Test Blu-ray / Le Rayon invisible, réalisé par Lambert Hillyer

LE RAYON INVISIBLE (The Invisible Ray) réalisé par Lambert Hillyer, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 10 mai 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Boris Karloff, Bela Lugosi, Frances Drake, Frank Lawton, Violet Kemble Cooper, Walter Kingsford, Beulah Bondi, Frank Reicher, Paul Weigel, Georges Renavent…

Scénario : John Colton, d’après une histoire originale de Howard Higgin & Douglas Hodges

Photographie : George Robinson

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h16

Date de sortie initiale: 1936

LE FILM

Le docteur Rukh a réussi à retrouver une météorite tombée il y a 225 millions d’années. Il en sera contaminé, mais possédera le Radium X qui peut détruire ou guérir. Pouvant tuer au simple toucher, Rukh s’enfuit. Sa jeune épouse et ses collègues le laisseront tomber, mais la vengeance du savant, qui brille maintenant dans le noir, sera terrible…

Quand Boris Karloff affronte de nouveau Bela Lugosi ! Après Le Chat noir The Black Cat (1934) d’Edgar G. Ulmer et Le Corbeau The Raven (1935) de Lew Landers, les deux monstres sacrés du cinéma fantastique et d’épouvante se retrouvent dans le méconnu Le Rayon invisible The Invisible Ray, réalisé par un certain Lambert Hillyer (1889-1969), prolifique cinéaste (et ce depuis la fin des années 1910), on va dire passé à la postérité avec La Fille de Dracula Dracula’s Daughter (1936), suite du Dracula de Tod Browning, et Batman (1943), première adaptation en prise de vues réelles de la bande dessinée de Bob Kane. Le Rayon invisible rend compte de l’efficacité du metteur en scène, qui était capable d’emballer plus de dix films par an (avec une prédilection pour les westerns à petit budget), de son bagage technique et de sa solide direction d’acteurs, en allant droit à l’essentiel, en resserrant son intrigue sur 75 minutes. Pas un seul moment d’ennui donc durant The Invisible Ray, petit film de genre aux effets spéciaux par ailleurs très réussis, qui fera le bonheur des aficionados d’aventures vintage.

Le docteur Janos Rukh invente un télescope capable de voir la galaxie d’Andromède et recueille des rayons de lumière lui révélant le passé. Il voit ainsi une immense météorite frappant la Terre il y a des milliers d’années et persuade d’autres scientifiques de monter une expédition pour trouver cette météorite, qui s’est écrasée en Afrique. Rukh la trouve mais est exposé à de fortes radiations. Il est sauvé par le docteur Benet mais peut désormais tuer les gens par un simple contact. Le docteur Benet ramène un morceau de la météorite en Europe et s’en sert pour guérir les gens, soignant notamment la cécité. Rukh se met à briller la nuit et l’antidote délivré par Benet commence à lui faire perdre l’esprit. Rukh accuse ses collègues de lui avoir volé sa découverte et entreprend de se venger.

« Il y a des secrets qu’on ne devrait pas découvrir… »

A l’origine, Le Rayon invisible devait être réalisé par Stuart Walker (Le Monstre de Londres WereWolf of London, L’Aigle et la vautour The Eagle and the Hawk), écarté par la production en raison de divergences artistiques. C’est là qu’arrive Lambert Hillyer, qui reprend le flambeau, devra batailler pour obtenir une rallonge de près de 70.000 billets verts sur le budget prévu de 170.000 dollars, ainsi que de trois semaines de tournage supplémentaires. Sur un scénario de John Colton (Pluie Rain de Lewis Milestone) et d’après une histoire de Douglas Hodges et Howard Higgin (La Révolte des zombies Revolt of the Zombies de Victor Halperin et La Maison de l’enfer Hell’s House), The Invisible Ray combine de merveilleux décors gothiques (la première séquence se déroule dans les Carpates noyées sous les orages virulents, le ciel zébré d’éclairs et brouillé par la pluie diluvienne), aux toiles peintes et au carton-pâte d’une Afrique reconstituée dans les studios Universal, où certains s’adonnent à la chasse au rhinocéros, « ces bêtes détestables qu’on adore tuer » et où l’on prépare un bon ragoût d’antilope.

Nous rencontrons notre savant fou Janos Rukh, incarné par Karloff (il est ainsi crédité dans le générique d’ouverture), qui enfermé dans son observatoire, étudie et analyse un rayon cosmique venant d’Andromède, supposé refléter ce qui s’est déroulé il y a plusieurs centaines de millions d’années, grâce des vibrations subsistantes du passé. Cette découverte faite devant plusieurs témoins, y compris Diana (Frances Drake) la compagne de Janos Rukh, entraîne tout ce beau monde en Afrique, où ceux-ci espèrent mettre la main sur le Radium X, un élément mille fois plus puissant que tous les autres, provenant d’une météorite venue des confins de la galaxie. Quand Janos Rukh parvient à mettre la main sur le minerai tant convoité, le scientifique s’expose à ses radiations. Désormais, à la nuit tombée, plus personne ne pourra l’approcher, au risque d’entraîner la mort de celui qui s’y risquerait.

L’ombre de L’Homme invisible The Invisible Man (1933) de James Whale plane sur Le Rayon invisible, où un scientifique, « victime » de sa découverte, voit sa psyché perturbée par un antidote provisoire. Dans L’Homme invisible, Griffin devenait agressif en raison de la substance à l’origine de ce qui allait devenir sa malédiction. Ici, Boris Karloff est une fois de plus parfait pour montrer la folie progressive de son personnage, qui va user de son « pouvoir », pour se venger de ceux qu’il accuse de l’avoir doublé en dérobant le minerai, notamment son confrère Felix Benet, interprété par un Béla Lugosi étonnamment sobre, élégant et impeccable. On pourra d’ailleurs en dire autant des partis pris de la photographie signée George Robinson (Tarantula de Jack Arnold, Le Fils de Dracula Son of Dracula de Robert Siodmak, Le Fils de Frankenstein Son of Frankenstein de Rowland V. Lee) avec ses éclairages expressionnistes toujours flatteurs pour les mirettes des cinéphiles. La musique de Franz Waxman (Montagne rouge, Ariane, Un pacte avec le diable, La Main qui venge, Les Centurions) apporte un caractère tragique à Janos Rukh, victime malgré lui de ses recherches et qui perdra pied à mesure que son corps devient radioactif et fatal.

Au final, Le Rayon invisible est une série B bourrée de charme, riche en rebondissements et en émotions, qui bénéficie d’effets visuels – de John P. Fulton, Le Retour de l’Homme Invisible, La Femme Invisible, La Vengeance de l’Homme invisible – alors à la pointe de la technologie et d’une excellente distribution sur laquelle trônent deux figures légendaires de tout un pan du cinéma d’épouvante.

LE BLU-RAY

Le Rayon invisible, jusqu’alors inédit en France en édition Standard, débarque en DVD, ainsi qu’en Combo Blu-ray + DVD chez Eléphant Films. Les deux disques reposent ici dans un boîtier classique transparent, disposant d’une jaquette réversible, le tout glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est fixe et musical.

Eddy Moine, critique cinéma pour lequel nous avons beaucoup d’affection, a de nouveau été invité par Elephant Films pour nous présenter Le Rayon invisible (9’). Un petit module fort sympathique, durant lequel nous en apprenons pas mal sur les conditions de production, le casting, les effets spéciaux, les décors recyclés de certains opus d’Universal ou quelques stockshots provenant de Frankenstein de James Whale, la sortie de The Invisible Ray, et sur sa suite finalement avortée, mais dont le projet sera repris et transformé pour donner naissance à L’Échappé de la chaise électriqueMan Made Monster (1941) de George Waggner, sur lequel nous reviendrons prochainement. Comme son père (un autre Eddy bien connu), le critique a le don pour mettre en valeur les petits films disparus de la circulation, et qui parviennent à ressurgir grâce aux bons soins des éditeurs comme c’est le cas ici.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

Notons aussi la présence d’un livret illustré de 16 pages écrit par Alain Petit, qui pour le coup ne s’est pas trop foulé sur ce coup-là, puisqu’il n’y a quasiment rien à lire (2 pages à tout casser) et dont les arguments sont entre autres repris de façon plus étayée dans la présentation d’Eddy Moine.

L’Image et le son

Ce Blu-ray au format 1080p proposée par Elephant Films contient une version restaurée du Rayon invisible, vraisemblablement identique à celle proposée aux Etats-Unis par Shout Factory depuis 2019, issue d’un scan 2K du négatif original. La copie – dans son format 1.37 – est vraiment très belle, même si quelques points, rayures verticales, poils en bord de cadre et petites scories se font encore voir, mais cela demeure anecdotique. Des fondus enchaînés décrochent légèrement et un sensible bruit vidéo est notable sur les séquences à effets spéciaux, mais l’encodage AVC reste solide. Le noir et blanc est ferme, la luminosité des séquences diurnes fait plaisir. Certaines scènes parviennent à sortir du lot grâce à un relief impressionnant, tandis que les contrastes sont assurés. Le grain cinéma est évidemment conservé avec un véritable équilibre.

La bande-son a été restaurée en version originale, seule piste disponible sur cette édition, en DTS HD Dual Mono Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts. Le confort acoustique est très appréciable, mis à part peut-être durant le dernier acte, où un très léger sifflement se fait entendre. L’éditeur présente les sous-titres français (amovibles) en blanc ou en jaune. Très bonne initiative. Sous-titres anglais aussi disponibles.

Crédits images : © Elephant Films / Universal Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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