Test Blu-ray / La Mort remonte à hier soir, réalisé par Duccio Tessari

LA MORT REMONTE À HIER SOIR (La Morte risale a ieri sera) réalisé par Duccio Tessari, disponible le 31 octobre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Raf Vallone, Frank Wolff, Gabriele Tinti, Gillian Bray, Eva Renzi, Gigi Rizzi, Beryl Cunningham, Checco Rissone…

Scénario : Biagio Proietti, Duccio Tessari & Artur Brauner, d’après le roman de Giorgio Scerbanenco

Photographie : Lamberto Caimi

Musique : Gianni Ferrio

Durée : 1h38

Année de sortie : 1970

LE FILM

Un inspecteur de la police enquête sur la disparition d’une jeune femme de 25 ans, fille d’un veuf solitaire. Lorsqu’elle est retrouvée morte, une course contre la montre commence : le policier doit résoudre le crime avant que le père de la jeune femme se fasse justice lui-même…

À l’occasion de la sortie dans les bacs d’Un papillon aux ailes ensanglantées, Zorro et Le Retour de Ringo, nous n’avons eu de cesse de mettre en valeur le travail et le talent du réalisateur Duccio Tessari (1926-1994). Également le metteur en scène du formidable Mort ou vif… de préférence mortVivi o preferibilmente morti, western bourré d’humour avec le fabuleux tandem Giuliano Gemma / Nino Benvenuti, il demeure aussi celui d’un polar sombre et violent avec Alain Delon, Les Grands Fusils, plus connu sous le titre Big Guns (1973). Méconnu et tout aussi percutant, La Mort remonte à hier soir La Morte risale a ieri sera (1970) s’inscrit dans le Poliziottesco et repose sur un scénario virtuose que le cinéaste coécrit avec Biagio Proietti (Le Chat noir de Lucio Fulci, L’Assassin a réservé 9 fauteuils de Giuseppe Bennati), d’après le roman Les Milanais tuent le samediI milanesi ammazzano al sabato de Giorgio Scerbanenco, issu de la saga Duca Lamberti qui comporte quatre enquêtes. Le rôle de ce personnage emblématique de l’autre côté des Alpes est confié à l’excellent et imposant Frank Wolff, acteur américain et caméléon, dont la filmographie se compose d’oeuvres chéries par les cinéphiles comme Milan calibre 9 de Fernando Di Leo, Metello de Mauro Bolognini, La Mort marche en talons hauts de Luciano Ercoli, Le Grand Silence de Sergio Corbucci, Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, Salvatore Giuliano de Francesco Rosi et Tuez-les tous… et revenez seul ! Ammazzali tutti e torna solo d’Enzo G. Castellari. La Mort remonte à hier soir sera l’un de ses derniers films, avant son suicide l’année suivante à l’âge de 43 ans. Foncièrement dépressif, ce qui le poussera à se trancher la gorge pour en finir avec son mal-être, Frank Wolff traîne un spleen évident dans La Morte risale a ieri sera et campe un superbe commissaire Lamberti, vieux briscard aux méthodes anciennes, quelque peu dépassé par les événements, mais qui croit encore en la justice de son pays. L’enquête menée est passionnante du début à la fin, pleine de rebondissement et laisse une belle place à la psychologie des personnages, en particulier celui d’Amanzio Berzaghi, merveilleusement interprété par le légendaire Raf Vallone (L’Empire du Grec, Rosebud, Le Cid, Le Christ interdit), bouleversant. Un très bon cru qui reste longtemps en tête.

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Test Blu-ray / La Guerre des gangs, réalisé par Umberto Lenzi

LA GUERRE DES GANGS (Milano Rovente) réalisé par Umberto Lenzi, disponible le 31 octobre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Antonio Sabàto, Philippe Leroy, Antonio Casagrande, Carla Romanelli, Alessandro Sperli, Franco Fantasia, Tano Cimarosa, Marisa Mell…

Scénario : Franco Enna & Umberto Lenzi, d’après une histoire originale d’Ombretta Lanza

Photographie : Lamberto Caimi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h40

Année de sortie : 1973

LE FILM

Salvatore Cangemi gère un réseau de prostitution à Milan tout en se faisant passer pour un marchand de légumes sans histoire. Quand il refuse une proposition d’un trafiquant français nommé Roger Daverty, c’est toutes les affaires de Cangemi qui risquent de s’écrouler…

Après une année 1972 plus que chargée avec pas moins de trois longs-métrages, Le Tueur à l’orchidée Sette orchidee macchiate di rosso, Au pays de l’exorcisme Il paese del sesso selvaggio et Le Couteau de glace Il coltello di ghiaccio, Umberto Lenzi ralentit un peu la cadence, mais continue dans le genre thriller avec La Guerre des gangs Milano rovente (littéralement « Milan à feu et à sang »). Le réalisateur cosigne le scénario avec Franco Enna (Cadavere per signora de Mario Mattoli, La Dernière chance de Maurizio Lucidi) et place son récit dans le chef-lieu de la Lombardie, dans ses rues froides et noires de monde (et éclairées par les néons publicitaires), dans lesquelles s’affrontent des trafiquants de drogue et un gang de proxénètes, qui ne pouvant trouver un terrain d’entente, décident de se livrer à une guerre sans fin. Excellent opus d’el signore Lenzi, La Guerre des gangs, à ne pas confondre avec le film de Lucio Fulci, Luca il contrabbandiere, baptisé de la même façon sept ans plus tard lors de sa sortie en France, bénéficie d’un casting soigné mené par Antonio Sabàto (ne pas oublier l’accent), découvert en 1966 dans Grand Prix de John Frankenheimer. Si son visage dira quelque chose aux amateurs de westerns transalpins (Aujourd’hui ma peau, demain la tienne, Deux fois traître), le comédien venait de trouver l’un de ses rôles les plus célèbres dans Le Tueur à l’orchidée, déjà mis en scène par Umberto Lenzi. Le film repose solidement sur ses épaules, ainsi que sur sa moustache (c’était alors la mode), mais aussi sur un bon antagoniste en la personne de Philippe Leroy, qui avait donné la réplique à son partenaire dans son premier film, Lo Scandalo d’Anna Gobbi, sept ans auparavant. Ils jouent cette fois à égalité et se partagent l’affiche de ce polar bourré de charme, sec, brutal. Un bon spectacle représentatif du cinéma d’exploitation italien.

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Test Blu-ray / Technique d’un meurtre, réalisé par Francesco Prosperi

TECHNIQUE D’UN MEURTRE (Tecnica di un omicidio) réalisé par Francesco Prosperi, disponible le 31 octobre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Robert Webber, Franco Nero, José Luis de Vilallonga, Cec Linder, Theodora Bergery, Earl Hammond, Michel Bardinet, Giovanni Di Benedetto, Jeanne Valérie…

Scénario : Francesco Prosperi

Photographie : Erico Menczer

Musique : Robby Poitevin

Durée : 1h33

Année de sortie : 1966

LE FILM

John Harris est tueur à gages. Il décide de se retirer du métier après un dernier contrat. Il doit abattre un ancien membre de l’organisation pour laquelle il travaille : Secchy, responsable de la mort de son frère. Avec un jeune tueur, Toni Lobello, qui le prend comme un modèle, John se rend à Paris…

Moui…Mouarf…On l’aime bien ce cher Francesco Prosperi (1926-2004), réalisateur entre autres du génial La Dernière maison sur la plage La Settima donna (1978), et scénariste de Hercule contre les vampires Ercole al centro della terra (1961) et La Fille qui en savait trop La ragazza che sapeva troppo (1963) de Mario Bava. Ancien assistant de ce dernier, Francesco Prosperi (à ne pas confondre avec Franco Prosperi, metteur en scène des Bêtes féroces attaquent Wild Beasts Belve feroci et pionnier du genre Mondo) passe derrière la caméra en 1965 avec Technique d’un meurtreTecnica di un omicidio, un premier long-métrage qu’il écrit seul. Thriller sans doute calqué sur certains modèles américains, ce coup d’essai n’a rien d’un coup de maître et paraît même aujourd’hui très plan-plan, banal, peu aidé par un casting qui n’a jamais vraiment l’air concerné par ce qui se passe et qui finit par s’enliser au fur et à mesure d’une enquête peu emballante. Si intérêt il y a, c’est uniquement pour découvrir l’immense Franco Nero au début de sa carrière, un an avant son explosion avec Django et qui n’avait alors jamais eu un rôle aussi important sur grand écran. Son personnage se démarque sans mal, surtout face à un Robert Webber (Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia, Douze Hommes en colère) qui peine à convaincre. Sitôt vu, sitôt oublié.

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Test Blu-ray / La Police était au rendez-vous, réalisé par Joseph Pevney

LA POLICE ÉTAIT AU RENDEZ-VOUS (Six Bridges to Cross) réalisé par Joseph Pevney, disponible le 12 septembre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Tony Curtis, George Nader, Julie Adams, Jay C. Flippen, Sal Mineo, Jan Merlin, Richard Castle, William Murphy…

Scénario : Sydney Boehm, d’après le roman de Joseph F. Dinneen

Photographie : William H. Daniels

Musique : Frank Skinner & Herman Stein

Durée : 1h36

Année de sortie : 1955

LE FILM

Des années 30 à 50, l’ascension d’un gangster de Boston qui a fort à faire face à un fonctionnaire de police besogneux. Une étrange amitié naît entre les deux hommes, mélange d’admiration et de crainte…

La carrière de Bernard Schwartz, alias Tony Curtis prend son envol dans les années 1950 ! Cela s’est fait par étapes successives, le comédien passant progressivement à l’avant-plan, jusqu’à porter un film sur ses épaules. Ainsi, les spectateurs ont pu le voir dans Winchester ’73 d’Anthony Mann, Sierra d’Alfred E. Green, Kansas en feu Kansas Raiders de Ray Enright, mais ce sont Le Voleur de Tanger The Prince Who Was a Thief de Rudolph Maté, No Room for the Groom de Douglas Sirk, Le Fils d’Ali Baba Son of Ali Baba de Kurt Neumann et Houdini le grand magicien – Houdini de George Marshall qui vont changer la donne. Désormais, Tony Curtis est un acteur sur lequel le studio Universal peut miser pour attirer le public, surtout qu’il parvient aisément à tourner quatre voire cinq longs-métrages par an. Pour La police était au rendez-vousSix Bridges to Cross, il collabore pour la seconde fois avec Joseph Pevney (1911-2008), qui l’avait dirigé en 1952 dans le film noir et sportif Flesh and Fury, qui se déroulait dans le milieu de la boxe. La Police était au rendez-vous est la transposition du roman They Stole $25,000,000 – And Got Away with It de Joseph F. Dinneen, alors reporter pour le Boston Globe, qui s’inspirait d’un véritable fait divers. Écrivain à ses heures, on lui doit notamment le livre Underworld U.S.A, que Samuel Fuller transposera en 1961, Dinneen était réputé pour ses descriptions pointilleuses des crimes et délits. S’il y a bien quelques affaires illégales dans Six Bridges to Cross, ce qui intéresse premièrement Joseph Pevney et son scénariste Sydney Boehm (Violence à Jericho, Bungalow pour femmes, Les Inconnus dans la ville, Règlement de comptes), est l’amitié qui unit un policier et un jeune criminel, un lien unique qui va perdurer durant une vingtaine d’années. La Police était au rendez-vous contentera non seulement les amateurs de braquages à l’écran, mais aussi ceux plus intéressés par la psychologie des personnages, Pevney trouvant le parfait équilibre entre les deux et livrant au final un film noir très attachant, tout en offrant à Tony Curtis un nouveau rôle tremplin.

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Test Blu-ray / Piège à minuit, réalisé par David Miller

PIÈGE À MINUIT (Midnight Lace) réalisé par David Miller, disponible le 12 septembre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Doris Day, Rex Harrison, John Gavin, Myrna Loy, Roddy McDowall, Herbert Marshall, Natasha Parry, Hermione Baddeley…

Scénario : Ivan Goff & Ben Roberts, d’après une pièce de théâtre de Janet Green

Photographie : Russell Metty

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h48

Année de sortie : 1960

LE FILM

Kit, une jeune héritière américaine, est mariée à Anthony Preston, important banquier britannique. Son existence s’avère monotone et solitaire, son mari étant très peu présent. Un soir brumeux, alors qu’elle rentre chez elle, elle entend une voix qui la menace de mort. Malgré les craintes de sa femme, Anthony ne prend pas les menaces trop au sérieux. Mais le lendemain, Kit échappe de peu au pire au pied de son immeuble…

Quand elle tourne Piège à minuitMidnight Lace au début des années 1960, Doris Day est au firmament de sa carrière de comédienne (la mieux payée à Hollywood) et de chanteuse. Avec quasiment un album par an depuis 1956 et un film sortant tous les six mois, tout va pour le mieux et le succès est chaque fois au rendez-vous. Alors qu’elle vient d’être nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice pour Confidences sur l’oreillerPillow Talk de Michael Gordon, premier opus d’une « trilogie » dans laquelle elle donne la réplique à Rock Hudson avec Un pyjama pour deuxLover Come back de Delbert Mann et Ne m’envoyez pas de fleursSend Me No Flowers de Norman Jewison, elle porte sur ses épaules un thriller psychologique aujourd’hui quelque peu oublié, mais qui a connu un vif engouement auprès de la critique et du public (y compris en France), intitulé Piège à minuit. Celui-ci est mis en scène par un réalisateur dont le nom ne dira pas grand-chose aux spectateurs, David Miller (1909-1992), mais dont certains films sont pourtant restés dans les mémoires à l’instar du magnifique et crépusculaire Seuls sont les indomptésLonely Are the Brave (1962), dans lequel le monstre Kirk Douglas trouve probablement l’un de ses plus grands rôles (c’est dire…), l’excellent Le Masque arrachéSudden Fear (1952) avec Joan Crawford et Jack Palance, La Pèche au trésorLove Happy (1949) emporté par le cyclone formé par les Marx Brothers et Marilyn Monroe, ainsi que Les Tigres volantsFlying Tigers (1942), premier film de guerre interprété par John Wayne. S’il met un peu de temps à se mettre en route, Midnight Lace pourra largement contenter les amateurs de thrillers rétros, dont la singularité est de présenter une galerie de personnages, tous susceptibles d’être le ou les coupables d’un meurtre qui n’a pas encore été commis. Si le(s) responsable(s) des menaces téléphoniques se devine(nt) assez facilement, l’investissement total de Doris Day, qui allait tomber malade durant le tournage en faisant une grave crise de nerfs, sa beauté et son élégance emportent rapidement l’adhésion, d’autant plus qu’elle est ici soutenue par un casting quatre étoiles. Alors, pourquoi se priver ?

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Test Blu-ray / Dans l’ombre de San Francisco, réalisé par Norman Foster

DANS L’OMBRE DE SAN FRANCISCO (Woman on the run) réalisé par Norman Foster, disponible le 12 septembre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Ann Sheridan, Dennis O’Keefe, Robert Keith, John Qualen, Frank Jenks, Ross Elliott, Jane Liddell, Joan Shawlee…

Scénario : Alan Campbell & Norman Foster, d’après une histoire originale de Sylvia Tate

Photographie : Hal Mohr

Musique : Arthur Lange & Emil Newman

Durée : 1h17

Année de sortie : 1950

LE FILM

Un soir, Frank, un peintre raté, assiste sans le vouloir au meurtre d’un homme. Très vite interrogé par la police, il devient un témoin décisif dans l’enquête sur cet assassinat et donc, une cible à abattre. Pris de panique, il s’enfuit et laisse sa femme Eleanor dans l’incompréhension totale. Avec l’aide du reporter Dan Leggett, cette dernière cherche à retrouver la trace de son mari, sans se douter que les policiers et le meurtrier en personne sont aussi à leurs trousses.

Connu dans nos contrées sous le titre Dans l’ombre de San Francisco, Woman on the Run est un bijou du film noir que la critique et le public ont malheureusement totalement oublié. Réalisé par Norman Foster (1900-1976), comédien venu à la mise en scène qui a fait ses débuts derrière la caméra à la fin des années 30 avec la série des M.Moto (alias Peter Lorre), Woman on the Run a pour particularité de donner à une femme, en l’occurrence la formidable Ann Sheridan (tout juste sortie d’Allez coucher ailleurs d’Howard Hawks), le rôle principal dans l’intrigue, chose alors inhabituelle dans un film de ce genre. La comédienne signe une superbe prestation, une femme dont le mariage bat de l’aile, qui retrouve un regain de passion pour son époux accusé à tort d’un meurtre. Une redécouverte s’impose une fois de plus.

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Test Blu-ray / Détour, réalisé par Edgar G. Ulmer

DÉTOUR (Detour), disponible le 12 septembre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.

Acteurs : Tom Neal, Ann Savage, Claudia Drake, Edmund MacDonald, Tim Ryan, Esther Howard, Pat Gleason…

Scénario : Martin Mooney & Martin Goldsmith, d’après le roman de Martin Goldsmith

Photographie : Benjamin H. Kline

Musique : Leo Erdody

Durée : 1h08

Année de sortie : 1945

LE FILM

Un pianiste de bar va, malgré lui, usurper l’identité d’un automobiliste qui l’a pris en stop mais qui meurt subitement. Le propriétaire de la voiture, que sa famille n’a pas revu depuis des années, était l’héritier d’un millionnaire agonisant…

Détour, ou tout simplement Detour (sans accent) en version originale, est un de ces films qui font l’unanimité depuis sa sortie, autrement dit depuis 75 ans, qui n’a eu de cesse d’être mis en avant par les historiens ou les experts du cinéma, à l’instar de Martin Scorsese et de David Lynch, ce dernier ayant rtoujours avoué s’en être inspiré pour Lost Highway et Mulholland Drive. Tourné en seulement six jours avec un budget restreint de 100.000 dollars (le film est d’ailleurs considéré comme le premier film indépendant de l’histoire du cinéma américain), Détour, adapté du roman Detour : An Extraordinary Tale de Martin Goldsmith (qui transpose lui-même son livre sorti en 1939), est l’une des plus grandes références de la série B, où l’on retrouve à la barre l’un des spécialistes en la matière, Edgar Georg Ulmer (1904-1972). Metteur en scène, scénariste, producteur et directeur de la photographie américain d’origine austro-hongroise, ancien comédien et décorateur, celui que l’on connaît plus communément sous le nom d’Edgar G. Ulmer est l’auteur de moult films chéris par les spectateurs. L’ancien assistant de F.W. Murnau, Robert Siodmak, Billy Wilder et Fred Zinnemann, vient de mettre en scène L’Ile des péchés oubliés (1943) et Barbe Bleue (1944) quand il entreprend Détour, qui restera son chef d’oeuvre, sélectionné par la Bibliothèque du Congrès parmi le premier groupe de cent films américains méritant un effort particulier de conservation. C’est dire l’importance de cet éminent film noir, sec, resserré sur une durée de 68 minutes, frontal, violent, où les archétypes s’inversent et où l’urgence du tournage se reflète constamment sur l’atmosphère et les personnages.

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Test Blu-ray / Colère noire, réalisé par Fernando Di Leo

COLÈRE NOIRE (La Città sconvolta: caccia spietata ai rapitori) réalisé par Fernando Di Leo, disponible en DVD et Blu-ray le 22 août 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Luc Merenda, James Mason, Irina Maleeva, Marino Masé, Daniele Dublino, Vittorio Caprioli, Valentina Cortese, Marco Liofredi…

Scénario : Fernando Di Leo, Ernesto Gastaldi & Nicola Manzari, d’après une histoire originale de Galliano Juso

Photographie : Erico Menczer

Musique : Luis Bacalov

Durée : 1h34

Date de sortie initiale: 1975

LE FILM

Milan années 1970, deux garçons se rendent à l’école. Le premier à bord d’une Rolls Royce conduite par un chauffeur, le second à califourchon sur la moto de son père garagiste.  Ils sont laissés en même temps devant l’école quand surgit une voiture avec trois hommes. Ils se jettent sur le fils de riche pour l’enlever, mais le fils du garagiste tente de les en empêcher. Les trois hommes sont contraints d’enlever les deux gosses, la police est immédiatement prévenue, mais semble bien impuissante face à l’industrie de l’enlèvement…

Fernando Di Leo (1932-2003). Ce nom ne vous dit peut-être rien et pourtant ce réalisateur et scénariste (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus, Navajo Joe, Le Retour de Ringo) reste en son pays l’un des plus emblématiques du western dit spaghetti et surtout du poliziottesco, puisqu’on lui doit la légendaire Trilogie du Milieu, inspirée par les nouvelles de l’écrivain Giorgio Scerbanenco, composée de Milan calibre 9 Milano calibro 9, L’Empire du crime La Mala ordina et Le Boss Il Boss. Le cinéaste allait poursuivre dans cette veine au cours des années 1970, appelées les Années de plomb, un contexte politique lourd et violent de l’autre côté des Alpes (mais pas que), une époque marquée par la radicalisation des mouvements d’extrême gauche et d’extrême droite, et par de nombreuses affaires de terrorisme. Le cinéma italien allait très vite surfer sur cette atmosphère anxiogène, ce qui est le cas de Fernando Di Leo avec Colère noireLa Città sconvolta: caccia spietata ai rapitori, titre explicite en version originale que l’on peut traduire littéralement parLa ville choquée : chasse impitoyable aux ravisseurs. À partir d’un scénario en apparence simple, Di Leo s’interroge sur le droit du citoyen à faire justice lui-même quand le système judiciaire et la machine politique se trouvent dépasser par les événements. Néo-polar sec et brutal, mais non dénué d’humour, de psychologie et d’émotions, Colère noire demeure un beau tour de force.

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Test Blu-ray / Millie, réalisé par George Roy Hill

MILLIE (Thoroughly Modern Millie) réalisé par George Roy Hill, disponible en DVD et Blu-ray le 14 mars 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Julie Andrews, James Fox, Mary Tyler Moore, Carol Channing, John Gavin, Jack Soo, Pat Morita, Philip Ahn…

Scénario : Richard Morris

Photographie : Russell Metty

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 2h27

Date de sortie initiale: 1967

LE FILM

La jeune Millie décide de s’installer en ville pour changer d’apparence. Désormais, elle veut paraître plus moderne. Alors que son objectif est de devenir secrétaire et d’épouser son patron, Millie se lie d’amitié avec une jeune comédienne. C’est finalement celle-ci qui vit une aventure avec le patron de Millie.

Quand il met en scène Millie en 1967, George Roy Hill (1921-2002) n’est pas encore le réalisateur acclamé de Butch Cassidy et le Kid Butch Cassidy and the Sundance Kid (1969), Abattoir 5 Slaughterhouse – five (1972) et bien sûr de L’Arnaque The Sting (1973) qui lui vaudra l’Oscar du Meilleur réalisateur. Il a déjà quatre films à son actif, dont Hawaï, avec Gene Hackman, Max von Sydow, Richard Harris et surtout Julie Andrews, alors la star n°1 aux États-Unis depuis Mary Poppins de Robert Stevenson, triomphe international pour lequel la comédienne a été couronnée par l’Oscar de la Meilleure actrice. Même si le montage d’Hawaï finit par échapper à George Roy Hill, Julie Andrews est ravie de leur collaboration et lui apporte Millie sur un plateau, étant donné que le cinéaste avait pour projet de créer une comédie musicale. Une fois n’est pas coutume, Millie n’est pas adaptée d’un spectacle de Broadway, mais un scénario original écrit par Richard Morris (qui se serait quand même lointainement inspiré de la pièce britannique Chrysanthemum montée en 1956), auteur du sympathique La Séductrice aux cheveux rougesTake Me to Town (1953) de l’illustre Douglas Sirk. Il s’agit aussi et surtout d’un « film de producteur », en la personne de Ross Hunter, dont la carrière reste justement liée à celle du réalisateur allemand, puisqu’on lui doit entre autres Les Ailes de l’espérance, Demain est un autre jour, Taza, fils de Cochise, All I Desire, Mirage de la vie. Sous contrat avec les studios Universal, pour lesquels Julie Andrews venait de tourner Le Rideau déchiré Torn Curtain d’Alfred Hitchcock, Ross Hunter présente un budget conséquent de 6 millions de dollars. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les moyens se voient à l’écran avec de magnifiques décors qui reconstituent les Années folles, non pas comme elles l’étaient réellement, mais comme elles apparaissaient dans les magazines de l’époque, clinquantes, insouciantes, colorées. On en prend plein les mirettes durant près de 2h30. Si elle n’est assurément pas la comédie musicale à laquelle on pense immédiatement, Thoroughly Modern Millie est un divertissement haut de gamme sur lequel trône l’impériale Julie Andrews.

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Test Blu-ray / Marie Stuart, Reine d’Écosse, réalisé par Charles Jarrott

MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE (Mary, Queen of Scots) réalisé par Charles Jarrott, disponible en DVD et Blu-ray le 14 mars 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Vanessa Redgrave, Glenda Jackson, Patrick McGoohan, Timothy Dalton, Nigel Davenport, Trevor Howard, Daniel Massey, Ian Holm…

Scénario : John Hale

Photographie : Christopher Challis

Musique : John Barry

Durée : 2h08

Date de sortie initiale: 1971

LE FILM

Au XVIè siècle, Mary Stuart, reine d’Écosse catholique, est opposée à sa cousine protestante, la reine Élisabeth Ire d’Angleterre. Pendant plusieurs décennies, les deux femmes vont mener une lutte sans merci, à l’issue dramatique…

Alors, autant être franc d’entrée de jeu, l’auteur de ces mots n’a aucune prétention de jouer à l’historien et donc, bien que connaissant les grandes lignes de l’Histoire, ne mettra pas en relief (s’il y a lieu d’ailleurs) les relectures et anachronismes. Cette critique sera entièrement et uniquement centrée sur le film en tant que tel, puisque nous considérons qu’il n’y a pas besoin de « faire ses devoirs » pour voir et pourquoi pas apprécier Marie Stuart, Reine d’ÉcosseMary, Queen of Scots, réalisé par Charles Jarrott (1927-2011) et sorti sur les écrans en 1971. Cette figure historique avait déjà fait l’objet de plusieurs longs-métrages et ce dès le cinéma muet (dont une version mise en scène par le célèbre Albert Capellani), même si la plus connue demeure sans aucun doute celle signée John Ford en 1936, avec l’immense Katharine Hepburn dans le rôle principal. En fait, le Marie Stuart, Reine d’Écosse de 1971, fait suite au succès important rencontré par Anne des mille joursAnne of the Thousand Days, déjà emballé par Charles Jarrott, qui se concentrait sur l’histoire du roi Henry VIII (Richard Burton) qui, n’ayant pas d’héritier mâle de la reine Catherine (Irène Papas), demandait au cardinal Wolsey (Anthony Quayle) de plaider auprès du pape l’annulation de son mariage, afin d’épouser Anne Boleyn (Geneviève Bujold), une suivante de la reine, dont il est amoureux. Ce triomphe critique et commercial, récompensé par un Oscar (sur neuf nominations) pour les Meilleurs costumes et 4 Golden Globes, donne envie immédiatement au producteur Hal B. Wallis de surfer sur cet engouement et charge le même réalisateur, ainsi que le même scénariste (John Hale) de miser cette fois sur le destin parallèle entre Mary Stuart et Élisabeth, reine d’Angleterre. Si l’ensemble s’avère trop académique, le rythme est maîtrisé, la violence de certaines séquences étonne encore aujourd’hui, c’est très plaisant à regarder et surtout à suivre, même si Marie Stuart, Reine d’Écosse vaut essentiellement pour la composition exceptionnelle de Vanessa Redgrave et Glenda Jackson, mais aussi du jeune Timothy Dalton dans l’un de ses premiers rôles au cinéma. Impersonnel certes, mais le spectacle est tout de même grandement assuré et les moyens se voient à l’écran.

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