Test DVD / Voir le jour, réalisé par Marion Laine

VOIR LE JOUR réalisé par Marion Laine, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Aure Atika, Sandrine Bonnaire, Kenza Fortas, Elsa Madeleine, Brigitte Roüan, Sarah Stern, Lucie Fagedet, Nadège Beausson-Diagne, Stéphane Debac, Claire Dumas, Alice Botté…

Scénario : Marion Laine, d’après le roman Chambre 2 de Julie Bonnie

Photographie : Brice Pancot

Musique : Béatrice Thiriet

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Jeanne travaille comme auxiliaire dans une maternité de Marseille. Nuit et jour, Jeanne et ses collègues se battent pour défendre les mères et leurs bébés face au manque d’effectif et à la pression permanente de leur direction. Jeanne vit avec Zoé, sa fille de 18 ans, qu’elle élève seule. Lorsqu’un drame survient à la maternité et que Zoé part étudier à Paris, le passé secret de Jeanne resurgit soudain et la pousse à affirmer ses choix de vie.

Tout d’abord comédienne, vue dans quelques séries made in TF1 (Navarro, Julie Lescaut, Les Cordier, juge et flic), Marion Laine passe à la mise en scène et après quelques courts livre son premier long-métrage en 2008, Un coeur simple. Dans cette adaptation de la nouvelle homonyme de Gustave Flaubert publiée en 1877 dans le recueil Trois Contes, la réalisatrice dirigeait Sandrine Bonnaire, Marina Foïs et Noémie Lvovsky. Avec son deuxième film, A coeur ouvert, Marion Laine décevait avec sa transposition du second roman de Mathias Enard, Remonter l’Orénoque, publié en 2005, un film guère réussi en dépit de la réunion de deux beaux comédiens, Juliette Binoche et Édgar Ramírez, et ce en raison d’un scénario mal écrit et caricatural, une mise en scène jamais convaincante, des scènes souvent ridicules et une interprétation trop « excessive ». La cinéaste rectifie enfin le tir avec Voir le jour, sans aucun doute son plus beau film à ce jour, pour lequel elle retrouve Sandrine Bonnaire une troisième fois après le téléfilm Ce soir-là et les jours d’après qui traitait des attentats de novembre 2015.

Comme elle l’avait déjà démontré, Marion Laine n’est jamais aussi à l’aise que lorsqu’elle dirige des comédiennes. Et de ce point de vue nous ne sommes pas déçus puisque Voir le jour réunit de merveilleuses et épatantes actrices venues d’horizon différent, Sandrine Bonnaire donc, mais aussi Aure Atika, Brigitte Roüan, Sarah Stern (Stéphanie de la famille Tuche pour le grand public), Kenza Fortas (révélation de Shéhérazade, pour lequel elle avait reçu le César du meilleur espoir féminin), Nadège Beausson-Diagne (une des Bernadettes dans Podium, Sara Douala dans la série Plus belle la vie) et bien d’autres. Marion Laine crée d’emblée une dynamique à travers un plan-séquence qui plonge le spectateur dans le quotidien sans cesse agité et imprévisible d’une maternité du sud de la France. Parmi les infirmières et les sages-femmes qui s’activent, le récit se focalisera sur Jeanne, incarnée par Sandrine Bonnaire, parfaite, attachante, bouleversante et dont le charisme lumineux foudroie toujours autant.

Marion Laine adapte le roman autobiographique Chambre 2 de Julie Bonnie (éditions Belfond, 2013), ancienne chanteuse du groupe Cornu qui a décidé de quitter la vie d’artiste de rock pour devenir auxiliaire puéricultrice, et y puise matière pour dresser le portrait d’une femme mystérieuse, dont les collègues ne savent rien ou presque, et dont le passé qu’elle pensait enterré refait surface. Tout d’abord angoissée à l’idée de devoir faire face à ses vieilles fréquentations et à son ancienne existence, que nous ne révélerons pas ici, Jeanne décide d’affronter ce qu’elle avait laissé derrière elle, sans doute parce qu’elle arrive à un carrefour de sa vie. En effet, alors que les conditions de travail sont de plus en plus difficiles, notamment en raison d’un manque de moyens et d’effectifs, la fille de Jeanne (Lucie Fagedet), qu’elle élève seule, à désormais 18 ans, est sur le point d’aller vivre sa propre vie, et donc en âge de comprendre ses origines, ainsi que l’identité de son père.

La réalisatrice entremêle la vie intime de son personnage principal et sa vie active. Si Jeanne franchit les étapes vers son passé qu’elle accepte autant qu’elle exorcise enfin une bonne fois pour toutes pour trouver un sens à sa vie, elle est aussi montrée au milieu de ses collègues comme une abeille perdue dans un essaim, où toutes ces « ouvrières » semblent ne former qu’une seule entité. Si l’une d’entre elles connaît quelques déboires, les autres (en dehors de quelques rares exceptions) sont présentes pour la soutenir, de la jeune stagiaire à celle en fin de carrière. Entre rires et larmes, Voir le jour est animé par une rage de (sur)vivre, de se battre pour celles et ceux qu’on aime, avec lesquels on partage le quotidien, doublé d’un hymne à la fois vibrant, délicat et pudique à la maternité.

LE DVD

C’est sous les couleurs de Pyramide Vidéo que Voir le jour débarque dans les bacs. Une belle édition comprenant quelques bonus fort sympathiques. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Cette interactivité démarre par une demi-heure de scènes du film commentées par Marion Laine. On regrette très vite que la réalisatrice n’ait pas enregistré un commentaire en intégralité, tant celle-ci se révèle particulièrement à l’aise dans l’exercice et surtout généreuse en infos sur les conditions de tournage, le travail avec les comédiens, le casting, l’évolution des personnages, le travail avec la monteuse Clémence Carré, celui de la compositrice Béatrice Thiriet et la mise en place des plans-séquences.

Place ensuite à six scènes coupées ou présentées en version longue (15’30) : Le cauchemar des poussins (1’35), le clip « Mon air c’est de l’eau » sur des paroles et une musique de Julie Bonnie (2’50), Le boucher (1’35), Le karaoké de Mélissa (3’35), La choré de Mélissa (1’) et Le cadeau-surprise de l’équipe à Marion Laine (5’35). Pour cette dernière, un carton indique que les comédiennes, de mèche avec l’équipe, ont fait une surprise à la réalisatrice à la fin de la dernière journée de tournage à l’hôpital. Sans qu’elle s’y attende, l’équipe commence à fredonner Mamy Blue de Nicoletta, le texte ayant été réarrangé pour rendre hommage à Marion Laine. Emotions garanties. Deux séquences mettent un peu plus en valeur l’explosive Sarah Stern.

L’éditeur a également eu la bonne idée de nous proposer le court-métrage Derrière la porte (20’) réalisé par Marion Laine en 1999. Lise (Calypso Medeiros) passe les grandes vacances à la campagne, chez sa tante. Les visites de sa mère (Elli Medeiros) sont rares et frustrantes. Elle ne vit que dans cette attente toujours déçue, et voudrait garder pour elle cette femme qui lui échappe. Adolescente, rien n’a changé. En apparence seulement. Ou quand une mère ne se rend pas compte des années qui passent et qui voient s’envoler l’innocence de sa fille qu’elle croit encore petite…Superbe.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Pyramide Vidéo nous a concocté un très beau master de Voir le jour. La colorimétrie froide est habilement restituée, la clarté est de mise, le cadre bien exploité et les intérieurs, notamment l’appartement de Jeanne présentent de beaux clairs-obscurs. On excuse de sensibles pertes de la définition sur des plans plus lumineux, dénaturant quelque peu le piqué, puisque la copie demeure solide et permet de revoir le film de Marion Laine dans d’excellentes qualités techniques.

Le confort acoustique est largement assuré grâce au mixage Dolby Digital 5.1. La musique bénéficie d’une très belle spatialisation, le caisson de basses est utilisé à bon escient (les scènes de concert), les dialogues solidement plantés sur la centrale et la balance frontale fluide et limpide. Les plages de silence sont impressionnantes, les ambiances naturelles ne sont pas oubliées et les effets annexes (voir les battements de coeur et la respiration dès la première scène) sont omniprésents. La piste stéréo est également de fort bon acabit et contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes latérales. L’éditeur joint également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Pyramide Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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