Test DVD / Geneviève de Brabant, réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda

GENEVIÈVE DE BRABANT (Genoveffa di Brabante) réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda, disponible en DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.

Acteurs : María José Alfonso, Alberto Lupo, Stephen Forsyth, Beni Deus, Rosita Yarza, Andrea Bosic, Franco Balducci, Ángela Rhu…

Scénario : Riccardo Freda & José Luis Monter

Photographie : Julio Ortas & Stelvio Massi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Au XIIe siècle, le comte Siegfried s’éprend de Geneviève de Brabant et l’épouse. Lorsqu’il doit partir à la guerre au service de son roi, Geneviève se retrouve face à l’intendant félon Golo à la cruauté sans bornes.

Quand on lui parle de Riccardo Freda (1909-1999), l’amateur de cinéma d’exploitation italien a ses yeux qui s’illuminent. Si son premier métier était sculpteur, sa passion pour le septième art l’amène un peu par hasard à réaliser son premier film, le bien connu Don Cesera Di Bazan (1942). Après ce premier coup d’essai, le réalisateur se spécialise rapidement dans le film d’aventure et le genre cape et d’épée. Vaniteux, ne mâchant pas ses mots, il affirmera toute sa vie n’avoir fait du cinéma que pour l’argent, tout en critiquant ses « camarades » qu’il côtoyait à l’époque, y compris Roberto Rossellini. Même s’il est indéniable que le bonhomme était on ne peut plus aigri et imbu de sa personne, allant même jusqu’à déclarer qu’il était une « exception » en tant que cinéaste, on ne pourra jamais lui reprocher d’avoir chômé ou d’être allé à la facilité tout au long de sa prolifique carrière qui comptera plus de quarante films. On peut ainsi citer en vrac son adaptation des Misérables, connue en France sous le titre de L’Évadé du bagne (1948), Le Fils de d’Artagnan – Il Figlio di d’Artagnan (1949), auquel Bertrand Tavernier rendra hommage en écrivant La Fille de d’Artagnan (1994) que Riccardo Freda devait d’ailleurs mettre en scène lui-même, un Spartacus en 1953, Le Château des amants maudits (1956), inspiré de l’histoire de Beatrice Cenci, Les Vampires – I Vampiri (1957), qui sera finalement repris en main et terminé par Mario Bava, le cultissime L’Effroyable Secret du docteur Hichcock – L’Orribile segreto del Dr. Hichcock (1962). Retracer la filmographie de Riccardo Freda, c’est suivre les grandes étapes du cinéma italien d’exploitation, puisque le réalisateur touchera aussi bien au péplum qu’au giallo, au mélodrame, au film d’épouvante, allant même jusqu’à anticiper le poliziottesco dix ans avant son explosion avec Chasse à la drogue en 1961. Le film d’aventure tient aussi une belle place dans son œuvre. Outre Sept épées pour le roi – Le Sette spade del vendicatore (1962), qui n’est autre que le remake de Don Cesera di Bazan et L’Aigle de Florence – Il Magnifico avventuriero (1963), Riccardo Freda met les bouchées doubles en 1964 et met en scène sa version de Roméo et Juliette et celle des Deux orphelines. Parallèlement, il écrit le film Geneviève de Brabant, inspiré par la biographie de l’héroïne légendaire et populaire du Moyen Âge, Geneviève de Brabant donc, présente dans l’ouvrage La Légende dorée écrit par Jacques de Voragine, qui inspirera les écrivains, les peintres, les dramaturges, les compositeurs et les cinéastes puisqu’il s’agit ici du sixième film centré sur ce personnage. S’il est souvent indiqué que seul le réalisateur José Luis Monter est aux commandes, Riccardo Freda y a bel et bien participé en tant que metteur en scène. Et en voyant le film (inédit en France), force est de constater que l’on retrouve non seulement son style au niveau du scénario, mais aussi et surtout à l’écran avec des affrontements pleins de panache (le film démarre d’emblée par un fracas de lames croisées), une caractérisation spécifique et personnelle des personnages, ainsi que le souffle épique qui a souvent marqué les opus du cinéaste transalpin. Il en résulte un divertissement de haute volée, excellemment réalisé et interprété, qui vaut le coup d’oeil pour ses beaux décors, ses rebondissements multiples, ses dialogues très soignés et ses combats très bien chorégraphiés.

Continuer la lecture de « Test DVD / Geneviève de Brabant, réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda »

Test Blu-ray / Fanfan la Tulipe, réalisé par Christian-Jaque

FANFAN LA TULIPE réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Gérard Philipe, Gina Lollobrigida, Marcel Herrand, Olivier Hussenot, Noël Roquevert, Henri Rollan, Nerio Bernardi, Jean-Marc Tennberg, Jean Paredes, Geneviève Page, Sylvie Pelayo…

Scénario : René Fallet, René Wheeler, Christian-Jaque & Henri Jeanson

Photographie : Christian Matras

Musique : Maurice Thiriet & Georges Van Parys

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Le sergent recruteur “La franchise” sillonnait la Normandie accompagné de sa fille, la belle Adeline, afin de recruter de nouveaux soldats prêts à aller mourir sur les champs de bataille du roi Louis XV. La tâche s’avérant de plus en plus difficile, ce racoleur avait mis au point un fin stratagème. Adeline, déguisée en bohémienne, arrêtait d’un sourire les garçons et lisait dans leur main une incroyable destinée : ils seraient les meilleurs soldats du royaume et épouseraient l’une des filles du roi. Fanfan la Tulipe, un jeune coq de village, passa par là…

Quelle fougue ! Quel panache ! Quasiment 70 ans après sa sortie, Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque, à ne pas confondre avec La Tulipe Noire (1963) du même réalisateur, n’a pas pris une seule ride et demeure LA référence du film d’aventure français, où la cape et l’épée s’entremêlent pour le plus grand plaisir des spectateurs, alors happés par le charme dévastateur, la jeunesse, l’érotisme et la frénésie du couple Gérard Philipe – Gina Lollobrigida. Gigantesque succès international, qui avait attiré près de sept millions de spectateurs en France, qui s’inscrivait alors sur la troisième marche du podium au box office en 1952 derrière les 12,8 millions d’entrées du Petit Monde de Don Camillo et les 8,1 millions de l’opérette Violettes impériales, Fanfan la Tulipe a su mieux traverser la seconde moitié du XXe siècle et le premier quart de ce XXIe siècle grâce à la plume acérée, follement moderne et furieusement poétique de l’immense Henri Jeanson, dont on reconnaît le talent à chaque réplique et ce dès l’incroyable, dantesque et ironique introduction en voix-off. Si le scénario est finalement signé René Fallet (Le Triporteur, Les Vieux de la vieille, Un idiot à Paris, La Soupe aux choux) et René Wheeler (La Cage aux rossignols, Jour de fête, Du rififi chez les hommes), l’âme de Henri Jenson traverse et imprègne Fanfan la Tulipe du début à la fin, tandis que la mise en scène étourdissante de Christian-Jaque, récompensée au Festival de Cannes et par l’Ours d’argent au Festival de Berlin, se révèle être un véritable typhon qui emporte tout sur son passage. Chef d’oeuvre absolu du cinéma français, inoubliable, inaltérable et intemporel.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Fanfan la Tulipe, réalisé par Christian-Jaque »

Test Blu-ray / Le Bouffon du roi, réalisé par Melvin Frank & Norman Panama

LE BOUFFON DU ROI (The Court Jester) réalisé par Melvin Frank & Norman Panama, disponible en Blu-ray le 3 février 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Danny Kaye, Glynis Johns, Basil Rathbone, Angela Lansbury, Cecil Parker, Mildred Natwick, Robert Middleton, Michael Pate…

Scénario : Melvin Frank & Norman Panama

Photographie : Ray June

Musique : Walter Scharf & Vic Schoen

Durée : 1h41

Année de sortie : 1955

LE FILM

Au Moyen Age, Roderick, ignoble félon, a usurpé le trône d’Angleterre et règne en tyran sur le pays. Le véritable héritier, qui n’est encore qu’un bébé, porte sur les fesses la marque tatouée de son lignage. Une bande de rebelles veille sur le prince et attend son heure pour passer le pouvoir au légitime héritier de la couronne. Le vaillant «Renard noir», chef des nobles brigands, garantit de sa vie l’avenir de l’enfant. Un de ses fidèles parvient à se faire passer pour un bouffon italien à la cour de Roderick et se charge de glaner tous les renseignements utiles aux rebelles. Un complot se prépare pour démasquer le tyran et mettre fin à son règne…

En France, de nombreux cinéphiles semblent avoir Danny Kaye (1911-1987), comédien, danseur et chanteur américain, qui aura fait les beaux jours de l’âge d’or hollywoodien, à travers de grands spectacles, dont les plus célèbres demeurent La Vie secrète de Walter MittyThe Secret Life of Walter Mitty (1947) de Norman Z. McLeod, d’après la nouvelle de James Thurber, qui avait connu un très bon remake réalisé en 2013 par Ben Stiller, ainsi que le hit de sa filmographie, Noël blanc White Christmas (1954) de Michael Curtiz, où il fait face à Bing Crosby. Rétrospectivement, Danny Kaye a finalement peu tourné, un peu plus d’une quinzaine de films en 25 ans, mais la popularité, le talent et le charisme de cet homme-orchestre étaient gigantesques, dépassaient les frontières et avaient même donné envie à notre Pierre Richard national de devenir acteur. Si l’on peut citer en vrac Un fou s’en va-t-en guerre Up in Arms (1944) d’Elliott Nugent, Le Laitier de BrooklynThe Kid from Brooklyn (1946), Si bémol et Fa dièse A Song Is Born (1948) de Howard Hawks, Vive monsieur le maire The Inspector General (1949) d’Henry Koster, les deux collaborations de Danny Kaye avec le tandem Melvin Frank et Norman Panama se distinguent. Deux ans après Un grain de folieKnock on Wood (1954), le comédien et les réalisateurs (également scénaristes et producteurs) se retrouvent pour Le Bouffon du roi The Court Jester, parodie de film de cape et d’épée, non seulement très drôle encore aujourd’hui, mais fabuleusement mise en scène, photographiée et interprétée par des acteurs survoltés. Dans cette histoire de royaume volé, Danny Kaye trône en maître sur une formidable distribution composée de Glynis Johns, Basil Rathbone, Angela Lansbury et John Carradine. L’acteur principal se livre à un one-man show dantesque, sans jamais tirer la couverture à ses partenaires (aucun n’est laissé de côté), dans lequel il se déguise, chante, combat en armure, se fait hypnotiser, compte fleurette en se prenant pour Errol Flynn (beaucoup de références aux Aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley), bondit de toit en toit, jongle avec les mots, tout cela en gardant le sourire et en faisant quelques sourires complices aux spectateurs. Près de soixante-dix ans après sa sortie, Le Bouffon du roi, film devenu rare, reste un modèle de comédie pastiche.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Bouffon du roi, réalisé par Melvin Frank & Norman Panama »

Test Blu-ray / Californie en flammes, réalisé par Lew Landers

CALIFORNIE EN FLAMMES (California Conquest) réalisé par Lew Landers, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Cornel Wilde, Teresa Wright, Alfonso Bedoya, Lisa Ferraday, Eugene Iglesias, John Dehner, Ivan Lebedeff, Tito Renaldo…

Scénario : Robert E. Kent

Photographie : Ellis W. Carter

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Les Californiens, alors sous contrôle espagnol, repoussent une tentative des Russes pour s’emparer de leur territoire.

C’est un tout petit western. On pourrait même dire qu’il s’agit aussi d’un film de cape et d’épée en fait, un petit divertissement sans aucune prétention et destiné uniquement à convier les spectateurs à quelques aventures sympathiques pour leur faire oublier les difficultés du quotidien, tout en permettant à la Columbia de se faire au passage un maximum de billets verts. Soyons clairs, Californie en flammesCalifornia Conquest (1952) ne reste pas et ne demeurera jamais dans les mémoires après la projection, mais s’avère une curiosité amusante, dans le sens où l’Histoire est triturée à souhait, malaxée, digérée et réinterprétée dans un but dramatique qui préfère miser sur l’efficacité plutôt que sur la réflexion. De ce point de vue-là, Californie en flammes se révèle être une récréation qui passe très vite et durant laquelle le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Californie en flammes, réalisé par Lew Landers »

Test Blu-ray / La Vengeance de Siegfried, réalisé par Harald Reinl

LA VENGEANCE DE SIEGFRIED (Die Nibelungen) réalisé par Harald Reinl, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 5 janvier 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Uwe Beyer, Karin Dor, Rolf Henniger, Siegfried Wischnewski, Maria Marlow, Hans von Borsody, Terence Hill, Herbert Lom, Fred Williams, Dieter Eppler…

Scénario : Harald G. Petersson, Harald Reinl & Ladislas Fodor

Photographie : Ernst W. Kalinke

Musique : Rolf A. Wilhelm

Durée : 2h42

Année de sortie : 1966

LE FILM

Terminant son initiation chez le nain Mime, Siegfried se forge une épée, et va tuer le dragon Fafnir, se baignant alors dans son sang pour acquérir l’invincibilité. Mais une feuille de frêne se colle sur son dos, lui laissant une partie vulnérable. Il se rend ensuite à la cour des Nibelungen, chez le roi Gunther, où il va tomber amoureux de la belle Krimhilde, la sœur du roi. Ce dernier devant repousser une attaque des Saxons, Siegfried va lui prêter main forte. Ses exploits l’amèneront au statut immortel de héros.

Certains cinéphiles pointus connaissent le diptyque de Fritz Lang réalisé en 1924, La Mort de Siegfried, suivi de La Vengeance de Kriemhilde, inspiré par le mythe allemand des Nibelungen. Une fresque de six heures qui demeure la grande référence sur le sujet. Néanmoins, dans les années 1960, le cinéma allemand décide de revenir à cette légende, la légendaire Chanson des Nibelungen, épopée médiévale composée au XIIIe siècle, narrant entre autres la construction de l’Allemagne. Sur une durée de près de trois heures, pensé en deux actes bien distincts, La Vengeance de Siegfried Die Nibelungen est pour ainsi dire un véritable blockbuster, magistralement réalisé par Harald Reinl (1908-1986), réalisateur mythique, prolifique et éclectique (tous les genres et sous-genres sont représentés dans sa filmographie), passé à la postérité avec Le Retour du docteur MabuseIm Stahlnetz des Dr. Mabuse (1961) et L’Invisible docteur MabuseDie unsichtbaren Krallen des Dr. Mabuse (1962), ainsi que la célèbre série des Winnetou avec Pierre Brice dont il réalisera cinq épisodes, y compris les trois premiers qui populariseront la franchise qui sera constituée au final de douze longs-métrages, une série et un téléfilm. Également l’un des fondateurs du Krimi, autrement dit du polar allemand qui commençait à fleurir dans les salles, Harald Reinl se voit confier cette énorme coproduction germano-yougo-hispano-islandaise, La Vengeance de Siegfried, Première partie : La Mort de Siegfried – Die Nibelungen, Teil 1: Siegfried et La Vengeance de Siegfried, Deuxième partie : La Vengeance de Kriemhild – Die Nibelungen, Teil 2: Kriemhilds Rache. Immense spectacle, bourré de magie, de combats, d’émotions, de conspirations, La Vengeance de Siegfried n’a pas pris de rides et reste toujours aussi efficace et très beau à regarder.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Vengeance de Siegfried, réalisé par Harald Reinl »

Test DVD / Le Chevalier du château maudit, réalisé par Mario Costa

LE CHEVALIER DU CHÂTEAU MAUDIT (Il Cavaliere del castello maledetto) réalisé par Mario Costa, disponible en DVD le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Massimo Serato, Irène Tunc, Luisella Boni, Pierre Cressoy, Livio Lorenzon, Maria Sima, Carlo Tamberlani, Aldo Bufi Landi…

Scénario : Sergio Corbucci, Piero Vivarelli

Photographie : Augusto Tiezzi

Musique : Michele Cozzoli

Durée : 1h19

Année de sortie : 1959

LE FILM

Le perfide Ugo de Collefeltro a fait jeter en prison son oncle le duc Olivero et pris sa place sur le trône de Valgrado. Devant l’oppression subie, les gens du pays déplorent la disparition de leur ancien maître. Quand Isabelle, la fille du duc, revient au château, elle est demandée en mariage par son cousin Ugo. Elle fait alors connaissance avec le mystérieux Chevalier Noir, qui défend les paysans contre le tyran.

Dans les années 1950, le film de cape et d’épée est un des genres prisés par les spectateurs, notamment en France avec des titres emblématiques comme Fanfan la tulipe (1952), Les Trois Mousquetaires (1953) version André Hunebelle, La Tour, prends garde ! (1957), Le Bossu (1959), Le Capitan (1960) et bien d’autres. Ce que l’on sait moins, c’est que même l’Italie s’est également essayée au genre, à l’instar du mythique Riccardo Freda, qui avait d’ailleurs fait ses débuts derrière la caméra avec Don César de BazanDon Cesare di Bazan (1942). Totalement inconnu en France, le cinéaste Mario Costa aura signé par loin de 40 longs-métrages depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’au début des années 1970. Prolifique et surtout éclectique, le réalisateur aura abordé le drame et la comédie-musicale dans la première partie de sa carrière, avant de bifurquer vers le film d’aventure. Le Chevalier du château mauditIl cavaliere del castello maledetto (1959) est comme qui dirait son premier coup d’essai du genre, qui sera suivi Prisonnier de la tourI Reali di Francia (1959), La Reine des piratesLa Venere dei pirati (1960), La Bataille de CorintheIl conquistatore di Corinto (1961), Gordon, chevalier des mersGordon, il pirata nero (1961), Le Retour du fils du SheikIl figlio dello sceicco (1962) et Les Cavaliers de la terreurIl terrore dei mantelli rossi (1963). Mais pour l’heure, Le Chevalier du château maudit demeure un divertissement classique et désuet, mais bourré de charme avec ses décors intérieurs confectionnés en carton-pâte, ses costumes approximatifs, ses batailles molles et ses comédiens qui en font souvent des caisses. Un film de chevalerie transalpin très premier degré, coécrit par le légendaire Sergio Corbucci, une curiosité doublée d’un bon moment de cinéma à l’ancienne, entre amours et intrigues, le tout enrobé d’embuscades et de duels.

Continuer la lecture de « Test DVD / Le Chevalier du château maudit, réalisé par Mario Costa »

Test Blu-ray / Cartouche, réalisé par Philippe de Broca

CARTOUCHE réalisé par Philippe de Broca, disponible en combo Blu-ray/DVD le 6 novembre 2019 chez Studiocanal

Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Claudia Cardinale, Jess Hahn, Marcel Dalio, Jean Rochefort, Philippe Lemaire, Noël Roquevert, Odile Versois, Paul Préboist…

Scénario : Marcel Boulanger, Philippe de Broca, Charles Spaak

Photographie : Christian Matras

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Révolté par la tyrannie de Malichot, le chef de la truanderie, un jeune et habile voleur nommé Dominique brave son autorité. Il sauve sa vie en s’engageant, sous le nom de Cartouche, dans l’armée, où il se lie d’amitié avec La Taupe et La Douceur. Mais les aléas de la gloire militaire conviennent mal au trio qui déserte après s’être emparé de la solde du régiment. Revenu au repaire de Malichot en compagnie d’une charmante bohémienne appelée Vénus, Dominique distribue son butin aux truands qui aussitôt l’acceptent comme chef…

Amuse-toi, ça empêche de mourir !

A la sortie de Cartouche en mars 1962, Jean-Paul Belmondo n’a que 28 ans. Depuis son explosion dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard deux ans auparavant, le jeune comédien aura enchaîné près d’une quinzaine de longs métrages et non des moindres, avec des réalisateurs aussi illustres que Henri Verneuil (La Française et l’Amour), Vittorio De Sica (La Ciociara), Alberto Lattuada (La Novice), Mauro Bolognini (Le Mauvais chemin La Viaccia) et Jean-Pierre Melville (Léon Morin, prêtre, Le Doulos). Belmondo n’est pas encore Bebel, mais va le devenir avec Cartouche, dans lequel il incarne pour la première fois à l’écran un personnage haut en couleur, charmeur, aussi à l’aise à cheval qu’à l’escrime, tout en cramponnant la taille de sa ravissante partenaire. Cette mutation, on la doit à Philippe de Broca (1933-2004). S’il doit annuler son projet d’adaptation des Trois Mousquetaires (avec Sophia Loren en Milady) en raison du projet similaire et déjà en production du réalisateur Bernard Borderie avec Gérard Barray, le cinéaste obtient l’accord du producteur Alexandre Mnouchkine pour transposer une histoire moins célèbre, celle de Louis Dominique Garthausen (1693-1721), dit Cartouche, brigand et chef de bande ayant sévi dans les rues de Paris, durant la Régence de Philippe d’Orléans. Philippe de Broca se sent alors plus libre et peut enfin montrer ce qu’il a sous le capot avec ce quatrième long métrage. Merveilleusement mis en scène, d’une suprême élégance, drôle, captivant et bouleversant, Cartouche est et demeure l’une des références absolues du film d’aventures hexagonal.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Cartouche, réalisé par Philippe de Broca »

Test DVD / Zorro, réalisé par Duccio Tessari

ZORRO réalisé par Duccio Tessari, disponible en DVD depuis le 21 octobre 2014 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Alain Delon, Ottavia Piccolo, Enzo Cerusico, Moustache, Giacomo Rossi-Stuart, Giampiero Albertini…

Scénario : Giorgio Arlorio

Photographie : Giulio Albonico

Musique : Guido De Angelis, Maurizio De Angelis

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Son ami Miguel assassiné, Don Diego de la Vega se jure de le venger. Sous son identité, il prend les fonctions de gouverneur du Nouvel Aragon, une province que le despotique Colonel Huerta rançonne, éliminant tous ses opposants et régnant par la terreur. Si Don Diego joue les aristocrates frivoles et poltrons pour mieux tromper l’ennemi, c’est pour mieux l’affronter derrière le masque de Zorro, un cavalier qui, surgissant de nulle part, ridiculise l’armée et pousse les paysans à la révolte. Rusé, Don Diego propose même à Huerta de servir d’appât dans le piège que celui-ci tend à l’insaisissable justicier…

Zorro, l’esprit du renard noir, l’immortel, le vengeur invulnérable. Créé en 1919 par Johnston McCulley, le justicier masqué vêtu de noir qui combat l’injustice et défend la veuve et l’orphelin a inspiré moult romans, séries télévisées, bandes dessinées, jeux et évidemment des films dont ce formidable Zorro réalisé par Duccio Tessari en 1975 avec Alain Delon dans le rôle-titre. Coproduit par le comédien, désireux de toucher un public familial loin de ses films policiers et drames habituels, tourné en Espagne avec une équipe essentiellement italienne, Zorro demeure un des plus grands succès populaires d’Alain Delon. Véritable triomphe avec plus de 56 millions d’entrées dans le monde, Zorro remplit les salles, enregistre des records d’affluence en Chine où il sera parmi les premiers films occidentaux diffusés au moment de l’ouverture du pays.

Continuer la lecture de « Test DVD / Zorro, réalisé par Duccio Tessari »

Test Blu-ray / Guillaume Tell, réalisé par Michel Dickoff & Karl Hartl

GUILLAUME TELL (Wilhelm Tell) réalisé par Michel Dickoff & Karl Hartl, disponible le 23 avril 2019 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Robert Freitag, Alfred Schlageter, Heinz Woester, Hannes Schmidhauser, Leopold Biberti, Maria Becker, Georges Weiss, Zarli Carigiet, Birke Bruck…

Scénario : Max Frisch, Michel Dickoff, Karl Hartl, Luise Kaelin, Friedrich Schiller, Hannes Schmidhauser

Photographie : Hans Schneeberger

Musique : Hans Haug

Durée : 1h36

Année de sortie : 1961

LE FILM

À la fin du XIIIème siècle, le bailli Gessler, aux ordres des Habsbourg et du Saint Empire Romain Germanique, impose sa tyrannie aux habitants des cantons de Schwyz et Uri. Les paysans doivent payer de plus en plus d’impôts et subir les humiliations des gardes. Guillaume Tell va prendre la tête de la révolte et libérer le peuple du joug des oppresseurs.

Une superproduction suisse ça existe ? Bah oui ! Au-delà des Alpes, la légende de Guillaume Tell se perpétue à travers les arts depuis la fin du Moyen Age. La littérature, la peinture, l’opéra (Rossini), le théâtre puis le cinéma (Georges Méliès s’en était déjà inspiré en 1898) se sont emparés du célèbre arbalétrier, souvent relégué au second plan comme un ersatz de Robin des Bois auquel on ne peut évidemment s’empêcher de penser, aussi bien dans sa représentation que dans la mission qu’il s’est donnée. Guillaume Tell aka Wilhelm Tell en allemand, est considéré comme le film le plus fidèle à l’histoire du héros des mythes fondateurs de la Suisse, même si son authenticité demeure controversée. N’attendez évidemment pas une reconstitution historique, mais une fort sympathique illustration du folklore qui a nourri cette icône devenue mondialement célèbre.

Deux réalisateurs sont à la tête de Guillaume Tell, Michel Dickoff et Karl Hartl. S’il s’agit pour le premier de sa quasi-unique incursion dans le monde du cinéma, le second aura oeuvré en tant que metteur en scène et scénariste sur une trentaine de longs métrages, dont les plus célèbres restent probablement On a arrêté Sherlock Holmes en 1937 et un biopic sur Mozart, où Oskar Werner interprétait le compositeur en 1955. Sur Guillaume Tell, il est surtout crédité en tant que superviseur, même s’il est évident qu’il a également mis la main à la pâte pour toutes les séquences qui nécessitaient des effets visuels directs, comme sur les scènes de tempête. Tourné dans de splendides paysages naturels, Guillaume Tell est un film à mi-chemin entre la naïveté à la Sissi et l’aventure en collant des films de cape et d’épée qui fleurissaient en Europe, avec une petite touche paillarde puisque les hommes y ripaillent autant qu’ils se gaussent.

Les deux cinéastes exposent d’emblée les lieux de l’action et chaque plan s’apparente à des cartes postales avec un ciel bleu azur, des étendues d’herbe à perte de vue, des montages au sommet enneigé, des cours d’eau luminescente. Nous noterons également le soin apporté aux costumes, même s’ils paraissent évidemment trop propres et brillants, tout comme les cheveux des comédiens qui semblent avoir été passés à la brillantine avant chaque prise. Il n’empêche que ce Guillaume Tell n’a rien perdu de son souffle et reste un divertissement bien mené. Certaines séquences étonnent par leur violence, toutes proportions gardées puisque les actes n’apparaissent pas à l’écran, mais suffisamment suggérées pour qu’elles fassent leur effet comme la tentative de viol en début de film, le meurtre à la hache et plus tard le vieil homme qui se fait passer les yeux au fer rouge.

Finalement, le personnage de Guillaume Tell, interprété ici par un certain Robert Freitag, vu dans La Grande évasion de John Sturges, n’apparaît pas tant que ça sur près d’1h40, d’ailleurs il faut attendre près de 25 minutes pour qu’il fasse sa première apparition à l’écran. Certes, les passages obligés sont présents, dont celui de la pomme posée sur la tête du fils du héros alors condamné à tirer un carreau d’arbalète dans le fruit sous peine d’être tué avec sa progéniture, mais les deux cinéastes ont surtout voulu broder autour, en mettant en relief le soulèvement du peuple et sa cause. Les archétypes sont présents avec la femme attendant son mari au chalet avec ses deux enfants, et surtout le suintant ennemi prêt à tout pour étendre son pouvoir au détriment de la liberté et du bien-être des habitants.

On suit donc volontiers les aventures de ce Guillaume Tell, héros légendaire qui s’en va défendre le peuple de l’oppression des Habsbourg, et contribuer à la naissance de la Confédération Helvétique avec le pacte du Grütli.

LE BLU-RAY

Artus Films a mis les petits plats dans les grands pour Guillaume Tell, film alors complètement oublié ! Autant dire que le pari est osé de proposer l’oeuvre de Michel Dickoff et Karl Hartl dans une édition Mediabook, qui se compose du Blu-ray et du DVD, ainsi que d’un livre de 80 pages (Guillaume Tell, de l’Histoire à la légende) rédigé par David L’Epée. Vous y trouverez de fabuleux visuels, photos et affiches, mais aussi et surtout un retour exhaustif sur le contexte historique de la légende de Guillaume Tell, un entretien avec Félicien Monnier (juriste et capitaine de l’armée suisse), et tout un tas de sous-parties très détaillées sur la Suisse primitive des Waldstätten, les Habsbourg et leurs baillis, le pacte de 1291, mais aussi Guillaume Tell dans la littérature et au cinéma. Un supplément de choix et érudit. Le menu principal des disques est fixe et musical.

En ce qui concerne les bonus vidéo, nous trouvons un montage constitué d’images de tournage. Si elle ne dépasse pas les 90 secondes, il s’agit d’un petit trésor puisqu’on y voit comment l’équipe s’y prenait pour créer les scènes de tempête !

L’éditeur joint également un diaporama, ainsi que les bandes-annonces anglaise et allemande.

L’Image et le son

Le catalogue d’Artus Films s’enrichit ainsi avec cette édition de Guillaume Tell, présentée sous le blason « Histoire & légendes d’Europe » et qui se revêt d’un très beau master HD restauré. La photo et les partis pris esthétiques originaux sont superbement conservés, les contrastes certes un peu légers, mais les couleurs pastelles sont resplendissantes et lumineuses (explosions des teintes bleues, rouges et vertes), avec un générique qui affiche d’emblée une stabilité bienvenue. La définition ne déçoit jamais (à part un ou deux plans et des décrochages sur les fondus enchaînés), les poussières n’ont pas survécu au lifting numérique, les scènes sombres et nocturnes (aux noirs un peu bleutés) sont logées à la même enseigne que les séquences diurnes, la profondeur de champ est appréciable, le grain cinéma est conservé, et le piqué demeure vraiment agréable. Notons que les credits sont en français et que les sous-titres ne sont pas imposés.

L’éditeur nous propose ici seulement les versions suisse-allemande et française. Les mixages s’avèrent propres, dynamiques, et restituent solidement les voix, fluides, sans souffle. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas avec d’impressionnantes envolées musicales sur la piste originale, qui comprend tout de même de sensibles craquements, mais rien de bien méchant. Si les effets semblent parfois artificiels, la piste suisse-allemande est plus riche que la version française, plus pincée. Un petit salut amical à Patrick Lang, qui s’est occupé ici de la traduction allemande !

Crédits images : © Artus Films / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Tulipe Noire, réalisé par Christian-Jaque

LA TULIPE NOIRE réalisé par Christian-Jaque, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 décembre 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Alain Delon, Virna Lisi, Adolfo Marsillach, Dawn Addams, Akim Tamiroff, Robert Manuel, Francis Blanche, Laura Valenzuela, Georges Rigaud…

Scénario : Paul Andréota, Christian-Jaque, Henri Jeanson d’après le roman “La Tulipe Noire” d’Alexandre Dumas père

Photographie : Henri Decaë

Musique : Gérard Calvi

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Juin 1789, quelques jours avant la prise de la Bastille, les nobles sont attaqués par un mystérieux cavalier qui signe ses exploits en laissant derrière lui une tulipe noire. Ce justicier masqué n’est autre que Julien de Saint Preux, jeune, ardent et passionné qui sacrifierait sa vie pour que triomphent ses idées de liberté…

Jeune premier dans Christine (1958) de Pierre Gaspard-Huit aux côtés de Romy Schneider, ainsi que dans Faibles femmes et Le Chemin des écoliers mis en scène par Michel Boisrond en 1959, Alain Delon explose aux yeux du monde dans Plein soleil de René Clément en 1960. Plus rien ne s’arrêtera après pour le comédien âgé seulement de 25 ans. Très vite repéré par les maîtres italiens du cinéma, Alain Delon enchaîne coup sur coup Rocco et ses frères de Luchino Visconti et L’Eclipse de Michelangelo Antonioni. En 1963, les triomphes publics de Mélodie en sous-sol d’Henri Verneuil et Le Guépard de Visconti consolident sa place convoitée au box-office et dans le coeur des spectateurs. Un autre triomphe populaire arrive pour Alain Delon en février 1964, celui de La Tulipe Noire, réalisé par Christian-Jaque. Grand champion des rediffusions télévisées, il a d’ailleurs détenu le record jusqu’en 2013, ce film de cape et d’épée – qui n’emprunte au roman éponyme d’Alexandre Dumas père que son titre – vaut autant pour le spectacle toujours garanti et d’une immense beauté plastique, que pour le jeu virevoltant d’Alain Delon dans un double-rôle.

À la veille de la Révolution française, dans le Roussillon, le chef de la police La Mouche traque son insaisissable adversaire, sans parvenir à l’arrêter. Masqué d’un ruban et surnommé « la Tulipe noire », un jeune aristocrate s’en prend aux nobles de la région en les dépouillant de leur fortune. Lors d’une altercation avec la police, il est marqué au visage d’un coup d’épée. Ne pouvant plus assurer son anonymat, il demande à son frère jumeau Julien, son parfait sosie, de prendre le relais.

Plus d’une vingtaine de diffusions sur le petit écran, cela veut bien dire que les français restent attachés à La Tulipe Noire, l’un des rares films où Alain Delon fait réellement preuve de fantaisie, capable de se battre à l’épée avec son ennemi tout en souriant à la caméra et en attirant la magnifique Virna Lisi vers lui pour l’embrasser. Certes, le comédien n’a pas le panache d’un Jean Marais ou d’un Errol Flynn, mais il s’en sort très bien et se révèle particulièrement à l’aise dans le maniement des armes blanches, ainsi que dans les cascades. De l’autre côté de la caméra, on trouve le prolifique – 59 longs métrages à son actif de 1932 à 1977 – Christian Maudet alias Christian-Jaque (1904-1994). Sur un scénario coécrit avec le mythique Henri Jeanson, le cinéaste signe ici l’un de ses films les plus aboutis sur la forme. La Tulipe Noire est par ailleurs le premier long métrage français (une coproduction franco-italiano-espagnole en fait) tourné au format 65mm (ratio 2,20:1) et projeté en 70mm dans les salles équipées. Le cadre large et la photographie en Eastmancolor du chef opérateur Henri Decaë sont dingues de beauté, tout comme celle des costumes et des décors naturels espagnols. Qui plus est, les effets spéciaux permettant de dédoubler Alain Delon à l’écran sont incroyablement réussis pour l’époque, notamment les plans où Guillaume passe derrière Julien alors assis sur une chaise. Même si l’on imagine très bien comment cette prouesse technique a été réalisée, le résultat à l’écran est franchement bluffant.

Mais soyons honnêtes, La Tulipe Noire n’atteint jamais la réussite de Fanfan la Tulipe, autre très grand succès du même réalisateur sorti en 1952, avec Gérard Philipe dans le rôle-titre. Si les dialogues sont parfois très amusants et modernes, la légèreté d’ensemble prend le pas sur tout le reste, y compris sur la tension des scènes pourtant violentes et dramatiques. C’est le cas par exemple de la pendaison dans la dernière partie, dont on se moque ouvertement en raison de son ton décalé, alors qu’il s’agit bel et bien de la mise à mort d’un des personnages principaux ! Les séquences s’enchaînent sur un rythme soutenu, les images sont soignées, les acteurs s’amusent, Francis Blanche évidemment, mais également Alain Delon lui-même lorsqu’il campe Julien, le frère de La Tulipe Noire, avec ingéniosité, tout le contraire de Guillaume, brigand, cynique et anarchiste. Nous ne sommes pas loin de sa composition du Don Diego de la Vega efféminé dans le génial Zorro réalisé par Duccio Tessari en 1975 !

Voir Alain Delon loin de sa « crispation » habituelle vaut donc le déplacement et La Tulipe Noire a su conserver un charme pétillant, comme la composition du grand Gérard Calvi, qui traverse les années sans véritable dommage.

LE BLU-RAY

La Tulipe Noire était auparavant disponible chez René Chateau en édition double DVD. Désormais chez TF1 Studio, le film de Christian-Jaque arrive en Blu-ray. Ce combo contient l’édition HD et le DVD. Le menu principal est animé et musical.

Afin de remettre La Tulipe Noire dans son contexte et dans la carrière d’Alain Delon, TF1 Studio a fait appel à l’excellent Olivier Rajchman (journaliste, auteur de l’ouvrage Delon/Belmondo : L’Etoffe des héros, Broché, 2010) et Denise Morlot (scripte du film). Ce document de 18 minutes propose un retour complet sur la genèse de La Tulipe Noire, sur les étapes de la carrière du réalisateur, sur le scénario d’Henri Jeanson, ainsi que sur la coproduction entre la France, l’Espagne et l’Italie. La Tulipe Noire était en effet un film très cher, tourné en 70mm, nécessitant un budget conséquent pour les costumes et les décors. Le casting est passé au peigne fin, tout comme la chorégraphie des combats à l’épée et les effets spéciaux qui permettaient de dédoubler Alain Delon à l’écran.

Le module Autour de La Tulipe Noire (31’), compile les propos (enregistrés en 2004) de Michel Wyn, assistant de Christian-Jaque sur le film, et du célèbre maître d’armes et responsable des cascades Claude Carliez (disparu en 2015 à l’âge de 90 ans). Blindé d’anecdotes de tournage (y compris sur les effets spéciaux), ne manquez pas ces entretiens drôles et passionnants sur la production de La Tulipe Noire. Vous y apprendrez entre autres pourquoi Alain Delon et Francis Blanche ont été mis en prison en Espagne !

Cette section se clôt sur un descriptif exhaustif de la restauration de La Tulipe Noire par le laboratoire Ariane en ce qui concerne l’image, et L.E. Diapason pour le son (5’).

L’Image et le son

La Tulipe Noire est le premier film français tourné en 65mm selon le procédé Super panorama 70 avec la caméra MCS 70 (Modern Cinema System) sur pellicule Eastmancolor. Le négatif original était donc en 65mm à 5 perforations (le 35mm traditionnel en possède quatre) pour un format image original de 2.20. La restauration a commencé par de traditionnels travaux mécaniques, avec chaque bobine déroulée sur une table 65mm afin d’analyser les défauts physiques et de procéder aux réparations nécessaires (collures, amorces, perforations abîmées) avant le passage sur scan. Un essuyage minutieux a été réalisé sur une « essuyeuse » 65mm à ultra-sons. Cette opération permet de supprimer toutes les petites poussières physiquement déposées sur la pellicule. Les bandes courtes d’étalonnage conservées (rares pour un film de cette époque) ont permis de travailler sur la totalité des plans du film (scan, cadrage, pré-étalonnage) tout en préservant le négatif original. Le négatif 65mm a ensuite été scanné en 6,5K 16 bits, avec un étalonnage et une restauration effectués en 4K par le laboratoire Ariane. Le filtrage automatique a permis de traiter les rayures et les défauts habituels, les tâches et les éclats de gélatine, nettoyés manuellement. La restauration a ensuite été validée par Michel Wyn, assistant de Christian-Jaque. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le master HD de La Tulipe Noire s’inscrit parmi les plus grandes réussites de l’éditeur. Sublime dès l’introduction avec son ciel bleu lumineux, tout comme les yeux de notre cher Alain Delon, l’image laisse pantois. Le piqué est incisif, les contrastes d’une densité inédite, la texture argentique flatteuse et le rendu des matières palpable. Les gros plans sont somptueux et la profondeur de champ impressionnante.

En ce qui concerne le son, le film avait été enregistré selon le procédé Western Electric Sound System et mixé en 6 pistes, avec 5 pistes avant et une arrière. Il s’agissait à l’époque de la plus grande qualité acoustique. Les bandes matrices magnétiques originales du mixage 6 pistes étaient encore accessibles lors de cette restauration. Cependant, plus du tiers de la matière sonore contenue sur les bobines était rendu inutilisable. Les sons manquants proviennent de plusieurs copies d’exploitation 70mm dans des états de conservation divers. Les travaux ont été réalisés par L.E. Diapason. La piste DTS HD Master Audio 5.0 tente de recréer les conditions originales d’exploitation et parvient à spatialiser le spectacle concocté par Christian-Jaque et surtout le travail de son compositeur Gérard Calvi dont la partition est particulièrement endiablée. La spatialisation profite donc essentiellement à la musique, tandis que l’action reste essentiellement frontale. La piste 2.0 est tout autant dynamique avec des dialogues clairs, sans bruit de fond. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr