Test DVD / Les Amours d’Anaïs, réalisé par Charline Bourgeois-Tacquet

LES AMOURS D’ANAÏS réalisé par Charline Bourgeois-Tacquet, disponible en DVD le 6 janvier 2022 chez France Télévisions Distribution.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Valeria Bruni Tedeschi, Denis Podalydès, Jean-Charles Clichet, Xavier Guelfi, Christophe Montenez, Anne Canovas, Bruno Todeschini…

Scénario : Charline Bourgeois-Tacquet

Photographie : Noé Bach

Musique : Nicola Piovani

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Anaïs a trente ans et pas assez d’argent. Elle a un amoureux qu’elle n’est plus sûre d’aimer. Elle rencontre Daniel, à qui tout de suite elle plaît. Mais Daniel vit avec Émilie… qui plaît aussi à Anaïs. C’est l’histoire d’une jeune femme qui s’agite. Et c’est aussi l’histoire d’un grand désir.

On la découvre au cinéma en 2000 dans Le Monde de Marty de Denis Bardiau, dans lequel elle joue aux côtés de Camille Japy et Michel Serrault. Elle a alors 12 ans. Trois ans plus tard, Michael Haneke lui offre un rôle de choix dans Le Temps du loup, aux côtés d’Isabelle Huppert, Maurice Bénichou et Béatrice Dalle. Puis, en 2006 et 2007, tout s’accélère. On la voit chez Raphaël Jacoulot (Barrage), elle obtient son premier grand rôle chez Isabelle Czajka (L’Année suivante), tâte du divertissement grand public chez James Huth (Hellphone) et Alexandre Leclère (Le Prix à payer), avant de devenir une égérie du cinéma d’auteur hexagonal. En peu de temps, Anaïs Demoustier passera devant la caméra de Christophe Honoré (La Belle personne), Pascal-Alex Vincent (Donne-moi la main), Rebecca Zlotowski (Belle Épine), Robert Guédiguian (Les Neiges du Kilimandjaro), Claude Miller (Thérèse Desqueyroux), Bertrand Tavernier (Quai d’Orsay), Pascale Ferran (Bird People) et bien d’autres. Tout le monde se l’arrache depuis plus de dix ans et elle est devenue l’une de nos comédiennes les plus brillantes et attachantes. Un César de la meilleure actrice viendra la couronner en 2020 pour Alice et le maire de Nicolas Pariser. Les Amours d’Anaïs est une ode à la comédienne née en 1987. Dans le premier long-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet (née en 1986), elle est de tous les plans, filmée sous tous les angles, y compris en tenue d’Ève, illumine le cadre comme un rayon de soleil quand elle le traverse de façon fulgurante, la caméra ayant même du mal à la suivre dans sa course folle contre la peur, l’ennui et le réel. Comédie légère et estivale, à la fois burlesque, sentimentale, pour ne pas dire initiatique, Les Amours d’Anaïs est une première œuvre très prometteuse, doublée d’un hommage à l’un des astres du cinéma français hexagonal contemporain.

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Test DVD / Un monde plus grand, réalisé par Fabienne Berthaud

UN MONDE PLUS GRAND réalisé par Fabienne Berthaud, disponible en DVD le 19 mars 2020 chez France Télévisions Distribution.

Acteurs : Cécile de France, Narantsetseg Dash, Tserendarizav Dashnyam, Ludivine Sagnier, Arieh Worthalter…

Scénario : Fabienne Berthaud, Claire Barre d’après le livre de Corine Sombrun « Mon initiation chez les Chamanes« 

Photographie : Nathalie Durand

Musique : Valentin Hadjadj

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Corine, technicienne du son, aimait follement Paul, pianiste et violoncelliste. Mais ce dernier vient de mourir. Dévastée par la peine, elle accepte de partir travailler en Mongolie, où elle rencontre Oyun, une chamane. Lorsque Corine entre en transe au cours d’une cérémonie, Oyun ne peut qu’en faire le constat : cette étrangère a le don d’aller à la rencontre des esprits…

C’est une histoire vraie digne d’un film fantastique. Un monde plus grand est l’adaptation du livre autobiographique Mon initiation chez les chamanes de Corine Sombrun. Née en 1961, l’ethno-musicienne est devenue l’une des plus grandes spécialistes françaises du chamanisme mongol, puisque formée à la transe par des chamanes de Mongolie. En 2001, au cours d’un reportage sur les traditions chamaniques au nord de la Mongolie, Corine Sombrun se laisse envahir par le son d’un tambour utilisé par Balgir, un chamane, et plonge dans un état de transe incontrôlable. A son réveil, Balgir lui apprend que sa réaction prouve qu’elle est elle-même chamane et qu’elle doit impérativement être initiée. Vivant un deuil douloureux, Corine accepte. Sa vie va alors changer. Réalisé par Fabienne Berthaud, Un monde plus grand est une véritable expérience sensorielle, portée Cécile de France, exceptionnelle, qui crève l’écran une fois de plus.

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Test DVD / Mademoiselle de Joncquières, réalisé par Emmanuel Mouret

MADEMOISELLE DE JONCQUIÈRES réalisé par Emmanuel Mouret, disponible en DVD le 16 janvier 2019 chez France Télévisions Distribution

Acteurs : Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz, Natalia Dontcheva, Laure Calamy, Jean-Michel Lahmi, Arnaud Dupont, Alban Casterman…

Scénario : Emmanuel Mouret d’après le roman Jacques le fataliste et son maître de Denis Diderot

Photographie : Laurent Desmet

Musique : Bach, Vivaldi, Boieldieu

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Madame de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère…

Si toutes les femmes agissaient comme nous, l’honneur d’être une femme en serait grandi.

Mademoiselle de Joncquières est le neuvième long métrage d’Emmanuel Mouret. Neuf films réalisés en 18 ans, pour la plupart de vraies petites pépites comme Changement d’adresse (2006), Un baiser, s’il vous plaît ! (2007) et Caprice (2015), faisant du cinéaste l’un des plus précieux et atypiques du cinéma français aujourd’hui. Librement inspiré de l’histoire de Mme de la Pommeraye extrait de Jacques le fataliste et son maître, de Denis Diderot, Mademoiselle de Joncquières est une nouvelle grande réussite à inscrire au palmarès de son auteur.

L’action se déroule en France au XVIIIe siècle. Madame de La Pommeraye, jolie veuve, qui se pique de n’avoir jamais été amoureuse, finit par céder aux avances du marquis des Arcis, réputé libertin, qui la courtise avec assiduité. Deux ans plus tard, elle se rend compte que le marquis s’éloigne d’elle. Brisée et blessée dans son orgueil, elle entreprend de se venger en humiliant le marquis et l’amène à épouser mademoiselle de Joncquières, dont il s’est épris, mais dont il ignore qu’elle et sa mère sont tombées dans la prostitution suite à un revers de fortune.

En réalité, il y a toujours eu du Diderot dans chaque film d’Emmanuel Mouret. Cette fois, le cinéaste s’attaque frontalement à l’écrivain, philosophe et encyclopédiste français des Lumières, à travers l’épisode le plus célèbre de Jacques le fataliste et son maître, déjà adapté par Robert Bresson en 1945 avec son second film, Les Dames du Bois de Boulogne. Là où Robert Bresson transposait le récit original au XXe siècle à travers un drame sombre et impitoyable, Emmanuel Mouret mise sur la reconstitution d’époque. Mettre en scène un film en costume aujourd’hui est un pari que le cinéaste relève haut la main. Certes, la réalisation pourrait passer pour académique, mais Mademoiselle de Joncquières n’a rien de poussiéreux. Sa modernité étonne et d’ailleurs détonne avec son rythme vif et soutenu comme un thriller, ses dialogues percutants et pourtant respectueux du texte original, sans oublier les plans-séquences qui instaurent une vraie tension psychologique.

A ce petit jeu, Cécile de France est parfaite dans le rôle de Madame de la Pommeraye et sa maturité convient parfaitement à ce personnage de femme blessée et vengeresse. Face à elle, Edouard Baer n’a rien à lui envier et campe un marquis libertin très attachant dans sa complexité, tout en conservant son flegme habituel et son allure de dandy. Comme si Emmanuel Mouret prenait le comédien et nous révélait la face cachée de son personnage avec une réelle mélancolie. Sous couvert d’un vrai portrait de femme, Mademoiselle de Joncquières est également et surtout le récit initiatique d’un homme qui va découvrir l’amour pour la première fois et qui saura rester droit et digne lorsqu’il apprendra qu’il a été dupé et manipulé par son ancienne conquête. La présence du couple vedette à la prochaine cérémonie des César (le film est nommé six fois) est donc amplement justifiée et méritée, tout comme l’aurait été celle de la formidable Laure Calamy, qui interprète ici Lucienne, l’amie de Madame de La Pommeraye (inventé ici pour le film), et celle de la jolie Alice Isaaz (La Crème de la crème, Rosalie Blum) aka Mademoiselle de Joncquières qui devient malgré-elle l’instrument de la vengeance. Sans oublier la comédienne bulgare Natalia Dontcheva, poignante dans le rôle de la mère de la jeune fille.

On pourrait donc croire qu’Emmanuel Mouret s’efface derrière ses protagonistes, ce qui n’est pas du tout le cas, même s’il n’apparaît pas devant la caméra cette fois. Ses œuvres précédentes ont toujours été marquées par le thème de l’amour, sous toutes ses formes, c’est même la veine principale de chacun de ses films. Mais c’est comme si tout son travail passé devait conduire inévitablement le cinéaste à Mademoiselle de Joncquières, récit qui lui revenait de droit. Il s’en acquitte avec une suprême élégance et une grande délicatesse qu’il souligne à travers les compositions de Bach, Vivaldi et Boieldieu, dans de merveilleux décors et une clarté (de la photo aux costumes de soie clinquants) qui contraste avec les desseins les plus obscurs, ceux du coeur blessé de Madame de la Pommeraye.

Mademoiselle de Joncquières est assurément l’un des plus grands et passionnants films de 2018. A ce jour, il s’agit du plus grand succès dans les salles d’Emmanuel Mouret avec près de 550.000 entrées et c’est largement mérité.

LE DVD

Le test du DVD de Mademoiselle de Joncquières, disponible chez France Télévisions Distribution, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur propose deux petites scènes coupées (4’). La première montre Madame de La Pommeraye, qui se confie à son amie Lucienne, quant à la fin de sa relation avec le marquis des Arcis. Emmanuel Mouret a finalement préféré supprimer le dialogue et montrer uniquement les deux femmes aux spectateurs, qui comprennent par eux-mêmes ce qui vient de se passer. La seconde scène est un dialogue entre le marquis des Arcis et un médecin (Laurent Stocker) dépêché pour s’occuper de Mademoiselle de Joncquières, après qu’elle ait été retrouvée inconsciente.

Ne manquez surtout pas le superbe court-métrage d’Emmanuel Mouret intitulé Aucun regret (2015-22’). Aurélie (Katia Méran) et Célia (Fanny Sidney) sont deux amies de l’école des beaux-arts quand Olivier (Mathieu Métral), un bel étudiant en architecture, séduit Aurélie. Célia la met en garde, il a mauvaise réputation avec les filles. Mais Aurélie ment alors à Célia en l’assurant qu’elle n’est pas intéressée par Olivier et cache qu’elle a accepté un rendez-vous. L’ombre de Diderot (et celle de Rohmer aussi) plane une fois de plus sur ce film sensuel et très sensible.

L’Image et le son

On ne change pas une équipe qui gagne et Emmanuel Mouret a de nouveau fait appel au chef opérateur Laurent Desmet, directeur de la photographie du metteur en scène depuis Changement d’adresse en 2006. Si les contrastes sont un peu léger, force est d’admettre que la copie se révèle claire et lumineuse, le relief est appréciable, la colorimétrie chatoyante, la profondeur de champ présente, le piqué ciselé et les détails indéniables aux quatre coins du cadre. Dommage de ne pas disposer d’édition HD pour Mademoiselle de Joncquières, d’autant plus que le film a été excellemment reçu par la critique et même par le public avec un très joli score dans les salles.

Comme à son habitude, Emmanuel Mouret privilégie la musique classique et Mademoiselle de Joncquières mixe les compositions de Bach, Vivaldi et Boieldieu, admirablement délivrées et spatialisées par le mixage Dolby Digital 5.1. Les voix s’imposent sans mal sur la centrale. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales lors des séquences en extérieur, la balance gauche-droite est dynamique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Pascal Chantier / France Télévisions Distribution / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Amoureux de ma femme, réalisé par Daniel Auteuil

AMOUREUX DE MA FEMME réalisé par Daniel Auteuil, disponible en DVD et Blu-ray le 29 août 2018 chez France Télévisions Distribution

Acteurs : Daniel Auteuil, Gérard Depardieu, Sandrine Kiberlain, Adriana Ugarte John Sehil…

Scénario : Florian Zeller d’après sa pièce « L’envers du décor »

Photographie : Jean-François Robin

Musique : Thomas Dutronc

Durée : 1h26

Année de sortie : 2018

LE FILM

Daniel est très amoureux de sa femme, mais il a beaucoup d’imagination et un meilleur ami parfois encombrant. Lorsque celui-ci insiste pour un dîner « entre couples » afin de lui présenter sa toute nouvelle, et très belle, amie, Daniel se retrouve coincé entre son épouse qui le connaît par coeur et des rêves qui le surprennent lui-même.

Alors que l’on pouvait espérer le troisième et dernier volet de sa trilogie marseillaise, César, qui ne verra vraisemblablement jamais le jour en raison des échecs commerciaux de Marius et Fanny, sortis simultanément en 2013, Daniel Auteuil revient à la mise en scène par la petite porte avec Amoureux de ma femme. Il délaisse la Canebière et l’accent chantant pour un appartement parisien de petits bourgeois et se révèle beaucoup moins à l’aise dans cet univers. Plus classique sur la forme, Amoureux de ma femme déçoit par sa simplicité et son manque d’envergure, surtout de la part d’un de nos plus grands comédiens. Un marivaudage de plus…

Daniel (Daniel Auteuil), éditeur parisien rencontre par hasard Patrick (Gérard Depardieu), un ami de longue date qu’il ne côtoie plus depuis la séparation de ce dernier avec son ex-femme, meilleure amie d’Isabelle (Sandrine Kiberlain), l’épouse de Daniel. Désormais en couple avec Emma (Adriana Ugarte), jeune actrice espagnole, Patrick souhaiterait la présenter à ses amis qui organisent donc un dîner chez eux. Mais au fur et à mesure de la soirée et de plus en plus sous le charme de la belle espagnole, Daniel va s’imaginer tous les scénarios possibles pour vivre sa romance avec Emma…

A presque 70 ans, Daniel Auteuil n’a plus rien à prouver. Du moins en tant qu’acteur. Car malgré tout l’immense respect que l’on peut avoir – et à juste titre – pour son immense carrière, c’est autre chose concernant son travail derrière la caméra. Si ses « pagnolades » La Fille du puisatier (2011) et MariusFanny (2013) étaient sympathiques, leur modestie décevait quelque peu. C’est encore le cas pour Amoureux de ma femme, d’autant plus que Daniel Auteuil se retrouve prisonnier de son dispositif, puisque son film est l’adaptation de la pièce de Florian Zeller, L’Envers du décor, que le comédien avait déjà joué et d’ailleurs mis en scène en 2016 aux côtés de Valérie Bonneton, François-Eric Gendron et Pauline Lefèvre. Dans ce quatrième long métrage en tant que réalisateur, Daniel Auteuil enferme ses quatre personnages dans un bel appartement de la capitale. On pense alors au Dîner de cons ou au Prénom, mais Daniel Auteuil aère l’action en montrant l’imagination à l’oeuvre de son personnage.

Amoureux de ma femme est donc une projection des fantasmes d’un homme, marié de longue date, qui s’éprend de la compagne d’un de ses plus vieux amis et qui se prend à rêver de l’existence qu’il mènerait aux côtés de cette jeune femme répondant au doux prénom d’Emma. Cette dernière possède les traits de la sublime Adriana Ugarte, révélation ibérique du non moins merveilleux Julieta (2016) de Pedro Almodóvar, dans son premier rôle en français. Son charme, son sourire dévastateur et son érotisme enflamment le film. Pour lui donner la réplique, Daniel Auteuil a fait appel à son pote Gégé, Gérard Depardieu, qui a vraiment très peu de choses à défendre, mais qui le fait très bien. Ce dernier met son immense talent au service de son ami, rien de plus, mais c’est déjà beaucoup de la part d’un tel monstre. Du moment qu’on lui donne de quoi boire et manger à l’écran, il lui en faut peu à notre Gégé. Celle qui tire agréablement son épingle du jeu est Sandrine Kiberlain. Dans le rôle finalement « ingrat » de la femme trompée, mentalement (et plus…), la comédienne démontre une fois de plus son tempérament et son énergie qui font d’elle une de nos meilleures actrices de comédie, genre qu’elle a pourtant peu abordé jusqu’à maintenant.

La réalisation est fonctionnelle et se contente de champs-contrechamps, en misant principalement sur le rythme des répliques, sur les moments d’égarements de Daniel et sur l’imbrication du réel et du fantasme en jouant sur la temporalité de l’action. Ce vaudeville tourne rapidement en rond et l’écriture, assez pauvre, ne parvient jamais vraiment à intéresser ni à rendre les personnages attachants. De l’aveu-même de Daniel Auteuil, Amoureux de ma femme n’est rien de plus qu’une fantaisie rappelant qu’il est important de profiter de la vie et de continuer à rêver. Une louable intention, mais cela n’empêche pas le film d’être sacrément décevant et surtout impersonnel de la part d’un si grand artiste, même si l’ensemble reste léger et divertissant.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Amoureux de ma femme, disponible chez France Télévisions Distribution, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

Amoureux de ma femme a été tourné en numérique. De ce fait, le Blu-ray (1080p) est le support tout indiqué pour revoir le film, d’autant plus que le transfert est impeccable et bénéficie d’un superbe et élégant rendu des couleurs. Avec l’aide de son fidèle chef opérateur Jean-François Robin (Le Bossu, IP5: L’île aux pachydermes), le réalisateur fait la part belle aux teintes bigarrées de l’appartement, où se déroule l’essentiel de l’action. Le relief des séquences extérieures est évident, tout comme sur les scènes en intérieur aux détails acérés. La définition demeure solide tout du long, les contrastes sont tranchants. L’encodage AVC consolide l’ensemble.

Une piste DTS-HD Master Audio 5.1 au programme ! Bien qu’elle soit essentiellement musicale, la spatialisation instaure un réel confort acoustique. Par ailleurs, les quelques effets glanés ici et là sur les enceintes arrière permettent de plonger le spectateur dans une atmosphère probante. Sans surprise, le caisson de basses n’intervient pas dans cette histoire. Les voix demeurent solidement plantées sur la centrale, la balance frontale étant quant à elle riche et savamment équilibrée. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Christine Tamalet / France Télévisions Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Sage Femme, réalisé par Martin Provost

SAGE FEMME réalisé par Martin Provost, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2017 chez France Télévisions Distribution

Acteurs : Catherine Deneuve, Catherine Frot, Olivier Gourmet, Quentin Dolmaire, Mylène Demongeot, Pauline Etienne, Audrey Dana…

Scénario : Martin Provost

Photographie : Yves Cape

Musique : Gégroire Hetzel

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Béatrice, une femme exubérante et libre d’esprit, appelle Claire, la fille de l’un de ses anciens amants. Claire, son exact opposé en terme de caractère, en veut à cette personne qui a fait beaucoup de mal à son père, décédé peu après qu’elle l’a quitté. Sage-femme appréciée et très impliquée dans la maternité où elle travaille, Claire se demande ce que veut Béatrice, qui n’a pas donné signe de vie depuis trente ans. Bizarrement, elle ne cherche pas à fuir celle qui ne cesse de faire des commentaires désobligeants sur ses choix vestimentaires. En fait, Claire voudrait des réponses à ses questions…

Révélé en 2008 avec le merveilleux Séraphine, couronné par sept Césars (meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario original, meilleure musique, meilleurs décors, meilleure photo et meilleurs costumes), le réalisateur Martin Provost a eu beaucoup de mal à confirmer avec ses films suivants Où va la nuit (2011), énorme déception et Violette (2013). Très attaché aux portraits de femme, le cinéaste en signe un double croisé avec Sage femme, son sixième long métrage. Honnêtement, ce n’est pas avec ce film que Martin Provost reviendra sur le devant de la scène et ce malgré un casting exceptionnel et une rencontre au sommet entre les deux grandes Catherine, Deneuve et Frot. Mais le film déçoit malheureusement, comme un rendez-vous manqué et ce en raison d’une mise en scène trop sage et d’un scénario banal.

Claire (Catherine Frot) est la droiture même. Sage-femme, elle a voué sa vie aux autres. Déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité, elle voit sa vie bouleversée par le retour de Béatrice (Catherine Deneuve), ancienne maîtresse de son père disparu, femme fantasque et égoïste, son exacte opposée. Martin Provost a pensé à son film comme un hommage à la sage-femme qui l’a sauvé à la naissance, ainsi qu’à toutes celles qui œuvrent dans l’ombre pour les autres, sans rien attendre en retour. A l’instar de la séquence où Claire accouche une jeune femme (interprété par Pauline Etienne) à qui elle avait donné son sang lors de sa venue au monde, Martin Provost avait été sauvé de la même façon. Si le réalisateur avait eu l’intelligence de placer sa caméra sous le signe de la sobriété et du réalisme dans Séraphine, Sage femme apparaît justement trop sobre et le revirement de certains personnages, notamment celui interprété par Catherine Frot, est bien trop soudain pour être vraisemblable.

Catherine Deneuve mène le jeu avec naturel, une énergie débordante et une fraîcheur de jeu dont certains comédiens devraient s’inspirer. Après presque 60 ans de carrière, l’immense actrice démontre qu’elle prend visiblement toujours autant de plaisir à jouer et à donner la réplique. De son côté, Catherine Frot n’est pas aidée par un personnage plus classique de femme quasi-quincagénaire qui a mis sa vie de côté pour s’occuper des autres, dans sa vie personnelle – célibataire et un fils interprété par Quentin Dolmaire, révélation de Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin, sur le point d’être père – et évidemment dans sa vie professionnelle. Pour le tournage, Catherine Frot a d’ailleurs participé à de véritables accouchements filmés en Belgique puisque la loi française n’autorise pas le tournage avec des bébés âgés de moins de trois mois. Sans horaires, dormant à peine, sclérosée dans une petite vie tranquille, Claire contrôle tout, ce qu’elle mange (sainement, sans alcool) et en limitant ses déplacements. C’est alors que les retrouvailles inattendues avec l’ancienne compagne de son père (responsable de son suicide), Béatrice, vont raviver certaines douleurs du passé qui ont figé sa vie…et paradoxalement déclencher l’envie de la reprendre en main en pensant enfin à elle. En voyant Béatrice, épicurienne et excentrique rattrapée par le destin, continuer à profiter à fond de la vie, s’autorisant quelques bons verres de vin, fumant cigarette sur cigarette et s’adonnant à sa passion du jeu, Claire va faire le point sur sa propre existence.

Si Sage femme n’est évidemment pas déplaisant grâce à ses deux têtes d’affiche et une superbe partition de Grégoire Hetzel, le récit patine et manque de surprises. On pouvait attendre beaucoup mieux de cette histoire de transmission (quasi-méta diront certains) et de cette première collaboration entre deux grandes comédiennes qui avait tout pour faire des étincelles à l’écran, mais les flammèches sont finalement bien trop rares, les dialogues assez pauvres et la forme proche d’un simple téléfilm.

LE BLU-RAY

Le test a été réalisé sur check-disc. France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions avec un menu lambda, animé et musical. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Aucun supplément, ni de chapitrage.

L’Image et le son

Hormis quelques petites pertes de la définition sur les scènes sombres et un piqué manquant parfois de mordant, ce master HD au format 1080p demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie à la fois chatoyante et froide. Les contrastes sont denses et élégants, la gestion solide, le relief palpable, les détails précis sur les gros plans et les partis pris esthétiques raffinés du chef opérateur Yves Cape (Holy Motors, Hors Satan, Hadewijch), trouvent en Blu-ray un très bel écrin.

Le mixage français DTS-HD Master Audio 5.1 parvient à créer une immersion acoustique probante grâce à la très belle musique de Grégoire Hetzel (Incendies, L’Arbre, Un conte de Noël). Les ambiances naturelles viennent souvent à manquer sur les séquences en extérieur et l’ensemble se révèle souvent timide. Le report des voix est solide, la balance frontale fait gentiment son boulot, mais beaucoup de scènes reposent essentiellement sur les enceintes avant. À titre de comparaison, la version Stéréo finit par l’emporter sur la 5.1 du point de vue fluidité et homogénéité des voix avec les effets et la musique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Michael Crotto / France Télévisions Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Frantz, réalisé par François Ozon

FRANTZ réalisé par François Ozon, disponible en DVD et Blu-ray le 18 janvier 2017 chez France Télévisions Distribution

Acteurs : Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner, Marie Gruber, Anton von Lucke, Johann von Bülow…

Scénario : François Ozon, Philippe Piazzo

Photographie : Pascal Marti

Musique : Philippe Rombi

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville.

L’éclectique, prolifique et inclassable François Ozon est de retour avec Frantz. Avec cette œuvre troublante, mélancolique, dense, ambiguë, complexe, provocante et déstabilisante, seizième film du cinéaste en 18 ans, François Ozon signe un mélodrame librement inspiré d’une pièce de Maurice Rostand publiée en 1930, L’Homme que j’ai tué, déjà transposée au cinéma par Ernst Lubitsch avec Broken Lullaby (1932). Une fois n’est pas coutume, ce que l’on retient de Frantz est surtout sa forme. De ce point de vue, François Ozon a depuis longtemps acquis une indiscutable maturité. Sa mise en scène est pure, élégante, délicate, caressante, soulignée ici par la splendide photo N&B (parfois nappée de couleur quand la vie semble reprendre) du chef opérateur Pascal Marti (Une nouvelle amie, Roberto Succo). Sur le fond, Frantz demeure étrangement froid, même si l’immense sensibilité du réalisateur est indéniable. En jouant sur la musicalité de la langue, tantôt en allemand, tantôt en français, François Ozon en profite pour rendre hommage à l’un de ses cinéastes de chevet, Rainer Warner Fassbinder, lui-même auteur et metteur en scène très productif, pour ne pas dire boulimique.

Le cinéaste adopte ici le point de vue de la jeune veuve, Anna, merveilleusement incarnée par la jeune actrice allemande Paula Beer, vue dans The Dark Valley, western d’Andreas Prochaska, beauté magnétique et pleine de grâce qui vole la vedette à son partenaire Pierre Niney. Même si le César du meilleur espoir féminin lui tend les bras après avoir remporté le Prix Marcello-Mastroianni du Meilleur Espoir à la Mostra de Venise en 2016, on est également heureux de retrouver son partenaire dans un rôle sobre, loin de ses derniers égarements dans Un homme idéal et Five. Le N&B lui va bien et on sent le comédien très investi dans ce personnage pour lequel il a appris spécialement la langue allemande, le violon et la valse.

Même si Ozon a finalement conservé quelques séquences du film original qui s’attachent au soldat français, Frantz est avant tout le portrait d’une jeune femme, qui a perdu son fiancé sur le champ de bataille en France durant la Grande Guerre, qui doit apprendre à faire son deuil (tout comme les parents du défunt) alors qu’elle vient à peine de rentrer dans le monde adulte. Elle rencontre Adrien, un jeune français qui vient se recueillir sur la tombe (vide) de Frantz, l’homme avec qui elle devait se marier à son retour du front. Adrien rencontre les parents de Frantz et déclare être un ami très proche de leur fils, rencontré à Paris. Mais Adrien ne dit pas tout et Anna semble s’en apercevoir. Qui est-il ? Un amant de Frantz ? La deuxième partie, essentiellement axée sur le personnage d’Anna, reste moins « figée » quand celle-ci décide de se rendre en France afin de retrouver Adrien, personnage tourmenté et vieilli prématurément, traumatisé par ce qu’il a vécu dans les tranchées. Centré sur les non-dits, les secrets, le poids de la culpabilité et les mensonges, Frantz séduit mais pas immédiatement en raison de son aspect classique, rigide et même austère, mais qui obsède bien après le premier visionnage. La tristesse des personnages demeure, les regards et les respirations saccadées ne cessent de revenir en mémoire et donnent envie de s’y replonger. C’est aussi les pleurs de Paula Beer, la silhouette quasi-fantômatique et voûtée de Pierre Niney, tous ces éléments qui s’additionnent et bouleversent après coup.

Souvent inspiré par le cinéma d’Alfred Hitchcock, François Ozon en profite ici pour rendre un très bel hommage au maître du suspense, en l’occurrence VertigoSueurs froides, avec un tableau spécifique de Manet, Le Suicidé, devant lequel les personnages se perdent. Comme cette peinture qui semble hypnotiser ceux qui la regardent, Frantz est une œuvre à laquelle nous n’aurons de cesse de revenir pour essayer d’en percer tous les mystères, la poésie et la pudique émotion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Frantz, disponible chez France Télévisions Distribution, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

C’est un peu chiche niveau bonus…on trouve tout d’abord un montage d’images tirées des essais costumes et lumière avec les comédiens. L’occasion d’admirer Paula Beer une fois de plus.

Quelques scènes coupées sans véritable intérêt – puisque rien n’indique la raison de leur éviction – sont ensuite proposées.

S’ensuivent une galerie d’affiches conceptuelles et un module filmé lors de la présentation de Frantz au Festival de Venise en 2016. Photocall, première du film et récompense pour Paula Beer lors de la cérémonie de clôture.

L’Image et le son

Pour son passage en Blu-ray, Frantz est proposé au format 1080p (AVC). L’image subjugue à plus d’un titre. Cette édition permet de voir ou de redécouvrir le film de François Ozon dans des conditions très soignées. La copie affiche d’emblée une propreté irréprochable ainsi qu’un N&B dense, lumineux et savamment contrasté et nuancé, y compris lors des rares passages en couleur. Les séquences en extérieur sont merveilleuses, le piqué est souvent acéré et les détails multiples. Le master HD est superbe et la profondeur de champ reste fort appréciable.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. instaure un confort acoustique solide et en parfaite adéquation avec le film. La splendide musique de Philippe Rombi bénéficie d’une spatialisation concrète, les dialogues solidement plantés sur la centrale et la balance frontale fluide et limpide. Les plages de silence sont impressionnantes, les ambiances naturelles ne sont pas oubliées et les effets annexes sont palpables. Le seul petit bémol provient des sous-titres français incrustés lors des échanges en allemand. L’éditeur joint également une piste DTS-HD Master Audio 2.0, une version en Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Film / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr