Test Blu-ray / La Course à l’échalote, réalisé par Claude Zidi

LA COURSE À L’ÉCHALOTE réalisé par Claude Zidi, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 25 juin 2025 chez Pathé.

Acteurs : Pierre Richard, Jane Birkin, Michel Aumont, Marc Doelnitz, Amadeus August, Henri Déus, Luis Rego, Catherine Allégret…

Scénario : Michel Fabre, Jean-Luc Voulfow & Claude Zidi

Photographie : Henri Decaë

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Pierre Vidal, cadre dans une banque, doit remplacer le directeur temporairement. Alors que les responsabilités lui montent à la tête et que sa jalousie envers sa fiancée, Janet, devient maladive, il se fait dérober une mallette appartenant à un gros client. Pierre se lance, avec sa fiancée, à la poursuite des voleurs.

La Moutarde me monte au nez ayant conforté Claude Zidi, non seulement au box office avec 3,7 millions d’entrées en France et près de 27 millions rien qu’en U.R.S.S., ainsi que dans son désir de s’émanciper des Charlots, quand bien même il vient de s’associer une dernière fois avec eux pour Les Bidasses s’en vont en guerre, le réalisateur multiplie les projets et souhaite retrouver le tandem Pierre Richard-Jane Birkin. L’équipe s’étant on ne peut mieux entendue sur leur première association se retrouve donc quelques mois plus tard pour La Course à l’échalote, qui dispose d’un budget plus conséquent, ce qui permet quelques prises de vues en Angleterre. Claude Zidi invite le spectateur à une délirante vadrouille entre Paris et Brighton. Le couple vedette fait des étincelles et leur complicité apparaît comme l’une des plus réussies du cinéma français des années 1970. Le réalisateur signe une comédie raffinée, enchaîne les quiproquos, les gags burlesques (Pierre Richard est ici un véritable personnage de cartoon), le vaudeville, avec un sens indéniable de l’inventivité au service du rire. Un film haut en couleur, une comédie extrêmement soignée pour le plus grand bonheur de tous, à voir et à revoir.

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Test Blu-ray / Les Fous du stade, réalisé par Claude Zidi

LES FOUS DU STADE réalisé par Claude Zidi, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 25 juin 2025 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Guy Fechner, Gérard Filippelli, Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Paul Préboist, Martine Kelly, Gérard Croce, Jacques Seiler…

Scénario : Claude Zidi & Jacques Fansten

Photographie : Paul Bonis

Musique : Les Charlots

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Graveson, un charmant petit village du Midi de la France, avec ses joueurs de pétanque dont l’accent fleure bon la Provence. Jules, l’épicier, et son fils sont chargés d’organiser les festivités marquant le passage de la flamme olympique. Celle-ci est portée par un athlète allemand, très grand, très blond, avec des yeux très bleus, possesseur d’une spectaculaire musculature. Aux abords du village, dans la joie et avec fantaisie, quatre garçons font du « camping sauvage ».

Immédiatement après l’incroyable triomphe des Bidasses en folie, qui avait attiré 7,5 millions de français dans les salles pendant les fêtes de fin d’année, Les Charlots et Claude Zidi remettent le couvert en septembre 1972 avec Les Fous du stade qui lui aussi connaît un bel accueil du public avec 5,7 millions d’entrées. Incontestablement l’un de leurs meilleurs films, Les Charlots continuent avec Les Fous du stade d’être pris en main par l’un de nos meilleurs réalisateurs de comédie, qui se surpasse autant à l’écriture de gags visuels qu’ à leur exécution à l’écran. Aidé au scénario et aux dialogues par Jacques Fansten, avec lequel il avait travaillé sur La Femme infidèle et Que la bête meure de Claude Chabrol, où il officiait alors comme cadreur avant de passer lui-même à la mise en scène, Claude Zidi emmène ses quatre comédiens, Luis Rego ayant quitté le groupe entre-temps, dans quelques aventures rocambolesques, burlesques, souvent proches du cinéma muet qu’il admire depuis son enfance. Les Fous du stade est comme Les Bidasses en folie et plus tard Le Grand bazar, un film BD, où les personnages défient toutes les lois possibles, y compris celle de la gravité, du réalisme. Pas étonnant que cela ait collé entre Les Charlots et Claude Zidi sur le tournage de La Grande Java, où les comédiens n’ont jamais pu s’entendre avec Philippe Clair, car le cinéaste et ses trublions ont ce truc hors-sol en commun, qui a grande participé à proposer un divertissement quasiment-inclassable, unique et finalement ultra-populaire, qui a fait rire petits et grands du monde entier (le film a été un hit planétaire, faisant même plus de cinquante millions d’entrées en Inde) et qui continue encore aujourd’hui à faire de nouveaux adeptes. Un chef d’oeuvre bien de chez nous. Merci Monsieur Zidi.

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Test Blu-ray / Zig Zig, réalisé par László Szabó

ZIG ZIG réalisé par László Szabó, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 26 mars 2025 chez Pathé.

Acteurs : Catherine Deneuve, Bernadette Lafont, Walter Chiari, Jean-Pierre Kalfon, Yves Afonso, Georgette Anys, Stéphane Shandor, Jean-Pierre Maud…

Scénario : László Szabó

Photographie : Jean-Pierre Baux

Musique : Karl-Heinz Schäfer

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Marie et Pauline sont deux chanteuses de cabaret, qui rêvent de s’offrir un chalet à la montagne. Pour ce faire, les deux femmes se prostituent. Marie se trouve mêlée à une affaire concernant l’enlèvement de la femme d’un de ses clients. De plus, elle découvre que Pauline est dans le coup. Un policier retraité résout l’affaire.

László Szabó (né en 1936), c’est tout d’abord une tronche de cinéma croisée chez Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Costa-Gavras, François Truffaut, Éric Rohmer, Arnaud Desplechin, un nom souvent rattaché à la Nouvelle vague. Hongrois de naissance, arrivé en France quand il avait vingt ans, László Szabó, cinéphile fréquentant la Cinémathèque d’Henri Langlois, où il rencontre la bande des Cahiers du cinéma. Quand les membres de celle-ci se lancent dans le cinéma, ils n’hésitent pas à faire tourner leur ami, qui apparaîtra aussi bien dans À double tour que dans Pierrot le fou, dans L’Aveu et plus tard dans Le Dernier métro. C’est tout naturellement qu’il se lance également dans la mise en scène avec un court-métrage, Le Voyage du Lieutenant Le Bihan (1969), suivi de près par un premier long-métrage, Les Gants blancs du diable (1973), tous les deux interprétés par Bernadette Lafont et Yves Afonso. Ces deux œuvres imposent un ton singulier, un univers original et témoignent de la prédilection du réalisateur pour le côté sombre de l’existence. Il enchaîne avec Zig Zig, qui transforme l’essai et avec lequel László Szabó donne libre cours à sa fantaisie toujours teintée de noirceur, en se focalisant sur le monde de la nuit dans le quartier de Pigalle. Il réunit alors deux des plus grandes comédiennes du cinéma français, Catherine Deneuve et (cette fois encore) Bernadette Lafont, dont l’alchimie fait des étincelles à l’écran. Seulement voilà, au mi-temps des années 1970, le public se désintéresse de la première (son dernier grand succès remonte à Peau d’âne), tandis que la seconde est plongée dans le cinéma d’auteur depuis quelques années (Michel Drach, Jacques Rivette, Jean Eustache…). Résultat des courses, la barre des 300.000 spectateurs n’est même pas franchie pour Zig Zig, qui s’évapore immédiatement de la mémoire de ceux qui l’ont découvert dans les salles. Un demi-siècle après sa sortie, nous déterrons cet ovni du septième art hexagonal, qui rappelle étonnamment le cinéma de Rainer Werner Fassbinder, tout en convoquant le spectre des comédies musicales de Jacques Demy, avec une Catherine Deneuve qui chante et qui danse avec sa virevoltante partenaire. Quasiment inclassable, Zig Zig enchaîne les scènes comme s’il s’agissait d’une chronique du Paris interlope, en jouant avec les genres, en faisant perdre ses repères aussi bien aux personnages qu’à celui qui tente de suivre l’itinéraire de Pauline et Marie. C’est donc une sacrée curiosité, doublée d’une véritable expérience de cinéma.

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Test Blu-ray / L’Héroïque Monsieur Boniface – Boniface somnambule, réalisés par Maurice Labro

L’HÉROÏQUE MONSIEUR BONIFACEBONIFACE SOMNAMBULE réalisés par Maurice Labro, disponible en Coffret DVD ou Blu-ray « Fernandel – Coffret 3 films : L’Armoire volante + L’Héroïque Monsieur Boniface + Boniface somnambule » le 11 décembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Fernandel, Andrex, Michel Ardan, Yves Deniaud, Liliane Bert, Mathilde Casadesus, Gaby Andreu, Raoul Marco…

Scénario : Gérard Carlier

Photographie : Marc Fossard – Pierre Levent

Musique : Louiguy

Durée : 1h35-1h31

Date de sortie initiale : 1949-1951

LES FILMS

Boniface, timide étalagiste, trouve un soir en rentrant chez lui un cadavre dans son lit. Enlevé à sa sortie du commissariat par le véritable assassin (Charlie, un chef de bande), Boniface se retrouve libre et héros du jour au lendemain. Adulé, fêté et reconnu, Boniface commence sérieusement à gêner Charlie, qui décide d’enlever sa petite amie, Irène. Ce geste donnera à l’honnête Boniface la force d’accomplir cette fois, un audacieux coup de main qui mettra fin à la bande de gangsters.

Irréprochable détective privé aux magasins Berthès et spécialement au rayon bijouterie, Victor Boniface est somnambule. Ce qui l’amène à dérober la nuit ce qu’il surveille si brillamment le jour. Ce travers va le conduire à faire arrêter héroïquement trois gangsters : Charlie, René et leur complice, qui l’avaient repéré et abusaient de sa crédulité. Mlle Thomas, la sous-directrice de la bijouterie lui confiera son cœur et deviendra la mère de ses nombreux enfants qui seront, eux aussi, somnambules.

Un an après le semi-succès rencontré par L’Armoire volante, qui a autant décontenancé le public que la critique en raison de son humour noir, Fernandel revient au top du box-office avec L’Héroïque Monsieur Boniface, qui franchit la barre des trois millions d’entrées. Réalisé par Maurice Labro (aucun lien avec Philippe), ce film aussi connu sous le titre Le Sympathique Monsieur Boniface est une comédie conçue pour la star du cinéma français, où Fernandel pousse même la chansonnette. Le succès est tel qu’une suite, la première de sa carrière pour le comédien, sortira deux ans plus tard, mise en scène par le même réalisateur, avec une partie du même casting…mais où le personnage paraît ne pas être le même et où il ne subsiste que de rares éléments le rattachant au premier opus. Si Boniface somnambule ne connaîtra pas le même engouement (2,1 millions d’entrées), ce hit confirmera une fois de plus l’aura de Fernandel auprès des spectateurs, étant par ailleurs à l’affiche de cinq longs-métrages en 1951, dont Topaze (3,2 millions d’entrées) de Marcel Pagnol et L’Auberge rouge (2,7 millions d’entrées) de Claude Autant-Lara. Au jeu des comparaisons, L’Héroïque Monsieur Boniface s’avère plus réussi et original que Boniface somnambule, plus recherché aussi sans doute dans son mélange des genres, une comédie teintée d’enquête policière, dans laquelle Fernandel démontre encore son talent protéiforme. Si Boniface somnambule sent constamment le tournage en studio, contrairement au précédent, le spectacle est cependant bien mené, drôle et divertissant près de 75 ans après sa sortie.

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Test Blu-ray / L’Armoire volante, réalisé par Carlo Rim

L’ARMOIRE VOLANTE réalisé par Carlo Rim, disponible en Coffret DVD ou Blu-ray « Fernandel – Coffret 3 films : L’Armoire volante + L’Héroïque Monsieur Boniface + Boniface somnambule » le 11 décembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Fernandel, Berthe Bovy, Germaine Kerjean, Yves Deniaud, Louis Florencie, Antonin Berval, Maximilienne, Paul Demange, Pauline Carton, Annette Poivre…

Scénario : Carlo Rim

Photographie : Nicolas Hayer

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Madame Lobligeois, octogénaire têtue, part pour Clermont-Ferrand avec deux déménageurs afin de rapporter à Paris ses quelques meubles, malgré la folle inquiétude de son neveu Alfred Puc, percepteur de son état. Il faut dire qu’il fait de nombreux degrés en dessous de zéro et qu’au retour, la brave dame meurt de froid. Affolés, les déménageurs laissent le corps dans une armoire à glace, et regagnent Paris en avertissant le neveu. Mais entre-temps le camion a été volé, début de palpitantes aventures du monsieur à la recherche du corps de sa tante.

Démobilisé un an après avoir été appelé suite à la déclaration de guerre à l’Allemagne en 1939, Fernandel n’a jamais cessé de tourner et ses films emballés durant les années du conflit armé portent principalement l’estampille de la Continental Films. Sous l’Occupation, s’il continue de se produire dans les cabarets, le comédien enchaîne les longs-métrages avec toujours autant de succès. Mais les grandes affaires reprennent en 1945 avec le triomphe de Naïs de Marcel Pagnol (3,5 millions d’entrées), suivi des succès du Mystère Saint-Val, des Gueux au paradis, de Pétrus, d’Émile l’Africain et L’Aventure de Gonfaron, qui totalisent à eux-seuls près de quinze millions d’entrées. Un retour en force. Toutefois, si l’on se penche un peu plus sur ces chiffres faramineux, un film se distingue par son score mitigé, celui réalisé par L’Armoire volante de Carlo Rim (1902-1989), qui n’atteint pas la barre du million et demi de spectateurs. Réalisé par l’ancien assistant de Marc Allégret, Maurice Tourneur et Richard Pottier, cette comédie noire et grinçante a certainement déconcerté le public au sortir de la Seconde Guerre mondiale, où l’humour macabre n’était probablement pas le bienvenu. Il n’empêche que le temps a fait son office et que L’Armoire volante est devenu culte pour beaucoup et même un objet de fascination pour beaucoup de cinéphiles, qui se sont depuis organisés pour le faire connaître dans leur réseau. Résolument moderne, magistralement mis en scène et surtout royalement photographié par le virtuose Nicolas Hayer (Le Doulos, Au Grand Balcon, La Chartreuse de Parme, Le Corbeau) avec ses éclairages provenant directement de l’expressionnisme allemand, L’Armoire volante est assurément un sommet dans la prolifique et éclectique carrière de Fernandel, annonçant trois ans avant certains partis-pris du mythique et plus reconnu L’Auberge rouge de Claude Autant-Lara. Autant dire que l’on se trouve devant un bijou quasi-inclassable, ambitieux et drôle, indiscutablement inévitable quand on s’intéresse de près à la légende de Fernandel.

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Test Blu-ray / Les Misérables, réalisé par Jean-Paul Le Chanois

LES MISÉRABLES – 2 ÉPOQUES réalisé par Jean-Paul Le Chanois, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 6 novembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean Gabin, Danièle Delorme, Bernard Blier, Bourvil, Béatrice Altariba, Serge Reggiani, Silvia Monfort, Fernand Ledoux, Jimmy Urbain…

Scénario : Jean-Paul Le Chanois, Michel Audiard & René Barjavel, d’après le roman de Victor Hugo

Photographie : Jacques Natteau

Musique : Georges Van Parys

Durée : 3h10

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Jean Valjean, un paysan condamné à cinq ans de travaux forcés pour avoir volé un pain, sort du bagne de Toulon en 1815 après y avoir passé dix-neuf ans, sa peine initiale ayant été prolongée à cause de ses multiples tentatives d’évasion. Son destin bascule lorsque l’évêque de Digne, Monseigneur Myriel, se dévoue pour lui éviter d’être de nouveau incarcéré à la suite du vol qu’il a perpétré dans sa maison. Dès lors, Jean Valjean va s’évertuer à ne faire que le bien autour de lui au détriment de son propre bonheur.

C’est un véritable blockbuster. En 1958, Jean-Paul Le Chanois adapte Les Misérables de Victor Hugo (publié en 1862), avec un casting de luxe, 10.000 figurants et un budget conséquent. Bien avant cela, l’oeuvre de l’écrivain avait inspiré le septième art, dès ses débuts d’ailleurs et ce aux quatre coins du monde. On peut bien sûr citer la version de Raymond Bernard en 1934, avec Harry Baur, Charles Vanel, Jean Servais et Orane Demazis, mais aussi celle (tout aussi virtuose) de Riccardo Freda (sous le titre français L’Évadé du bagne) avec Gino Cervi et Valentina Cortese. Jean-Paul Le Chanois coécrit son film avec René Barjavel, après un départ précipité de Michel Audiard (avec lequel le travail s’est très mal passé) et confie le rôle de Jean Valjean à Jean Gabin. Depuis son retour en grâce en 1954, le « Vieux » enchaîne les tournages et multiplie les succès. En 1955, six films dont il est la vedette sortent sur les écrans (dont French Cancan, Chiens perdus dans collier, Gas-oil) et quasiment tout autant l’année suivante (Des gens sans importance, Voici le temps des assassins, Le Sang à la tête, La Traversée de Paris…). Après un repos en 1957 (avec « seulement » deux films à l’affiche), Jean Gabin est à nouveau omniprésent en 1958 avec un film sortant en moyenne tous les deux mois. Ainsi, après Maigret tend un piège au mois de janvier, le mois de mars est marqué par l’événement cinématographique de l’année, l’arrivée des Misérables, scindé en deux époques pour une durée totale de 3h10 (le premier montage dépassait même les cinq heures, ce qui allait poser moult problèmes au montage), qui va alors attirer près de dix millions de spectateurs en France (on parle même de près de 25 millions en Union soviétique) et restera le deuxième plus grand succès de l’acteur au box-office, derrière les 12,5 millions d’entrées de La Grande Illusion. C’est la seconde collaboration entre Jean Gabin et Jean-Paul Le Chanois, après Le Cas du docteur Laurent et qui continuera après avec Monsieur (1964) et Le Jardinier d’Argenteuil (1966). Spectaculaire transposition du monument littéraire de Victor Hugo, Les Misérables demeure un gigantesque spectacle, qui a peut-être vieilli du point de vue des décors qui font parfois un peu carton-pâte, mais qui n’en reste pas moins passionnant et merveilleusement interprété.

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Test Blu-ray / Cinq tulipes rouges, réalisé par Jean Stelli

CINQ TULIPES ROUGES réalisé par Jean Stelli, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 16 octobre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean Brochard, René Dary, Suzanne Dehelly, Raymond Bussières, Pierre-Louis, Robert Berri, Robert Le Fort, Luc Andrieux…

Scénario : Marcel Rivet & Charles Exbrayat

Photographie : Marcel Grignon

Musique : René Sylviano

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Lors du Tour de France 1948, cinq coureurs sont retrouvés morts avec une tulipe rouge près de leur corps. Une journaliste et un inspecteur de police mènent l’enquête pour retrouver le meurtrier…

Bien avant La Grande Boucle (2013), Le Vélo de Ghislain Lambert (2001), Les Triplettes de Belleville (2003), Les Cracks (1968), The Program (2015), pour ne citer que ceux-là, la course cycliste inspirait le cinéma en 1949 avec Cinq tulipes rouges. Étrange mélange des genres que cette enquête policière menée durant le Tour de France de 1948, sur lequel le film de Jean Stelli (1894-1975) a réellement été tourné, en collaboration avec Peugeot, L’Équipe, France Soir et Le Parisien Libéré, organisateurs de cette épreuve sportive réputée dans le monde entier. Jean Stelli, le réalisateur prolifique, éclectique et néanmoins méconnu de La Valse Blanche (1943), Le Voile Bleu (1942), Les Amoureux de Marianne (1953), ancien acteur puis assistant de Julien Duvivier (L’Ouragan sur la montagne, Les Roquevillard, Golgotha), avait déjà pris le Tour de France comme toile de fond pour sa comédie romantique sortie en 1939, Pour le maillot jaune, avec Albert Préjean. Cette fois, une série de meurtres se déroule au fil des étapes du Tour 1948, les prétendants au maillot jaune étant mystérieusement assassinés les uns à la suite des autres, une tulipe rouge étant systématiquement retrouvée près du corps de la victime. Cinq tulipes rouges vaut assurément le coup d’oeil, d’une part pour sa dimension documentaire (Jean Stelli avait un passé de journaliste et connaissait le terrain), avec ses coureurs qui mangent copieusement le tout arrosé de gros rouge, ses entraîneurs survoltés, ses mécanos amateurs de jolies donzelles, d’autre part pour le duo formidable formé par la géniale Suzanne Dehelly (La Nuit est mon royaume, Premier rendez-vous), impayable dans la peau de La Colonelle, la journaliste qui mène l’enquête à la façon d’un Myron Bolitar (les connaisseurs d’Harlan Coben comprendront), et Jean Brochard (Pot-Bouille, Les Diaboliques, Cécile est morte!) tout aussi impérial dans celle de l’inspecteur-chef Honoré Ricoul. Très rythmé, souvent drôle, bien mené et excellemment interprété, Cinq tulipes rouges mérite d’être redécouvert, surtout par les amateurs de la Petite Reine.

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Test Blu-ray / Le Comte de Monte-Cristo, réalisé par Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière

LE COMTE DE MONTE-CRISTO réalisé par Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 6 novembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte, Pierfrancesco Favino, Patrick Mille, Vassili Schneider…

Scénario : Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, d’après le roman d’Alexandre Dumas

Photographie : Nicolas Bolduc

Musique : Jérôme Rebotier

Durée : 2h58

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

En 1815, à Marseille, au début du règne de Louis XVIII et alors que Napoléon s’apprête à quitter l’île d’Elbe, le jeune matelot Edmond Dantès, sur le point d’épouser sa bien-aimée Mercedès, est accusé à tort de menées bonapartistes et emprisonné dans le château d’If. Quatorze années plus tard, il parvient à s’évader et élabore un implacable plan de vengeance.

À l’heure où est réalisée cette critique, Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière continue de réaliser près de 100.000 entrées par semaine, le film étant sorti fin juin 2024. Alors que la barre des 9 millions d’entrées est d’ores et déjà acquise, cette adaptation du roman d’Alexandre Dumas (publié en 1844) est devenue celle qui a remporté le plus de succès au cinéma, 70 ans après celle portée par Jean Marais (7,8 millions d’entrées) et celle de Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan dans le rôle principal (4,5 millions de spectateurs). Un triomphe tant critique que public et donc commercial pour cette superproduction au budget colossal de plus de 40 millions d’euros, qui rencontre aussi un accueil chaleureux dans le reste du monde. Si l’oeuvre de Dumas n’a eu de cesse d’inspirer le septième art et ce depuis ses débuts (la première transposition remonterait à 1908), l’une des plus célèbres demeure la mini-série mise en scène en 1998 par Josée Dayan, avec Gérard Depardieu, qui restera l’un des plus grands événements de l’histoire de la télévision française. On a oublié la transposition, également sous la forme d’une mini-série, avec Jacques Weber dans le rôle-titre et réalisée en 1979 par Denys de La Patellière (Le Bateau d’Émile, Rue des prairies, Les Grandes familles). C’est Alexandre, le fils de ce dernier, et Matthieu Delaporte, déjà auréolés par le succès du Prénom en 2012 et scénaristes du diptyque de Martin Bourboulon, Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan et Milady, qui dépoussièrent le monument littéraire original et livrent un chef d’oeuvre instantané. Sublime de la première à la dernière seconde, impressionnant, ambitieux, magistral, passionnant, Le Comte de Monte-Cristo version 2024, qui peut se voir comme une vraie relecture de Batman (à moins que Dantès ait inspiré le personnage de Bruce Wayne en fait), repose sur un récit virtuose, une distribution qui mérite tous les éloges et une mise en scène luxueuse. Vive le cinéma populaire français !

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Test Blu-ray / La Rose de la mer, réalisé par Jacques de Baroncelli

LA ROSE DE LA MER réalisé par Jacques de Baroncelli, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 juin 2024 chez Pathé.

Acteurs : Denise Bosc, Fernand Ledoux, Roger Pigaut, Lily Baron, Noël Roquevert, Palau, Georges Lannes, Jane Maguenat…

Scénario : Marc-Gilbert Sauvajon, d’après le roman de Paul Vialar

Photographie : Jean Isnard

Musique : Louiguy

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Jérôme possède un bateau, La Rose de la Mer, avec son truand d’oncle. Ils naviguent avec une bande de forbans engagés par l’oncle pour saborder le navire et toucher la prime d’assurance. Mais Jérôme n’est pas de cet avis et s’oppose au reste de l’équipage.

En 2021, l’auteur de ces mots faisait la découverte d’un film, d’un chef d’oeuvre, La Femme et le pantin (1929) et surtout de son réalisateur, dont il n’avait alors jamais entendu parler, Jacques de Baroncelli (1881-1951). Complètement oublié aujourd’hui, celui-ci aura pourtant signé une belle version des Mystères de Paris (1943), une adaptation de La Duchesse de Langeais (1942) d’Honoré de Balzac, avec Edwige Feuillère, et l’on peut aussi citer Belle étoile (1938) avec Michel Simon et Jean-Pierre Aumont et Je serai seule après minuit (1931), sur un scénario de Henri-Georges Clouzot. Jacques de Baroncelli était un passionné de cinéma, un amoureux des comédiens auxquels il était d’ailleurs fidèle (il collaborera plus de quinze fois avec Charles Vanel, fera aussi tourner à plusieurs reprises Pierre Brasseur, Edwige Feuillère…) et enchaînait les films aussi divers que variés, avec pour priorité le désir de se renouveler. La Rose de la mer est l’un de ses derniers longs-métrages, peut-être pas le plus représentatif de son œuvre générale, mais qui se démarque par son savoir-faire et sa tonalité sombre, le film ayant été tourné après la Seconde Guerre mondiale. D’après un scénario écrit par Marc-Gilbert Sauvajon (Le Canard à l’orange, Michel Strogoff, Non coupable), transposition d’un roman de Paul Vialar, le cinéaste dirige une bande de comédiens qui en dehors du légendaire Noël Roquevert et du respecté Fernand Ledoux ne sont pas vraiment passés à la postérité, mais qui n’en restent pas moins convaincants, même si leur jeu reste représentatif des « codes » d’une certaine époque. La Rose de la mer demeure un drame assez prenant, culotté, romanesque, teinté de thriller, où la violence peut éclater à n’importe quel moment et ce jusqu’à la fin. Une étonnante curiosité donc.

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Test Blu-ray / Boulevard, réalisé par Julien Duvivier

BOULEVARD réalisé par Julien Duvivier, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 juin 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Pierre Léaud, Monique Brienne, Magali Noël, Pierre Mondy, Jacques Duby, Robert Pizani, Julien Verdier, Georges Adet…

Scénario : Julien Duvivier & René Barjavel, d’après le roman de Robert Sabatier

Photographie : Roger Dormoy

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Jojo a été abandonné par son père qui a refait sa vie avec une mégère abusive. II habite tout seul dans une chambre du 6e étage et s’efforce, vis-à-vis des voisins, de ne pas avoir l’air abandonné. Pour cela, il joue au dur, méprise la gentille Marietta dont les parents le reçoivent souvent pour compléter sa maigre pitance, et préfère son autre voisin, l’artiste, ou bien la danseuse de strip-tease Jenny, qu’il épie par le trou de la serrure et voudrait bien approcher de plus près. Plusieurs tentatives pour gagner sa vie lui confirmeront que le monde des adultes n’est pas tendre. Il parvient à se faire un peu d’argent en vendant des illustrés et prépare une petite fête en rapportant quelques bouteilles chez Jenny. Celle-ci le traitera plutôt maternellement, réservant ses faveurs au boxeur Dicky qu’elle entretient aveuglément.

À l’occasion de la sortie en Blu-ray de Marie-Octobre, du Diable et les 10 commandements et de La Femme et le Pantin, nous sommes déjà revenus longuement sur la longue, prolifique et éclatante carrière de Julien Duvivier (1896-1967). Pour y situer Boulevard, disons qu’il s’agit d’un de ses derniers films, puisque le réalisateur ne signera plus que quatre longs-métrages après celui-ci. Boulevard, c’est comme qui dirait la rencontre entre le cinéma classique et le septième art moderne représenté par l’arrivée mouvementée de la Nouvelle vague. Ou quand un cinéaste estimé (dont les œuvres ont attiré pas loin de 60 millions de spectateurs dans les salles) dirige la star des Quatre Cents Coups de François Truffaut, Jean-Pierre Léaud, alors âgé de 16 ans. Le jeune comédien apporte avec lui une vérité (24 images par seconde) et Boulevard n’est d’ailleurs pas dépourvu d’une réalité documentaire, notamment quand Julien Duvivier rend compte du Paris de l’époque, en posant sa caméra entre Pigalle et la place de Clichy, pas loin de Montmartre. S’il reconstitue admirablement un immeuble en studio grâce au savoir-faire du décorateur Robert Bouladoux (Le Monocle rit jaune, 125 rue Montmartre, Le Sang à la tête), pour des facilités de tournage, nombreuses sont les images capturées dans la rue qui restent en mémoire après le visionnage, où l’on aperçoit des cinémas disparus depuis belle lurette (avec à l’affiche Recours en grâce de László Benedek ou L’Amérique insolite de François Reichenbach, ce qui date les prises de vue autour de mai-juin 1960), des night-clubs devenus des sex-shops ou des peep-shows, des primeurs ayant laissé place à des Monoprix, ou des pharmacies…qui le sont encore aujourd’hui. Au-delà de ce témoignage d’un présent qui s’est volatilisé et dont plus rien ou presque ne subsiste, Boulevard est le portrait dressé d’un adolescent pour ainsi dire comme les autres, car si les époques changent, les êtres humains demeurent les mêmes et le film de Julien Duvivier rend compte de ce premier carrefour d’une existence, quand un adolescent se retrouve bloqué entre l’enfance et le monde adulte. Un sujet ô combien éternel et universel.

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