Test DVD / Navajo Joe, réalisé par Sergio Corbucci

NAVAJO JOE réalisé par Sergio Corbucci, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD + Livret le 7 avril 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Burt Reynolds, Aldo Sambrell, Nicoletta Machiavelli, Fernando Rey, Tanya Lopert, Franca Polesello, Lucia Modugno, Pierre Cressoy…

Scénario : Piero Regnoli & Fernando Di Leo, d’après une histoire originale d’Ugo Pirro

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h29

Date de sortie initiale: 1966

LE FILM

Navajo Joe est un indien solitaire dont toute la tribu a été massacrée par une bande de chasseurs d’indiens. Il les poursuit sans relâche, jusqu’à ce qu’il les retrouve en train de piller un train transportant une grosse somme d’argent. Il tue un à un les bandits et achemine le train jusqu’à sa destination initiale : Esperanza. Après avoir convaincu les habitants du petit village Esperanza de lui confier l’argent pour que les bandits restants ne s’en emparent pas, il le cache et le protège au péril de sa vie…

Auteur éclectique d’une soixantaine de longs métrages, Sergio Corbucci (1927-1990) signe un de ses westerns les plus célèbres avec Navajo Joe. Sorti en 1966, la même année que Django et Ringo au pistolet d’orJohnny Oro, alors que le western européen, et plus particulièrement transalpin venait d’exploser avec Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, Navajo Joe demeure un fleuron du genre. S’il reste un grand nom du cinéma bis italien, c’est avec le péplum que Sergio Corbucci se fait un nom. Production hispano-italienne principalement tournée en Espagne, Navajo Joe, western pur et dur, dispose d’un budget confortable confié par Dino De Laurentiis et impose une fois de plus le talent d’un cinéaste qui laissera définitivement son empreinte. Le scénario de Piero Regnoli (Les Contrebandiers de Santa Lucia, Les Sept bérets rouges, Comme des chiens enragés) et Fernando Di Leo (Avoir vingt ans, Le Retour de Ringo) n’est sans doute pas une réussite totale, mais le réalisateur s’intéresse davantage aux personnages, tout en offrant aux spectateurs ce pour quoi ils sont venus avec des fusillades rondement menées, des trahisons fatales, des réglements de comptes. Cette fois, Sergio Corbucci a délaissé le copier-coller du western américain, a vraiment trouvé ses propres marques, avec son style parfois baroque et le caractère pittoresque de certains tueurs, notamment celui interprété par Aldo Sambrell, complexe à souhait. Un western qui continue de ravir les cinéphiles, d’autant plus que Burt Reynolds, qui jouait déjà un Indien dans la série Gunsmoke, dans l’un de ses premiers rôles au cinéma, crève aussi l’écran dans le rôle-titre.

À la tête d’un groupe de chasseurs de scalps, Duncan, un métis, massacre tous les habitants d’un village indien Navajo et les scalpe. Joe, seul rescapé du carnage, décide de venger la communauté. Les assassins espèrent vendre leurs scalps au shérif de Pyote. Ils ont la mauvaise surprise de s’entendre dire que les temps ont changé et qu’ils sont maintenant considérés comme des assassins. Un homme mystérieux leur donne l’information comme quoi, ils pourront dérober une somme importante d’argent enfermée dans le coffre fort du train qui va de Hot springs à Esperanza….Duncan et sa bande mettent le feu à Pyote et prennent en chasse le groupe de trois entraîneuses qui avaient été témoins de l’échange d’informations avec l’homme mystérieux. Les jeunes femmes parviennent à s’échapper grâce à Navajo Joe mais Geraldine est blessée. Navajo Joe vole le train que les bandits ont laissé sous faible surveillance et le ramène à Esperanza. Il informe les habitants que Duncan va certainement venir les prendre en otage pour récupérer l’argent. Le médecin Chester, décide d’aller à Wellington chercher de l’aide alors qu’Estella, la métisse, reste avec sa femme, la propriétaire de la banque Blackwood…

« Au cinéma, plus le méchant est méchant, plus le film est réussi » disait Alfred Hitchcock. C’est indéniablement le cas dans Navajo Joe, car si Burt Reynolds campe le personnage principal, on se souvient étonnamment plus de son adversaire, incarné par l’espagnol Aldo Sambrell. Comédien à la carrière prolifique, vu chez Jess Franco (Tender Flesh), Jackie Chan (Opération Condor), Lucio Fulci (Selle d’argent), Richard Fleischer (Les Complices de la dernière chance), Tom Gries (Les 100 fusils), Sergio Leone (la trilogie du Dollar), John Milius (Le Lion et le Vent), il joue un grand frappadingue dans Navajo Joe, un métis qui ne supporte pas son sang-mêlé et passe donc son existence à réparer cette « erreur », en s’en prenant à la fois aux Indiens et aux blancs, hommes, femmes, enfants, qu’il scalpe à la chaîne avec sa bande de tarés. Mais c’était sans compter sur le désir de vengeance de l’Indien Navajo joe, unique rescapé du massacre de sa tribu, qui a fait le serment que le crime ne restera pas impuni.

Pour ce dernier, Dino De Laurentiis et Sergio Corbucci avaient tout d’abord pensé à Marlon Brando…Finalement, ils jettent leur dévolu sur un acteur peu expérimenté, mais qui s’avère très à l’aise dans les scènes physiques et surtout charismatique, un certain Burt Reynolds. C’est sur les conseils de son ami Clint Eastwood, que ce dernier part tenter sa chance en Italie. Bingo, car même si le comédien n’aura de cesse de renier ce film (il pensait en réalité que le film serait mis en scène par Sergio Leone !), l’ami Burt s’en tire à merveille, fait des cabrioles, manie le couteau, envoie des mandales (et en reçoit aussi dans une scène d’anthologie), joue de son charme et insuffle une ambiguïté à son personnage du début à la fin. Le reste du casting se compose d’autres belles gueules, celles de la magnifique Nicoletta Machiavelli (L’Important c’est d’aimer, Big Guns – Les Grands fusils, Les Seins de glace, et du légendaire Fernando Rey (French Connection, Cet obscur objet du désir, Le Charme discret de la bourgeoisie) sont entre autres bien reconnaissables.

Il manque certainement quelque chose à Navajo Joe pour rivaliser avec les grands westerns spaghetti. Un je-ne-sais-quoi lié à l’histoire, qui tourne un peu en rond rapidement et dont le rythme un brin pépère n’arrange pas vraiment cette impression. La vraie star du film est Sergio Corbucci lui-même, assisté par Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust, Zenabel, Gungala : La Panthère nue), qui ne laisse jamais sa caméra immobile, qui joue avec les zooms, les travellings, les gros plans, l’immensité des paysages, le découpage parfois sec de certaines séquences, la violence frontale. Les scènes où Joe s’en prend à la bande de Duncan sont sans doute les meilleures, improbables certes (en gros l’Indien, souvent armé d’un seul couteau, va décimer toute la horde, avant de s’aider d’un fusil et même de dynamite), mais très efficacement filmées et jubilatoires. Ajoutons à cela une partition emphatique signée Ennio Morricone, qui apparaît étrangement au générique sous le pseudonyme Leo Nichols, souvent envahissante, qui apporte au film un côté épopée qui lui manque, qui en fait des caisses sûrement, mais qui n’en reste pas moins entêtante avec les cinq notes récurrentes du thème principal.

LE DVD

Comme pour Bataille sans merci, nous n’aurons pas mis la main sur le Blu-ray de Navajo Joe pour cette chronique. Le film de Sergio Corbucci était déjà sorti en édition Standard en 2009 chez Wild Side Video, avant d’être réédité par le même éditeur trois ans plus tard, toujours dans la collection Les Introuvables. 2023, Navajo Joe débarque chez Sidonis en DVD et Combo Blu-ray + DVD dans l’anthologie Silver. Le menu principal est animé et musical.

Outre la bande-annonce, nous ne trouvons qu’un seul supplément…soit une intervention de Jean-François Giré (12’), que l’on avait déjà croisé dans les bonus de l’édition Wild Side. L’auteur de l’ouvrage Il était une fois le western européen (2002) donne de nombreuses indications sur ce « film étrange », production importante de Dino De Laurentiis, sur le casting, les personnages, les défauts (« quelques facilités […] un manque d’ampleur sans doute […] l’Indienne pas assez développée ») et la musique d’Ennio Morricone (« qui donne un aspect puissant, comme un opéra sinistre »). Enfin, Jean-François Giré indique que « Navajo Joe mérite d’être revu et redécouvert ».

L’Image et le son

Moui…bof…C’est aléatoire tout ça…Cette édition Standard fait ce qu’elle peut, mais l’ensemble n’est pas très chatoyant. La texture argentique est présente, en dents de scie peut-être (tout comme le piqué d’ailleurs), mais préservée. Divers plans paraissent étrangement plus lisses. La copie est propre, même si des poussières et des poils en bord de cadre subsistent, les couleurs manquent d’éclat, les fondus enchaînés sont fluides. La luminosité est parfois très poussée et semble artificielle, sur certains plans les acteurs ont l’air soudainement plus bronzés, ou éclairés à la mandarine. La stabilité est de mise, à quelques exceptions près, mais la compression laisse de temps en temps à désirer. Une définition moyenne donc. À noter que les credits en ouverture sont en langue anglaise.

Rien à redire à propos des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 2.0, amplement suffisantes et accompagnant efficacement le film. Aucun souffle constaté sur les deux pistes ici présentes et les dialogues restent très clairs tout du long, même si beaucoup moins en VF. La musique tient également une place prépondérante et aucun accroc ne vient perturber sa restitution. Les sous-titres français ne sont pas imposés. Version intégrale, donc trois scènes basculent automatiquement en anglais sous-titré français. En revanche, les puristes noteront l’absence du doublage italien…ce qui pourra en faire rager plus d’un.

Crédits images : © Sidonis Calysta / MGM / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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