Test Blu-ray / Blastfighter, l’éxécuteur, réalisé par Lamberto Bava

BLASTFIGHTER, L’ÉXÉCUTEUR (Blastfighter) réalisé par Lamberto Bava, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman, Stefano Mingardo, Ottaviano Dell’Acqua, Massimo Vanni, Elizabeth Forbes, Michele Soavi, George Williams…

Scénario : Luca De Rita & Massimo De Rita, d’après une histoire originale de Morando Morandini Jr. & Dardano Sacchetti

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Fabio Frizzi

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Pour avoir fait justice lui-même, Jake « Tiger » Sharp a été condamné à dix ans de prison. À sa sortie, l’ex-policier d’Atlanta retrouve son camarade Jerry, qui lui offre un fusil SPAS-12, arme de guerre aux effets dévastateurs. Alors qu’il était décidé à se venger du procureur véreux qui l’a fait condamner, Jake choisit de poser les armes. Il se retire dans le cabanon familial situé dans les Appalaches, pensant y couler des jours paisibles. Mais il se retrouve bientôt confronté à une bande de dangereux braconniers et au retour inopiné de son passé…

À peine sorti de taule, l’ami Jack se voit confier une arme hi-tech, qui se présente ainsi « une sorte d’arme anti-émeutes, d’une capacité de huit coups en semi-automatique ou manuel, qui lance des fumigènes, des fusées éclairantes, des cartouches de dissuasion, perforantes, au phosphore, au mercure, des grenailles, des plombs, des balles perce-blindage, des fléchettes, des grenades, des lacrymos et des explosifs ». Pratique si jamais Jack voulait aller taquiner le goujon durant sa retraite ! Et s’il désirait pêcher de nuit, pas de problème, le viseur électronique est doté d’un intensificateur et d’une vision nocturne à infrarouge ! Mais on comprend très vite que ce fusil de combat rapproché (fabriqué par une société italienne, cela va de soi), qui sera repris dans Hitcher, RoboCop, Ghost of Mars et consorts, ne sera pas seulement utile à Jack pour passer du bon temps à la campagne. Car nous sommes dans une grosse série B transalpine, qui s’inspire comme d’habitude de ce qui fonctionne au cinéma des deux côtés de l’Atlantique. Cette fois, c’est Délivrance et Rambo qui en prennent pour leur grade, avec les moyens du bord. Blastfighter a été quasi-intégralement tourné aux États-Unis, en Géorgie, à l’exception des scènes en intérieur capturées en studio à Rome. Si le film prend un peu de temps à démarrer, cette « Force of Vengeance » s’avère on ne peut plus généreux quand l’action se met en route, en frôlant souvent le nawak, mais l’ensemble est bien mis en scène par un Lamberto Bava (ou « John Old Jr. » ici) encore au début de sa carrière de réalisateur et qui fait preuve de savoir-faire derrière la caméra. Un bon ride.

L’ex-flic « Tiger Shark » est libéré de prison après avoir purgé une peine de dix ans pour le meurtre du détraqué qui a tué sa femme. Il est accueilli par son vieil ami Jerry qui lui fait cadeau d’un fusil SPAS-12 afin de se venger de l’avocat véreux responsable de sa condamnation. Cependant, Jake décide à la dernière minute de retourner dans sa cabane isolée dans la nature sauvage des Appalaches en Géorgie et de dissimuler son arme dans le plancher. Les choses se compliquent lorsqu’un groupe de braconniers s’en prend à lui et tue un bébé cerf. Jake se rend au bureau de l’herboriste chinois auquel les chasseurs vendaient des produits et le démolit. La bande est dirigée par le jeune frère d’un ancien collègue de Tiger, Tom, qui était autrefois son meilleur ami. Lors d’une furieuse bagarre entre Tiger et certains membres du gang, c’est l’intervention de son ancien ami qui met temporairement fin aux hostilités. Tiger se plaint du carnage que font les hommes de son frère, lui rappelant que même lorsqu’ils étaient tous deux dans l’armée, une telle boucherie n’avait jamais été perpétrée. Pendant ce temps, Tiger est rejoint dans la forêt par sa fille Connie, qu’il n’a pas vue depuis de nombreuses années, et son fiancé. La bande de braconniers, dans un crescendo de violence, commence à s’en prendre aux proches de Tiger et, en quelques jours, tue d’abord son ami, puis le petit ami de sa fille, avant de s’en prendre à celle-ci. Tiger n’a d’autre choix que d’avoir à nouveau recours à la violence.

Sans révéler évidemment ce qui se déroule à mi-chemin, Blastfighter devient enfin intéressant quand Tiger prépare sa vengeance en tuant un par un les membres de la bande de braconniers frappadingues (qui ne s’expriment qu’à travers des rires gras), d’abord avec un poignard, puis avec son SPAS-12 qui nous avait été présenté dans les cinq premières minutes. Un jeu de massacre qui n’a rien à envier à celui d’un Rambo : Last Blood, jusqu’au dernier duel entre Tiger et Tom, qui pour le coup déçoit par sa mollesse et son issue. En tête d’affiche de ce Blastfighter, l’exécuteur ou L’Éxécuteur exterminateur, l’américain Michael Sopkiw, venu d’on ne sait où et reparti très vite là-bas après être apparu dans 2019 après la chute de New York2019 – Dopo la caduta di New York de Sergio Martino, Massacre dans la vallée des dinosaures Nudo e selvaggio de Michele Massimo Tarantini, avant de retrouver une nouvelle fois Lamberto Bava pour Shark : Le monstre de l’apocalypse. Il s’en sort bien avec sa belle gueule et sa moustache brosse à chiotte, dans le maniement des armes et dans les séquences agitées en général, du moins bien plus que son partenaire George Eastman, ses cheveux gras, son sourire carnassier et ses 200 centimètres verticaux (même s’ils claudiquent ici), de son vrai nom Luigi Montefiori, nom qui reste attaché à certains classiques du genre La Nuit érotique des morts-vivants, Emmanuelle et Françoise, Antropophagus, Les Guerriers du Bronx et autres.

Les plus pervers reconnaîtront Valentina Forte, dans sa première apparition à l’écran, que l’on reverra dans l’infâme L’Ours en peluche de Jacques Deray, ici on ne peut plus agaçante dans la peau de Tiger. Mais on lui pardonne, car elle est bien mignonne. Le reste du casting se compose de tronches récurrentes du Bis, Michele Soavi (futur metteur en scène d’Arrivederci amore, ciao, Dellamorte Dellamore, La Secte, Sanctuaire, vu dans La Maison de la terreur de Lamberto Bava), le cascadeur Massimo Vanni (Zombi 3, Un citoyen se rebelle)…les cinéphiles les plus avertis apprécieront le clin d’oeil à Délivrance avec l’apparition de Billy Redden, qui jouait le jeune joueur de banjo et qui fait de même plus de dix ans après.

Blastfighter est un rip off on ne peut plus honnête des chefs d’oeuvre de Ted Kotcheff et John Boorman. La photographie de Gianlorenzo Battaglia (Démons, Démons 2, Formule pour un meurtre) est loin d’être honteuse et apporte même un cachet « élégant », la musique « synthé » de Fabio Frizzi (L’Au-delà, Manhattan Baby, Frayeurs, L’Enfer des zombies, L’Emmurée vivante, Les Quatre de l’apocalypse) fait sourire et en même temps s’avère efficace, les dialogues sont tordants (« Tu veux savoir qui je suis ? Je suis un fils de pute ! »), les décors naturels sont beaux, les « méchants » sont des rednecks azimutés et imbibés de bière tiède (pléonasme), les véhicules explosent au moindre petit impact (Carglass aurait beaucoup de boulot) et l’on suit finalement ce survival – qui à l’origine devait être réalisé par Lucio Fulci et scénarisé par Dardano Sacchetti dans l’esprit d’une suite à 2072, les mercenaires du futur – avec jubilation.

LE BLU-RAY

Après Démons et sa suite, disponible en Blu-ray et même en 4K UHD chez Carlotta Films, Lamberto Bava revient en HD chez Le Chat qui fume, près de deux ans après La Maison de la terreur. La galette repose dans un boîtier Scanavo, renfermant une jaquette au visuel forcément burné et armé jusqu’aux yeux. Menu principal animé et musical. Édition limitée à 1000 exemplaires et en vente sur le site de l’éditeur.

Trois interviews croisées, réunies dans un même module de 38 minutes. Tour à tour, s’expriment le réalisateur Lamberto Bava, le comédien Luigi Montefiori et le directeur de la photographie Gianlorenzo Battaglia. Les propos du second valent leur pesant : « Je n’ai jamais pu blairer Lamberto Bava, qui a toujours été quelqu’un qui aurait voulu être comme son père, mais qui n’est parvenu qu’à devenir un demi-homme et metteur en scène […] c’était un couillon et il l’est resté, il n’était rien ». On continue un peu ? : « Blastfighter était une énorme connerie ! Dans leur grande majorité, les films que j’ai faits sont vraiment abominables, d’une grande banalité et stupides. J’ai toujours fait ces films à contrecoeur, mais je remercie le cinéma B de m’avoir donné l’opportunité d’écrire ! ». De son côté, Lamberto Bava replace Blastfighter dans sa carrière, évoque la genèse (à l’origine, le producteur n’avait que le titre) et les conditions de tournage, le casting, tandis que le chef opérateur parle du réalisateur comme « une force de la nature, infatigable, qui a fait ici un de ses meilleurs films ».

L’Image et le son

Le master HD de Blastfighter est soigné et se révèle même très souvent bluffant. La restauration est évidente et élégante, les nombreux gros plans étonnent par leur précision, la clarté est plaisante (jusque dans l’éclat des yeux des comédiens) et le piqué joliment acéré sur les séquences diurnes comme l’atteste le relief des textures et des matières. Le grain original est conservé, l’encodage AVC costaud, les fourmillements limités, la colorimétrie chatoyante et vive, et même les scènes sombres s’avèrent aussi soignées avec des contrastes denses. Un lifting de premier ordre.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 distillent parfaitement la musique au synthé. Une fois n’est pas coutume, la piste française semble plus riche et dynamique. Comme nous le disions dans la critique du film, le doublage vaut son pesant de cacahuètes et mérite qu’on s’y attarde. Les dialogues de la version anglaise paraissent parfois un peu noyés.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Mediawan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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