Test Blu-ray / Les Amants de Brasmort, réalisé par Marcello Pagliero

LES AMANTS DE BRASMORT réalisé par Marcello Pagliero, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Nicole Courcel, Frank Villard, Henri Génès, Line Noro, Robert Dalban, Philippe Nicaud, Mona Goya, Jacky Flynt…

Scénario : Jacques Dopagne & Robert Scipion

Photographie : Roger Hubert

Musique : Georges Auric

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Jean Michaut est un marinier sans le sou qui vit près d’un cimetière de péniches appelé le « Bras-mort ». Il tombe amoureux de Monique la fille de son oncle qui est un riche armateur fluvial. Elle finit par l’aimer mais leurs différences sociales rendent difficile leur relation. Monique décide malgré tout de vivre avec Jean et de l’épouser.

Le bras-mort du titre du film de Marcello Pagliero, c’est le « Bras Favé » de l’île-du-Devant à Conflans-Sainte-Honorine, bras mort de la Seine donc, qui accueillait d’anciennes embarcations en bois, demeures habitées par des personnes sans véritables ressources, en particulier des familles d’anciens mariniers. C’est là que le réalisateur français d’origine italienne a entièrement tourné Les Amants de Bras-Mort, dans cette commune des Yvelines qui servait de carrefour aux voies fluviales. Si ce long-métrage mérite d’être redécouvert aujourd’hui, c’est pour sa dimension documentaire, celle d’une France qui a totalement disparu au profit d’une modernisation inévitable des travaux d’hier. L’histoire est sans doute simple, mais les personnages attachants, notamment le couple formé par la belle Nicole Courcel – alors au début de sa carrière et qui avait déjà tourné pour Jacques Becker, Henri Decoin, Jean Dalannoy et Marcel Carné – et Franck Villard, dont la présence est forte et marquante. Si la mise en scène est plus ou moins fonctionnelle et illustrative, Les Amants de Bras-Mort possède un charme inaltérable, rend compte admirablement des métiers d’antan et repose sur une distribution solide.

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Test Blu-ray / Retour de manivelle, réalisé par Denys de La Patellière

RETOUR DE MANIVELLE réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Michèle Morgan, Daniel Gélin, Peter van Eyck, Bernard Blier, Michèle Mercier, François Chaumette, Pierre Leproux, Jean Olivier, Hélène Roussel…

Scénario : Denys de La Patellière, d’après le roman de James Hadley Chase

Photographie : Pierre Montazel

Musique : Maurice Thiriet

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Fréminger, un riche homme d’affaires se suicide après avoir supprimé la clause du suicide de son testament. Sa veuve, Hélène, tente alors de maquiller sa mort en meurtre après avoir fait croire que le défunt est encore en vie. Elle fait appel à Robert, le chauffeur, qui devient son amant. Mais le plan tourne mal…

Quand on évoque la grande carrière de Denys de La Patellière (1921-2013), le cinéphile pense instantanément à ses nombreuses et fructueuses collaborations avec Jean Gabin, six films tournés de 1958 à 1972, des Grandes familles au Tueur, près de 18 millions d’entrées au total. Parmi les autres succès du réalisateur on peut aussi citer son premier long-métrage, Les Aristocrates (2,9 millions), Un taxi pour Tobrouk (4,9 millions) et Retour de manivelle (2 millions). Moins connu que ses autres opus, ce dernier sorti en septembre 1957 apparaît comme un chaînon manquant entre Assurance sur la mort Double Indemnity (1944) de Billy Wilder et Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot. Avouez qu’on a déjà fait pire comme références, surtout que ce thriller dramatique et psychologique parvient sans mal à trouver sa propre identité et ce grâce à un formidable trio d’acteurs au sommet de leur art, Michèle Morgan, Daniel Gélin et Bernard Blier, exceptionnels et qui se délectent des répliques concoctées par Michel Audiard. Une très belle année pour le dialoguiste puisqu’il signait également en même temps celles de Trois Jours à vivre et Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier, Maigret tend un piège de Jean Delannoy et aussi celles des Grandes familles du même Denys de La Petellière. Le cinéaste n’est pas en reste et livre un quasi-huis clos étouffant, prenant du début à la fin, un film noir à la française qui vaut assurément d’être réhabilité.

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Test Blu-ray / Sois belle et tais-toi!, réalisé par Marc Allégret

SOIS BELLE ET TAIS-TOI! réalisé par Marc Allégret, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Mylène Demongeot, Henri Vidal, Jean-Paul Belmondo, Robert Dalban, Alain Delon, Roger Hanin, Darry Cowl…

Scénario : Marc Allégret, Gabriel Arout, William Benjamin, Odette Joyeux & Jean Marsan Roger Vadim

Photographie : Armand Thirard

Musique : Jean Wiener

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Virginie a 20 ans et une langue bien pendue. Elle est belle et en est à sa troisième évasion d’une Maison d’Éducation. Jean est un jeune inspecteur de Police, actuellement à la recherche de gangsters ayant attaqué une bijouterie de la place Vendôme. Mais le malheur fait qu’au cours de son enquête, Jean prend Virginie pour une complice de la bande, tandis que Virginie prend Jean pour un de ces prestigieux seigneurs du milieu. Et voilà la jolie délinquante éprise d’un flic.

C’est ce qui s’appelle avoir du pif. Parce-que pour réunir Mylène Demongeot, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans un même film alors que ceux-ci n’avaient pas fait grand-chose, on peut dire que Marc Allégret a senti que ces trois jeunes comédiens âgés d’une vingtaine d’années étaient non seulement charismatiques, mais aussi prometteurs. Sois belle et tais-toi ! (ne vous énervez pas, il s’agit du titre) est une charmante comédie-policière qui aurait peut-être disparu des radars, si Bebel et Delon n’avaient pas été associés pour la première fois au cinéma. S’ils n’ont pas de rôles majeurs dans cette histoire, on ne peut s’empêcher d’admirer leur naturel, leur bagou, leur énergie contagieuse. Mais la « star » est ici Mylène Demongeot, que le réalisateur avait déjà fait tourner trois ans plus tôt dans Futures vedettes, dans lequel elle ne faisait d’ailleurs qu’une apparition et était même créditée Marielle Demongeot au générique. Sortant du succès des Sorcières de Salem de Raymond Rouleau, où elle était parvenue à s’imposer face à Yves Montand et Simone Signoret, l’actrice passe la vitesse supérieure et se retrouve au générique de Bonjour tristesse d’Otto Preminger et en tête d’affiche de Sois belle et tais-toi !. Si elle n’a jamais brillé par son jeu et son phrasé quelque peu monocorde, on ne pourra pas reprocher à Mylène Demongeot de crever l’écran de sa beauté diaphane dans le film de Marc Allégret, où le couple qu’elle forme avec Henri Vidal fonctionne bien, malgré leur différence d’âge. Un spectacle « gentillet », complètement inoffensif et désuet, sympathique et divertissant.

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Test Blu-ray / Une robe noire pour un tueur, réalisé par José Giovanni

UNE ROBE NOIRE POUR UN TUEUR réalisé par José Giovanni, disponible en DVD & Blu-ray le 17 mai 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Annie Girardot, Claude Brasseur, Bruno Cremer, Jacques Perrin, Catherine Allégret, Albina du Boisrouvray, Jacques Maury, François-Eric Gendron, Arielle Dombasle…

Scénario : José Giovanni & Monique Lange

Photographie : Jean-Paul Schwartz

Musique : Olivier Dassault

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

À l’issue de son procès, Simon Risler est condamné à mort pour le meurtre d’un policier. Le témoignage de l’inspecteur Reynolds a fait pencher la balance en faveur d’un verdict d’autant plus sévère qu’il est parfaitement injustifié. L’inspecteur a, en effet, commis un parjure à travers son faux témoignage. Pour échapper à la peine capitale, Simon Risler prend le procureur en otage. Blessé au cours de son évasion, il parvient toutefois à se rendre au domicile de son avocate, Florence Nat. Un ami de celle-ci, Alain Rivière, accepte de « planquer » le fugitif. Pendant ce temps, Florence essaie de faire la lumière sur l’affaire qui a failli coûter la vie à son client. Comme par hasard, les témoins les plus précieux disparaissent les uns après les autres…

C’est la fin du règne d’Annie Girardot sur le cinéma français. Nous sommes en 1981 et Une robe noire pour un tueur sera l’un de ses derniers « succès » personnels au box-office après vingt ans où la comédienne ne cessait d’enchaîner les triomphes depuis Rocco et ses frères de Luchino Visconti. D’ailleurs, Cause toujours, tu m’intéresses d’Édouard Molinaro n’avait guère brillé deux ans auparavant avec 685.000 entrées. Une robe noire pour un tueur fera encore moins en cette année où cartonnent Les Aventuriers de l’arche perdue, Le Professionnel, Pour la peau d’un flic, Diva…les comédies ont la cote aussi avec La Chèvre (qui se placera sur la première place du podium), Le Maître d’école, La Soupe aux choux, Viens chez moi, j’habite chez une copine, Tais-toi quand tu parles, Les Hommes préfèrent les grosses…les goûts changent, comme les époques….C’est un revers pour José Giovanni dont Les Égouts du paradis avait encore attiré plus de 850.000 spectateurs en 1979, même si Comme un boomerang avait déçu, surtout pour un gros film porté par Alain Delon. S’il se refera avec Le Ruffian deux ans plus tard, le réalisateur, auteur, scénariste (et ancien repris de justice, par ailleurs condamné à mort, avant d’être finalement gracié) signe avec Une robe noire pour un tueur l’un des derniers opus et représentants d’un genre, avant que le polar hexagonal mute et laisse place aux thrillers d’action inspirés de ceux provenant d’outre-Atlantique, ce qui causera aussi la perte de Bebel et Delon peu de temps après également. Ce drame judiciaire patine beaucoup et le scénario peine à maintenir un intérêt du début à la fin, l’ensemble reposant essentiellement sur un casting quatre étoiles et qui à lui seul vaut largement le déplacement.

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Test 4K UHD / L’Homme de Rio, réalisé par Philippe de Broca

L’HOMME DE RIO réalisé par Philippe de Broca, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra HD + Blu-ray le 23 mars 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Jean Servais, Roger Dumas, Daniel Ceccaldi, Adolfo Celi, Milton Ribeiro, Simone Renant…

Scénario : Jean-Paul Rappeneau, Ariane Mnouchkine, Daniel Boulanger & Philippe de Broca

Photographie : Edmond Séchan

Musique : Georges Delerue

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Adrien Dufourquet, un jeune soldat en permission, assiste, impuissant, à l’enlèvement de sa fiancée Agnès Villermosa par deux inconnus. Parallèlement, une statuette brésilienne d’une valeur inestimable est volée au musée de l’Homme. Sans réfléchir une seconde, Adrien se lance à la poursuite des ravisseurs de sa bien-aimée en montant clandestinement à bord d’un avion à destination de Rio de Janeiro. Sur place, il parvient à délivrer Agnès, complètement droguée. Mais le professeur Catalan envoie ses hommes enlever à nouveau Agnès après avoir dérobé la fameuse statuette à un riche homme d’affaires. Adrien vole à son secours dans la forêt amazonienne…

Soixante ans après sa sortie, que peut-on dire de nouveau sur L’Homme de Rio ? Cette adaptation peu dissimulée des Aventures des Tintin est et demeure LA référence du film d’aventures à la française (avec du sang belge dans les veines donc), étonnamment peu copiée, car il aurait fallu se lever de bonne heure pour l’égaler. Alors qu’il planchait sur la transposition cinématographique live des albums d’Hergé, Philippe de Broca, qui sortait du grand succès de Cartouche, abandonne ce projet original de Tintin et le Mystère de La Toison d’or, qui sera finalement réalisé par Jean-Jacques Vierne, pour plancher sur une sorte de détournement personnel, qui reprendra les codes et les motifs des albums du célèbre reporter et de son chien Milou. En effet, persuadé que le résultat ne sera jamais aussi bon à l’écran qu’à travers les cases de la BD et ce même après avoir déniché l’acteur Jean-Pierre Talbot qui interprétera Tintin en chair et en os, Philippe de Broca imagine un autre personnage calqué sur son modèle, ou presque, qui se lance à la poursuite de sa bien-aimée kidnappée et emmenée à l’autre bout de monde, avant de plonger dans une histoire quasi-fantastique et blindée de rebondissements. Ainsi naquit L’Homme de Rio, coécrit par le réalisateur lui-même avec son complice Jean-Paul Rappeneau, Daniel Boulanger et Ariane Mnouchkine. Porté par Jean-Paul Belmondo, omniprésent en 1964, délaissant momentanément la Nouvelle vague pour se consacrer au cinéma populaire (Cent Mille Dollars au soleil, Échappement libre, La Chasse à l’homme et Week-end à Zuydcoote sortent à quelques semaines d’intervalle) et la sublime Françoise Dorléac, alors au mi-temps de sa carrière éphémère qui allait être brisée des suites d’un accident de voiture qui l’emportera à l’âge de 25 ans, L’Homme de Rio est un film intemporel, un spectacle pour toute la famille, un chef d’oeuvre à voir et à revoir jusqu’à la fin des temps.

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Test 4K UHD / Classe tous risques, réalisé par Claude Sautet

CLASSE TOUS RISQUES réalisé par Claude Sautet, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra HD + Blu-ray le 23 mars 2024 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Jean Servais, Marcel Dalio, Bernard Dheran, Michel Ardan, Michele Meritz, Claude Cerval, Jacques Dacqmine…

Scénario : Claude Sautet, José Giovanni & Pascal Jardin, d’après le roman de José Giovanni

Photographie : Ghislain Cloquet

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Gangster condamné à mort par contumace et recherché activement par la police, Abel Davos s’est réfugié depuis une douzaine d’années en Italie avec sa femme Thérèse et ses deux enfants, où il poursuit ses coupables activités. Mais après un dernier hold-up réussi avec son ami Raymond, sur le point d’être retrouvé, il doit rentrer clandestinement en France par la mer. En débarquant sur une plage déserte, deux douaniers les surprennent, provoquant une fusillade tuant Thérèse et Raymond. Resté seul avec ses enfants, Abel fait appel à ses amis Riton et Fargier, à Paris pour venir les chercher à Nice, qui ne peuvent venir eux-mêmes mais lui envoient un homme sûr, Éric Stark, avec une ambulance. Davos se lie d’amitié avec le jeune homme, qui le cache dans une chambre de bonne de son immeuble…

À la base de Classe tous risques, il y a un roman de José Giovanni, édité en 1958, qui s’inspirait des dernières années de cavale d’Abel Danos (que l’écrivain avait côtoyé à la prison de la Santé), surnommé le Bel Abel ou le « Mammouth » en raison de sa forte corpulence, malfaiteur, membre du Milieu et membre de la Gestapo française dite La Carlingue, où il était alors connu pour ses méthodes aussi expéditives que brutales. C’est Lino Ventura lui-même qui est venu se « vendre » auprès de l’écrivain et ancien gangster, en lui indiquant qu’il était fait pour le rôle et que son ami Claude Sautet désirait faire de son livre un film. À la fin des années 1950, le comédien commence à faire sa place dans le cinéma français, mais sa silhouette trapue et son charisme de dur à cuire est aussi remarquée qu’appréciée de plus en plus par les cinéastes et surtout par les spectateurs, depuis sa découverte dans Touchez pas au grisbi, triomphe de 1954 qui avait replacé Jean Gabin sur son trône. Lino Ventura apparaît dans autant de films que de succès, de Razzia sur la chnouf à 125 rue Montmartre, en passant par Un témoin dans la ville, Marie-Octobre, Ces dames préfèrent le mambo…petit à petit, le nom de l’acteur se hisse en haut de l’affiche. Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie et Le Fauve est lâché de Maurice Labro (sur lequel Ventura rencontre Sautet) prouvent que des productions peuvent enfin se monter sur son charisme, son talent et sa carrure. Avec Classe tous risques, Lino Ventura passe la vitesse supérieure et son personnage anticipe déjà celui qu’il tiendra dans Le Deuxième souffle de Jean-Pierre Melville, autre transposition d’un ouvrage de José Giovanni. Merveilleusement mis en scène par un Claude Sautet enfin en possession de ses moyens après un premier long-métrage Bonjour sourire, qu’il reniera très rapidement et pour lequel il officiait uniquement comme « technicien » (alors assistant, mais remplaçant surtout au pied levé Robert Dhéry, qui devait le réaliser et s’est finalement désisté au dernier moment), ce polar sombre et brutal est aussi une superbe histoire d’amitié, magnifiquement interprétée par le tandem Ventura-Belmondo.

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Test Blu-ray / L’Étoile du Nord, réalisé par Pierre Granier-Deferre

L’ÉTOILE DU NORD réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en DVD et Blu-ray le 29 septembre 2023 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Simone Signoret, Philippe Noiret, Fanny Cottençon, Julie Jézéquel, Liliana Gerace, Gamil Ratib, Jean-Yves Chatelais, Jean Dautremay, Pierre Forget, Jean-Pierre Klein, Michel Koniencny, Patricia Malvoisin, Jean Rougerie…

Scénario : Michel Grisolia, Jean Aurenche & Pierre Granier-Deferre, d’après le roman Le Locataire de Georges Simenon

Photographie : Pierre-William Glenn

Musique : Philippe Sarde

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

Édouard Binet a été pendant de longues années l’homme de confiance d’une célèbre chanteuse égyptienne, Jasmina, à présent disparue. Sur le paquebot qui le ramène en France, il fait la connaissance de Sylvie Baron, une jeune danseuse, et la présente au riche Nemrod Loktoum, dont elle devient la maîtresse…

L’Étoile du Nord est le dernier grand succès de Pierre Granier-Deferre, du moins celui qui dépassera le million d’entrées pour l’ultime fois de sa carrière cinématographique. Après le semi-échec rencontré avec Une étrange affaire (« à peine » 700.000 entrées), mais lauréat du Prix Louis-Delluc, le réalisateur décide de revenir à Georges Simenon, qui avait été quelque peu oublié par le cinéma français depuis près de dix ans, précisément depuis L’Horloger de Saint-Paul de Bertrand Tavernier en 1974. Voulant également retravailler avec Simone Signoret, Pierre Granier-Deferre, avec laquelle il avait déjà collaboré sur Le Chat et La Veuve Couderc, se met à la recherche d’un partenaire digne d’être à la hauteur de « la Vieille ». Fier de son expérience avec Philippe Noiret sur Une femme à sa fenêtre en 1976, le metteur en scène lui propose le rôle principal de cette adaptation du roman intitulé Le Locataire, titre qu’il ne pouvait pas reprendre pour cette transposition car ayant été utilisé par Roman Polanski quelques années auparavant. Il en résulte un film étrange, presque anachronique en cette année 1982, marquée par les triomphes d’ET L’Extra-terrestre, L’As des as, Deux heures moins le quart avant J.C., La Balance, Plus beau que moi tu meurs, Mad Max (et sa suite), Blade Runner, Conan le Barbare…L’aspect feutré détonne dans L’Étoile du Nord, quasi-huis clos où les échappées nécessaires pour laisser le spectateur respirer ne se font que par les réminiscences du personnage principal et par les fantasmes de celle qui l’écoute. Si l’on a évidemment connu Pierre Granier-Deferre plus inspiré, ce drame vaut avant tout pour ses fabuleux comédiens, auxquels se joint la magnifique Fanny Cottençon (récompensée par le César de la meilleure actrice dans un second rôle), qui la même année sera définitivement lancée avec Tête à claques de Francis Perrin et Paradis pour tous d’Alain Jessua. Une curiosité qui se déguste probablement mieux aujourd’hui qu’à sa sortie.

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Test Blu-ray / Prêtres interdits, réalisé par Denys de La Patellière

PRÊTRES INTERDITS réalisé par Denys de La Patellière, disponible en DVD et Blu-ray le 29 septembre 2023 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Robert Hossein, Claude Jade, Claude Pieplu, Louis Seigner, Pierre Mondy, Germaine Delbat, Yves Barsacq, Georges Audoubert…

Scénario : Jean-Claude Barreau & Denys de La Patellière

Photographie : Henri Raichi

Musique : Antonio Vivaldi & Jean-Michel Defaye

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

En cet été 1936, l’abbé Rastaud, curé de campagne, rencontre Françoise, une jeune fille de la bourgeoisie catholique qui le poursuit de ses avances. Attiré, puis amoureux, il s’abandonne à cette histoire d’amour et lui fait un enfant…

Les Aristocrates (1955), Les Grandes familles (1958), Rue des prairies (1959), Un taxi pour Tobrouk (1960), Le Tonnerre de Dieu (1964), Du rififi à Paname (1965), Le Tatoué (1968)…autant d’oeuvres à succès (pour ne pas dire triomphales), mais dont leur réalisateur Denis Dubois de La Patellière aka Denys de La Patellière (1921-2013) demeure finalement obscur ou méconnu du public. Après son passable et lénifiant Le Tueur (1972), sa sixième et dernière collaboration avec Jean Gabin, le cinéaste devait tirer sa révérence avec Prêtres interdits, avec lequel Denys de La Patellière allait connaître l’un de ses pires scores au box-office avec à peine 350.000 entrées. Pourtant, ce drame mérite qu’on s’y attarde, d’une part pour son casting, brillant et magnétique, porté par la puissance du couple formé par Robert Hossein et Claude Jade, mais aussi pour son sujet controversé, puisque le film évoque le célibat des prêtres. Sur un scénario original coécrit avec François Boyer (Le Petit bougnat, Week-End à Zuydcoote, Un singe en hiver, Des gens sans importance) et l’essayiste Jean-Claude Barreau, le metteur en scène livre une réflexion délicate sur cette question épineuse, aussi controversée qu’éternelle, en y ajoutant une belle part de romanesque, ainsi que de nombreux éléments tirés de l’existence de Jean-Claude Barreau, qui avait abandonné la prêtrise car en désaccord avec les déclarations du pape Paul VI sur le mariage des prêtres et la question de la contraception.

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Test Blu-ray / Dans l’eau… qui fait des bulles !, réalisé par Maurice Delbez

DANS L’EAU…QUI FAIT DES BULLES ! réalisé par Maurice Delbez, disponible en DVD et Blu-ray le 29 septembre 2023 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Louis de Funès, Pierre Dudan, Marthe Mercadier, María Riquelme, Philippe Lemaire, Jacques Castelot, Pierre Doris, Claudine Coster, Serge Davri…

Scénario : Michel Lebrun & Maurice Delbez, d’après le roman La Chair à poissons de Marcel Prêtre

Photographie : Jacques Ledoux

Musique : Pierre Dudan

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Jean-Louis Preminger a disparu, ou plutôt, il fait des bulles au fond du lac de Morat. Le destin s’acharne à ne pas le laisser en paix. Il continue à« gamberger off » sur sa vie tumultueuse, et sur les personnes qui découvrent malencontreusement son cadavre mais tentent de s’en débarrasser pour ne pas être compromis. Il faut dire qu’ils avaient tous un certain intérêt à le faire disparaître…

Dans l’eau… qui fait des bulles ! ou Le garde-champêtre mène l’enquête…ou bien encore Le poisson sifflera…deux fois ! Pourquoi trois titres pour un seul et même film ? Bien que sorti en 1961, celui-ci profitera de l’explosion au box-office de Louis de Funès trois ans plus tard avec les triomphes de Faites sauter la banque (1,9 million d’entrées), Le Gendarme de Saint Tropez (7,8 millions) et Fantômas (4,5 millions), pour ressortir dans les salles, en essayant de faire croire aux spectateurs qu’il s’agissait d’une nouvelle comédie de celui qui était alors consacré star à l’âge de 50 ans. Quand il tourne Dans l’eau… qui fait des bulles !, Louis de Funès a déjà plus de 120 courts et longs-métrages à son actif. Tout le monde dans le métier le connaît et les réalisateurs, bien que frileux à l’idée de lui faire porter tout un film sur ses épaules, se bousculent pour l’engager comme second ou troisième rôle. Pourtant, à la fin des années 1950, cela commence à bouger pour le comédien, surtout depuis sa prestation remarquée dans La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara. S’enchaînent ainsi Comme un cheveu sur la soupe de Maurice Régamey, Ni vu, ni connu d’Yves Robert et Taxi, Roulotte et Corrida d’André Hunebelle, trois beaux hits successifs dans lesquels Louis de Funès tient le haut de l’affiche. S’il n’est pas seul en piste dans Dans l’eau… qui fait des bulles !, celui qui trônera sur le cinéma français jusqu’à sa mort en 1982 crève l’écran une fois de plus dans cette comédie étonnante, marquée par un humour noir presque anglo-saxon, réalisée par Maurice Delbez (1922-2020). S’il a finalement peu tourné, cet excellent metteur en scène compte de sacrées réussites à son actif dont le superbe La Roue (1957), sur lequel il remplaçait son confrère André Haguet, deux jours avant le début prévu des prises de vues, le très sympathique À pied, à cheval et en voiture (1957), énorme succès avec Noël-Noël et un jeune quasi-figurant (mais déjà bondissant) du nom de Jean-Paul Belmondo. Avant son délicat Un gosse de la butte (Rue des Cascades), Maurice Delbez se voit proposer l’adaptation du roman de Marcel-Georges Prêtre (qui aurait été écrit en fait par son nègre et ami Frédéric Dard), La Chair à poissons, qu’il transpose avec Michel Lebrun (Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause, Estouffade à la Caraïbe, L’Homme qui valait des milliards), ce qui lui permet de laisser libre cours à sa fantaisie. Comédie « sombre », toutes proportions gardées bien sûr, qui annonce Des pissenlits par la racine (1964) de Georges Lautner et Jo (1971) de Jean Girault, dans lesquels Fufu sera là aussi confronté à un cadavre encombrant, Dans l’eau… qui fait des bulles ! demeure un divertissement populaire, drôle, grinçant, qui ne manque pas d’élégance et qui compile de savoureux numéros d’acteurs.

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Test Blu-ray / Le Drapeau noir flotte sur la marmite, réalisé par Michel Audiard

LE DRAPEAU NOIR FLOTTE SUR LA MARMITE réalisé par Michel Audiard, disponible en DVD et Blu-ray le 12 juin 2023 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Jacques Marin, André Pousse, Jean Carmet, Raymond Meunier, Micheline Luccioni, Yves Barsacq, Jacqueline Doyen, Roger Lumont, Michel Pilorgé, Ginette Garcin, Gilberte Géniat, Eric Damain, Ginette Leclerc, Claude Piéplu…

Scénario : Michel Audiard & Jean-Marie Poiré, d’après le roman de René Fallet

Photographie : Pierre Petit

Musique : Georges Brassens

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Victor, épicier et patron tyrannique ne cesse de parler à sa famille de son passé de marin, bien que ceux-ci ne l’ont jamais cru. Lorsque son neveu gagne un concours de maquette de bateau et est chargé d’en construire un à échelle réelle, Victor va tenter de s’imposer comme le patron de la petite équipe…

Invisible pendant près d’un demi-siècle en raison de droits partagés entre Paramount et Universal, Le Drapeau noir flotte sur la marmite réapparaît dans une copie intégralement restaurée. Unique opus dans lequel Michel Audiard « dirige » Jean Gabin, cette bizarrerie que le Vieux tourne entre Le Chat de Pierre Granier-Deferre et Le Tueur de Denys de La Patellière est bien plus une curiosité qu’une comédie disons-le d’emblée réussie. Né en 1920, Michel Audiard commence sa longue, mythique et éclectique carrière de scénariste à la fin des années 1940. En 1968, il passe pour la première fois derrière la caméra avec Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Suite à ce grand succès avec plus de 2 millions d’entrées, il enchaîne l’année suivante avec Une Veuve en or avec Michèle Mercier, puis connaît son plus grand triomphe dans les salles avec Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause !. En ce qui concerne Le Drapeau noir flotte sur la marmite, nous retrouvons ce qui pouvait faire la qualité, mais aussi malheureusement les défauts de Michel Audiard placé lui-même à la tête d’un long-métrage. Certes celui-ci n’a jamais brillé avec ses mises en scène, mais demeure une sympathique distraction, une fantaisie où les acteurs livrent de merveilleux numéros, tout en se délectant des dialogues truculents signés bien sûr Audiard lui-même. Derrière ce titre à rallonge comme les affectionnait Michel Audiard, nous trouvons une comédie aux scènes lâchement reliées entre elles, prétextes à une poilade entre amis, coécrite avec Jean-Marie Poiré, d’après un roman de René Fallet (La Soupe aux choux, Un idiot à Paris, Les Vieux de la vieille, Le Triporteur, Porte des Lilas). Ainsi, Jean Gabin s’avère comme toujours remarquable dans la peau d’un mythomane, qui va se retrouver confronter au mensonge qui entoure son existence, pour épater ce qui lui reste de famille, y compris son jeune neveu, qui l’admire et le prend pour un grand aventurier. Moins foutraque qu’à son habitude, probablement en raison d’un casting sur lequel trône le Vieux, Michel Audiard peine toutefois à maintenir l’intérêt du début à la fin, à trouver un rythme sur la durée et met un peu de tout dans sa tambouille, ou la marmite ici, au risque de frôler souvent l’indigestion. Néanmoins, découvrir ce Drapeau noir… fait indéniablement plaisir pour les complétistes que nous sommes.

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