Test Blu-ray / Tomahawk, réalisé par George Sherman

TOMAHAWK réalisé par George Sherman, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Van Heflin, Susan Cabot, Yvonne De Carlo, Rock Hudson, Alex Nicol, Preston Foster, Jack Oakie, Tom Tully…

Scénario : Silvia Richards & Maurice Geraghty

Photographie : Charles P. Boyle

Musique : Hans J. Salter

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

1866. De nouvelles découvertes d’or conduisent l’armée à ouvrir une route et bâtir un fort sur un territoire attribué aux Sioux. Au grand dam du garde frontalier Bridger dont la femme Cheyenne l’amène à considérer ce nouveau conflit des deux bords. Alors que Bridger essaie de pacifier les rapports entre les parties, une simple étincelle peut mettre le feu aux poudres que le Lieutenant Dancy ne souhaite qu’allumer.

L’auteur de ces mots a une affection particulière pour les films de George Sherman (1908-1991), quarante ans de carrière au cinéma et à la télévision, avec le western comme genre de prédilection. Le Diable dans la peau (1960), Duel dans la Sierra (1958), Le Shérif d’El Solito (1957), Comanche (1956), La Vengeance de l’indien (1956), Crazy Horse – Le Grand Chef (1955), L’Étreinte du destin (1955), Les Rebelles (1956), Vengeance à l’aube (1954), À l’assaut du Fort Clark (1953)…il y en a tellement et bien d’autres. Loin d’être un simple « faiseur », George Sherman a toujours su imprimer une marque de fabrique, tant formelle que thématique et à ce titre Tomahawk (1951) est assurément l’un des opus les plus représentatifs de l’oeuvre éclectique et prolifique du réalisateur. À l’instar de Sur le territoire des Comanches Comanche Territory qu’il venait de mettre en scène et suivant le courant initié par Delmer Daves avec La Flèche brisée Broken Arrow et par Anthony Mann avec La Porte du diable Devil’s Doorway, George Sherman livre un nouveau western pro-Indien. Si Cecil B. DeMille et Maurice Tourneur avaient déjà posé les bases dans les années 1920, ces partis-pris explosent littéralement en 1950 et le travail dans ce sens de George Sherman est indéniablement à reconsidérer. Tomahawk est la première collaboration du cinéaste avec le prodigieux Van Heflin, qui se retrouveront en 1954 pour l’étonnant L’Étreinte du destin – Count Three and Pray, et la première séquence donne le ton avec les deux visions qui s’opposent, où une voix-off nous indique d’emblée que le gouvernement américain est responsable du viol des terrains de chasses sacrés des Sioux, de la disparition des bisons, des élans et des castors. Une terre autrefois abondante, aujourd’hui sèche et qui a entraîné la famine d’un peuple. Juin 1866 : le gouvernement des États-Unis organise une conférence de paix à Fort Laramie. Le général William Sherman demande aux chefs l’autorisation de traverser leurs terres, et de construire trois forts sur la Piste Bozeman. Nuage Rouge refuse. La conférence, comme l’indique le narrateur, prend l’apparence d’un baril de poudre prêt à exploser à la moindre petite étincelle. Un homme, Jim Bridger, trappeur, pionnier et éclaireur, magnifiquement incarné par Van Heflin est peut-être l’espoir des deux camps opposés. Tomahawk, surnom donné au personnage principal par les Sioux, est un immense divertissement doublé d’un message humaniste, intemporel et universel, qui condense en 78 minutes toute la magie du cinéma, celle qui offre aux spectateurs un spectacle de qualité, tout en faisant constamment appel à leur intelligence. Chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / La Patrouille de la violence, réalisé par R.G. Springsteen

LA PATROUILLE DE LA VIOLENCE (Bullet for a Badman) réalisé par R.G. Springsteen, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Audie Murphy, Darren McGavin, Ruta Lee, Beverley Owen, Skip Homeier, George Tobias, Alan Hale Jr., Berkeley Harris…

Scénario : Mary Willingham & Willard W. Willingham, d’après un roman de Marvin H. Albert

Photographie : Joseph F. Biroc

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Logan Keliher, ancien ranger, assiste à une attaque de la banque par des bandits. L’un deux n’est autre que son ancien ami, Sam Ward. Celui-ci, qui a mal tourné, avait été condamné à la prison à perpétuité mais il s’est évadé. Logan et une patrouille de volontaires se lancent à la poursuite de Sam…

Impossible de faire le tour de tous les westerns réalisés par le dénommé R.G. Springsteen (1904-1989), qui en aura mis en scène plusieurs dizaines durant un quart de siècle passé à Hollywood. On connaissait 5000 $ mort ou vif Taggart (1964), honnête divertissement avec Dan Duryea, inspiré d’un roman de Louis L’Amour, ainsi que son boulot sur les séries télévisées Rawhide, Bonanza, La Grande caravane et Gunsmoke, sans oublier Le Collier de ferShowdown (1963) avec le légendaire Audie Murphy. La Patrouille de la violenceBullet for a Badman est la seconde collaboration entre le réalisateur et la star et indéniablement l’un des meilleurs films avec l’ancien soldat le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale. Tourné entre Feu sans sommationThe Quick Gun de Sidney Salkow et La Fureur des ApachesApache Rifles de William Witney, ce western permet à Audie Murphy de livrer l’une de ses formidables prestations, prouvant qu’au-delà de ses performances physiques indéniables il pouvait être aussi un acteur remarquable quand il était solidement dirigé. Une série B comme on les aime.

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Test Blu-ray / Fallo!, réalisé par Tinto Brass

FALLO! réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Sara Cosmi, Massimiliano Caroletti, Silvia Rossi, Max Parodi, Raffaella Ponzo, Virginia Barrett, Angela Ferlaino, Daniele Ferrari, Maruska Albertazzi, Riccardo Marino, Federica Palmer, Roberto Giulianelli…

Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani & Massimiliano Zanin

Photographie : Federico Del Zoppo

Musique : Francesco Santucci

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2003

LE FILM

MON FILM EST SANS AUCUN DOUTE PHALLOCENTRIQUE, MAIS COMME LE SOULIGNE LE POINT D’EXCLAMATION DU TITRE, BIEN PLUS PHALLOCRITIQUE QUE PHALLOCRATIQUE. » TINTO BRASS

S’il a connu son âge d’or (surtout en Italie) dans les années 1960, le film à sketches s’est certes fait plus rare, mais n’a pour autant jamais disparu. En 1995, avec La Boîte à fantasmes de Tinto BrassFermo posta Tinto Brass, le cinéaste s’amuse avec ce format et se met en scène, recevant des lettres d’admirateurs racontant leurs fantasmes et aventures érotiques, avant de les commenter et de les lire avec sa secrétaire Lucia, aux formes généreuses et sans culotte, à ses côtés. En 2003, rebelote, Tinto Brass reprend le même concept pour Fallo !, jeu de mots puisque le titre peut se traduire par « Fais-le ! », ce qui sera d’ailleurs repris au sens littéral à l’international (Do It!), et faire aussi penser au phallus, mais nullement à phallocrate, puisque contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, le cinéma de Tinto Brass a toujours démontré que les femmes étaient supérieures aux hommes. Fallo ! est une succession d’une demi-douzaine de sketches et une fois n’est pas coutume, tous sont plus ou moins égaux et réussis. Durant 90 minutes, le réalisateur s’exprime une fois de plus sur ses thèmes de prédilection, ses obsessions, la relation entre les hommes et les femmes évidemment, sur ce qui fait le sel dans un couple, maintient l’osmose sexuelle, tout en démontrant que la gent masculine, malgré ce qu’elle peut penser, n’égalera jamais l’autre sexe et ne la comprendra jamais. Comme le dit Christophe Bier, « tintophile » et cinéphile érotomane devant l’éternel, Fallo ! est une excellente entrée en matière pour celles et ceux qui n’ont jamais vu aucun film du maître du cinéma érotique et qui souhaiteraient aborder son cinéma. Alors, que trouve-t-on dans Fallo ! ?

Alibi

Cinzia fête sa lune de miel avec son mari Gianni à Casablanca : il lui offre le prix qu’elle convoite, à savoir un rapport anal avec un beau serveur marocain.

Montaggio alternato

Stefania, la femme d’un présentateur de télévision, se moque de son mari qui la trompe avec Erika ; l’amant est le réalisateur de télévision Bruno.

Due cuori e una capanna

Dans la petite pension du Tyrol du Sud où elle travaille comme serveuse, Katarina, poussée par son petit ami napolitain Ciro, satisfait les avances de Bertha, une cliente allemande sadomasochiste (accompagnée de son mari, lui aussi soumis) : l’argent « supplémentaire » l’aidera à ouvrir son propre restaurant avec Ciro.

Botte d’allegria

Sans aucun remords, Raffaella trompe son mari Ugo, faisant ainsi passer ses nombreuses aventures extraconjugales pour des fantasmes sporadiques destinés à raviver le désir obsessionnel de son conjoint.

Honni soit qui mal y pense

La Bolonaise Anna, enflammée par le climat permissif et libertin du village naturiste du Cap d’Agde, cède sans tabou à Helen et à son satirique mari écossais Noel ce paradis qu’elle a toujours refusé à son présomptueux petit ami.

Dimmi porca che mi piace

La Vénitienne Rosy est en lune de miel à Londres, où elle décide d’oser et de concéder ses propres grâces aux yeux avides et désirants d’un voyeur anglais curieux.

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Test Blu-ray / Transgression, réalisé par Tinto Brass

TRANSGRESSION (Tra(sgre)dire) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Yuliya Mayarchuk, Jarno Berardi, Francesca Nunzi, Max Parodi, Mauro Lorenz, Leila Carli, Vittorio Attene, Antonio Salines…

Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani, Nicolaj Pennestri, Silvia Rossi & Massimiliano Zanin

Photographie : Massimo Di Venanzo

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

Carla est une jolie vénitienne de vingt ans, à la recherche d’un appartement à Londres pour s’installer avec Matéo, un étudiant dont elle est amoureuse. Le couple propriétaire de l’agence immobilière, aux moeurs très libre, vont entraîner Carla, dans une course folle dans le Londres érotique… Mais Matéo a décidé de la rejoindre…

Voilà, le scénario de Transgression est pour ainsi dire entièrement résumé en quatre lignes. Mais soyons honnêtes, on ne regarde pas vraiment un film de Tinto Brass pour son intrigue, surtout ceux réalisés après La Clé La Chiave (1983). Après ce merveilleux opus, l’un de ses plus connus et qui fera de Stefania Sandrelli un sex-symbol à près de quarante ans, le cinéaste italien s’adonnera à l’érotisme pur et dur. Suivront donc Miranda, Paprika, Monella…autant de personnages féminins, marquants à défaut d’être inoubliables, interprétés par de quasi-inconnues, Serena Grandi, Debora Caprioglio et Anna Ammirati, se livrant corps (pulpeux) et âme à la caméra intrusive d’un Tinto Brass souvent déchaîné qui ne recule devant rien pour placer ses objectifs dans les angles les plus insolites. Nous voici rendus en 2000 et le cap de ce nouveau siècle ne change en rien celui du metteur en scène hédoniste. Il livre ainsi Transgression, ou Tra(sgre)dire en version originale (jeu de mots combinant les verbes trasgredire et tradire, désobéir et tromper, ou trahir), comédie polissonne qui va à cent à l’heure, qui repose uniquement sur la plastique irréprochable de ses deux comédiennes principales, Yuliya Mayarchuk et Francesca Nunzi, qui passent plus de temps nues que vêtues (un record en la matière), tandis que Tinto Brass brasse (on ne peut pas s’en empêcher) ses thèmes de prédilection, l’amour libre, la mise en pratique des fantasmes, la gent masculine à la traîne et la femme forte. Contre toute attente, Transgression est bandant à souhait, excitant du début à la fin, complètement improbable dans les années 2020…ça fait un bien fou.

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Test Blu-ray / L’Homme qui voulait savoir, réalisé par George Sluizer

L’HOMME QUI VOULAIT SAVOIR (Spoorloos) réalisé par George Sluizer, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée chez Sidonis Calysta le 7 juin 2024.

Avec : Bernard-Pierre Donnadieu, Gene Bervoets, Johanna Ter Steege, Gwen Eckhaus, Bernadette Le Saché, Tania Latarjet, Lucille Glenn, Roger Souza…

Scénario : Tim Krabbé & George Sluizer, d’après le roman L’Oeuf d’or de Tim Krabbé

Photographie : Toni Kuhn

Musique : Henny Vrienten

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Sur la route des vacances, Rex et Saskia s’arrêtent sur une aire d’autoroute. L’homme s’éloigne du véhicule pendant quelques minutes. À son retour, sa compagne a disparu. Fou de douleur, il renonce à sa vie professionnelle et sociale pour se consacrer exclusivement à la recherche de la disparue. Après trois années d’une quête infructueuse, il reçoit une étrange carte postale, dont l’auteur prétend connaître la vérité sur la disparition…

Film culte des années 1980, récompensé dans tous les festivals, L’Homme qui voulait savoir est une oeuvre éprouvante pour les nerfs, qui continue de hanter les mémoires bien longtemps après. Bernard-Pierre Donnadieu livre une admirable prestation tandis que la mise en scène de George Sluizer (1932-2014) dissèque le mécanisme mental et les agissements d’un esprit malade avec originalité, renvoyant à nos peurs les plus primaires et universelles. Vous connaissez peut-être le remake, La Disparue The Vanishing, avec Jeff Bridges, Sandra Bullock et Kiefer Sutherland réalisé par George Sluizer lui-même – à l’instar d’Alfred Hitchcock pour L’Homme qui en savait trop, Ole Bornedal pour Le Veilleur de nuit et Michael Haneke pour Funny Games – en 1993, mais pas forcément le film original sorti cinq ans auparavant. Alors jetez-vous immédiatement dessus, vous ne le regretterez jamais. Le cinéaste néerlandais (mais né à Paris) George Sluizer demeure encore aujourd’hui peu connu du grand public et reste un cas atypique dans le cinéma. À l’origine de L’Homme qui voulait savoir, il y a un roman, Het Gouden Ei L’Œuf d’Or, écrit par Tim Krabbé, néerlandais comme George Sluizer, qui a participé à l’adaptation de son livre avec le réalisateur, avant d’être remercié par ce dernier pour divergences artistiques. Si le remake est étonnamment plus diffusé, L’Homme qui voulait savoir est un thriller dramatique aussi sensationnel qu’insoutenable. Bernard-Pierre Donnadieu trône de façon impériale sur ce film diabolique. Sa présence est de celle qu’on ne peut oublier et qui marque à vie l’esprit des cinéphiles.

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Test Blu-ray / Pendez-les haut et court, réalisé par Ted Post

PENDEZ-LES HAUT ET COURT (Hang’Em High) réalisé par Ted Post, disponible en DVD et Blu-ray chez Sidonis Calysta le 12 avril 2024.

Avec :  Clint Eastwood, Inger Stevens, Ed Begley, Pat Hingle, Ben Johnson, Charles McGraw, Ruth White, Bruce Dern, Dennis Hopper…

Scénario : Leonard Freeman, Mel Goldberg

Photographie : Richard H. Kline

Musique : Dominic Frontiere

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Sauvé de justesse après avoir été lynché par une bande d’aventuriers qui l’accusaient à tort de voler du bétail, Jed Cooper, reconnu innocent par le juge Fenton, devient marshal. Énergique et habile, il remplit ses fonctions avec une redoutable efficacité et réussit à mettre sous les verrous les pires criminels de l’Oklahoma, espérant secrètement retrouver un jour les auteurs de sa pendaison manquée.

Rétrospectivement, Pendez-les haut et courtHang’Em High (1968) est le film du retour de Clint Eastwood sur la terre de l’Oncle Sam après son triomphe dans la trilogie de Sergio Leone Pour une poignée de dollars (1964) – Et pour quelques dollars de plus (1965) – Le Bon, la Brute et le Truand (1966). Auréolé de ces trois succès essentiellement européens, l’ancien comédien de la série Rawhide revient donc à Hollywood et lance sa maison de production Malpaso. Quelque peu réticent, il accepte tout de même la proposition – opportuniste – de la United Artists de retrouver le genre qui a fait de lui une star sur le Vieux Continent, en espérant ainsi surfer sur sa popularité. Libre de choisir le sujet de son choix, le réalisateur et le casting, Clint Eastwood propose alors à Sergio Leone de réaliser Pendez-les haut et court, sur un scénario de Mel Goldberg et Leonard Freeman, mais le cinéaste italien est pris sur Il était une fois dans l’Ouest. Clint Eastwood choisit alors Ted Post, ami et réalisateur qui l’avait dirigé sur Rawhide. Souvent oublié, Pendez-les haut et court est pourtant un film essentiel dans l’immense filmographie du comédien, mais aussi pour les futurs westerns qu’il réalisera lui-même.

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Test Blu-ray / Le Maître des îles, réalisé par Tom Gries

LE MAÎTRE DES ÎLES (The Hawaiians) réalisé par Tom Gries, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 22 mars 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Tina Chen, Geraldine Chaplin, Mako, John Phillip Law, Alec McCowen, Don Knight, Miko Mayama, Virginia Ann Lee…

Scénario : James R. Webb, d’après le roman de James A. Michener

Photographie : Lucien Ballard & Philip H. Lathrop

Musique : Henry Mancini

Durée : 2h14

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

L’archipel d’Hawaï dans les années 1880. Descendant d’une riche famille de planteurs, Whip Hoxworth abandonne le commerce maritime pour prendre possession des terres héritées de son grand-père. Contre vents et marées, il devient à l’issue de quelques années le plus grand propriétaire de la région grâce au travail acharné de ses ouvriers chinois dont un couple élève son fils. Sachant son activité menacée par l’indépendance des îles, il fomente une révolution de manière à ce que son territoire bénéficie du protectorat américain…

La carrière de Charlton Heston est telle que nous avons toujours cette impression de découvrir sans cesse de nouveaux films ou des pépites quasi-inédites. C’est encore le cas pour Le Maître des îles, que l’auteur de ces mots ne connaissait pas du tout et n’en avait même jamais entendu parler. Nous sommes en 1970 et la star hollywoodienne vient de connaître l’un des plus grands succès avec La Planète des singes Planet of the Apes de Franklin J. Schaffner. Voyant le vent tourné à Hollywood, Charlton Heston se réfugie dans le répertoire de William Shakespeare et tourne Jules César de Stuart Burge, tout en préparant Antoine et Cléopâtre de son côté et mettra en scène lui-même. Avant de retrouver son rôle du capitaine George Taylor pour une petite apparition dans Le Secret de la planète des singes Beneath the Planet of the Apes de Ted Post, il revient au film d’aventure historique avec Le Maître des îles The Hawaiians, qui n’est autre que la suite d’Hawaï, réalisé par George Roy Hill quatre ans plus tôt, adaptation du roman-fleuve éponyme de James Michener. Cet auteur américain avait déjà inspiré le cinéma et avait vu quelques-uns de ses livres être adaptés par Mark Robson (Retour au paradis et Les Ponts de Toko-Ri), Robert Wise (Femmes coupables) et Joshua Logan (Sayonara et South Pacific). Ancien lieutenant de l’US Navy envoyé dans le Pacifique Sud durant la Seconde Guerre mondiale, James Michener se spécialise dans le roman historique, reçoit le prix Pulitzer en 1948 pour son premier livre Tales of the South Pacific. Forcément, après le triomphe d’Hawaï, lauréat de deux Golden Globes et sept fois nommé aux Oscar, la tentation est alléchante de revenir au pavé original de l’écrivain, dont une petite partie seulement avait été transposée. Le producteur Walter Mirisch (Scorpio, Mr. Majestyk, Deux sur la balançoire, Le Shérif aux mains rouges, Fort Massacre) met donc cette séquelle en route, alors que ce genre de divertissement devient pour ainsi dire obsolète, dépassé par l’avènement du Nouvel Hollywood. Néanmoins, Le Maître des îles demeure un formidable spectacle, à la mise en scène comme d’habitude inspirée de Tom Gries (Le Solitaire de Fort Humboldt, Les 100 fusils), qui avait déjà dirigé Charlton Heston dans Will Penny, le solitaire, et sublimement photographié par deux illustres chefs opérateurs, Lucien Ballard (7 secondes en enfer, Les 4 fils de Katie Elder, Boeing Boeing, Le Tueur s’est évadé, Baïonnette au canon), tombé malade et remplacé par Philip H. Lathrop (Le Bagarreur, Tremblement de terre, Seuls sont les indomptés). Et est-ce utile de préciser que Charlton Heston est comme toujours immense ?

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Test Blu-ray / Smith le taciturne, réalisé par Leslie Fenton

SMITH LE TACITURNE (Whispering Smith) réalisé par Leslie Fenton, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 22 mars 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Alan Ladd, Robert Preston, Brenda Marshall, Donald Crisp, William Demarest, Fay Holden, Murvyn Vye, Frank Faylen…

Scénario : Frank Butler & Karl Kamb, d’après le roman de Frank H. Spearman

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Adolph Deutsch

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Luke Smith, employé par une compagnie de chemins de fer est à la poursuite des frères Barton. Blessé au cours d’une attaque de train, Murray Sinclair, un vieil ami, le ramène chez lui pour le soigner. Smith découvre que Murray a pour relation un certain Rebstock, criminel qui cache le dernier des frères Barton. Smith essaye de faire revenir Murray dans le droit chemin, mais en vain.

Nous sommes en 1948, Alan Ladd vient d’avoir 35 ans et le comédien, alors star de la Paramount, tourne son premier western (ainsi que son premier film en couleur) comme tête d’affiche, Smith le taciturne Whispering Smith. S’il avait déjà tâté du genre en 1940 dans The Light of Western Stars de Lesley Selander, l’acteur de Tueur à gages This Gun for Hire de Frank Tuttle, La Clé de verre The Glass Key de Stuart Heisler et du Dahlia bleu The Blue Dahlia de George Marshall, délaisse le film noir pour le Far West. Il deviendra très vite l’un des visages incontournable du western et Smith le taciturne est une belle entrée en matière. Dans le rôle principal, Alan Ladd fait preuve d’un évident charisme et campe un personnage célèbre outre-Atlantique, qui a réellement existé et dont la vie a inspiré un roman de Frank H. Spearman au début des années 1900, qui narrait les aventures du detective de l’Union Pacific Railroad, James « Whispering » Smith. Le cinéma muet s’était déjà emparé de ses exploits, ainsi que le cinéma parlant bien sûr et ce à deux reprises avant le film qui nous intéresse aujourd’hui. Smith le taciturne est le plus connu d’entre tous. Cet opus mis en scène par Leslie Fenton (La Chevauchée de l’honneur), également vu devant la caméra de Raoul Walsh, Frank Borzage, Howard Hawks, John Ford, Josef von Sternberg, William A. Wellman, Michael Curtiz, fait preuve de rigueur dans la forme et parvient à maintenir l’intérêt des spectateurs, en dépit d’un scénario on ne peut plus classique.

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Test Blu-ray / Monella – Lola la frivole, réalisé par Tinto Brass

MONELLA – LOLA LA FRIVOLE (Monella) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 16 janvier 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Anna Ammirati, Patrick Mower, Max Parodi, Susanna Martinková, Antonio Salines, Francesca Nunzi, Vittorio Attene, Laura Trotter…

Scénario : Tinto Brass, Barbara Alberti & Anna Cipriani

Photographie : Massimo Di Venanzo

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1998

LE FILM

Dans les années 1950, dans la campagne du Nord italien, Lola est sur le point de se marier avec Masetto. Lola, toujours vierge, a hâte de faire l’amour, entre autres pour être sûre que Masetto est l’homme qu’il lui faut mais ce dernier préfère qu’elle reste vierge jusqu’au mariage. Lola a bien l’intention de le faire changer d’avis et met tout en oeuvre pour cela.

On ne sait pas si la publicité pour l’huile d’olive Puget aura inspiré quelques plans iconiques de Monella – Lola frivole, mais toujours est-il que Tinto Brass (né en 1933) multiplie dans cet opus les gros plans sur les fesses magnifiques de sa comédienne, dévoilées par un coup de vent qui soulève la jupe de la délicieuse donzelle. Bon, ça c’était pour le prologue. Monella – la frivole est évidemment un nouveau portrait de femme moderne dressé par le maître italien et expert dans ce domaine, son héroïne rejoignant ainsi Teresa (dans La Clé), Miranda et Paprika. Nous sommes à la fin des années 1990 et le cinéaste continue envers et contre tous de s’adonner à l’érotisme et à sa représentation graphique à l’écran. Pour cela, il peut encore une fois compter sur le plein investissement de la superbe Anna Ammirati, âgée seulement de 18 ans au moment du tournage, qui n’était apparue que dans quelques épisodes d’une obscure série télévisée et qui fait ici ses premiers pas au cinéma. Et pour une introduction on peut dire que l’actrice est servie par Tinto Brass, qui ouvre d’ailleurs le film (et le clôt) dans la peau d’un chef d’orchestre et qui donne le la de cette symphonie du désir. Celui-ci va alors filmer son actrice sous tous les angles (s’il avait pu immiscer sa caméra plus profondément, on imagine qu’il ne se serait pas gêné), la met constamment en valeur (le bougre sait y faire pour exciter le spectateur), recréer une époque qu’il a lui-même connue et durant laquelle il a brûlé sa propre jeunesse, pour au final livrer la radiographie de son pays après la Seconde Guerre mondiale, doublée de celle d’une jeune femme à l’aube de son existence, de son éveil sexuel (la masturbation sur fond de Be Bop a Lula…) et de son émancipation. Une réussite.

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Test Blu-ray / Orgueil et Passion, réalisé par Stanley Kramer

ORGUEIL ET PASSION (The Pride and the Passion) réalisé par Stanley Kramer, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 7 décembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Cary Grant, Frank Sinatra, Sophia Loren, Theodore Bikel, John Wengraf, Jay Novello, José Nieto, Carlos Larrañaga…

Scénario : Edna Anhalt & Edward Anhalt, d’après le roman The Gun, de C.S. Forester

Photographie : Franz Planer

Musique : George Antheil

Durée : 2h12

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Après avoir saisi un canon à longue portée, Miguel, guerrier espagnol, prévoit d’attaquer l’armée de Napoléon en abattant les murs de la ville d’Avila occupée par l’armée française. Mais pour y parvenir, il doit compter sur l’aide du Capitaine Trumbell, un officier britannique. Mais, s’ils sont alliés sur le champ de bataille, Trumbell et Miguel sont ennemis dans la guerre qu’ils se livrent pour gagner le coeur de la sulfureuse Juana…

Producteur indépendant acclamé (Le Champion, C’étaient des hommes, le Cyrano de Bergerac de Michael Gordon, L’Homme à l’affût, L’Équipée sauvage), Stanley Kramer (1913-2001) décide de passer lui-même derrière la caméra en 1955 avec Pour que vivent les hommes Not as a Stranger. Aussi ambitieux que lorsqu’il officiait avec d’autres réalisateurs, il jette son dévolu sur le roman de Cecil Scott Forester (auteur de L’Odyssée de l’African Queen et de Capitaine sans peur), Le Canon The Gun, publié en 1933, dans le but d’en faire un grand spectacle hollywoodien, mais aussi un pamphlet contre la guerre. Malheureusement, le scénario coécrit par Edna (Panique dans la rue, Sierra) et Edward Anhalt (L’Étrangleur de Boston, 7 secondes en enfer, Boeing Boeing), couple alors en instance de divorce, n’est pas à la hauteur des aspirations du cinéaste, qui devra commencer les prises de vue sans véritable script. Résultat des courses, Orgueil et Passion apparaît comme une succession ininterrompue de scènes de batailles, de rebondissements « hénaurmes » et de vagabondages des personnages, qui ne savent pas quoi faire, en dehors du transport de leur canon encombrant (on ne parle pas de Sophia Loren ici) et d’affronter les français qu’ils rencontrent sur le chemin. Même si The Pride and the Passion n’a rien à voir avec les intentions originales de Stanley Kramer, le divertissement est on ne peut plus généreux, de qualité et superbe à regarder.

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