Test Blu-ray / La Nuit érotique des morts-vivants, réalisé par Joe d’Amato

LA NUIT ÉROTIQUE DES MORTS VIVANTS (Le Notti erotiche dei morti viventi) réalisé par Joe d’Amato, disponible en Blu-ray – Édition limitée chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Laura Gemser, George Eastman, Dirce Funari, Mark Shannon, Chantal Kubel, Lucía Ramírez, Lanfranco Spinola…

Scénario : George Eastman

Photographie : Joe d’Amato

Musique : Marcello Giombini

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Un promoteur immobilier se rend en bateau avec sa petite amie sur une île isolée où il compte développer un complexe immobilier. Sur place, ils sont mis en garde par une jeune femme et un vieil homme des dangers du lieu. Bientôt, les morts de l’endroit se réveillent et les attaquent.

Alors, il en est où ce bon vieux Joe d’Amato au début des années 1980 ? À bientôt 45 ans, le réalisateur ne sait plus où donner de la tête et de sa caméra, qu’il promène partout et si particulièrement sous les cocotiers. La même année sortent Sesso Nero, Anthropophagous : L’Anthropophage, Exotic Love, Passions brûlantes, Symphonie érotique, Paradiso Blu, Les Plaisirs d’Hélène, Hard Sensation…Un autre et non des moindres, reflète ce caractère éclectique (certains diront bordélique) propre au metteur en scène, il s’agit de La Nuit érotique des morts-vivants, aussi connu sous le titre La Nuit fantastique ds morts-vivants ou bien encore Demonia lors de son exploitation en vidéo. Écrit par le complice George Eastman, qui au passage s’octroie bien évidemment le premier rôle masculin, cet opus se déroulant une fois de plus aux Caraïbes, enchaîne à la va-comme-je-te-pousse les scènes d’horreur et pornographiques avec une totale liberté créative, une décontraction de chaque instant, dans le seul et unique but d’attirer le chaland, autrement dit le spectateur avide de chair fraîche, qu’elle soit dévorée ou pénétrée. Il y en a pour tous les goûts, même si ceux-ci s’avèrent plutôt douteux et crapoteux. Pourtant, cette série Z (cette fois, nous sommes pleinement dedans) reste attachante, car au-delà de sa pauvreté technique, des idées émergent ici et là, à l’instar du dernier acte, quand nos personnages se trouvent encerclés par les zombies, qui bien que se déplaçant à deux à l’heure, parviennent tout de même à trouver la façon de piéger leurs victimes, tout simplement en les laissant s’épuiser. Demeure aussi la présence magnétique de la sublimissime Laura Gemser (Emanuelle et les derniers cannibales, Deux Super-flics, Black Emanuelle en Afrique), parfaite naïade, que Joe d’Amato n’a de cesse de mettre en valeur, tout comme ses autres comédiennes par ailleurs très généreuses à l’écran et qui participent au charme rétro de La Nuit érotique des morts-vivants.

John Wilson, promoteur immobilier, se rend à Saint-Domingue, capitale de la République dominicaine, en vue de construire un hôtel sur l’Île du Chat. Sur place, il fait la connaissance de la belle Fiona qui accepte de l’accompagner. Le couple embarque sur le bateau du navigateur Larry O’Hara. Une fois sur place, le trio rencontre un vieil indigène et sa fille, lesquels mettent en garde les étrangers d’un grand danger – la présence de zombies sur l’île – et leur conseillent de rebrousser chemin. Mais Wilson refuse…

Oui, il y a des scènes de cul dans Le Notti erotiche dei morti viventi. Elles arrivent comme ça, sans prévenir, donnant l’impression au spectateur qu’il s’est peut-être trompé de film. Mais non, cela commence par un homme, John Wilson, qui se fait savonner sous la douche de la tête au pied par deux ravissantes créatures attentionnées. Puis l’on passe à une séquence d’épouvante marquée par des effets gores amusant, avant de revenir à John et ses deux amies, qui sont désormais en train de batifoler au lit et ce de façon non simulée bien sûr par Mark Shannon, de son vrai nom Manlio Cersosimo, Rocco Siffredi avant l’heure. Joe d’Amato tente de multiplier les angles de prise de vue dans ces moments, il faut bien le dire peu excitants et interminables. En revanche, on ne pourra pas nier le fait que le réalisateur sait filmer les actrices, ce qu’il fait élégamment ici avec Laura Gemser, Dirce Funari (Black Emanuelle en Amérique, Le Gynécologue de ces dames, Porno Holocaust), chaude comme la b(r)aise, Lucia Ramirez (présente dans cinq longs-métrages de Joe d’Amato cette année-là) et d’autres demoiselles généreuses, comme celle qui après une danse fiévreuse exotique, entreprend de déboucher une bouteille de mousseux avec son entrejambe. Quand la piquette arrose la craquette…amis de la poésie…Si George Eastman fait le job de son côté avec sa tronche incroyable et sa haute silhouette dégingandée, la blow-job est l’affaire de Mark Shannon, qui compense son absence de charisme, par ses légendaires coups de reins.

Mais ce que l’on retient surtout de La Nuit érotique des morts-vivants ce sont aussi ses scènes d’horreur mettant en scène des zombies foulant le sable de la République dominicaine. Si les maquillages sont affreux et complètement ratés (avec du Cacolac en guise de sang), nous ne sommes pas pour autant dans Virus Cannibale de Bruno Mattei (sorti la même année), car Joe d’Amato parvient, en tant que grand directeur de la photographie, à user de stratagèmes pour calfeutrer au mieux ce qui est le plus gênant, les mauvaises couches de fond de teint ou de gouache rougeâtre, ayant même recours au procédé de la nuit américaine pour dissimuler au maximum. En toute honnêteté, quelques passages ont de la gueule et le génie du cinéaste éclate encore ici et là au milieu du bouzin.

Ainsi, l’acte final, soutenu par la musique à la fois soûlante (qui peut percer les tympans) et hypnotique de Marcello Giombini (Le Couteau de glace, Duel au couteau, Le Gladiateur magnifique), fait vraiment son effet mine de rien et malgré une bonne grosse demi-heure de trop laisse une bonne impression que nous n’envisagions absolument pas durant une bonne partie du film. Découvrir La Nuit érotique des morts-vivants, c’est comme fouiller dans un vieux coffre contenant beaucoup de jouets usés, la plupart recouverts de poussière et de moisissures, mais qui retrouvent finalement un éclat inespéré en grattant la saleté, pour se rendre compte qu’ils peuvent encore fonctionner et divertir. Les cinéphages adeptes d’oeuvres déviantes et « contre-nature-haaaan » devraient encore y trouver leur bonheur.

LE BLU-RAY

Ce coquin de Frédéric Domont a mis la magnifique Laura Gemser au centre du Digipack à trois volets, présenté par Le Chat qui fume. La belle orne le fourreau cartonné et s’avère bien présente à l’intérieur également. Le menu principal est animé et musical. Une édition limitée à 1000 exemplaires et à ranger précieusement aux côtés du Blu-ray d’Emmanuelle et Françoise et celui de La Mort a souri à l’assassin.

Le grand entretien proposé sur cette édition se déroule en compagnie de Mark Shannon (45’), visiblement très heureux qu’on lui donne la parole. Né en 1942 (c’est ce qu’il dit, contrairement aux biographies qui annoncent 1939), le comédien revient tout d’abord sur ses débuts au cinéma, un parcours atypique (« je n’ai jamais eu de rôle principal, mais on m’appelait ») qui l’a conduit au cinéma pornographique. L’occasion pour lui d’évoquer ses plus grandes partenaires, un tableau de chasse très impressionnant comptant entre autres Moana Pozzi, Françoise Perrot, Ajita Wilson (actrice américaine trans du X, qui lui laisse un goût amer…) et bien d’autres. Il passe également en revue le casting et les conditions de tournage de La Nuit érotique des morts-vivants, se souvient de sa rencontre avec Joe d’Amato, partage quelques anecdotes sympathiques, avant de clore cette interview en estimant avoir été un homme chanceux d’avoir eu toutes ces femmes douées et enthousiastes dans ses bras, même s’il ne touche aujourd’hui aucune retraite.

Le Chat qui fume fait découvrir aussi deux séquences de La Nuit érotique des morts-vivants sans le procédé de la nuit américaine (19’ + 6’). Disponibles en VF et en italien sous-titré français.

L’Image et le son

Le Notti erotiche dei morti viventi est proposé en France pour la première fois dans sa version intégrale, uncut donc. En dehors de quelques poils en bord de cadre et de rayures verticales quasi-subliminales, la copie est assez bluffante et le film n’a vraisemblablement jamais été aussi propre et net. La stabilité n’est jamais prise en défaut, la texture argentique est présente, équilibrée, bien gérée, organique et plaisante pour les yeux. Les couleurs donnent peut-être cette sensation de changer, parfois même au cours d’une même séquence (quelques teintes soudainement pastel), mais l’étalonnage se tient et les scènes en nuit américaine sont belles et élégante. Les contrastes sont plus qu’acceptables, même si de légères fluctuations sont notables. Ce Blu-ray est au format 1080p.

Propre et dynamique, le mixage italien DTS HD Master Audio Mono 2.0 ne fait pas d’esbroufe et restitue parfaitement les dialogues, laissant une belle place à la musique. A titre de comparaison, elle demeure la plus dynamique et la plus riche du lot. La version française DTS-HD Master Audio Mono 2.0 apparaît plus métallique et feutrée, parfois sans aucune commune mesure avec la piste italienne.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Variety Distribution / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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