Test Blu-ray / Christmas Evil, réalisé par Lewis Jackson

CHRISTMAS EVIL réalisé par Lewis Jackson, disponible en DVD et Blu-ray le 1er décembre 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Brandon Maggart, Jeffrey DeMunn, Dianne Hull, Andy Fenwick, Brian Neville, Joe Jamrog, Wally Moran, Gus Salud…

Scénario : Lewis Jackson

Photographie : Ricardo Aronovich

Musique : Don Christensen, Joel Harris & Julia Heyward

Durée : 1h30

Année de sortie : 1980

LE FILM

Enfant, Harry surprend sa mère en plein ébat avec le Père Noël. Cette vision le hantera toute sa vie. Trente ans plus tard, Harry travaille dans une usine de jouets et son existence entière tourne autour du Père Noël. Il souhaite incarner l’innocence que représente à ses yeux cette figure, mais l’époque a changé et le cynisme règne en maître. Harry va alors endosser son costume et distribuer lui-même les cadeaux… ou les châtiments…

Cette année, vous avez intérêt à croire au Père Noël, sinon il vous « hottera » la vie. Si la tagline exagère un brin, puisque le film est assez sage, Christmas Evil, connu aussi sous le titre You Better Watch Out, ou bien encore Terreur au royaume des jouets chez nos amis canadiens, est à ce jour le dernier long-métrage du réalisateur Lewis Jackson. Sorti discrètement en 1980, cet opus a en fait été vendu comme un slasher, dans lequel un homme arbore le costume du Père Noël et s’en va trucider quelques individus qui n’ont sûrement pas été sages, alors qu’il ne s’agit pas du tout de ça. Christmas Evil est un thriller dramatique psychologique qui narre la folie d’un homme, à la fois fasciné et traumatisé par Noël, qui a tout simplement décidé de devenir celui par qui – normalement – le bonheur arrive le 25 décembre de chaque année. Sauf qu’à l’exception des gamins innocents, même si certains ne confirment pas cette règle, la plupart des adultes semblent avoir perdu leur fantaisie, leur joie de vivre et n’arrivent pas à profiter de ce jour unique. Un homme décide alors de revêtir l’habit rouge, de transformer son van en traîneau et d’aller fureter en ville le soir du réveillon, dans l’espoir de donner du plaisir à ses concitoyens. Mais évidemment, cela ne va pas se passer comme prévu. Christmas Evil n’est pas exempt de faiblesses et de maladresses. Toutefois, on comprend pourquoi le film de Lewis Jackson, très joliment photographié par Ricardo Aronovich (Le Souffle au cœur de Louis Malle, L’Attentat de Yves Boisset, L’important c’est d’aimer d’Andrzej Żuławski), a su marquer les esprits des spectateurs depuis quarante ans. En raison de son ton désabusé, par le portrait à la fois effrayant et bouleversant d’un homme au bout du rouleau, qui va se perdre en vivant son fantasme jusqu’au bout. « Cette année, laissez la cheminée allumée ! » disait la bande annonce. C’est un conseil auquel nous adhérons.

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Test Blu-ray / Madame Bovary, réalisé par Claude Chabrol

MADAME BOVARY réalisé par Claude Chabrol, disponible en DVD et Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Isabelle Huppert, Jean-François Balmer, Christophe Malavoy, Jean Yanne, Lucas Belvaux, Christiane Minazzoli, Jean-Louis Maury, Florent Gibassier…

Scénario : Claude Chabrol, d’après le roman de Gustave Flaubert

Photographie : Jean Rabier

Musique : Matthieu Chabrol

Durée : 2h23

Année de sortie : 1991

LE FILM

Au XIXe siècle, fille d’un paysan normand, Emma Bovary a été élevée par les religieuses dans un couvent élégant avant d’épouser un officier de santé. Nourrie de lectures romanesques, elle aspire à des amours romantiques et une vie de luxe que ne lui apportent ni son mari ni la bourgeoisie terne et pontifiante de la ville. Elle devient la maîtresse d’un hobereau local qui l’abandonne, puis d’un clerc de notaire, ainsi que la proie d’un marchand d’étoffes sans scrupules.

« Ardente. Romanesque. Naïve. Rêveuse. Amoureuse. Passionnée. Exaltée. Secrète. Infidèle. Révoltée. Provocante. Audacieuse. Désespérée. C’est Emma Bovary. » (extrait de la bande-annonce). Madame Bovary : Moeurs de province, plus connu sous son titre abrégé Madame Bovary est un des livres les plus célèbres de Gustave Flaubert (1821-1880). Paru en 1857, il s’agit d’une des oeuvres majeures de la littérature française, qui vaudra à son auteur d’être poursuivi pour atteinte aux bonnes moeurs. Le cinéma s’est très vite inspiré de Madame Bovary, roman réaliste et psychologique, puisque la première adaptation connue remonte à 1932. Jean Renoir a lui-même transposé le roman de Flaubert en 1933 avec Valentine Tessier et parmi les adaptations les plus connues citons celle de Vincente Minnelli tournée en 1949 avec Jennifer Jones et James Mason. Si Bollywood s’en est aussi inspiré, tout comme Posy Simmonds avec son roman graphique Gemma Bovery, adapté en 2014 par Anne Fontaine, sans oublier la dernière transposition en date – 2015 donc – sous la direction d’une réalisatrice française, Sophie Barthes, avec la diaphane Mia Wasikowska dans le rôle-titre, l’une des moutures les plus célèbres demeure sans aucun doute celle sortie en 1991 de Claude Chabrol avec Isabelle Huppert. Le réalisateur s’empare de ce monument, qui lui revenait pour ainsi dire de droit, et respecte scrupuleusement le texte de Flaubert, prenant le roman comme un scénario déjà tout prêt, Chabrol ayant souvent déclaré que l’écrivain avait toujours eu une prose cinématographique. Cette alliance parfaite entre un metteur en scène et sa comédienne font de Madame Bovary un des sommets de leurs carrières respectives.

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Test Blu-ray / Une affaire de femmes, réalisé par Claude Chabrol

UNE AFFAIRE DE FEMMES réalisé par Claude Chabrol, disponible en DVD et Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Isabelle Huppert, François Cluzet, Marie Trintignant, Nils Tavernier, Lolita Chammah, Aurore Gauvin, Guillaume Foutrier, Nicolas Foutrier, Marie Bunel, Dominique Blanc, Evelyne Didi, Dani…

Scénario : Claude Chabrol & Colo Tavernier O’Hagan, d’après le roman de Francis Szpiner

Photographie : Jean Rabier

Musique : Matthieu Chabrol

Durée : 1h48

Année de sortie : 1988

LE FILM

Par solidarité en ce début de guerre, Marie, mère de famille d’une trentaine d’années, va aider sa voisine à se débarrasser d’un enfant non désiré. Bientôt, c’est l’engrenage. Les ‘services’ de Marie se rétribueront et deviendront son gagne-pain. Mais, Marie, la faiseuse d’anges est dénoncée. Sous Vichy, une dénonciation équivaut à une exécution. Marie est arrêtée et condamnée.

Une affaire de femmes est l’un des plus grands succès de Claude Chabrol. Un million d’entrées en France, trois nominations aux César, Coupe Volpi de la meilleure actrice pour Isabelle Huppert à la Mostra de Venise, le réalisateur étant lui-même récompensé à deux reprises à ce même festival. Ceci sans compter les nominations et autres récompenses diverses (à Bogota, à Boston, aux Golden Globes, aux David di Donatello…), le film est un triomphe à travers le monde et la critique est très largement conquise. Sorti entre Le Cri du hibou, adaptation d’un roman de Patricia Highsmith qui a valu à Mathilda May le César du meilleur espoir féminin, et Jours tranquilles à Clichy, d’après le roman éponyme d’Henry Miller, Une affaire de femmes s’inspire lui aussi d’un livre écrit par l’avocat Francis Szpiner, tiré d’une d’une histoire vraie, celle de Marie-Louise Giraud (1903-1943), une des dernières femmes condamnées à mort en France par guillotine, dénoncée pour avoir effectué près d’une trentaine d’avortements illégaux sous l’occupation. Cette dernière, la seule « faiseuse d’anges » exécutée pour cette raison, est interprétée par Isabelle Huppert, dans sa deuxième collaboration avec Claude Chabrol, dix ans après Violette Nozière. Fabuleux portrait dressé d’une résistante malgré elle, Une affaire de femmes est une œuvre passionnante, dont la protagoniste n’est certes pas très sympathique, mais à laquelle la comédienne apporte une humanité, une force incroyable et son hypersensibilité. Assurément l’une des plus intenses prestations d’Isabelle Huppert.

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Test Blu-ray / Betty, réalisé par Claude Chabrol

BETTY réalisé par Claude Chabrol, disponible en DVD et Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Marie Trintignant, Stéphane Audran, Jean-François Garreaud, Yves Lambrecht, Christiane Minazzoli, Pierre Vernier, Nathalie Kousnetzoff, Pierre Martot…

Scénario : Claude Chabrol, d’après le roman de Georges Simenon

Photographie : Bernard Zitzermann

Musique : Matthieu Chabrol

Durée : 1h44

Année de sortie : 1992

LE FILM

Déjà très imbibée, Betty se retrouve dans un bar appelé « Le Trou ». Là, elle est prise sous la protection d’une habituée, Laure, elle aussi alcoolique. Ses discussions avec Laure l’amènent à replonger dans son passé. Comment a-t-elle pu se laisser chasser par son mari et sa famille, si respectables, et leur abandonner ses enfants ? Et maintenant, comment remonter la pente, comment sortir du « trou » ?

Rétrospectivement, Betty est le 45e long-métrage de Claude Chabrol, sa deuxième adaptation d’un roman de Georges Simenon et sa seconde collaboration avec Marie Trintignant. Le film se place entre Madame Bovary (1991) – auquel le film est étrangement lié dans sa thématique – et le documentaire L’Oeil de Vichy (1993). Et c’est aussi l’un des sommets de la carrière prolifique du cinéaste, qui offre ici à sa comédienne, l’un de ses plus grands rôles. Magnétique, quasiment de tous les plans, dans chaque scène, elle électrise, vampirise l’écran du début à la fin, accroche le spectateur dès sa première apparition, qui littéralement hypnotisé par son regard noyé d’alcool, sa voix éraillée par les litres de liquide brun qu’elle ingurgite sans reprendre son souffle, si ce n’est pour prendre une taffe d’une cigarette toujours allumée sur le coin d’une table ou à même le comptoir. Betty est une femme qui a un passé, un avenir on ne sait pas encore et même le présent est incertain tant celui ne se résume qu’à la multiplication des verres de whisky qu’elle s’enfile les uns à la suite des autres. Quand soudain, elle fait la rencontre inattendue d’une femme qui lui renvoie son propre reflet, mais avec quelques années de plus. Ce sera un évènement catalyseur dans la vie de Betty, qui va faire un point sur son existence, en se débarrassant déjà d’un passé encore vivace, qui l’englue dans la bibine qu’on imagine frelatée et qui parvient à peine à l’anesthésier comme elle le souhaiterait. Forcément, on pense à la fin tragique de Marie Trintignant devant Betty, réalisé onze ans avant sa disparition certes, mais où l’on ne peut s’empêcher d’être encore plus bouleversé devant la magistrale prestation de cette actrice singulière, qui n’avait qu’à apparaître à l’écran pour nous bousculer. Difficile de ne pas s’apitoyer sur le sort de Betty, même si l’on découvre petit à petit comment elle en est arrivée là et qu’elle n’est pas innocente dans l’événement qui a précipité son « exil », le rejet de sa famille. Betty est assurément l’un des chefs d’oeuvre de Claude Chabrol, qui s’empare à bras le corps et avec virtuosité du livre de Georges Simenon pour prolonger sa propre réflexion sur ses thèmes de prédilection.

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Test Blu-ray / Umberto D., réalisé par Vittorio De Sica

UMBERTO D. réalisé par Vittorio De Sica, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Carlo Battisti, Maria-Pia Casilio, Lina Gennari, Ileana Simova, Elena Rea, Memmo Carotenuto…

Scénario : Cesare Zavattini

Photographie : G.R. Aldo

Musique : Alessandro Cicognini

Durée : 1h25

Année de sortie : 1952

LE FILM

Fonctionnaire à la retraite, Umberto D. ne parvient plus à subvenir à ses besoins. Ayant pour seul refuge une pension en piteux état, il occupe ses journées à chercher de l’argent, accompagné par son fidèle chien Flike.

Depuis 1946, Vittorio De Sica a enchaîné Sciuscià, Le Voleur de bicyclette et Miracle à Milan. Figure emblématique du néoréalisme, le cinéaste et comédien a conquis le monde entier avec ces trois longs-métrages, qui lui ont valu l’Oscar du meilleur film étranger en 1947 et en 1949 pour les deux premiers, et la Palme d’or au 4e Festival de Cannes (ex-æquo avec Mademoiselle Julie d’Alf Sjöberg) pour le troisième. Cela fait une dizaine d’années que Vittorio de Sica compile les rôles comiques qui l’ont rendu très populaires au cinéma comme au théâtre. Au début des années 40, le comédien s’essaye à la mise en scène avec Madeleine, zéro de conduite – Maddalena, zero in condotta, Roses écarlates – Rose scarlatte et Mademoiselle VendrediTeresa Venerdì qui révèle Anna Magnani. Si ces trois comédies restent anecdotiques, c’est avec Les Enfants nous regardent – I bambini ci guardano, où il n’apparaît pas et par ailleurs son premier film dramatique, que naît le grand metteur en scène et l’un des pères fondateurs du néoréalisme. C’est aussi sur ce film que naît sa collaboration avec le scénariste Cesare Zavattini. Rétrospectivement, Umberto D. est la fin d’un cycle qui a démarré sur des enfants et se clôt en se concentrant sur la vieillesse d’un homme. Pourtant, on y retrouve une fois de plus les thèmes de prédilection du cinéaste, même si le monde des adultes vu à travers les yeux d’un d’enfant et l’enfance malheureuse sont cette fois remplacés par le point de vue d’un vieillard, comme si rien n’avait changé ou plutôt comme si tout était immuable peu importe l’âge. Les films se rejoignent par les sujets de la fin de l’insouciance, de la difficulté du quotidien, de la solitude et des lendemains incertains. Umberto D. est inspiré en partie par le propre père de Vittorio De Sica, dont le père s’appelait Umberto De Sica (à qui le film est dédié), là où le personnage se prénomme Umberto Domenico Ferrari dans le film. Ce sublime mélodrame, pilier fondamental dans la filmographie conséquente et importante du réalisateur met à nouveau en avant les problèmes de la société italienne, dont la politique n’a de cesse de creuser le fossé entre les classes sociales. Le final « ouvert » qui peut laisser perplexe démontre en réalité que l’homme doit accepter à se résigner. Umberto D. est donc la fin d’un cycle, d’une ère, d’un genre, et surtout un monument du cinéma italien et international.

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Test Blu-ray / Contes cruels de la jeunesse, réalisé par Nagisa Ôshima

CONTES CRUELS DE LA JEUNESSE (Seishun zankoku monogatari) réalisé par Nagisa Ôshima, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Yusuke Kawazu, Miyuki Kuwano, Yoshiko Kuga, Fumio Watanabe, Shinji Tanaka, Yosuke Hayashi, Shinjiro Matsuzaki, Toshiko Kobayashi…

Scénario : Nagisa Ôshima

Photographie : Takashi Kawamata

Musique : Riichiro Manabe

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Makoto Shinjo, une jeune femme sans repères, s’offre à des hommes d’âge mûr, en général des automobilistes de passage. Un jour, l’un d’eux la violente. Elle est secourue par Kiyoshi Fujii, un voyou, qui extorque un peu d’argent au conducteur en échange de son silence. Les deux marginaux se revoient, entament une liaison, violente. Ils mettent au point une combine de chantage où Makoto séduirait des inconnus et Kiyoshi les ferait chanter.

Nagisa Ôshima (1932-2013) est mondialement célèbre pour Nuit et brouillard du Japon (1960), Furyo (1983) et bien évidemment L’Empire des sens (1976). Les films du réalisateur japonais, diplômé en droit, politiques et transgressifs, auront toujours été accompagnés d’un parfum de scandale. Le public occidental connaît moins ses premières œuvres, en particulier ladite trilogie de la « jeunesse », constituée d’Une ville d’amour et d’espoir – alias Le Garçon vendeur de colombes – mis en scène en 1959, Contes cruels de la jeunesse (1960) et L’Enterrement du soleil (1960). L’opus qui nous intéressera aujourd’hui est le second. Âgé de 28 ans au moment du tournage, le cinéaste est alors en prise avec son époque, écoute ceux de son âge et même les plus jeunes, là où ses confrères de la génération précédente se contentaient de les entendre, pour ensuite dépeindre leurs désirs et leurs états d’âme avec un décalage peu représentatif du Japon contemporain. Avec Contes cruels de la jeunesse, Nagisa Ôshima plonge sa caméra portée dans les rues de Tokyo (les vraies, pas celles reconstituées en studio), observe les adolescents et les vingtenaires, hommes et femmes, qui tentent de (sur)vivre avec peu de repères, des piliers déjà branlants, un avenir incertain s’ouvrant devant eux. Entre La Fureur de vivre Rebel Without a Cause (1955), pour la peinture d’une jeunesse en crise, et À bout de souffle (1960) de Jean-Luc Godard – bombe atomique dont les retombées se faisaient ressentir dans tous les pays du monde – pour sa liberté formelle (et comme Makoto, que Kiyoshi empêche de rejoindre le bord alors qu’elle ne sait pas nager), le réalisateur trouve les vecteurs pour s’exprimer et laisser témoigner ouvertement une partie de la population à qui on avait jusqu’à présent imposé de se taire.

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Test Blu-ray / Cheerful Wind, réalisé par Hou Hsiao-hsien

CHEERFUL WIND (Feng er ti ta cai – 風兒踢踏踩) réalisé par Hou Hsiao-hsien, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Feng Fei Fei, Kenny Bee, Anthony Chan, Ying Shih, Chou Wan-Sheng, Ling Wu, Chen Yin-Hao, Chuang Hui-Fen…

Scénario : Yao Chiung & Hou Hsiao-Hsien

Photographie : Chen Kun-Hou

Musique : Lin Tsan-Ching

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Hsing-hui travaille comme assistante photographe sur le tournage d’une publicité. Elle fait la rencontre de Chin-tai, un aveugle dont elle tombe amoureuse alors qu’elle vient d’entamer une liaison avec le directeur de l’agence qui l’emploie. Lorsque ce dernier propose à Hsing-hui de l’accompagner avec lui en Europe, la jeune femme doit alors choisir entre l’amour et son rêve le plus cher…

Bien avant Les Fleurs de Shanghai (1998), Millenium Mambo (2001), Café Lumière (2003), Three Times (2005), Le Voyage du ballon rouge (2007) et The Assassin (2015), le réalisateur et chef de file du cinéma d’auteur taïwanais Hou Hsiao-hsien (né en 1947) ou HHH pour les intimes cinéphiles, faisait ses premières armes au cinéma en 1980 avec Cute Girl, dans lequel une jeune fille issue d’une famille riche, amoureuse d’un jeune homme de condition modeste, était forcée de se marier avec le fils d’un industriel. L’année suivante, le cinéaste retrouve les trois interprètes – et par ailleurs artistes de pop-variété – de son film précédent, Feng Fei Fei, Kenny Bee et Anthony Chan, pour une nouvelle comédie-romantico-sentimentale intitulée Cheerful Wind, son second long-métrage. Alors bien sûr, les passionnés du cinéma asiatique essaieront de chercher ce qui fera de Hou Hsiao-hsien l’un des metteurs en scène et auteur chinois les plus importants, mais force est de constater que rien ou très peu d’éléments pourront rapprocher Cheerful Wind des Garçons de Fengkuei (1983), Un été chez grand-père (1984), Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985) et Poussières dans le vent (1986), quatre œuvres autobiographiques qui viendront après L’Herbe verte de chez nous (1983), dernier volet de la « trilogie romantique ». Toutefois, ce film de jeunesse, même si HHH avait près de 35 ans, demeure léger comme une bulle de savon, un divertissement drôle, sympathique et on ne peut plus attachant, qui ressemble pour ainsi dire à un manhua live (autrement dit une BD chinoise), très élégant, marqué par la fraîcheur, l’alchimie et la spontanéité de ses comédiens.

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Test Blu-ray / Cure, réalisé par Kiyoshi Kurosawa

CURE (Kyua – キュア) réalisé par Kiyoshi Kurosawa, disponible en DVD et Blu-ray le 28 juillet 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Koji Yakusho, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa, Masato Hagiwara, Yoriko Douguchi, Yukijiro Hotaru, Denden, Ren Osugi…

Scénario : Kiyoshi Kurosawa

Photographie : Tokushô Kikumura

Musique : Geiri Ashiya

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1999

LE FILM

Un officier de police, Takabe, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un jeune vagabond est arrêté près de l’endroit où a été retrouvé le dernier corps. Il est vite identifié comme un ancien étudiant en psychologie, devenu fou et ayant d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels…

Cure, réalisé en 1997 par le cinéaste japonais Kiyoshi Kurosawa (né en 1955 et aucun lien de parenté avec Akira), est le film avec lequel ce dernier allait être révélé sur la scène internationale. L’artiste considéré aujourd’hui comme faisant partie des leaders du renouveau du cinéma nippon, au même titre que ses confrères Hideo Nakata et Shinya Tsukamoto, se place à la lisière des genres et des influences, inspiré à la fois par la Nouvelle Vague japonaise des années 1960-70 (Yoshida, Imamura, Oshima), mais aussi par le cinéma hollywoodien, en particulier par le film de genre US représenté par John Carpenter, George Romero, Richard Fleischer, Tobe Hooper et Don Siegel. Dès les années 1970, Kiyoshi Kurosawa enchaîne les courts-métrages, avant de passer au format long, puis de tourner pour la télévision. Prolifique (trop diront certains, et ils auront sans doute raison), le réalisateur aime le septième art, visionne pléthore de films, autant de chefs d’oeuvre reconnus que de séries B-Z improbables qu’il affectionne tout autant, même si le fantastique et l’horreur demeurent ses genres de prédilection. Dans les années 1990, les triomphes rencontrés par Le Silence des agneaux The Silence of the Lambs de Jonathan Demme et Seven de David Fincher rendent compte du nouvel attrait des spectateurs pour les thrillers psychologiques placés sous tension et centrés sur des tueurs en série. Ces deux références s’imposent évidemment aussi au Japon et créent moult ersatz. Cure en est assurément un. Ce sera le film de la reconnaissance pour Kiyoshi Kurosawa (son quinzième long-métrage), aussi bien dans son pays que dans le reste du monde où Cure est projeté dans de nombreux festivals et même encensé par un Martin Scorsese dithyrambique. Près d’un quart de siècle après sa sortie, on ne peut pas dire cependant que ce polar sensoriel ait bien vieilli, même s’il reste marqué par quelques indéniables fulgurances.

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Test Blu-ray / The Addiction, réalisé par Abel Ferrara

THE ADDICTION réalisé par Abel Ferrara, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Lili Taylor, Christopher Walken, Annabella Sciorra, Edie Falco, Paul Calderon, Fredro Starr, Kathryn Erbe, Michael Imperioli…

Scénario : Nicholas St. John

Photographie : Ken Kelsch

Musique : Joe Delia

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Brillante étudiante en philosophie à l’Université de New York, Kathleen prépare activement sa thèse de doctorat. Un soir, elle croise sur son chemin une étrange et séduisante femme qui la conduit de force dans une impasse avant de la mordre au cou. Bientôt, Kathleen va développer un appétit féroce pour le sang humain qu’elle assouvira en attaquant ses proches ou des inconnus…

Si la dope a longtemps irrigué les veines d’Abel Ferrara, elle a également parcouru celles de son cinéma. Au début des années 1990, le cinéaste atteint la quarantaine et entame la décennie durant laquelle il signera ses films les plus célèbres. En l’espace de quatre ans, il enchaînera ainsi The King of New York, Bad Lieutenant, Body Snatchers et Snake Eyes. Si les trois premiers obtiennent les faveurs du public et s’accompagnent d’un engouement massif de la critique, Snake Eyes se solde par un échec commercial grave. Devenant de plus en plus accro à la drogue et à l’alcool, Abel Ferrara décide de se lancer dans une production minuscule, tournée en N&B, intitulée The Addiction. Sous couvert de réaliser un petit film d’horreur en prenant pour protagoniste une jeune femme devenant vampire, Abel Ferrara se penche bien évidemment sur la dépendance aux stupéfiants qui contaminent non seulement ses proches, mais aussi sa propre personne et même son travail. Loin de toutes pressions, à l’exception de celle exercée sur le piston de sa seringue, Abel Ferrara signe ce qui sera l’un des sommets de sa carrière. Une réussite absolue, une perfection visuelle, un magnétisme troublant, une interprétation magistrale, un propos passionnant, un chef d’oeuvre intense.

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Test Blu-ray / Le Petit Fugitif, réalisé par Ray Ashley, Morris Engel & Ruth Orkin

LE PETIT FUGITIF (Little Fugitive) réalisé par Ray Ashley, Morris Engel & Ruth Orkin, disponible en Blu-ray le 10 mars 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Richard Brewster, Winifred Cushing, Jay Williams, Will Lee, Charlie Moss, Tommy DeCanio, Richie Andrusco…

Scénario : Ray Ashley, Morris Engel & Ruth Orkin

Photographie : Morris Engel

Musique : Eddy Lawrence Manson

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

Brooklyn dans les années cinquante. La mère de Lennie lui confie la garde de son petit frère Joey car elle doit se rendre au chevet de la grand-mère, malade. Lennie avait prévu de passer le week-end avec ses amis. Irrité de devoir emmener son petit frère partout avec lui, il décide de lui jouer un tour en simulant un accident de carabine sur un terrain vague. Persuadé d’avoir causé la mort de son frère, Joey s’enfuit à Coney Island, immense plage new-yorkaise dédiée aux manèges et à l’amusement. Il va passer une journée et une nuit d’errance au milieu de la foule et des attractions foraines…

Près de soixante dix ans après sa sortie, Le Petit FugitifLittle Fugitive demeure une œuvre emblématique, d’une folle modernité et une pierre fondatrice dit du cinéma vérité. Le film réalisé par Morris Engel (1918-2005), Ruth Orkin (1921-1985) et Ray Ashley (1911-1960) s’inscrit dans l’anthologie du cinéma au même titre que Rome, ville ouverteRoma città aperta (1945) de Roberto Rossellini pour le néoréalisme, Les 400 coups de François Truffaut et A bout de souffle de Jean-Luc Godard pour la Nouvelle Vague. En cette année 1953, un vent nouveau souffle sur le cinéma. Tandis qu’Ingmar Bergman impose un style narratif épuré avec son chef d’œuvre Monika, un petit film est réalisé en totale indépendance à Coney Island par une équipe réduite, une caméra miniature 35 mm mise au point afin de faciliter les prises de vue, et un petit garçon de 7 ans qui en est le protagoniste. Ouvertement autobiographique, Le Petit Fugitif s’inspire des souvenirs d’enfance de Morris Engel, ancien enfant des rues de Brooklyn, fils d’une mère veuve et frère de trois sœurs, souvent livrés à eux-mêmes. Considéré comme un des maillons fondateurs du cinéma indépendant américain, nombreux sont les cinéastes qui allaient prendre ce nouveau courant en marche comme John Cassavetes avec Shadows.

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