Test Blu-ray / Échec au gang, réalisé par Umberto Lenzi

ÉCHEC AU GANG (La Banda del Gobbo) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Tomas Milian, Pino Colizzi, Isa Danieli, Guido Leontini, Solvi Stubing, Luciano Catenacci, Carlo Gaddi, Alessandra Cardini, Sal Borgese…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Federico Zanni

Musique : Franco Micalizzi

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Le criminel italien surnommé le Bossu retourne à Rome après son emprisonnement en Corse. Avec son jeune frère et d’autres complices, il envisage un raid sur un camion blindé. Mais les choses tournent mal.

Outre Nico Giraldi, personnage de flic à la Serpico qu’il a incarné près d’une douzaine de fois de 1976 à 1985, de Flics en jeans Squadra antiscippo à Pas folle, le flic Delitto al Blue Gay, tous réalisés par Bruno Corbucci, l’autre rôle récurrent ayant largement contribué à la renommée de Tomás Milián en Italie demeure « Poubelle ». Le comédien aura interprété « Er Monnezza » à trois reprises, dans La Mort en sursis Il trucido e lo sbirro (1976) et Échec au gang La Banda del Gobbo (1978) d’Umberto Lenzi et L’Exécuteur vous salue bienLa Banda del trucido (1977) de Stelvio Massi et reste aujourd’hui iconique avec sa chevelure bouclée (la même perruque qu’Alain Delon dans Le Gang sans doute), des yeux surlignés d’eyeliner, ses Adidas claires et sa dégaine de prolo romain, tandis que l’acteur Ferruccio Amendola (également la voix de Robert De Niro, Al Pacino, Sylvester Stallone…) lui apportait son accent et son phrasé inimitables. Échec au gang apparaît comme un caprice, ou comment Tomás Milián surfait encore sur ses succès précédents, tout en tâchant d’innover autant que faire se peut ici en campant un double-rôle, deux frères, notre Sergio Marazzi, alias Poubelle donc, mais aussi cette fois-ci son frangin, le Bossu, déjà apparu dans Brigade spéciale Roma a mano armata en 1976…même s’il ne s’appelait pas Vincenzo Marazzi, mais Vincenzo Moretto. Allez comprendre. Ces deux frères jumeaux sont réunis grâce à la magie des effets spéciaux rudimentaires (rien d’exceptionnel, Louis Jouvet se dédoublait de la même façon trente ans avant dans Copie conforme), en gros l’écran a été divisé en deux parties pour ainsi permettre à Tomás Milián d’apparaître en même temps, dans le même cadre, à la fois dans la peau de Vincenzo et dans celle de Sergio, pour un dernier baroud d’honneur, y compris pour le tandem Lenzi-Milián, après six collaborations. Il en résulte une comédie-policière certes sympathique, mais nullement indispensable, à moins d’être un fou furieux du cubain protéiforme, dont le cabotinage de génie annonçait alors celui d’un Nicolas Cage sous substances. Divertissant, Échec au gang vaut essentiellement pour cette double prestation, plutôt que son histoire qui peine à convaincre sur la durée.

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Test Blu-ray / Race for Glory, réalisé par Stefano Mordini

RACE FOR GLORY (Audi Vs Lancia) réalisé par Stefano Mordini, disponible en DVD & Blu-ray le 7 juin 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Riccardo Scamarcio, Daniel Brühl, Katie Clarkson-Hill, Volker Bruch, Esther Garrel, Bruno Gouery, Carlotta Verny, Jacopo Rampini…

Scénario : Filippo Bologna, Stefano Mordini & Riccardo Scamarcio

Photographie : Luigi Martinucci

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

1983, la rivalité est à son paroxysme, entre l’écurie italienne Lancia, dirigée par le charismatique Cesare Fiorio et la puissante équipe allemande Audi, dirigée par le redoutable Roland Gumpert. Mais, c’est sur le terrain, pilotées respectivement par Walter Röhrl et Hannu Mikkola, que leurs voitures : la Lancia Rally 037 et l’Audi Quattro, les départageront durant un championnat du monde des rallyes devenu légendaire.

Entre le sport automobile et le cinéma, ça n’a jamais vraiment été une histoire d’amour et rares sont les films traitant ce sujet qui sont véritablement passés à la postérité. On peut citer en vrac Grand Prix (1966) de John Frankenheimer, Virages (1969) de James Goldstone, Le Mans (1971) de Lee H. Katzin, Gonflés à bloc (1969) de Ken Annakin, Jours de tonnerre (1990) de Tony Scott, Driven (2001) de Renny Harlin, Michel Vaillant (2003) de Louis-Pascal Couvelaire, Speed Racer (2008) des sœurs Wachowski, Rush (2013) de Ron Howard et Gran Turismo (2023) de Neill Blomkamp. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, on en oublie évidemment certains. Même l’Italie vient de livrer son opus, Race for Glory, surfant probablement sur le beau succès rencontré par Le Mans 66 (2019) de James Mangold, y compris dans son titre original, Audi Vs Lancia. Projet mené du début à la fin par le comédien Riccardo Scamarcio, qui officie ici comme interprète principal, coscénariste et coproducteur, Race for Glory rappelle parfois le côté opportuniste du cinéma d’exploitation des années 1970-80, qui recopiait les succès étrangers, passés à la sauce pesto. Audi Vs Lancia n’a rien de déshonorant, s’avère même sympathique à plus d’un titre, patine certes au niveau de sa mise en scène, mais repose sur des acteurs attachants et une histoire certes très classique (et essentiellement tirée de faits réels), mais bien menée et divertissante.

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Test Blu-ray / Blastfighter, l’éxécuteur, réalisé par Lamberto Bava

BLASTFIGHTER, L’ÉXÉCUTEUR (Blastfighter) réalisé par Lamberto Bava, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman, Stefano Mingardo, Ottaviano Dell’Acqua, Massimo Vanni, Elizabeth Forbes, Michele Soavi, George Williams…

Scénario : Luca De Rita & Massimo De Rita, d’après une histoire originale de Morando Morandini Jr. & Dardano Sacchetti

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Fabio Frizzi

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Pour avoir fait justice lui-même, Jake « Tiger » Sharp a été condamné à dix ans de prison. À sa sortie, l’ex-policier d’Atlanta retrouve son camarade Jerry, qui lui offre un fusil SPAS-12, arme de guerre aux effets dévastateurs. Alors qu’il était décidé à se venger du procureur véreux qui l’a fait condamner, Jake choisit de poser les armes. Il se retire dans le cabanon familial situé dans les Appalaches, pensant y couler des jours paisibles. Mais il se retrouve bientôt confronté à une bande de dangereux braconniers et au retour inopiné de son passé…

À peine sorti de taule, l’ami Jack se voit confier une arme hi-tech, qui se présente ainsi « une sorte d’arme anti-émeutes, d’une capacité de huit coups en semi-automatique ou manuel, qui lance des fumigènes, des fusées éclairantes, des cartouches de dissuasion, perforantes, au phosphore, au mercure, des grenailles, des plombs, des balles perce-blindage, des fléchettes, des grenades, des lacrymos et des explosifs ». Pratique si jamais Jack voulait aller taquiner le goujon durant sa retraite ! Et s’il désirait pêcher de nuit, pas de problème, le viseur électronique est doté d’un intensificateur et d’une vision nocturne à infrarouge ! Mais on comprend très vite que ce fusil de combat rapproché (fabriqué par une société italienne, cela va de soi), qui sera repris dans Hitcher, RoboCop, Ghost of Mars et consorts, ne sera pas seulement utile à Jack pour passer du bon temps à la campagne. Car nous sommes dans une grosse série B transalpine, qui s’inspire comme d’habitude de ce qui fonctionne au cinéma des deux côtés de l’Atlantique. Cette fois, c’est Délivrance et Rambo qui en prennent pour leur grade, avec les moyens du bord. Blastfighter a été quasi-intégralement tourné aux États-Unis, en Géorgie, à l’exception des scènes en intérieur capturées en studio à Rome. Si le film prend un peu de temps à démarrer, cette « Force of Vengeance » s’avère on ne peut plus généreux quand l’action se met en route, en frôlant souvent le nawak, mais l’ensemble est bien mis en scène par un Lamberto Bava (ou « John Old Jr. » ici) encore au début de sa carrière de réalisateur et qui fait preuve de savoir-faire derrière la caméra. Un bon ride.

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Test 4K UHD / Expendables 4, réalisé par Scott Waugh

EXPENDABLES 4 (Expend4bles) réalisé par Scott Waugh, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 15 février 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Sylvester Stallone, Jason Statham, 50 Cent, Megan Fox, Dolph Lundgren, Tony Jaa, Iko Uwais, Andy Garcia, Randy Couture, Levy Tran…

Scénario : Kurt Wimmer, Tad Daggerhart & Max Adams

Photographie : Tim Maurice-Jones

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Les Expendables sont envoyés en Libye pour empêcher le mercenaire Suarto Rahmat de voler des têtes nucléaires pour le compte d’un mystérieux terroriste nommé Ocelot, que Barney Ross n’avait pas réussi à appréhender 25 ans auparavant. Barney mène donc son équipe, composée des membres habituels (Lee Christmas, Toll Road et Gunner Jensen), avec de nouveaux venus comme Easy Day et Galan, le fils de Galgo. Cependant, ils sont mis hors d’état de nuire lorsque tous leurs véhicules sont détruits lors de la lutte qui s’ensuit. Lorsque Rahmat abat leur avion, l’équipe trouve le corps brûlé de Barney dans les décombres, identifié par sa bague.

Bon…On ne tire pas sur l’ambulance. Mais avouez parfois que c’est tentant. Après les triomphes d’Expendables – Unité spéciale (275 millions de dollars de recettes) et Expendables 2 (300 millions), un troisième volet avait rapidement été mis en route. Malgré la réunion de la crème de la crème des films d’action, la précédente mission des « Sacrifiés » (comme on dit au Québec) avait connu un sacré revers au box-office avec seulement 39 millions de dollars de recette sur le sol américain, là où le premier dépassait la barre des cent millions et où le second la frôlait de près. Nous étions donc loin de penser que la bande à Stallone referait surface et tout ce gang de bras cassés aurait mieux fait de s’abstenir. Sly a d’ailleurs préféré laisser le scénario à d’autres, il était déjà occupé à signer ceux de Rambo:Last Blood et Creed 2 sur un papier OCB, tout en voyant les manettes confiées à un type du nom de Scott Waugh (Patrick Hughes devait revenir, avant de finalement décliner), réalisateur de Need for Speed, succès surprise de 2014, secondé par son confrère Brian Smrz, metteur en scène du pitoyable 24H Limit. Et n’imaginez pas que Sylvester Stallone en profite pour se consacrer pleinement aux scènes d’action non, car sur 105 minutes celui-ci n’apparaît en tout et pour tout qu’un petit quart d’heure, durée qu’il lui faut pour essayer d’enfourcher sa bécane. L’« intérêt » d’Expend4bles était d’illustrer le passage de relais entre Barney Ross et Lee Christmas, autrement dit entre Sly et Jason Statham. Seulement voilà, cela semble avoir été fait depuis belle lurette et rien, absolument rien n’est à sauver dans ce quatrième et on espère dernier volet de cette franchise qui ne laissera pas un grand souvenir alors qu’il y avait au départ tout pour en faire un monument de la pop culture.

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Test Blu-ray / Silent Night, réalisé par John Woo

SILENT NIGHT réalisé par John Woo, disponible en DVD & Blu-ray le 29 février 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Joel Kinnaman, Catalina Sandino Moreno, Kid Cudi, Harold Torres, Vinny O’Brien, Yoko Hamamura, Anthony Giulietti, John Pollack…

Scénario : Robert Archer Lynn

Photographie : Sharone Meir

Musique : Marco Beltrami

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

En couple avec Saya, Brian Godlock est un père de famille comme tout le monde. En cette veille des fêtes de fin d’année, son jeune fils est tué, victime collatérale d’une guerre des gangs. Godlock va alors décider de se venger. Ignorant tous les codes, il va devoir se rendre dans les bas-fonds de la pègre et dans ce monde qu’il ne connaît pas, pour tuer les responsables de la mort de son enfant.

Pourquoi tant de haine autour du dernier long-métrage en date de John Woo ? Vingt ans après Paycheck, le réalisateur chinois fait son retour à Hollywood pour un nouveau film d’action, qui présente pour particularité de ne comprendre aucun dialogue, si ce n’est en fond, par radio ou à la télévision. Même chose, on a beaucoup entendu qu’il s’agissait d’un opus au rabais, pourtant Silent Night n’a rien d’un « John Wish », même s’il est inévitable de penser à la saga avec Keanu Reeves. En fait, il s’agit ici d’un mix entre John Wick (avec les mêmes producteurs Erica Lee et Basil Iwanyk aux manettes) et Un justicier dans la ville et le maître hongkongais (né en 1946) ne s’en cache pas, il connaît bien sûr les clichés inévitables, qu’il n’évite pas, mais qu’il embrasse au contraire avec une totale décontraction. Évidemment, ceux qui s’attendent à retrouver la virtuosité du Syndicat du crime, The Killer, Une balle dans la tête et bien d’autres seront sans doute déçus, pourtant, le cinéaste renoue avec l’efficacité plus édulcorée dirons-nous qui avait fait ses preuves dans Chasse à l’homme, Broken Arrow, Volte-Face et Mission impossible 2. Il n’y a rien de déshonorant dans Silent Night, le film étonne même par son émotion et la belle installation des personnages dans le premier acte, malgré son absence quasi-totale de dialogues et qui repose entre autres sur l’intense prestation du suédois Joel Kinnaman. Un bon ride, un divertissement soigné, un spectacle haut de gamme.

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Test Blu-ray / Le Prince et le Pauvre, réalisé par Richard Fleischer

LE PRINCE ET LE PAUVRE (Crossed Swords – The Prince and the Pauper), réalisé par Richard Fleischer, disponible en combo Blu-ray/DVD le 31 janvier 2024 chez Studiocanal.

Acteurs : Oliver Reed, Raquel Welch, Mark Lester, Ernest Borgnine, George C. Scott, Rex Harrison, David Hemmings, Harry Andrews…

Scénario : Berta Domínguez D., Pierre Spengler & George MacDonald Fraser, d’après le roman de Mark Twain

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un jeune voleur, pour échapper à la police, escalade un mur et se retrouve face à face avec le prince Edward, dont il est le parfait sosie. Pour une nuit, les deux garçons vont échanger leur vie. Mais il est aussi difficile pour le prince de se retrouver dans la rue que pour le pauvre d’être au palais !

Quand il réalise Le Prince et le PauvreThe Prince and the Pauper (ou bien encore Crossed Swords aux États-Unis) en 1977, Richard Fleischer a déjà trente ans de cinéma derrière-lui et amorce la toute dernière partie de sa carrière. Deux ans après le terrible échec critique de l’extraordinaire Mandingo, le cinéaste, qui était alors toujours en quête de reconnaissance et qui misait sur ce film qu’il attendait comme étant celui qu’il avait voulu faire toute sa vie, dépose les armes et retourne à son « simple » statut de metteur en scène, à défaut d’être considéré comme un auteur. Il enchaîne avec un biopic consacré à Sarah Bernhardt, The Incredible Sarah, interprété par Glenda Jackson, puis il est appelé par les producteurs Pierre Spengler et Ilya Salkind, qui avaient financé l’étonnant Kill de Romain Gary et qui prévoyaient de monter un budget conséquent pour Superman, pour prendre les manettes du Prince et le Pauvre. Ilya Salkind et son père Alexander avaient connu deux triomphes dans le monde entier avec Les Trois Mousquetaires et On l’appelait Milady, divertissements quasi-anachroniques, qui avaient pourtant explosé le box-office aussi bien en Europe que sur le sol américain. La tentation était trop grande de surfer sur ce genre inattendu et cette adaptation du roman de Mark Twain, écrite par le même scénariste George MacDonald Fraser, tombait à point nommé. S’il ne fait pas et ne fera jamais partie des films les plus célèbres de Richard Fleischer, Le Prince et le Pauvre n’en reste pas moins un spectacle mené à cent à l’heure, porté par un casting exceptionnel (en dehors de Mark Lester certes, nous y reviendrons) et marqué par des scènes d’action solidement emballées par un artiste et artisan, qui s’il avait dû mettre ses ambitions de côté, n’a jamais renié son travail et s’est toujours acquitté élégamment de la tâche qui lui était confiée.

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Test Blu-ray / Eve of Destruction, réalisé par Duncan Gibbins

EVE OF DESTRUCTION réalisé par Duncan Gibbins, disponible en Blu-ray depuis le 1er octobre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Renée Soutendijk, Gregory Hines, Michael Greene, Kurt Fuller, John M. Jackson Loren Haynes Nelson Mashita Alan Haufrect…

Scénario : Duncan Gibbins & Yale Udoff

Photographie : Alan Hume

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

En marge de ses programmes plus traditionnels, l’armée américaine travaille dans le plus grand secret à la fabrication de robots censés imiter à la perfection l’apparence et la personnalité humaines, dédiés à la surveillance, au combat rapproché, voire à la destruction massive. Responsable de ce département, le docteur Eve Simmons a notamment créé un modèle féminin à son image : « Eve VIII » ; son propre background mental ayant même servi à construire l’habitus du cyborg. Mais alors qu’on teste ce dernier à l’extérieur sous surveillance, un incident fâcheux le fait échapper au contrôle de ses créateurs.

L’histoire de Duncan Gibbins n’est pas très heureuse. Auteur d’une grosse poignée de vidéoclips pour George Michael, Bananarama, Eurythmics et quelques autres, sa filmographie ne comporte que trois longs-métrages, dont deux dédiés au grand écran (et encore : pas dans tous les pays). Aucun n’effectuera la percée tant attendue en dépit de qualités certaines. L’émouvante Virginia Madsen aura accompagné les premiers pas au cinéma d’au moins deux clippeurs de talent : le prolifique et surdoué Steve Barron en 1984 pour son Electric Dreams (dans lequel elle partageait l’affiche avec feu Lenny von Dohlen) et donc, deux ans plus tard, Duncan Gibbins pour Fire With Fire, une production modeste mais fort estimable où une jeune fille cloîtrée dans un sévère institut catholique et un jeune délinquant purgeant sa peine dans un centre en milieu ouvert décident de s’évader ensemble, au mépris de toutes les autorités qui s’interposent. Cette fois, son partenaire est Craig Sheffer (par la suite, les deux comédiens s’illustreront chacun de leur côté dans l’univers de Clive Barker : Madsen en héroïne de Candyman ; Sheffer en héros de Cabal). Le film de Gibbins rapporte moins de 5 millions de dollars et il lui faudra cinq ans de plus pour revenir au cinéma avec le très bon Eve of Destruction – qui ne fera guère mieux au box office ! Le casting étonnant du film confronte Gregory Hines (alors connu pour Tap de Nick Castle, Deux Flics à Chicago et le Cotton Club de Coppola) à la hollandaise Renée Soutendijk (qui marqua les esprits dans deux grands films signés Paul Verhoeven : Spetters et Le Quatrième Homme). Suite à l’accueil trop mitigé de ces deux travaux, Gibbins mettra en scène Jennifer Grey et Peter Berg en 1993 dans un téléfilm policier de facture très honnête (… mais très télévisuelle !) : Seul dans la nuit (A Case for Murder), qui sera donc sa dernière œuvre. Décédé accidentellement à l’âge de 41 ans, sans avoir réellement connu le succès, Gibbins fait partie de ces artistes partis trop tôt pour qu’on ait pu juger de leur possible importance dans le paysage. D’autant plus grande est la nécessité de garder en mémoire la petite trace qu’ils ont laissée…

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Test Blu-ray / Cherry 2000, réalisé par Steve De Jarnatt

CHERRY 2000 réalisé par Steve De Jarnatt, disponible en Blu-ray depuis le 1er octobre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Ben Johnson, Pamela Gidley, Melanie Griffith, David Andrews, Laurence Fishburne, Harry Carey Jr., Brion James, Michael C. Gwynne…

Scénario : Michael Almereyda, d’après une histoire originale de Lloyd Fonvielle

Photographie : Jacques Haitkin

Musique : Basil Poledouris

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

En l’an 2017, une partie des États-Unis a été ravagée par la guerre atomique. Les zones sinistrées, nouveau terrain de jeu pour les contrebandiers sanguinaires, ne sont pas sûres. Sam Threadwell, cadre dans une station de recyclage des déchets électroniques et métalliques, coule des jours heureux avec sa femme artificielle, une Cherry 2000 d’un autre âge programmée pour répondre à ses moindres caprices et simuler l’amour béat en gardant toujours le sourire. Jusqu’au jour où les circuits de Cherry grillent accidentellement et rendent le robot hors d’usage.

Qui peut dire : « Je n’ai réalisé que deux longs-métrages dans ma vie, mais tous deux sont devenus cultissimes » ?… C’est au beau milieu des années 1980, après un court-métrage (Tarzana, 1978) et un épisode de New Alfred Hitchcock Presents (le remake de Man from the South d’après Roald Dahl) que le scénariste-réalisateur Steve De Jarnatt, avant de ne plus officier que dans le domaine de la série télévisée (X-Files, American Gothic ou Urgences, entre autres), met en scène coup sur coup l’inclassable Cherry 2000 et le sublime Miracle Mile (réédité en 2017 chez Blaq Out et très vite épuisé !). Personnage à part dans l’industrie hollywoodienne, sa carrière sur grand écran fut aussi éphémère que mémorable. Plus étonnant encore, elle pourrait constituer un diptyque à l’envers, la post-apocalypse décrite dans Cherry 2000 prenant potentiellement ses racines dans l’événement déclencheur de Miracle Mile. Peu revus et commentés depuis lors mais vénérés religieusement par un noyau de fervents admirateurs et, de plus en plus, par une partie de la critique, les deux films révèlent une personnalité à part, une véritable vision d’auteur trouvant sa cohérence dans l’insaisissable, à l’intérieur d’un cinéma du samedi soir naïf et assumé comme tel. Côté casting, le pétillant Cherry 2000 offre un rôle d’envergure au second couteau David Andrews, lui aussi homme de télévision avant tout. Aperçu dans A Nightmare on Elm Street, on le reverra dans Graveyard Shift (La Créature du Cimetière – film de vidéoclub entre tous !), puis en frère de Kevin Costner dans Wyatt Earp ou plus tard encore dans Hannibal, mais le gros de sa prolifique carrière s’épanouit sur le petit écran. Quant à Melanie Griffith, redécouverte en 1984 par Abel Ferrara (Fear City) et surtout Brian De Palma (Body Double), Steve De Jarnatt vient alors de la diriger dans Man from the South, face à Steven Bauer et John Huston. Sur la pente ascendante, elle enchaînera l’année suivante avec le Working Girl de Mike Nichols, gagnant définitivement ses galons de star. Autour du couple gravitent gloires du passé (Ben Johnson, Harry Carey Jr.), « gueules » de l’époque (Brion James, Tim Thomerson, Marshall Bell) et vedettes en devenir (Laurence Fishburne) dans un univers de comic book qui doit beaucoup à l’inventivité roublarde du réalisateur et aux compétences de son équipe technique – lesquelles font pas mal d’or avec beaucoup de plomb !

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Test Blu-ray / Orgueil et Passion, réalisé par Stanley Kramer

ORGUEIL ET PASSION (The Pride and the Passion) réalisé par Stanley Kramer, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 7 décembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Cary Grant, Frank Sinatra, Sophia Loren, Theodore Bikel, John Wengraf, Jay Novello, José Nieto, Carlos Larrañaga…

Scénario : Edna Anhalt & Edward Anhalt, d’après le roman The Gun, de C.S. Forester

Photographie : Franz Planer

Musique : George Antheil

Durée : 2h12

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Après avoir saisi un canon à longue portée, Miguel, guerrier espagnol, prévoit d’attaquer l’armée de Napoléon en abattant les murs de la ville d’Avila occupée par l’armée française. Mais pour y parvenir, il doit compter sur l’aide du Capitaine Trumbell, un officier britannique. Mais, s’ils sont alliés sur le champ de bataille, Trumbell et Miguel sont ennemis dans la guerre qu’ils se livrent pour gagner le coeur de la sulfureuse Juana…

Producteur indépendant acclamé (Le Champion, C’étaient des hommes, le Cyrano de Bergerac de Michael Gordon, L’Homme à l’affût, L’Équipée sauvage), Stanley Kramer (1913-2001) décide de passer lui-même derrière la caméra en 1955 avec Pour que vivent les hommes Not as a Stranger. Aussi ambitieux que lorsqu’il officiait avec d’autres réalisateurs, il jette son dévolu sur le roman de Cecil Scott Forester (auteur de L’Odyssée de l’African Queen et de Capitaine sans peur), Le Canon The Gun, publié en 1933, dans le but d’en faire un grand spectacle hollywoodien, mais aussi un pamphlet contre la guerre. Malheureusement, le scénario coécrit par Edna (Panique dans la rue, Sierra) et Edward Anhalt (L’Étrangleur de Boston, 7 secondes en enfer, Boeing Boeing), couple alors en instance de divorce, n’est pas à la hauteur des aspirations du cinéaste, qui devra commencer les prises de vue sans véritable script. Résultat des courses, Orgueil et Passion apparaît comme une succession ininterrompue de scènes de batailles, de rebondissements « hénaurmes » et de vagabondages des personnages, qui ne savent pas quoi faire, en dehors du transport de leur canon encombrant (on ne parle pas de Sophia Loren ici) et d’affronter les français qu’ils rencontrent sur le chemin. Même si The Pride and the Passion n’a rien à voir avec les intentions originales de Stanley Kramer, le divertissement est on ne peut plus généreux, de qualité et superbe à regarder.

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Test Blu-ray / Black Lotus, réalisé par Todor Chapkanov

BLACK LOTUS réalisé par Todor Chapkanov, disponible en DVD & Blu-ray le 21 novembre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Rico Verhoeven, Frank Grillo, Marie Dompnier, Peter Franzén, Pippi Casey, Rona-Lee Shimon, Magnus Samuelsson, Simon Wan…

Scénario : Tad Daggerhart

Photographie : Ivan Vatsov

Musique : Roel Gommans & Jules Reivers

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Après la mort de son meilleur ami lors d’une mission commune, un officier des forces spéciales, Matteo Donner, parcourt le monde. De retour à Amsterdam, Donner n’a qu’un seul but : sauver la fille kidnappée de son ami mort.

Todor Chapkanov…Mais qui c’est ça ? Le réalisateur d’Un seul deviendra invincible : BoykaBoyka: Undisputed IV avec Scott Adkins et de tout un tas de DTV aux titres explicites tels que Vampyre Nation, Miami Magma, Twister Apocalypse, Monsterwolf. N’hésitant pas à plagier et à donner sa version d’autres blockbusters du moment, on pense à La Légende des crânes de cristal (tiens, tiens…), Thor et le marteau des dieux, le metteur en scène bulgare paraît bouffer à tous les râteliers et a même bossé comme assistant sur des gros films plus renommés comme The Grudge 3, La Chute de Londres, Hitman & Bodyguard ou dernièrement Expendables 4. On le retrouve aux commandes de Black Lotus, série B-Z d’action (comprenez par là que les moyens sont limités et qu’il n’est pas interdit de s’endormir devant) où l’inénarrable Frank Grillo est mis en avant sur l’affiche, alors qu’il n’officie ici qu’en tant que second rôle. L’acteur récemment au générique de Lamborghini : L’Homme derrière la légende, Paradise Highway, The Yacht, Boss Level, Cosmic Sin, Jiu Jitsu laisse la première place au dénommé Rico Verhoeven, néerlandais de 34 ans. Ce dernier n’est autre que le champion du monde actuel dans la catégorie poids lourds de la Glory World Series, promotion internationale de kick-boxing. Le voici promu nouvelle star mono-expressive du cinéma d’action dans Black Lotus avec son charisme de gros bébé (115 kilos, 1m96). Sa plus grande scène dans le film ? Couper du bois pour bâtir une niche destinée au chien de sa filleule. Ah oui, il fait son jogging aussi toutes les dix minutes et bien sûr doit retirer son t-shirt trempé comme une serpillière, ce qui lui donne l’occasion d’exhiber son torse glabre, comme dans une pub pour Coca Cola. Malgré son gabarit, comptez évidemment sur nous pour ne pas lui dire en face tout le mal (ou le bien, ça dépend le point de vue) que nous pensons de ce Black Lotus qui s’apparente aussi à un épisode de Cauchemar en cuisine avec un lookalike impressionnant de Philippe Etchebest, qui râle sur la qualité de la soupe aux champignons dans un restaurant néerlandais. Complètement anecdotique, pour ne pas dire inoffensif, malgré une ou deux scènes brutales, Black Lotus est un spectacle biodégradable, qui s’évapore de notre cerveau dès le générique de fin, pour ne laisser aucun souvenir. Quelques effluves peut-être. Amusant, totalement débile, divertissant quoi.

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