Test DVD/ Les Cadors, réalisé par Julien Guetta

LES CADORS réalisé par Julien Guetta, disponible en DVD le 16 mai 2023 chez Jour2Fête.

Acteurs : Grégoire Ludig, Jean-Paul Rouve, Michel Blanc, Marie Gillain, Aurore Broutin, Niels Hamel-Brochen, Roman Angel, Raul Fokoua…

Scénario : Lionel Dutemple, Julien Guetta & Jean-Paul Rouve

Photographie : Philippe Guilbert

Musique : Alex Beaupain

Durée : 1h20

Année de sortie : 2022

LE FILM

L’histoire de deux frères que tout oppose. Antoine, marié, deux enfants, conducteur de bateaux, et Christian, célibataire, chômeur et bagarreur incorrigible. Mais quand Antoine le mari idéal se retrouve mêlé à une sale histoire, c’est Christian le mal aimé qui, même si on ne lui a rien demandé, débarque à Cherbourg pour voler à son secours. Les Cadors comme ils aimaient se surnommer dans leur enfance vont se redécouvrir au travers de cette histoire. Christian qui n’a rien à perdre, va alors défendre au péril de sa vie cette famille qu’il a toujours rêvé d’avoir sans jamais avoir eu le courage de la fonder.

Après le surestimé (euphémisme) Roulez jeunesse, on attendait de voir ce que le réalisateur Julien Guetta allait quand même nous proposer en guise de second long-métrage. Débarrassé de son co-scénariste Dominique Baumard, co-metteur en scène et co-scénariste de l’infâme Les Méchants, il semble que Julien Guetta ait trouvé un deuxième souffle plus attrayant pour Les Cadors. Co-écrite cette fois avec Lionel Dutemple (ancien auteur des Guignols de l’info) et Jean-Paul Rouve, cette comédie est une petite bouffée d’air frais et s’avère mieux construite et plus mûre que Roulez jeunesse. Les Cadors n’a pas la prétention de révolutionner le genre, mais contrairement à son premier film qui essayait d’être dans l’air du temps, Julien Guetta s’adresse au plus grand nombre et la sobriété de sa mouture somme toute plus classique sied à ses ambitions. Un beau, complémentaire et émouvant tandem interprété par Jean-Paul Rouve et Grégoire Ludig.

On sent que Julien Guetta a pris beaucoup de plaisir à raconter cette histoire et à dresser le portrait de ces deux frangins que tout ou presque sépare, mais qu’une enfance marquée par un père alcoolique et violent a réuni à jamais. L’action se déroule dans un décor singulier et finalement peu vu au cinéma, celui des dockers, très bien filmé et par ailleurs élégamment photographié par le talentueux Philippe Guilbert (La Dégustation, Coexister, Grand froid). Les Cadors s’inspire de l’oncle de Lionel Dutemple, interprété dans le film par Jean-Paul Rouve, sans aucun doute dans l’un de ses meilleurs rôles, qui a donc participé lui-même aux dialogues (très soignés et surtout drôles) et à l’écriture. L’univers du comédien-auteur et du réalisateur se fondent visiblement mieux que ceux du tandem Guetta-Baumard sur Roulez jeunesse, qui manquait de rigueur, d’émotions et partait dans tous les sens. Les Cadors est plus tendre, attachant et sensible, les protagonistes mieux dessinés, y compris les deux personnages féminins, formidablement interprétées par la magnifique et trop rare Marie Gillain et la géniale Aurore Broutin (Été 85, Police), qui mettront à nu la vulnérabilité d’Antoine et de Christian, qui ont grandi sans mère et avec pour seul modèle masculin ce père brutal.

Si Jean-Paul Rouve a déjà prouvé qu’il avait l’étoffe d’un grand acteur et qu’il n’a de cesse de prendre en charisme en prenant de l’âge, c’est Grégoire Ludig qui n’en finit pas d’étonner de film en film. Après trois collaborations (à ce jour) avec Quentin Dupieux (Au poste !, Mandibules et Fumer fait tousser) et Maman a tort de Marc Fitoussi, le comédien est passé à la vitesse supérieure et a su révéler un talent indéniable dans le genre dramatique, ce qui lui sied à merveille dans Les Cadors, où comme un funambule virtuose, il paraît constamment marcher sur le fil tendu entre le rire et l’émotion à fleur de peau. Nos deux écorchés déambulent dans ce milieu très masculin des dockers, régi ici par un petit parrain local, incarné par Michel Blanc, qui s’éclate dans ce rôle inattendu de mec sans scrupule, prêt à tout écraser sur son chemin pour conserver la mainmise sur le port et continuer ses combines pour lesquelles il embarque Antoine, qui a cruellement besoin d’argent. L’arrivée de Christian, de passage pour uriner sur le cercueil de leur père défunt, va complètement chambouler le train-train d’Antoine, mais va aussi peut-être l’aider à se sortir de ses ennuis.

Pas de super-héros dans Les Cadors, mais des super-mecs à qui la vie n’a pas fait de cadeaux, qui en tant que survivants ont continué d’avancer malgré les piliers branlants sur lesquels s’est bâtie leur existence, comme nous le dévoilent certains flashbacks. S’il s’est planté au box-office à sa sortie avec seulement 78.000 entrées, le deuxième long-métrage de Julien Guetta mérite amplement une autre chance, ce que son exploitation en DVD et ses prochaines diffusions à la télévision devraient permettre.

LE DVD

C’est chez Jour2Fête que Les Cadors apparaît en DVD. La jaquette, glissée dans un boîtier Amaray classique, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation et le tout est inséré dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical. Signalons aussi la présence d’un visuel collector réalisé par PLAKAT, glissé dans le boîtier.

Le premier supplément est une excellente et enrichissante interview de Julien Guetta (13’30). Ce dernier aborde les thèmes du film, l’évolution du scénario (qui à la base reposait beaucoup sur des gags et où Christian était plus le personnage principal) et l’écriture avec Jean-Paul Rouve, ses intentions, la psychologie des personnages, l’importance des personnages féminins, les repérages, l’usage des flashbacks et les références aux années 80.

S’ensuit un entretien avec Jean-Paul Rouve, Grégoire Ludig, Marie Gillain et Michel Blanc (8’), forcément en mode promotionnel, mais dont les propos ne manquent pas d’intérêt, surtout quand ceux-ci évoquent les conditions de tournage.

Nous trouvons aussi un très bon making of (30’), constitué d’images de tournage et du plateau, ainsi que des propos des membres de l’équipe technique comme l’accessoiriste, la décoratrice, les ingénieurs du son, le troisième assistant-réalisateur, l’équipe régie et logistique, les machinistes, les maquilleurs, la scripte, l’équipe électricité et bien d’autres. Une belle immersion dans le tournage d’une petite production, jusqu’à l’avant-première du film à Angoulême et à Cherbourg.

L’interactivité se clôt sur la bande-originale (en fait le morceau Cadors, interprété par Catherine Ringer), disponible en scannant un QR Code.

L’Image et le son

Si Les Cadors doit se passer d’une édition HD, ce master SD en met souvent plein les yeux et se révèle de toute beauté. Le cadre large et élégant permet de profiter de la belle photo du directeur de la photographie Philippe Guilbert, la colorimétrie est belle, les contrastes denses et le piqué affûté. Ajoutez à cela un encodage solide, une stabilité à toute épreuve et une clarté indéniable et vous obtenez le must du DVD.

Le mixage Dolby Digital 5.1 berce joliment le spectateur et crée une spatialisation concrète et solide pendant 1h20. La musique d’Alex Beaupain profite d’une exploitation idéale des enceintes, les latérales sont utilisées à bon escient avec de nombreuses ambiances naturelles sur toutes les séquences en extérieur, notamment sur les docks. La piste Stéréo est ample et contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur les baffles arrière. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Jour2Fête / Copyright 2021 Marie-Camille Orlando – Nolita Cinema / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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