de la collection Eurocrime et la sérigraphie du disque arbore les couleurs du drapeau italien.

Pour cette édition limitée, The Ecstasy of Films propose 1h45 de suppléments ! Autant dire que les fans vont être ravis !

On commence par l’entretien avec le réalisateur Umberto Lenzi (22’). Né en 1931, le cinéaste revient tout d’abord sur son amour du film noir américain, ses études au Centro Sperimentale di Cinematografia, ses débuts au cinéma dans le péplum et dans les films de pirates. Puis, Lenzi aborde son travail dans le giallo et le polizieco avec quelques-uns de ses plus grands succès. Le metteur en scène est visiblement heureux de partager ses souvenirs et de revenir sur la période la plus glorieuse de sa carrière. Evidemment, il n’oublie pas de mentionner les acteurs qu’il a fait tourné à plusieurs reprises, Maurizio Merli et Tomás Milián (« qui avait besoin de se charger avant de tourner »), en insistant sur le fait que les deux comédiens, qui ne pouvaient pas se supporter, ne se sont pas croisés une seule fois sur le plateau du Cynique, l’Infâme et le Violent. Le titre original du film « Insieme per una grande rapina » (Ensemble pour un grand casse), utilisé sur le plateau et même pour la bande-annonce, est gentiment moqué de la part de Lenzi puisque cette idée des producteurs ne correspondait pas du tout au film qu’il était en train de tourner. C’est le réalisateur lui-même qui a ensuite trouvé le titre définitif en s’inspirant bien sûr de Sergio Leone. Ne manquez pas ce rendez-vous bourré d’anecdotes intéressantes.

Réalisée peu de temps avant sa disparition, l’interview de Tomás Milián (13’) est également au programme. Aux côtés d’un chat tranquillement endormi, le comédien passe pas mal de temps à parler (en anglais) de son statut d’immense star en Italie, sur ses collaborations avec les plus grands et son triomphe dans les séries B. Milián s’attarde surtout sur ses diverses collaborations avec Umberto Lenzi, « un réalisateur qui avait besoin de travailler avec moi, car il était sûr de gagner de l’argent ». L’acteur se penche notamment sur sa relation avec le cinéaste, « un rapport amour-haine, car je refusais de faire ce qui ne me plaisait pas ». Dans la dernière partie de cet entretien, Tomás Milián aborde le côté défouloir d’incarner des salauds à l’écran, « cela permet de vider son sac et c’est donc plutôt relaxant », ainsi que sa participation aux dialogues pour ses personnages, en indiquant que chacune de ses trouvailles faisait le bonheur des spectateurs.

C’est avec une grande joie que nous découvrons ensuite un entretien avec le grand John Saxon (16’). Visiblement réalisée pour la télévision allemande, cette interview est étrangement présentée, mais les propos n’en demeurent pas moins spontanés, drôles et toujours intéressants. Tenant toujours la forme à 80 ans, le comédien évoque sa collaboration avec Tomás Milián (« avec qui cela s’est très bien passé »), Maurizio Merli (« qui parlait de lui à la troisième personne  et qui était très satisfait de lui-même […] une grande star, mais qui planait un peu »), Umberto Lenzi (« qui criait beaucoup et qui maudissait tout ce qu’il pouvait »). John Saxon se dit surpris par le regain d’intérêt pour le sous-genre polizieco, dont il savait le succès colossal dans les salles, mais qu’il n’allait pas voir au cinéma, préférant les films d’auteurs dans les petites salles souvent éloignées de la ville. Le comédien revient également sur sa carrière en Italie (dont son premier film La Fille qui en savait trop de Mario Bava en 1963) et son attachement pour le pays et sa culture, étant lui-même d’origine italienne.

Le plus long supplément de cette interactivité s’avère l’entretien avec Franco Micalizzi (36’). Le compositeur à qui l’on doit les thèmes de On l’appelle Trinita, Brigade spéciale, Le Cynique, l’Infâme, le Violent, Quand faut y aller, faut y aller et Attention les dégâts revient ici sur l’ensemble de sa carrière et ses rencontres déterminantes. Sa passion pour la musique, ses débuts, ses influences, sa passion pour le jazz, son travail à la maison de disques R.C.A., son arrivée dans l’industrie du cinéma, tous ces sujets sont abordés avec passion par Franco Micalizzi.

Le dernier bonus est une présentation du Cynique, l’Infâme et le Violent par Mike Malloy (11’). S’il recoupe l’essentiel des modules précédents, notre interlocuteur ne manque pas d’imagination pour parler du film qui nous intéresse avec notamment l’apparition d’un fan de Tomás Milián qui tente d’imposer le portrait de son comédien favori au moment où Malloy évoque Merli et Saxon.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale.

L’Image et le son

Alors là, chapeau ! Jusqu’alors inédit en DVD et Blu-ray, Le Cynique, l’Infâme et le Violent déboule en version restaurée et Haute-Définition chez The Ecstasy of Films. Dès le générique d’ouverture (en français), l’image, au format respecté 2.35, affiche une propreté remarquable et une stabilité jamais prise en défaut, la clarté est de mise, les couleurs sont restituées pimpantes, le grain cinéma bien géré, les contrastes riches, le piqué agréable. La définition flatte les mirettes, la compression demeure discrète. C’est superbe ! Le Blu-ray est au format 1080p.

Propre et dynamique, le mixage italien DTS HD Master Audio Mono ne fait pas d’esbroufe et restitue parfaitement les dialogues, laissant une belle place à la musique de Franco Micalizzi . Elle demeure la plus dynamique du lot, mais également la plus virulente et la plus frontale dans ses dialogues par rapport à son homologue à l’adaptation plus « légère ». La version française DTS HD Master Audio Mono pousse un peu trop les dialogues, légèrement chuintants, au détriment des effets annexes. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © OB Films / The Ecstasy of Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr