Test Blu-ray / Blastfighter, l’éxécuteur, réalisé par Lamberto Bava

BLASTFIGHTER, L’ÉXÉCUTEUR (Blastfighter) réalisé par Lamberto Bava, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman, Stefano Mingardo, Ottaviano Dell’Acqua, Massimo Vanni, Elizabeth Forbes, Michele Soavi, George Williams…

Scénario : Luca De Rita & Massimo De Rita, d’après une histoire originale de Morando Morandini Jr. & Dardano Sacchetti

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Fabio Frizzi

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Pour avoir fait justice lui-même, Jake « Tiger » Sharp a été condamné à dix ans de prison. À sa sortie, l’ex-policier d’Atlanta retrouve son camarade Jerry, qui lui offre un fusil SPAS-12, arme de guerre aux effets dévastateurs. Alors qu’il était décidé à se venger du procureur véreux qui l’a fait condamner, Jake choisit de poser les armes. Il se retire dans le cabanon familial situé dans les Appalaches, pensant y couler des jours paisibles. Mais il se retrouve bientôt confronté à une bande de dangereux braconniers et au retour inopiné de son passé…

À peine sorti de taule, l’ami Jack se voit confier une arme hi-tech, qui se présente ainsi « une sorte d’arme anti-émeutes, d’une capacité de huit coups en semi-automatique ou manuel, qui lance des fumigènes, des fusées éclairantes, des cartouches de dissuasion, perforantes, au phosphore, au mercure, des grenailles, des plombs, des balles perce-blindage, des fléchettes, des grenades, des lacrymos et des explosifs ». Pratique si jamais Jack voulait aller taquiner le goujon durant sa retraite ! Et s’il désirait pêcher de nuit, pas de problème, le viseur électronique est doté d’un intensificateur et d’une vision nocturne à infrarouge ! Mais on comprend très vite que ce fusil de combat rapproché (fabriqué par une société italienne, cela va de soi), qui sera repris dans Hitcher, RoboCop, Ghost of Mars et consorts, ne sera pas seulement utile à Jack pour passer du bon temps à la campagne. Car nous sommes dans une grosse série B transalpine, qui s’inspire comme d’habitude de ce qui fonctionne au cinéma des deux côtés de l’Atlantique. Cette fois, c’est Délivrance et Rambo qui en prennent pour leur grade, avec les moyens du bord. Blastfighter a été quasi-intégralement tourné aux États-Unis, en Géorgie, à l’exception des scènes en intérieur capturées en studio à Rome. Si le film prend un peu de temps à démarrer, cette « Force of Vengeance » s’avère on ne peut plus généreux quand l’action se met en route, en frôlant souvent le nawak, mais l’ensemble est bien mis en scène par un Lamberto Bava (ou « John Old Jr. » ici) encore au début de sa carrière de réalisateur et qui fait preuve de savoir-faire derrière la caméra. Un bon ride.

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Test Blu-ray / La Peur règne sur la ville, réalisé par Giuseppe Rosati

LA PEUR RÈGNE SUR LA VILLE (Paura in città) réalisé par Giuseppe Rosati, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Maurizio Merli, James Mason, Raymond Pellegrin, Silvia Dionisio, Fausto Tozzi, Gianfilippo Carcano, Giovanni Elsner, Mario Novelli…

Scénario : Giuseppe Pulieri & Giuseppe Rosati

Photographie : Giuseppe Bernardini

Musique : Giampaolo Chiti

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Rome, mai 1976. Lettieri et sa bande s’évadent de la prison Regina Coeli, embarquant avec eux Giacomo Masoni sur le point de finir de purger sa peine. Dans les jours qui suivent, ils règlent leurs comptes avec ceux qui les ont trahis. Craignant que la situation ne dégénère, le préfet se voit alors contraint de réintégrer dans ses fonctions le commissaire Murri, flic aux méthodes expéditives, hanté par le meurtre de son épouse et de sa petite fille. Lui et son équipe remonteront peu à peu la piste des malfrats.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser avec les micro-flashbacks présents dans le film, La Peur règne sur la ville Paura in città n’est pas la suite d’un autre poliziottesco, même si là encore la présence en haut de l’affiche de Maurizio Merli pourrait porter à confusion. Ce dernier est alors devenu une véritable icône du genre en vogue de l’autre côté des Alpes, avec la trilogie du Commissaire Betti (Rome violente Roma violenta, Opération casseurs Napoli violenta, Opération Jaguar Italia a mano armata), qui rencontre un immense succès populaire. Suivront d’autres opus du même acabit dans lesquels le comédien, toujours la moustache fringante, interprète plus ou moins le même personnage, celui du flic aux méthodes brutales, mal vu par sa hiérarchie (sauf par le préfet incarné par James Mason, qui se demande ce qu’il fout là à part faire de la publicité pour l’eau Pejo, tandis que Merli brandit son paquet de Marlboro à tire-larigot, avant d’aller se poster devant une enseigne Fernet-Branca), qui n’osera jamais avouer qu’il est le meilleur sur le terrain. Ainsi, après Brigade spéciale Roma a mano armata et Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il cinico, l’infame, il violento d’Umberto Lenzi, Maurizio Merli interprète le Commissaire Muri (chaînon manquant entre Harry Callahan et Paul Kersey) dans La Peur règne sur la ville. Rétrospectivement, ce néo-polar est sans doute l’un des moins enthousiasmants tenus par l’acteur au brushing impeccable. Derrière la caméra, Giuseppe Rosati (né en 1923 et apparemment toujours parmi nous), manque de folie, d’ambition, d’imagination aussi, se contentant de prendre le train en marche après Il Testimone deve tacere et Tireur d’élite La Polizia interviene: ordine di uccidere!. Si le spectacle demeure indéniable, peu d’éléments marquent les esprits et La Peur règne sur la ville reste à voir uniquement pour sa star au charisme magnétique qui traverse ici le film en mode automatique.

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Test 4K UHD / Incubus, réalisé par Leslie Stevens

INCUBUS réalisé par Leslie Stevens, disponible en Combo Blu-ray + 4K UHD le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : William Shatner, Allyson Ames, Eloise Hardt, Robert Fortier, Milos Milos, Ann Atmar…

Scénario : Leslie Stevens

Photographie : Conrad L. Hall

Musique : Dominic Frontiere

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Situé au bord de l’océan, le village de Nomen Tuum a tout d’un lieu paradisiaque. On y trouve un puits, la Fontaine du Cerf, au fond duquel coule une source aux vertus curatives. Mais cet endroit a aussi attiré des succubes, démons à l’apparence de belles femmes, recherchant des âmes corrompues pour les livrer au Dieu des Ténèbres. L’une d’elles, Kia, a jeté son dévolu sur une âme pure : Marko, ancien soldat rentré au pays après avoir été blessé et qui vit modestement dans une ferme avec sa soeur, Arndis. Kia séduit Marko, qui tombe rapidement amoureux de la jeune femme, ignorant sa véritable nature.

En 2017, nous faisions la découverte de Propriété privée Private Property. Longtemps considéré comme définitivement perdu – en raison d’un incendie qui aurait tout dévasté – avant qu’une copie 35mm soit finalement retrouvée par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Propriété privée était en réalité une vraie perle rare du film noir des années 1960, qui demeurait invisible depuis sa sortie. Premier film réalisé par le cinéaste américain Leslie Clark Steven IV alias Leslie Stevens (1924-1998), célèbre pour avoir créé la série Au-delà du réel en 1963, ce drame-thriller que l’on pourrait qualifier de néo-hitchcockien, marquait les débuts au cinéma du comédien Warren Oates, qui signait sa troisième apparition à l’écran. 2024, Incubus, le troisième long-métrage de Leslie Stevens connaît quelque peu le même sort et se révèle être une autre expérience cinématographique tout aussi originale. Après l’annulation de la série Au-delà du réel en 1965 par ABC, le réalisateur signe un scénario afin de réunir son équipe technique habituelle, entre autres le directeur de la photographie Conrad L. Hall (De sang-froid, Electra Glide in Blue, Luke la main froide, Marathon Man, American Beauty) et le compositeur Dominic Frontiere (Pendez-les haut et court, Roar), en vue de l’exploiter dans les cinémas art et essai. Le plus surprenant sur Incubus et ce qui l’a fait entrer dans l’histoire du cinéma, est d’avoir été tourné en langue espéranto (les acteurs ayant appris phonétiquement leurs répliques à cette occasion), le second des trois films à avoir adopté ce langage dit « universel » au cinéma, ce qui selon le cinéaste ajoutait une dimension étrange à son récit. Ce procédé ne vaut pas celui de The Man from Another Place dans la série Twin Peaks, mais on s’en rapproche, même si seuls les espérantophones sauront juger de la qualité de la prononciation des acteurs. Incubus, emballé en un plus de deux semaines avec un budget très modeste, est quasiment inclassable et le résultat oscille entre les œuvres d’Ingmar Bergman (pour ce qui est du décor et des silhouettes perdues dans l’immensité de la nature) et de Carl Theodor Dreyer (en ce qui concerne la capture des visages et du thème central de l’amour). Une curiosité sur laquelle les cinéphiles devraient tous se pencher à un moment donné de leur parcours du septième art, d’autant plus que ce long-métrage avait été longtemps perdu…

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Test Blu-ray / L’Effrayant docteur Hijikata, réalisé par Teruo Ishii

L’EFFRAYANT DOCTEUR HIJIKATA (Kyôfu Kikei Ningen : Edogawa Rampo Zenshû – Horrors of Malformed Men) réalisé par Ishii Teruo, disponible en Blu-ray le 1er octobre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Teruo Yoshida, Yukie Kagawa, Teruko Yumi, Mitsuko Aoi, Michiko Kobata, Yumiko Katayama, Kei Kiyama, Reiko Mikasa…

Scénario : Ishii Teruo & Kakefuda Masahiro, d’après le roman de Rampo Edogawa

Photographie : Akatsuka Shigeru

Musique : Kaburagi Hajime

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Mutique, interné de force dans un asile psychiatrique de Tokyo, le jeune chirurgien Hitomi Hirosuke entend régulièrement dans sa tête un chant féminin qui se superpose au bruit des vagues. Des images l’assaillent également, dont celle d’un homme difforme aux mains palmées, sans qu’il parvienne à leur donner du sens. Une nuit, alors que quelqu’un s’introduit dans sa cellule pour tenter de l’étrangler, Hirosuke se voit contraint de tuer ce mystérieux agresseur et en profite pour s’évader. Une fois dehors, il croise une jeune femme, Hatsuyo, perdue dans ses pensées et fredonnant précisément cette berceuse qui le hante…

Et les vagues du logo de la Toei se brisent une nouvelle fois sur les récifs en ouverture d’un film d’Ishii Teruo. Le cinéaste a entamé sept ans plus tôt une collaboration au long cours avec le studio, après des débuts éclectiques dans les années 1950 sous la bannière de la Shintoho – vers laquelle il revient de temps en temps pour quelques films de science-fiction. Réalisant jusqu’à huit productions par an à un rythme effréné, qu’il co-scénarise bien souvent, son travail à la Toei se concentre d’abord sur une série de polars avant que de contribuer à la résurgence cinématographique de l’ « ero-guro », ce mouvement d’abord littéraire qui mêle érotisme frontal et univers grotesque. Edogawa Ranpo, figure de proue du genre dans les années 1920, est l’un des auteurs horrifiques les plus importants du Japon, imbriquant roman noir et fantastique. En 1969, deux de ses plus grands livres, Le Lézard Noir et La Bête Aveugle, viennent tout juste d’être adaptés respectivement par Fukasaku Kinji et Masumura Yasuzō. Bien plus tard, le romancier fournira encore du carburant à des cinéastes aussi doués que disparates (Tsukamoto Shin’ya pour Gemini en 1999 ; Barbet Schroeder pour Inju en 2008…). Ishii, quant à lui, choisit deux romans plus anciens, L’Île Panorama et Le Démon de l’Île Solitaire, et les croise afin d’en tirer une histoire propre à prolonger ses obsessions actuelles tout en explosant leurs limites.

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Test Blu-ray / Eve of Destruction, réalisé par Duncan Gibbins

EVE OF DESTRUCTION réalisé par Duncan Gibbins, disponible en Blu-ray depuis le 1er octobre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Renée Soutendijk, Gregory Hines, Michael Greene, Kurt Fuller, John M. Jackson Loren Haynes Nelson Mashita Alan Haufrect…

Scénario : Duncan Gibbins & Yale Udoff

Photographie : Alan Hume

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

En marge de ses programmes plus traditionnels, l’armée américaine travaille dans le plus grand secret à la fabrication de robots censés imiter à la perfection l’apparence et la personnalité humaines, dédiés à la surveillance, au combat rapproché, voire à la destruction massive. Responsable de ce département, le docteur Eve Simmons a notamment créé un modèle féminin à son image : « Eve VIII » ; son propre background mental ayant même servi à construire l’habitus du cyborg. Mais alors qu’on teste ce dernier à l’extérieur sous surveillance, un incident fâcheux le fait échapper au contrôle de ses créateurs.

L’histoire de Duncan Gibbins n’est pas très heureuse. Auteur d’une grosse poignée de vidéoclips pour George Michael, Bananarama, Eurythmics et quelques autres, sa filmographie ne comporte que trois longs-métrages, dont deux dédiés au grand écran (et encore : pas dans tous les pays). Aucun n’effectuera la percée tant attendue en dépit de qualités certaines. L’émouvante Virginia Madsen aura accompagné les premiers pas au cinéma d’au moins deux clippeurs de talent : le prolifique et surdoué Steve Barron en 1984 pour son Electric Dreams (dans lequel elle partageait l’affiche avec feu Lenny von Dohlen) et donc, deux ans plus tard, Duncan Gibbins pour Fire With Fire, une production modeste mais fort estimable où une jeune fille cloîtrée dans un sévère institut catholique et un jeune délinquant purgeant sa peine dans un centre en milieu ouvert décident de s’évader ensemble, au mépris de toutes les autorités qui s’interposent. Cette fois, son partenaire est Craig Sheffer (par la suite, les deux comédiens s’illustreront chacun de leur côté dans l’univers de Clive Barker : Madsen en héroïne de Candyman ; Sheffer en héros de Cabal). Le film de Gibbins rapporte moins de 5 millions de dollars et il lui faudra cinq ans de plus pour revenir au cinéma avec le très bon Eve of Destruction – qui ne fera guère mieux au box office ! Le casting étonnant du film confronte Gregory Hines (alors connu pour Tap de Nick Castle, Deux Flics à Chicago et le Cotton Club de Coppola) à la hollandaise Renée Soutendijk (qui marqua les esprits dans deux grands films signés Paul Verhoeven : Spetters et Le Quatrième Homme). Suite à l’accueil trop mitigé de ces deux travaux, Gibbins mettra en scène Jennifer Grey et Peter Berg en 1993 dans un téléfilm policier de facture très honnête (… mais très télévisuelle !) : Seul dans la nuit (A Case for Murder), qui sera donc sa dernière œuvre. Décédé accidentellement à l’âge de 41 ans, sans avoir réellement connu le succès, Gibbins fait partie de ces artistes partis trop tôt pour qu’on ait pu juger de leur possible importance dans le paysage. D’autant plus grande est la nécessité de garder en mémoire la petite trace qu’ils ont laissée…

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Test Blu-ray / Cherry 2000, réalisé par Steve De Jarnatt

CHERRY 2000 réalisé par Steve De Jarnatt, disponible en Blu-ray depuis le 1er octobre 2023 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Ben Johnson, Pamela Gidley, Melanie Griffith, David Andrews, Laurence Fishburne, Harry Carey Jr., Brion James, Michael C. Gwynne…

Scénario : Michael Almereyda, d’après une histoire originale de Lloyd Fonvielle

Photographie : Jacques Haitkin

Musique : Basil Poledouris

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

En l’an 2017, une partie des États-Unis a été ravagée par la guerre atomique. Les zones sinistrées, nouveau terrain de jeu pour les contrebandiers sanguinaires, ne sont pas sûres. Sam Threadwell, cadre dans une station de recyclage des déchets électroniques et métalliques, coule des jours heureux avec sa femme artificielle, une Cherry 2000 d’un autre âge programmée pour répondre à ses moindres caprices et simuler l’amour béat en gardant toujours le sourire. Jusqu’au jour où les circuits de Cherry grillent accidentellement et rendent le robot hors d’usage.

Qui peut dire : « Je n’ai réalisé que deux longs-métrages dans ma vie, mais tous deux sont devenus cultissimes » ?… C’est au beau milieu des années 1980, après un court-métrage (Tarzana, 1978) et un épisode de New Alfred Hitchcock Presents (le remake de Man from the South d’après Roald Dahl) que le scénariste-réalisateur Steve De Jarnatt, avant de ne plus officier que dans le domaine de la série télévisée (X-Files, American Gothic ou Urgences, entre autres), met en scène coup sur coup l’inclassable Cherry 2000 et le sublime Miracle Mile (réédité en 2017 chez Blaq Out et très vite épuisé !). Personnage à part dans l’industrie hollywoodienne, sa carrière sur grand écran fut aussi éphémère que mémorable. Plus étonnant encore, elle pourrait constituer un diptyque à l’envers, la post-apocalypse décrite dans Cherry 2000 prenant potentiellement ses racines dans l’événement déclencheur de Miracle Mile. Peu revus et commentés depuis lors mais vénérés religieusement par un noyau de fervents admirateurs et, de plus en plus, par une partie de la critique, les deux films révèlent une personnalité à part, une véritable vision d’auteur trouvant sa cohérence dans l’insaisissable, à l’intérieur d’un cinéma du samedi soir naïf et assumé comme tel. Côté casting, le pétillant Cherry 2000 offre un rôle d’envergure au second couteau David Andrews, lui aussi homme de télévision avant tout. Aperçu dans A Nightmare on Elm Street, on le reverra dans Graveyard Shift (La Créature du Cimetière – film de vidéoclub entre tous !), puis en frère de Kevin Costner dans Wyatt Earp ou plus tard encore dans Hannibal, mais le gros de sa prolifique carrière s’épanouit sur le petit écran. Quant à Melanie Griffith, redécouverte en 1984 par Abel Ferrara (Fear City) et surtout Brian De Palma (Body Double), Steve De Jarnatt vient alors de la diriger dans Man from the South, face à Steven Bauer et John Huston. Sur la pente ascendante, elle enchaînera l’année suivante avec le Working Girl de Mike Nichols, gagnant définitivement ses galons de star. Autour du couple gravitent gloires du passé (Ben Johnson, Harry Carey Jr.), « gueules » de l’époque (Brion James, Tim Thomerson, Marshall Bell) et vedettes en devenir (Laurence Fishburne) dans un univers de comic book qui doit beaucoup à l’inventivité roublarde du réalisateur et aux compétences de son équipe technique – lesquelles font pas mal d’or avec beaucoup de plomb !

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Test Blu-ray / Cannibal Ferox, réalisé par Umberto Lenzi

CANNIBAL FEROX réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Blu-ray – Digipack Limité depuis mars 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Giovanni Lombardo Radice, Lorraine De Selle, Danilo Mattei, Zora Kerova, Walter Lucchini, Fiamma Maglione, Robert Kerman, John Bartha…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Giovanni Bergamini

Musique : Roberto Donati & Fiamma Maglione

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Étudiante à New York, Gloria Davis finalise sa thèse, qui tend à démontrer que le cannibalisme est un mythe. Afin d’appuyer ses recherches, elle part en Colombie, dans un village d’Amazonie, accompagnée de son frère Rudy et de son amie Pat Johnson. Sur place, le trio rencontre deux aventuriers sans scrupules, Mike Logan et Joe Costolani, mêlés à un trafic de drogue et responsables d’actes barbares sur des indigènes. Ces derniers ne vont pas tarder à se venger, de la plus cruelle des manières…

« Cannibal Ferox est un film dont je ne voulais plus entendre parler, mais que j’ai appris à aimer en raison de l’argent qu’il m’a rapporté ! ». On ne saurait être plus clair qu’Umberto Lenzi quand il évoquait l’un de ses opus les plus célèbres et parallèlement son plus grand succès commercial. Précurseur du film cannibale, ayant réalisé Au pays de l’exorcisme Il Paese del sesso selvaggio en 1972, le cinéaste revient au genre huit ans plus tard avec La Secte des cannibalesMangiati vivi!, dans lequel Lenzi reprenait les mêmes thèmes, en allant encore plus loin dans le cannibalisme. Suivront L’Avion de l’apocalypseIncubo sulla città contaminata, avec évidemment ses zombies affamés de chair humaine, puis le film qui nous intéresse aujourd’hui, Cannibal Ferox ou Terreur Cannibale, qu’il écrit et met en scène. Depuis la sortie et le scandale de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato en 1980 et celle d’Antropophagus de Joe d’Amato, les partis-pris et la violence graphique ont changé. Les spectateurs veulent du gore, du dégueulasse, du sang qui coule à gros bouillons, mais aussi et surtout du réalisme. Umberto Lenzi décide de repousser les limites avec Cannibal Ferox, ou Make Them Die Slowly (aux States), Woman From Deep River (en Australie), considéré comme un film définitif sur nos amis (il est fortement déconseillé d’être leurs ennemis) les anthropophages. Toutefois, il faut bien avouer que Cannibal Ferox a pris du plomb dans l’aile avec les années. On peut trouver le temps long entre deux bonnes idées, souvent bien éloignées les unes des autres, tandis que les comédiens font ce qu’ils peuvent pour sauver les meubles avec le peu qu’ils ont à défendre, y compris leur manque de charisme. Sympatoche, mais en aucun inoubliable donc.

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Test Blu-ray / Section de choc, réalisé par Massimo Dallamano

SECTION DE CHOC (Quelli della calibro 38) réalisé par Massimo Dallamano, disponible en Édition Limitée Blu-ray depuis mars 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Marcel Bozzuffi, Carole André, Ivan Rassimov, Riccardo Salvino, Giancarlo Bonuglia, Fabrizio Capucci, Francesco Ferracini, Daniele Gabbai…

Scénario : Franco Bottari, Massimo Dallamano, Marco Guglielmi & Ettore Sanzò

Photographie : Gábor Pogány

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

1976, dans les faubourgs de Turin – Le commissaire Vanni et ses hommes font irruption dans une ferme servant de repaire à une organisation criminelle. Durant la fusillade, le frère du Marseillais, chef de la bande, est abattu. En représailles, le Marseillais se rend dans l’immeuble où réside le commissaire et tue froidement son épouse, sous les yeux de son petit garçon. Peu après, Vanni accepte de diriger un quatuor de policiers entraînés au maniement des armes (revolvers équipés de cartouches .38 Special) et à la conduite de motos enduro. Apprenant que le Marseillais est entré en possession de soixante-dix kilos de dynamite, le commissaire et son escouade mettent tout en œuvre pour contrecarrer ses projets.

À l’occasion de la sortie en Blu-ray de Mais…qu’avez-vous fait à Solange ? chez Le Chat qui fume en 2022, nous étions revenus sur la carrière de Massimo Dallamano (1917-1976). Nous n’épiloguerons donc pas une nouvelle fois dessus, ce qui nous permet de passer directement à Section de choc aka Quelli della calibro 38, alias aussi Colt 38 Special Squad dans les pays anglo-saxons, un polar pur et dur, bien burné et qui emmerde la bien-pensance, avec un Marcel Bozzuffi gonflé à bloc. Ils se sont mis à quatre pour le scénario de ce poliziottesco, Massimo Dallamano lui-même, accompagné de Franco Bottari (Deux flics à abattre de Ruggero Deodato, La Bête tue de sang-froid d’Aldo Lado), Marco Guglielmi (Saludos hombre de Sergio Sollima) et Ettore Sanzò (La Guerre des gangs de Lucio Fulci, La Dernière maison sur la plage de Franvo Prosperi), des types rompus au genre qui livrent un opus bien représentatif de ce courant. De la première à la dernière seconde, les rebondissements, les affrontements, les poursuites (très immersives, filmées caméra à l’épaule), les gunfights s’enchaînent pour le plus grand plaisir des spectateurs. Près de cinquante ans après sa sortie, Section de choc, tourné durant les anxiogènes Années de plomb, n’a absolument rien perdu de son efficacité et n’a rien à envier à un thriller contemporain.

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Test Blu-ray / Killer Crocodile I & II, réalisés par Fabrizio De Angelis & Giannetto De Rossi

KILLER CROCODILE I& II réalisés par Fabrizio De Angelis & Giannetto De Rossi, disponible en Édition Limitée Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anthony Crenna, Ennio Girolami, Julian Hampton, Van Johnson, Sherrie Rose, Bill Wohrman, Ann Doulas…

Scénario : Fabrizio De Angelis, Dardano Sacchetti & Giannetto De Rossi

Photographie : Federico Del Zoppo & Giovanni Bergamini

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h28 & 1h26

Date de sortie initiale : 1989 & 1990

LES FILMS

Un groupe d’écologistes se rend dans les Caraïbes pour tenter de prouver que les activités d’une multinationale mettent en péril la faune et la flore. Il ne leur faut pas longtemps pour que, dans un marais, ils découvrent des fûts toxiques… Avant de mettre les autorités locales au courant, ils décident de rester pour la nuit. Mais à leur réveil, l’un d’entre eux a disparu…

Un an plus tard…

Ils pensaient en avoir fini avec le saurien mutant… ils avaient forcément tord ! Les fûts toxiques qui étaient supposés avoir été détruits sont toujours là, attendant de créer une nouvelle génération de mutants…

Préparez le pack de binouzes (de préférence, ne prenez pas de la Tourtel, l’effet ne serait pas le même), le paquet de chips (pas celui aux légumes oubliés, en plus le paquet est à 5 balles au Monop’), le chocolat Lindt lait façon Rocher et enchaînez les deux mirifiques opus Killer Crocodile ! On doit le premier à Fabrizio De Angelis, habituellement producteur (Black Emanuelle autour du monde, L’Enfer des zombies, L’Au-delà, L’Éventreur de New York, Formule pour un meurtre), également ici scénariste et metteur en scène sous le pseudo de Larry Ludman. Évidemment très largement inspiré par Les Dents de la merJaws de Steven Spielberg, qui a non seulement créé le blockbuster une quinzaine d’années auparavant, mais aussi donné naissance au film d’épouvante centré sur une créature marine, Killer Crocodile ne lui arrive pas à la cheville, tout juste à la plante des pieds. Car c’est est un nanar, un pur et dur, celui qui vous fracasse le bide comme les zygomatiques. Et bordel, ça fait un bien fou. Le film enchaîne les scènes d’anthologie avec son monstre douteux, son casting dont le charisme n’a d’égal que le talent (autrement dit zéro pointé sur ces deux points), la musique de Riz Ortolani qui plagie ouvertement le score de John Williams, bref, du bonheur sur pellicule pendant près de 90 minutes. La suite oscille constamment entre le navet et le nanar. Si elle comprend quelques moments épiques, cette séquelle emballée par Giannetto De Rossi, spécialiste des maquillages et des effets spéciaux (Pulsions cannibales, Il était une fois dans l’Ouest), qui avait déjà bossé sur le premier opus et qui venait de faire ses débuts comme réalisateur (Cyborg – Il guerriero d’acciaio), n’est pas aussi « hénaurme ». Le spectateur qui attendrait un second épisode dans la lignée du précédent pourrait être déçu en raison d’un ventre mou, mais au final le résultat est plutôt réjouissant. Alors, qu’est-ce que vous attendez ? Dépêchez vous, la bière va s’éventer.

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Test Blu-ray / Liaisons perverses, réalisé par Jean-Paul Savignac

LIAISONS PERVERSES réalisé par Jean-Paul Savignac, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Mona Heftre, Jean Roche, Pierre Oudrey, Samuel Sladow, Monique Vita, Ghislaine Hettre, Monique Lauffenburger, Claudine Beccarie…

Scénario : Jean-Paul Savignac

Musique : Maurice Lecoeur

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Laurent, un photographe parisien, recherche l’endroit parfait pour le photo-roman qu’il doit réaliser. Croyant trouver l’endroit idoine, il s’introduit chez Hélène, une jeune et belle bourgeoise délaissée par son mari. Débute entre eux une liaison, Laurent se servant d’Hélène pour ses photos sexy. Soupçonnant quelque chose, Philippe, son mari, engage un détective privé…

Pas mal ce petit film érotique réalisé par Edgar P. Sullivan alias Jean-Paul Savignac, sorti sous les titres Les Liaisons perverses, mais aussi Des liaisons très perverses, Le Désir satisfait, Objectivement vôtre ou bien encore Depraved Relations dans les pays anglo-saxons. Ce dernier opus de l’ancien assistant de Jean-Luc Godard sur Vivre sa vie : Film en douze tableaux (1962), Les Carabiniers (1963), Bande à part (1964) et Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (1965), également de Jacques Demy (Les Parapluies de Cherbourg) et Agnès Varda (Le Bonheur) ne manque certainement pas de charme et d’idées de mise en scène. Mais ce que l’on retiendra avant tout de Liaisons perverses, c’est la beauté foudroyante de la comédienne Mona Heftre, ici sous le nom de Mona Mour, qui faisait ses premières apparitions à l’écran, la même année que Change pas de main de Paul Vecchiali et La Fille du garde-barrière de Jérôme Savary, son futur époux et père de ses deux filles. Jamais vulgaire, mais avec délicatesse et reflétant une connaissance évidente de la grammaire cinématographique, Liaisons perverses n’est pas une succession gratuite de séquences olé olé, mais présente des personnages englués dans un quotidien morose, qui ont vu leurs idéaux s’éloigner puis disparaître, les rendant frustrés voire aigris. À ce titre, Mona Heftre campe formidablement une jeune femme de 24 ans presque vieillie avant l’âge en raison d’un mariage ennuyeux, qui va redécouvrir son corps et le désir auprès d’un photographe qui va la prendre comme modèle. Une jolie découverte.

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