Test Blu-ray / Viens chez moi, j’habite chez une copine, réalisé par Patrice Leconte

VIENS CHEZ MOI, J’HABITE CHEZ UNE COPINE réalisé par Patrice Leconte, disponible en Blu-ray le 1er août 2020 chez Studiocanal.

Acteurs : Michel Blanc, Bernard Giraudeau, Thérèse Liotard, Anémone, Sylvie Granotier, Marie-Anne Chazel, Béatrice Costantini, Gaëlle Legrand…

Scénario : Michel Blanc d’après la pièce de Jean-Luc Voulfow, Jean-Paul Sevres, Luis Rego et Didier Kaminka

Photographie : Bernard Zitzermann

Musique : Jean-Philippe Goude, Ramon Pipin et Renaud

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Guy, à la rue et sans travail, trouve une bonne âme pour l’héberger, son copain Daniel, déménageur, qui vit chez sa copine Françoise. Terrible loser, Guy va non seulement faire perdre son travail à Daniel mais également le brouiller avec sa copine. Tandis que les tourtereaux finissent par se raccommoder, Guy, de nouveau seul, élabore de nouvelles galères.

« Ouais j’ai des diplômes… enfin faudrait que je remette la main dessus… enfin j’en ai… mais je suis Français… Non je dis ça parce que des fois euh… attendez ne quittez pas, faut que je surveille mon bain. »

Rétrospectivement, Viens chez moi, j’habite chez une copine est et restera probablement le troisième plus grand succès de la carrière de Patrice Leconte avec 2,8 millions d’entrées, derrière les 10 millions des Bronzés 3, amis pour la vie (2006) et les 5,3 millions de spectateurs des Spécialistes (1985). Le quatrième long métrage du réalisateur est aussi la première véritable collaboration avec Michel Blanc, hors-Bronzés, puisque les deux complices collaboreront à cinq reprises, Viens chez moi, j’habite chez une copine (1980), Ma femme s’appelle reviens (1981), Circulez y a rien à voir (1983), Monsieur Hire (1989), ainsi que sur Les Grands Ducs (1996). C’est à travers ce film culte que Michel Blanc crée définitivement « son » personnage, un prolongement du Jean-Claude Dusse des Bronzés, qui devient le mec collant, combinard, l’incruste par excellence qui embarque celles et ceux qui l’aident dans de fabuleux plans foireux. Adapté de la pièce éponyme de Luis Rego, Jean-Luc Voulfow, Jean-Paul Sèvres et Didier Kaminka montée au théâtre Édouard VII en 1975, Viens chez moi, j’habite chez une copine demeure l’une des plus grandes réussites de Patrice Leconte et l’un des meilleurs films écrit et interprété par Michel Blanc, dans lequel le tandem formé avec le regretté Bernard Giraudeau fait des étincelles.

Guy travaille comme pompiste dans une station service. Son copain Daniel est déménageur dans une petite entreprise. Guy se fait renvoyer de son travail parce que son patron apprend qu’il arnaque les clients en facturant des prestations non effectuées. Son « coup » favori consiste à faire croire qu’il a vidé un bidon d’huile dans le moteur alors qu’il a utilisé un bidon déjà vide. Au passage, il ne se gêne pas pour draguer les clientes. Sans travail et sans logement, logé à la station, Guy demande à Daniel de l’héberger. Celui-ci, qui vit chez sa copine Françoise, accepte de le dépanner. Les premiers temps, Guy habite chez le couple pendant qu’il cherche du travail et ramène des filles à la maison dont une artiste de cirque échangiste. Se sentant un poids pour le couple, Guy finit par demander à Daniel de le faire embaucher comme déménageur avec lui. Le patron accepte avec quelques réserves et nos deux compères font alors des transports ensemble.

« Il paraît que celui qui a inventé la bombe atomique, il aimait vachement les gens ! Alors arrête de me rendre service, tu veux ? »

Avec sa mécanique implacable, ses dialogues dévastateurs et l’excellence de ses interprètes, Viens chez moi, j’habite chez une copine traverse tranquillement les années et on a même du mal à croire que le film fêtera bientôt son quarantième anniversaire tant l’ensemble reste frais. Même si le film est la transposition d’une pièce de théâtre qu’il n’a pas écrit, Michel Blanc se l’est complètement appropriée et son style, sa verve et son humour sont reconnaissables entre mille. Face à lui, comme ce sera le cas dans Marche à l’ombre (1984) avec Gérard Lanvin, le comédien trouve son parfait opposé avec Bernard Giraudeau. L’acteur âgé de 33 ans s’imposait depuis quelques années dans le cinéma français après être apparu devant la caméra de José Giovanni (Deux hommes dans la ville, Le Gitan), d’Yves Boisset (Le Juge Fayard dit Le Shériff), de Patrick Schulmann (Et la tendresse ? Bordel !), de Pierre Granier-Deferre (Le Toubib) et de Claude Pinoteau (La Boum). Grand et costaud, le regard azur, l’acteur contraste brillamment avec son partenaire.

«  J’ai des potes qu’ont d’l’argent,

Ben y travaillent c’est normal

Moi mon métier c’est feignant

Hé mec t’as pas cent balles

J’ai des plans des combines

Pour vivre comme un pacha

Hé viens chez moi j’habite chez une copine

Sur les bords au milieu c’est vrai qu’je crains un peu.« 

Il est aussi important de saluer la belle place laissée aux personnages féminins et donc aux actrices, aussi superbes que talentueuses, en particulier Thérèse Liotard, trop rare au cinéma, et la géniale Anémone qui vole toutes les scènes où elle apparaît. La première, dans le rôle de Françoise, la petite amie de Daniel, caissière dans un fast-food, et la seconde, Adrienne, équilibriste de cirque, conquête d’un soir de Guy, ne sont pas de simples faire-valoir et participent autant à l’atout charme qu’à l’avancée dramatique. Viens chez moi, j’habite chez une copine est ainsi un vrai film de groupe, dont le noyau est représenté par Michel Blanc et Bernard Giraudeau, mais dont les électrons qui gravitent autour, des actrices principalement (Sylvie Granotier, Marie-Anne Chazel, Béatrice Costantini, Gaëlle Legrand, Christine Dejoux et bien d’autres), créent cette magnifique réaction en chaîne de gags, de quiproquos du début à la fin, sans jamais oublier l’émotion.

LE BLU-RAY

La dernière, et par ailleurs la seule édition DVD de Viens chez moi, j’habite chez une copine remonte à 2002. Depuis, plus aucune nouvelle ! Studiocanal s’est enfin décidé à ressortir le film de Patrice Leconte dans les bacs, cette fois en Haute-Définition. L’éditeur reprend le célèbre visuel de l’affiche du film, tout comme le menu principal, fixe et muet.

Aucun supplément sur cette édition ! Studiocanal a purement et simplement oublié de reprendre les entretiens croisés de Patrice Leconte, de Christian Fechner et de Luis Rego présents sur le DVD, ainsi que les bandes-annonces diverses.

L’Image et le son

La restauration est impeccable, aucune poussière à déplorer, pas de griffures, encore moins de points ou de tâches. Même chose, la stabilité est plaisante, tout comme la clarté de la copie. On reste cependant un peu plus dubitatif sur le traitement des couleurs, avec notamment des visages assez rosés et même un environnement qui semble avoir connu un rosissement quelque peu artificiel. Mais dans l’ensemble, Viens chez moi, j’habite chez une copine connaît ici un lifting solide pour ses (bientôt) quarante ans.

La piste française DTS-HD Master Audio Mono 2.0 de Viens chez moi, j’habite chez une copine est plutôt percutante. Aucun souffle n’est à déplorer, ni aucune saturation dans les aigus. Les dialogues sont vifs, toujours bien détachés, la musique est délivrée avec une belle ampleur. L’ensemble est aéré, fluide et dynamique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Studiocanal / France 2 Cinéma / Jean-Denis Robert / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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