Test 4K UHD / On l’appelait Milady, réalisé par Richard Lester

ON L’APPELAIT MILADY (The Four Musketeers: Milady’s Revenge) réalisé par Richard Lester, disponible en Combo Blu-ray + 4K Ultra-HD le 26 avril 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Oliver Reed, Raquel Welch, Richard Chamberlain, Michael York, Frank Finlay, Christopher Lee, Geraldine Chaplin, Jean-Pierre Cassel, Faye Dunaway, Charlton Heston…

Scénario : George MacDonald Fraser, d’après le roman d’Alexandre Dumas

Photographie : David Watkin

Musique : Lalo Schifrin

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

D’Artagnan, enfin devenu mousquetaire comme ses trois amis, fait aux côtés de l’armée royale le siège de La Rochelle, tenue par les protestants. Sa chère Constance, servante diligente d’Anne d’Autriche, a été enlevée par Richelieu. Celui-ci complote pour faire assassiner le duc de Buckingham, doublement coupable à ses yeux puisqu’il est aimé de la reine et se prépare à secourir les assiégés. Les quatre inséparables se sont donné pour mission de le sauver, et surtout de retrouver Constance Bonacieux. Mais Milady de Winter, la plus belle et la plus dangereuse des espionnes du cardinal, a juré de la faire mourir, ainsi que d’Artagnan…

On reprend l’histoire là où elle s’était arrêtée, on retrouve les mêmes et on recommence. Enfin presque, pas tout à fait. Nous rappellerons juste qu’à la base, Les Trois Mousquetaires et On l’appelait Milady ne devaient faire qu’un seul et même film de 3h30, mais qu’en raison d’une date de sortie avancée, les Salkind ont décidé de scinder le récit en deux parties, sans en avertir les comédiens. Ainsi, The Three Musketeers allait rencontrer un immense succès aux États-Unis et en Angleterre surtout, moins dans nos contrées, alors que Raquel Welch et d’autres de ses camarades intentaient un procès aux producteurs, n’ayant été payés que pour un long-métrage. Six mois plus tard sort donc sur les écrans The Four Musketeers: Milady’s Revenge, évidemment toujours réalisé par Richard Lester, qui entre les deux volets avait eu le temps d’emballer le génial Terreur sur le BritannicJuggernaut. Cependant, cette « suite » n’est pas du même acabit que Les Trois Mousquetaires et possède un ton plus sérieux, voire grave, même si l’humour est encore au rendez-vous, mais de façon beaucoup plus retenue. Les affrontements sont plus secs et brutaux, la violence assez frontale, l’émotion présente et ce grâce à la magnifique performance du grand Oliver Reed, bouleversant dans le rôle d’Athos, rôle central de cet épisode avec le personnage de Milady, magistralement campé par Faye Dunaway, tandis que D’Artagnan apparaît en retrait. Au final, les deux opus se complètent parfaitement, mais on peut avoir une nette préférence pour le second, sans doute plus riche et attachant.

Après l’« affaire des Ferrets de la reine », Milady de Winter est décidée à prendre sa revanche en faisant enlever Constance Bonacieux, dont D’Artagnan est amoureux. Soutenue par le comte de Rochefort, qui part porter secours aux assiégés de La Rochelle, elle s’engage à participer à l’assassinat du duc de Buckingham. D’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis parviennent à échapper à de multiples attaques mais pourront-ils empêcher la mort du Duc ? Le cardinal de Richelieu parvient à prendre La Rochelle et les quatre mousquetaires se lancent alors au secours de Constance, retenue prisonnière dans un couvent.

Il y a donc clairement un premier et un deuxième acte dans ce diptyque. Le premier faisait la part belle à la gaudriole, au burlesque même et conservait un ton léger du début à la fin, mais cela n’est pas du tout le cas dans On l’appelait Milady. Certes, on y retrouve quelques cabrioles et diverses blagues ici et là (le sous-marin en bois est une jolie trouvaille), mais l’atmosphère est indéniablement marquée par la mort. Faye Dunaway trône cette fois sur la distribution et incarne une perfide Milady de Winter, ancienne maîtresse d’Athos, encore comte de La Fère. Leur histoire d’amour qui s’est mal terminée quand il découvrit sur son épaule la marque infamante de la fleur de lys, qui désignait au fer rouge les voleuses et les prostituées, a plongé le comte (pas encore mousquetaire) dans l’alcool, tandis que Milady (qu’il pensait avoir tué de ses propres mains) allait offrir ses services d’espionne au plus offrant, en l’occurrence Rochefort.

The Four Musketeers : Milady’s Revenge n’est donc pas une séquelle standard, qui avait été pensé comme une unique fresque avec Les Trois Mousquetaires et n’a subi aucun reshoot. Le scénario de George MacDonald Fraser était suffisamment dense pour un spectacle de près de 4h et On l’appelait Milady n’a pas été imaginé comme une « suite » différente du premier film. Seul Michel Legrand n’a pas été reconduit, remplacé ici par le maestro Lalo Schifrin, qui participe également à l’ambiance plus jazzy, moins vaudevillesque. Il y a un temps pour rire et un autre pour être réfléchi et désormais nos mousquetaires doivent accomplir leur mission. Certains des personnages principaux y trouveront la mort, le premier étant d’ailleurs inattendu et entraînera la mort des autres. Si Oliver Reed se taille la part du lion, on saluera une fois de plus la prestation de Christopher Lee et de Charlton Heston, ainsi que l’apparition de la splendide Nicole Calfan dans le rôle de Kitty, demoiselle d’honneur de Milady, dont le charme sulfureux mettra en feu les sens de D’Artagnan.

Mais Richard Lester ne devait pas en rester là et mettra en scène Le Retour des Mousquetaires quinze ans plus tard avec le même casting, auquel se joindra Philippe Noiret dans le rôle du Cardinal Mazazin. Malheureusement, durant le tournage, l’acteur Roy Kinnear (Planchet) décédera des suites d’une chute de cheval. Bouleversé par ce dramatique accident, le cinéaste (né en 1932) prendra sa retraite immédiatement après.

LE COMBO BLU-RAY + 4K UHD

Plus de dix ans après sa dernière édition en DVD, On l’appelait Milady revient dans les bacs, en combo Blu-ray + 4K UHD chez le même éditeur, autrement dit Studiocanal. Les Trois Mousquetaires sort simultanément, mais point de nouvelles concernant le troisième volet, à savoir Le Retour des Mousquetaires. Le visuel (laid) de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur noire, réunit enfin nos quatre mousquetaires, Oliver Reed étant mis plus en avant. Le menu principal est très légèrement animé et muet.

Nous trouvons la suite de l’entretien (23’) avec Neil Sinyard, auteur de l’ouvrage The Films of Richard Lester (publié en 1985). Neil Sinyard passe en revue tous les aspects d’On l’appelait Milady qui nous intéressent, en rappelant qu’à la base Les Trois Mousquetaires et sa « suite » avaient été pensés comme un seul et même long-métrage avec un entracte, finalement scindé en deux films distincts (les acteurs n’étant pas au courant) en raison d’une sortie prévue trop rapprochée de la fin de tournage. Neil Sinyard indique que les deux volets s’adressent à des publics différents, que le second n’a pas été classé tout public comme le premier et qu’il contient des éléments plus adultes, émotionnels et sombres, le tout sur fond de guerre de religion. Le traitement des personnages, D’Artagnan notamment (ici moins sympathique et plus arriviste) et Athos (un mélancolique alcoolique) est passé au peigne fin. Le troisième et dernier épisode est aussi rapidement évoqué.

Le dernier bonus est la suite et fin du documentaire rétrospectif sur Les Trois Mousquetaires et ses deux séquelles, réalisé en 2002. Cette partie de 26 minutes est consacrée logiquement au second volet et compile les témoignages des producteurs Ilya Salkind et Pierre Spengler, ainsi que des comédiens Michael York, Frank Finlay, Charlton Heston, Raquel Welch et Christopher Lee. De nombreux arguments ont visiblement été repris par Neil Sinyard à partir de ce supplément, ce qui nous vaut de nombreuses redondances. Néanmoins, les deux modules se complètent bien, les souvenirs de tournage sont nombreux, à l’instar de Christopher Lee qui se rappelle un Oliver Reed trop exalté avec sa rapière…

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Comme nous l’indiquions sur le test technique des Trois Mousquetaires, le master UHD d’On l’appelait Milady est nous semble-t-il encore pus beau que celui du premier volet. Un lifting total (vraisemblablement tiré du négatif original), qui respecte la texture argentique. Le nouvel étalonnage des couleurs est fantastique, lumineux, le ciel pastel, le rouge vibrant, le pourpre chaud, le piqué est acéré, les contrastes denses, la profondeur de champ impressionnante, la propreté dingue, la stabilité jamais prise en défaut. Seules les scènes sombres ou tamisées sont sans doute moins riches, mais ce serait vraiment chercher la petite bête tant le résultat est exceptionnel.

On l’appelait Milady est disponible en anglais, français et allemand 2.0 LPCM. En version originale, comme dans la langue de Molière, les mixages instaurent un très large confort acoustique. L’écoute est aérée avec des dialogues clairs et affirmés, ainsi qu’une belle délivrance des lames qui s’entrecroisent durant les combats. La restauration ne fait aucun doute et surtout, aucun souffle n’est à déplorer. Les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © Studiocanal / Film Trust / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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