Test Blu-ray / La Chute de la Maison Usher, réalisé par Roger Corman

LA CHUTE DE LA MAISON USHER (House of Usher) réalisé par Roger Corman, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 8 novembre 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Vincent Price, Mark Damon, Myrna Fahey, Harry Ellerbe, Eleanor LeFaber.…

Scénario : Richard Matheson, d’après Edgar Allan Poe

Photographie : Floyd Crosby

Musique : Les Baxter

Durée : 1h19

Date de sortie initiale: 1960

LE FILM

Philip Withrop se rend a la maison Usher pour voir sa fiancée Madeline. Il est confronté au frère de la jeune femme, Roderick, qui s’oppose à leur mariage. Ce dernier explique à Withrop que sa famille est maudite, ses membres sombrant tous un jour ou l’autre dans la folie, ce qui les conduit toujours à la mort.

C’est de là que tout est parti. Quand il entreprend La Chute de la Maison Usher, Roger Corman a déjà 25 réalisations à son actif, deux douzaines de séries B-Z aux titres explicites comme L’Attaque des crabes géants, The Undead, The Saga of the Viking Women and Their Voyage to the Waters of the Great Sea Serpent, She Gods of Shark Reef, The Wasp Woman. Après La Petite Boutique des horreursThe Little Shop of Horrors, ce cher Roger propose à Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson un projet plus ambitieux que ses « petits trucs » à 65.000 dollars. Tourner en couleur, utiliser le cadre large et gonfler le budget à 200.000 dollars pour concurrencer l’arrivée de la télévision couleur dans les chaumières US. Banco pour l’American International Pictures, puisque, même si la société devra allonger 100.000$ de plus pour s’offrir Vincent Price, La Chute de la Maison Usher rapporte quatre fois sa mise et prouve à ses détracteurs que le metteur en scène est capable de rigueur, d’ampleur et d’élégance. Si Roger Corman n’a pas mis de côté sa recherche obsessionnelle de l’économie, La Chute de la Maison Usher subjugue par sa beauté plastique, mais aussi par la prestation impériale de Vincent Price au sommet de son art. Un classique inaltérable, un chef d’oeuvre intemporel.

Parti de Boston, Philip Withrop rend visite à sa fiancée Madeline au domicile de sa famille. Il se heurte au frère de la jeune femme, Roderick Usher, qui s’oppose à leur mariage sous prétexte d’une malédiction ancestrale, les Usher sombrant tous un jour ou l’autre dans la folie avant que la mort ne les frappe. Après que Philip ait à plusieurs reprises échappé à la mort, victimes de supposés accidents, Madeline décède mystérieusement dans son sommeil ; elle se trouve en réalité dans un état catatonique et, surgissant à demi folle de son cercueil, se jette sur les traces de Roderick pour le tuer…

A l’origine de La Chute de la Maison Usher il y a bien sûr une nouvelle fantastique écrite par Edgar Allan Poe, publiée pour la première fois en septembre 1839 dans la revue littéraire Burton’s Gentleman’s Magazine, inscrite dans les Nouvelles histoires extraordinaires et traduite en France par Charles Baudelaire. L’une des nouvelles les plus célèbres de l’écrivain avait déjà fait l’objet de précédentes transpositions au cinéma, en 1928 par Jean Epstein, puis la même année par James Sibley Watson et Melville Webber. Étant tombée dans le domaine public, ce qui a très largement contribué à ce que les producteurs acceptent de laisser Roger Corman faire son office, La Chute de la Maison Usher est adaptée par le grand Richard Matheson, mythique auteur de Je suis une légende, L’Homme qui rétrécit, Les Seins de glace, De la part des copains, qui commençait alors une fructueuse collaboration avec Roger Corman, en respectant la nouvelle originale, tout en se focalisant sur l’aspect freudien inhérente à l’oeuvre d’Edgar Allan Poe. Le scénariste étend la nouvelle d’une vingtaine de pages en un long-métrage de 80 minutes et développe admirablement les personnages, notamment celui extrêmement ambigu de Roderick Usher, auquel Vincent Price apporte ses cheveux peroxydés, des allures de vieille femme, son teint blafard et son phrasé immédiatement reconnaissable.

Outre la fabuleuse incarnation de ce dernier, Mark Damon, acteur vu dans Les Vierges de la pleine lune de Luigi Batzella, La Bataille pour Anzio d’Edward Dmytryk, Les Cent Cavaliers de Vittorio Cottafavi et Les Trois visages de la peur de Mario Bava s’en tire aussi très bien, marque le film par sa belle présence et de sa prestance, tandis que Myrna Fahey (Le Salaire de la haine de Paul Wendkos) assure le côté charme et le glamour. Gros point fort également en ce qui concerne les décors et la création de la fameuse maison éponyme, ainsi que la photo très inspirée de Floyd Crosby avec cette couleur rouge-sang omniprésente, surtout sur les innombrables bougies. Roger Corman et Richard Matheson s’amusent à insuffler le doute quant à la présumée folie de Roderick, tout en donnant à la maison une âme, une véritable identité, pour ne pas dire une existence propre, dont les murs s’ornent de tableaux malaisants réalisés par le peintre beatnik Burt Schonberg.

Plus de soixante ans ont passé depuis la sortie de La Chute de la Maison Usher sur les écrans. Pourtant, le film de Roger Corman n’a cessé d’influencer les cinéastes et demeure encore aujourd’hui une des références incontournable du genre horrifique.

LE BLU-RAY

Jusqu’à présent, La Chute de la Maison Usher n’était disponible en France qu’en DVD chez MGM/United Artists depuis près de vingt ans. En novembre 2022, Sidonis Calysta sort un coffret exceptionnel en Combo Blu-ray + DVD intitulé Roger Corman d’après Edgar Allan Poe en 8 films, comprenant La Chute de la Maison Usher, La Chambre des tortures, L’Empire de la terreur, L’Enterré vivant, La Malédiction d’Arkham, Le Corbeau, La Tombe de Ligeia et Le Masque de la Mort Rouge, sans oublier un DVD Bonus Le Monde de Corman et un livret de 158 pages (Roger Corman – Edgard Allan Poe : Les Démons de l’esprit par Marc Toullec. Édition collector numérotée limitée à 2 000 exemplaires. Le menu principal est animé et musical.

Dans la série « Ils parlent mieux de cinéma qu’ils n’en font », Christophe Gans a toujours tenu la première place en France. Nous le retrouvons donc pour une longue et riche présentation de La Chute de la Maison Usher (47’), menée sans aucun temps mort, avec une érudition complètement dingue doublée d’une passion extrêmement contagieuse pour le sujet abordé, autrement dit le cinéma de Roger Corman et plus particulièrement ici la genèse et la mise en route de La Chute de la Maison Usher. Christophe Gans replace le film dans la carrière déjà prolifique de Roger Corman, dissèque la méthode de celui qui sera surnommé le dernier nabab, évoque le casting, l’équipe technique, les conditions de tournage (à l’économie), les précédentes adaptations de la nouvelle d’Edgar Allan Poe, ses thèmes, le succès critique et commercial, puis le cycle Poe qui allait s’ensuivre. D’autres sujets sont bien entendus inscrits au programme de cette intervention, mais en dresser la liste complète serait impossible tant Christophe Gans s’avère encore une fois très prolixe.

L’éditeur fournit ensuite un entretien avec Vincent Price, enregistré à Malibu en juillet 1986, probablement chez lui, réalisé par Claude Ventura et Philippe Garnier. Agé de 75 ans, le comédien explique que la longévité de sa carrière vient du fait qu’il ne s’est jamais pris au sérieux (« la vie est une blague » dit-il), parle du court-métrage Vincent de Tim Burton, de son amour pour jouer les méchants, de sa participation à la chanson Thriller de Michael Jackson, de ses amis Boris Karloff, Peter Lorre et Basil Rathbone, sa collaboration avec James Whale sur L’Enfer vert Green Hell (« un des plus grands navets »), sans oublier bien sûr celles avec Roger Corman.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le transfert est irréprochable, le master quasi-immaculé (un ou deux points par ci, des griffures par là), stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie souvent éclatante. Les décors sont riches, la gestion des contrastes est également très solide, les gros plans ne manquent pas de détails. Malgré de menus changements chromatiques au cours d’une même séquence et un grain parfois aléatoire, ce master HD ne manque pas d’attraits. Le Blu-ray est au format 1080p.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0. Le confort acoustique est assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque un peu plus de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre.

Crédits images : © Sidonis Calysta / MGM / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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