Test DVD / Chronique d’une liaison passagère, réalisé par Emmanuel Mouret

CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE réalisé par Emmanuel Mouret, disponible en DVD et Blu-ray le 24 janvier 2023 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet, Maxence Tual, Stéphane Mercoyrol, Eric Wrembel, Ghislaine Fleury, Brahim Zairi, Mohamed Zairi, Juliette Capieu, Lola Niedermayer…

Scénario : Emmanuel Mouret & Pierre Giraud

Photographie : Laurent Desmet

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité…

Les films d’Emmanuel Mouret ont cette particularité de se ressembler, tout en étant différents et de conserver chaque fois, à une ou deux exceptions près (Une autre vie, sans doute la seule faute de parcours du réalisateur), une indéniable fraîcheur doublée d’une inspiration sans cesse renouvelée. Chronique d’une liaison passagère est déjà le onzième long-métrage d’Emmanuel Mouret et l’un de ses plus beaux, attachants, matures, le cinéaste atteignant ici les sommets dans son écriture, dans sa direction d’acteurs, dans sa mise en scène. Chaînon manquant entre Woody Allen et Richard Linklater (on pense à la trilogie Before SunriseSunsetMidnight), il déploie une virtuosité à la fois sur le fond (ou comment aborder de façon innovante, un amour adultère, sujet maintes fois raconté au cinéma) et sur la forme (un usage magistral du plan-séquence), tout en offrant à Sandrine Kiberlain et à Vincent Macaigne (en route pour le César du Meilleur acteur !) un de leurs plus grands rôles. On déguste, on savoure chaque fulgurante réplique, sublime, renversante, de cette comédie-romantique, tout en admirant le couple principal, rencontre de deux tornades dévastatrices, qui ont rarement été aussi lumineux.

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Test DVD / Le Sixième enfant, réalisé par Léopold Legrand

LE SIXIÈME ENFANT réalisé par Léopold Legrand, disponible en DVD et Blu-ray le 7 février 2023 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Sara Giraudeau, Benjamin Lavernhe, Damien Bonnard, Judith Chemla, Naidra Ayadi, Olivier Rabourdin, Marie-Christine Orry, Matheo Kabati…

Scénario : Catherine Paillé & Léopold Legrand, d’après le roman d’Alain Jaspard

Photographie : Julien Ramirez Hernan

Musique : Louis Sclavis

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Franck, ferrailleur, et Meriem ont cinq enfants, un sixième en route, et de sérieux problèmes d’argent. Julien et Anna sont avocats et n’arrivent pas à avoir d’enfant. C’est l’histoire d’un impensable arrangement.

C’est une révélation immédiate, fulgurante, foudroyante, au même titre que Jusqu’à la garde de Xavier Legrand en 2018. Le Sixième enfant est le premier long-métrage de Léopold Legrand. Retenez tout de suite ce nom, car vous risquez d’en réentendre parler dans un proche avenir. Coup d’essai et coup de maître, ce drame social joue avec les codes du thriller et embarque dans une quête, celle de la maternité, vitale, à tout prix, peu importe comment. Le Sixième enfant est un uppercut comme il en arrive rarement dans le cinéma français contemporain, qui accroche de la première à la dernière image, qui s’inscrit d’emblée dans la mémoire du spectateur et des cinéphiles, qui rappelle les grands classiques du septième art hexagonal des années 1970. Léopold Legrand (né en 1992) fait preuve d’une sacrée maturité, sur le fond comme sur la forme, déjà constatée sur Mort aux codes (2018), probablement un des meilleurs courts-métrages que vous pourrez voir dans votre vie, interprété par l’immense Olivier Rabourdin, par ailleurs aussi au générique du film qui nous intéresse aujourd’hui. Porté par un extraordinaire quatuor, Sara Giraudeau, Benjamin Lavernhe, Damien Bonnard et Judith Chemla, Le Sixième enfant est une œuvre dont on ne ressort pas indemnes et qui pourtant évite tout pathos et misérabilisme, creuse dans les tripes de ses personnages, n’en laisse aucun sur le bas côté, qui trouve ce parfait équilibre entre l’ombre et la lumière, entre la crédibilité « sociétale » recherchée et le romanesque propre au cinéma. Il est là l’avenir du septième art en France !

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Test Blu-ray / Tralala, réalisé par Arnaud et Jean-Marie Larrieu

TRALALA réalisé par Arnaud et Jean-Marie Larrieu, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2022 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Mathieu Amalric, Josiane Balasko, Mélanie Thierry, Maïwenn Le Besco, Bertrand Belin, Denis Lavant, Galatea Bellugi, Jalil Lespert…

Scénario : Arnaud et Jean-Marie Larrieu

Photographie : Jonathan Ricquebourg

Musique : Philippe Katerine, Bertrand Belin, Dominique A, Jeanne Cherhal, Etienne Daho & Sein

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un chanteur-compositeur en voie de clochardisation voit apparaître une « fille en bleu » sur le parvis de la gare Montparnasse. Frappé par ce qu’il prend pour une apparition mariale, il décide de partir à sa recherche et se rend à Lourdes en quête de la Sainte Vierge. Il y fait la rencontre d’une sexagénaire qui le prend pour son fils, disparu vingt ans auparavant aux États-Unis.

Tiens, revoilà les frères Larrieu ! Cela faisait six ans que nous n’avions plus de nouvelles d’Arnaud et Jean-Marie, depuis le succès honnête de 21 nuits avec Pattie en novembre 2015, sans nul doute l’une de leurs plus grandes réussites. Bien loin des ronflants, interminables et prétentieux Peindre ou faire l’amour (2005) et Les Derniers Jours du monde (2009), les deux frangins avaient déjà retrouvé une véritable énergie avec L’Amour est un crime parfait en 2014, et se souvenaient surtout d’un élément-clé au cinéma, les spectateurs. Pas étonnant que ce dernier ait été leur deuxième plus gros hit au box-office, comme l’a d’ailleurs été 21 nuits avec Pattie, porté par la tornade Karin Viard. C’est malheureusement une autre paire de manche avec Tralala, leur dernier opus en date, pour lequel ils retombent dans leurs travers qui plaisent tant à Télérama, aux Cahiers du Cinéma et aux Inrockuptibles. Du cinéma pour bobos, nombriliste, clinquant comme les néons d’un concept store dans le Marais, incarné par Mathieu Amalric (qui remplace Philippe Katerine, pour qui le rôle avait été écrit et qui a composé les chansons du personnage principal), pour la cinquième fois devant la caméra des Larrieu après le moyen-métrage La Brèche de Roland (2000), Un homme, un vrai (2003), Les Derniers Jours du monde et L’Amour est un crime parfait. Celui-ci écarquille les yeux à outrance derrière son masque anti-Covid (le tournage a eu lieu l’été 2020) et arbore une barbe pouilleuse, en pensant que cela fera rire Jean-Marc Lalanne qui a déjà fait sa critique dithyrambique du film, avant même de l’avoir vu. Mais non, rien n’y fait, Tralala est juste d’une neurasthénie confondante, une succession de séquences où le vide est rempli par des chansons qui feraient taire Eddy de Pretto (c’est pas bête si on y pense) de jalousie en voyant ces acteurs s’égosiller encore plus mal que lui. Bon, vous l’aurez compris, on a détesté. En voulant rendre hommage à Jacques Demy, les Larrieu ne livrent au final qu’une demi-éjac.

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Test DVD / Voir le jour, réalisé par Marion Laine

VOIR LE JOUR réalisé par Marion Laine, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Aure Atika, Sandrine Bonnaire, Kenza Fortas, Elsa Madeleine, Brigitte Roüan, Sarah Stern, Lucie Fagedet, Nadège Beausson-Diagne, Stéphane Debac, Claire Dumas, Alice Botté…

Scénario : Marion Laine, d’après le roman Chambre 2 de Julie Bonnie

Photographie : Brice Pancot

Musique : Béatrice Thiriet

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Jeanne travaille comme auxiliaire dans une maternité de Marseille. Nuit et jour, Jeanne et ses collègues se battent pour défendre les mères et leurs bébés face au manque d’effectif et à la pression permanente de leur direction. Jeanne vit avec Zoé, sa fille de 18 ans, qu’elle élève seule. Lorsqu’un drame survient à la maternité et que Zoé part étudier à Paris, le passé secret de Jeanne resurgit soudain et la pousse à affirmer ses choix de vie.

Tout d’abord comédienne, vue dans quelques séries made in TF1 (Navarro, Julie Lescaut, Les Cordier, juge et flic), Marion Laine passe à la mise en scène et après quelques courts livre son premier long-métrage en 2008, Un coeur simple. Dans cette adaptation de la nouvelle homonyme de Gustave Flaubert publiée en 1877 dans le recueil Trois Contes, la réalisatrice dirigeait Sandrine Bonnaire, Marina Foïs et Noémie Lvovsky. Avec son deuxième film, A coeur ouvert, Marion Laine décevait avec sa transposition du second roman de Mathias Enard, Remonter l’Orénoque, publié en 2005, un film guère réussi en dépit de la réunion de deux beaux comédiens, Juliette Binoche et Édgar Ramírez, et ce en raison d’un scénario mal écrit et caricatural, une mise en scène jamais convaincante, des scènes souvent ridicules et une interprétation trop « excessive ». La cinéaste rectifie enfin le tir avec Voir le jour, sans aucun doute son plus beau film à ce jour, pour lequel elle retrouve Sandrine Bonnaire une troisième fois après le téléfilm Ce soir-là et les jours d’après qui traitait des attentats de novembre 2015.

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Test Blu-ray / Les Parfums, réalisé par Grégory Magne

LES PARFUMS réalisé par Grégory Magne, disponible en DVD et Blu-ray le 3 novembre 2020 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Emmanuelle Devos, Grégory Montel, Gustave Kervern, Sergi López, Zelie Rixhon, Pauline Moulène, Sacha Bourdo, Eva Chico…

Scénario : Grégory Magne

Photographie : Thomas Rames

Musique : Gaëtan Roussel

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Mademoiselle Walberg, impérieuse et asociale, est un nez qui a eu son heure de gloire autrefois, Guillaume Favre un chauffeur de maître au bout du rouleau : lorsque la première fait appel aux services du second par l’intermédiaire de l’agence qui l’emploie, tout semble mal parti entre les deux. Pourtant…

En 2012, sort un tout petit film charmant et très attachant, qui passe malheureusement complètement inaperçu, L’Air de rien, coécrit et coréalisé par Grégory Magne et Stéphane Viard. Dans ce premier long-métrage, comme dans un monde parallèle à la Jean-Philippe, les deux réalisateurs imaginaient un Michel Delpech qui aurait arrêté la chanson au top de sa popularité à la fin des années 70, qui se retrouverait criblé de dettes et tenu de trouver une issue avec les huissiers. Et pourquoi pas un retour sur scène ? Pour cela, les deux metteurs en scène s’étaient attachés les services du chanteur populaire, dont le charisme à l’écran se révélait indéniable, dont le naturel et le talent avaient déjà pu être appréciés devant la caméra dans Les Bien-aimés de Christophe Honoré. Mais ce qui se détachait de ce film, c’était sa sincérité, sa tendresse, sa douce mélancolie et l’on y découvrait surtout un brillant comédien, Grégory Montel. Huit ans après L’Air de rien, les deux Grégory se retrouvent pour Les Parfums, brillante comédie-dramatique, leur deuxième association et le premier film réalisé en solo pour Grégory Magne. Si certains s’en souviendront comme étant l’un des premiers films proposés après le premier confinement (il aura d’ailleurs réussi à attirer plus de 250.000 spectateurs durant cette délicate période), Les Parfums est avant tout un merveilleux film dont on retrouve la grande sensibilité du cinéaste, dans lequel Grégory Montel (la série Dix pour cent) crève l’écran une fois de plus et tient la dragée haute à l’excellente Emmanuelle Devos. Un vrai petit bijou.

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Test DVD / Revenir, réalisé par Jessica Palud

REVENIR réalisé par Jessica Palud, disponible en DVD le 7 juillet 2020 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Niels Schneider, Adèle Exarchopoulos, Roman Coustère Hachez, Patrick d’Assumçao, Hélène Vincent, Franck Falise, Jonathan Couzinié, Catherine Salée…

Scénario : Jessica Palud, Philippe Lioret, Diastème d’après le roman L’Amour sans le faire de Serge Joncour

Photographie : Victor Seguin

Musique : Mathilda Cabezas, Augustin Charnet

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

C’est la ferme où Thomas est né. C’est sa famille. Son frère, qui ne reviendra plus, sa mère, qui est en train de l’imiter, et son père, avec qui rien n’a jamais été possible. Il retrouve tout ce qu’il a fui il y a 12 ans. Mais aujourd’hui il y a Alex, son neveu de six ans, et Mona, sa mère incandescente.

Librement adapté du roman L’Amour sans le faire de Serge Joncour, Revenir est le second long métrage de Jessica Palud, sept ans après Les Yeux fermés. Fille du réalisateur Hervé Palud (Les Frères Pétard, Un indien dans la ville, non nous ne parlerons pas de Mookie) et ancienne assistante réalisatrice auprès de Bernardo Bertolucci (InnocentsThe Dreamers), Sofia Coppola (Marie-Antoinette), Philippe Lioret (Je vais bien, ne t’en fais pas, Welcome, Toutes nos envies) et Diastème (Le Bruit des gens autour), Jessica Palud s’est octroyé la plume de ces deux derniers, pour s’approprier cette histoire familiale intimiste, pudique et délicate. Lauréat du prix du meilleur scénario dans la section Orizzonti à la Mostra de Venise, Revenir est un deuxième film qui vaut essentiellement pour l’intense interprétation de Niels Schneider, toujours à fleur de peau, mais dont le scénario pâtit d’une absence d’intérêt et qui donne l’agaçante impression de vu et revu dans le cinéma d’auteur français. Quelques qualités, mais aussi de nombreux défauts.

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Test Blu-ray / Portrait de la jeune fille en feu, réalisé par Céline Sciamma

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU réalisé par Céline Sciamma, disponible en DVD et Blu-ray le 18 février 2020 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Adèle Haenel, Noémie Merlant, Luàna Bajrami, Valeria Golino, Christel Baras, Armande Boulanger, Guy Delamarche, Clément Bouyssou…

Scénario : Céline Sciamma

Photographie : Claire Mathon

Musique : Jean-Baptiste de Laubier, Arthur Simonini

Durée : 2h01

Année de sortie : 2019

LE FILM

1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

Depuis Bande de filles en 2014, qui avait quelque peu déçu surtout après l’immense réussite du superbe Tomboy (2011), Céline Sciamma a remporté en 2017 le César de la meilleure adaptation pour le long métrage d’animation Ma vie de Courgette de Claude Barras, puis écrit Quand on a 17 ans d’André Téchiné. On attendait de pied ferme son grand retour derrière la caméra et le moins que l’on puisse dire, c’est que notre patience est largement récompensée avec le sublime Portrait de la jeune fille en feu, indéniablement son plus grand film et même son premier chef d’oeuvre. Lauréate du Prix du scénario au Festival de Cannes en 2019, Céline Sciamma aurait pu remporter la Palme d’or pour ce film, ou voir ses deux comédiennes principales, Adèle Haenel et Noémie Merlant, être récompensées par le Prix d’interprétation. Merveilleusement photographié, divinement écrit, passionnant, sensuel, Portrait de la jeune fille en feu est un drame doublé d’une histoire d’amour au rythme languissant, qui foudroie le coeur et ravit les sens. Assurément le plus grand film français de l’année 2019.

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Test DVD / Un beau voyou, réalisé par Lucas Bernard

UN BEAU VOYOU réalisé par Lucas Bernard, disponible en DVD le 7 mai 2019 chez Pyramide Vidéo

Acteurs : Charles Berling, Swann Arlaud, Jennifer Decker, Jean-Quentin Châtelain, Erick Deshors, Anne Loiret, Pierre Aussedas, Marina Moncade, Victor Pontecorvo…

Scénario : Lucas Bernard

Photographie : Alexandre Léglise

Musique : Christophe Danvin

Durée : 1h40

Année de sortie : 2019

LE FILM

Le commissaire Beffrois attend la retraite avec un enthousiasme mitigé quand un vol de tableau retient son attention. Est-ce l’élégance du procédé ? L’audace du délit ? La beauté de l’œuvre volée ? Beffrois se lance à la recherche d’un voleur atypique, véritable courant d’air, acrobate à ses heures.

Ancien assistant opérateur de Tonie Marshall sur France Boutique, de Coline Serreau sur Saint-Jacques… La Mecque, également directeur de la photographie et écrivain (Les Lacets rouges, FDS Seuil), Lucas Bernard signe Un beau voyou, son premier long métrage. Très belle réussite et prometteur, ce film doux-amer, difficile à classer, joue avec les genres et les ruptures de tons pour mieux surprendre les spectateurs qui pourraient se prendre au jeu concocté par le réalisateur. Le trio vedette Charles Berling, Swann Arlaud et Jennifer Decker sont excellents, formidablement dirigés et prennent visiblement beaucoup de plaisir à se donner la réplique.

Précédemment scénariste et metteur en scène d’un très bon court-métrage intitulé La Place du mort (2014) avec Christian Benedetti et Anne Loiret, Lucas Bernard passe donc le cap du « grand format » avec Un beau voyou. Comme souvent dans un premier long métrage, moult sujets sont abordés. Le cinéaste trouve le bon équilibre et croise à la fois le départ d’un flic à la retraite, une histoire d’amour, le récit d’un vol de tableaux, le portrait d’un trentenaire trouble et ambigu, le deuil, la filiation. Là où la plupart se seraient perdus en chemin en privilégiant un sujet plutôt que l’autre, tout en délaissant la plupart des bases posées ici et là en début de film, Lucas Bernard imbrique et entrecroise les personnages, les sensibilités et les destinées.

Volontairement « old school » dixit le réalisateur, le personnage de François Albagnac, dit Bertrand ou Antoine, incarné par Swann Arlaud qui venait alors de recevoir le César tellement mérité pour Petit paysan d’Hubert Charuel, est un voleur qui renvoie au «Chat » interprété part Cary Grant dans La Main au collet d’Alfred Hitchcock, sans complice, se faufilant par les toits. Son « adversaire » est un commissaire qui se prépare à fêter son départ à la retraite, qui arbore des chemises fleuries, avec un sourire cynique constamment collé au visage. Veuf, sa femme lui a laissé deux garçons dans la trentaine, ainsi que certaines connaissances pointues en matière d’art. En ayant « marre des délits qui sentent la misère », Beffrois, merveilleusement incarné par Charles Berling au jeu toujours aussi frais, souhaiterait finir sa carrière sur un beau coup. Et s’il mettait la main sur le voleur de tableaux avant d’aller tailler ses rosiers ?

Un beau voyou est un film lumineux, vraisemblablement tourné en plein été, avec des couleurs vives et une clarté omniprésente. Pourtant, les portraits dressés des protagonistes sont plutôt sombres. Beffrois tente de se remettre de la mort de son épouse et de réapprendre à communiquer avec ses deux fils, tandis que Bertrand, sans véritable domicile fixe (ses parents ne savent d’ailleurs même pas où il habite), passe d’arnaque en arnaque en usurpant l’identité de certains quidams, tout en se transformant en voleur félin la nuit où les toits de Paris (très bien filmés d’ailleurs, notamment lors d’une poursuite à la Peur sur la ville) deviennent son domaine. La rencontre avec Justine va bouleverser quelque peu son quotidien.

Ce que l’on apprécie dans Un beau voyou c’est d’abord les comédiens, dont le jeu et les parcours diffèrent, mais qui pourtant s’assemblent royalement pour donner au film une identité propre et inattendue. Charles Berling bouffe l’écran et compose une vraie figure de flic qui a visiblement connu toutes les arnaques dans son commissariat du XVIIIe arrondissement, un peu à la Philippe Noiret dans Les Ripoux. La scène d’ouverture où il offre « un jus » au jeune voleur pris en flagrant délit dans son propre appartement installe d’emblée le personnage. Immédiatement attachant, Beffrois se révèle par strates et sa dernière scène est absolument jubilatoire. Swann Arlaud est également admirable dans la peau du « Beau voyou » instable et roublard. La trop rare à l’écran Jennifer Decker de la Comédie Française, est à se damner et son regard ardent vole toutes les scènes où elle apparaît.

Comédie-dramatique policière à la fois sensuelle, romanesque et fantaisiste, bref inclassable, très attachante et dynamique, Un beau voyou est une des très belles surprises de l’année 2019 dont on retient d’ores et déjà le nom de son auteur, Lucas Bernard.

LE DVD

Le test du DVD d’Un beau voyou, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Nous ne manquons jamais de saluer un éditeur quand il décide de proposer des courts-métrages en guise de supplément. C’est le cas ici avec tout d’abord l’excellent film La Place du mort (21’), réalisé par Lucas Bernard en 2014. Georges (Christian Benedetti), juge de province, percute et tue un homme assis sur une route de campagne. Ne semblant pas bouleversé par sa mésaventure, il arrive à l’heure au tribunal. Mais une inconnue, Carole Favourier (Anne Loiret) se glisse dans la salle d’audience et le regarde rendre justice.

Egalement présent, l’essai intitulé La Part disponible (2013, 7’) dans lequel Lucas Bernard se penche sur l’héritage familial à travers une collection d’anciennes cartes postales. Un montage troublant sur le temps qui passe («mais surtout qui s’accélère » dit le narrateur) constitué d’images Super 8, de photographies, de bobines, de cassettes…

Emergence est une fabrique pour le cinéma et la fiction créée en 1998. Sa vocation est de soutenir la jeune création et de révéler des talents. Chaque année, les réalisateurs sélectionnés tournent deux scènes de leur scénario avec les acteurs et les équipes techniques du long métrage en développement. En 2015, Lucas Bernard a participé à Emergence, dans le cadre de la préparation d’Un beau voyou, alors que le film s’intitulait encore Une histoire de l’art (8’). Nous retrouvons Jennifer Decker et Swann Arlaud, dans une scène finalement non retenue pour le film, mais qui est évoquée lors du repas. Il s’agit du moment où le père de Justine la surprend au lit avec Bertrand.

Ne manquez pas les essais costumes des comédiens (9’30), très beaux, durant lesquels les protagonistes regardent la caméra et récitent visiblement une tirade de leur choix.

Enfin, deux scènes coupées viennent compléter cette section (6’). La première montre la confrontation entre Beffrois et le mari victime du vol, qui vient comme par enchantement de retrouver sa toile dérobée. La seconde, beaucoup plus émouvante, montre la confrontation entre Beffrois et ses deux fils, dans un café, où la mort de la mère-épouse est enfin abordée.

L’Image et le son

Point d’édition HD pour Un beau voyou, mais le DVD proposé par Pyramide Vidéo est tout point lumineux. Les couleurs sont vives, le piqué constant, les contrastes fermes. Aucun problème constaté, les gros plans regorgent de détails et les scènes nocturnes sont également élégantes.

Bien qu’elle soit essentiellement musicale, la spatialisation instaure un réel confort acoustique. Par ailleurs, les quelques effets glanés ici et là sur les enceintes arrière permettent de plonger le spectateur dans une atmosphère probante. Sans surprise, le caisson de basses n’intervient pas dans cette histoire, ou seulement lors de la scène de la poursuite sur les toits. Les voix demeurent solidement plantées sur la centrale, la balance frontale étant quant à elle riche et savamment équilibrée. Une option Stéréo est également au programme, ainsi qu’une piste Audiodescription et les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.


Crédits images : © Pyramide Distribution / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Amanda, réalisé par Mikhaël Hers

AMANDA réalisé par Mikhaël Hers, disponible en DVD chez Pyramide Vidéo le 2 avril 2019

Acteurs : Vincent Lacoste, Isaure Multrier, Stacy Martin, Ophélia Kolb, Marianne Basler, Jonathan Cohen, Nabiha Akkari, Greta Scacchi…

Scénario : Mikhaël Hers, Maud Ameline

Photographie : Sébastien Buchmann

Musique : Anton Sanko

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Paris, de nos jours. David, 24 ans, vit au présent. Il jongle entre différents petits boulots et recule, pour un temps encore, l’heure des choix plus engageants. Le cours tranquille des choses vole en éclats quand sa sœur aînée meurt brutalement. Il se retrouve alors en charge de sa nièce de 7 ans, Amanda.

Mikhaël Hers. Si ce nom ne vous dit rien, il s’agit pourtant d’un de nos plus précieux cinéastes. Né en 1975, le réalisateur fait ses débuts derrière la caméra en 2006 avec Charell, moyen-métrage magnifiquement interprété par Jean-Michel Fête et Marc Barbé, librement adapté d’un des chapitres du roman De si braves garçons de Patrick Modiano. Mikhaël Hers y abordait déjà quelques-uns de ses thèmes de prédilection avec la rencontre de deux anciens amis d’enfance, que les hasards de la vie avaient fini par éloigner. Au détour des rues désertes d’un quartier perdu, les nuits se succèdent, faisant alors ressurgir le spectre d’un passé lointain. Charell posait les bases d’un univers singulier, mettant en valeur un Paris by night et la nostalgie d’une amitié aujourd’hui oubliée ou lointaine. Présenté à Cannes en 2006 dans le cadre de la Semaine Internationale de la Critique, ce surprenant coup d’essai allait être rapidement suivi de Primrose Hill. L’action se situait à l’Ouest de Paris, dans une petite ville de banlieue bordée par la Seine, où quatre amis d’adolescence se retrouvaient pour tenter d’enregistrer les maquettes de nouvelles chansons. Ce deuxième moyen-métrage sera en réalité la première esquisse de son premier long métrage, Memory Lane. Une fois de plus, la ville de Paris est aperçue des collines de la banlieue ouest, l’hiver est rude, une personne a visiblement disparu et sert de narratrice. Le groupe déambule sans but réel, les protagonistes parlent de tout et de rien (en apparence), une nostalgie est déjà palpable chez ces jeunes de 25 ans, tiraillés entre les adolescents qu’ils étaient quand ils se sont connus, et les adultes qu’ils sont devenus malgré eux.

En 2009, Mikhaël Hers réalise le sublime Montparnasse, véritable typhon d’émotions, qui se déroule une nuit dans le quartier de Montparnasse à Paris avec pour décor le néon des boulevards, quelques rues désertées, une galerie marchande, un jardin endormi, le parvis de la tour. Portrait de trois jeunes femmes de 25 ans, le film prend la forme du film à sketchs, tout en respectant une unité de lieu et de temps. Avec une rare sensibilité qui renverse complètement le spectateur dès la première partie, Montparnasse clôt une trilogie débutée avec Charell mettant en relief des conversations nocturnes, des retrouvailles, une disparition et la douleur qu’elle engendre, les désillusions post-adolescentes, le mal-être, le souvenir d’une jeunesse récemment envolée, l’angoisse existentielle. Sorti sur les écrans en août 2010, Memory Lane était un vrai coup de maître, confirmé en 2015 par Ce sentiment de l’été. Nous voilà donc rendu à Amanda, le troisième long métrage du cinéaste. Et c’est toujours aussi merveilleux. Avec délicatesse, sobriété et élégance, Amanda impose une fois plus son auteur, mais aussi son comédien, Vincent Lacoste, probablement l’acteur le plus passionnant de l’année 2018.

Il incarne ici David, vingt-quatre ans, un jeune homme qui cumule les petits boulots et profite de la vie, tout en écartant les décisions importantes d’une vie. Mais, un jour, il apprend la mort de sa sœur aînée et se retrouve à devoir s’occuper de sa petite nièce de sept ans, Amanda.

Pour le cinéaste et producteur Luc Moullet, Mikhaël Hers se rapproche de cinéastes tels que John Ford ou Agnès Varda (paix à son âme), quant à son rapport à l’espace. Depuis Ce sentiment de l’été, le réalisateur, qui avait pour habitude de se servir du cadre de la banlieue Ouest de Paris pour décor, avec notamment la terrasse du Parc de Saint-Cloud, a élargi son champ d’action. Après Berlin, Paris et New York dans son précédent long métrage, Mikhaël Hers revient à Paris (11e, 12e, 19e et 20e arrondissements) dans Amanda et s’en va faire également un tour à Londres, dans les parcs situés en banlieue. Dans Amanda, le travail sur la lumière estivale est toujours aussi important, tout comme les conversations en apparence anodines. A l’instar de Ce sentiment de l’été, Amanda traite du deuil après une disparition injuste et inattendue. Dans son troisième long métrage, le cinéaste prend pour toile de fond les attaques terroristes, en imaginant un attentat dans le bois de Vincennes, durant lequel Sandrine, la sœur du personnage principal, mais aussi Léna, sa nouvelle petite-amie sont victimes de ces attaques. Si la seconde (superbe Stacy Martin) parvient à s’en sortir, la première (délicate Ophélia Kolb) décède des suites de ses blessures. David (Vincent Lacoste, sublime), doit alors prendre en charge la fille de Sandrine, Amanda, sept ans, avec tous les bouleversements que cela entraîne chez ce jeune homme de 24 ans, mais aussi chez cette petite fille.

Nul autre que Mikhaël Hers est à ce point capable de capturer le Paris contemporain. Avec sa patine argentique et ses couleurs fanées, Amanda montre une capitale fragilisée par les attentats, comme si ses habitants marchaient sans cesse sur un fil. Plus ancré dans le présent et le quotidien que ses précédents films, Amanda foudroie le coeur à chaque instant et rappelle parfois le somptueux Ponette (1996) de Jacques Doillon. On s’attache immédiatement aux personnages, dont la jeune Isaure Multrier, étonnante, spontanée et très prometteuse dans le rôle-titre. Bouleversant, et pourtant solaire, optimiste et sans aucun misérabilisme, Amanda fait partie de ces films qui ont la grâce, qui restent dans la tête et dont les personnages reviennent fréquemment en mémoire avec l’envie de savoir ce qu’ils sont devenus.

LE DVD

Le test du DVD d’Amanda, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

A l’instar des suppléments de Ce sentiment de l’été, l’interactivité présente sur le DVD d’Amanda se résume à peu de choses.

On appréciera la vidéo du casting d’Isaure Multrier (7’30), où la petite de 9 ans fait déjà preuve d’une étonnante maturité. Ce module montre également la première fois où Isaure donne la réplique à Vincent Lacoste.

La musique a toujours tenu une place importante dans l’oeuvre de Mikhaël Hers. L’éditeur propose d’écouter la bande-originale signée Anton Sanko, ainsi qu’un titre inédit de Jarvis Cocker, Elvis has left the building (23’30).

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces, dont celle du Festival International du film de Bordeaux, réalisée par Mikhaël Hers pour l’édition 2016.

L’Image et le son

Amanda bénéficie d’un transfert suffisamment propre et clair, correspondant à la découverte du film dans les salles. Visiblement filmé avec les éclairages naturels, la colorimétrie se révèle volontairement terne voire parfois délavée, et le manque de définition est aussi aléatoire qu’inhérent aux conditions des prises de vue. Les contrastes sont soit trop appuyés soit trop légers, les visages manquent de précision, tout comme le piqué trop émoussé. Les volontés artistiques du réalisateur, avec un grain plus ou moins appuyé, sont donc bien restituées…

S’il ne fait pas d’esbroufe inutile, le mixage Dolby Digital 5.1 demeure néanmoins timide sur les latérales. Cela est d’autant plus dommage que la musique est assez présente dans Amanda et qu’on pouvait s’attendre à une spatialisation agréable. Si les surround déçoivent même pour ce qui concerne le rendu des ambiances naturelles, les frontales sont en revanche dynamiques, les dialogues sont solidement posés sur la centrale. Pour des conditions de visionnage parfaites, optez néanmoins pour la stéréo, beaucoup plus fluide et homogène que son homologue 5.1 avec une balance gauche-droite ardente et un rendu musical actif. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Nord-Ouest Films / Pyramide Vidéo / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr




Test DVD / Le Dossier Mona Lina, réalisé par Eran Riklis

LE DOSSIER MONA LINA (Shelter) réalisé par Eran Riklis, disponible en DVD le 7 novembre 2018 chez Pyramide Vidéo

Acteurs : Golshifteh Farahani, Neta Riskin, Yehuda Almagor, Doraid Liddawi, David Hamade, August Wittgenstein, Mark Waschke, Haluk Bilginer…

Scénario : Eran Riklis d’après la nouvelle The Link de Shulamith Hareven

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Mona, libanaise, est soupçonnée par le Hezbollah d’être une informatrice des services secrets israéliens. Craignant qu’elle soit démasquée, le Mossad l’exfiltre vers l’Allemagne et lui fait changer de visage. Pendant deux semaines, le temps de se remettre de son opération, ils la cachent dans un appartement à Hambourg. Naomi, agent du Mossad, est chargée de lui tenir compagnie et de la protéger. Mais le Hezbollah est à la poursuite de Mona et la planque ne s’avère pas aussi sûre que prévu…

Révélé en 2004 avec La Fiancée syrienne, le scénariste, producteur et réalisateur israélien Eran Riklis confirme la force et la singularité de son cinéma avec Shelter, titre international du Dossier Mona Lina. Film de femmes, huis clos, quasi-théâtral dans son dispositif, le dernier opus du cinéaste qui nous avait tant émus avec le magnifique Les Citronniers en 2008 vaut surtout pour le remarquable et intense face à face entre deux grandes comédiennes, Golshifteh Farahani et Neta Riskin. En dehors de cela, Le Dossier Mona Lina pèche par son scénario somme toute classique et finalement peu marquant, mais l’immense qualité de l’interprétation et la rigueur de la mise en scène l’emportent haut la main.

Lauréat d’un Ophir en 2010, équivalent des César français pour le cinéma israélien, pour son film Le Voyage du directeur des ressources humaines, Eran Riklis a souvent été porté et inspiré par les personnages féminins. Le Dossier Mona Lina confronte deux femmes, une ex-espionne au service d’Israël, une agente du Mossad chargée de sa protection. Deux mondes différents, deux cultures, deux parcours. Enfermées dans un appartement en Allemagne, Mona et son ange-gardien Naomi vont tisser des liens dans un environnement chaotique de guerre et d’incompréhension.

Le Dossier Mona Lina est un vrai film d’espionnage, mais on est ici beaucoup plus proche de l’univers de John le Carré que de James Bond. A part un ou deux règlements de comptes, le film repose sur les dialogues, sur la suspicion, le doute, l’échec également. Rien n’est gagné d’avance, la peur est omniprésente malgré tous les moyens mis en œuvre pour protéger la personne en danger. Golshifteh Farahani, visage recouvert de bandages, laisse pourtant transparaître la fatigue et l’angoisse de son personnage. Ses yeux en amande soulignés de cernes foudroient une fois de plus, faisant d’elle l’une des comédiennes les plus précieuses du moment. Néanmoins et une fois n’est pas coutume, elle se fait voler la vedette par Neta Riskin, actrice israélienne vue dans Une histoire d’amour et de ténèbres de Natalie Portman, véritable révélation du film. Son personnage à fleur de peau se révèle bien plus attachant que Mona, à mesure qu’elle se révèle par strates auprès de cette dernière.

Prisonnier de ses partis pris, Eran Riklis parvient tout de même à rendre ses protagonistes intéressants, en jouant sur les apparences et selon lui qui « oscillent en permanence entre confiance et défiance, honnêteté et duperie, loyauté et trahison ». La relation trouble entre Mona et Naomi insuffle au film son rythme, sa force et son énergie. Tout ce qui entoure les deux femmes apparaît finalement secondaire, malgré un dernier acte en extérieur plus animé et qui réintroduit l’intrigue au coeur même du domaine qu’il abordait dans son introduction.

Eran Riklis aime le thriller et les films à suspense, ses précédents longs métrages en témoignaient déjà, et le réalisateur aborde ici frontalement le genre qui a toujours coulé dans les veines de ses œuvres passées, même si cela est moins organique que l’iranien Asghar Farhadi. Le Dossier Mona Lina n’est certes pas le plus grand film de son auteur, et sous ses allures froides voire glacées s’avère l’un de ses plus accessibles.

LE DVD

Le test du DVD du Dossier Mona Lina, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Aux côtés d’un lot de bandes-annonces, l’éditeur joint un making of (23’), composé d’images classiques de tournage et d’interviews de l’équipe. La parole est monopolisée par le réalisateur, tandis que Golshifteh Farahani s’exprime visiblement sur Skype. Les intentions, les partis pris, les thèmes et la psychologie des personnages sont abordés de façon posée et très instructive.

L’Image et le son

Pyramide Vidéo nous a concocté un très beau master du Dossier Mona Lina. La colorimétrie est habilement restituée, la clarté est de mise, le cadre large bien exploité. On excuse de sensibles pertes de la définition sur certains plans, dénaturant quelque peu le piqué, puisque la copie demeure solide et permet de revoir le film d’Eran Riklis dans d’excellentes qualités techniques.

Le confort acoustique est largement assuré grâce aux mixages français et multilingue Dolby Digital 5.1. Les dialogues sont solidement plantés sur la centrale et la balance frontale est fluide et limpide. Les plages de silence sont impressionnantes, les ambiances naturelles ne sont pas oubliées (voir la scène où Naomi entend tous les bruits environnants, les sirènes, le métro, la circulation) et les effets annexes sont délicats mais bien présents. Les deux pistes Stéréo sont également de fort bon acabit et contenteront largement ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes latérales. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Pyramide DistributionCaptures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr