Test Blu-ray / La Vie pour de vrai, réalisé par Dany Boon

LA VIE POUR DE VRAI réalisé par Dany Boon, disponible en DVD et Blu-ray le 30 août 2023 chez Pathé.

Acteurs : Dany Boon, Kad Merad, Charlotte Gainsbourg, Maxime Gasteuil, Caroline Anglade, Aurore Clément, Gaël Raës, Catherine Artigala…

Scénario : Dany Boon

Photographie : Glynn Speeckaert

Musique : Alexandre Lecluyse

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Tridan Lagache a passé sa vie au Club Med, à changer d’amis tous les 8 jours. À 50 ans, il démissionne du club de vacances mexicain où il est né, bien décidé à retrouver, 42 ans plus tard, son grand amour d’enfance, Violette. Il débarque à Paris, naïf et perdu mais heureux d’être hébergé chez Louis, un demi-frère dont il ignorait l’existence. Pour se débarrasser d’un Tridan encombrant, Louis supplie une de ses conquêtes, Roxane, de se faire passer pour Violette que Tridan croit reconnaître au premier regard.

Dany Boon, huit longs-métrages réalisés à ce jour depuis 2006, plus de 46 millions d’entrées cumulées rien qu’en France dont évidemment 20,5 millions pour Bienvenue chez les Ch’tis et sachant que l’immonde 8 rue de l’Humanité n’est pas sorti dans les salles et a été présenté uniquement sur la plateforme Netflix. Pas un seul échec au box-office, y compris son premier coup d’essai, le très bon La Maison du bonheur, qui avait dépassé la barre du million d’entrées. Il fallait bien que cela arrive un jour et donc son dernier opus en date, La Vie pour de vrai, produit avec un budget de près de 25 millions d’euros (contre 28 pour La Ch’tite famille, 33 pour Raid Dingue, 32 pour Supercondriaque…) n’aura attiré que 800.000 spectateurs. L’auteur de ces mots est le premier étonné d’écrire ceci, mais ce bide sévère est injuste, car La Vie pour de vrai est sans aucun doute le meilleur de son auteur depuis Rien à déclarer (2011) et ce sans aucune commune mesure. En effet, Dany Boon retrouve enfin ce qui faisait la réussite de ses trois premiers longs-métrages, des personnages attachants et simples, des dialogues soignés, ce à quoi s’ajoute une mise en scène également plus recherchée et moins fonctionnelle. Sortie dans un contexte social quelque peu houleux (ou quand on évoquait la possibilité d’un nouveau mai 68 en mars 2023), La Vie pour de vrai n’a pas su attirer un public que l’on pensait pourtant conquis d’avance par ces retrouvailles entre Dany Boon et Kad Merad, accompagnés cette fois par la toujours divine Charlotte Gainsbourg, géniale dans la peau d’une nymphomane qui tombe amoureuse pour la première fois.

La Vie pour de vrai repose pour ainsi dire sur un vrai directeur de Club Med, dont les parents s’étaient rencontrés au célèbre club de vacances, où ils continué à travailler après sa naissance, avant que ce dernier reprenne plus tard le flambeau. Il n’en fallait pas plus à Dany Boon pour imaginer un homme de cinquante ans, qui a vécu cloisonné du reste du monde et qui ne connaît que le Club Med situé au Mexique. Le retour à la civilisation va être difficile, surtout quand Tridan débarque à Paris. Il faut accepter ce postulat de départ « hénaurme », pour pouvoir profiter par la suite des aventures du dénommé Tridan, impeccablement campé par le réalisateur lui-même, qu’on n’avait pas vu aussi bon depuis Radin ! (2016) de Fred Cavayé. Après un générique amusant qui révèle le passé des parents de Tridan, campés par Maxime Gasteuil et la délicieuse Caroline Anglade, le personnage arrive donc sur la capitale où certains vont évidemment tirer profit de sa gentillesse et de sa naïveté.

Le destin va mettre sur sa route un demi-frère, Louis, qu’il ne connaissait pas (Kad Merad, excellent de sobriété) et Tridan rencontrera même l’amour pour la première fois de sa vie (ou presque, puisqu’il recherche son amour d’enfance qu’il n’a pas vu depuis…42 ans) avec Roxane. On est heureux de revoir Charlotte Gainsbourg dans une comédie populaire (et par ailleurs efficace et drôle), genre qu’elle n’avait pas abordé depuis une dizaine d’années et dans lequel la comédienne a toujours fait preuve d’une redoutable spontanéité. Elle est souvent hilarante dans La Vie pour de vrai, tout en apportant à son personnage une émotion inattendue qui reflète la solitude et la résignation de Roxane. Homme au coeur pur, éternel grand enfant innocent, espiègle et vierge (sur tous les plans), Tridan va révéler Louis et Roxane à eux-mêmes. C’est là que Dany Boon retrouve cette fraîcheur qui manquaient à ses opus depuis près de quinze ans, avec des protagonistes immédiatement empathiques, mais où l’attachement n’est jamais forcé. De plus, le film ne reste pas centré uniquement sur le décalage entre Tridan et le monde dit « réel », mais présente une belle évolution du triangle principal, même si le final paraît quelque peu expédié, surtout pour Louis.

La Vie pour de vrai est une surprise dans le sens où Dany Boon parvient à se sortir d’une mécanique dont les rouages grinçaient, en se focalisant à nouveau ses personnages et leurs interactions, avec une vraie tendresse, plutôt que sur la course systématique et artificielle au gag. Un bide injustifié.

LE BLU-RAY

C’est évidemment Pathé qui dégaine La Vie pour de vrai, en DVD et Blu-ray. Le disque HD repose dans un boîtier classique de couleur bleue, le tout inséré dans un surétui cartonné et aux couleurs de l’affiche originale d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Aucun making of à l’horizon. En revanche, nous démarrons les festivités avec un bêtisier très contagieux, montrant une fois de plus la complicité entre Dany Boon et Kad Merad.

Ensuite, l’éditeur fournit un début et une fin alternatifs (5’ et 2’). Le prologue rejeté se concentrait sur une journée banale de Tridan au Club Med, enchaînant parfois des catastrophes, jusqu’à ce qu’un client désire porter plainte. De ce fait, sa supérieure le rétrograde en le plaçant à la caisse de la boutique. Tridan, énervé, pousse ensuite sa chef dans la piscine, avant d’être renvoyé, contrairement au début finalement conservé où Tridan démissionne. Quant à la fin initialement prévue, celle-ci montrait Tridan et Roxane, attendant la mère du premier à l’aéroport. Puis, les trois se rendent à une sorte de club monté par le couple, destiné aux personnes souhaitant retrouver leur premier amour.

Enfin, Pathé nous livre un montage composé d’images des nombreuses avant-premières du film, en compagnie du trio vedette. Dany Boon, souvent caché dans l’ombre, écoute la réaction du public et se nourrit des rires durant les gags.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), les détails foisonnent aux quatre coins du cadre large, le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Glynn Speeckaert (La Promesse de l’aube d’Éric Barbier, À l’origine de Xavier Giannoli, La Source des femmes de Radu Mihaileanu), qui avait travaillé avec Dany Boon sur 8 Rue de l’Humanité, trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version DTS-HD Master Audio 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole, mais l’immersion est fort probante.

Crédits images : © Pathé Films / Denis TRIBHOU / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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