Test Blu-ray / Le Seigneur de la guerre, réalisé par Franklin J. Schaffner (édition 2023)

LE SEIGNEUR DE LA GUERRE (The War Lord) réalisé par Franklin J. Schaffner, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 15 juin 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Richard Boone, Rosemary Forsyth, Maurice Evans, Guy Stockwell, Niall MacGinnis, James Farentino, Henry Wilcoxon…

Scénario : John Collier & Millard Kaufman, d’après la pièce de Leslie Stevens

Photographie : Russell Metty

Musique : Jerome Moross

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Dans la Normandie du XI° siècle, le chevalier Chrysagon de la Cruex reçoit un fief avec pour mission de son suzerain normand, le duc de Gent, de le défendre contre les invasions de barbares. Lors d’une chasse, il remarque une belle jeune femme du village sur le point de se marier. Il apprend peu après que de vieilles coutumes païennes, toujours respectées dans le village, accordent le droit au seigneur de passer la nuit de noces avec la jeune épousée…

C’est un film étrange, qui n’a pas eu de succès à sa sortie et qui demeure d’ailleurs encore aujourd’hui méconnu. Le Seigneur de la guerreThe War Lord est pourtant réalisé par Franklin J. Schaffner et interprété par Charlton Heston. Peu diffusé à la télévision, ce drame historique pour lequel la star s’est battue plusieurs années pour le concrétiser n’a eu de cesse d’être redécouvert par les cinéphiles et surtout réévalué. Si le projet a quelque peu muté en raison des studios frileux qui voulaient miser sur les scènes d’action, bien plus intéressantes et vendeuses selon eux que les personnages et les enjeux dramatiques que Charlton Heston voulait mettre en avant, Le Seigneur de la guerre parvient à trouver cet équilibre pour contenter les deux partis. La première heure se concentre sur Chrysagon et ses hommes, sur le dilemme moral du protagoniste, sur son désir de rédemption, tandis que la seconde laisse place à une succession quasiment ininterrompue de séquences de batailles. The War Lord peut donc apparaître comme un film malade comme le définissait François Truffaut, qui laisse souvent entrapercevoir celui que sa tête d’affiche avait à l’esprit depuis longtemps, mais qui a dû se plier aux desiderata d’Universal Pictures, trop heureux de bénéficier d’une belle et grosse production avec Ben-Hur, le Cid et le Major Dundee ! Indéniablement à réhabiliter.

Dans la Normandie du XIe siècle, le chevalier Chrysagon de la Cruex (dont le père autrefois capturé par le chef des Frisons lors d’une attaque avait perdu les terres de sa famille à la suite d’une demande de rançon) reçoit un fief avec pour mission de son suzerain Normand, le duc de Gent, de le défendre avec ses quelques compagnons de guerre (dont son jeune frère, Draco, et Bors, homme d’armes d’expérience et peu bavard qui veille sur lui depuis sa jeunesse). Ce fief, loin d’être un paradis, est une région côtière et marécageuse faisant l’objet de raids réguliers de leurs voisins frisons et habitée par des Celtes restés païens malgré les apparences. Dans un premier temps, les habitants sont ravis de cette nouvelle protection. Cependant, Chrysagon, bien que soucieux de rendre justice et d’administrer son fief avec équité, finit par provoquer le soulèvement de ses nouveaux serfs, non en voulant appliquer son droit de cuissage, ce qu’ils acceptent faute de pouvoir faire autrement, mais en gardant la jeune et belle épouse, la blonde Bronwyn, dont il s’éprend malgré lui, au lieu de la rendre au mari, Marc, le fils du chef celte. Chrysagon se met alors en tort et entraîne aussi la désapprobation de son frère qui n’admet pas cette mésalliance. Il doit en même temps défendre, avec ses hommes d’armes et son fidèle Bors, son nouveau fief contre les raids des pirates frisons, lesquels sont d’autant plus acharnés à sa perte qu’il a capturé sans le savoir le fils de leur chef.

Trois ans avant le triomphe mondial de La Planète des SingesPlanet of the Apes, Charlton Heston et Franklin Schaffner plantaient leur première association cinématographique au onzième siècle, ce qui a pu décontenancer les spectateurs, qui connaissaient peu cette période, par ailleurs rarement représentée sur le grand écran. Le Seigneur de la guerre demande en effet un « effort » et un investissement intellectuel à une audience déjà trop souvent habituée à ce qu’on lui mâche le travail. L’action se déroule sur la côte normande, à quelques kilomètres de la Mer du Nord. Alors que la région est régulièrement en proie aux pillages et aux raids meurtriers des Frisons, un peuple germano-nordique, le Duc de Normandie offre en signe de reconnaissance à Chrysagon, l’un de ses meilleurs chevaliers, un vaste domaine constitué de terres pour la plupart ingrates car marécageuses, d’un village, et d’un château. Vainqueur des armées du Prince de Frise, le nouveau maître de la région tombe amoureux d’une jeune paysanne, sur laquelle il fait valoir le droit de cuissage le soir de ses noces. Tandis que gronde la colère des villageois conduits par le fiancé de la belle rendu fou de douleur, Chrysagon doit faire face à une contre-attaque de l’ennemi.

Charlton Heston était tombé amoureux fou de la pièce de théâtre The Lovers de Leslie Stevens, créateur de la série Au-delà du réel, scénariste du Gaucher de Martin Ritt et réalisateur du formidable Propriété privéePrivate Property en 1960. Le rôle de Chrysagon est sans aucun doute l’un des plus troublants et ambitieux de son illustre carrière, un personnage peu aimable et auquel il est difficile voire impossible de s’attacher, mais dont le parcours initiatique ne laisse sûrement pas indifférent. Néanmoins, si le monstre sacré est comme d’habitude parfait, il se laisse presque voler la vedette par Guy Stockwell, qui campe le frappadingue Draco, le frère de Chrysagon. Vu dans l’excellent Les Yeux bandés de Philip Dunne et même en « renard rusé qui fait sa loi » dans Les Trois Épées de Zorro de Ricardo Blasco, l’acteur crève l’écran et tient la dragée haute à son partenaire dans la dernière partie marquée par le duel entre les deux frères. Également au casting, impossible de passer à côté du génial Richard Boone (Le Dernier des géants, L’Homme de l’Arizona, Dix hommes à abattre), magnifique dans la peau de Bors, sorte de bras droit et garde du corps de Chrysagon, qui s’occupe de lui depuis son enfance.

Pour son troisième long-métrage, Franklin J. Schaffner se montre très à l’aise dans les scènes intimistes de la première partie, également solide directeur d’acteurs (raison pour laquelle Charlton Heston l’avait pour ainsi dire engagé après avoir bossé à deux reprises avec lui à télévision), mais aussi un technicien hors-pair qui emballe des batailles impressionnantes. On se souviendra du long assaut de la tour dans laquelle se sont réfugiés Chrysagon et ses hommes, le tout élégamment photographié par le légendaire Russell Metty (Le Déserteur de Fort Alamo, Millie, Les Amants traqués). Considéré comme étant l’un des films les plus réalistes sur le Moyen Âge, Le Seigneur de la guerre semble certes avoir le cul entre deux chaises, entre le drame psychologique et le grand spectacle d’aventure hollywoodien, mais ces deux angles fonctionnent très bien et le divertissement est aussi largement assuré que l’intellect mis à contribution.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Le Seigneur de la guerre est tout d’abord sorti en DVD chez Sidonis Calysta, en octobre 2007. Le film ressort trois ans plus tard, toujours en édition Standard, avant d’être proposé pour la première fois en Haute-Définition en octobre 2014. Quasiment dix ans après, Sidonis Calysta présente le film de Franklin J. Schaffner à nouveau en Blu-ray, avec cette fois une nouvelle copie Haute-Définition. Le menu principal est animé et musical.

Exit la galerie de photographies et surtout l’ancienne présentation de Patrick Brion, l’éditeur a demandé à un autre de ses complices, François Guérif, de s’y coller pour cette nouvelle édition HD. 20 minutes de pur bonheur, durant lesquelles l’éditeur, directeur de collection littéraire et critique de cinéma nous dit TOUT ce qu’il y a à savoir sur Le Seigneur de la guerre, sur sa longue gestation par Charlton Heston, qui souhaitait absolument adapter la pièce de théâtre de Leslie Stevens. François Guérif évoque aussi la carrière de Franklin J. Schaffner (qui était connu à l’époque pour avoir réalisé tous les discours de JFK à la télévision), les intentions de Charlton Heston et son parcours du combattant pour pouvoir enfin mettre le projet en route.

Sidonis Calysta reprend tout de même le long documentaire consacré à Charlton Heston réalisé en 1995 (50’). Le comédien revient sur son parcours, les grandes étapes de sa carrière, ses rôles emblématiques (et il y en a un paquet), ainsi que sur ses grandes collaborations, tandis que sa fille, Gregory Peck, Carroll Baker, Janet Leigh, le producteur Walter Seltzer et bien d’autres s’expriment sur l’acteur et l’homme qu’ils ont côtoyé dans la vie privée. De nombreux extraits de films viennent illustrer ces très beaux propos, ainsi que des archives personnelles et des images de tournage.

L’Image et le son

Le spectacle est de mise avec un Technicolor chatoyant et un véritable cadre large, permettant de profiter d’une abyssale profondeur de champ. Ce master restauré à partir d’une nouvelle source HD offre de magnifiques images. Les contrastes au début du film ne sont guère fameux, avec des fourmillements fugaces et un grain prononcé ou bien totalement lissé sur les transparences. Il faut véritablement attendre la fin du générique pour prendre conscience de la nouvelle restauration. La copie demeure de fort bon acabit avec une quasi-absence de poussières et de rayures, qui pouvaient être constatées sur le précédent Blu-ray.

La version originale mise sur l’ardeur de la musique composée par Jerome Moross (Violence au Kansas, La Ville captive), très présente, surtout durant la très longue séquence de l’assaut du donjon. Aucun souffle constaté et les dialogues sont continuellement énergiques. Le mixage anglais s’avère plus équilibré que la version française également disponible, sur laquelle les voix des personnages prend souvent le pas sur le reste. Ces deux options permettent de visionner le film dans les meilleures conditions possibles même si la version originale demeure incontournable afin de profiter du timbre et de la diction si particulière de Charlton Heston.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Universal Pictures / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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