Test Blu-ray / La Malédiction des morts-vivants, réalisé par Raffaele Picchio

LA MALÉDICTION DES MORTS-VIVANTS (Curse of the Blind Dead) réalisé par Raffaele Picchio, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Aaron Stielstra, Alice Zanini, Francesca Pellegrini, Bill Hutchens, Fabio Testi, David White, Jennifer Mischiati, Douglas Dean…

Scénario : Lorenzo Paviano, Raffaele Picchio & Alessandro Testa, d’après les personnages de Gustavo Adolfo Bécquer et Amando de Ossorio

Photographie : Alberto Viavattene

Musique : Andrea C. Pinna

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Au XIVe siècle, un rituel mené par un groupe d’adorateurs de Satan connus sous le nom des Templiers se solde par leur capture et leur brutale exécution par les habitants. Avant leur mise à mort, les chevaliers font le serment de revenir d’entre les morts pour hanter à jamais le village et la forêt avoisinante. Des siècles plus tard, dans un futur post-apocalyptique, un homme et sa fille luttent pour leur survie, affrontant les Chevaliers morts-vivants ainsi qu’une secte dirigée par un prédicateur dément.

En voilà une bonne découverte ! La Malédiction des morts-vivants Curse of the Blind Dead est une production essentiellement italienne, réalisée par Raffaele Picchio, dont on ne sait pas grand-chose, mise à part sa nationalité et les titres de ses précédents longs-métrages, Morituris : Legions of the Dead (2011, sorti dans les bacs français chez Elephant Films en 2013), Sangue misto (2016, film collectif), The Blind King (2016) et donc cette Malédiction des morts-vivants (2020). Comme les Templiers de son film, il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que ce qui anime ce jeune cinéaste est le genre, l’horreur, le gore, son cinéma étant irrigué par des codes issus de l’épouvante rétro-vintage. C’est encore une fois le cas pour Curse of the Blind Dead, à voir comme une suite-reboot-remake de la légendaire tétralogie dite « des Templiers » de l’espagnol Amando de Ossorio (1918-2001), constituée de La Révolte des morts-vivants La Noche del terror ciego (1971), Le Retour des morts-vivants El Ataque de los muertos sin ojos (1973), Le Monde des morts-vivants El Buque maldito (1974) et La Chevauchée des morts-vivants La Noche de las gaviotas (1975). S’il n’est pas réussi tout du long, cet opus vaut absolument le coup d’oeil, ne serait-ce que pour son prologue, ébouriffant, sans doute l’une des séquences les plus dingues qu’il nous ait été donnés de voir depuis des lustres, suivi d’un générique chiadé et prometteur. Évidemment, il est dommage que le reste ne soit pas à la hauteur, même si La Malédiction des morts-vivants demeure souvent ponctué par des fulgurances d’hémoglobine. Au final, on est tellement emballé que l’on souhaiterait revoir ces Templiers à l’oeuvre !

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Test Blu-ray / Au coeur de minuit – Heart of Midnight, réalisé par Matthew Chapman

AU COEUR DE MINUIT (Heart of Midnight) réalisé par Matthew Chapman, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Brenda Vaccaro, Jack Hallett, Nicholas Love, James Rebhorn, Tico Wells, Sam Schacht, Nina Lora, Steve Buscemi, Frank Stallone, Denise Dumont, Peter Coyote…

Scénario : Matthew Chapman

Photographie : Ray Rivas

Musique : Yanni

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Carol est une femme ayant récupéré d’une récente dépression nerveuse. Elle vient d’hériter de « Midnight », une boîte de nuit anciennement détenue par son oncle, le regretté Fletcher. Elle quitte le domicile familial et entreprend de rénover le Nightclub. Cependant, elle découvre rapidement que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être… par le passé, une section du club semble avoir été réservée à une clientèle libertine et sadomasochiste.

Plus connu comme scénariste (Jeux d’adultes Consenting Adults de Alan J. Pakula, Color of Night de Richard Rush, Le Maître du jeu Runaway Jury de Gary Fleder) que comme réalisateur, Matthew Chapman (né en 1950) n’a il est vrai que peu tourné. Pourtant, dans sa poignée de films et téléfilms se distingue Au coeur de minuit Heart of Midnight, drame psychologique indéniablement sous influence de David Lynch dont le Blue Velvet a semble-t-il laissé quelques traces et qui annonce étrangement d’autres opus du cinéaste à venir comme Lost Highway (1997) et Mulholland Drive (2001). Au centre de Heart of Midnight, une comédienne, immense, magnétique, qui aura d’ailleurs attendu 2017 (la série Twin Peaks: The Return) pour tourner pour David Lynch avec lequel elle se devait de collaborer, Jennifer Jason Leigh, qui n’a eu de cesse d’impressionner et ce depuis sa première apparition au cinéma dans Appels au meurtre – Eyes of a Stranger de Ken Wiederhorn en 1981. Elle explose littéralement durant cette décennie et se montre tout aussi géniale dans la comédie (Ça chauffe au lycée Ridgemont Fast Times at Ridgemont High d’Amy Heckerling) et l’aventure médiévale (La Chair et le Sang Flesh and Blood de Paul Verheoeven), avant de bifurquer vers le thriller avec le mythique Hitcher de Robert Harmon. Dans Heart of Midnight elle crève l’écran une fois de plus et trouve l’un de ses rôles comme qui dirait matriciel, celui d’une jeune femme névrosée, fragile, dépressive, hyper-sensible, prête à sombrer définitivement dans la folie. Avec son récit labyrinthique, écrit par Matthew Chapman lui-même, Heart of Midnight entraîne le spectateur dans une spirale infernale, une psyché perturbée, les méandres d’un esprit malade et offre indiscutablement à sa tête d’affiche l’un des plus beaux et grands rôles.

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Test Blu-ray / Le Grand amour du comte Dracula, réalisé par Javier Aguirre

LE GRAND AMOUR DU COMTE DRACULA (El Gran amor del conde Drácula) réalisé par Javier Aguirre, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Paul Naschy, Rosanna Yanni, Haydée Politoff, Mirta Miller, Ingrid Garbo, Víctor Barrera, José Manuel Martín, Julia Peña…

Scénario : Paul Naschy, Javier Aguirre & Alberto S. Insúa

Photographie : Raúl Pérez Cubero

Musique : Carmelo A. Bernaola

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Vers la fin du XIXe siècle, dans la Carpate orientale, en Roumanie – Après avoir traversé le col de Borgo, un carrosse perd une roue ; les chevaux, effrayés, tuent accidentellement le cocher avant de s’enfuir. Les cinq passagers, quatre femmes (Senta, Karen, Elke et Marlene) et un homme (Imre Polvi), se retrouvent isolés en pleine forêt. Imre convainc les passagères de se diriger vers un ancien sanatorium, afin de trouver de l’aide.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Dr DraculaLa Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. En 1972, Paul Naschy incarne une nouvelle « créature », un être difforme, un bossu, dans une relecture horrifique de Notre-Dame de Paris et de Frankenstein intitulée justement Le Bossu de la morgue – El Jorobado de la Morgue. Réalisée par Javier Aguirre, cette oeuvre grand-guignolesque demeure réjouissante et inquiétante à plus d’un titre puisque le cinéaste et le casting ne reculent devant rien pour créer l’effroi auprès des spectateurs avides de sang. La même année, toujours sous la direction de Javier Aguirre (et avec le même compositeur, scénariste, producteur, monteur, décorateur…), Paul Naschy revêt le costume de Dracula dans Le Grand Amour du comte DraculaEl Gran amor del conde Drácula, à ne pas confondre avec Dracula contre Frankenstein (1970) ou L’Empreinte de DraculaEl Retorno de Walpurgis (1973), également portés par l’acteur. Cette fois encore, Paul Naschy s’en donne à coeur joie, du moins autant que son charisme limité lui permet, dans ce rôle mythique dont il s’acquitte honorablement (son côté énigmatique et mystérieux va d’ailleurs exciter l’une de ses invitées), mais comme d’habitude sans se forcer. Néanmoins, le film aborde le célèbre comte sous l’angle romantique, puisque l’amour qu’il porte à une femme causera tout simplement sa perte. Généreux en scènes sanglantes et en donzelles dénudées (le saphisme est aussi présent), Le Grand Amour du comte Dracula est un savoureux spectacle qui fonctionne aussi bien dans l’horreur que du point de vue dramatique.

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Test Blu-ray / La Corruption de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem

LA CORRUPTION DE CHRIS MILLER (La Corrupción de Chris Miller) réalisé par Juan Antonio Bardem, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean Seberg, Marisol, Barry Stokes, Perla Cristal, Rudy Gaebel, Gérard Tichy, Alicia Altabella, Mariano Vidal Molina…

Scénario : Santiago Moncada

Photographie : Juan Gelpí

Musique : Waldo de los Ríos

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Années 1970, dans le Pays basque espagnol – Ruth Miller réside dans sa propriété avec sa belle-fille, Chris, psychologiquement instable à la suite d’un viol. Ruth, quant à elle, souffre de névrose après avoir été abandonnée par son mari. Les deux femmes vivent dans un climat de peur, d’autant que, depuis plusieurs mois, la région est le théâtre d’une série de meurtres. Lors d’une nuit d’orage, un vagabond, Barney Webster, vient se réfugier dans la grange des Miller. Après un moment d’hésitation, Ruth l’engage comme homme à tout faire…

Quelle étrange filmographie que celle de Jean Seberg…Après les années 1960 où elle a collaboré avec Claude Chabrol, Philippe de Broca, Robert Rossen, Jean Becker et Jacques Besnard, la comédienne s’exporte à l’international et apparaît dans Airport de George Seaton, La Kermesse de l’Ouest Paint Your Wagon de Joshua Logan, dans lequel elle pousse la chansonnette auprès de Clint Eastwood (énorme four au box-office). Après deux films mis en scène par son compagnon Romain Gary (Les Oiseaux vont mourir au Pérou et Kill), Jean Seberg se promène aussi bien en Italie (Un amour insolite Questa specie d’amore d’Alberto Bevilacqua, Les Tueurs à gages Camorra de Pasquale Squitieri) qu’en Espagne, où elle tourne La Corruption de Chris Miller La Corrupción de Chris Miller, réalisé par Juan Antonio Bardem. Ce giallo ibérique, rejeté par Jean Seberg qui n’accepta le film que pour le gros cachet qu’on lui proposait, est une grande découverte et s’avère même marquant à plus d’un titre. D’une part pour son ambiance étouffante et immersive, d’autre part pour la prestation de son trio vedette, Jean Seberg donc, peu importe ce qu’elle a pu en dire par la suite, Josefa Flores González, plus connue sous le pseudo de Marisol, chanteuse très célèbre dans son pays, et Barry Stokes, impeccable dans la peau de l’énigmatique Barney Webster, qui va s’immiscer dans le quotidien de Ruth Miller et de sa belle-fille Chris…Une expérience cinématographique à part entière, à mi-chemin entre le film de genre et le film d’auteur expérimental.

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Test Blu-ray / Voyage au bout de l’horreur – The Nest, réalisé par Terence H. Winkless

VOYAGE AU BOUT DE L’HORREUR (The Nest) réalisé par Terence H. Winkless, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Robert Lansing, Lisa Langlois, Franc Luz, Terri Treas, Stephen Davies, Diana Bellamy, Jack Collins, Nancy Morgan, Jeff Winkless, Steve Tannen, Heidi Helmer…

Scénario : Robert King, d’après le roman d’Eli Cantor

Photographie : Ricardo Jacques Gale

Musique : Rick Conrad

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Dans une petite ville insulaire, le shérif local découvre le cadavre d’un chien dépecé. La doctoresse Hubbard arrive en ville et déclare après examen que le chien a été l’objet d’attaques d’une race d’insectes particulièrement virulents, qui boivent le sang. Ces insectes pourraient provenir d’expériences jadis menées par la mystérieuse société Intec, à laquelle appartient Hubbard.

Vous avez le cafard ? Alors emparez-vous du Blu-ray de The Nest, plus connu dans nos contrées sous le titre Voyage au bout de l’horreur ! Ce film d’épouvante est le premier long-métrage du dénommé Terence H. Winkless, habituellement comédien, vu dans La Grande casse (« remaké » en 2000 avec Nicolas Cage et Angelina Jolie, rebaptisé 60 secondes chrono), écrit, interprété et réalisé par H.B. Halicki, mais avant tout scénariste de HurlementsThe Howling (1981) de Joe Dante. Pour son coup d’essai derrière la caméra, Terence H. Winkless adapte un roman d’Eli Cantor, passé entre les mains du scénariste Robert King, qui connaîtra son heure de gloire dans les années 2010 en devenant le showrunner et le producteur de The Good Wife, puis d’une autre série plus récente, Evil. Nous sommes en pleine série B, mais nullement Z avec The Nest, qui prend place sur une petite île où les habitants doivent affronter une colonie de cafards génétiquement modifiés (sinon ce ne serait pas drôle), avides de chair humaine et dont il est (quasiment) impossible de venir à bout. Solidement interprété et marqué par quelques idées de mise en scène bien sympathique, ainsi que des effets gores bienvenus, Voyage au bout de l’horreur est justement un trip divertissant, qui ne se prend pas la tête ni au sérieux, et qui laisse un bon souvenir après coup.

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Test Blu-ray / Échec au gang, réalisé par Umberto Lenzi

ÉCHEC AU GANG (La Banda del Gobbo) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Tomas Milian, Pino Colizzi, Isa Danieli, Guido Leontini, Solvi Stubing, Luciano Catenacci, Carlo Gaddi, Alessandra Cardini, Sal Borgese…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Federico Zanni

Musique : Franco Micalizzi

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Le criminel italien surnommé le Bossu retourne à Rome après son emprisonnement en Corse. Avec son jeune frère et d’autres complices, il envisage un raid sur un camion blindé. Mais les choses tournent mal.

Outre Nico Giraldi, personnage de flic à la Serpico qu’il a incarné près d’une douzaine de fois de 1976 à 1985, de Flics en jeans Squadra antiscippo à Pas folle, le flic Delitto al Blue Gay, tous réalisés par Bruno Corbucci, l’autre rôle récurrent ayant largement contribué à la renommée de Tomás Milián en Italie demeure « Poubelle ». Le comédien aura interprété « Er Monnezza » à trois reprises, dans La Mort en sursis Il trucido e lo sbirro (1976) et Échec au gang La Banda del Gobbo (1978) d’Umberto Lenzi et L’Exécuteur vous salue bienLa Banda del trucido (1977) de Stelvio Massi et reste aujourd’hui iconique avec sa chevelure bouclée (la même perruque qu’Alain Delon dans Le Gang sans doute), des yeux surlignés d’eyeliner, ses Adidas claires et sa dégaine de prolo romain, tandis que l’acteur Ferruccio Amendola (également la voix de Robert De Niro, Al Pacino, Sylvester Stallone…) lui apportait son accent et son phrasé inimitables. Échec au gang apparaît comme un caprice, ou comment Tomás Milián surfait encore sur ses succès précédents, tout en tâchant d’innover autant que faire se peut ici en campant un double-rôle, deux frères, notre Sergio Marazzi, alias Poubelle donc, mais aussi cette fois-ci son frangin, le Bossu, déjà apparu dans Brigade spéciale Roma a mano armata en 1976…même s’il ne s’appelait pas Vincenzo Marazzi, mais Vincenzo Moretto. Allez comprendre. Ces deux frères jumeaux sont réunis grâce à la magie des effets spéciaux rudimentaires (rien d’exceptionnel, Louis Jouvet se dédoublait de la même façon trente ans avant dans Copie conforme), en gros l’écran a été divisé en deux parties pour ainsi permettre à Tomás Milián d’apparaître en même temps, dans le même cadre, à la fois dans la peau de Vincenzo et dans celle de Sergio, pour un dernier baroud d’honneur, y compris pour le tandem Lenzi-Milián, après six collaborations. Il en résulte une comédie-policière certes sympathique, mais nullement indispensable, à moins d’être un fou furieux du cubain protéiforme, dont le cabotinage de génie annonçait alors celui d’un Nicolas Cage sous substances. Divertissant, Échec au gang vaut essentiellement pour cette double prestation, plutôt que son histoire qui peine à convaincre sur la durée.

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Test Blu-ray / Le Coeur battant, réalisé par Jacques Doniol-Valcroze

LE COEUR BATTANT réalisé par Jacques Doniol-Valcroze, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Françoise Brion, Jean-Louis Trintignant, Pénélope Portrait, Marc Eyraud, Suvath Phoeun, Borany Kassano, Raymond Gérôme…

Scénario : Jacques Doniol-Valcroze

Photographie : Christian Matras

Musique : Michel Legrand

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Un jeune peintre, François, aime Dominique qui lui préfère Juan, diplomate chilien avec lequel elle a eu une liaison l’année précédente. Elle doit retrouver ce dernier sur une île de la Méditerranée ; elle demande à François de l’accompagner, lequel va s’efforcer de la séduire en attendant l’arrivée de Juan.

On connaît le dénommé Jacques Doniol-Valcroze (1920-1989) comme étant le père fondateur (et le premier rédacteur en chef) de la mythique revue Les Cahiers du cinéma, aux côtés d’André Bazin, Joseph-Marie Lo Duca et Léonide Keigel. Une référence, une légende pourrait-on dire, qui reste célèbre pour ses combats, son élégance, sa passion contagieuse pour le septième art (il était avant tout journaliste et critique), mais aussi pour ses qualités humaines qui ont toujours fait l’unanimité et qui ont laissé des traces indélébiles chez celles et ceux qui l’ont côtoyé. On connaît moins son travail comme metteur en scène, étant passé lui-même derrière la caméra assez tardivement, vers l’âge de 40 ans. Après trois courts-métrages, L’Oeil du maître (1957), Les Surmenés (1958) avec Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel et Bonjour, Monsieur La Bruyère (1958) avec Michel Bouquet, Jacques Doniol-Valcroze passe le cap du grand format avec L’Eau à la bouche, succès critique et commercial, qui demeure essentiellement connu pour la chanson éponyme de Serge Gainsbourg. Il enchaîne très vite avec Le Coeur battant, qu’il écrit seul et pour lequel il dirige pour la seconde fois son épouse Françoise Brion. Cette comédie dramatico-romantique surfe bien entendu sur le phénomène de la Nouvelle vague, à laquelle il a contribué indirectement pourrait-on dire puisque ses poulains des Cahiers du cinéma comme François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol et consorts s’étaient déjà lancés dans la réalisation, mais s’en écarte et s’avère moins expérimental sur la forme. Néanmoins, cet aspect classique n’entame en rien le plaisir que procure Le Coeur battant, où les personnages solidement campés par Françoise Brion et Jean-Louis Trintignant, marchent tels des funambules entre légèreté et gravité.

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Test Blu-ray / Otalia de Bahia, réalisé par Marcel Camus

OTALIA DE BAHIA réalisé par Marcel Camus, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Mira Fonseca, Maria Viana, Antonio Pitanga, Jofre Soares, Zeni Pereira, Djalma Correa, Mãe Massu, Emmanuel Cavalcanti…

Scénario : Marcel Camus & Jorge Amado, d’après le roman de ce dernier, Les Pâtres de la nuit

Photographie : André Domage

Musique : Walter Queiroz, Antônio Carlos & Jocáfi

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Années 1970 – Dans les quartiers pauvres de Salvador, sur les hauteurs de Bahia, vit une communauté composée de personnages pittoresques et chaleureux. Ils ont pour nom Coq Fou, Ygrec, Massu, Rosa Moustache… et Otalia. Cette dernière, prostituée au service de Dona Tiberia, est amoureuse du caporal Martim. Cette bande de joyeux drilles partage une passion commune pour la musique, la danse et l’amour. Mais leur pauvreté les confronte aussi régulièrement à la police.

Ancien assistant de Jacques Becker (Antoine et Antoinette, Édouard et Caroline, Casque d’Or), de Marc Allégret (La Demoiselle et son revenant), d’Henri Verneuil (L’Ennemi public numéro un) et même de Luis Buñuel (Cela s’appelle l’aurore), Marcel Camus (1912-1982) passe à son tour derrière la caméra en 1957 avec Mort en fraude, drame qui fait frémir les critiques et qui écope d’une interdiction dans les territoires français d’outre-mer en raison de son sujet, la politique française en Indochine. La consécration internationale vient très rapidement, puisqu’en 1959, Marcel Camus signe Orfeu Negro, 3,7 millions d’entrées en France et lauréat de la Palme d’or au Festival de Cannes, ainsi que de l’Oscar du meilleur film étranger. Suivront encore sept longs-métrages, parmi lesquels Le Chant du monde (1965) avec Catherine Deneuve et Charles Vanel, d’après le roman de Jean Giono, ainsi que Le Mur de l’Atlantique, son plus grand succès commercial, sorti juste après la mort prématurée de Bourvil. Otalia de Bahia (1975) est son dernier opus signé pour le cinéma et sans doute l’un des plus représentatifs de la carrière du réalisateur. Cette adaptation du roman de Jorge Amado, Os pastores da noiteLes Pâtres de la nuit, permet au metteur en scène de célébrer le Brésil, pays qu’il affectionnait tout particulièrement et dont ses deux compagnes, Marpessa Dawn et Lourdes de Oliveira, vedettes d’Orfeu Negro, étaient d’ailleurs originaires. Festival de couleurs et de danses, où sont célébrées les traditions, les superstitions et la jouissance de vivre, Otalia de Bahia se place sur le fil tendu entre la fiction et le documentaire, dresse le portrait de plusieurs personnages originaux, composantes essentielles d’un groupe soudé, sur lequel trône la femme, la mère, l’amante et la putain, sans qui l’homme ne serait qu’un minable des rues. Une étonnante découverte doublée d’un plaisir visuel de chaque instant.

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Test Blu-ray / Blastfighter, l’éxécuteur, réalisé par Lamberto Bava

BLASTFIGHTER, L’ÉXÉCUTEUR (Blastfighter) réalisé par Lamberto Bava, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman, Stefano Mingardo, Ottaviano Dell’Acqua, Massimo Vanni, Elizabeth Forbes, Michele Soavi, George Williams…

Scénario : Luca De Rita & Massimo De Rita, d’après une histoire originale de Morando Morandini Jr. & Dardano Sacchetti

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Fabio Frizzi

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Pour avoir fait justice lui-même, Jake « Tiger » Sharp a été condamné à dix ans de prison. À sa sortie, l’ex-policier d’Atlanta retrouve son camarade Jerry, qui lui offre un fusil SPAS-12, arme de guerre aux effets dévastateurs. Alors qu’il était décidé à se venger du procureur véreux qui l’a fait condamner, Jake choisit de poser les armes. Il se retire dans le cabanon familial situé dans les Appalaches, pensant y couler des jours paisibles. Mais il se retrouve bientôt confronté à une bande de dangereux braconniers et au retour inopiné de son passé…

À peine sorti de taule, l’ami Jack se voit confier une arme hi-tech, qui se présente ainsi « une sorte d’arme anti-émeutes, d’une capacité de huit coups en semi-automatique ou manuel, qui lance des fumigènes, des fusées éclairantes, des cartouches de dissuasion, perforantes, au phosphore, au mercure, des grenailles, des plombs, des balles perce-blindage, des fléchettes, des grenades, des lacrymos et des explosifs ». Pratique si jamais Jack voulait aller taquiner le goujon durant sa retraite ! Et s’il désirait pêcher de nuit, pas de problème, le viseur électronique est doté d’un intensificateur et d’une vision nocturne à infrarouge ! Mais on comprend très vite que ce fusil de combat rapproché (fabriqué par une société italienne, cela va de soi), qui sera repris dans Hitcher, RoboCop, Ghost of Mars et consorts, ne sera pas seulement utile à Jack pour passer du bon temps à la campagne. Car nous sommes dans une grosse série B transalpine, qui s’inspire comme d’habitude de ce qui fonctionne au cinéma des deux côtés de l’Atlantique. Cette fois, c’est Délivrance et Rambo qui en prennent pour leur grade, avec les moyens du bord. Blastfighter a été quasi-intégralement tourné aux États-Unis, en Géorgie, à l’exception des scènes en intérieur capturées en studio à Rome. Si le film prend un peu de temps à démarrer, cette « Force of Vengeance » s’avère on ne peut plus généreux quand l’action se met en route, en frôlant souvent le nawak, mais l’ensemble est bien mis en scène par un Lamberto Bava (ou « John Old Jr. » ici) encore au début de sa carrière de réalisateur et qui fait preuve de savoir-faire derrière la caméra. Un bon ride.

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Test Blu-ray / La Peur règne sur la ville, réalisé par Giuseppe Rosati

LA PEUR RÈGNE SUR LA VILLE (Paura in città) réalisé par Giuseppe Rosati, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Maurizio Merli, James Mason, Raymond Pellegrin, Silvia Dionisio, Fausto Tozzi, Gianfilippo Carcano, Giovanni Elsner, Mario Novelli…

Scénario : Giuseppe Pulieri & Giuseppe Rosati

Photographie : Giuseppe Bernardini

Musique : Giampaolo Chiti

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Rome, mai 1976. Lettieri et sa bande s’évadent de la prison Regina Coeli, embarquant avec eux Giacomo Masoni sur le point de finir de purger sa peine. Dans les jours qui suivent, ils règlent leurs comptes avec ceux qui les ont trahis. Craignant que la situation ne dégénère, le préfet se voit alors contraint de réintégrer dans ses fonctions le commissaire Murri, flic aux méthodes expéditives, hanté par le meurtre de son épouse et de sa petite fille. Lui et son équipe remonteront peu à peu la piste des malfrats.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser avec les micro-flashbacks présents dans le film, La Peur règne sur la ville Paura in città n’est pas la suite d’un autre poliziottesco, même si là encore la présence en haut de l’affiche de Maurizio Merli pourrait porter à confusion. Ce dernier est alors devenu une véritable icône du genre en vogue de l’autre côté des Alpes, avec la trilogie du Commissaire Betti (Rome violente Roma violenta, Opération casseurs Napoli violenta, Opération Jaguar Italia a mano armata), qui rencontre un immense succès populaire. Suivront d’autres opus du même acabit dans lesquels le comédien, toujours la moustache fringante, interprète plus ou moins le même personnage, celui du flic aux méthodes brutales, mal vu par sa hiérarchie (sauf par le préfet incarné par James Mason, qui se demande ce qu’il fout là à part faire de la publicité pour l’eau Pejo, tandis que Merli brandit son paquet de Marlboro à tire-larigot, avant d’aller se poster devant une enseigne Fernet-Branca), qui n’osera jamais avouer qu’il est le meilleur sur le terrain. Ainsi, après Brigade spéciale Roma a mano armata et Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il cinico, l’infame, il violento d’Umberto Lenzi, Maurizio Merli interprète le Commissaire Muri (chaînon manquant entre Harry Callahan et Paul Kersey) dans La Peur règne sur la ville. Rétrospectivement, ce néo-polar est sans doute l’un des moins enthousiasmants tenus par l’acteur au brushing impeccable. Derrière la caméra, Giuseppe Rosati (né en 1923 et apparemment toujours parmi nous), manque de folie, d’ambition, d’imagination aussi, se contentant de prendre le train en marche après Il Testimone deve tacere et Tireur d’élite La Polizia interviene: ordine di uccidere!. Si le spectacle demeure indéniable, peu d’éléments marquent les esprits et La Peur règne sur la ville reste à voir uniquement pour sa star au charisme magnétique qui traverse ici le film en mode automatique.

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