Test Blu-ray / Dernier domicile connu, réalisé par José Giovanni

DERNIER DOMICILE CONNU réalisé par José Giovanni, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Marlène Jobert, Michel Constantin, Jean Sobieski, Philippe March, Bianca Saury, Paul Crauchet, Alain Mottet, Béatrice Arnac, Guy Héron, Monique Melinand, Marcel Peres…

Scénario :José Giovanni, d’après le roman de Joseph Harrington

Photographie : Étienne Becker

Musique : François de Roubaix

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Marceau, policier efficace et rude, ne connaît que son métier. Commissaire adjoint à la brigade criminelle de Paris, il est muté dans un commissariat de quartier suite à l’arrestation d’un chauffard ivre, fils d’un grand avocat. On lui assigne une jeune assistante, Jeanne, qui a résolu de se vouer au social et qui croit dans le but réformateur de la Police. Un jour Marceau et Jeanne sont chargés de retrouver un certain Martin dont le témoignage dans une affaire criminelle est primordial pour détruire l’alibi de l’accusé, un caïd de la place. Marceau a vite compris qu’on leur a confié là une tâche impossible…

Deux ans après Le Rapace, Lino Ventura et José Giovanni remettent le couvert avec Dernier domicile connu. Entre les deux, le comédien a le temps de tourner Le Clan des Siciliens de Henri Verneuil, auquel José Giovanni se joint d’ailleurs au scénario, puis L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville. Dernier domicile connu s’inspire du roman – dit de procédure policière – Last Known Address de Joseph Harrington (1903-1980), publié en France en 1966 dans la collection Série Noire. Comme pour Le Rapace, ne trouvant pas de réalisateur pour mettre en scène ce film, c’est sur les conseils de Lino Ventura que José Giovanni revient derrière la caméra pour son troisième long-métrage. L’un des coups de génie de Dernier domicile connu provient de l’alchimie de son couple star, Lino Ventura et Marlène Jobert. Découverte en 1966 dans Masculin féminin de Jean-Luc Godard, cette dernière venait d’exploser dans le merveilleux Alexandre le Bienheureux (1967) d’Yves Robert, tenait le haut de l’affiche dans Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (1968) de Michel Audiard et de L’Astragale de Guy Casaril, qui s’étaient distingués au box-office. Le tandem fonctionne à plein régime ici, avec d’un côté le vieil ours bourru et expéditif, et de l’autre la jeune pile électrique d’à peine trente ans qui tente de faire sa place dans un monde de mecs, qui détonne avec sa minijupe et sa petite voix. José Giovanni dissèque le boulot souvent fastidieux des flics, obligés d’avancer pas à pas dans une enquête qui paraît irréalisable. Mais l’obstination et la ténacité de notre duo insolite vont porter leurs fruits. Pour beaucoup de spectateurs, Dernier domicile connu demeure le plus grand film de José Giovanni. Si cela est évidemment discutable, surtout quand on a également en tête La Scoumoune (1972) et Deux hommes dans la ville (1973), cet opus s’inscrit indubitablement dans ce top 3. Auréolé d’un beau succès dans les salles à sa sortie avec plus de 2,2 millions de spectateurs, Dernier domicile connu reste une valeur sûre du film policier hexagonal, âpre, désabusé et furieusement mélancolique.

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Test Blu-ray / Le Rapace, réalisé par José Giovanni

LE RAPACE réalisé par José Giovanni, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Xavier Marc, Rosa Furman, Aurora Clavel, Augusto Benedico, Marco Antonio Arzate, René Barrera, Farnecio de Bernal, Carlos Lopez Figueroa, Enrique Lucero…

Scénario :José Giovanni, d’après le roman de John Carrick

Photographie : Pierre Petit

Musique : François de Roubaix

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Le “Rital”, un mercenaire aventurier est engagé par l’avocat Calvez, éminence grise d’une bande de conjurés, pour abattre le Président d’une République d’Amérique du Sud. Il s’agit d’abattre le Président actuel pour faire un héros national du petit-fils de l’ancien Président, celui-ci devant partager l’aventure aux côtés du tueur à gages pour justifier sa renommée…

Ecrivain, scénariste, dialoguiste et réalisateur, José Giovanni (1923-2004), de son vrai nom Joseph Damiani, est un ancien collabo et repris de justice, trois fois condamné, à vingt ans de travaux forcés, puis condamné à mort pour trois assassinats (gracié par le président Vincent Auriol en 1949) et à nouveau condamné à dix ans de prison pour rançonnement de juifs cachés sous l’Occupation. Après quelques remises de peine, il sort de prison en 1956 à l’âge de 33 ans après plus de onze années passées derrière les barreaux, non sans avoir emporté avec lui un journal qu’il avait tenu durant son incarcération et dans le couloir de la mort dans l’attente de la décision de la Cour de cassation et de la grâce présidentielle. Ce journal intime deviendra un roman, Le Trou, qui raconte également sa tentative d’évasion de la Prison de la Santé en 1947. Le succès est immédiat et le cinéaste Jacques Becker s’empare des droits pour le cinéma. José Giovanni ne quittera plus le monde du Septième Art et collaborera avec les plus grands comme Claude Sautet (Classe tous risques), Jacques Deray (Symphonie pour un massacre), Robert Enrico (Les Grandes gueules, Les Aventuriers), Jean-Pierre Melville (Le Deuxième Souffle), avant de passer lui-même à la mise en scène en 1967 avec La Loi du Survivant. Chose étonnante, ce dernier n’est autre que l’adaptation d’une partie de son roman Les Aventuriers, délaissée par Robert Enrico. Encouragé par Lino Ventura à continuer sur sa lancée de metteur en scène, il entreprend lui-même Le Rapace, tiré du roman The Vulture de l’auteur écossais John Carrick. Direction le Mexique donc, pour ce thriller insolite qui offre à Lino Ventura un de ses rôles les plus singuliers des années 1960, celui d’un justicier qui débarque de nulle part, près de Veracruz en 1938, dans le but d’assassiner un dictateur local d’un pays fictif et non identifié d’Amérique du Sud. Un personnage violent, qui parle peu (sa première réplique intervient au bout d’un bon quart d’heure) et qui d’ailleurs n’est pas là pour s’étaler sur sa vie qu’on imagine essentiellement liée au meurtre et au sang. Longtemps indisponible, peu diffusé à la télévision, Le Rapace est l’une des grandes redécouvertes de l’année 2021.

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