Test Blu-ray / Violence à Jericho, réalisé par Arnold Laven

VIOLENCE À JERICHO (Rough Night in Jericho) réalisé par Arnold Laven, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 25 mai 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Dean Martin, George Peppard, Jean Simmons, John McIntire, Slim Pickens, Don Galloway, Brad Weston, Richard O’Brien, Carol Andreson, Steve Sandor, Warren Vanders, John Napier…

Scénario : Sydney Boehm, d’après le roman Marvin H. Albert

Photographie : Russell Metty

Musique : Don Costa

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Aux États-Unis, sur le chemin qui mène à la petite ville de Jericho, Alex Flood attaque la diligence en blessant son conducteur Ben Hickman et s’enfuit sans être identifié. En arrivant en ville, Dolan (un shérif reconverti en joueur professionnel de poker), passager de la diligence, apprend que Flood, ex-policier devenu chef de gang, veut prendre le contrôle du service de transport dirigé par Hickman et son associée Molly Lang. Celle-ci s’oppose à Flood et, essayant de rallier les habitants à sa cause, trouve un volontaire en la personne de Dolan qui s’est épris d’elle. Avec l’aide d’une petite troupe, Dolan défie Flood en s’emparant de son bétail et en dynamitant son ranch. S’ensuit une violente fusillade.

Chers cinéphiles amateurs de westerns, nous avons là une petite pépite insoupçonnée avec Violence à JerichoRough Night in Jericho, réalisé par Arnold Laven (1922-2009) et sorti en 1967, à l’heure où le genre américain rendait son dernier souffle et renaissait en Europe, principalement en Italie. L’influence transalpine se ressent d’ailleurs dans Violence à Jericho, film très violent, à tel point que la censure s’en est mêlée. Disons-le, cet opus est immense, dans le sens où nous sommes dans un western pur et dur, interprété par des acteurs aussi charismatiques que bad-ass et talentueux, que l’action est savamment soutenue du début à la fin, que le développement des personnages demeure constamment intéressant. Arnold Laven, qui aura fait la deuxième partie de sa carrière à la télévision en écumant toutes les séries possibles et imaginables (Gunsmoke, L’Homme de fer, Le Magicien, Mannix, L’Homme qui valait 3 milliards), était un réalisateur courtisé par le cinéma, pour son efficacité et son professionnalisme. Il enchaînait les séries B de luxe pour les studios, en dirigeant parfois de grands noms (Edward G. Robinson, Paulette Goddard, Paul Newman, Walter Pidgeon, Dan Duryea et plus tard Burt Reynolds) et signe probablement son meilleur film avec Violence à Jericho, très largement recommandé.

Une diligence à destination de la ville de Jéricho est prise en embuscade par Alex Flood, un homme de loi qui a mal tourné. Tirant à distance, Flood blesse le conducteur, Ben Hickman, qui est amené en ville par le seul passager, un joueur nommé Dolan. Hickman est un ancien avocat de Santa Fe et Dolan était autrefois son adjoint. Ils sont maintenant associés pour des enquêtes plus ambigues. L’une d’elles concerne Molly Lang, qu’ils sont venus rencontrer à Jéricho. Elle était autrefois l’amante de Flood lorsqu’il est venu à Jéricho pour rétablir la loi et l’ordre. Désormais, elle déteste l’homme qui a pris le pouvoir sur toute la ville. Flood parvient à réunir une partie de la population pour lyncher un homme qui a osé affronter un membre de sa bande, avant de dynamiter la maison du propriétaire du magasin général Ryan, un autre citadin qui a tenté d’organiser une réunion secrète. Alors que Hickman blessé se remet du coup de feu, Dolan se prend d’affection pour Molly et décide de l’aider lorsque les hommes de Flood tentent de reprendre sa diligence. Il se bat violemment avec Yarbrough, l’un des hommes de Flood. Puis, Dolan commence à faire des ravages dans autour de Flood, volant son bétail et provoquant des explosions dans le ranch, le moulin et la mine d’or lui appartenant. Il est secondé par Hickman, Molly, Ryan et par Jace, l’ancien adjoint de la ville. Flood en veut cette fois personnellement à Dolan. La confrontation va avoir lieu.

Rough Night in Jericho. Le titre original claque comme un coup de fouet. C’est d’ailleurs un spectacle qui revigore et qui crée cette adrénaline comme seul le cinéma peut procurer. En effet, si l’on ne sait pas grand-chose des protagonistes dans la première partie du film, ceux-ci se dévoilent à mesure que l’étau se resserre autour d’Alex Flood et de Dolan, deux mâles alpha, qui s’observent, se flairent, boivent ensemble, jouent aux cartes, toujours en scrutant celui qui lui fait face. La confrontation viendra et seul un des deux s’en sortira évidemment vivant. Mais quand ? C’est là toute l’intelligence d’Arnold Laven et de son scénariste, le grand Sydney Boehm (Les Implacables de Raoul Walsh, Les Inconnus dans la ville de Richard Fleischer, Règlement de comptes de Fritz Lang, Midi, gare centrale de Rudolph Maté), qui s’inspirent d’un roman de Marvin H. Albert (Don Angelo est mort, Les Tueurs de l’Ouest). La brutalité est omniprésente, sous-jacente, puis explose sans avertir, ce qui contraste avec la nonchalance et la quasi-rigidité du personnage magnifiquement interprété par George Peppard, étrange « homme en noir » (le titre original du livre était The Man in Black), qui ménage ses effets, qui est là pour une raison précise en compagnie de son acolyte Ben Hickman (le légendaire John McIntire, Bronco Apache, Une Bible et un fusil, Je suis un aventurier, Le Shérif aux mains rouges). Si Dean Martin, parfait en salopard imbibé de whisky frelaté (ici entre deux épisodes de Matt Helm) et George Peppard (ange noir au regard étincelant) crèvent l’écran une fois de plus, Arnold Laven prend soin des seconds rôles dans Violence à Jericho. C’est le cas de la sublime Jean Simmons (Elmer Gantry, le charlatan, Spartacus, Les Grands Espaces, Des pas dans le brouillard, Désirée), qui est loin de la femme potiche, mais qui a déjà un certain âge et donc un passé, de l’expérience, qui n’est plus du genre à se laisser faire, surtout devant les avances toujours prononcées d’Alex Flood, qui voit mal Molly lui échapper alors qu’il est habitué à tout avoir. Mais il y a des choses qu’on ne peut pas acheter. Alors quand Flood voit que Molly n’est pas insensible au charme de cet étrange Dolan, son sang ne fait qu’un tour.

Violence à Jericho est un western excellemment mis en scène, rapide, mené sans temps mort, mais aussi superbement photographié par le maître Russell Metty, dont nous parlons très souvent, surtout quand on évoque ses collaborations avec Douglas Sirk (La Séductrice aux cheveux rouges, Demain est un autre jour, Les Ailes de l’espérance…). Le sang est présent dans les scènes d’affrontements, particulièrement sèches et même inattendues, qui participent à la réussite du film d’Arnold Laven.

LE BLU-RAY

Violence à Jericho fait partie du catalogue Sidonis Calysta depuis une quinzaine d’années, l’éditeur ayant déjà sorti le film d’Arnold Laven à deux reprises. Treize ans après la dernière édition Standard, Rough Night in Jericho revient dans les bacs en DVD, mais aussi pour la première fois en Haute-Définition, dans la collection Silver. Le menu principal est animé et musical.

La présentation de Jean-François Giré est la plus dense de cette édition (13’). Le complice de Sidonis se rappelle de la sortie du film d’Arnold Laven, qu’il n’avait pas pu voir au cinéma en raison de sa violence et donc de son interdiction aux moins de 18 ans. « Une brutalité, une violence traitée de façon très réaliste pour l’époque » dit-il. Giré en vient ensuite à l’histoire, à la psychologie et à l’évolution des personnages, au casting (« Dean Martin est particulièrement à l’aise en type odieux et misogyne »), ainsi qu’à la carrière du réalisateur, dont il recommande Les Compagnons de la gloire et Geronimo. Pour Giré, « Violence à Jericho est un film à redécouvrir ».

L’éditeur reprend l’ancienne intervention de Patrick Brion, enregistrée pour le DVD précédent (7’). Comme souvent, l’historien du cinéma passe une bonne partie de son bonus à présenter les westerns sortis la même année que celui qui nous intéresse aujourd’hui, comme El Dorado, Le Pistolero de la rivière rouge, Hombre, Will Penny, Pendez-les haut et court, 7 secondes en enfer, montrant ainsi que « le genre est en train de muter et de disparaître ». Sur Violence à Jericho, Patrick Brion n’a pas beaucoup d’éléments nouveaux à nous donner, puisqu’il parle lui aussi de la violence du film et des problèmes rencontrés avec la censure dans certains pays, avant de dresser la liste des acteurs et de parler du réalisateur Arnold Laven.

Plus anecdotique, Jean-Claude Missiaen réalise et narre un document sur Dean Martin, sa vie, son œuvre, ses plus grands films et bien évidemment son tandem avec Jerry Lewis, au cours d’un supplément platement emballé (20’30). Quelques images d’archives, des extraits de films, des photos personnelles, mais rien de bien inédit.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce de Violence à Jericho, bonus à part entière puisque présentée par Dean Martin himself, en bonne compagnie et loin de son personnage qu’il incarne dans le film en question.

L’Image et le son

Très beau master HD (1080p, AVC) proposé par Sidonis Calysta pour Violence à Jericho. La copie affiche un grain argentique fin et bien géré, un piqué aiguisé, une clarté flatteuse, une stabilité appréciable et de très belles couleurs. Certes, quelques légers décrochages sur les fondus enchaînés sont constatables et divers plans sont plus flous, mais le film d’Arnold Laven n’était jamais apparu aussi pimpant – la propreté est quasi-impeccable – dans nos contrées.

Malgré la réussite du doublage français, privilégiez évidemment la version originale, plus dynamique et équilibrée que son homologue, notamment en ce qui concerne la délivrance des dialogues. La piste française place les voix trop en avant, au détriment des effets annexes et de la musique. L’éditeur a quand même mis le paquet en proposant deux pistes DTS-HD Master audio Mono bien nettoyées, bien que l’ensemble puisse paraître « trop » propre et artificiel. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Universal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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