Test 4K UHD / Esther 2 : Les Origines, réalisé par William Brent Bell

ESTHER 2 : LES ORIGINES (Orphan : First Kill) réalisé par William Brent Bell, disponible en 4K Ultra HD, Blu-ray et DVD le 17 décembre 2022 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Isabelle Fuhrman, Julia Stiles, Rossif Sutherland, Hiro Kanagawa, Matthew Finlan, Samantha Walkes, David Lawrence Brown, Lauren Cochrane…

Scénario : David Coggeshall, d’après une histoire originale de David Leslie Johnson-McGoldrick

Photographie : Karim Hussain

Musique : Brett Detar

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Après avoir orchestré une brillante évasion d’un établissement psychiatrique, Esther se rend en Amérique en se faisant passer pour la fille disparue d’une famille aisée. Mais, face à une mère prête à tout pour protéger sa famille, son plan va prendre une tournure inattendue. Il vous reste beaucoup de choses à découvrir sur Esther…

Esther est de retour ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne s’y attendait absolument pas…Treize ans séparent les deux opus, le premier étant sorti en 2009, ayant engrangé près de 80 millions de dollars dans le monde (pour un budget quatre fois moins élevé), avant de devenir un vrai petit film culte. Deux raisons à cela, d’une part pour l’impressionnante interprétation de la jeune Isabelle Fuhrman, onze ans au moment du tournage, d’autre part pour le twist qui révélait (on peut se permettre de le dire après toutes ces années passées) que la petite fille démoniaque s’appelait Leena Klammer, et qu’elle souffrait d’un dérèglement hormonal très rare, le panhypopituitarisme, une forme de nanisme, qui lui donnait l’apparence d’une fillette, alors qu’elle en avait en trente-trois. Un pari pour Isabelle Fuhrman qui devait donc jouer une adulte se faisant passer pour une enfant. Mais kezako Esther 2 : Les Origines ??? Comme son titre l’indique, ou pas d’ailleurs, car on peut être un peu paumés, il ne s’agit pas d’un second épisode à proprement parler, mais d’une préquelle du long-métrage de Jaume Collet-Serra (La Maison de cire, Instinct de survie, Non-Stop). L’action se déroule deux ans avant qu’Esther soit adoptée par Kate et son mari John, du temps où Leena était internée dans un hôpital psychiatrique en Estonie. Esther 2 : Les Origines part de cet argument dévoilé dans Esther premier du nom. Mais l’élément totalement inattendu c’est qu’Isabelle Fuhrman reprend le rôle qui l’a rendu célèbre ! Désormais âgée de 25 ans, elle est supposée interpréter Leena/Esther. L’actrice a évidemment changé et il est difficile aujourd’hui de la « faire passer » pour une enfant. Mais TOUT le film joue sur cette schizophrénie volontaire et assumée. En effet, Esther 2 : Les Origines va certainement décontenancer une bonne partie des spectateurs, qui penseront se retrouver devant un quasi-remake du premier volet. Et ceux-ci auront raison, le réalisateur William Brent Bell l’avouant volontiers. C’était sans compter LE retournement de situation aussi improbable que jubilatoire qui emmène le récit, les protagonistes et donc l’audience dans une autre direction. Ne comptez pas sur nous pour vous en révéler la teneur, mais sachez tout de même que cette idée dramatique frappadingue vaut assurément qu’on s’attarde sur cet Orphan: First Kill. Vous êtes prévenus.

Leena Klammer souffre d’un dérèglement hormonal très rare qui lui donne une apparence enfantine, alors qu’elle a en réalité 31 ans, et se révèle être une patiente extrêmement violente. Cela n’est toutefois pas un secret au sein de l’Institut Saarne, asile estonien où elle séjourne depuis de nombreuses années. Après avoir fait semblant de faire des avances à un médecin, Leena le tue en lui frappant la tête contre le mur de sa chambre à plusieurs reprises, et lui vole son badge pour s’échapper. Au même moment, Anna Troyev, psychanalyste dans les arts, quitte l’établissement, puis Leena s’introduit dans sa voiture pour accéder au domicile de la psychanalyste. Après avoir assassiné cette dernière à coups de marteau, Leena fait des recherches et décide de se faire passer pour la fille disparue d’une famille, Esther Albright, dont la ressemblance avec celle-ci est troublante. Tricia Albright vient chercher Leena, qui se fait alors passer pour sa fille Esther, à l’aéroport.

En réalité, il faut accepter non pas le postulat de départ, puisque le spectateur est déjà complice (sans toutefois lui trouver des circonstances atténuantes évidemment) d’Esther en étant au courant de son secret, mais le fait qu’une comédienne qui vient de fêter son premier quart de siècle, incarne une femme de plus de trente ans (jusque-là, ça passe) qui se fait passer aux yeux du monde pour une fille d’une dizaine d’années ! Magie du cinéma, même si c’est « hénaurme », ça passe, car William Brent Bell n’est pas dupe, il sait que cela sonne faux et que tous les subterfuges pour nous « faire croire » qu’Esther s’apparente à une fillette (perspectives forcées, maquillage sans rajeunissement numérique, doublures silhouette) se voient comme le nez au milieu de la figure. Esther 2 : Les Origines est une entreprise consciente de ce qu’elle est, que le spectateur remarquera les « trucs », les ficelles et les autres astuces. Puis, une fois celui-ci bien conditionné, juste au moment où l’on commence en fait à se dire que ce nouveau chapitre est un copier-coller du premier, intervient LA scène qui fait tout basculer et nous entraîne là où ne pouvait absolument pas le soupçonner. Impossible d’aller plus loin sans spoiler…

Nous arrêterons donc là l’analyse du film qui d’ailleurs se tient excellemment bien sur le plan formel avec aux manettes William Brent Bell, déjà remarqué avec The Boy (2016) et The Boy : La Malédiction de Brahms (2020), sans oublier Devil Inside il y a tout juste dix ans. Si le propos et l’action font non seulement écho au premier Esther, mais aussi surtout relecture sous un angle différent, cette « origin story » s’avère indiscutablement plus ambitieuse et recherchée sur le plan de la mise en scène et de la photographie signée Karim Hussain (Antiviral et Possessor de Brandon Cronenberg), qui donne cette impression d’une version cauchemardesque d’Esther de Jaume Collet-Serra.

Alors effectivement, on ne croit pas ou plus à Isabelle Fuhrman en petite fille, mais peu importe comme son personnage ne l’était pas non plus dans le premier en fait. Ce qui compte ici concerne surtout la famille Albright, qui accueille Esther sur le sol américain, en particulier la mère Tricia, incarnée par Julia Stiles (Queens, la saga Jason Bourne, Le Sourire de Mona Lisa, Save the Last Dance), que nous n’avions pas vu à pareille fête depuis très longtemps. Le scénario coécrit par David Leslie Johnson-McGoldrick (producteur du sympa Till Death avec Megan Fox et auteur d’Aquaman de James Wan) et David Coggeshall (Prey de Franck Khalfoun) réserve son lot de surprises (euphémisme) si tant est que le spectateur saura s’armer de patience jusqu’à l’arrivée de Leena dans sa première famille d’adoption. Le jeu en vaut largement la chandelle et l’ensemble se permet même d’aller encore plus loin dans la perversité que le premier film.

L’ÉDITION BLU-RAY + 4K UHD

Metropolitan déroule tapis rouge à Esther 2 : Les Origines, en proposant le film en DVD, Blu-ray et 4K UHD ! Le combo HD/UHD apparaît en édition collector limitée et comprend un très beau livret de 36 pages créé par Nicolas Rioult, comprenant une remarquable présentation du film (on a même été à deux doigts de demander à l’auteur s’il était possible de reprendre sa critique), ainsi qu’un entretien exclusif avec le réalisateur William Brent Bell, le directeur de la photographie Karim Hussain et l’artiste Zsombor Huszka, auteur des peintures que le père adoptif fait son dans son atelier dans Esther 2 : Les Origines. Le menu principal du disque 4K est superbe, animé et musical.

En revanche, c’est quasiment le désert du point de vue bonus…avec quelques bandes-annonces, vous ne trouverez qu’une featurette de 2’30, composée de rapides images de tournage et d’interviews de l’équipe.

L’Image et le son

Le directeur de la photographie Karim Hussain et le réalisateur William Brent Bell ont opté pour une image brumeuse et une palette de couleurs limitée, qui s’accompagne parfois d’un halo de lumière vaporeux, qui renvoie aux partis pris typiques du cinéma des années 1970. Si vous possédez le matériel nécessaire, précipitez-vous sur le disque 4K, une vraie merveille. La qualité de ce master UHD est exceptionnelle. Le piqué impressionne sur les gros plans et les détails fourmillent surtout sur les plans diurnes en extérieur qui sont à couper le souffle. Les partis pris esthétiques auraient pu donner du fil à retordre, avec des noirs volontairement poreux, un léger grain et une palette chromatique atténuée, mais le rendu est net et sans bavure. N’attendez donc pas un piqué aiguisé comme la lame d’un scalpel, mais un rendu organique qui participe au malaise…

Que votre choix se soit porté sur la version française ou la version originale DTS-HD Master Audio 5.1., le confort acoustique est total et la piste anglaise l’emporte du point de vue homogénéité des voix et des effets annexes. Le pourvoir immersif des deux mixages est fort plaisant. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets sont souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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