Test Blu-ray / Violence au Kansas, réalisé par Melvin Frank

VIOLENCE AU KANSAS (The Jayhawkers!) réalisé par Melvin Frank, disponible en DVD et Blu-ray le 25 janvier 2020 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Jeff Chandler, Fess Parker, Nicole Maurey, Henry Silva, Herbert Rudley, Frank DeKova, Don Megowan, Leo Gordon…

Scénario : Melvin Frank, Joseph Petracca, Frank Fenton, A.I. Bezzerides

Photographie : Loyal Griggs

Musique : Jerome Moross

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Texas 1859, Cam Bleeker s’échappe de la prison où il était enfermé depuis la guerre contre le Mexique. Pensant rentrer chez lui et retrouver sa femme, il découvre, une fois arrivé sur place, que cette dernière est morte pendant les événements et qu’une veuve s’est installée dans la demeure avec ses enfants…

Au titre français, Violence au Kansas, qui plante immédiatement le décor, nous préférerons le titre original The Jayhawkers !, qui claque plus et qui promet un bon film d’action. Réalisé par Melvin Frank (1913-1988), ancien scénariste de George Marshall, qui passe à la mise au début des années 1950 et qui se spécialise surtout dans le registre de la comédie (Le Bouffon du roiThe Court Jester avec Danny Kaye en 1955), le western qui nous intéresse aujourd’hui est la seule incursion du cinéaste dans le genre. Du moins si l’on excepte La Duchesse et le TruandThe Duchess and the Dirtwater Fox (1976) avec George Segal et Goldie Hawn, qui est plutôt une comédie se déroulant à la fin du XIXe. Toujours est-il que Violence au Kansas est un western tout ce qu’il a de plus plaisant avec un casting formidable mené entre autres par le génial et charismatique Jeff Chandler, une histoire souvent passionnante et bien écrite, le tout solidement réalisé par Melvin Frank qui démontre ici tout son grand bagage technique. Une bien belle découverte.

Marqué au fer rouge par la guerre contre le Mexique, Cam Bleeker s’évade de prison pour rejoindre la ferme où l’attendrait sa femme. Quand il y parvient, sérieusement blessé, il découvre que celle-ci est morte, et que les lieux sont désormais habités par une jeune veuve et ses deux enfants. Si Sam entreprend de s’établir auprès d’eux, les autorités le rattrapent. Contre sa liberté, le gouverneur lui propose un marché: capturer le hors-la-loi Luke Darcy…

Avec son visage qui rappelle parfois celui de Gian Maria Volonté, Jeff Chandler (1918-1961), de son vrai nom Ira Grossel, a été une étoile filante dans le monde du cinéma, puisque sa carrière se résume principalement à ses films tournés entre 1950 et 1961, année de sa disparition prématurée l’âge de 42 ans. Il est révélé par Delmer Daves dans La Flèche briséeBroken Arrow (1950) dans le rôle de Cochise, pour lequel il obtient une nomination aux Oscars. Les cinéastes se bousculent alors pour profiter de ses talents et de sa présence. Robert Siodmak (Deported), Robert Wise (Les Rebelles de Fort Thorn), Joseph Peveny (Iron Man), George Marshall (Le Fils d’Ali Baba, Au mépris des lois), Budd Boetticher (Les Conducteurs du diable, A l’est de Sumatra), Douglas Sirk (Taza, fils de Cochise, Le Signe du Païen), Jack Arnold (Le Salaire du diable), Robert Aldrich (Tout près de Satan) ou bien encore Samuel Fuller (Les Maraudeurs attaquent) sauront mettre en valeur ce très grand comédien, réputé pour son extrême gentillesse, qui aura su marquer toute une génération de cinéphiles et qui mérite d’être redécouvert aujourd’hui. Dans The Jayhawkers ! il interprète un idéaliste qui n’hésite par à utiliser la violence pour arriver à ses fins, autrement dit s’opposer à l’armée des Etats-Unis pour s’emparer de l’état du Kansas.

Face à lui, Fess Parker (1924-2010), qui avait connu son heure de gloire quelques années auparavant dans le rôle titre de la série Davy Crockett (dont certains épisodes ont ensuite été compilés pour une exploitation au cinéma), est supposé être le héros de Violence au Kansas, mais contre toute attente son personnage s’avère moins attachant que son adversaire. Beaucoup plus ambigu, Jeff Chandler parvient à restituer le côté versatile de son personnage, qui inspire confiance, tout en montrant un côté suintant et mégalomaniaque, à la manière de son modèle Napoléon Bonaparte dont le buste orne son bureau. Les cinéphiles reconnaîtront également la tronche d’Henry Silva, perfide homme de main, et celle d’Harry Dean Stanton (1926-2010) dans l’une de ses première apparitions au cinéma. Quant à la gent féminine, elle est ici très bien représentée par la française Nicole Maurey, qui durant son contrat de sept ans signé à Hollywood aura tourné avec Robert Taylor, Charlton Heston, Alec Guinness, Rex Harrisson, Danny Kaye, Curd Jurgens et Mickey Rooney. Un beau palmarès et surtout une très belle sensibilité aujourd’hui malheureusement oubliée. Elle campe ici un personnage bouleversant, une jeune femme qui a quitté son pays pour espérer profiter du rêve américain, mais qui se retrouve veuve et seule pour élever ses deux enfants.

The Jayhawkers ! repose surtout sur l’opposition des personnages incarnés par Fess Parker et Jeff Chandler, une relation d’amour-haine où les deux hommes s’estiment, tout en sachant qu’une confrontation sera tôt au tard inévitable. Melvin Frank livre un western mené tambours battants, durant lequel le rythme ne faiblit jamais, très beau à regarder (superbe photographie de Loyal Groggs en VistaVision et Technicolor) et aux protagonistes ambivalents.

LE BLU-RAY

Violence au Kansas, longtemps espéré en DVD par les passionnés de westerns, arrive enfin en édition standard, mais aussi et surtout en Haute-Définition chez Sidonis Calysta. Le visuel mise avant tout sur la présence de Jeff Chandler, bien connu des cinéphiles et il faut bien le dire, véritable premier rôle du film. Le titre intègre donc naturellement la collection Western de légende. Le menu principal est animé et musical.

Dans un premier temps, Patrick Brion présente Violence au Kansas (11’). Très inspiré à nouveau depuis quelques temps, le critique de cinéma donne de nombreuses informations sur le réalisateur Melvin Frank, dissèque l’histoire du film qui nous intéresse, avant de passer le casting au peigne fin.

Ensuite, Patrick Brion enchaîne avec un formidable portrait du comédien Jeff Chandler (21’), durant lequel l’historien du cinéma évoque les débuts de l’acteur, puis passe en revue ses plus grands films. Si ce module est parfois entrecoupé par de longs extraits des longs métrages mentionnés ou par des bandes-annonces (le tout non sous-titré d’ailleurs), nous saluons cette entreprise qui réhabilite un très grand comédien. Notons également que ce supplément est faussement intitulé « Portrait de Dan Duruya », avec non seulement une erreur sur l’acteur au centre du bonus, mais écrit aussi avec une belle faute d’orthographe !

L’Image et le son

Le master HD semble déjà avoir quelques heures de vol, car repris de celui édité par Olive Films depuis 2012 aux Etats-Unis. Dans l’ensemble, le Blu-ray (au format 1080p) de Violence au Kansas tient ses promesses avec des couleurs ravivées, même si certaines teintes paraissent étonnamment plus ternes ou au contraire trop pâles. L’aspect est net, la clarté agréable. Des points blancs apparaissent encore ici et là, un léger bruit vidéo se fait parfois ressentir, certaines rayures sont notables. Excellente profondeur de champ sur toutes les séquences en extérieur, par ailleurs les plus belles de cette édition avec un grain argentique préservé et solidement géré.

La version française DTS-HD Master Audio 2.0. est bien trop axée sur les voix, qui prennent le dessus sur la musique, les dialogues et les effets annexes. En revanche, la piste anglaise DTS-HD Master Audio 2.0. instaure un grand confort acoustique, riche, dynamique et propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

2 réflexions sur « Test Blu-ray / Violence au Kansas, réalisé par Melvin Frank »

  1. Je ne sais pas si vous avez réellement regardé le premier bonus de mr Brion car après avoir répété ce qu’il venait de nous dir sur Jeff Chandler il n’a fait que raconter le film dans son ensemble sans éviter de spoiler et encore pire à nous montre la fin du film,cela me vraiment regretté Bertrand Cavalier.

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