Test DVD / Sage-homme, réalisé par Jennifer Devoldère

SAGE-HOMME réalisé par Jennifer Devoldère, disponible en DVD le 19 juillet 2023 chez Warner Bros.

Acteurs : Karin Viard, Melvin Boomer, Steve Tientcheu, Tracy Gotoas, Theodore Levisse, Bruce Dombolo, Nadia Roz…

Scénario : Jennifer Devoldère & Cécile Sellam

Photographie : Jean-François Hensgens

Musique : Dim Sum

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Léopold, 19 ans, rate le concours d’entrée en médecine. Par défaut, il décide d’entrer à l’école des sages-femmes en cachant la vérité à son entourage, dans le but de réintégrer médecine plus tard grâce à une passerelle. Alors qu’il s’engage sans convictions dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.

Tiens, revoilà la réalisatrice et scénariste Jennifer Devoldère, qui avait signé deux longs-métrages fort passables (pour ne pas dire complètement ratés) avec Mélanie – Je suis modeste – Laurent, Jusqu’à toi (2009) et Et soudain, tout le monde me manque (2011). Depuis, plus aucune nouvelle. IMDB indique qu’elle a récemment coécrit Zodi et Téhu, frères du désert d’Éric Barbier, sorti quelques semaines avant le troisième long-métrage de la cinéaste, Sage-Homme, incontestablement son meilleur film à ce jour et de loin. Cette plongée immersive dans le monde des sage-femmes, offre à la précieuse Karin Viard un nouveau rôle en or, qui lui va une fois de plus comme un gant et révèle un jeune acteur de 20 ans, Melvin Boomer, précédemment apparu dans la mini-série Le Monde de demain de l’excellente Katell Quillévéré, dans laquelle il interprétait JoeyStarr. Superbe alchimie entre les deux comédiens qui ne font qu’un avec leurs personnages, tandis que le spectateur en saura désormais plus sur ce métier ô combien indispensable, y compris sur sa définition : sage, dérivé du mot sapiens, qui signifie celui qui a la connaissance, l’expérience, et le mot femme désignant ici la femme dont on s’occupe. Ainsi, on assiste à l’émergence d’une vocation, celle de Léopold donc, qui va devenir un (on peut dire le ou la) sage-femme, en apprenant son métier auprès d’une professionnelle qui amorce la dernière partie de sa carrière et probablement de sa vie. Une comédie-dramatique élégante, noble, très réussie.

Pour nourrir leur histoire, Jennifer Devoldère et sa co-scénariste Cécile Sellam (Les Gazelles, De l’huile sur le feu, Premières vacances) se sont longuement préparés et ont pu suivre le travail de certains sages-femmes, des soignants, tout en rassemblant le témoignage de quelques parents qui vivaient alors un heureux événement. À l’instar du cinéma de Thomas Lilti (à la base médecin généraliste), auteur et metteur en scène des magnifiques Hippocrate (y compris la série du même nom), Première année et Médecin de campagne, sans oublier le délicat Voir le jour de Marion Laine, Sage-homme concilie à la fois le cinéma d’auteur et populaire, ne ferme pas la porte au romanesque, tout en insufflant une vérité documentaire en filmant par exemple un véritable accouchement. Loin du sempiternel et inévitable discours féministe souvent déclamé au marteau-piqueur, Sage-homme plante son récit (d’apprentissage et de transmission) dans un milieu essentiellement féminin, dans lequel un jeune homme tente de trouver sa place, même si celui-ci n’avait jamais pensé intégrer cette branche. Ainsi, alors qu’il envisageait une autre carrière, Léopold se retrouve du jour au lendemain dans la maternité d’un hôpital public, où chaque accouchement est bien sûr unique et où ses compétences doivent immédiatement s’adapter à la situation, mais aussi aux personnes et surtout à la future mère qui se trouvent en face de lui.

Si heureusement tout se déroule à merveille la plupart du temps, des drames peuvent arriver. C’est le cas lors de la scène la plus éprouvante du film, quand Léopold doit laver et habiller un bébé mort-né, afin de pouvoir le présenter à ses parents, forcément dévastés, qui attendent dans la chambre annexe. On rit beaucoup devant Sage-femme, grâce notamment à l’énergie toujours aussi dingue de l’incroyable Karin Viard (dans un rôle écrit spécialement pour elle), qui paraît avoir fait ce métier toute sa vie, mais on a aussi souvent la larme à l’oeil, l’émotion nous cueillant là où on s’y attendait le moins. Parallèlement, Jennifer Devoldère met en relief la crise du milieu hospitalier, le manque de moyens (financier et matériel), la fatigue extrême du personnel (et ce malgré un investissement et un amour de leur métier immenses et même sans limite), la cohésion des services (même si des différends peuvent évidemment apparaître), une hiérarchie bureaucrate aux pâquerettes.

Entre l’excellence du casting (dont Steve Tientcheu vu dans Robuste et Les Misérables, Tracy Gotoas, très belle découverte), la précision de la mise en scène, le soin apporté à la photographie (Jean-François Hensgens, Les Intranquilles, Le Serpent aux mille coupures), les dialogues ciselés et sa sensibilité à fleur de peau, font de cette dissection d’un service de maternité, un des immanquables du cinéma français de l’année 2023.

LE DVD

En dépit de son joli succès dans les salles avec plus de 600.000 entrées, Warner Bros. ne propose Sage-homme qu’en DVD. La jaquette, glissée dans un boîtier classique Amaray de couleur noire, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.

Aucun supplément. Et c’est vraiment dommage…

L’Image et le son

Le master épouse délicatement les contrastes tranchés et la colorimétrie tantôt ambrée tantôt glacée de la belle photo du film. La définition est rarement prise en défaut et seuls quelques aplats de couleurs témoignent d’un sensible bruit vidéo. Les gros plans sont en revanche très précis, la cadre habilement exploité regorge de menus détails sympathiques, et le piqué est suffisamment aiguisé.

Le mixage Dolby Digital 5.1 spatialise essentiellement la douce musique du film signée Dim Sum. En dehors de cela, les effets latéraux demeurent trop anecdotiques y compris durant les scènes en extérieur, ce qui n’empêche pas les dialogues d’être solidement plantés sur la centrale. La balance frontale est également soignée et délivre la quasi-entièreté des ambiances. La stéréo a donc peu à envier à son homologue, d’autant plus qu’elle se révèle riche et percutante. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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