Test Blu-ray / Sage Femme, réalisé par Martin Provost

SAGE FEMME réalisé par Martin Provost, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2017 chez France Télévisions Distribution

Acteurs : Catherine Deneuve, Catherine Frot, Olivier Gourmet, Quentin Dolmaire, Mylène Demongeot, Pauline Etienne, Audrey Dana…

Scénario : Martin Provost

Photographie : Yves Cape

Musique : Gégroire Hetzel

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Béatrice, une femme exubérante et libre d’esprit, appelle Claire, la fille de l’un de ses anciens amants. Claire, son exact opposé en terme de caractère, en veut à cette personne qui a fait beaucoup de mal à son père, décédé peu après qu’elle l’a quitté. Sage-femme appréciée et très impliquée dans la maternité où elle travaille, Claire se demande ce que veut Béatrice, qui n’a pas donné signe de vie depuis trente ans. Bizarrement, elle ne cherche pas à fuir celle qui ne cesse de faire des commentaires désobligeants sur ses choix vestimentaires. En fait, Claire voudrait des réponses à ses questions…

Révélé en 2008 avec le merveilleux Séraphine, couronné par sept Césars (meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario original, meilleure musique, meilleurs décors, meilleure photo et meilleurs costumes), le réalisateur Martin Provost a eu beaucoup de mal à confirmer avec ses films suivants Où va la nuit (2011), énorme déception et Violette (2013). Très attaché aux portraits de femme, le cinéaste en signe un double croisé avec Sage femme, son sixième long métrage. Honnêtement, ce n’est pas avec ce film que Martin Provost reviendra sur le devant de la scène et ce malgré un casting exceptionnel et une rencontre au sommet entre les deux grandes Catherine, Deneuve et Frot. Mais le film déçoit malheureusement, comme un rendez-vous manqué et ce en raison d’une mise en scène trop sage et d’un scénario banal.

Claire (Catherine Frot) est la droiture même. Sage-femme, elle a voué sa vie aux autres. Déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité, elle voit sa vie bouleversée par le retour de Béatrice (Catherine Deneuve), ancienne maîtresse de son père disparu, femme fantasque et égoïste, son exacte opposée. Martin Provost a pensé à son film comme un hommage à la sage-femme qui l’a sauvé à la naissance, ainsi qu’à toutes celles qui œuvrent dans l’ombre pour les autres, sans rien attendre en retour. A l’instar de la séquence où Claire accouche une jeune femme (interprété par Pauline Etienne) à qui elle avait donné son sang lors de sa venue au monde, Martin Provost avait été sauvé de la même façon. Si le réalisateur avait eu l’intelligence de placer sa caméra sous le signe de la sobriété et du réalisme dans Séraphine, Sage femme apparaît justement trop sobre et le revirement de certains personnages, notamment celui interprété par Catherine Frot, est bien trop soudain pour être vraisemblable.

Catherine Deneuve mène le jeu avec naturel, une énergie débordante et une fraîcheur de jeu dont certains comédiens devraient s’inspirer. Après presque 60 ans de carrière, l’immense actrice démontre qu’elle prend visiblement toujours autant de plaisir à jouer et à donner la réplique. De son côté, Catherine Frot n’est pas aidée par un personnage plus classique de femme quasi-quincagénaire qui a mis sa vie de côté pour s’occuper des autres, dans sa vie personnelle – célibataire et un fils interprété par Quentin Dolmaire, révélation de Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin, sur le point d’être père – et évidemment dans sa vie professionnelle. Pour le tournage, Catherine Frot a d’ailleurs participé à de véritables accouchements filmés en Belgique puisque la loi française n’autorise pas le tournage avec des bébés âgés de moins de trois mois. Sans horaires, dormant à peine, sclérosée dans une petite vie tranquille, Claire contrôle tout, ce qu’elle mange (sainement, sans alcool) et en limitant ses déplacements. C’est alors que les retrouvailles inattendues avec l’ancienne compagne de son père (responsable de son suicide), Béatrice, vont raviver certaines douleurs du passé qui ont figé sa vie…et paradoxalement déclencher l’envie de la reprendre en main en pensant enfin à elle. En voyant Béatrice, épicurienne et excentrique rattrapée par le destin, continuer à profiter à fond de la vie, s’autorisant quelques bons verres de vin, fumant cigarette sur cigarette et s’adonnant à sa passion du jeu, Claire va faire le point sur sa propre existence.

Si Sage femme n’est évidemment pas déplaisant grâce à ses deux têtes d’affiche et une superbe partition de Grégoire Hetzel, le récit patine et manque de surprises. On pouvait attendre beaucoup mieux de cette histoire de transmission (quasi-méta diront certains) et de cette première collaboration entre deux grandes comédiennes qui avait tout pour faire des étincelles à l’écran, mais les flammèches sont finalement bien trop rares, les dialogues assez pauvres et la forme proche d’un simple téléfilm.

LE BLU-RAY

Le test a été réalisé sur check-disc. France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions avec un menu lambda, animé et musical. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Aucun supplément, ni de chapitrage.

L’Image et le son

Hormis quelques petites pertes de la définition sur les scènes sombres et un piqué manquant parfois de mordant, ce master HD au format 1080p demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie à la fois chatoyante et froide. Les contrastes sont denses et élégants, la gestion solide, le relief palpable, les détails précis sur les gros plans et les partis pris esthétiques raffinés du chef opérateur Yves Cape (Holy Motors, Hors Satan, Hadewijch), trouvent en Blu-ray un très bel écrin.

Le mixage français DTS-HD Master Audio 5.1 parvient à créer une immersion acoustique probante grâce à la très belle musique de Grégoire Hetzel (Incendies, L’Arbre, Un conte de Noël). Les ambiances naturelles viennent souvent à manquer sur les séquences en extérieur et l’ensemble se révèle souvent timide. Le report des voix est solide, la balance frontale fait gentiment son boulot, mais beaucoup de scènes reposent essentiellement sur les enceintes avant. À titre de comparaison, la version Stéréo finit par l’emporter sur la 5.1 du point de vue fluidité et homogénéité des voix avec les effets et la musique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Michael Crotto / France Télévisions Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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