Test Blu-ray / Meurtres dans la 110e rue, réalisé par Barry Shear

MEURTRES DANS LA 110e RUE (Across 110th Street) réalisé par Barry Shear, disponible en Combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 16 janvier 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Anthony Quinn, Yaphet Kotto, Anthony Franciosa, Paul Benjamin, Ed Bernard, Richard Ward, Norma Donaldson, Antonio Fargas…

Scénario : Luther Davis, d’après le roman de Wally Ferris

Photographie : Jack Priestley

Musique : J.J. Johnson

Durée : 1h37

Année de sortie : 1972

LE FILM

Dans un tripot de Harlem contrôlé par la Mafia, cinq hommes comptent la recette du jour. Deux Noirs déguisés en policiers font irruption dans la salle, abattent les hommes et s’enfuient à bord d’un véhicule des forces de l’ordre. Deux policiers, authentiques ceux-là, s’interposent et sont à leur tour abattus. La Mafia, qui a la mainmise sur le quartier, commence ses propres investigations, aidée par des caïds noirs. De son côté, la police confie l’affaire à Pope, un jeune et idéaliste lieutenant noir, et au capitaine Mattelli, proche de la retraite, et dont la misanthropie n’a d’égale que la corruption…

Tout le monde, ou presque connaît la chanson de Bobby Womack, Across 110th Street et la plupart des spectateurs ont dans la tête l’ouverture de Jackie Brown (1997) de Quentin Tarantino. En réalité, ce dernier a comme d’habitude pompé de tous les côtés et avait tout simplement repris le tube éponyme du film de Barry Shear, baptisé en France Meurtres dans la 110e rue. Souvent classé à tort dans le sous-genre alors en vogue de la Blaxploitation, Across 110th Street est un polar pur et dur se déroulant à Harlem, Pandémonium sur Terre, territoire laissé à l’abandon, ou plutôt aux mains des mafieux blancs qui se la coulent douce de l’autre côté de Central Park, laissant le sale boulot aux noirs avec lesquels ils sont en affaire. Venu de la télévision, pour laquelle il officiait sur une quantité phénoménale de téléfilms et de séries depuis les années 1950 (Des agents très spéciaux, Opération vol, Les Règles du jeu, Opération danger, Les Rues de San Francisco), Barry Shear (1923-1979) aura peu, mais bien tourné pour le cinéma. Meurtres dans la 110e rue est alors son quatrième long-métrage pour le grand écran et restera son film le plus célèbre. Comme dirait Raoul Volfoni, « c’est du brutal » ! Across 110th Street est une véritable immersion (rendu imputable à l’utilisation de la révolutionnaire caméra portée Arriflex 35BL) au coeur de l’enfer, une œuvre poisseuse, redoutablement pessimiste, ultra-violente par moments (certaines scènes sont même déconseillées aux âmes sensibles), qui n’a rien perdu de son efficacité et qui embarque le spectateur pendant 1h35 sur un des affluents du Styx. Merveilleusement interprété par Anthony Quinn (également co-producteur exécutif aux côtés du metteur en scène) et Yaphet Kotto, Meurtres dans la 110e rue, écrit par Luther Davis (auteur des géniaux La Main noire de Richard Thorpe et Une femme dans une cage de Walter Grauman) d’après un roman de Wally Ferris (sorti en France sous le titre Noirs et Blancs, dans la collection Série Noire), est un thriller à réhabiliter de toute urgence.

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Test Blu-ray / La Mort remonte à hier soir, réalisé par Duccio Tessari

LA MORT REMONTE À HIER SOIR (La Morte risale a ieri sera) réalisé par Duccio Tessari, disponible le 31 octobre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Raf Vallone, Frank Wolff, Gabriele Tinti, Gillian Bray, Eva Renzi, Gigi Rizzi, Beryl Cunningham, Checco Rissone…

Scénario : Biagio Proietti, Duccio Tessari & Artur Brauner, d’après le roman de Giorgio Scerbanenco

Photographie : Lamberto Caimi

Musique : Gianni Ferrio

Durée : 1h38

Année de sortie : 1970

LE FILM

Un inspecteur de la police enquête sur la disparition d’une jeune femme de 25 ans, fille d’un veuf solitaire. Lorsqu’elle est retrouvée morte, une course contre la montre commence : le policier doit résoudre le crime avant que le père de la jeune femme se fasse justice lui-même…

À l’occasion de la sortie dans les bacs d’Un papillon aux ailes ensanglantées, Zorro et Le Retour de Ringo, nous n’avons eu de cesse de mettre en valeur le travail et le talent du réalisateur Duccio Tessari (1926-1994). Également le metteur en scène du formidable Mort ou vif… de préférence mortVivi o preferibilmente morti, western bourré d’humour avec le fabuleux tandem Giuliano Gemma / Nino Benvenuti, il demeure aussi celui d’un polar sombre et violent avec Alain Delon, Les Grands Fusils, plus connu sous le titre Big Guns (1973). Méconnu et tout aussi percutant, La Mort remonte à hier soir La Morte risale a ieri sera (1970) s’inscrit dans le Poliziottesco et repose sur un scénario virtuose que le cinéaste coécrit avec Biagio Proietti (Le Chat noir de Lucio Fulci, L’Assassin a réservé 9 fauteuils de Giuseppe Bennati), d’après le roman Les Milanais tuent le samediI milanesi ammazzano al sabato de Giorgio Scerbanenco, issu de la saga Duca Lamberti qui comporte quatre enquêtes. Le rôle de ce personnage emblématique de l’autre côté des Alpes est confié à l’excellent et imposant Frank Wolff, acteur américain et caméléon, dont la filmographie se compose d’oeuvres chéries par les cinéphiles comme Milan calibre 9 de Fernando Di Leo, Metello de Mauro Bolognini, La Mort marche en talons hauts de Luciano Ercoli, Le Grand Silence de Sergio Corbucci, Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, Salvatore Giuliano de Francesco Rosi et Tuez-les tous… et revenez seul ! Ammazzali tutti e torna solo d’Enzo G. Castellari. La Mort remonte à hier soir sera l’un de ses derniers films, avant son suicide l’année suivante à l’âge de 43 ans. Foncièrement dépressif, ce qui le poussera à se trancher la gorge pour en finir avec son mal-être, Frank Wolff traîne un spleen évident dans La Morte risale a ieri sera et campe un superbe commissaire Lamberti, vieux briscard aux méthodes anciennes, quelque peu dépassé par les événements, mais qui croit encore en la justice de son pays. L’enquête menée est passionnante du début à la fin, pleine de rebondissement et laisse une belle place à la psychologie des personnages, en particulier celui d’Amanzio Berzaghi, merveilleusement interprété par le légendaire Raf Vallone (L’Empire du Grec, Rosebud, Le Cid, Le Christ interdit), bouleversant. Un très bon cru qui reste longtemps en tête.

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Test Blu-ray / La Femme Flic, réalisé par Yves Boisset

LA FEMME FLIC réalisé par Yves Boisset, disponible en DVD & Blu-ray le 19 septembre 2023 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Miou-Miou, Jean-Marc Thibault, Leny Escudero, Jean-Pierre Kalfon, François Simon, Alex Lacast, Niels Arestrup, Henri Garcin, Philippe Caubère…

Scénario : Yves Boisset & Claude Veillot

Photographie : Jacques Loiseleux

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Parce que son sens du devoir dérange, l’inspecteur Corinne Levasseur se voit reléguée aux travaux administratifs dans une petite ville du Nord. Mais elle est bientôt chargée d’enquêter sur une affaire de prostitution enfantine… Son action met sa vie en danger…

Après le César de la Meilleure actrice obtenu pour sa prestation dans La Dérobade de Daniel Duval, triomphe qui aura attiré près de 2,8 millions de spectateurs dans les salles, la carrière de Miou-Miou prend un nouveau virage. Mais avant d’être récompensée par la précieuse compression, un autre long-métrage venait de confirmer l’aura de la comédienne auprès du public, La Femme Flic, sorti en janvier 1980, qui lui aussi remportera un franc succès avec 1,8 millions d’entrées. Le douzième long-métrage d’Yves Boisset restera l’un des plus connus du réalisateur, mais aussi l’un des plus emblématiques de l’actrice. Sur un scénario implacable coécrit par le cinéaste et son complice Claude Veillot (Ronde de nuit, Le Choc, Espion lève-toi, Le Vieux fusil, Un Condé), La Femme Flic est l’un des premiers films à se focaliser, comme son titre l’indique, sur une inspectrice de police, genre alors peu représenté dans ce métier, du moins à ce niveau hiérarchique, la gent féminine étant la plupart du temps reléguée au rang de secrétaire. Miou-Miou, dans un rôle imaginé pour Isabelle Huppert, finalement retenue par Michael Cimino et La Porte du paradis, est superbe en jeune policière de 28 ans, dont la vocation va être brisée par ceux, haut placés, qui voient d’un mauvais œil son investissement et le fait qu’elle vienne fouiner là où cela dérange. Plus de quarante ans après sa sortie, La Femme Flic demeure douloureusement d’actualité dans le sujet qu’il traite et beaucoup d’images, de scènes, de regards s’impriment de façon indélébile dans la mémoire des cinéphiles.

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Test Blu-ray / Dillinger, réalisé par John Milius

DILLINGER réalisé par John Milius, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 7 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Warren Oates, Ben Johnson, Michelle Phillips, Cloris Leachman, Harry Dean Stanton, Geoffrey Lewis, John P. Ryan, Richard Dreyfuss…

Scénario : John Milius

Photographie : Jules Brenner

Musique : Barry De Vorzon

Durée : 1h43

Année de sortie : 1973

LE FILM

Le gangster John Dillinger devient la cible du FBI de Kansas City après avoir participé au meurtre de cinq agents. A force de témérité, il s’attire la sympathie du public et devient vite l’ennemi public n°1…

Quinze ans après L’Ennemi public Baby Face Nelson de Don Siegel, le scénariste John Milius passe derrière la caméra et revient à Dillinger et sa bande dans…Dillinger. Ayant le vent en poupe et devenu l’un des auteurs les mieux payés d’Hollywood après avoir participé à L’Inspecteur Harry Dirty Harry, écrit Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, Juge et Hors-la-loi The Life and Times of Judge Roy Bean de John Huston et bien sûr Magnum Force de Ted Post, John Milius accepte de baisser son énorme cachet habituel pour Dillinger, qui sera son premier long-métrage en tant que réalisateur. Après Lawrence Tierney dans Dillinger, l’ennemi public n° 1 de Max Nosseck et Leo Gordon dans L’Ennemi public, c’est au tour de l’exceptionnel Warren Oates d’enfiler le costume trois-pièces du gangster et qui une fois n’est pas coutume accède en haut de l’affiche. S’il s’acquitte admirablement de sa tâche, un autre comédien partage cette place convoitée en la personne du génial Ben Johnson, qui dans la peau de Melvin Purvis, l’agent du FBI lancé à la poursuite de Dillinger, est tout aussi remarquable et par ailleurs mis sur un pied d’égalité avec son partenaire. Anarchiste zen, comme il se définissait lui-même dans sa jeunesse, prenant le train en marche du Nouvel Hollywood, mais aussi et avant tout défenseur des valeurs traditionnelles américaines, John Milius met tout dans Dillinger, son mode de pensée, son âme, son adulation des armes à feu, sa vision de l’héroïsme américain, le tout marqué par une violence sèche, brutale, sanglante, qui participe à la pérennité de ceux qu’il considère alors comme des mythes. Il en résulte un polar mâtiné de film noir et même de western souvent implacable, teinté d’humour et qui n’omet pas l’émotion, qui s’avère aussi et surtout toujours divertissant un demi-siècle après sa sortie explosive.

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Test Blu-ray / Paradise City, réalisé par Chuck Russell

PARADISE CITY réalisé par Chuck Russell, disponible en DVD et Blu-ray le 5 avril 2023 chez AB Vidéo.

Acteurs : Bruce Willis, John Travolta, Stephen Dorff, Blake Jenner, Noel Gugliemi, Branscombe Richmond, Kate Katzman, Amber Abara…

Scénario : Edward Drake, Corey Large & Chuck Russell

Photographie : Austin F. Schmidt

Musique : Sam Ewing

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Lorsque le chasseur de primes Ian Swan est abattu et présumé mort après avoir disparu dans les eaux de Maui, son fils Ryan, son ex-partenaire et un détective local se sont mis en quête de ses assassins. Après avoir été menacés par un courtier en puissance impitoyable, il semble que Ryan et son équipe n’aient plus d’options – jusqu’à ce qu’une excursion dans la communauté insulaire étroitement gardée de Paradise City les unit à un allié imprévu.

L’affiche promet du lourd ! Non pas en matière de shampooing, mais en action bad-ass quoique vintage, avec John Travolta, flingue à la main et visage mangé par la barbe, et Bruce Willis, chemise blanche tâchée de sang, crâne réfléchissant la lumière du soleil et les joues piquetées de poils blancs, les deux ayant l’air prêts à en découdre. Tourné en mai 2021, Paradise City est donc l’un des derniers films de Bruce Willis avant de mettre fin à sa carrière pour des raisons de santé. Et cet opus est loin d’être le plus mauvais des dernières Williseries comme nous les appelons et ce grâce à un réalisateur adroit aux manettes, ce bon vieux Chuck Russell. Ce dernier a fait le bonheur des cinéphiles dans les années 80-90 avec d’excellents divertissements comme Freddy 3 – Les griffes du cauchemar (le meilleur de la franchise), l’efficace Le Blob, le légendaire The Mask et le génial L’Effaceur avec Arnolad Schwarzenegger. Les années 2000 ont été plus difficiles avec les inénarrables L’Elue et Le Roi Scorpion. Après ce film, Chuck Russell produit le chef d’oeuvre Collateral de Michael Mann puis signe un épisode de la série Fringe en 2010, avant d’enchaîner avec The Revenge, titre français de I am Wrath, vigilante movie avec John Travolta en mode Taken, que devait à l’origine mettre en scène William Friedkin avec Nicolas Cage. À l’instar de The Revenge, Paradise City s’avère un spectacle fort sympathique, une série B bien emballée, bien jouée et rythmée, qui distrait et fait tout oublier pendant 1h30 avant de s’autodétruire dans nos mémoires dès le générique de fin.

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Test Blu-ray / Un Américain bien tranquille, réalisé par Joseph L. Mankiewicz

UN AMÉRICAIN BIEN TRANQUILLE (The Quiet American) réalisé par Joseph L. Mankiewicz, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 18 avril 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Audie Murphy, Michael Redgrave, Claude Dauphin, Giorgia Moll, Bruce Cabot, Fred Sadoff, Kerima, Richard Loo…

Scénario : Joseph L. Mankiewicz, d’après le roman de Graham Greene

Photographie : Robert Krasker

Musique : Mario Nascimbene

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

À Saïgon, en pleine guerre d’Indochine, Pyle, un jeune Américain, fait la connaissance de Fowler, journaliste anglais, et tombe amoureux de sa jeune maîtresse vietnamienne. Fowler découvre peu à peu que Pyle travaille pour la CIA. Et lorsque l’Américain est retrouvé mort, l’inspecteur français chargé de l’affaire sollicite l’aide de Fowler.

Quand on évoque Joseph L. Mankiewicz (1909-1993), l’oeil du cinéphile s’illumine, de nombreux titres et tout autant d’images se bousculent dans les mémoires, L’Aventure de madame MuirThe Ghost and Mrs. Muir (1947), Chaînes conjugalesA Letter to Three Wives (1949), La Maison des étrangers House of Strangers (1949), ÈveAll about Eve (1950), La Comtesse aux pieds nusThe Barefoot Contessa (1954), Soudain l’été dernier Suddenly Last Summer (1959) et CléopâtreCleopatra (1963). Une filmographie conséquente, monumentale et pourtant non exhaustive. En effet, un autre long-métrage du réalisateur aura également fait couler beaucoup d’encre, Un Américain bien tranquille The Quiet American, qui sort sur les écrans en 1958, adapté d’un roman de Graham Greene (Le Troisième homme) jugé anti-américain. Néanmoins, Joseph L. Mankiewicz s’est toujours approprié les livres dont il s’inspirait, à tel point d’ailleurs que l’écrivain fera savoir publiquement qu’il condamne cette transposition. Que reste-t-il d’Un Américain bien tranquille 65 ans après sa sortie ? Un résultat en « demi-teinte », car si on ne peut s’empêcher d’admirer la performance des comédiens et la composition magistrale des plans (magnifique photo de Robert Krasker, La Chute de l’empire romain, Le Cid), la surabondance des dialogues peut rapidement fatiguer et ce dès le premier quart d’heure. C’est ce qui a toujours été difficile chez Mankiewicz, aller au-delà d’un « bavardage » copieux, ce qui demande un véritable investissement de la part des spectateurs, surtout quand le film, comme c’est le cas ici, dure 120 minutes. Deux heures durant lesquelles les échanges entre les personnages ne s’arrêtent pas une seule seconde, participant certes à créer une atmosphère étouffante, mais qui ne laissent aucune soupape pourtant indispensable à un public qui peut facilement décrocher si on ne lui laisse pas une petite chance de reprendre son souffle. On peut donc être fasciné par cette virtuosité de tous les instants, mais aussi resté sur le bas-côté et ne pas se laisser emporter par ce récit tortueux et alambiqué.

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Test Blu-ray / J’ai le droit de vivre, réalisé par Fritz Lang

J’AI LE DROIT DE VIVRE (You Only Live Once) réalisé par Fritz Lang, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 29 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Sylvia Sidney, Henry Fonda, Barton MacLane, Jean Dixon, William Gargan, Jerome Cowan, Charles ‘Chic’ Sale, Margaret Hamilton, Warren Hymer, Guinn ‘Big Boy’ Williams, John Wray, Walter De Palma…

Scénario : Gene Towne & C. Graham Baker

Photographie : Leon Shamroy

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1937

LE FILM

Après sa sortie de prison, Eddie Taylor ne peut profiter d’un répit. Accusé d’un braquage de banque meurtrier qu’il n’a pas commis, il est emprisonné à tort. Alors que la justice se rend compte de son erreur, Eddie Taylor s’évade. Il devient un véritable meurtrier en abattant accidentellement un aumônier. Il doit partir en cavale avec sa femme Joan et son bébé. Sa fuite éperdue se finit par sa mort, abattu par la police.

Ensemble, nous avons déjà eu l’occasion de revenir à plusieurs reprises sur les débuts et la carrière de Fritz Lang en Allemagne à travers nos chroniques sur Les Trois Lumières, Le Testament du Dr. Mabuse et M Le Maudit, ainsi que sur son passage aux États-Unis après avoir fui le nazisme, pour les sorties en Blu-ray des Pionniers de la Western Union, Espions sur la Tamise et Les Bourreaux meurent aussi. 1936, sort FurieFury, pamphlet sur le lynchage produit par Joseph L. Mankiewicz pour le compte de la MGM. Sur cette lancée, Fritz Lang se lance dans J’ai le droit de vivre You Only Live Once, qui déboule sur les écrans dès l’année suivante, dans lequel le réalisateur dirige à nouveau la magnifique Sylvia Sidney, qui tenait l’affiche de son précédent long-métrage. Considéré comme le second volet d’une trilogie dite judiciaire voulue « réaliste et sociale » à laquelle viendra se greffer Casier judiciaireYou and Me, toujours avec la même comédienne, J’ai le droit de vivre est une tragédie centrée sur un couple pourchassé par la police, qui serait inspirée par l’histoire de Bonnie et Clyde. Pas étonnant que Fritz Lang donne cette impression d’inventer « le Nouvel Hollywood » trente ans avant, surtout durant la dernière partie et la violence inédite de son dénouement. Ce serait un cliché de dire que « tout Fritz Lang se trouve » dans J’ai le droit de vivre, mais puisque c’est le cas…le thème du faux coupable ou plutôt de la culpabilité est le noyau central de You Only Live Once, merveilleux film porté par un casting exceptionnel mené par le couple Henry Fonda-Sylvia Sidney, le tout sublimement photographié par Leon Shamroy, chef opérateur de Bravados d’Henry King et de La Planète des singes de Franklin J. Schaffner. Un monument intemporel.

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Test Blu-ray / Detective Knight : Independence, réalisé par Edward Drake

DETECTIVE KNIGHT : INDEPENDENCE réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2023 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Bruce Willis, Jack Kilmer, Dina Meyer, Lochlyn Munro, Willow Shields, Jimmy Jean-Louis, Lorenzo Antonucci, Dax Campbell…

Scénario : Edward Drake & Corey Large

Photographie : Laffrey Witbrod

Musique : Scott Curie

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

L’affectation de dernière minute du policier James Knight à l’équipe de la fête de l’Indépendance se transforme en une course contre la montre pour arrêter un ambulancier déséquilibré qui se fait passer pour un policier.

Le voici, le voilà, le tout dernier, l’ultime long-métrage que Bruce Willis aura tourné avant de mettre fin à sa carrière. Si nous avons longtemps tiré sur l’ambulance, sans savoir à l’époque que l’acteur était atteint d’aphasie, en passant en revue une quinzaine de ses longs-métrages sortis directement dans les bacs ou en VOD, nous sommes aussi revenus sur les producteurs opportunistes qui l’ont fait participer à leurs films – souvent – de bas étage. Toujours est-il que Detective Knight : Independence est assurément le meilleur opus de cette « trilogie » constituée de Rogue et de Redemption, ainsi qu’une des Williseries, notre terme pour désigner ces séries B (voire Z) dans lesquelles s’est illustré l’ami Bruce, les plus sympathiques. Contrairement où les deux premiers épisodes se « suivaient » ou s’enchaînaient lâchement, ce troisième volet aurait pu tout aussi bien être présenté indépendamment, puisque quasiment rien ne le rattache aux précédents. Il n’empêche que cet Independence tient la route et ce grâce à un jeune comédien charismatique et plutôt impressionnant, Jack Kilmer (né en 1995), qui n’est autre que le fils de Val Kilmer et Joanne Whalley, déjà croisé dans l’excellent Palo Alto de Gia Coppola et Lord of Chaos de Jonas Åkerlund. Il vole la vedette ici à chaque apparition et s’avère même assez flippant. Bruce Willis apparaît plus que dans Rogue et Redemption, possède plus de dialogues (ce qui apparemment a été extrêmement difficile, pour ne pas dire douloureux pour lui et ses partenaires) et ce dès le début du film. Le dernier acte le place enfin au coeur de l’action, même si les doublures se voient nettement (on entend également parfois sa voix, sans le voir), mais l’ensemble est bien fichu et divertissant. Ciao Bruce, prends soin de toi, faire tout ce voyage avec toi depuis 35 ans a été très chouette et on ne t’oubliera jamais.

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Test Blu-ray / Le Bar du téléphone, réalisé par Claude Barrois

LE BAR DU TÉLÉPHONE réalisé par Claude Barrois, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Daniel Duval, François Périer, Raymond Pellegrin, Julien Guiomar, Georges Wilson, Valentine Monnier, Christophe Lambert, Richard Anconina…

Scénario : Claude Néron

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Marseille – À la suite d’un contentieux, Tony Véronèse, criminel notoire, fait sauter en guise de représailles les boîtes de nuit et hôtels de passe détenus par les frères Pérez. Ces attentats spectaculaires conduisent le commissaire Joinville à pactiser avec deux personnalités respectées dans le Milieu. Mais, alors que le policier espère un accord tacite entre les deux clans, les règlements de compte se poursuivent dans un bain de sang.

Si l’on excepte Le Voyage d’Amélie, qu’il a écrit, mis en scène et interprété en 1974, Daniel Duval accède pour la première fois en haut de l’affiche avec Le Bar du téléphone de Claude Barrois en 1980, après le triomphe de La Dérobade, qui vaudra à Miou-Miou le César de la meilleure actrice. Inspiré (de loin) par la tuerie dite du Bar du Téléphone (dix personnes sauvagement assassinées), survenue à Marseille en octobre 1978, ce film de très grande classe se situe sur le fil tendu entre un genre qui s’éteint, ou plutôt en pleine mutation, et le néo-polar, dans lequel deux générations s’affrontent pour prendre la place. Les codes changent, le respect mutuel représenté par les vieux de la vieille interprétés par Daniel Duval, François Périer, Julien Guiomar, Raymond Pellegrin (une tronche, une voix aussi bien sûr, qui fût celle légendaire de Fantômas) et Georges Wilson disparaît au profit des chiens fous incarnés ici entre autres par Christophe Lambert et Richard Anconina, qui ne jurent que par la violence gratuite, le sang, les armes automatiques et l’humiliation. Le personnage principal, Tony Véronèse, au mi-temps de sa vie, sait qu’il est temps de raccrocher, mais ne compte pas non plus céder à l’impatience de ceux qui voudraient devenir calife à la place du calife, ni se laisser marcher sur les pieds par ses aînés qui font tout pour ne pas lui régler la somme qu’ils lui doivent. Daniel Duval trône – avec une force tranquille et une sensibilité à fleur de peau – magistralement sur cette distribution quatre étoiles, crève l’écran en truand ambitieux qui déclenche une guerre des gangs parce qu’un deal n’a pas été respecté, événement qui va créer une faille dans laquelle vont s’engouffrer les jeunes loups affamés qui n’ont plus aucun code d’honneur, ni retenue. Avec son affiche qui rend un évident hommage au mythique Cercle rouge de Jean-Pierre Melville, y compris dans son ultime séquence, Le Bar du téléphone, qui aura attiré un peu plus de 400.000 spectateurs dans les salles à sa sortie, alors que L’Empire Contre-attaque d’Irvin Kershner et La Banquière de Francis Girod faisaient le plein, demeure un thriller élégant, qui a de la gueule, intelligent et passionnant, que l’on a de cesse de redécouvrir à chaque visionnage.

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Test Blu-ray / Novembre, réalisé par Cédric Jimenez

NOVEMBRE réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD, Blu-Ray et Blu-Ray 4K UHD le 8 février 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Lyna Khoudri, Sami Outalbali, Stéphane Bak…

Scénario : Olivier Demangel et Cédric Jimenez

Photographie : Nicolas Loir

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 5 octobre 2022

LE FILM

Une plongée au coeur de l’anti-terrorisme pendant les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015.

La polémique suscitée par BAC Nord en 2021 et sa piteuse récupération politique avaient privé Cédric Jimenez des dithyrambes qu’aurait dû lui valoir l’excellence de sa mise en scène. On se souvient notamment – cas symptomatique de l’hypocrisie ayant entouré la sortie du film – de l’article que lui avait consacré Libération dans ses pages cinéma, chronique qui parlait de tout sauf… de cinéma. Il ne s’agissait pourtant que de ça. Un pur polar auquel Jimenez s’appliquait à donner tous les atours de la fiction, quand bien même le scénario s’inspirait d’un fait réel, comme pour se préserver du procès qui allait lui être fait à tort. Du cinéma musclé et spectaculaire, bien loin des codes du documentaire que, chose ahurissante, beaucoup ont cru voir et se sont empressés de dénoncer avec un sens du ridicule assez flamboyant. Avec Novembre, même cause, mêmes effets : on a lu ça et là que la plus grande qualité du film était son aspect documentaire (certains critiques sont tout de même sacrément bipolaires). Mais là encore, Cédric Jimenez déleste son film de tout ce qui pourrait de près ou de loin lui imposer de rendre des comptes au réel. En tout premier lieu, il blinde son casting d’actrices et d’acteurs aux visages imprimés dans les tapis rouges, forçant ainsi la prise de distance avec l’existant. Et en dehors des prises de parole de François Hollande relayées par les écrans de télévision des personnages, on sera bien en peine ici de trouver la moindre trace du réel. Réel, non. Réaliste, oui. Documentaire, non. Documenté, oui. Car il s’agit ici de respecter et de reconstituer par l’artifice, le travail des enquêteurs.

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