Test Blu-ray / Killer Crocodile I & II, réalisés par Fabrizio De Angelis & Giannetto De Rossi

KILLER CROCODILE I& II réalisés par Fabrizio De Angelis & Giannetto De Rossi, disponible en Édition Limitée Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anthony Crenna, Ennio Girolami, Julian Hampton, Van Johnson, Sherrie Rose, Bill Wohrman, Ann Doulas…

Scénario : Fabrizio De Angelis, Dardano Sacchetti & Giannetto De Rossi

Photographie : Federico Del Zoppo & Giovanni Bergamini

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h28 & 1h26

Date de sortie initiale : 1989 & 1990

LES FILMS

Un groupe d’écologistes se rend dans les Caraïbes pour tenter de prouver que les activités d’une multinationale mettent en péril la faune et la flore. Il ne leur faut pas longtemps pour que, dans un marais, ils découvrent des fûts toxiques… Avant de mettre les autorités locales au courant, ils décident de rester pour la nuit. Mais à leur réveil, l’un d’entre eux a disparu…

Un an plus tard…

Ils pensaient en avoir fini avec le saurien mutant… ils avaient forcément tord ! Les fûts toxiques qui étaient supposés avoir été détruits sont toujours là, attendant de créer une nouvelle génération de mutants…

Préparez le pack de binouzes (de préférence, ne prenez pas de la Tourtel, l’effet ne serait pas le même), le paquet de chips (pas celui aux légumes oubliés, en plus le paquet est à 5 balles au Monop’), le chocolat Lindt lait façon Rocher et enchaînez les deux mirifiques opus Killer Crocodile ! On doit le premier à Fabrizio De Angelis, habituellement producteur (Black Emanuelle autour du monde, L’Enfer des zombies, L’Au-delà, L’Éventreur de New York, Formule pour un meurtre), également ici scénariste et metteur en scène sous le pseudo de Larry Ludman. Évidemment très largement inspiré par Les Dents de la merJaws de Steven Spielberg, qui a non seulement créé le blockbuster une quinzaine d’années auparavant, mais aussi donné naissance au film d’épouvante centré sur une créature marine, Killer Crocodile ne lui arrive pas à la cheville, tout juste à la plante des pieds. Car c’est est un nanar, un pur et dur, celui qui vous fracasse le bide comme les zygomatiques. Et bordel, ça fait un bien fou. Le film enchaîne les scènes d’anthologie avec son monstre douteux, son casting dont le charisme n’a d’égal que le talent (autrement dit zéro pointé sur ces deux points), la musique de Riz Ortolani qui plagie ouvertement le score de John Williams, bref, du bonheur sur pellicule pendant près de 90 minutes. La suite oscille constamment entre le navet et le nanar. Si elle comprend quelques moments épiques, cette séquelle emballée par Giannetto De Rossi, spécialiste des maquillages et des effets spéciaux (Pulsions cannibales, Il était une fois dans l’Ouest), qui avait déjà bossé sur le premier opus et qui venait de faire ses débuts comme réalisateur (Cyborg – Il guerriero d’acciaio), n’est pas aussi « hénaurme ». Le spectateur qui attendrait un second épisode dans la lignée du précédent pourrait être déçu en raison d’un ventre mou, mais au final le résultat est plutôt réjouissant. Alors, qu’est-ce que vous attendez ? Dépêchez vous, la bière va s’éventer.

Killer Crocodile : Dans les Caraïbes, des activités peu recommandables mettent en péril l’équilibre de la jungle alentour. En effet, une entreprise déverse ses fûts toxiques et radioactifs dans les marais du coin. Les preuves du désastre en main, et prêt à ouvrir le procès, un groupe de six écologistes des plus mémorables va rencontrer le fruit de cette pollution : un crocodile géant.

Killer Crocodile 2 : Liza Farrel, une jeune journaliste de New York, est envoyée aux Caraïbes pour enquêter sur la disparition de fûts de produits toxiques. Elle apprend qu’un centre touristique doit être construit sur une île, qui est, paraît-il, le domaine d’un crocodile géant dont l’instinct de tueur a déjà fait plusieurs victimes. Liza est persuadée que cette zone est contaminée par des déchets radioactifs, qui seraient à l’origine de l’apparition de ce monstre des marais. Avec l’aide de Kevin, qui connaît l’île dans ses moindres recoins, elle part à la recherche de preuves et au-devant de dangers qu’elle a tort de sous-estimer. Bien vite, l’expédition tourne au cauchemar…

Si moi je vous dis que c’est un crocodile, c’est que c’est un crocodile !

Le scénario du premier épisode est imputable au scénariste Dardano Sacchetti (Démons et sa suite de Lamberto Bava, La Maison de la terreur, Frayeurs, L’Emmurée vivante, Le Chat à neuf queues) qui pille sans vergogne à droite à gauche, comme le cinéma italien savait alors très bien le faire depuis toujours. À l’époque, étaient sortis Le Crocodile de la mort (1976) de Tobe Hooper, L’Incroyable alligator (1980) de Lewis Teague, le thaïlandais Crocodile (1980) de Sompote Sands, Le Grand (ou Le Dieu) Alligator (1979) de Sergio Martino, Les Dents de la mort (bravo aux exploitants français) de Arch Nicholson, sans oublier bien sûr Crocodile Fury (1988) de l’indétrônable Godfrey Ho. Killer Crocodile n’invente évidemment rien, ou si c’est le cas, sans doute les séquences d’attaques et de sauvetages les plus improbables de l’histoire du genre. On se souviendra longtemps de la petite fille qui s’accroche in extremis avant que la passerelle ne s’écroule sous elle et donc au-dessus des mâchoires en caoutchouc du reptile géant. Là-dessus deux habitants qui voulaient jouer les héros meurent de façon ridicule en tentant de sauver la gamine, le premier en se jetant quasiment dans la gueule du monstre, le second en se vautrant dans un trou conséquent, sous lequel l’attend bien sûr le croco mutant.

Des comportements aberrants des protagonistes, il y en a des tas, surtout dans l’aventure originale, comme ce plongeur scientifique affublé d’une pseudo-combinaison en papier qui est supposée le protéger de la radioactivité des fûts qu’il est parti analyser, avant de revenir tranquilou sur le bateau avec ses compagnons comme s’il avait pataugé dans la piscine municipale. Au jeu des comparaisons, Fabrizio De Angelis s’en sort « mieux » derrière la caméra que Giannetto De Rossi, qui n’a aucun sens du rythme, abuse des plans miteux comme quand la caméra immobile capture le déplacement d’une embarcation qui passe d’un côté à l’autre du champ, avant de changer l’angle de vue pour reprendre l’itinéraire du véhicule en question.

Le trio De Angelis/De Rossi/Sacchetti ne sait plus vraiment quoi inventer pour la seconde mission du dénommé Kevin, interprété par l’inénarrable Anthony Crenna (fil du légendaire Richard), qui avait commencé comme figurant dans Le Blob de Chuck Russell, avant de se voir offrir le rôle de sa vie dans les deux Killer Crocodile et de retomber dans l’anonymat. Le brushing impeccable, la barbe bien taillée au pochoir, le sourire Ultra-Brite, il incarne le leader incontesté (tout le monde gueule son prénom du début à la fin) des écolos abrutis (certains diront pléonasme) qui affronteront le crocodile géant avec sa bite et son couteau, après avoir hésité à le sauver, avant d’aller lui défoncer la gueule, avant encore d’hésiter, puis de se décider enfin à exploser sa grande gueule qui a autant de dents que Clara Luciani. Ou presque.

Il aura surtout l’aide de Joe (car ses camarades ne glanderont rien et se feront bouffer les uns à la suite des autres, sauf les nanas qui font la vaisselle et se lavent les cheveux en attendant que ça se passe), quant à lui interprété par Ennio Girolami (Les Guerriers du Bronx 1 et 2, Les Nouveaux barbares, Les Nuits de Cabiria). Un loup solitaire qui vit dans les marécages depuis trente ans avec son anaconda Pilar, une tête brûlée, un cador dans son domaine, le mec qui fait de la planche à voile juché sur le dos de la bestiole. Le combat final du premier volet vaut son pesant de cacahuètes avec son passage de flambeau (ou de chapeau, au ralenti) et son geyser de sang. Tant pis pour le méchant surnommé le juge (pourri) « Grosses loches », incarné par Van Johnson (oui oui, celui de La Rose pourpre du Caire, À 23 pas du mystère de Henry Hathaway, Brigadoon de Vincente Minnelli), qui est pourtant celui pour lequel on a le plus de sympathie.

J’en ai ras la patate de ce marécage de mes deux !

Kevin le baroudeur met pas mal de temps à apparaître dans la suite, laisse la vedette à une ravissante actrice du nom de Debra Karr, dont la carrière obscure (un épisode de série télévisée, un téléfilm et deux longs-métrages) s’étale de 1987 à…2000. Un joli visage (qui rappelle furieusement Zara – Joy – Whites), une belle poitrine (qu’elle dévoile durant la scène romantique) et la voilà en tailleur dans les marécages à la poursuite du nouveau crocodile. Kevin ne tardera pas à la rejoindre, l’accoste (attention, jeu de mots subtil), avant de prendre les commandes du bateau pour aller éclater la gueule à la créature, à coups de bâtons de dynamite cette fois. Heureusement, le corps à corps avec la bête se fera la plupart du temps à l’aide de miniatures, ce qui laissera le temps à Kevin pour se recoiffer.

Forcément, les effets spéciaux sont minables dans ce diptyque et l’on rit encore du crocodile qui attaque souvent à 2 mètres au-dessus de l’eau ou qui traverse (sur des rails) une cabane pour aller attraper ses proies. Si tout cela – et bien plus, comme un montage à la truelle, des morts qui respirent, des nageurs qui font du surplace, l’utilisation de scènes du premier pour faire du remplissage – ne vous a pas donné l’eau (croupie) à la bouche, vous ne savez pas ce que vous ratez, surtout en version française d’ailleurs.

LE COFFRET BLU-RAY

Anciennement présentés en coffret DVD par Neo Publishing, Killer Crocodile 1 & 2 débarquent chez Le Chat qui fume, en Blu-ray, sous la forme d’un luxueux Digipack à trois volets, génialement illustré par Frédéric Domont, le tout glissé dans un fourreau cartonné supra-élégant et liseré rouge. Les menus principaux sont animés et musicaux. Versions intégrales. Édition limitée.

Sur la première galette, nous trouvons un entretien avec le directeur de la photographie Federico Del Zoppo (15’). Né en 1940, ce dernier revient sur son métier et replace Killer Crocodile dans sa carrière, en parlant du producteur et ici réalisateur Fabrizio De Angelis, « surnommé le Cobra, car s’il en avait les moyens, il ne se gênait pas pour vous entourlouper ». Le chef opérateur évoque les difficiles conditions de tournage à Saint-Domingue (en raison du manque de moyens), ses partis-pris pour éclairer le film, le casting, avant de conclure en disant qu’il ne conserve malgré tout que des bons souvenirs de cette aventure.

Ensuite, place au comédien Pietro Genuardi (crédité sous le nom de Julian Hampton), qui incarne le colérique Mark dans Killer Crocodile (23’). Chaleureux et attachant, l’acteur très connu en Italie pour la série Il Paradiso delle signore et vu aussi dans le mythique Dellamorte Delamorre de Michele Soavi, faisait ses débuts au cinéma dans le film de Fabrizio De Angelis, s’envolant alors vers Saint-Domingue sans rien savoir quant au projet qu’on lui proposait. Après avoir abordé les effets spéciaux avec le crocodile mécanique (qui aura eu raison d’un technicien décédé sous la bête), Pietro Genuardi s’égare un peu avec deux anecdotes qui n’ont pas grand-chose à voir avec Killer Crocodile, mais qui n’en restent pas moins absolument dingues.

Sur le deuxième disque, ne manquez surtout pas la rencontre avec le réalisateur et maquilleur Giannetto De Rossi (14’). Sans aucune langue de bois, celui-ci explique pourquoi « si l’on part du principe que tous les films que j’ai réalisés sont à chier, celui-là est encore pire que les autres ! ». Mais avant cela, Giannetto De Rossi, qui était déjà en charge du crocodile et des effets spéciaux sur le premier volet, revient en détails pourquoi il s’est retrouvé aux manettes de la suite, même s’il ne voulait absolument pas mettre « ça » en scène. Ses relations avec le producteur Fabrizio De Angelis, la fabrication du crocodile géant (en latex et en fibre de verre), le casting et d’autres éléments sont aussi les sujets inscrits au cours de cette excellente interview.

L’interactivité se clôt sur un montage de scènes coupées, qui n’ont aucun intérêt (4’).

L’Image et le son

Le Chat qui fume annonce une nouvelle restauration 2K. Les deux masters se valent et le diptyque Killer Crocodile revient dans les bacs français dans une superbe édition HD (1080p). Le travail est assez dingue, impressionnant même, et l’image, même si elle conserve encore quelques poussières ici et là ainsi que des rayures verticales, est très propre. Les images qui avaient pu être endommagées ont été réparées et les problèmes de densité et de stabilité ont été considérablement améliorés. Tout au long du processus de restauration, un soin particulier a été apporté afin que la texture originale du film, les détails, la structure du grain ne soient pas affectés par le traitement numérique. Ce nouveau transfert Haute Définition permet de redécouvrir Killer Crocodile (et sa suite) sous toutes ses (mauvaises) coutures avec une magnifique patine argentique. Cette élévation HD offre à la colorimétrie un nouveau lifting et retrouve pour l’occasion une nouvelle vivacité. La gestion du grain et des contrastes demeure solide, y compris sur les séquences sombres, sans réduction de bruit. Les détails et le piqué sont plus qu’honorables. N’oublions pas la stabilité de la copie. À titre de comparaison, le premier s’avère plus pimpant que sa suite.

En italien comme en français (immense doublage dans les deux cas, vous allez vous marrer), les deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 contenteront les puristes, même si au jeu des différences, la seconde s’avère beaucoup plus sourde et confinée. La piste transalpine est plus dynamique et limpide, avec une restitution des dialogues plus nette et moins de saturation (même si on ne peut l’éviter) au niveau musical. Mais l’ensemble reste limité.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Surf Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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