Test Blu-ray / Marie-Octobre, réalisé par Julien Duvivier

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MARIE-OCTOBRE réalisé par Julien Duvivier, disponible en Combo Collector Blu-ray + DVD le 7 décembre 2016 chez Pathé

Acteurs : Danielle Darrieux, Paul Meurisse, Bernard Blier, Lino Ventura, Noël Roquevert, Robert Dalban, Paul Frankeur, Serge Reggiani, Daniel Ivernel, Jeanne Fusier-Gir, Paul Guers

Scénario : Julien Duvivier d’après le roman Marie-Octobre de Jacques Robert

Photographie : Robert Lefebvre

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Marie-Hélène Dumoulin, patronne d’une maison de couture, était Marie-Octobre pendant la guerre. Membre d’un groupe de résistants, elle a vu son chef et amant Castille arrêté et exécuté par les Allemands. Quinze ans plus tard, elle apprend que le réseau avait été dénoncé par l’un des siens. Elle réunit tous les survivants pour un dîner, bien décidée à démasquer le traître.

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Imaginez un film dans lequel seraient réunis les comédiens prestigieux Danielle Darrieux, Paul Meurisse, Bernard Blier, Lino Ventura, Noël Roquevert, Robert Dalban, Paul Frankeur, Serge Reggiani, Daniel Ivernel, Jeanne Fusier-Gir et Paul Guers. Un casting de rêve qui est pourtant bien celui de Marie-Octobre, réalisé par Julien Duvivier (1896-1967) en 1958. Le metteur en scène de Pépé le Moko, La Fin du jour, Voici le temps des assassins et de La Belle équipe venait d’être marqué par 12 hommes en colère, tout juste réalisé par Sidney Lumet et souhaitait trouver une histoire qui lui permette de réunir une brochette de comédiens dans un espace réduit. Cinéaste du pessimisme et de la noirceur de l’âme humaine, Julien Duvivier trouve dans le roman Marie-Octobre de Jacques Robert, les éléments adéquats. Cependant, trouvant l’ouvrage trop inscrit dans son époque (1948), le réalisateur remanie le roman original et demande à son fidèle collaborateur Henri Jeanson de signer les dialogues qu’il souhaite plus incisifs.

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Marie-Octobre est un pur exercice de style : 11 personnages, 9 hommes, anciens résistants et 2 femmes, Marie-Octobre qui s’occupait du réseau avec Castille, exécuté par la Gestapo, et Victorine sa vieille gouvernante. Une intrigue qui respecte l’unité de lieu, de temps et d’action, autrement dit une maison cossue avec un grand salon au plafond bas, le temps d’une soirée, avec des échanges ininterrompus entre plusieurs individus. Sous l’égide de Marie-Hélène Dumoulin dite « Marie-Octobre » (Danielle Darrieux), directrice d’une maison de couture et de l’industriel François Renaud-Picart (Paul Meurisse), Julien Simoneau, avocat pénaliste (Bernard Blier), Carlo Bernardi, patron d’une boîte de strip-tease (Lino Ventura), Étienne Vandamme, contrôleur des contributions (Noël Roquevert), Léon Blanchet, serrurier plombier (Robert Dalban), Lucien Marinval, boucher mandataire aux Halles (Paul Frankeur), Antoine Rougier, imprimeur (Serge Reggiani), Yves Le Gueven, prêtre (Paul Guers) et Robert Thibaud, médecin-accoucheur (Daniel Ivernel) sont invités pour un dîner préparé par Victorine (Jeanne Fusier-Gir), qui scelle leurs retrouvailles. Il y a quinze ans, ces hommes et cette femme formaient un réseau de Résistance que dirigeait alors Castille, mort sous les balles de la Gestapo dans ce salon même où ils lui rendent hommage.

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Après le dîner, alors que le digestif et le café les apaisent, ces hommes sont invités à se réunir dans le grand salon qui servait alors de quartier général au réseau. Marie-Octobre et Renaud-Picart leur apprennent alors la véritable raison de cette soirée. Un traitre se cache parmi eux, celui qui en août 1944 a balancé le réseau aux allemands et qui se trouve par conséquent être le responsable de la mort de Castille. Les masques tombent, tous les coups sont permis. Les rancunes refont surface, les accusations commencent à pleuvoir, tout comme les secrets enfouis, les suspicions, les compromissions avec l’occupant. Une chose est sûre, le traitre sera démasqué avant l’aube et ne sortira pas vivant de cette maison.

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Alors que la Nouvelle vague pointe son nez et s’en prend violemment à ce « cinéma poussiéreux », Julien Duvivier démontre qu’il en a encore sérieusement sous le capot. Marie-Octobre est un très grand huis clos. La fluidité de la mise en scène, la photographie oppressante, l’excellence de l’interprétation et le montage percutant ne laissent aucune place à l’ennui. On admire la maîtrise de la technique et du langage cinématographique de Duvivier, tout comme les confrontations des monstres sacrés qui se renvoient la balle mouillée d’acide dans une remarquable partie de ping-pong verbal. Si le dispositif demeure proche du théâtre, Marie-Octobre échappe à ces limites imposées à travers une mise en scène inspirée, par ailleurs préparée bien en amont par le cinéaste avec quelques maquettes et des figurines en carton. Duvivier avait d’ailleurs tellement peaufiné ses plans et le montage que les prises de vues ont été réalisées en trois semaines seulement, du 17 novembre au 10 décembre 1958, dans un décor unique, dans l’ordre chronologique et sans que les comédiens eux-mêmes ne sachent qui était le coupable avant le dernier jour de tournage.

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Les corps, tout comme la caméra, se déplacent sans cesse, créant ainsi une valse des sentiments, tout d’abord légère quand les anciens résistants se retrouvent, puis qui se fait plus grave au fur et à mesure que la tension se resserre à cause de la peur et de l’issue qui semble fatale. Marie-Octobre est un film ingénieux, formidable, souvent captivant, même si finalement la révélation n’en est guère une et manque de puissance, malgré les doutes qui ne cessent de passer d’un personnage à l’autre. Sans doute parce que ce qui intéresse Julien Duvivier est ailleurs, comme les petites bassesses auxquelles se sont livrés ces hommes pourtant considérés comme des héros, comme quoi personne n’est parfait, surtout quand l’argent ou l’amour sont de la partie. Mais puisqu’un homme (ou une femme) doit payer pour ses fautes, autant qu’il/qu’elle serve d’exutoire pour les autres et que le spectateur serve de douzième homme pour composer un vrai jury.

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Marie-Octobre demeure une référence du whodunit à la française, qui inspirera d’ailleurs François Ozon pour 8 femmes, pour lequel Danielle Darrieux fait d’ailleurs le lien avec le film de Duvivier. Entre Dix petits nègres et une bonne partie de Cluedo (un tel, dans le grand salon avec le revolver), Marie-Octobre, grand succès de l’année 1959 avec 2,6 millions d’entrées, est une œuvre à redécouvrir et à réhabiliter.

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LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Marie-Octobre a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray et le DVD reposent dans un Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est très élégant, animé sur une des séquences du film.

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A l’instar des segments réalisés pour les éditions Blu-ray+DVD de Voici le temps des assassins, La Belle équipe et La Fin du jour sorties en juin 2016, celui de Marie-Octobre est signé Jérôme Wybon. Ce documentaire judicieusement intitulé Une femme en colère (17’), est composé d’entretiens avec Eric Bonnefille (auteur de Julien Duvivier – Le mal aimant du cinéma français), Hubert Niogret (auteur de Julien Duvivier – 50 ans de cinéma) et des archives montrant Danielle Darrieux qui évoque le prochain tournage de Marie-Octobre et d’autres images provenant d’une interview d’Henri Jeanson dans laquelle le dialoguiste explique ses rapports avec Julien Duvivier, « un personnage grognon et désagréable, n’ayant pas de conversation ».

screenshot002screenshot003screenshot005screenshot006Les deux spécialistes ès Duvivier replacent Marie-Octobre dans la filmographie éclectique du cinéaste et ne manquent pas de raconter quelques souvenirs liés à la production comme la genèse du film, la libre adaptation du roman de Jacques Robert, la minutieuse préparation du film, les conditions de tournage. Les thèmes de Marie-Octobre sont ensuite analysés, notamment la façon dont Duvivier aborde la face sombre et finalement « humaine » de ces héros de la Résistance. Enfin, l’accueil du film est évoqué, tout comme les attaques virulentes de Jean-Luc Godard envers le cinéma de Julien Duvivier.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Force est de constater que nous n’avions jamais vu Marie-Octobre dans de telles conditions. Les contrastes affichent une densité inédite, les noirs sont denses, la palette de gris riche et les blancs lumineux. Seul le générique apparaît peut-être moins aiguisé, mais le reste affiche une stabilité exemplaire ! Les arrière-plans sont bien gérés, le grain original est respecté, le piqué est souvent dingue et les détails regorgent sur les visages des comédiens. La restauration 2K du film effectuée en 2016 par l’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna. Celle-ci se révèle extraordinaire, aucune scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio du début à la fin, le relief des matières est palpable. La photo est resplendissante et le cadre au format respecté, brille de mille feux. Ce master très élégant permet de redécouvrir ce très grand classique dans une qualité technique admirable.

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Egalement restaurée, la piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un haut confort acoustique avec des dialogues percutants. Aucun souffle sporadique ni aucune saturation ne sont à déplorer. L’éditeur joint également une piste Audiovision, ainsi que les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

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Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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