Test DVD / Jeanne du Barry, réalisé par Maïwenn

JEANNE DU BARRY réalisé par Maïwenn, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 20 septembre2023 chez Le Pacte.

Acteurs : Maïwenn Le Besco, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe, Melvil Poupaud, Robin Renucci, Pierre Richard, Marianne Basler, Pascal Greggory…

Scénario : Maïwenn Le Besco, Teddy Lussi-Modeste & Nicolas Livecchi

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Stephen Warbeck

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Jeanne Gomard de Vaubernier, une jeune femme d’origine modeste, cherche à s’élever socialement en utilisant ses charmes. Son mari, le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, la présente au Roi, avec l’aide du duc de Richelieu. Le Roi s’éprend de sa nouvelle conquête et décide d’en faire sa favorite officielle.

Bon…On ne va pas jouer les professeurs d’histoire et les spécialistes de la France du 18è siècle, car nous ne sommes pas sur BFM ou CNews où certains s’autoproclament experts en COVID puis en conflit israélo-palestinien le lendemain. Loin de nous l’idée de critiquer le fait que tel personnage ou tel événement a existé et/ou a eu lieu, car nous n’en avons pas la moindre idée. Jeanne du Barry sera donc abordé du point de vue cinématographique. Le sixième long-métrage de Maïwennfait penser à The Room de Tommy Wiseau, non pas que le film soit un nanar, loin de là, mais dans le fait que la réalisatrice a entièrement conçu son nouvel opus à sa propre gloire, à sa personne, à son parcours aussi puisqu’elle n’a eu de cesse de proclamer qu’elle se sentait très proche de son personnage et de son vécu. Jeanne du Barry est un caprice à 22 millions d’euros, qui fait penser à une pièce-montée constituée de meringues recouvertes de sucre-glace, attirante sur la forme, mais dont l’aspect bourratif remplit déjà l’estomac, pour finalement se rendre compte que la pâtisserie est en fait un trompe-l’oeil, que les choux sont en plastiques et surtout creux. La faute à Maïwenn qui s’est bien sûr octroyée le premier rôle, qui est de chaque scène, pour ne pas dire de chaque plan, qui imprime son visage chevalin (ce qui donne un côté hippique et non pas épique) et sans grâce dans le but de passer à la postérité, mais qui ne s’avère jamais convaincante. Cependant, si l’on se désintéresse complètement de la du Barry et même de Johnny Depp, dont l’excès de poudre blanche et de bibine lui a autant pourri les dents que le charisme (sans oublier le fait qu’il a constamment l’air de se demander ce qu’il est venu foutre ici), les personnages secondaires sont bien plus captivants, en particulier celui de La Borde, merveilleusement interprété par l’excellent (comme toujours) Benjamin Lavernhe. En l’état, Jeanne du Barry n’est pas un mauvais film, mais cet ego-trip peut taper sur le système avec son actrice principale tête à claques et inappropriée et sa star léthargique aux yeux de poisson mort, entre lesquels n’existe aucune alchimie.

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Test Blu-ray / Dillinger, réalisé par John Milius

DILLINGER réalisé par John Milius, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 7 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Warren Oates, Ben Johnson, Michelle Phillips, Cloris Leachman, Harry Dean Stanton, Geoffrey Lewis, John P. Ryan, Richard Dreyfuss…

Scénario : John Milius

Photographie : Jules Brenner

Musique : Barry De Vorzon

Durée : 1h43

Année de sortie : 1973

LE FILM

Le gangster John Dillinger devient la cible du FBI de Kansas City après avoir participé au meurtre de cinq agents. A force de témérité, il s’attire la sympathie du public et devient vite l’ennemi public n°1…

Quinze ans après L’Ennemi public Baby Face Nelson de Don Siegel, le scénariste John Milius passe derrière la caméra et revient à Dillinger et sa bande dans…Dillinger. Ayant le vent en poupe et devenu l’un des auteurs les mieux payés d’Hollywood après avoir participé à L’Inspecteur Harry Dirty Harry, écrit Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, Juge et Hors-la-loi The Life and Times of Judge Roy Bean de John Huston et bien sûr Magnum Force de Ted Post, John Milius accepte de baisser son énorme cachet habituel pour Dillinger, qui sera son premier long-métrage en tant que réalisateur. Après Lawrence Tierney dans Dillinger, l’ennemi public n° 1 de Max Nosseck et Leo Gordon dans L’Ennemi public, c’est au tour de l’exceptionnel Warren Oates d’enfiler le costume trois-pièces du gangster et qui une fois n’est pas coutume accède en haut de l’affiche. S’il s’acquitte admirablement de sa tâche, un autre comédien partage cette place convoitée en la personne du génial Ben Johnson, qui dans la peau de Melvin Purvis, l’agent du FBI lancé à la poursuite de Dillinger, est tout aussi remarquable et par ailleurs mis sur un pied d’égalité avec son partenaire. Anarchiste zen, comme il se définissait lui-même dans sa jeunesse, prenant le train en marche du Nouvel Hollywood, mais aussi et avant tout défenseur des valeurs traditionnelles américaines, John Milius met tout dans Dillinger, son mode de pensée, son âme, son adulation des armes à feu, sa vision de l’héroïsme américain, le tout marqué par une violence sèche, brutale, sanglante, qui participe à la pérennité de ceux qu’il considère alors comme des mythes. Il en résulte un polar mâtiné de film noir et même de western souvent implacable, teinté d’humour et qui n’omet pas l’émotion, qui s’avère aussi et surtout toujours divertissant un demi-siècle après sa sortie explosive.

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Test Blu-ray / Corsage, réalisé par Marie Kreutzer

CORSAGE réalisé par Marie Kreutzer, disponible en DVD et Blu-ray le 18 avril 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Vicky Krieps, Colin Morgan, Tamás Lengyel, Ivana Urban, Finnegan Oldfield, Alma Hasun, Aaron Friesz, Jeanne Werner…

Scénario : Marie Kreutzer

Photographie : Judith Kaufmann

Musique : Camille

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

En 1877, durant la période de Noël, Elisabeth, impératrice d’Autriche, fête son 40e anniversaire. Du fait de ses titres, elle a énormément de devoirs envers la Cour qui limite sa vie par des rituels ancestraux. Consciente qu’elle vieillit, Elisabeth quitte Vienne pour se rendre en Angleterre et en Hongrie afin de retrouver sa jeunesse. Au cours de son voyage, la souveraine rendra visite à d’anciens amants et alliés politiques. Ce faisant, elle élaborera un plan pour protéger son héritage…

Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach (1837-1898) — plus connue sous le surnom de « Sissi » — duchesse en Bavière puis, par son mariage, impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, de Bohême et de Lombardie-Vénétie. Quand on évoque ce personnage historique, son visage prend immédiatement les traits de Romy Schneider, qui l’aura interprété à quatre reprises, dans la trilogie d’Ernst Marischka de 1955 à 1957, mais aussi près de vingt ans plus tard dans Ludwig : Le Crépuscule des dieux de Luchino Visconti. Pourtant, d’autres avant (Edwige Feuillère, Marguerite Jamois) et après (Ava Gardner, Sandra Ceccarelli) elle l’auront également incarné, aussi bien pour le petit (on ne compte plus les séries télévisées) que le grand écran. Cela faisait une bonne dizaine d’années qu’une comédienne ne s’était pas frottée à ce rôle disons-le emblématique au cinéma et c’est désormais chose faite pour la talentueuse et magnétique actrice luxembourgeoise Vicky Krieps, dans Corsage de l’autrichienne Marie Kreutzer (née en 1977), très justement récompensée par le Prix de la meilleure performance au Festival de Cannes 2022, où le film faisait partie de la sélection Un Certain Regard. Quasiment de toutes les scènes et même de tous les plans, elle signe une impressionnante prestation et apporte un vent de fraîcheur dans sa composition de la Première dame d’Autriche, femme de l’Empereur François-Joseph Ier, âgée de 40 ans. Pour cet anniversaire particulier, Elisabeth décide de se rebeller contre le protocole, l’image qu’elle doit afficher et colporter. Ainsi, elle n’a pas le droit de s’exprimer et doit rester à jamais la belle et jeune impératrice. Pour satisfaire ces attentes, elle se plie à un régime rigoureux de jeûne, d’exercices, de coiffure et de mesure quotidienne de sa taille. Mais ces conventions commencent à l’étouffer. Avide de savoir et de vie, Élisabeth veut se prouver qu’elle est encore bel et bien en vie. N’attendez surtout pas un biopic en bonne et due forme, ou d’un respect formel aux événements réels, mais plutôt à une formidable et culottée adaptation de la vie de l’impératrice d’Autriche.

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Test DVD / La Petite femelle, réalisé par Philippe Faucon

LA PETITE FEMELLE réalisé par Philippe Faucon, disponible en DVD depuis le 22 juin 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Lucie Lucas, Lorenzo Lefèbvre, Héléna Noguerra, Jean Dell, Florence Thomassin, Samuel Theis, Florence Muller, Stéfan Godin…

Scénario : Philippe Faucon & Antoine Lacomblez, d’après le livre de Philippe Jaenada

Photographie : Laurent Fénart

Musique : Amin Bouhafa

Durée : 1h27

Date de diffusion initiale : 2021

LE TÉLÉFILM

Novembre 1953. Pauline Dubuisson est accusée d’avoir tué de sang-froid son amant. Mais qui est donc cette jeune femme dont la France entière réclame la tête ? Une arriviste froide et calculatrice ? Un monstre de duplicité qui a couché dans le lit de l’Occupant, a été tondue, avant d’assassiner par jalousie un garçon de bonne famille ? Ou n’est-elle, au contraire, qu’une jeune fille libre qui revendique avant l’heure son émancipation et questionne la place des femmes au sein de la société ?

Le précieux cinéaste Philippe Faucon (né en 1958) nous a habitué à des oeuvres épurées, viscérales, intelligentes et indispensables comme La Désintégration, La Trahison (l’un des plus grands films sur la « guerre sans nom »), Fatima (Prix Louis-Delluc 2015 et César du meilleur film en 2016) et dernièrement Les Harkis. Rompu à l’exercice en évoquant des sujets aussi sensibles que la vie en banlieue, la jeunesse en rupture ou encore la guerre d’Algérie, le réalisateur, pour le compte de France Télévisions, livre La Petite femelle, un biopic sur la vie de Pauline Dubuisson (1927-1963), qui avait déjà inspiré Henri-Georges Clouzot pour La Vérité avec Brigitte Bardot, d’ailleurs mentionné dans les toutes premières minutes du téléfilm. Cette jeune femme éprise de liberté, indépendante (pour ne pas dire féministe avant l’heure), après avoir été tondue en place publique à la Libération, avait entamé des études de médecine, avant de tuer par accident Félix Bailly qu’elle voulait épouser. Après son procès en 1953 (un des plus retentissants de la décennie) et sa condamnation à sept ans de prison, elle décide de partir au Maroc. Mais son passé la rattrape alors qu’un homme lui déclare sa flamme. Philippe Faucon offre le rôle principal à Lucie Lucas, actrice et mannequin, connue pour avoir incarné le personnage de Clémentine Boissier dans la série Clem, diffusée sur TF1. On nous souffle qu’elle a aussi joué dans le téléfilm Coup de foudre à Jaipur et participé à l’émission Danse avec les stars. Si elle n’est assurément pas une grande comédienne et que son jeu demeure trop monocorde, celle-ci s’en sort suffisamment bien, même si ce qui fait la force de La Petite femelle reste la puissance du scénario écrit par Philippe Faucon et Antoine Lacomblez (3xManon, Manon 20 ans, À la folie), d’après le livre de Philippe Jaenada (Julliard, 2015) et l’élégance de la mise en scène. Si vous connaissez le chef d’oeuvre de Clouzot, La Petite femelle, diffusé pour la première fois en février 2021, vous paraîtra sans doute redondant, mais cette production télévisuelle n’en est pas moins réussie.

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Test Blu-ray / Nashville Lady, réalisé par Michael Apted

NASHVILLE LADY (Coal Miner’s Daughter) réalisé Michael Apted, disponible en DVD et Blu-ray le 5 juillet 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sissy Spacek, Tommy Lee Jones, Levon Helm, Phyllis Boyens, William Sanderson, Beverly D’Angelo, Bob Hannah, Ernest Tubb…

Scénario : Tom Rickman, d’après l’autobiographie de Loretta Lynn, écrite avec George Vecsey

Photographie : Ralf D. Bode

Durée : 2h

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Née dans une famille de mineurs, au cœur d’un village du Kentucky, Loretta se marie à 13 ans avec Doolittle Lynn. Décelant chez elle un véritable talent de chanteuse, il lui offre une guitare et l’encourage à se produire sur scène. Elle deviendra l’une des plus grandes vedettes de la Country Music.

En France, nous sommes loin d’imaginer le succès de Loretta Lynn, de son vrai nom Noretta Webb, star de la musique country, interprète, autrice et compositrice, née en 1932 à Butcher Hollow dans le Kentucky. Aux États-Unis, tout le monde connaît sa biographie et pour cause, puisque les studios Hollywoodiens n’ont pas attendu sa disparition (ce serait toujours le cas sinon, puisqu’elle vient de fêter ses 90 ans cette année) pour s’emparer de son incroyable histoire et pour retracer son itinéraire à travers un biopic. C’est donc Universal qui met en route Nashville Lady, aka Coal Miner’s Daughter en version originale, titre repris d’une des plus célèbres chansons de Loretta Lynn. Sorti en mars 1980 sur le sol de l’Oncle Sam, Nashville Lady rapporte 67 millions de dollars, soit l’équivalent de près de 240 millions aujourd’hui. Un triomphe, un raz-de-marée, qui aura valu à sa comédienne Sissi Spacek l’Oscar de la meilleure actrice, le Golden Globe et le BAFTA. Chose amusante, c’est Loretta Lynn elle-même qui aura jeté son dévolu sur la légendaire interprète de Carrie pour jouer son rôle au cinéma, en découvrant son visage sur quelques photographies de comédiennes pressenties. Comédie-dramatique hagiographique classiquement, mais efficacement mise en scène par le britannique Michael Apted, Nashville Lady vaut essentiellement, voire entièrement pour la prestation hors normes de Sissy Spacek et de son partenaire Tommy Lee Jones, dont l’alchimie emporte tout sur son passage.

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Test DVD / Pulse, réalisé par Sergii Chebotarenko

PULSE réalisé par Sergii Chebotarenko, disponible en DVD le 6 août 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Nataliya Babenko, Dariya Barikhashvili, Stanislav Boklan, Natalya Dolya, Aleksandr Kobzar, Viktoriya Levchenko, Sergiy Luzanovsky, Liliya Rebrik…

Scénario : Maksym Chernysh & Yaroslav Voytseshek

Photographie : Yuriy Korol

Durée : 1h28

Année de sortie : 2021

LE FILM

Oksana rêve de participer aux Jeux Olympiques. Les débuts de la jeune athlète sont très prometteurs, et son rêve semble à portée de main. Mais un terrible accident remet tout en cause : Oksana est grièvement blessée et devient presqu’aveugle. Les médecins sont formels : elle doit renoncer au sport et à une vie normale. Oksana va se battre et connaître un incroyable destin…

Oh un film ukrainien ! Ce n’est pas tous les jours que cela arrive en France de pouvoir visionner un long-métrage provenant de cette république parlementaire dirigée par Volodymyr Zelensky, comédien, humoriste (si si) et le plus jeune président de l’histoire du pays. Pulse est le premier long-métrage de Sergii – ou Serhii – Chebotarenko, réalisateur né en 1984, qui a fait ses classes dans la publicité et dans la création de bandes-annonces. Pour Pulse, il s’inspire d’une histoire vraie, celle d’Oksana Boturchuk, athlète ukrainienne d’athlétisme et championne paralympique de 2008, quintuple médaillée d’argent et de bronze aux Jeux paralympiques d’été de 2008, 2012 et 2016. Des faits réels comme les aime le cinéma, qui s’empare toujours avec avidité de ces scénarios tout prêts et qui ne demandent qu’à trouver le metteur en scène adéquat. Pulse rejoint ainsi le clan des films sportifs du genre Rasta Rockett (1993) de Jon Turtletaub, De l’ombre à la lumière Cinderella Man (2005) et Rush (2013) de Ron Howard, Eddie the Eagle (2016) de Dexter Fletcher, Moi, Tonya (2017) de Craig Gillespie et Le Mans 66 (2019) de James Mangold, où la réalité a souvent dépassé la fiction. S’il ne révolutionne pas le genre, ce divertissement est très agréable à suivre, grâce notamment à l’investissement et au charme de son actrice Nataliya Babenko.

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Test Blu-ray (édition L’Atelier d’Images) / Au nom du père, réalisé par Jim Sheridan

AU NOM DU PÈRE (In the Name of the Father) réalisé par Jim Sheridan, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Daniel Day-Lewis, Emma Thompson, Pete Postlethwaite, Saffron Burrows, Mark Sheppard, Tom Wilkinson…

Scénario : Terry George & Jim Sheridan, d’après le livre de Gerry Conlon, Proved Innocent

Photographie : Peter Biziou

Musique : Trevor Jones

Durée : 2h12

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

1974 : Gerry Conlon, un nord-irlandais de 21 ans vit au jour le jour à Belfast, multipliant les petits délits, ainsi que les vols caractérisés. Alors qu’il est prit sur le fait lors d’un vol de cuivre, et qu’il tente d’échapper aux britanniques, celui-ci s’approche involontairement d’une planque de l’IRA, menaçant ainsi la sécurité du groupuscule armé. Face à cet impair, l’IRA ordonne à Conlon de quitter la ville.En réponse, Gerry Conlon part pour Londres avec son ami Paul Michael Hill. Très vite, tout deux font la rencontre d’une communauté hippie, et mènent une vie des plus dissolues, marquée par la drogue, et les petits larcins.Le 5 octobre 1974 à Guildford, Gerry et Paul volent une prostituée, ignorant qu’au même moment, 2 Pubs britanniques sont la cible d’un attentat à la bombe perpétré par l’IRA. L’attentat provoquera la mort de 5 britanniques, et défrayera la chronique, scandalisant l’opinion publique. Sous la pression médiatique, la police s’empresse de chercher les coupables, et trouve en Gerry et Paul des coupables idéaux.

« In the name of whiskey

In the name of song

You didn’t look back

You didn’t belong… »

Au nom du pèreIn the name of the Father est l’un des sommets de la carrière du cinéaste irlandais Jim Sheridan (né en 1949). En 1993, il retrouve Daniel Day-Lewis quatre ans après My Left Foot, qui avait valu au comédien son premier Oscar du meilleur acteur. Toujours engagé, soucieux de la situation économique, politique et sociale de son pays, Jim Sheridan s’inspire du procès à scandale des « Quatre de Guildford », quatre jeunes gens accusés et condamnés à tort (pour meurtre et conspiration) à la prison à vie par la cour d’assises d’Old Bailey à Londres en octobre 1974 au Royaume-Uni pour les attentats des pubs de Guildford, une ville du sud de l’Angleterre, située dans le Surrey. Ce jour-là, des bombes dissimulées par l’Armée républicaine irlandaise provisoire explosèrent dans deux établissements, tuant quatre militaires en permission et un civil, et fait près de cent blessés. En 1989, quinze ans après leur condamnation, les charges retenues contre les prisonniers sont annulées suite à une preuve irréfutable apportée par Gareth Peirce, l’avocate de la famille Conlon, jusqu’alors dissimulée par la police britannique. En février 2005, le Premier ministre Tony Blair a présenté des excuses publiques pour cette erreur judiciaire. Quatre ans seulement après l’acquittement des accusés à tort, le cinéma devait s’emparer de cette histoire. Le réalisateur et son coscénariste Terry George (The Boxer, Mission évasion, Hôtel Rwanda) s’inspirent du livre autobiographique de Gerry Conlon, Proved Innocent, et en tirent un extraordinaire film dramatique, un chef d’oeuvre pour ainsi dire instantané et magistralement interprété, par Daniel Day-Lewis certes, mais aussi par ses partenaires, Pete Postlethwaite et Emma Thompson. Au nom du père est un des uppercuts cinématographiques des années 1990.

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Test Blu-ray / Frances, réalisé par Graeme Clifford

FRANCES réalisé par Graeme Clifford, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 28 avril 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Jessica Lange, Sam Shepard, Kim Stanley, Bart Burns, Christopher Pennock, James Karen, Gerald S. O’Loughlin, Sarah Cunningham…

Scénario : Eric Bergren, Christopher De Vore & Nicholas Kazan

Photographie : László Kovács

Musique : John Barry

Durée : 2h20

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

À 16 ans, lycéenne à Seattle, elle remportait tous les prix ; à 23 ans, étoile montante et troublante de la scène et de l’écran, on l’admirait pour sa beauté et son talent. A 27 ans, un enchaînement d’événements insignifiants entraîne son arrestation et son internement d’office définitif dans un établissement psychiatrique.

Moins connu des cinéphiles en tant que réalisateur que pour son rôle de monteur de Ne vous retournez pas Don’t look now, de Nicolas Roeg, Graeme Clifford fait le choix du biopic pour évoquer une partie de la vie de Frances Farmer (1913-1970), actrice hollywoodienne devenue icône rebelle des années 30.Si le film plonge dans l’environnement intime de la jeune femme, aussi bien son histoire familiale qu’affective, il s’agit d’emblée de montrer son approche érudite et anticonformiste, puisque dès ses seize ans, Frances Farmer, alors élève de la West Seattle High School, fait scandale dans l’Amérique catholique de 1931 via un essai/sermon, intitulé « God dies » dans lequel la lycéenne se réclame de Nietzsche et nie l’existence de dieu.

Un coup d’éclat controversé qui lui vaut de gagner le premier prix du concours d’écriture créative, tout en étant catalogué comme la blasphématrice de Seattle. Contre l’avis de son entourage, elle découvre bientôt le théâtre russe, ce qui lui vaudra d’être qualifiée de communiste par les services de surveillance. Elle entre au théâtre dramatique de Washington et désire devenir actrice, voyageant d’abord à New York puis à Los Angeles, des planches aux studios, de Broadway à Hollywood.

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Test DVD / Tesla, réalisé par Michael Almereyda

TESLA réalisé par Michael Almereyda, disponible en DVD le 12 février 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Ethan Hawke, Eve Hewson, Eli A. Smith, Josh Hamilton, Lucy Walters, Luna Jokic, Kyle MacLachlan, Dan Bittner, Donnie Keshawarz, Rebecca Dayan…

Scénario : Michael Almereyda

Photographie : Sean Price Williams

Musique : John Paesano

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

La vie de l’inventeur visionnaire Nikola Tesla – sa rivalité avec Thomas Edison, sa relation avec Anne Morgan et son développement du système d’alimentation électrique à courant alternatif moderne.

Entre Ethan Hawke et Michael Almereyda, c’est avant tout une histoire d’amitié, puisque le comédien aura été dirigé par trois fois par le réalisateur, dans Hamlet (2000), Anarchy: Ride or Die (2014) et Tesla (2020). Avant de découvrir – normalement – en 2021 leur quatrième collaboration Tonight at Noon, nous revenons aujourd’hui sur leur troisième film en commun, une œuvre pour le moins étrange et expérimentale, à la fois un biopic sur le scientifique américain d’origine serbe Nikola Tesla (1856-1943), un drame existentiel, mais aussi une comédie involontaire qui frôle le nanar de près à de multiples reprises, bref, qui ne laisse pas indifférent et qui vaut surtout essentiellement pour la confrontation Ethan Hawke – Kyle MacLachlan (dans le rôle de Thomas Edison), qui s’opposaient déjà vingt ans auparavant dans Hamlet du même Michael Almereyda.

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Test DVD / J.T. LeRoy, réalisé par Justin Kelly

J.T. LEROY (Jeremiah Terminator LeRoy) réalisé par Justin Kelly, disponible en DVD le 15 octobre 2020 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Kristen Stewart, Laura Dern, Jim Sturgess, Diane Kruger, Kelvin Harrison Jr., James Jagger, Courtney Love, David Lawrence Brown…

Scénario : Savannah Knoop & Justin Kelly, d’après le livre Girl Boy Girl: How I Became JT LeRoy de Savannah Knoop

Photographie : Bobby Bukowski

Musique : Tim Kvasnosky

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Inspiré de l’histoire de J.T. Leroy, une femme écrivain qui s’était fait passer pour un transgenre dans les années 90-2000 pour duper le monde des célébrités.

Beaucoup de cinéphiles connaissent le film Le Livre de Jérémie, réalisé par Asia Argento en 2004 et adapté du livre éponyme de J.T. LeRoy, qui racontait l’enfance détruite de Jeremiah, jeune garçon ballotté entre une mère prostituée qui l’emmenait dans ses tribulations sur les routes des États-Unis et des grands parents évangéliques voulant l’arracher à cette vie de débauche pour lui donner une éducation rigoriste. Un livre dur et très cru, où la violence et le sexe étaient omniprésents. A la sortie du roman en 2001, son auteur J.T. LeRoy était présenté comme une personne trans, qui se questionnait sexuellement, ancien sans domicile fixe, prostitué et toxicomane. En réalité, J.T. LeRoy était le pseudonyme – ou l’alter ego – de Laura Gilbert (née en 1965), véritable écrivaine, qui avait inventé ce personnage, pour parler de sa véritable histoire. Ainsi, Le Livre de Jérémie était autobiographique, mais la narratrice se dissimulait derrière ce nom et cet avatar monté de toutes pièces, jusqu’en 2006, année où la supercherie a été révélée dans les médias. Il n’en fallait pas plus pour que le cinéma s’empare de cette histoire. Le film qui en découle s’intitule tout simplement J.T. LeRoy, ou parfois Jeremiah Terminator LeRoy. Aux commandes de ce « biopic », on retrouve un certain Justin Kelly, ancien assistant monteur de Gus Van Sant sur Harvey Milk (2008), qui est ensuite passé derrière la caméra avec quelques courts métrages, avant de passer au format long en 2015 avec le remarqué I am Michael en 2015 (avec James Franco, Zachary Quinto et Emma Roberts), trois fois récompensé au Festival FilmOut San Diego. J.T. Leroy est son quatrième film. Dans le(s) rôle(s) titre pourrait-on dire, on retrouve à la fois Kristen Stewart, qui incarne – aux yeux de tous – l’écrivain, et Laura Dern, une fois de plus incroyable dans la peau de Laura Gilbert. Un « monstre à deux têtes » qui va s’avérer plus complexe à gérer que l’imaginait sa créatrice, et qui ne s’attendait pas à ce que sa protégée se perde quelque peu dans la peau du monstre qu’elle a créé. S’il ne révolutionne évidemment pas un genre depuis longtemps ultra-balisé, ce J.T. LeRoy vaut le coup pour admirer la prestation d’une des plus grandes comédiennes de tous les temps, qui avait d’ailleurs déjà partagé l’affiche avec Kristen Stewart dans Certaines Femmes de Kelly Reichardt.

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