Test Blu-ray / Sois belle et tais-toi!, réalisé par Marc Allégret

SOIS BELLE ET TAIS-TOI! réalisé par Marc Allégret, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Mylène Demongeot, Henri Vidal, Jean-Paul Belmondo, Robert Dalban, Alain Delon, Roger Hanin, Darry Cowl…

Scénario : Marc Allégret, Gabriel Arout, William Benjamin, Odette Joyeux & Jean Marsan Roger Vadim

Photographie : Armand Thirard

Musique : Jean Wiener

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Virginie a 20 ans et une langue bien pendue. Elle est belle et en est à sa troisième évasion d’une Maison d’Éducation. Jean est un jeune inspecteur de Police, actuellement à la recherche de gangsters ayant attaqué une bijouterie de la place Vendôme. Mais le malheur fait qu’au cours de son enquête, Jean prend Virginie pour une complice de la bande, tandis que Virginie prend Jean pour un de ces prestigieux seigneurs du milieu. Et voilà la jolie délinquante éprise d’un flic.

C’est ce qui s’appelle avoir du pif. Parce-que pour réunir Mylène Demongeot, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans un même film alors que ceux-ci n’avaient pas fait grand-chose, on peut dire que Marc Allégret a senti que ces trois jeunes comédiens âgés d’une vingtaine d’années étaient non seulement charismatiques, mais aussi prometteurs. Sois belle et tais-toi ! (ne vous énervez pas, il s’agit du titre) est une charmante comédie-policière qui aurait peut-être disparu des radars, si Bebel et Delon n’avaient pas été associés pour la première fois au cinéma. S’ils n’ont pas de rôles majeurs dans cette histoire, on ne peut s’empêcher d’admirer leur naturel, leur bagou, leur énergie contagieuse. Mais la « star » est ici Mylène Demongeot, que le réalisateur avait déjà fait tourner trois ans plus tôt dans Futures vedettes, dans lequel elle ne faisait d’ailleurs qu’une apparition et était même créditée Marielle Demongeot au générique. Sortant du succès des Sorcières de Salem de Raymond Rouleau, où elle était parvenue à s’imposer face à Yves Montand et Simone Signoret, l’actrice passe la vitesse supérieure et se retrouve au générique de Bonjour tristesse d’Otto Preminger et en tête d’affiche de Sois belle et tais-toi !. Si elle n’a jamais brillé par son jeu et son phrasé quelque peu monocorde, on ne pourra pas reprocher à Mylène Demongeot de crever l’écran de sa beauté diaphane dans le film de Marc Allégret, où le couple qu’elle forme avec Henri Vidal fonctionne bien, malgré leur différence d’âge. Un spectacle « gentillet », complètement inoffensif et désuet, sympathique et divertissant.

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Test Blu-ray / Une robe noire pour un tueur, réalisé par José Giovanni

UNE ROBE NOIRE POUR UN TUEUR réalisé par José Giovanni, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Annie Girardot, Claude Brasseur, Bruno Cremer, Jacques Perrin, Catherine Allégret, Albina du Boisrouvray, Jacques Maury, François-Eric Gendron, Arielle Dombasle…

Scénario : José Giovanni & Monique Lange

Photographie : Jean-Paul Schwartz

Musique : Olivier Dassault

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

À l’issue de son procès, Simon Risler est condamné à mort pour le meurtre d’un policier. Le témoignage de l’inspecteur Reynolds a fait pencher la balance en faveur d’un verdict d’autant plus sévère qu’il est parfaitement injustifié. L’inspecteur a, en effet, commis un parjure à travers son faux témoignage. Pour échapper à la peine capitale, Simon Risler prend le procureur en otage. Blessé au cours de son évasion, il parvient toutefois à se rendre au domicile de son avocate, Florence Nat. Un ami de celle-ci, Alain Rivière, accepte de « planquer » le fugitif. Pendant ce temps, Florence essaie de faire la lumière sur l’affaire qui a failli coûter la vie à son client. Comme par hasard, les témoins les plus précieux disparaissent les uns après les autres…

C’est la fin du règne d’Annie Girardot sur le cinéma français. Nous sommes en 1981 et Une robe noire pour un tueur sera l’un de ses derniers « succès » personnels au box-office après vingt ans où la comédienne ne cessait d’enchaîner les triomphes depuis Rocco et ses frères de Luchino Visconti. D’ailleurs, Cause toujours, tu m’intéresses d’Édouard Molinaro n’avait guère brillé deux ans auparavant avec 685.000 entrées. Une robe noire pour un tueur fera encore moins en cette année où cartonnent Les Aventuriers de l’arche perdue, Le Professionnel, Pour la peau d’un flic, Diva…les comédies ont la cote aussi avec La Chèvre (qui se placera sur la première place du podium), Le Maître d’école, La Soupe aux choux, Viens chez moi, j’habite chez une copine, Tais-toi quand tu parles, Les Hommes préfèrent les grosses…les goûts changent, comme les époques….C’est un revers pour José Giovanni dont Les Égouts du paradis avait encore attiré plus de 850.000 spectateurs en 1979, même si Comme un boomerang avait déçu, surtout pour un gros film porté par Alain Delon. S’il se refera avec Le Ruffian deux ans plus tard, le réalisateur, auteur, scénariste (et ancien repris de justice, par ailleurs condamné à mort, avant d’être finalement gracié) signe avec Une robe noire pour un tueur l’un des derniers opus et représentants d’un genre, avant que le polar hexagonal mute et laisse place aux thrillers d’action inspirés de ceux provenant d’outre-Atlantique, ce qui causera aussi la perte de Bebel et Delon peu de temps après également. Ce drame judiciaire patine beaucoup et le scénario peine à maintenir un intérêt du début à la fin, l’ensemble reposant essentiellement sur un casting quatre étoiles et qui à lui seul vaut largement le déplacement.

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Test 4K UHD / Adieu poulet, réalisé par Pierre Granier-Deferre

ADIEU POULET réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en DVD et combo Blu-ray/4K UHD le 5 juin 2024 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Lino Ventura, Patrick Dewaere, Victor Lanoux, Julien Guiomar, Pierre Tornade, Françoise Brion, Claude Rich, Claude Brosset…

Scénario : Francis Veber, d’après le roman de Raf Vallet

Photographie : Jean Collomb

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h31

Année de sortie : 1975

LE FILM

Le commissaire Verjeat, aidé de son adjoint Lefèvre se bat contre la corruption de sa ville, à la veille de nouvelles élections. Mis sous pression, il partira en donnant un coup de pied dans la fourmilière…

Quel pied ! Malgré ses multiples rediffusions à la télévision, Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre (1927-2007) reste un très grand moment du cinéma français. L’immense réussite de ce film policier écrit par Francis Veber, d’après le roman de Raf Vallet lui -même inspiré par un fait divers survenu à Puteaux au début des années 1970, découle de l’alliance entre un réalisateur chevronné, un scénariste virtuose et un casting exceptionnel mené par deux de nos plus grands comédiens, Lino Ventura et Patrick Dewaere. Thriller politique qui n’a jamais été autant d’actualité, Adieu poulet est et reste une véritable référence, par ailleurs grand succès critique et public à sa sortie en décembre 1975 avec près de 2 millions spectateurs.

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Test Blu-ray / Échec au gang, réalisé par Umberto Lenzi

ÉCHEC AU GANG (La Banda del Gobbo) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Tomas Milian, Pino Colizzi, Isa Danieli, Guido Leontini, Solvi Stubing, Luciano Catenacci, Carlo Gaddi, Alessandra Cardini, Sal Borgese…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Federico Zanni

Musique : Franco Micalizzi

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Le criminel italien surnommé le Bossu retourne à Rome après son emprisonnement en Corse. Avec son jeune frère et d’autres complices, il envisage un raid sur un camion blindé. Mais les choses tournent mal.

Outre Nico Giraldi, personnage de flic à la Serpico qu’il a incarné près d’une douzaine de fois de 1976 à 1985, de Flics en jeans Squadra antiscippo à Pas folle, le flic Delitto al Blue Gay, tous réalisés par Bruno Corbucci, l’autre rôle récurrent ayant largement contribué à la renommée de Tomás Milián en Italie demeure « Poubelle ». Le comédien aura interprété « Er Monnezza » à trois reprises, dans La Mort en sursis Il trucido e lo sbirro (1976) et Échec au gang La Banda del Gobbo (1978) d’Umberto Lenzi et L’Exécuteur vous salue bienLa Banda del trucido (1977) de Stelvio Massi et reste aujourd’hui iconique avec sa chevelure bouclée (la même perruque qu’Alain Delon dans Le Gang sans doute), des yeux surlignés d’eyeliner, ses Adidas claires et sa dégaine de prolo romain, tandis que l’acteur Ferruccio Amendola (également la voix de Robert De Niro, Al Pacino, Sylvester Stallone…) lui apportait son accent et son phrasé inimitables. Échec au gang apparaît comme un caprice, ou comment Tomás Milián surfait encore sur ses succès précédents, tout en tâchant d’innover autant que faire se peut ici en campant un double-rôle, deux frères, notre Sergio Marazzi, alias Poubelle donc, mais aussi cette fois-ci son frangin, le Bossu, déjà apparu dans Brigade spéciale Roma a mano armata en 1976…même s’il ne s’appelait pas Vincenzo Marazzi, mais Vincenzo Moretto. Allez comprendre. Ces deux frères jumeaux sont réunis grâce à la magie des effets spéciaux rudimentaires (rien d’exceptionnel, Louis Jouvet se dédoublait de la même façon trente ans avant dans Copie conforme), en gros l’écran a été divisé en deux parties pour ainsi permettre à Tomás Milián d’apparaître en même temps, dans le même cadre, à la fois dans la peau de Vincenzo et dans celle de Sergio, pour un dernier baroud d’honneur, y compris pour le tandem Lenzi-Milián, après six collaborations. Il en résulte une comédie-policière certes sympathique, mais nullement indispensable, à moins d’être un fou furieux du cubain protéiforme, dont le cabotinage de génie annonçait alors celui d’un Nicolas Cage sous substances. Divertissant, Échec au gang vaut essentiellement pour cette double prestation, plutôt que son histoire qui peine à convaincre sur la durée.

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Test Blu-ray / Le Mystère d’Edwin Drood, réalisé par Stuart Walker

LE MYSTÈRE D’EDWIN DROOD (The Mystery of Edwin Drood) réalisé par Stuart Walker, disponible en DVD et Combo Blu-ray+DVD le 26 mars 2024 chez Elephant Films.

Acteurs : Claude Rains, Douglass Montgomery, Heather Angel, David Manners, Francis L. Sullivan, Valerie Hobson, Zeffie Tilbury, Ethel Griffies…

Scénario : John L. Balderston, Gladys Unger, Leopold Atlas & Bradley King, d’après le roman de Charles Dickens

Photographie : George Robinson

Musique : Edward Ward

Durée : 1h27

Année de sortie : 1935

LE FILM

Le jeune et affable Edwin Drood, en apparence comblé par la sollicitude de son oncle John Jasper, maître de choeur à la cathédrale de Cloisterham, disparaît mystérieusement sans laisser de trace. Jasper mène tout d’abord l’enquête sur le sort de son neveu et ses soupçons se dirigent vers l’irascible Neville Landless, arrivé récemment à Cloisterham avec sa soeur Helena…

Le cinéma n’a pas tardé pour s’emparer des écrits de Charles Dickens, puisque la première adaptation d’un de ses livres, en l’occurrence Oliver Twist, remonte à 1901. Depuis, près de 500 films se sont inspirés de près ou de loin d’un des ouvrages de l’écrivain britannique. Le Mystère d’Edwin Drood est le quinzième et dernier roman de Charles Dickens, dont la première transposition date de 1909, suivie par une autre de 1914. Celle qui nous intéresse aujourd’hui est donc la troisième, celle à connaître, même si une autre mouture sera à nouveau réalisée soixante ans plus tard, ainsi que des séries télévisées. Si Le Mystère d’Edwin Drood version Stuart Walker n’est indubitablement pas un chef d’oeuvre, il possède quelques atouts non négligeables, à l’instar d’une superbe photographie signée George Robinson (La Montagne jaune, Le Rayon invisible, Tarantula!), dont le savoir-faire fera le bonheur des studios (et des cinéphiles), puisqu’il sera aussi l’un des chefs opérateurs emblématiques des Universal Monsters (Le Fils de Dracula, La Maison de Dracula, Le Fils de Frankenstein, Frankenstein rencontre le loup-garou, La Tombe de la Momie). Mention spéciale également à la prestation de Claude Rains, inquiétant à souhait et qui porte le film sur ses épaules. Un bon cru, rien de transcendant, mais qui demeure encore divertissant près d’un siècle après sa sortie.

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Test Blu-ray / L’Autre femme, réalisé par François Villiers

L’AUTRE FEMME réalisé par François Villiers, disponible en Blu-ray le 13 mars 2024 chez Gaumont.

Acteurs : Annie Girardot, Francisco Rabal, Alida Valli, Richard Johnson, Hella Petri, Antonio Casas, Cándida Losada, Ana Mariscal, Sancho Gracia…

Scénario : Rémo Forlani, Paul Gégauff, Jacques Sigurd & François Villiers, d’après le roman de Luisa-María Linares

Photographie : Manuel Berenguer & Cecilio Paniagua

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Agnès, une jeune décoratrice d’intérieur, arrive dans une petite île espagnole pour réaménager la maison d’un certain Zaylor située à l’Enseralda, un village isolé. Sur le chemin, elle rencontre Daniel, un homme qui provoque l’hostilité des gens qui l’entourent.

L’Autre femme, rien à voir avec la célèbre chanson éponyme de Michel Sardou « Petit duplex au Sacré-Cœur, Et le complexe du bonheur… », mais il s’agit d’un film réalisé par François Villiers (1920-2009). Ce dernier, même si ses travaux n’ont pas vraiment marqué l’esprit des cinéphiles, aura connu son heure de gloire à la télévision avec la mythique série Les Chevaliers du ciel, pour laquelle il mettra en scène une trentaine d’épisodes, soit les trois-quarts de l’adaptation de la bande dessinée Les Aventures de Tanguy et Laverdure. Tout d’abord documentariste, François Villiers s’essaye à la fiction à la fin des années 1940 avec Hans le marin (où il dirige son frère Jean-Pierre Aumont), mais attendra une dizaine d’années pour s’y consacrer pleinement. Il enchaînera alors L’Eau vive (1958, Golden Globe du meilleur film étranger) avec Pascale Audret, La Verte moisson (1959) avec Pierre Dux et Dany Saval, Pierrot la tendresse (1960) avec Michel Simon et Claude Brasseur…L’Autre femme, son huitième long-métrage sort sur les écrans en 1964 et offre la tête d’affiche à Annie Girardot, en pleine ascension, surtout depuis sa rencontre avec Luchino Visconti, avec lequel elle collabore au théâtre (Deux sur la balançoire) et au cinéma (Rocco et ses frères). Désormais très courtisée par les cinéastes venus des deux côtés des Alpes (Alexandre Astruc, Marco Ferreri, Jean Delannoy, Denys de La Patellière, Roger Vadim, Mario Monicelli), Annie Girardot tourne donc L’Autre femme en Espagne, transposition d’un roman de Luisa-María Linares, d’après un scénario coécrit par Rémo Forlani (La Bande à Bonnot, Tintin et le mystère de la toison d’or, Tintin et les oranges bleues), Paul Gégauff (La Vallée, More, Que la bête meure, Plein soleil), Jacques Sigurd (L’Air de Paris, La Vierge du Rhin, Du mouron pour les petits oiseaux) et François Villiers lui-même. À mi-chemin entre le néoréalisme italien et la Nouvelle vague française, L’Autre femme est à la fois un drame passionnel et une série noire, où une jeune décoratrice française, qui vient de rompre avec son fiancé, débarque sur une île perdue au large de l’Espagne, où elle fera malgré-elle une enquête concernant la culpabilité (ou non) d’un homme mystérieux, accusé d’avoir tué sa compagne, même si son corps n’a jamais été retrouvé. L’Autre femme est assurément une découverte et pour ainsi dire une superbe porte d’entrée dans le cinéma de son auteur, qui donne sérieusement envie de creuser sa filmographie.

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Test Blu-ray / Meurtres dans la 110e rue, réalisé par Barry Shear

MEURTRES DANS LA 110e RUE (Across 110th Street) réalisé par Barry Shear, disponible en Combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 16 janvier 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Anthony Quinn, Yaphet Kotto, Anthony Franciosa, Paul Benjamin, Ed Bernard, Richard Ward, Norma Donaldson, Antonio Fargas…

Scénario : Luther Davis, d’après le roman de Wally Ferris

Photographie : Jack Priestley

Musique : J.J. Johnson

Durée : 1h37

Année de sortie : 1972

LE FILM

Dans un tripot de Harlem contrôlé par la Mafia, cinq hommes comptent la recette du jour. Deux Noirs déguisés en policiers font irruption dans la salle, abattent les hommes et s’enfuient à bord d’un véhicule des forces de l’ordre. Deux policiers, authentiques ceux-là, s’interposent et sont à leur tour abattus. La Mafia, qui a la mainmise sur le quartier, commence ses propres investigations, aidée par des caïds noirs. De son côté, la police confie l’affaire à Pope, un jeune et idéaliste lieutenant noir, et au capitaine Mattelli, proche de la retraite, et dont la misanthropie n’a d’égale que la corruption…

Tout le monde, ou presque connaît la chanson de Bobby Womack, Across 110th Street et la plupart des spectateurs ont dans la tête l’ouverture de Jackie Brown (1997) de Quentin Tarantino. En réalité, ce dernier a comme d’habitude pompé de tous les côtés et avait tout simplement repris le tube éponyme du film de Barry Shear, baptisé en France Meurtres dans la 110e rue. Souvent classé à tort dans le sous-genre alors en vogue de la Blaxploitation, Across 110th Street est un polar pur et dur se déroulant à Harlem, Pandémonium sur Terre, territoire laissé à l’abandon, ou plutôt aux mains des mafieux blancs qui se la coulent douce de l’autre côté de Central Park, laissant le sale boulot aux noirs avec lesquels ils sont en affaire. Venu de la télévision, pour laquelle il officiait sur une quantité phénoménale de téléfilms et de séries depuis les années 1950 (Des agents très spéciaux, Opération vol, Les Règles du jeu, Opération danger, Les Rues de San Francisco), Barry Shear (1923-1979) aura peu, mais bien tourné pour le cinéma. Meurtres dans la 110e rue est alors son quatrième long-métrage pour le grand écran et restera son film le plus célèbre. Comme dirait Raoul Volfoni, « c’est du brutal » ! Across 110th Street est une véritable immersion (rendu imputable à l’utilisation de la révolutionnaire caméra portée Arriflex 35BL) au coeur de l’enfer, une œuvre poisseuse, redoutablement pessimiste, ultra-violente par moments (certaines scènes sont même déconseillées aux âmes sensibles), qui n’a rien perdu de son efficacité et qui embarque le spectateur pendant 1h35 sur un des affluents du Styx. Merveilleusement interprété par Anthony Quinn (également co-producteur exécutif aux côtés du metteur en scène) et Yaphet Kotto, Meurtres dans la 110e rue, écrit par Luther Davis (auteur des géniaux La Main noire de Richard Thorpe et Une femme dans une cage de Walter Grauman) d’après un roman de Wally Ferris (sorti en France sous le titre Noirs et Blancs, dans la collection Série Noire), est un thriller à réhabiliter de toute urgence.

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Test Blu-ray / La Mort remonte à hier soir, réalisé par Duccio Tessari

LA MORT REMONTE À HIER SOIR (La Morte risale a ieri sera) réalisé par Duccio Tessari, disponible le 31 octobre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Raf Vallone, Frank Wolff, Gabriele Tinti, Gillian Bray, Eva Renzi, Gigi Rizzi, Beryl Cunningham, Checco Rissone…

Scénario : Biagio Proietti, Duccio Tessari & Artur Brauner, d’après le roman de Giorgio Scerbanenco

Photographie : Lamberto Caimi

Musique : Gianni Ferrio

Durée : 1h38

Année de sortie : 1970

LE FILM

Un inspecteur de la police enquête sur la disparition d’une jeune femme de 25 ans, fille d’un veuf solitaire. Lorsqu’elle est retrouvée morte, une course contre la montre commence : le policier doit résoudre le crime avant que le père de la jeune femme se fasse justice lui-même…

À l’occasion de la sortie dans les bacs d’Un papillon aux ailes ensanglantées, Zorro et Le Retour de Ringo, nous n’avons eu de cesse de mettre en valeur le travail et le talent du réalisateur Duccio Tessari (1926-1994). Également le metteur en scène du formidable Mort ou vif… de préférence mortVivi o preferibilmente morti, western bourré d’humour avec le fabuleux tandem Giuliano Gemma / Nino Benvenuti, il demeure aussi celui d’un polar sombre et violent avec Alain Delon, Les Grands Fusils, plus connu sous le titre Big Guns (1973). Méconnu et tout aussi percutant, La Mort remonte à hier soir La Morte risale a ieri sera (1970) s’inscrit dans le Poliziottesco et repose sur un scénario virtuose que le cinéaste coécrit avec Biagio Proietti (Le Chat noir de Lucio Fulci, L’Assassin a réservé 9 fauteuils de Giuseppe Bennati), d’après le roman Les Milanais tuent le samediI milanesi ammazzano al sabato de Giorgio Scerbanenco, issu de la saga Duca Lamberti qui comporte quatre enquêtes. Le rôle de ce personnage emblématique de l’autre côté des Alpes est confié à l’excellent et imposant Frank Wolff, acteur américain et caméléon, dont la filmographie se compose d’oeuvres chéries par les cinéphiles comme Milan calibre 9 de Fernando Di Leo, Metello de Mauro Bolognini, La Mort marche en talons hauts de Luciano Ercoli, Le Grand Silence de Sergio Corbucci, Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, Salvatore Giuliano de Francesco Rosi et Tuez-les tous… et revenez seul ! Ammazzali tutti e torna solo d’Enzo G. Castellari. La Mort remonte à hier soir sera l’un de ses derniers films, avant son suicide l’année suivante à l’âge de 43 ans. Foncièrement dépressif, ce qui le poussera à se trancher la gorge pour en finir avec son mal-être, Frank Wolff traîne un spleen évident dans La Morte risale a ieri sera et campe un superbe commissaire Lamberti, vieux briscard aux méthodes anciennes, quelque peu dépassé par les événements, mais qui croit encore en la justice de son pays. L’enquête menée est passionnante du début à la fin, pleine de rebondissement et laisse une belle place à la psychologie des personnages, en particulier celui d’Amanzio Berzaghi, merveilleusement interprété par le légendaire Raf Vallone (L’Empire du Grec, Rosebud, Le Cid, Le Christ interdit), bouleversant. Un très bon cru qui reste longtemps en tête.

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Test Blu-ray / La Femme Flic, réalisé par Yves Boisset

LA FEMME FLIC réalisé par Yves Boisset, disponible en DVD & Blu-ray le 19 septembre 2023 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Miou-Miou, Jean-Marc Thibault, Leny Escudero, Jean-Pierre Kalfon, François Simon, Alex Lacast, Niels Arestrup, Henri Garcin, Philippe Caubère…

Scénario : Yves Boisset & Claude Veillot

Photographie : Jacques Loiseleux

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Parce que son sens du devoir dérange, l’inspecteur Corinne Levasseur se voit reléguée aux travaux administratifs dans une petite ville du Nord. Mais elle est bientôt chargée d’enquêter sur une affaire de prostitution enfantine… Son action met sa vie en danger…

Après le César de la Meilleure actrice obtenu pour sa prestation dans La Dérobade de Daniel Duval, triomphe qui aura attiré près de 2,8 millions de spectateurs dans les salles, la carrière de Miou-Miou prend un nouveau virage. Mais avant d’être récompensée par la précieuse compression, un autre long-métrage venait de confirmer l’aura de la comédienne auprès du public, La Femme Flic, sorti en janvier 1980, qui lui aussi remportera un franc succès avec 1,8 millions d’entrées. Le douzième long-métrage d’Yves Boisset restera l’un des plus connus du réalisateur, mais aussi l’un des plus emblématiques de l’actrice. Sur un scénario implacable coécrit par le cinéaste et son complice Claude Veillot (Ronde de nuit, Le Choc, Espion lève-toi, Le Vieux fusil, Un Condé), La Femme Flic est l’un des premiers films à se focaliser, comme son titre l’indique, sur une inspectrice de police, genre alors peu représenté dans ce métier, du moins à ce niveau hiérarchique, la gent féminine étant la plupart du temps reléguée au rang de secrétaire. Miou-Miou, dans un rôle imaginé pour Isabelle Huppert, finalement retenue par Michael Cimino et La Porte du paradis, est superbe en jeune policière de 28 ans, dont la vocation va être brisée par ceux, haut placés, qui voient d’un mauvais œil son investissement et le fait qu’elle vienne fouiner là où cela dérange. Plus de quarante ans après sa sortie, La Femme Flic demeure douloureusement d’actualité dans le sujet qu’il traite et beaucoup d’images, de scènes, de regards s’impriment de façon indélébile dans la mémoire des cinéphiles.

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Test Blu-ray / Dillinger, réalisé par John Milius

DILLINGER réalisé par John Milius, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 7 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Warren Oates, Ben Johnson, Michelle Phillips, Cloris Leachman, Harry Dean Stanton, Geoffrey Lewis, John P. Ryan, Richard Dreyfuss…

Scénario : John Milius

Photographie : Jules Brenner

Musique : Barry De Vorzon

Durée : 1h43

Année de sortie : 1973

LE FILM

Le gangster John Dillinger devient la cible du FBI de Kansas City après avoir participé au meurtre de cinq agents. A force de témérité, il s’attire la sympathie du public et devient vite l’ennemi public n°1…

Quinze ans après L’Ennemi public Baby Face Nelson de Don Siegel, le scénariste John Milius passe derrière la caméra et revient à Dillinger et sa bande dans…Dillinger. Ayant le vent en poupe et devenu l’un des auteurs les mieux payés d’Hollywood après avoir participé à L’Inspecteur Harry Dirty Harry, écrit Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, Juge et Hors-la-loi The Life and Times of Judge Roy Bean de John Huston et bien sûr Magnum Force de Ted Post, John Milius accepte de baisser son énorme cachet habituel pour Dillinger, qui sera son premier long-métrage en tant que réalisateur. Après Lawrence Tierney dans Dillinger, l’ennemi public n° 1 de Max Nosseck et Leo Gordon dans L’Ennemi public, c’est au tour de l’exceptionnel Warren Oates d’enfiler le costume trois-pièces du gangster et qui une fois n’est pas coutume accède en haut de l’affiche. S’il s’acquitte admirablement de sa tâche, un autre comédien partage cette place convoitée en la personne du génial Ben Johnson, qui dans la peau de Melvin Purvis, l’agent du FBI lancé à la poursuite de Dillinger, est tout aussi remarquable et par ailleurs mis sur un pied d’égalité avec son partenaire. Anarchiste zen, comme il se définissait lui-même dans sa jeunesse, prenant le train en marche du Nouvel Hollywood, mais aussi et avant tout défenseur des valeurs traditionnelles américaines, John Milius met tout dans Dillinger, son mode de pensée, son âme, son adulation des armes à feu, sa vision de l’héroïsme américain, le tout marqué par une violence sèche, brutale, sanglante, qui participe à la pérennité de ceux qu’il considère alors comme des mythes. Il en résulte un polar mâtiné de film noir et même de western souvent implacable, teinté d’humour et qui n’omet pas l’émotion, qui s’avère aussi et surtout toujours divertissant un demi-siècle après sa sortie explosive.

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