SEULS LES ANGES ONT DES AILES (Only Angels Have Wings) réalisé par Howard Hawks, disponible en Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD + Livret le 7 juillet 2021 chez Wild Side Video.
Acteurs : Cary Grant, Jean Arthur, Richard Barthelmess, Rita Hayworth, Thomas Mitchell, Allyn Joslyn, Sig Ruman, Victor Kilian…
Scénario : Howard Hawks & Jules Furthman, d’après une histoire Plane From Barranca d’Howard Hawks
Photographie : Joseph Walker
Musique : Dimitri Tiomkin
Durée : 2h01
Date de sortie initiale: 1939
LE FILM
En escale à Barranca, petit port bananier d’Amérique du Sud, Bonnie Lee rencontre les pilotes de l’équipe aéropostale de ce lieu hors du temps, où l’on meurt comme on vit : avec bravoure. D’emblée, l’artiste new-yorkaise est subjuguée par le séduisant et intrépide Geoff Carter, qui dirige la compagnie et n’est pas le genre d’homme à laisser des sentiments interférer dans ses missions et dans son monde, où le danger est omniprésent et où tout peut basculer en un instant, au gré du hasard et des tempêtes…
S’il n’est pas aussi connu que la plupart des autres monuments qui composent l’exceptionnelle filmographie de son réalisateur, Seuls les anges ont des ailes – Only Angels Have Wings d’Howard Hawks (1896-1977) n’a eu de cesse d’être réévalué et redécouvert. Plus de 80 ans après sa sortie, cette œuvre magistrale laisse pantois par sa modernité (hormis les modèles réduits bien visibles c’est vrai…), par sa fougue, par sa beauté. Merveilleusement mis en scène, ce film d’aventures condense tous les thèmes, les obsessions et les motifs propres à son auteur : l’amitié virile, l’héroïsme, les rapports entre les hommes et les femmes, la notion de groupe, l’homme face à (ou en osmose avec) la machine (coucou David Cronenberg !), un triangle amoureux (avec ici une ex-compagne qui ressurgit), le courage, la femme forte…Seuls les anges ont des ailes marque également la seconde collaboration (sur cinq) entre le cinéaste et Cary Grant, un an après le sublime – et pourtant échec critique et commercial à sa sortie – L’Impossible monsieur Bébé – Bringing Up Baby. Changement de registre pour les deux hommes, car même s’il reste ponctué par quelques touches d’humour, Only Angels Have Wings est savoureux un mélange des genres, entre rires et larmes, un divertissement remarquable, pour ne pas dire total, qui n’omet jamais l’émotion au milieu de séquences spectaculaires, tout en dressant les portraits psychologiques d’une poignée de personnages catapultés au milieu de nulle part, réunis et soudés contre les dangers de leur profession, mais où la vie et le plaisir d’exister sont sans cesse célébrer. C’est beau, superbe même, c’est du grand et vrai cinéma.
STARS 80, LA SUITE réalisé par Thomas Langmann, disponible en DVD et Blu-ray le 1er août 2018 chez Wild Side Video
Acteurs : Richard Anconina, Patrick Timsit, Bruno Lochet, Lio, Jean-Marc Généreux, Jean-Luc Lahaye, Jeanne Mas, Gilbert Montagné, Sabrina…
Scénario : Thomas Langmann
Photographie : Éric Guichard
Musique : Marc Chouarain
Durée : 1h52
Année de sortie : 2017
LE FILM
Vincent et Antoine, fatigués des tournées qui rencontrent un grand succès depuis quatre ans, décident de partir en vacances avec toute la troupe Stars 80. Mais ils découvrent que leur comptable, Maurice, s’est tiré avec la caisse et qu’ils sont ruinés et menacés de dépôt de bilan. Afin de régulariser la situation, ils vont organiser le concert du siècle au Stade de France avec les plus grandes stars.
Thomas Langmann a eu le nez fin avec Stars 80. Du moins autant qu’il le pouvait s’il ne l’avait pas obstrué par la coke. En réunissant devant la caméra et dans leur propre rôle les chanteurs Début de Soirée, Desireless, Cookie Dingler, François Feldman, Emile et Images, Patrick Hernandez, Jean-Luc Lahaye, Léopold Nord & Vous, Lio, Jean-Pierre Mader, Jeanne Mas, Gilbert Montagné, Peter et Sloane, Sabrina, Jean Schultheis, et même l’animateur Marc Toesca, autour de Richard Anconina et Patrick Timsit,cette « comédie-musicale populaire » aura attiré près de deux millions de spectateurs en 2012 et cartonné lors de sa diffusion sur TF1. Production de 20 millions d’euros, le film aura surtout servi de bande-annonce de luxe pour la tournée du même nom. Autant dire que Thomas Langmann n’allait pas en rester là.
Alors qu’on se doute bien que Frédéric Forestier, co-réalisateur sur le premier opus (ainsi que sur Le Boulet et le navrant/bling-bling Astérix aux Jeux Olympiques), tenait essentiellement la barre (technique) de l’entreprise, Langmann a cette fois décidé de faire cavalier seul. Tant mieux, car le résultat est absolument catastrophique et l’entière responsabilité de cet échec (copyright Lionel J.) est entièrement imputable à son « auteur » et « metteur en scène ». Tandis que Stars 80 faisait office de jukebox et de karaoké en misant sur la nostalgie des années 80, cette suite parvient à repousser les limites de la connerie, de la laideur et devrait même être étudiée dans les écoles de cinéma pour apprendre aux étudiants ce qu’il ne faut pas faire.
Thomas Langmann jette de la poudre aux yeux, pendant ce temps il évite ainsi de s’en mettre ailleurs, filme le vide intersidéral, en se foutant complètement du montage (exécrable), de la narration ou de la direction d’acteurs. Certes, les chanteurs sont quasi-tous mauvais, ce n’est pas leur boulot de jouer la comédie, mais ils parviennent tous à être à côté de la plaque. Thomas Langmann ne s’encombre pas de scénario, faut quand même pas déconner. Il reprend ainsi le canevas du premier opus, change deux ou trois choses, ou plutôt deux ou trois chansons, histoire de faire passer la pilule. D’ailleurs, il semble que tout le budget ait été englouti dans les droits des chansons, plus internationales (Kool & the Gang, Elton John, Frankie Goes to Hollywood) avec même une escapade à Los Angeles et Las Vegas, afin de donner au film un cachet plus « confortable » que le premier.
Mais la grande arnaque du film vient surtout du concept lui-même. Comme la plupart des protagonistes de Stars 80 ont déjà interprété leur principal tube dans le précédent, ils se retrouvent ici à chanter des chansons d’autres interprètes autour d’un piano, ou à voir leurs « performances » sur scène transformées en montage-séquence sur une musique, en l’occurrence le Love Theme de Flashdance de Giorgio Moroder ! Ajoutez à cela des séquences qui s’enchaînent à la truelle, des plans de réaction sur les protagonistes qui passent 1h50 à sourire à s’en décrocher la mâchoire ou à baisser les yeux quand ils sont tristes, un Anconina au bord de la syncope (quelle tristesse), un Timsit qui espère qu’on ne lui en voudra pas. Sans oublier un épisode interminable à Courchevel où l’équipe nous refait Les Bronzés font du ski dans la poudreuse (mais arrêtez avec Langmann !!!), un Gilbert Montagné obligé de faire des blagues sur sa cécité, Jean-Luc Lahaye qui se caresse l’entrejambe en regardant des demoiselles qui s’évanouissent devant lui, Jean Schultheis qui se recoiffe, Phil Barney (qui remplace François Feldman) moulé dans un pull de Noël. C’est apocalyptique, comme une relecture de Freaks où les créatures liftées, aux dents blanchies et emperruquées qui ont leur moment de gloire il y a plus de trente ans seraient exposées à la vue de tous comme en leur temps la femme à barbe ou l’homme tronc. C’est même difficile d’en parler tant ce cirque Barnum est hideux.
La participation du danseur et chorégraphe québécois Jean-Marc Généreux devrait relancer le débat sur l’euthanasie, celle de Sabrina permet à Langmann de plagier les Blues Brothers (comme le premier épisode quoi) et Sister Act en une seule séquence sur fond de I’m so Excited des Pointer Sisters, Chico & les Gypsies ont vu de la lumière et ont installé leurs caravanes sur le plateau. En fait, plus le film avance, plus il devient catastrophique avec une technique qui s’effondre de tous les côtés. Jusqu’au final voulu larmoyant, qui convoque LA star que personne ne s’attendait, sans doute pas l’intéressé lui-même, puisqu’il s’agit de Renaud. Filmé sur fond vert, entouré de gamins habillés comme lui, le chanteur essaye d’entonner Mistral Gagnant, comme s’il était lui-même gêné de se retrouver dans toute cette boue. Le bouzin se termine alors avec sa voix défaillante « Meeerci Stars 80 ! », puis image figée sur le cast principal qui fait la tronche, fondu en noir, générique, karaoké.
Stars 80, la suite est un vrai film expérimental. Seul sur le pont, Thomas Langmann se noie en emportant avec lui tout son équipage. Un bon retour de boomerang dans la tronche qui s’est soldé par un échec cuisant dans les salles cette fois.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Stars 80, la suite, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur Celebration de Kool & The Gang.
Alors…évoquons rapidement les éléments les plus courts, à savoir une bande-annonce, le karaoké du film (6’) et l’avant-première à la Rochelle (2’30) où les stars déambulent sur le tapis rouge.
Deux scènes coupées (3’30), aussi pathétiques que ce qui a été gardé au montage final et dont on se demande pourquoi elles ont donc été écartées, sont également disponibles. Dans la première, Richard Anconina se reçoit un seau d’eau sur la tronche (rires), tandis que dans la seconde, Peter et Sloane se prennent la tête dans la piscine (bis).
L’éditeur joint également six featurettes promotionnelles (de 3 minutes chacune en moyenne) centrées sur les propos de l’équipe (« on est tous des potes », « on est une famille », « Thomas Langmann est le meilleur réalisateur », « Y’avait toujours de la farine sur le plan de travail du metteur en scène ») et l’ambiance du tournage. Un des modules fait de la pub pour une jeune comédienne, qui interprète une serveuse se joignant à la troupe le temps d’une chanson.
L’Image et le son
Ce master HD de Stars 80, la suite en met plein la vue. La photo du chef opérateur Eric Guichard (L’Ecole buissonnière), fait la part belle aux couleurs clinquantes et aux paillettes magnifiquement restitués grâce au Blu-ray. La définition pimpante offre un piqué sans cesse aiguisé, des contrastes léchés, des noirs denses, une luminosité de tous les instants et une profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan du cadre large, le relief ne cesse d’étonner. En un mot, resplendissant.
Cette fausse comédie-musicale à la française vous donne l’occasion de transformer votre installation sonore en véritable jukebox des années 80. Le mixage DTS-HD Master Audio 7.1 (oui oui) ne se fait pas prier avec les basses. La balance frontale est riche et exemplaire, les dialogues solidement plantés sur la centrale et les latérales ne cessent d’exsuder leurs effets et ambiances. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.
Sandrine, mariée depuis quinze ans, deux enfants, découvre que son mari Jean a une relation extraconjugale. Passé le choc, elle décide de rencontrer sa rivale, Virginie, et lui propose un étrange marché : prendre Jean en garde alternée. Les deux femmes se mettent d’accord et imposent à leur homme ce nouveau mode de vie.
En dehors de Maman en 2012, la réalisatrice Alexandra Leclère demeure abonnée aux succès publics depuis son premier long métrage Les Soeurs fâchées, sorti en 2004, qui avait attiré près d’1,5 million de spectateurs dans les salles. Après la rencontre Catherine Frot / Isabelle Huppert, la cinéaste enchaînait avec une seconde réussite commerciale, Le Prix à payer(2007, 1,4 million d’entrées) avec Christian Clavier et Nathalie Baye. Son quatrième film, Le grand partage, comédie dite chorale, avait réussi à rassembler plus d’un million de spectateurs durant l’hiver 2015 malgré une critique désastreuse. Deux ans plus tard, quasiment jour pour jour, sort sur les écrans Garde alternée, la nouvelle comédie de la réalisatrice. Elle retrouve ici Didier Bourdon et Valérie Bonneton, qu’elle avait fait tourné dans son précédent long métrage, auxquels se joint l’excellente Isabelle Carré. Seulement voilà, malgré toute la bonne volonté du trio vedette, rien, absolument rien ne fonctionne malgré les quelques bonnes bases en ouverture.
Garde alternée est un film bien consternant, rempli de clichés, de bons sentiments qui prennent le pas sur la soi-disant méchanceté des personnages. Les acteurs ont l’air eux-mêmes fatigués de débiter des dialogues au rabais. La mise en scène et les décors font penser à une série du style Fais pas ci, fais pas ça ou Scènes de ménages, un épisode à rallonge, étouffant, interminable et surtout pas drôle. Et tout devient alors extrêmement gênant.
Sandrine (Valérie Bonneton) et Jean (Didier Bourdon) sont mariés depuis quinze ans et ont deux enfants découlant de leur union. Jean trompe sa femme avec Virginie depuis quelque temps. Sandrine trouve l’idée de garde partagée de son mari afin de conserver l’équilibre familial. Jean partage alors sa vie entre sa femme et sa maîtresse en alternance. Mais tout devient alors plus compliqué.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexandra Leclère semble repousser les limites à chaque nouveau film. Si Les Soeurs fâchées était un premier film très prometteur, jamais la réalisatrice n’a su retrouver l’inspiration dans ses opus suivants. Alors oui le casting est sympathique, les trois comédiens principaux rivalisent d’énergie, de grimaces et se mettent même à poil devant la caméra. Ils sont d’ailleurs bien entourés avec Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Hélène Vincent (déchaînée) et Jackie Berroyer, mais tout cela au service d’un très mauvais marivaudage, qui met souvent profondément mal à l’aise.
Quel marasme ! Le pire est de voir s’enfoncer les personnages, les acteurs donc, dans des situations de plus en plus déplacées, vulgaires et idiotes, jusqu’au dénouement complètement irresponsable et d’une crétinerie sans nom. On ne sait pas trop où Alexandra Leclère veut en venir. Le polyamour ? L’adultère ? Le ménage à trois ? Le désir dans le couple ? Il y a de tout cela dans Garde alternée, mais c’est tellement mal écrit et réalisé que ces 105 minutes demeurent insupportables du début à la fin.
On ne saurait que trop conseiller à la cinéaste de revoir son premier film, dont l’ambition semble déjà bien loin. Alexandra Leclère semble vouloir se consacrer à la comédie bas de gamme reposant sur des noms susceptibles d’attirer les spectateurs. Ce qui n’a pas été le cas pour Garde alternée puisque le film n’aura pas franchi la barre des 500.000 spectateurs. On souhaite à la réalisatrice de considérer cet échec comme une chance, afin de se remettre en question.
LE BLU-RAY
Le DVD et le Blu-ray de Garde alternée sont édités chez Wild Side. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation et le menu principal est animé et musical.
Pour la sortie de son film au cinéma, la réalisatrice Alexandra Leclère répond aux questions de Carlos Gomez (30’). D’emblée, ce dernier la brosse dans le sens du poil, en fait des tonnes en indiquant – sans trucage – « j’aime beaucoup ce que vous faites, j’aime beaucoup ce que vous êtes, j’aime beaucoup ce que vous écrivez, cette séquence est cataclysmique ». Evidemment ravie, l’invitée revient sur ses thèmes de prédilection, sur la genèse de Garde alternée (elle s’est elle-même retrouvée dans la peau de la maîtresse, bref elle raconte sa life), sur le casting et la collaboration avec les acteurs. Avec ses questions sans intérêt et son art pour flatter son interlocutrice (c’est à croire qu’il n’a jamais vu ses films puisqu’il la compare à une Bertrand Blier au féminin), Carlos Gomez marche sur les plates-bandes d’un certain Laurent Weil, ce qui est un véritable exploit.
Nous trouvons ensuite un lot de scènes coupées (6’30) aussi vulgos que celles finalement gardées au montage, dont une où le personnage joué par Laurent Stoker se masturbe dans le dos de Didier Bourdon. La classe made in Leclère.
L’Image et le son
Une édition plutôt lambda. Les couleurs sont éclatantes, le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques font plus penser à une série télévisée qu’à un long métrage. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage AVC consolide l’ensemble et les rares séquences tournées en extérieur sont très belles.
Garde alternée repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film, omniprésente. Une spatialisation concrète, immersive (la scène de l’anniversaire de mariage) et efficace. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.
LE FLINGUEUR (The Mechanic) réalisépar Michael Winner,disponible en édition Blu-ray + DVD + Livret DVD et Blu-ray le 15 novembre 2017 chez Wild Side Video
Acteurs : Charles Bronson, Jan-Michael Vincent, Keenan Wynn, Jill Ireland, Frank De Kova, Lindsay Crosby…
Scénario : Lewis John Carlino
Photographie : Richard H. Kline, Robert Paynter
Musique : Jerry Fielding
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Arthur Bishop est un tueur à gages pour le compte de la mafia. Sa rapidité, son professionnalisme et son perfectionnisme lui ont valu d’être surnommé « le flingueur ». Mais Bishop vieillit, et ne semble plus être en mesure d’assurer seul ses contrats. Il décide de prendre sous son aile Steve McKenna, un jeune chien fou sûr de lui, et de lui apprendre ce qu’il sait du métier…
Le Flingueur – The Mechanic pour les puristes, réalisé par Michael Winner en 1972, est en quelque sorte le Charles Bronson Begins, du moins aux Etats-Unis. Né le 3 novembre 1921, Charles Dennis Buchinsky, d’origine lituanienne, a déjà vingt ans de cinéma derrière lui quand il devient une star sur la terre de l’Oncle Sam. Longtemps cantonné aux seconds rôles, les spectateurs et la critique repèrent néanmoins très vite ce comédien au visage taillé à la serpe, dans Bronco Apache, Vera Cruz et Les 12 Salopards de Robert Aldrich (1954 pour les deux premiers et 1967 pour le troisième), L’Aigle solitaire et L’Homme de nulle part de Delmer Daves (1954 et 1956), La Proie des vautours, Les 7 Mercenaires et La Grande évasion de John Sturges (1959, 1960 et 1963). C’est en Europe que viendra la première consécration quand Sergio Leone confie à Charles Bronson le rôle de L’Homme à l’harmonica dans Il était une fois dans l’Ouest (1968). Les cinéastes René Clément (Le Passager de la pluie) et Terence Young (De la part des copains, Soleil rouge) le font ensuite rapidement tourner, mais la rencontre avec le réalisateur Michael Winner (1935-2013) sera déterminante pour la carrière américaine et même internationale du comédien.
Emballé par la rapidité d’exécution du metteur en scène sur La Colline de la terreur – Chato’s Land, Charles Bronson souhaite retourner immédiatement avec Michael Winner. Ce dernier jette son dévolu sur un scénario de Lewis John Carlino, passé entre les mains de nombreux confrères (Martin Ritt, Monte Hellman) et acteurs (Kirk Douglas, Burt Lancaster, Cliff Robertson, Jeff Bridges, George C. Scott). Conscient du charisme et de l’aura de son acteur, Michael Winner construit son film sur le mutisme du personnage principal, Arthur Bishop, un tueur à gages méticuleux, attachant un soin particulier à préparer chacun de ses « contrats ». Lorsque son organisation criminelle lui demande de tuer l’un des leurs, Bishop l’exécute en camouflant son assassinat en une banale crise cardiaque. C’est alors que Steve, le fils de la victime, playboy arrogant, s’intéresse de près à Bishop et lui demande de le prendre sous son aile afin d’en faire à son tour un tueur.
Thriller, mais aussi film dramatique sur le temps qui passe, sur la solitude des êtres dans les grandes villes américaines, sur le passage de relais, sur la succession et la rédemption, Le Flingueur est un film beaucoup plus riche qu’il en a l’air au premier abord. Si Michael Winner a effacé l’homosexualité latente entre les deux personnages principaux, qui aurait été rejetée par Charles Bronson, l’ambiguïté demeure et le cinéaste parvient à suggérer le trouble qui s’empare de son Flingueur lorsqu’il rencontre le jeune Steve McKenna. Le premier quart d’heure, virtuose, sans aucun dialogue, installe toute la méticulosité de Bishop, qui a fait de son métier un art, mais aussi la psychologie du « Mechanic », ainsi que son mode de vie, immoral, mais obéissant à un code d’honneur. Calme, posé, le geste précis, le Flingueur est visiblement en mission, même si le spectateur ne comprend pas ce qu’il est en train de réaliser sur une cuisinière à gaz ou la raison pour laquelle Bishop place une substance gluante dans un ouvrage sélectionné dans une bibliothèque. Quelques minutes plus tard, l’appartement dans lequel il s’affairait explose, en tuant également son occupant scruté par Bishop quelques heures auparavant. Extraordinaire introduction.
Ensuite, Bishop est montré chez lui, vivant replié sur lui-même dans sa villa à l’intérieur rococo, robe de chambre flamboyante et aussi rouge que sa voiture de luxe, un verre de vin à la main, découvrant de l’autre un dossier lui apprenant quelle sera sa prochaine cible. Impassible, seule une boule de cire blanche qu’il malaxe sans arrêt montre son anxiété. Si la suite du film se révélera plus classique, Le Flingueur demeure un formidable thriller typique du Nouvel Hollywood alors en pleine explosion, porté le magnétisme de Charles Bronson. Si Jan-Michael Vincent (Hawke dans la série Supercopter), que son partenaire détestait (et qui avait déjà refusé Richard Dreyfuss), n’est guère convaincant et s’avère bien lisse, le duo fonctionne plutôt bien à l’écran, même s’il est vrai que nous n’avons d’yeux que pour Charles Bronson.
Contre toute attente, c’est bel et bien la relation ou plutôt la confrontation de deux générations qui fait l’intérêt du Flingueur, plutôt que les scènes d’action, même si elles s’avèrent très efficaces à l’instar de la poursuite à moto, par ailleurs bien soutenues par la composition de Jerry Fielding. C’est sec, c’est nerveux, c’est malin, teinté d’humour noir et le final inattendu est aussi anthologique que le prologue. Suite à ce grand succès, Michael Winner et Charles Bronson enchaîneront directement avec le polar urbain Un justicier dans la ville, triomphe sans précédent. Les deux hommes collaboreront sur six films au total, dont le dernier en 1985, le nanar Le Justicier de New York. En 2011, Le Flingueur a fait son comeback dans un remake éponyme réalisé par Simon West, avec Jason Statham dans le rôle-titre et Ben Foster à ses côtés, qui a d’ailleurs connu une suite en 2016.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray du Flingueur, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 86 pages, spécialement écrit par Samuel Blumenfield (journaliste et critique de cinéma au Monde), illustré de photos d’archives. Le menu principal est animé et musical.
Le premier supplément de cette édition est un excellent entretien de Dwayne Epstein, historien du cinéma et biographe de Charles Bronson (30’). En une demi-heure, Dwayne Epstein replace Le Flingueur dans la carrière du comédien. Comme l’indique un carton en ouverture, attention aux spoilers puisque les scènes principales du film sont abordées, y compris son épilogue. L’historien du cinéma évoque la fructueuse collaboration entre Charles Bronson et le réalisateur Michael Winner, la naissance du mythe Bronson à partir du Flingueur, mais qui explosera véritablement l’année suivante avec Le Justicier dans la ville. La psychologie des personnages est longuement abordée, tout comme le jeu de Charles Bronson, et d’autres anecdotes liées à la production du Flingueur (comment le comédien a imposé sa compagne Jill Ireland), le tout joliment illustré par de multiples photos de tournage.
Le module intitulé Hired Hand : L’Homme de main (11’), donne la parole au cinéaste Monte Hellman, qui dans un entretien audio datant de décembre 2015, explique qu’il a failli réaliser Le Flingueur. Au cours de cette interview composée de photos d’archives diverses, Monte Hellman, quelque peu amer et même triste quand il évoque quelques-uns de la soixantaine de projets sur lesquels il a travaillé, et dont une douzaine seulement auront abouti, revient sur son projet avorté du Flingueur. La Columbia devait alors distribuer le film, avant que les droits soient finalement rachetés par la United Artists, sans retenir le travail – non rémunéré – de Monte Hellman.
L’Image et le son
Un Blu-ray moyennement convaincant. Le format 1.85 est respecté. Il en est de même pour le grain original, bien que très appuyé, surtout durant le premier quart d’heure. Si cela s’arrange quelque peu par la suite, la définition chancelle à plusieurs reprises, la gestion des contrastes est honnête, les couleurs retrouvent un peu de fraîcheur, mais demeurent globalement assez fanées. Les nombreux zooms occasionnent des plans flous ainsi que des fourmillements. Certes, malgré quelques points et poussières encore présents la copie est propre, mais par rapport aux précédentes éditions HD de Wild Side, le résultat est plutôt décevant.
L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode les pistes originale et française en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, qui se concentre essentiellement sur le report des voix parfois au détriment de certains effets annexes. L’écoute demeure propre et nette. Elle n’est pas en revanche aussi fluide et homogène que la version originale, même si le report des dialogues aurait pu être plus ardent. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, les séquences d’action sont restituées avec un beau fracas, tandis que le score de Jerry Fielding, profite d’une excellente exploitation des frontales. Les sous-titres sont imposés sur la version originale.
THE JANE DOE IDENTITY (The Autopsy of Jane Doe) réalisépar André Øvredal,disponible en DVD et Blu-ray le 4 octobre 2017 chez Wild Side Video
Acteurs : Emile Hirsch, Brian Cox, Ophelia Lovibond, Michael McElhatton, Olwen Catherine Kelly, Jane Perry…
Scénario : Ian B. Goldberg, Richard Naing
Photographie : Roman Osin
Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 2016
LE FILM
Quand la police leur amène le corps immaculé d’une Jane Doe, Tommy Tilden et son fils, médecins-légistes, pensent que l’autopsie ne sera qu’une simple formalité. Au fur et à mesure de la nuit, ils ne cessent de découvrir des choses étranges et inquiétantes à l’intérieur du corps de la défunte. Alors qu’ils commencent à assembler les pièces d’un mystérieux puzzle, une force surnaturelle fait son apparition dans le crématorium…
Certains films sont précédés d’une flatteuse réputation avant même leur sortie dans les salles. Le plus souvent, la déconvenue est de taille et le résultat fait l’effet d’un pétard mouillé. Ce n’est pas le cas de The Jane Doe Identity titre « français » de The Autopsy of Jane Doe, qui a été sans doute renommé ainsi par des distributeurs voulant sans doute faire passer le film comme un spin-off de la saga Jason Bourne. Toujours est-il que The Jane Doe Identity, réalisé par le norvégien André Øvredal, découvert en 2010 avec son second long métrage Troll Hunter, est un véritable coup de maître.
Tommy Tilden et son fils Austin, deux médecins légistes, officient dans une petite ville. Un soir, ils entreprennent l’autopsie de Jane Doe, nom que l’on donne à des individus dont on ne connaît pas l’identité. La police a découvert le corps enterré dans la cave d’une maison où une famille a été sauvagement assassinée. Alors que l’opération commence, Austin remarque une mouche qui sort du nez de la victime. Des événements de plus en plus étranges et effrayants s’enchaînent. Tout d’abord, le film repose sur un scénario intelligent et passionnant coécrit par Ian B. Goldberg (Terminator: Les chroniques de Sarah Connor) et Richard Naing (producteur de la série-documentaire Behind the Mask). André Øvredal s’empare de ce film de commande et livre un véritable objet de cinéma. Sa mise en scène élégante, souvent virtuose, couplée à une photographie stylisée et au grain palpable signée Roman Osin (Orgueil & préjugés version 2005) extirpe The Jane Doe Identitydu tout venant qui encombre généralement les salles de cinéma au sol recouvert de pop-corn et parasitées par les rires gras de quelques ados qui ne regardent même pas le film. Et paf.
Le film d’André Øvredal bénéficie également du jeu de deux grands comédiens, Emile Hirsch, qui a brillé chez Catherine Hardwicke, Sean Penn, les sœurs Wachowski, Gus Van Sant, William Friedkin, David Gordon Green (excusez du peu pour un acteur de 32 ans), et son partenaire, l’impérial Brian Cox (qui remplace Martin Sheen), qui s’est toujours renouvelé à travers plus de 200 films tournés en cinquante ans. Nous ne sommes pas ici dans le fast-food du cinéma fantastique et d’épouvante. Les scénaristes et le réalisateur parviennent d’emblée à captiver les spectateurs, même les plus blasés. Le cadre atypique de la morgue (unité de lieu), sa durée resserrée quasiment en temps réel sur 85 minutes (unité de temps) et son récit divisé en deux parties distinctes (unité d’action), participent à la montée d’angoisse chez le spectateur en même temps que celle des deux personnages principaux. Les jump scare sont utilisés avec parcimonie et la tension naît des partis pris, notamment des corps filmés de manière frontale, sans oublier une impressionnante utilisation des bruitages, à l’instar des cages thoraciques découpées, des crânes sciés, des organes manipulés. La première partie, qui évite heureusement l’utilisation du found footage, prend une dimension quasi-documentaire et suit les gestes précis des personnages qui s’affairent autour des cadavres livrés par les autorités.
Le mystère s’épaissit au fil des découvertes à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur du corps inanimé de Jane Doe, « interprété » par Olwen Catherine Kelly, dont André Øvredal parvient à donner beaucoup de présence en la filmant sous tous les angles, qu’elle a d’ailleurs très beaux. La seconde partie est sans doute plus « traditionnelle », mais galvanisé par la première le spectateur n’a pas un seul moment de répit jusqu’au dénouement. Un remarquable conte macabre et oppressant, récompensé par le Prix du Jury jeunes au Festival de Gérardmer, en lice pour devenir le film d’épouvante de 2017.
LE BLU-RAY
Le test de l’édition Haute-Définition de The Jane Doe Identity, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Un documentaire de 20 minutes est proposé en guise de supplément. Il se compose essentiellement d’entretiens avec le réalisateur André Øvredal, des comédiens Emile Hirsch et Brian Cox, des deux scénaristes et des producteurs. Evidemment, nous sommes en pleine promo et les propos ne sont guère inspirés, mais puisque l’éditeur ne livre que ce bonus, autant ne pas le rater.
La bande-annonce est également disponible.
L’Image et le son
Que dire, si ce n’est que Wild Side Video semble repousser une fois de plus les limites de la HD avec cette magnifique édition Blu-ray de The Jane Doe Identity ! André Øvredal et son chef opérateur Roman Osin (Le Labyrinthe du silence) ont opté pour une patine délicate et léchée durant 1h35, des partis pris merveilleusement rendus, dont un très beau grain. C’est un sans-faute technique : relief, colorimétrie, piqué (au scalpel, c’est le moins qu’on puisse dire), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes plus chatoyantes, et chaque détail aux quatre coins de l’écran est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression AVC solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Un Blu-ray de démonstration de plus sortant de l’usine de l’éditeur au chat hérissé.
Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques effets étonnants qui vous feront sursauter. Le caisson de basses se mêle également à la partie. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue impossible à la volée.
OSIRIS, LA 9ÈME PLANÈTE (The Osiris Child – Science Fiction Volume One) réalisépar Shane Abbess,disponible en DVD et Blu-ray le 29 août 2017 chez Wild Side Video
Acteurs : Kellan Lutz, Daniel MacPherson, Luke Ford, Isabel Lucas, Temuera Morrison, Rachel Griffiths, Teagan Croft…
Scénario : Shane Abbess, Brian Cachia
Photographie : Carl Robertson
Musique : Brian Cachia
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 2016
LE FILM
Dans un futur lointain, l’humanité est lancée dans une course à la colonisation interplanétaire. Kane, lieutenant pour l’entreprise Exor, a pour mission d’organiser la vie dans ces nouveaux mondes. Mais un jour, il découvre que des prisonniers se sont emparés d’un virus mortel qu’ils menacent de diffuser sur Osiris, planète où vit la fille de Kane. Il se lance alors dans une course contre la montre à travers l’univers pour sauver sa fille sans se douter que dans l’ombre, une terrible machination est déjà à l’oeuvre…
Bon…on aurait bien voulu l’aimer ce film, Osiris, la 9ème planète – Science Fiction Volume One: The Osiris Child, sorti directement dans les bacs français avec un visuel clinquant. Malheureusement et bien que le réalisateur australien Shane Abbess soit précédé d’une assez bonne réputation, ce film fantastique s’avère un redoutable navet. C’est d’autant plus dommage que l’on sent réellement le potentiel du metteur en scène, remarqué en 2007 avec son premier long métrage Gabriel, mélange d’action, d’épouvante et de fantasy, dans lequel l’Ange Gabriel est conduit à mener l’ultime bataille contre les forces des ténèbres qui ont décidé de dominer le monde. Son deuxième film Infini est un thriller de science-fiction réalisé en 2015 coécrit avec Brian Cachia, également compositeur. Pour son long métrage suivant, Osiris, la 9ème planète, Shane Abbess n’aura pas eu à attendre presque dix ans puisque le film est sorti en 2016.
Cela part plutôt bien avec une belle mise en image, une photo et un cadre soignés. Le spectateur sent qu’on le caresse dans le sens du poil et que tout ne peut que bien se dérouler. Malheureusement, on déchante rapidement. Très vite, le montage complètement haché gâche tout et surtout l’indigence de l’interprétation emporte ce film de science-fiction sur les rives du navet intergalactique. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu autant de comédiens aussi mauvais et dépourvus de charisme. La palme revient une fois de plus à l’inénarrable Kellan Lutz, l’un des pires acteurs de tous les temps, une endive comme on en fait rarement aujourd’hui. Vu dans la saga Twilight, Expendables 3 et La Légende d’Hercule de Renny Harlin où même la 3D ne lui donnait aucun relief, il intègre le top 10 des comédiens les plus improbables. Avec son regard inexpressif et sa barbe qui semble avoir été peinte au pochoir, il déambule dans le film comme s’il était paumé avec sa pétoire. Il n’est guère aidé par Daniel MacPherson, dont pas une réplique ne tombe juste et qui semble constamment en hyperventilation, tandis que l’actrice Isabel Lucas, vue dans Transformers – La revanche et le navrant remake de L’Aube rouge, ajoute un nouveau navet à son potager déjà bien garni.
L’intrigue est divisée en plusieurs chapitres. Celui consacré à l’incarcération d’un des personnages principaux dans une prison high-tech ferait passer Fortress 2 pour du Béla Tarr. On rit, mais pas comme on pourrait le faire devant un nanar. Osiris, la 9ème planète est une œuvre qui se prend bien trop au sérieux alors que le manque de budget l’empêche constamment d’être crédible. Certains plans détonnent pourtant par leur beauté plastique à l’instar de la séquence de combat aérien qui ne dure malheureusement que cinq petites minutes. Durant ce laps de temps, on regrette sincèrement que tout le film ne soit pas aussi élégant que cette scène qui se déroule dans les nuages. Le reste n’est qu’ennui, simpliste, copie de toute une tripotée de films que l’on s’amuse à reconnaître et à énumérer. Un mix entre Starship Troopers, District 9 (le seul bon film de Neil Blomkamp à ce jour), Mad Max et…Max et les Maximonstres. Mad Max et les Maximonstres en quelque sorte.
Les fans de série B de science-fiction et de fantastique risquent de trouver le temps long puisqu’il ne se passe quasiment rien. L’action demeure incompréhensible, l’intrigue faussement décousue n’a aucun intérêt, bref, on s’ennuie royalement. Le « Volume deux » semble avorté.
LE BLU-RAY
Le test de l’édition HD d’Osiris, la 9ème planète a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical. L’édition Steelbook contient le DVD et le Blu-ray.
L’éditeur a réussi à mettre la main sur un making of entièrement promotionnel (24’), constitué d’interviews de toute l’équipe et de très rares images de tournage. Le réalisateur, le coscénariste (et compositeur), les comédiens et les producteurs s’en donnent à coeur joie dans les superlatifs, un tel est magnifique, un autre est extraordinaire, tout le monde il est beau. On en apprend tout juste sur la genèse du film, l’évolution du scénario (rires) et les intentions de Shane Abbess.
C’est beau
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Le Blu-ray est au format 1080p. Wild Side Video prend soin de ce titre qui sort directement dans les bacs chez nous. Ce master HD français (les credits sont dans la langue de Molière) est soigné et le transfert solide. Respectueuse des volontés artistiques originales la copie d’Osiris, la 9ème planète se révèle propre, lumineux et tire agréablement partie de la HD avec des teintes chaudes, une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un solide encodage. Le piqué, tout comme les contrastes, sont souvent tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief plaisant, les noirs denses et les détails foisonnants. Hormis quelques légers fléchissements de la définition sur les scènes sombres et une incrustation des effets visuels parfois visibles, cette édition Blu-ray permet de découvrir Osiris, la 9ème planète dans de très bonnes conditions techniques. Un bel écrin pour un film en toc.
En anglais comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec brio. La version française jouit d’un dynamique report des voix et même si elle s’avère moins riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences d’affrontements. Seul bémol, les voix manquent parfois de punch au milieu de tout ce fracas. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale.
L’EMPRISE DES TÉNÈBRES (The Serpent and the Rainbow) réalisépar Wes Craven,disponible en édition Blu-ray + DVD + Livret le 6 septembre 2017 chez Wild Side Video
Acteurs : Bill Pullman, Cathy Tyson, Zakes Mokae, Paul Winfield, Brent Jennings, Conrad Roberts…
Scénario : Richard Maxwell, A.R. Simoun d’après le livre The Serpent and the Rainbow de Wade Davis
Photographie : John Lindley
Musique : Brad Fiedel
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 1988
LE FILM
Dennis Alan, un jeune anthropologue, est envoyé en mission dans une clinique à Haïti pour rencontrer un patient diagnostiqué mort et enterré quelques années plus tôt. Arrivé sur l’île, Alan apprend l’existence d’une mystérieuse poudre vaudou capable de plonger un homme dans une mort artificielle. Son enquête le met bientôt aux prises avec les Tontons Macoutes, des miliciens paramilitaires qui utilisent cette drogue pour éliminer les opposants politiques au régime. Menacé de mort, Alan tente de récupérer la recette du poison avant de repartir pour Boston. Mais, ensorcelé par ses ennemis, il ne tarde pas à sombrer dans un univers de magie noire, où se mêlent hallucinations, cauchemars et réalité.
Réalisé entre L’Amie Mortelle (Deadly Friend) et Shocker, L’Emprise des Ténèbres – The Serpent and the Rainbow (1988) est aujourd’hui considéré par la critique et les spectateurs comme l’un des meilleurs films de Wes Craven. Un temps envisagé par Peter Weir avec Mel Gibson dans le rôle principal, basé sur des « faits réels », le huitième long métrage du réalisateur tourné pour un budget conséquent de 7 millions de dollars (le plus important à l’époque pour le cinéaste) s’inspire de l’ouvrage documentaire éponyme de l’ethnobotaniste canadien Wade Davis, sur les pratiques vaudou en Haïti, notamment ce qui concerne le processus dit de la zombification. Comme l’indique un carton en ouverture « Dans la légendu du vaudou, le serpent symbolise la Terre, l’arc-en-ciel le Paradis. Entre les deux, toute créature doit vivre et mourir. Mais, parce qu’il a une âme, l’homme peut se retrouver emprisonné en un lieu où la mort n’est qu’un commencement ». Il n’en fallait pas plus pour Wes Craven pour y trouver là l’inspiration pour son nouveau film d’horreur.
Dennis Alan, un anthropologue diplômé de Harvard, est de retour à Boston après un long séjour en Amazonie, où il a pu étudier et expérimenter les drogues utilisées par les chamanes. Un représentant d’une entreprise pharmaceutique lui propose alors de se rendre en Haïti, en quête d’une hypothétique substance utilisée par les sorciers vaudous pour zombifier leurs victimes. En effet, si les rumeurs sur les zombis sont fondées et qu’une telle drogue existe, ses applications dans le domaine de l’anesthésie seraient des plus intéressantes. Il débarque afin d’étudier l’univers mystérieux et inquiétant du culte vaudou. Très vite, il découvre l’existence du poison violent – en fait un psychotrope appelé tétrodotoxine – et sournois, qui transforme instantanément les êtres humains en zombies, en ralentissant le rythme cardiaque, au point que les autres les croient morts. Les détenteurs de cette poudre maléfique forment une communauté de prêtres, de politiciens et d’hommes d’affaires corrompus qui contrôlent l’île avec l’aide des Tontons macoutes. Il fait la connaissance de Marielle Duchamp, une belle psychiatre haïtienne, dont la famille tente depuis des années de s’opposer à ces rites destructeurs. Ensemble, ils vont se battre aux côtés des opposants au régime pour la liberté et la paix sur l’île.
La grande réussite de L’Emprise des Ténèbres, même si loin du Vaudou de Jacques Tourneur (1943), provient du surnaturel « plausible » que Wes Craven observe et détaille avec une mise en scène souvent très documentaire, avec sérieux et en tournant vraiment en Haïti (le premier long métrage américain à être tourné sur place dans sa quasi-intégralité), avant d’être contraint de terminer les prises de vue en République dominicaine pour des raisons politiques instables et des menaces de mort. Un réalisme qui n’est pas sans rappeler celui d’A la recherche du plaisir de Silvio Amadio, giallo atypique tourné en Haïti en 1972. Le malaise ne s’instaure pas uniquement durant les séquences dites à sensation et donc plus « fictionnelles », mais également par l’usage d’une caméra à l’épaule qui capture les rites et les coutumes. On sent le cinéaste passionné par son sujet, bien qu’il n’hésite pas à recourir au grotesque et au grand-guignolesque dans un dernier acte moins inspiré, mais néanmoins généreux envers les spectateurs avides de sensations fortes.
Parallèlement au « film de genre », Wes Craven s’intéresse également à la situation politique d’un pays où les hommes de main du dictateur Jean-Claude Duvalier, alias Baby Doc, n’hésitent pas à avoir recours aux prêtres Vaudou – et à leur usage de la torture physique, scène très éprouvante – afin de renforcer l’emprise de la dictature sur la société. Le personnage interprété par Bill Pullman dans son premier rôle en vedette, est malmené du début à la fin. Un peu arrogant, sûr de lui-même, cartésien et croyant tout savoir sur les us des pays qu’il visite, Alan va très vite déchanter et se retrouver face à des pratiques occultes, des événements qui dépassent l’entendement et une population qu’il n’aurait pas dû sous-estimer. Alan est donc confronté à la puissance ténébreuse du Vaudou et va voir ses repères s’écrouler jusqu’à la folie. Impression renforcée par la composition de Brad Fiedel, dont les percussions et les entêtantes notes de synthétiseur ne sont pas sans rappeler son thème de Terminator.
Hormis son dernier acte que l’on qualifierait aujourd’hui de « nawak », L’Emprise des Ténèbres est donc film fantastique, morbide et d’épouvante réaliste placé sous hallucinogènes, qui a plutôt bien vieilli grâce à une mise en scène inspirée et qui remplit encore ses promesses d’émotions fortes.
LE BLU-RAY
Le test a été réalisé sur un check-disc. Cette édition de L’Emprise des Ténèbres se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 60 pages, spécialement écrit par Frédéric Albert Levy (journaliste cinéma et co-fondateur de la revue Starfix), illustré de photos d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.
En ce qui concerne les suppléments, c’est plutôt chiche. Toutefois, il serait dommage de passer à côté du bel hommage rendu à Wes Craven par le cinéaste Alexandre Aja (29’). Dans un premier temps, le réalisateur se souvient de sa découverte du cinéma de Wes Craven à travers les bandes-annonces mais aussi et surtout les VHS de films d’horreur dans les bacs des vidéo-clubs, ainsi que dans les articles publiés dans les magazines Mad Movies et L’Ecran fantastique. Alexandre Aja évoque ensuite l’influence des Griffes de la nuit et de La Dernière maison sur la gauche qui ont contribué à lui donner sa vocation de réalisateur. Puis, le metteur en scène en vient à sa rencontre avec le maître en personne suite à la présentation de son second long métrage Haute tension au Festival du film de Toronto en 2003. S’ensuit un formidable portrait où Alexandra Aja croise à la fois l’intime (« un homme très complexe et paradoxal, rempli de luttes intérieures, qui se sentait responsable de l’influence de ses films dans la vie réelle ») et leur collaboration professionnelle. La peur au cinéma selon Wes Craven, le travail sur le remake de La Colline a des yeux, mais aussi sa passion pour le « bird watching » et les oiseaux morts qu’il collectionnait, ce module est peu avare en anecdotes sincères et intéressantes. Si Alexandre Aja aborde finalement très peu L’Emprise des Ténèbres, cette présentation sans langue de bois et avec beaucoup d’émotions est un très beau supplément.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Ce nouveau master HD brille de mille feux. D’une propreté absolue (même si quelques points blancs qui ont échappé au Biactol numérique), l’image met en valeur la photo de John Lindley (Blue-Jean Cop, Pleasantville, La Somme de toutes les peurs) et offre un rendu très impressionnant des séquences en extérieur. Si la définition n’est pas optimale avec quelques très légers fourmillements constatés ainsi que des visages tirant sensiblement sur le rosé dans les scènes diurnes, on apprécie le niveau des détails, l’affûtage du piqué, le grain cinéma respecté (parfois plus prononcé), la richesse des contrastes, la luminosité et l’aplomb de la compression numérique qui consolide les scènes plus agitées. On attendait peut-être des noirs un peu plus fermes. Clair et net, ce Blu-ray au format 1080p offre une deuxième jeunesse bien méritée à ce film.
Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 Surround sont propres et distillent parfaitement la musique de Brad Fiedel. La piste anglaise (avec les sous-titres français imposés) est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages, ainsi qu’un niveau des dialogues plus plaisant. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel.
Durant la Guerre Froide, l’organisation secrète Patriot réalise des expériences sur des humains pour créer des super-soldats. Seuls quatre guerriers dotés de super-pouvoirs y survivent, mais ils parviennent à s’échapper. 30 ans plus tard, un ennemi surpuissant surgit et menace d’anéantir le monde. Les Guardians décident alors de sortir de l’ombre et d’affronter celui qui les a créés… Le combat ne fait que commencer !
Tremble l’Oncle Sam ! Le cinéma russe est bien décidé à concurrencer les Etats-Unis sur son propre terrain et plus particulièrement au cinéma dans le domaine des films de super-héros. Prenez garde Marvel et DC Comics (ou Décès Comiques c’est selon), voici les Guardians aka Защитники, Zashchitniki en version originale, mais cela ne vous avancera pas vraiment. Clamant haut et fort qu’ils peuvent faire aussi bien que les blockbusters américains à 300 millions de dollars de budget, les producteurs soviétiques ont misé près de 400 millions de roubles russes pour ce film fantastique ! Sauf que lorsque la somme est convertie, le budget avoisine en réalité les 5 millions de dollars et que le résultat s’avère un grand et formidable nanar.
En fait, l’essentiel est raconté durant le générique – après plus d’une minute de logos de production – à travers des coupures de journaux, procédé très pratique pour aller d’emblée à l’essentiel, sans véritables séquences d’exposition. Dans les années 1960, alors que la Guerre Froide bat son plein et que la population redoute une Troisième Guerre mondiale, une organisation secrète russe appelée Patriots, a pratiqué des expériences génétiques sur des êtres humains, dans le but de créer une armée de super soldats indestructibles. Après avoir réussi à s’échapper, ils se cachent chacun de leur côté dans différentes régions de la Russie pendant près de trente ans, en vieillissant à peine et en dissimulant leurs pouvoirs aux yeux du monde. Mais alors qu’une nouvelle menace frappe le pays, la majorElena Larina (équivalent féminin de Nick Fury) va être chargée de les retrouver afin de former une unité de défense baptisé Les Guardians. Nous avons alors un ours-garou, une femme qui devient invisible au contact de l’eau, un homme capable de manipuler les pierres rien que par la pensée, et un autre possédant la capacité de se déplacer à une vitesse supersonique en manipulant des lames aiguisées. Cette poignée de nouveaux super-héros, retrouvés en Arménie, au Kazakhstan, en Sibérie et à Moscou où ils pensaient méditer tranquillement, doivent contrecarrer les plans de leur créateur, un ancien scientifique savant-fou, qui au moment d’être arrêté quarante ans plus tôt a été irradié, avant de devenir lui-même un monstre à la force surhumaine.
Voilà, bienvenue en Russie camarade, tu vas bien rigoler ! Réalisé par le jeune et prolifique metteur en scène Sarik Garnikovich Andreasyan (né en 1984), auteur en 2014 d’un American Heist avec Hayden Christensen et Adrien Brody, Guardians est un divertissement hilarant avec ses comédiens improbables, surtout le badguy avec son costume aux abdos en latex qui rappelle le Jekyll/Hyde de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, ses effets visuels périmés qui renvoient aux prémices des images de synthèse, son accumulation de clichés et ses pauvres décors. Mention spéciale à l’homme-ours, réalisé à partir de la prestation en motion-capture d’Anton Pampushnyy, et qui s’avère aussi réaliste que le Dwayne Johnson en CGI du Retour de la Momie, mais en pire.
Sarik Garnikovich Andreasyan et ses scénaristes piochent allègrement dans tous les films US du genre, à tel point que le spectateur à jour dans les Marvel/DC peut s’amuser à énumérer les séquences plagiées durant les 90 minutes que durent le film, génériques compris. Les deux épisodes d’Avengers, Les 4 Fantastiques (dont la dernière version), Watchmen, Iron Man 2, The Dark Knight Rises, Les Gardiens de la Galaxie, X-Men, Suicide Squad, tout y passe, sauf que le résultat à l’écran donne souvent la nausée comme après une murge à la vodka. Les comédiens principaux rivalisent de médiocrité et d’absence de charisme, les actrices fardées ont les fesses moulées dans un pantalon en cuir et filmé à la bonne hauteur, quand il n’est pas transformé l’homme ours se balade à moitié à poil, tandis que le méchant est souvent filmé pendant qu’il marche, en travelling, pendant une plombe, sans qu’il ne se passe rien autour de lui.
Guardians est généreux dans le sens où les scènes d’action s’enchaînent vite grâce à un montage cut et que le film est très court. Il n’est pas interdit de bouder son plaisir, même si Guardians fait rire involontairement et que ses défauts deviennent finalement des qualités pour le cinéphile déviant, ce qui le rend foncièrement sympathique. Dernière chose, si la fin annonce clairement une suite, l’échec critique et commercial du film semble avoir tué la franchise dans l’oeuf. Mais sait-on jamais, peut-être entendrons-nous à nouveau rugir le nounours armé ou ce méchant de pacotille – dont on ne pige rien au plan machiavélique – avec son tuyau de machine à laver planté dans le crâne !
LE BLU-RAY
Guardians débarque en France directement dans les bacs, en DVD et en combo Blu-ray-DVD Steelbook chez Wild Side Video, qui a souvent livré en DTV des films du même acabit. Le menu principal animé et musical en met plein les yeux et les oreilles.
Outre un lot de bandes-annonces, l’éditeur a mis la main sur sept minutes de suppléments réparties en trois featurettes promotionnelles, constituées d’images du tournage et d’interviews du cast. On ne sait jamais qui intervient, mais il est assez facile d’imaginer qui prend la parole. L’ensemble est certes court, mais redondant, tout le monde rabâchant la même chose à savoir qu’ils sont là pour concurrencer le cinéma hollywoodien avec les moyens du bord. Gros plans sur les effets visuels et les images de synthèse, notamment la création de l’ours-garou réalisé en motion-capture à partir de la performance d’un comédien qui portait une tête d’ours sur le plateau. Impossible de ne pas rire.
L’Image et le son
Le Blu-ray est au format 1080p. Cette copie Haute-Définition se révèle honnête, même si la définition ne brille pas autant qu’espéré pour un divertissement de cet acabit. Le piqué manque parfois de mordant, la gestion des contrastes est bien trop aléatoire et les détails viennent souvent à manquer. C’est finalement la luminosité et la colorimétrie qui s’en sortent le mieux avec des teintes bigarrées à souhait et un aspect bleu-métallique très présent. Ce Blu-ray déçoit quelque peu et les effets numériques se voient comme le nez au milieu de la figure, surtout lorsque les comédiens sont filmés sur fond vert, mais bon, on a déjà vu pire et le visionnage reste plaisant. Finalement, si le résultat en HD paraît artificiel, cela n’est dû qu’au film lui-même.
En russe comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec brio et souvent un fracas assez jouissif. Si la langue de Molière n’est pas aussi dynamique et riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences d’affrontements. Seul bémol, les voix manquent parfois de punch. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique omniprésente profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.
Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature et comprend très vite qu’elle ne peut plus s’en passer. Surtout saignante. Et un campus ne manque pas de chair fraîche !
Avant Grave, son premier long métrage pour le cinéma, Julia Ducournau, ancienne élève de la Fémis, est la réalisatrice d’un court-métrage, Junior (2011) puis d’un téléfilm pour Canal+ mis en scène avec Virgile Bramly, Mange (2012), interdit aux moins de 16 ans. Pour ses débuts au cinéma, Julia Ducournau retrouve Garance Marillier, qu’elle avait dirigée dans Junior. C’est une double révélation et pour une fois le mot n’est pas usurpé. De par son sujet aussi singulier que dérangeant, et par son impressionnante maîtrise formelle, ce premier film multi-récompensé – par le Grand Prix à Gérardmer et le Prix de la critique internationale à la Semaine de la critique à Cannes – est un choc dans le cinéma français et a su créer l’événement dans les festivals du monde entier où certains spectateurs se seraient même évanouis devant les scènes de cannibalisme.
Justine, comme le reste de sa famille, est végétarienne. A 16 ans, la jeune femme, précoce, est reçue dans l’école vétérinaire où sa soeur aînée, Alexia, est déjà élève. Mais l’intégration est brutale : le bizutage commence en effet tout de suite pour Justine, qui ne peut pas compter sur le soutien de sa soeur et se retrouve forcée d’ingérer un morceau de viande crue, un rein de lapin. Cette expérience douloureuse n’est pas sans conséquences sur l’étudiante qui commence à développer un étrange comportement. Le point commun des trois mises en scène de Julia Ducournau, alors grande admiratrice du cinéaste canadien David Cronenberg, est le sujet de la métamorphose physique. On retrouve dans Grave ce rapport au corps et cette approche clinique qui a fait la marque de fabrique et le succès de l’auteur de La Mouche. Outre quelques références notables, à l’instar de Carrie de Brian de Palma, la réalisatrice a su digérer ses modèles et influences pour planter son film dans un réalisme morbide.
Si l’on craint tout d’abord de manquer d’empathie pour le personnage principal, l’incroyable Garance Marillier emporte tous les suffrages. Avec son visage doux et à la fois inquiétant qui rappelle étonnamment Dominique Blanc, elle signe une véritable, charismatique et ébouriffante prestation. Un sacré défi qu’un César devrait normalement récompenser en 2018, puisque la caméra ne la quitte quasiment pas du début à la fin, s’attachant à capter les moindres nuances de la transformation du personnage (qui change littéralement de peau), comme la mutation « reptilienne » d’une ado tomboy en jeune fille dans Junior. Certes, on retrouve le côté punk-sexe de Mange, mais Grave s’inscrit dans la continuité du court-métrage, d’autant plus que l’héroïne s’appelle Justine – en référence au livre du Marquis de Sade, Justine ou les malheurs de la vertu – dans les deux films et qu’il s’agit de la même comédienne.
Drame et récit d’émancipation, le spectateur suit cette jeune étudiante, qui apparaît d’abord sûre d’elle-même en arrivant à l’école vétérinaire, avant de se rendre compte très vite de la violence et de la brutalité de l’entrée dans le monde adulte. Après quelques mises à l’épreuve, Justine va se révéler à elle-même et laisser sa véritable nature prendre le dessus, en se laissant aller à ses pulsions, ses envies (sexuelles et gustatives), après une longue opposition entre l’esprit qui voudrait rester rationnel et les désirs physiques avec un corps voulant jouir et s’épanouir, pour enfin s’affirmer et accepter sa différence.
Frontal, graphique, organique et clinique (superbe photo teintée de giallo du chef opérateur Ruben Impens), mais pourtant sensuel et jamais glauque, Grave est un film burné qui n’a pas peur de foncer dans le tas, de déplaire et de provoquer le malaise – la musique de Jim Williams et la b.o hystérique participent également à l’ambiance – auprès d’une audience qui a oublié ce que voulait dire être secoué dans les salles. C’est cette franchise qui rappelle le formidable Dans ma peau de Marina de Van, cette envie de cinéma, cette audace de sortir des sentiers battus qui font de Grave, malgré un dénouement largement prévisible en raison de la présence de Laurent Lucas au générique, une grande et radicale réussite.
LE BLU-RAY
Le test de l’édition HD de Grave, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray est proposé avec le DVD en combo. Le menu principal est coloré, animé et musical.
Point de making of à l’horizon, c’est la grande déception de cette édition. En revanche, l’éditeur charge la section des suppléments avec deux très (trop ?) longues interviews de la réalisatrice Julia Ducournau (47’) et de la comédienne Garance Marillier (48’), toutes deux animées par Fausto Fasulo, rédacteur en chef du magazine Mad Movies.
Durant le premier entretien, Julia Ducournau revient sur son parcours, sur Junior et Mange, l’écriture et l’évolution du scénario de Grave, la psychologie du personnage de Justine, l’importance du son, les partis pris, la structure du film, les scènes coupées au montage, ses influences, le casting et bien d’autres éléments. Dommage que cet échange soit foutraque, parfois hésitant et maladroit. L’éditeur aurait gagné à tailler dans le gras afin d’insuffler un rythme qui fait cruellement défaut à cette interview qu’on aurait aimée plus dense et intéressante.
En revanche, la rencontre avec Garance Marillier s’avère plus sympathique, même si cette fois encore l’interview n’a aucune structure et passe du coq à l’âne. La jeunesse et la spontanéité de la jeune actrice font le charme de ce rendez-vous durant lequel elle évoque son intérêt pour le jeu, sa formation (musicale), sa rencontre, son travail et son amitié fusionnelle avec Julia Ducournau, sa passion pour David Lynch et Wong Kar-wai, son premier choc cinématographique (Vertigo d’Alfred Hitchcock), sa préparation pour le rôle, le défi des scènes physiques, ses impressions de tournage, la réception du film et son avis sur les critiques négatives.
L’éditeur a pu mettre la main sur deux scènes coupées (alors qu’il y en avait bien plus), Oracle (2’) et Gravité (3’). Complètement anecdotiques mais sympas, ces séquences non montées valent le coup d’oeil et prolongent entre autres un cours réalisé par un professeur singulier avec comme sujet l’utérus d’une vache.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits du disque.
L’Image et le son
Saturation des couleurs primaires, luminosité aveuglante, piqué chirurgical, détails au scalpel aux quatre coins du cadre large, contrastes fabuleux, c’est sublime ! La profondeur de champ est sidérante et chaque parti pris inspiré de la photo du chef opérateur Ruben Impens (Alabama Monroe, Les Herbes folles, La Merditude des choses), est magnifiquement restitué à travers cette édition HD absolument indispensable. Le Blu-ray démo du mois de juillet 2017.
La piste unique DTS-HD Master Audio 5.1 instaure un confort acoustique total avec une redoutable homogénéité des voix et des effets annexes. Le pouvoir immersif du mixage est fort plaisant dès la première scène. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées (ça vibre même de partout durant les fiestas et le bizutage) et l’imposante bande-son, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
CLOWNréalisépar Jon Watts,disponible en DVD et Blu-ray le 28juin2017chez Wild Side Vidéo
Acteurs : Andy Powers, Laura Allen, Peter Stormare, Eli Roth, Christian Distefano, Elizabeth Whitmere, Graham Reznick, Chuck Shamata…
Scénario : Jon Watts, Christopher Ford
Photographie : Matthew Santo
Musique : Matt Veligdan
Durée : 1h37
Date de sortie initiale : 2014
LE FILM
Lorsque le clown engagé pour animer l’anniversaire de son fils leur fait faux bond, un père de famille doit prendre la relève et lui-même revêtir un déguisement de clown pour assurer le spectacle. Mais très vite, il réalise que le costume est devenu une seconde peau dont il ne pourra se débarrasser. A moins d’accomplir une mission macabre…
Halloween en 2010. Quelques internautes découvrent la bande-annonce d’un film d’horreur intitulé Clown. Tourné en un week-end par Jon Watts et son ami Christopher Ford, ce qui n’est au départ qu’une plaisanterie entre étudiants en cinéma se transforme en véritable phénomène sur internet. Le trailer est échangé partout dans le monde, d’autant plus que le film est annoncé comme étant « le nouveau film d’Eli Roth, le maître de l’horreur » ! Watts et Ford sont dépassés par les événements. Désarçonné quand on le félicite sur la bande-annonce de son prochain film, Eli Roth visionne la vidéo en question. Mais plutôt que d’intenter un procès au duo, ils les félicitent pour leur audace et leur proposent de transformer cette idée en véritable long métrage. Il s’engage même à produire réellement leur film s’ils y parviennent. Clown le film est né.
Sorti en 2014, ce film d’horreur américano-canadien reprend donc le même pitch annoncé dans la fausse bande-annonce. Pour l’anniversaire de son fils, Kent engage un clown devant animer la fête. Quand il lui fait faux bond, Kent est contraint de se déguiser lui-même. Il découvre avec horreur qu’il ne peut pas retirer le costume et cherche à comprendre l’origine de cette malédiction. Il y a de bonnes choses dans Clown, mais il y en a aussi de très mauvaises. Dans l’ensemble, le film est un bon divertissement, qui possède suffisamment de bons points pour emmener le spectateur jusqu’à la fin. Le postulat de départ est excellent, même s’il faut accepter une coïncidence « hénaaaurme ». En effet, alors que son fils et sa femme attendent l’arrivée d’un clown pour la fête d’anniversaire du fiston, Kent McCoy, agent immobilier, apprend que la société d’animation est obligée d’annuler. Kent est désolé pour son fils…mais attendez, le hasard est bien fait ! Alors qu’il se trouve dans une des maisons qu’il cherche à vendre, il trouve un costume de clown dans une vieille malle abandonnée au sous-sol ! « Alors ça par exemple, cela tombe bien » ! Kent débarque alors chez lui, perruque colorée, teint blanc, nez rouge, costume vintage et tralala, le môme aura une fête digne de ce nom ! Il y avait une chance sur combien de trouver un costume de clown, pile-poil au bon moment ? Voilà. Sur ce coup de bol incroyable, Clown démarre et le calvaire de son personnage principal aussi. C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus réussi dans le film.
Entre Le Loup-Garou de Londres de John Landis et La Mouche de David Cronenberg, saupoudré du Pennywise de Stephen King, Clown montre la lente transformation physique de Kent (Andy Powers, attachant), qui doit se rendre à l’évidence, le costume prend possession de lui, corps et âme. Il ne peut tout d’abord pas retirer sa perruque, qui semble être devenue sa nouvelle implantation capillaire, tout comme son nez rouge qui reste collé à son visage. Sa femme Meg (Laura Allen, peu convaincante) parvient à lui retirer le nez à l’aide de pinces, mais lui arrache au passage le bout de sa vraie truffe, que leur chien s’empresse de becter.
Franchement, si Clown avait su demeurer aussi fun (avec un humour noir plaisant), efficace et prometteur que cette première partie, le film aurait été une belle réussite. C’est après que les choses se gâtent, comme si Jon Watts et Christopher Ford, quelque peu décontenancés par cette opportunité, n’avaient pas su quoi raconter à partir de leur faux trailer original. Sans toutefois ennuyer l’audience et en devenant un nouvel ennemi des coulrophobes (prenez un dictionnaire), le film entre après dans les rangs du genre, celui de la possession d’un être humain par un démon, histoire évidemment narrée par un ermite (ce cabotin de Peter Stormare) qui connaît tout sur la malédiction et qui attendait patiemment qu’un pauvre couillon mette le costume de clown.
Kent disparaît à mesure que son costume devient organique (maquillage très réussi d’ailleurs) et qu’un pseudo-diable affamé (son ventre gargouille tout le temps) – interprété par Eli Roth lui-même en fin de mutation – prenne définitivement le contrôle de son corps pour aller dévorer quelques enfants. Ces séquences parfois sanglantes et toujours graphiques mettant en scène de très jeunes victimes, pourront d’ailleurs choquer les spectateurs les plus sensibles. Le gros bémol de Clown, ce ne sont pas ses rebondissements improbables, mais l’amateurisme de la mise en scène, le rythme peu maîtrisé (tout est trop lent ou au contraire les événements vont trop vite en besogne) et la paresse du scénario, très mal écrit, jusque dans le dernier acte, mauvais, vite expédié et qui part dans tous les sens.
Clown se regarde avec amusement, quelques scènes d’épouvante fonctionnent à l’instar du démon qui dévore les gamins dans une salle de jeux, comme si Ronald McDonald préparait ses propres Big-Mac. Dommage que la réalisation ne suive pas et avor souvent les effets de surprise ou destinés à faire peur aux spectateurs. Encore une fois, Clown, présenté en compétition au Festival international du Film Fantastique de Gérardmer en 2017, n’est pas déplaisant et se regarde volontiers, mais ne laissera pas un grand souvenir. Le film se situe en entre la série B et la série Z, à regarder avachi dans un BZ quoi. Toujours est-il que cela n’augure rien de bon pour Spider-Man : Homecoming dont la mise en scène a été confiée par Marvel à Jon Watts, suite à son film suivant Cop Car, avec Kevin Bacon, directement sorti en France en DVD. Mais bon, on ne s’attend pas non plus à un miracle pour l’énième retour de l’homme-araignée, mais c’est toujours bien d’y croire quand même. En attendant un autre comeback très attendu, celui de Pennywise en septembre 2017, sous la direction de l’excellent Andrés Muschietti.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Clown, DTV disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Sortie technique, Clown s’accompagne d’un petit making of promotionnel de 6 minutes, constitué d’interviews d’Eli Roth, de la décoratrice Lisa Soper, des comédiens Laura Allen et Peter Stormare, du directeur de la photographie Matthew Santo et du responsable des maquillages David Santo. Très peu d’images de tournage à se mettre sous la dent dans ce module, qui revient essentiellement sur la genèse singulière de Clown.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Un DTV de plus dans l’escarcelle de Wild Side Vidéo ! Ce Blu-ray au format 1080p est encore une fois une grande réussite technique. La Haute-Définition sied à merveille aux films de genre et Clown ne déroge pas à la règle. La patine est délicate et léchée durant 1h40, les partis pris merveilleusement rendus. C’est un quasi-sans-faute technique : luminosité, relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux, y compris sur les scènes moins éclairées. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes, et chaque détail aux quatre coins du cadre large est saisissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression AVC solide comme un roc, offre les meilleures conditions pour découvrir le film de Jon Watts en France.
Les versions anglaise et française sont disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Ces mixages en feront sursauter plus d’un grâce à ses effets latéraux et frontaux particulièrement puissants et immersifs. Le caisson de basses a fort à faire avec des effets bien sentis, les dialogues sont exsudés avec force sur la centrale et les ambiances naturelles et dérangeantes ne manquent pas, surtout durant les vrombissements. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version anglaise.