Test Blu-ray / Le Secret de l’Épervier Noir, réalisé par Domenico Paolella

LE SECRET DE L’ÉPERVIER NOIR (Il Segreto dello sparviero nero) réalisé par Domenico Paolella, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Lex Barker, Livio Lorenzon, Nadia Marlowa, Germano Longo, Walter Barnes, Pina Cornel, Loris Gizzi, Dina De Santis…

Scénario : Domenico Paolella & Sergio Solima

Photographie : Carlo Bellero

Musique : Gino Filippini

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Au début du XVIIIème siècle, le corsaire Carlos de Herrera est missionné par le royaume d’Espagne afin de récupérer des documents commerciaux tombés entre les mains du pirate Calico Jack. Il va être en concurrence avec le sergent Rodriguez, alias l’Épervier noir, qui, lui aussi, veut s’emparer des documents.

Non, il ne s’agit pas d’un super-héros, d’ailleurs l’Épervier noir du titre n’apparaît que sporadiquement et n’est même pas le personnage principal du film qui nous intéresse aujourd’hui. À la barre d’Il segreto dello sparviero nero ? Domenico Paolella (1915-2002), que certains pourraient connaître pour Les Pirates de la côte I Pirati della costa (1960) avec Lex Barker, plusieurs opus centrés sur Maciste (Maciste à la cour du Cheik, Maciste contre les Mongols, Maciste dans l’enfer de Gengis Khan), d’autres péplums à la mode (Hercule contre les tyrans de Babylone, Goliath à la conquête de Bagdad, Hercule défie Spartacus), un Eurospy (003 agent secret), un western (Django prépare ton exécution), bref un réalisateur qui a su suivre les goûts des spectateurs et profiter de l’engouement pour les divertissements au budget modeste et au rendement élevé. Et il s’en tire pas mal du tout derrière la caméra pour ce Secret de l’Épervier Noir, film d’aventures ou de piraterie, généreux en batailles, de retournements de situation, de quiproquos, de mystères, de bagarres sur la plage sur fond de soleil couchant, de scènes étonnamment brutales, qui s’avère en réalité un film d’espionnage en costumes. Aucun ennui durant ces 95 minutes, qui filent comme un éclair grâce à un montage nerveux, parfois même surprenant car sec et marqué par des fondus en noir et de légères ellipses de temps. Un bon cru.

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Test DVD / La Belle et le Corsaire, réalisé par Giuseppe Maria Scotese

LA BELLE ET LE CORSAIRE (Il Corsaro della mezzaluna) réalisé par Giuseppe Maria Scotese, disponible en DVD le 5 juillet 2022 chez Artus Films.

Acteurs : John Derek, Gianna Maria Canale, Ingeborg Schöner, Alberto Farnese, Raf Mattioli, Camillo Pilotto, Gianni Rizzo, Paul Muller…

Scénario : Mario Amendola, Riccardo Pazzaglia & Giuseppe Maria Scotese

Photographie : Adalberto Albertini

Musique : Renzo Rossellini

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Les pirates barbaresques écument la Méditerranée, pillant et ravageant les côtes, menés par Nadir El Krim. Dans son château, le baron Camerlata accueille Catherine d’Autriche, la sœur de l’empereur Charles Quint. Les pirates vont assiéger le château afin d’enlever la dame et demander rançon. Mais ils séquestrent par erreur la nièce du baron, la belle Angela. Il va falloir tenir avant l’arrivée des troupes impériales.

1957 est l’année où nos amis transalpins démarrent leurs copies carbones des films de pirates anglo-saxons. Nous en avions parlé lors de la sortie en DVD du Tigre des mers de Luigi Capuano, disponible chez Artus Films, mis à part les cow-boys, les vampires, les voyous et les flics, les flibustiers ont eux aussi prospéré durant l’âge d’or des films d’exploitation italiens. La Belle et le CorsaireIl Corsaro della mezzaluna est donc l’un des premiers ersatz à voir le jour en Italie, mais sans doute pas l’un des meilleurs représentants de ce sous-genre. En effet, le film de Giuseppe Maria Scotese ne vole pas bien haut et s’avère trop sage, lisse, sans aspérité, à peine divertissant, marqué par des décors très pauvres, des costumes peu reluisants et un rythme aux oubliettes. Reste le casting, qui fait le job sans se forcer, mais grâce auquel on parvient néanmoins à aller jusqu’au bout de cette entreprise laborieuse, notamment la merveilleuse et sublime Gianna Maria Canale, qui illuminait alors moult opus du Bis italien comme La Muraille de feu La Gerusalemme liberata de Carlo Ludovico Bragaglia, Le Tigre des mers La Tigre dei sette mari et Le Lion de Saint Marc Il leone di San Marco de Luigi Capuano. Complètement anecdotique, très bavard et réservé uniquement aux complétistes purs et durs.

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Test Blu-ray / Le Pirate des Caraïbes, réalisé par James Goldstone

LE PIRATE DES CARAÏBES (Swashbuckler) réalisé par James Goldstone, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 janvier 2022 chez Rimini Editions

Acteurs : Robert Shaw, James Earl Jones, Peter Boyle, Geneviève Bujold, Beau Bridges, Geoffrey Holder, Avery Schreiber, Tom Clancy, Anjelica Huston…

Scénario : Jeffrey Bloom

Photographie : Philip H. Lathrop

Musique : John Addison

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Mer des Caraïbes, 18ème siècle. Le boucanier Red Ned Lynch et Jane Barnet, une fougueuse jeune femme issue de la noblesse maniant très bien l’épée, joignent leur force pour protéger la Jamaïque du joug d’un cruel tyran…

Du réalisateur James Goldstone (1931-1999), on connaissait surtout l’excellent Virages Winning (1969) avec Paul Newman, drame sportif qui combinait à la fois la crise d’un couple nouvellement marié et l’effervescence du milieu de la course automobile, ainsi que Le Toboggan de la mort (1977), référence du film catastrophe et thriller atypique, puisque le récit se situait essentiellement dans une fête foraine. Sa filmographie recèle décidément des surprises, puisque nous découvrons aujourd’hui Le Pirate des Caraïbes Swashbukler, sorti en 1976, alors que la mode bifurquait tranquillement, mais sûrement vers le genre fantastique, avec notamment l’imminence de Star Wars. Ce film d’aventure complètement anachronique s’avère pourtant un remarquable divertissement, plein de fougue, de charme et de rebondissements, magistralement interprété par le britannique Robert Shaw, qui allait malheureusement disparaître deux ans plus tard à l’âge de 51 ans, des suites d’une attaque cardiaque. Entre Les Dents de la mer Jaws de Steven Spielberg et La Rose et la FlècheRobin and Marian de Richard Lester, dans lequel il arborera l’étoile du shérif de Nottingham, le comédien, monstre de charisme, crève l’écran en digne successeur du Corsaire rouge, autrefois interprété par Burt Lancaster dans le film du même nom de Robert Siodmak. Près de trente ans avant la saga Pirates of the Caribbean, initiée par Gore Verbinski en 2003, Le Pirate des Caraïbes offrait aux spectateurs un fabuleux voyage au temps des flibustiers au sourire carnassier ! Un vrai coup de coeur.

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Test Blu-ray / Faut pas jouer avec les vierges – Zenabel, réalisé par Ruggero Deodato

FAUT PAS JOUER AVEC LES VIERGES (Zenabel) réalisé par Ruggero Deodato, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Lucretia Love, John Ireland, Lionel Stander, Nicola Mauro Parenti, Fiorenzo Fiorentini, Elisa Mainardi, Luigi Leoni, Ignazio Leone…

Scénario : Gino Capone, Ruggero Deodato & Antonio Racioppi

Photographie : Roberto Reale

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Une jeune femme nommée Zenabel découvre que son père a été un riche Espagnol tué par l’impitoyable don Alonso qui lui a volé son titre de noblesse. Elle décide alors de réunir ses amis pour réclamer son titre et combattre l’imposteur.

Zenabel – Davanti a lei tremavano tutti gli uomini ou plus connu en France sous le titre Faut pas jouer avec les vierges, est le sixième long-métrage réalisé par Ruggero Deodato (né en 1939). Agé de 29 ans, le jeune homme affichait alors un palmarès impressionnant en tant qu’assistant-réalisateur auprès de Roberto Rossellini, Sergio Corbucci, Antonio Margheriti, Riccardo Freda et Mauro Bolognini. Un C.V. spectaculaire qui a permis à Ruggero Deodato de passer lui-même derrière la caméra pour Gungala, la panthère nue Gungala la pantera nuda, en remplacement de Romano Ferrara. Utilisant à cette époque le pseudo de Roger Rockfeller, Ruggero Deodato fait preuve d’un réel savoir-faire derrière la caméra pour Zenabel, comme il le fera pour ses six longs-métrages mis en scène en l’espace d’à peine deux ans, dont Phénoménal et le trésor de Toutânkhamon Fenomenal e il tesoro di Tutankamen. Si l’on devait résumer Zenabel en un mot, ce serait bordélique. Mais n’y voyez rien de péjoratif, bien au contraire, car l’oeuvre de Ruggero Deodato transpire d’amour pour le cinéma et le divertissement populaire. Si « tous les hommes tremblaient devant elle » comme l’indique le sous-titre original, les spectateurs se laisseront volontiers embarquer aux côtés de cette héroïne aux cheveux flamboyants, interprétée par Lucretia Love (L’Assassin a réservé 9 fauteuils de Giuseppe Bennati, Les Amazones font l’amour et la guerre d’Alfonson Brescia), bad-ass, sexy et qui en fait voir de toutes les couleurs à la gent masculine.

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Test DVD / Le Lion de Saint Marc, réalisé par Luigi Capuano

LE LION DE SAINT MARC (Il leone di San Marco) réalisé par Luigi Capuano, disponible en DVD le 6 juillet 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Gordon Scott, Gianna Maria Canale, Rik Battaglia, Alberto Farnese, Giulio Marchetti, Franca Bettoia, Feodor Chaliapin Jr., Mirko Ellis…

Scénario : Luigi Capuano, Arpad DeRiso & Ottavio Poggi

Photographie : Alvaro Mancori

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Au XVIIe siècle, Venise est la proie des pirates. Le fils du Doge, Manrico, est fiancé à Isabelle et son père veut le lancer dans la carrière diplomatique, mais celui-ci n’a qu’un désir : libérer Venise du joug des pirates. Il réunit secrètement quelques amis dans une taverne et décide de suppléer les mercenaires commandés par le capitaine Ostemberg…

Alors qu’il vient de tourner un cross-over pour le moins inattendu, Zorro et les 3 Mousquetaires Zorro e i tre moschettieri, le réalisateur Luigi Capuano décide de surfer sur cette mouvance du « Renard rusé qui fait sa loi », même si la série avec Guy Williams n’arrivera pas en Italie avant 1966, et renoue avec le film de pirates en y intégrant un héros justicier épéiste, dont l’identité est dissimulée sous un masque. Pour cela, il engage à nouveau le comédien américain Gordon Scott (1926-2007), qui venait d’interpréter Zorro, et le confronte à la divine Gianna Maria Canale, dans son antépénultième apparition au cinéma et un an avant de mettre fin définitivement à sa carrière à l’âge de 37 ans. Contrairement au Tigre des mers La Tigre dei sette mari, du même cinéaste et mis en scène un an auparavant, Le Lion de Saint Marc ne se déroule pas sur l’eau et les affrontements ne sont pas maritimes. L’intrigue se passe principalement à Venise, très bien filmée d’ailleurs, sublime décor merveilleusement bien exploité par un Luigi Capuano en pleine forme derrière la caméra, qui compile les séquences d’action, les conspirations et une histoire d’amour, sur un rythme soutenu et sans aucun temps mort durant 1h25.

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Test DVD / Le Tigre des mers, réalisé par Luigi Capuano

LE TIGRE DES MERS (La Tigre dei sette mari) réalisé par Luigi Capuano, disponible en DVD le 6 juillet 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Gianna Maria Canale, Anthony Steel, Maria Grazia Spina, Andrea Aureli, Carlo Ninchi, John Kitzmiller, Ernesto Calindri, Carlo Pisacane…

Scénario : Luigi Capuano, Arpad DeRiso & Ottavio Poggi, d’après une histoire originale de Nino Battiferri

Photographie : Alvaro Mancori

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Le Tigre, un vieux pirate, organise un combat pour désigner celui qui prendra sa suite. Le lieutenant William sort vainqueur, mais est ensuite défié par Consuelo, qui termine victorieuse. La nuit suivante, le Tigre est retrouvé mort, le poignard de William planté dans le dos…

Laissons momentanément de côté les cowboys, les vampires, les tueurs à l’arme blanche et les flics pourris et concentrons-nous un petit peu aujourd’hui sur les pirates, qui eux aussi ont eu leur heure de gloire durant l’âge d’or du cinéma d’exploitation italien ! Alors que les flibustiers paraissaient déjà dans le cinéma hollywoodien depuis plus de quarante ans, on peut citer en vrac L’Île au trésor Treasure Island de Maurice Tourneur, Le Pirate noir The Black Pirate d’Albert Parker, Le Corsaire masqué The Eagle of the Sea et Les Révoltés du Bounty Mutiny of The Bounty de Frank Lloyd, L’Île au trésor Treasure Island de Victor Fleming, L’Aigle des mers The Sea Hawk de Michael Curtiz, le genre explose véritablement dans les années 1950, durant lesquelles les grosses productions s’enchaînent et remplissent les salles du monde entier. Les films de Raoul Walsh (Capitaine sans peur, Barbe-Noire le pirate), Jacques Tourneur (La Flibustière des Antilles), Robert Siodmak (Le Corsaire Rouge) et Fritz Lang (Les Contrebandiers de Moonfleet) donnent évidemment envie aux investisseurs italiens de réaliser des films mettant en scène des pirates ! Les transalpins s’y attaquent dès 1957 avec des ersatz comme La Belle et le Corsaire Il Corsaro della mezzaluna de Giuseppe Maria Scotese, Le Pirate de l’épervier noir Il Pirata dello sparviero nero de Sergio Grieco, Le Fils du corsaire rouge Il Figlio del corsaro rosso de Primo Zeglio, et consorts. La décennie suivante, les italiens mettent les bouchées doubles et les plus grands représentants du cinéma Bis s’y collent comme Umberto Lenzi (Mary la rousse, femme pirate Le Avventure di Mary Read, Les Pirates de la Malaisie I Pirati della Malesia). Méconnu en France, Luigi Capuano (1904-1979) prend lui aussi le train en marche. Le réalisateur de La Terreur du masque rouge Il terrore della maschera rossa, La Vengeance d’Ursus La vendetta di Ursus et de Zorro l’intrépide Zorro alla corte di Spagna se voit confier les manettes du Tigre des mers La tigre dei sette mari, également connu sous le titre Le Tigre des Caraïbes, film d’aventures et donc de pirates, entièrement tourné dans les Alpes italiennes, sur le lac de Garde. Si à première vue rien ne distingue cet opus du tout-venant, celui-ci n’en demeure pas moins bourré de charme, mené sur un rythme soutenu, joli à regarder et surtout porté par Gianna Maria Canale, divine créature au regard félin, que l’on suivrait aveuglement dans chacun de ses abordages.

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Test DVD / La Muraille de feu, réalisé par Carlo Ludovico Bragaglia

LA MURAILLE DE FEU (La Gerusalemme liberata) réalisé par Carlo Ludovico Bragaglia, disponible en DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Francisco Rabal, Sylva Koscina, Gianna Maria Canale, Rik Battaglia, Philippe Hersent, Andrea Aureli, Alba Arnova, Nando Tamberlani…

Scénario : Sandro Continenza

Photographie : Rodolfo Lombardi

Musique : Roberto Nicolosi

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Lors de la première croisade aux pieds de la muraille de Jérusalem, les seigneurs chrétiens Tancrède, Renaud, Godefroy de Bouillon attendent de passer à l’attaque tandis que trois femmes musulmanes vont faire chavirer leur cœur et le tournant de la bataille.

Est-ce que le nom de Carlo Ludovico Bragaglia (1894-1998) vous dit quelque chose ? Pour tout vous avouer, moi non plus. Je n’avais jamais entendu parler de ce réalisateur italien, décédé à 103 ans, metteur en scène de plus de soixante longs-métrages sur une durée de trente années. Considéré comme l’un des cinéastes transalpins les plus prolifiques, Carlo Ludovico Bragaglia n’a cependant jamais connu de notoriété au-delà des frontières de son pays. Dans sa filmographie, on pourra évoquer six opus avec Totò (Animali Pazzi, 47 morto che parla, Figaro qua, Figaro là, Les Femmes de Barbe-Bleue, Totò cerca moglie et Totò le Moko), ainsi que diverses comédies musicales et même quelques péplums et films d’aventure dans les années 1950-60. De l’avis des spécialistes, La Muraille de feu – La Gerusalemme liberata est l’un de ses meilleurs films et force est de constater que cette évocation de la prise de Jérusalem par les guerriers de la première croisade (l’un des derniers films sur ce sujet) est élégamment réalisée et portée par un casting formidable sur lequel trône la sublime Sylva Koscina.

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Test DVD / Geneviève de Brabant, réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda

GENEVIÈVE DE BRABANT (Genoveffa di Brabante) réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda, disponible en DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.

Acteurs : María José Alfonso, Alberto Lupo, Stephen Forsyth, Beni Deus, Rosita Yarza, Andrea Bosic, Franco Balducci, Ángela Rhu…

Scénario : Riccardo Freda & José Luis Monter

Photographie : Julio Ortas & Stelvio Massi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Au XIIe siècle, le comte Siegfried s’éprend de Geneviève de Brabant et l’épouse. Lorsqu’il doit partir à la guerre au service de son roi, Geneviève se retrouve face à l’intendant félon Golo à la cruauté sans bornes.

Quand on lui parle de Riccardo Freda (1909-1999), l’amateur de cinéma d’exploitation italien a ses yeux qui s’illuminent. Si son premier métier était sculpteur, sa passion pour le septième art l’amène un peu par hasard à réaliser son premier film, le bien connu Don Cesera Di Bazan (1942). Après ce premier coup d’essai, le réalisateur se spécialise rapidement dans le film d’aventure et le genre cape et d’épée. Vaniteux, ne mâchant pas ses mots, il affirmera toute sa vie n’avoir fait du cinéma que pour l’argent, tout en critiquant ses « camarades » qu’il côtoyait à l’époque, y compris Roberto Rossellini. Même s’il est indéniable que le bonhomme était on ne peut plus aigri et imbu de sa personne, allant même jusqu’à déclarer qu’il était une « exception » en tant que cinéaste, on ne pourra jamais lui reprocher d’avoir chômé ou d’être allé à la facilité tout au long de sa prolifique carrière qui comptera plus de quarante films. On peut ainsi citer en vrac son adaptation des Misérables, connue en France sous le titre de L’Évadé du bagne (1948), Le Fils de d’Artagnan – Il Figlio di d’Artagnan (1949), auquel Bertrand Tavernier rendra hommage en écrivant La Fille de d’Artagnan (1994) que Riccardo Freda devait d’ailleurs mettre en scène lui-même, un Spartacus en 1953, Le Château des amants maudits (1956), inspiré de l’histoire de Beatrice Cenci, Les Vampires – I Vampiri (1957), qui sera finalement repris en main et terminé par Mario Bava, le cultissime L’Effroyable Secret du docteur Hichcock – L’Orribile segreto del Dr. Hichcock (1962). Retracer la filmographie de Riccardo Freda, c’est suivre les grandes étapes du cinéma italien d’exploitation, puisque le réalisateur touchera aussi bien au péplum qu’au giallo, au mélodrame, au film d’épouvante, allant même jusqu’à anticiper le poliziottesco dix ans avant son explosion avec Chasse à la drogue en 1961. Le film d’aventure tient aussi une belle place dans son œuvre. Outre Sept épées pour le roi – Le Sette spade del vendicatore (1962), qui n’est autre que le remake de Don Cesera di Bazan et L’Aigle de Florence – Il Magnifico avventuriero (1963), Riccardo Freda met les bouchées doubles en 1964 et met en scène sa version de Roméo et Juliette et celle des Deux orphelines. Parallèlement, il écrit le film Geneviève de Brabant, inspiré par la biographie de l’héroïne légendaire et populaire du Moyen Âge, Geneviève de Brabant donc, présente dans l’ouvrage La Légende dorée écrit par Jacques de Voragine, qui inspirera les écrivains, les peintres, les dramaturges, les compositeurs et les cinéastes puisqu’il s’agit ici du sixième film centré sur ce personnage. S’il est souvent indiqué que seul le réalisateur José Luis Monter est aux commandes, Riccardo Freda y a bel et bien participé en tant que metteur en scène. Et en voyant le film (inédit en France), force est de constater que l’on retrouve non seulement son style au niveau du scénario, mais aussi et surtout à l’écran avec des affrontements pleins de panache (le film démarre d’emblée par un fracas de lames croisées), une caractérisation spécifique et personnelle des personnages, ainsi que le souffle épique qui a souvent marqué les opus du cinéaste transalpin. Il en résulte un divertissement de haute volée, excellemment réalisé et interprété, qui vaut le coup d’oeil pour ses beaux décors, ses rebondissements multiples, ses dialogues très soignés et ses combats très bien chorégraphiés.

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Test Blu-ray / Fanfan la Tulipe, réalisé par Christian-Jaque

FANFAN LA TULIPE réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Gérard Philipe, Gina Lollobrigida, Marcel Herrand, Olivier Hussenot, Noël Roquevert, Henri Rollan, Nerio Bernardi, Jean-Marc Tennberg, Jean Paredes, Geneviève Page, Sylvie Pelayo…

Scénario : René Fallet, René Wheeler, Christian-Jaque & Henri Jeanson

Photographie : Christian Matras

Musique : Maurice Thiriet & Georges Van Parys

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Le sergent recruteur “La franchise” sillonnait la Normandie accompagné de sa fille, la belle Adeline, afin de recruter de nouveaux soldats prêts à aller mourir sur les champs de bataille du roi Louis XV. La tâche s’avérant de plus en plus difficile, ce racoleur avait mis au point un fin stratagème. Adeline, déguisée en bohémienne, arrêtait d’un sourire les garçons et lisait dans leur main une incroyable destinée : ils seraient les meilleurs soldats du royaume et épouseraient l’une des filles du roi. Fanfan la Tulipe, un jeune coq de village, passa par là…

Quelle fougue ! Quel panache ! Quasiment 70 ans après sa sortie, Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque, à ne pas confondre avec La Tulipe Noire (1963) du même réalisateur, n’a pas pris une seule ride et demeure LA référence du film d’aventure français, où la cape et l’épée s’entremêlent pour le plus grand plaisir des spectateurs, alors happés par le charme dévastateur, la jeunesse, l’érotisme et la frénésie du couple Gérard Philipe – Gina Lollobrigida. Gigantesque succès international, qui avait attiré près de sept millions de spectateurs en France, qui s’inscrivait alors sur la troisième marche du podium au box office en 1952 derrière les 12,8 millions d’entrées du Petit Monde de Don Camillo et les 8,1 millions de l’opérette Violettes impériales, Fanfan la Tulipe a su mieux traverser la seconde moitié du XXe siècle et le premier quart de ce XXIe siècle grâce à la plume acérée, follement moderne et furieusement poétique de l’immense Henri Jeanson, dont on reconnaît le talent à chaque réplique et ce dès l’incroyable, dantesque et ironique introduction en voix-off. Si le scénario est finalement signé René Fallet (Le Triporteur, Les Vieux de la vieille, Un idiot à Paris, La Soupe aux choux) et René Wheeler (La Cage aux rossignols, Jour de fête, Du rififi chez les hommes), l’âme de Henri Jenson traverse et imprègne Fanfan la Tulipe du début à la fin, tandis que la mise en scène étourdissante de Christian-Jaque, récompensée au Festival de Cannes et par l’Ours d’argent au Festival de Berlin, se révèle être un véritable typhon qui emporte tout sur son passage. Chef d’oeuvre absolu du cinéma français, inoubliable, inaltérable et intemporel.

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Test Blu-ray / Le Bouffon du roi, réalisé par Melvin Frank & Norman Panama

LE BOUFFON DU ROI (The Court Jester) réalisé par Melvin Frank & Norman Panama, disponible en Blu-ray le 3 février 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Danny Kaye, Glynis Johns, Basil Rathbone, Angela Lansbury, Cecil Parker, Mildred Natwick, Robert Middleton, Michael Pate…

Scénario : Melvin Frank & Norman Panama

Photographie : Ray June

Musique : Walter Scharf & Vic Schoen

Durée : 1h41

Année de sortie : 1955

LE FILM

Au Moyen Age, Roderick, ignoble félon, a usurpé le trône d’Angleterre et règne en tyran sur le pays. Le véritable héritier, qui n’est encore qu’un bébé, porte sur les fesses la marque tatouée de son lignage. Une bande de rebelles veille sur le prince et attend son heure pour passer le pouvoir au légitime héritier de la couronne. Le vaillant «Renard noir», chef des nobles brigands, garantit de sa vie l’avenir de l’enfant. Un de ses fidèles parvient à se faire passer pour un bouffon italien à la cour de Roderick et se charge de glaner tous les renseignements utiles aux rebelles. Un complot se prépare pour démasquer le tyran et mettre fin à son règne…

En France, de nombreux cinéphiles semblent avoir Danny Kaye (1911-1987), comédien, danseur et chanteur américain, qui aura fait les beaux jours de l’âge d’or hollywoodien, à travers de grands spectacles, dont les plus célèbres demeurent La Vie secrète de Walter MittyThe Secret Life of Walter Mitty (1947) de Norman Z. McLeod, d’après la nouvelle de James Thurber, qui avait connu un très bon remake réalisé en 2013 par Ben Stiller, ainsi que le hit de sa filmographie, Noël blanc White Christmas (1954) de Michael Curtiz, où il fait face à Bing Crosby. Rétrospectivement, Danny Kaye a finalement peu tourné, un peu plus d’une quinzaine de films en 25 ans, mais la popularité, le talent et le charisme de cet homme-orchestre étaient gigantesques, dépassaient les frontières et avaient même donné envie à notre Pierre Richard national de devenir acteur. Si l’on peut citer en vrac Un fou s’en va-t-en guerre Up in Arms (1944) d’Elliott Nugent, Le Laitier de BrooklynThe Kid from Brooklyn (1946), Si bémol et Fa dièse A Song Is Born (1948) de Howard Hawks, Vive monsieur le maire The Inspector General (1949) d’Henry Koster, les deux collaborations de Danny Kaye avec le tandem Melvin Frank et Norman Panama se distinguent. Deux ans après Un grain de folieKnock on Wood (1954), le comédien et les réalisateurs (également scénaristes et producteurs) se retrouvent pour Le Bouffon du roi The Court Jester, parodie de film de cape et d’épée, non seulement très drôle encore aujourd’hui, mais fabuleusement mise en scène, photographiée et interprétée par des acteurs survoltés. Dans cette histoire de royaume volé, Danny Kaye trône en maître sur une formidable distribution composée de Glynis Johns, Basil Rathbone, Angela Lansbury et John Carradine. L’acteur principal se livre à un one-man show dantesque, sans jamais tirer la couverture à ses partenaires (aucun n’est laissé de côté), dans lequel il se déguise, chante, combat en armure, se fait hypnotiser, compte fleurette en se prenant pour Errol Flynn (beaucoup de références aux Aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley), bondit de toit en toit, jongle avec les mots, tout cela en gardant le sourire et en faisant quelques sourires complices aux spectateurs. Près de soixante-dix ans après sa sortie, Le Bouffon du roi, film devenu rare, reste un modèle de comédie pastiche.

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