Test Blu-ray / Le Maître du Monde, réalisé par William Witney

LE MAÎTRE DU MONDE (Master of the World) réalisé par William Witney, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Master haute définition le 15 juin 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Vincent Price, Charles Bronson, Henry Hull, Mary Webster, David Frankham, Richard Harrison, Vito Scotti, Wally Campo…

Scénario : Richard Matheson, d’après les romans Robur le Conquérant et Maître du Monde de Jules Verne

Photographie : Gilbert Warrenton

Musique : Les Baxter

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Un savant fou prénommé Robur entreprend un terrifiant plan : détruire les armées afin de régner sur la planète. L’un de ses quatre otages, membre du gouvernement, parviendra à empêcher ce funeste objectif.

Dès les débuts du cinéma, l’oeuvre de Jules Verne a inspiré les réalisateurs du monde entier. C’est évidemment Georges Méliès qui est le premier à transposer l’écrivain nantais, avec Le Voyage dans la Lune (1920), avec son satellite recevant dans l’oeil l’obus du professeur Barbenfouillis, suivi de près par Le Voyage à travers l’impossible (1904), Vingt Mille Lieues sous les mers (1907) et plus tard par l’extraordinaire À la conquête du Pôle (1912). Parmi les films les plus célèbres on peut aussi citer Cinq semaines en ballon (1962) d’Irwin Allen, L’Île mystérieuse (1961) de Cy Endfield, Voyage au centre de la Terre (1959) de Henry Levin, Les Enfants du capitaine Grant (1962) de Robert Stevenson, Michel Strogoff (1956) de Carmine Gallone (mais pas sa suite foirée), Le Tour du monde en 80 jours (1956) de Michael Anderson et bien sûr 20 000 lieues sous les mers (1954) de Richard Fleischer. D’autres opus demeurent moins connus comme Le Phare du bout du monde (1971) de Kevin Billington, pourtant avec Kirk Douglas et Yul Brynner et le film qui nous intéresse (ou non) aujourd’hui, Le Maître du mondeMaster of the World, transposition de deux romans de Jules Verne, Robur le Conquérant (1886) et Maître du monde (1904). Réalisé par William Witney, renommé pour avoir signé trois très bons westerns avec Audie Murphy, 40 fusils manquent à l’appel, Représailles en Arizona, La Fureur des Apaches, Le Maître du monde resterait complètement anecdotique s’il n’était pas interprété par Vincent Price et Charles Bronson. Mais il faut bien avouer que ce film d’aventures n’arrive pas à la cheville de ceux susmentionnés et ce en raison d’un budget vraisemblablement modeste pour ses ambitions. Néanmoins, avec ses pauvres effets spéciaux, il se dégage une poésie du Maître du monde, même s’il ne vous en restera pas grand-chose après, à part Charles Bronson qui semble n’avoir jamais eu autant de dialogues dans un long-métrage.

En Pennsylvanie, au XIXe siècle, d’immenses flammes ont surgi d’un volcan pourtant éteint, au son d’un message apocalyptique énonçant «Que le monde entier écoute notre Seigneur». Deux scientifiques, Strock et Prudent (un marchand d’armes), ainsi que la fille de ce dernier et son fiancé, se rendent sur place en ballon pour étudier le mystère. Soudain, près du sommet, l’engin est touché par des fusées et s’écrase dans un cratère. Revenus à eux, les quatre naufragés des airs sont désormais prisonniers de Robur, un inventeur forcené qui veut pacifier la Terre en détruisant les armées de toutes les nations depuis l’Albatros, sa forteresse volante. Le quatuor met bientôt tout en oeuvre pour contrecarrer les plans du personnage.

Disons le, Le Maître du monde est ultra-kitsch avec ses effets qui piquent les yeux, ses incrustations ratées et ses modèles réduits qui font toc. William Witney (1915-2002) fait ce qu’il peut, avec les moyens qu’on lui a donnés, pour donner un peu de consistance à un scénario avare en rebondissements, pourtant écrit par l’immense Richard Matheson. Mais les producteurs James H. Nicholson et Samuel Z. Arkoff ne disposaient pas de budgets mirobolants, ce qui faisait parfois leurs affaires (comme le cycle Poe de Roger Corman), ou pas, comme c’est le cas ici. Entre La Chute de la Maison UsherHouse of Usher et La Chambre des torturesThe Pit and the Pendulum, Vincent Price paraît en roues libres et Dieu sait qu’il pouvait en faire des tonnes dans ces cas-là, dans le rôle de Roburn ersatz du Capitaine Némo. Mais on l’aime aussi pour ça. À ses côtés, Charles Bronson, très en forme, athlétique et moins mutique qu’il le sera par la suite, surfe alors sur le triomphe des Sept MercenairesThe Magnificent Seven de John Sturges, metteur en scène qu’il retrouvera tout de suite après pour La Grande ÉvasionThe Great Escape. Il est celui qui s’en sort le mieux dans Le Maître du monde et qui a le plus à défendre face au fade David Frankham (L’Empire de la terreur), au grimaçant Henry Hull (Les Boucaniers, La Fille du désert) et à la mignonne Mary Webster, dans une de ses rares incursions au cinéma.

Comme souvent dans les productions American International Pictures, la musique de Les Baxter (Panique année zéro), se démarque, tandis que le chef opérateur Gilbert Warrenton (les superbes L’Homme qui rit de Paul Leni et Fais ta prière… Tom DooleyThe Legend of Tom Dooley de Ted Post) parvient à donner une certaine élégance au tout, même si là aussi la pauvreté technique se ressent à plusieurs reprises, y compris dans l’utilisation de stock shots mal cousus au reste. En revanche, le prologue, constitué d’archives sur les machines volantes est extrêmement réussi.

Dans l’ensemble, on passe un moment agréable, on se laisse porter par la naïveté de cette entreprise désuète et on excuse volontiers le récit poussif. Mais au fait, plutôt que de réadapter encore et encore les livres d’Alexandre Dumas, à quand un blockbuster français basé sur un roman de Jules Verne ???

LE BLU-RAY

Jusqu’ici inédit dans les bacs français, Le Maître du Monde débarque en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Sidonis Calysta. Le menu principal est animé et musical.

En plus de la bande-annonce, l’éditeur nous gratifie d’un entretien avec le légendaire Richard Matheson (50’). En 2001, l’écrivain revenait sur sa carrière et accordait une interview pour le compte de la MGM. Face caméra ou en train de travailler, Richard Matheson explore sa carrière littéraire et cinématographique, en précisant d’emblée avoir toujours détesté l’idée d’être considéré comme un auteur de science-fiction, ayant lutté durant sa vie contre les genres et les catégories, en précisant que « juste le décor change d’une histoire à l’autre ». Il passe ainsi quelques films en revue (dont Je suis une légende), évoque son travail avec Roger Corman (y compris sur Le Maître du monde et le cycle Poe), parle de son long-métrage préféré (Miracle en Alabama d’Arthur Penn, ainsi que Procès de singe de Stanley Kramer), de son affection pour Les Dents de la mer et Alien, de la gentillesse de Vincent Price, de la genèse de Duel et de tout un tas d’autres éléments toujours passionnants.

L’Image et le son

Le master HD est net, à tel point que l’on parvient à distinguer systématiquement les fils tenant la maquette de l’Albatros devant une rétroprojection. La définition est aléatoire, tout comme le piqué et même la texture argentique, tantôt prononcée, tantôt étrangement lissée. Les couleurs sont lumineuses, presque pastel (procédé Magnacolor), l’ensemble est propre et les stock shots repris des films (source IMDB) Les Quatre plumes blanches de Zoltan Korda (la bataille de la tribu africaine), Lady Hamilton d’Alexander Korda (la destruction de la Royal Navy) et Henry V de Laurence Olivier (le survol de la Tamise et de Londres) se voient comme le nez au milieu de la figure avec un grain forcément différent et occasionnent une chute drastique des détails.

Sans surprise, la version originale DTS-HD Master Audio Stéréo 2.0 s’en tire mieux que la VF Mono 2.0, plus restreinte, moins aérée, grinçante, incomplète, chuintante, artificielle et au doublage exécrable. Aucun souffle sur les deux pistes et les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / MGM / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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