Test Blu-ray / La Chambre des tortures, réalisé par Roger Corman

LA CHAMBRE DES TORTURES (The Pit and the Pendulum) réalisé par Roger Corman, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 8 novembre 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Vincent Price, John Kerr, Barbara Steele, Luana Anders, Antony Carbone, Patrick Westwood, Lynette Bernay.…

Scénario : Richard Matheson, d’après Edgar Allan Poe

Photographie : Floyd Crosby

Musique : Les Baxter

Durée : 1h20

Date de sortie initiale: 1961

LE FILM

L’Espagne du XVIe siècle. L’anglais Francis Barnard arrive au château de Nicholas Medina, l’époux de sa soeur Elizabeth récemment décédée. Il apprend que la défunte s’était laissée gagner par l’atmosphère morbide de lieux dont le sous-sol cache une vaste salle des tortures dont Medina a hérité de son père, un inquisiteur sanguinaire ; Elizabeth y serait morte de peur… Pas très convaincu par cette explication, Barnard cherche à en savoir plus, de plus en plus troublé par le comportement de son hôte…

La Chambre des torturesThe Pit and the Pendulum est la transposition d’une nouvelle écrite par Edgar Allan Poe, publiée pour la première fois en 1842 dans la revue littéraire annuelle The Gift : A Christmas and New Year’s Present et en France dans le recueil Nouvelles histoires extraordinaires. Une demi-douzaine de moutures verront le jour, dont une emballée par Stuart Gordon en 1991, la première remontant même à 1909 par Henri Desfontaines, sans oublier l’adaptation d’Alexandre Astruc avec Maurice Ronet, moyen métrage de 1964 considérée comme étant la plus respectueuse de l’oeuvre originale, et bien sûr le film qui nous intéresse aujourd’hui, La Chambre des tortures (1961) de Roger Corman, librement inspiré de Poe. La célèbre scène de torture qui donne son titre à la nouvelle et au film en version originale, n’apparaît que dans le dernier quart d’heure. Par conséquent, il fallait broder un scénario autour de cet élément central. Soyons honnêtes, ce qui a été créé par l’auteur Richard Matheson manque souvent d’intérêt et cette seconde relecture d’Edgar Allan Poe par Roger Corman, un an après La Chute de la maison Usher et juste avant L’Enterré vivant n’est assurément pas le meilleur opus des huit. Demeure encore toutefois l’interprétation haute en couleur de Vincent Price, par ailleurs dans un double rôle, celui de Don Nicholas Medina et de son père Sebastian Medina.

Au XVIème siècle, en Espagne, Nicholas Medina épouse la britannique Elisabeth Barnard. Nicholas étant le fils d’un redoutable bourreau de l’Inquisition, les caves lugubres du château familial regorgent d’instruments de tortures qu’Elisabeth se complaît à observer morbidement. Un jour, elle est retrouvée morte de peur ! Des mois plus tard, son frère Francis Barnard arrive de Grande-Bretagne pour mener son enquête. Il se montre suspicieux envers Nicholas, tandis que des événements étranges indiquent que l’âme d’Elisabeth hanterait la demeure. Nicholas confesse qu’il craint qu’on ait enterré sa femme encore vivante, dans un état cataleptique…

Encouragé par le succès aussi conséquent qu’inattendu de La Chute de la Maison Usher, Roger Corman est invité à poursuivre son exploration de l’oeuvre d’Edgar Allan Poe. La même équipe est réunie, de Richard Matheson au scénario, en passant par Daniel Haller à la direction artistique (il était précédemment crédité “Architecte à la décoration”), Floyd Crosby à la photographie, Les Baster à la musique et bien d’autres. Rien à redire sur le plan visuel (même le générique est splendide), La Chambre des tortures est une merveille, dont la beauté des costumes et des décors gothiques subjugue encore comme au premier jour. En revanche, l’histoire n’est pas ce qu’on pourrait qualifier de plus passionnante et hormis Vincent Price et la légendaire Barbara Steele (Le Masque du démon, L’Effroyable Secret du docteur Hichcock, Huit et demi), même si son personnage ne restera pas vraiment en mémoire, on ne peut pas dire que le casting soit très attractif. John Kerr (South Pacific, Thé et sympathie, La Toile d’araignée) est lisse et sa ressemblance frappante avec Marc-Olivier Fogiel prend le dessus.

Sur un rythme un peu plan-plan, Roger Corman déroule un récit qui fait trop de surplace pour réellement emporter les spectateurs dans son sillage et il faut donc véritablement attendre une bonne heure pour que l’intrigue démarre pour de bon, le réalisateur se reposant essentiellement sur le cabotinage de génie de sa tête d’affiche, qui comme d’habitude se donne à fond de ce côté-là. A tel point d’ailleurs que Vincent Price, emporté dans son délire, ira un peu trop loin lorsque son personnage étrangle celui de Barbara Steele, au point de la blesser aux cervicales…Mais malgré ses défauts certains, on ne peut s’empêcher d’avoir beaucoup d’affection pour La Chambre des tortures, qui conserve un charme rétro inaltérable.

LE BLU-RAY

Jusqu’à présent, La Chambre des tortures n’était disponible en France qu’en DVD chez Lancaster depuis près de vingt ans. En novembre 2022, Sidonis Calysta sort un coffret exceptionnel en Combo Blu-ray + DVD intitulé Roger Corman d’après Edgar Allan Poe en 8 films, comprenant La Chute de la Maison Usher, La Chambre des tortures, L’Empire de la terreur, L’Enterré vivant, La Malédiction d’Arkham, Le Corbeau, La Tombe de Ligeia et Le Masque de la Mort Rouge, sans oublier un DVD Bonus Le Monde de Corman et un livret de 158 pages (Roger Corman – Edgard Allan Poe : Les Démons de l’esprit par Marc Toullec. Édition collector numérotée limitée à 2 000 exemplaires. Le menu principal est animé et musical.

Olivier Père (et son chat visiblement, puisque des miaulements se font entendre en fond) revient sur le film qui nous intéresse aujourd’hui (26’). Le directeur général d’ARTE France Cinéma et directeur de l’Unité Cinéma d’ARTE France croise le fond et la forme du second opus du cycle Edgar Poe de Roger Corman, mis en route suite au triomphe de La Chute de la Maison Usher en 1961. L’occasion pour le réalisateur selon-lui d’explorer une nouvelle facette de son cinéma, de se renouveler encore et toujours, en intégrant cette fois plus de psychologie, en misant sur une mise en scène plus ambitieuse et une esthétique encore plus poussée. Roger Corman avait tout d’abord comme projet d’adapter Le Masque de la Mort Rouge, mais renoncera finalement trouvant le projet trop proche du Septième Sceau d’Ingmar Bergman. L’adaptation de la nouvelle Le Puits et le Pendule, la correspondance avec La Chute de la Maison Usher, la psychologie des personnages, la circulation esthétique entre les films, la collaboration Corman-Matheson, les décors, la lecture psychanalytique et freudienne des écrits de Poe par Roger Corman et le casting sont également abordés.

On découvre ensuite une séquence TV ajoutée (5’), dont on ne sait rien puisqu’aucun panneau ne donne d’explications sur son origine. Celle-ci met en scène Luana Anders, dans le rôle de Catherine Medina, prisonnière, qui dans sa geôle essaye de dire aux autres prisonniers qu’elle n’est pas démente et que ce qu’elle a vécu s’est vraiment passé.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le transfert n’est pas irréprochable, néanmoins ce Blu-ray s’en sort pas trop mal, avec certes encore quelques points et griffures par ci par là. La copie est stable, les noirs suffisamment concis, la colorimétrie souvent éclatante, les décors riches, la gestion des contrastes est également très solide, les gros plans détaillés. Malgré de menus changements chromatiques au cours d’une même séquence et un grain parfois aléatoire, ce master HD ne manque pas d’attraits. Le Blu-ray est au format 1080p.

Le film de Roger Corman bénéficie d’un doublage français. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française au doublage réussi s’accompagne de quelques chuintements et de craquements, même si les dialogues restent très intelligibles. La version anglaise DTS-HD Master Audio 2.0 est plus dynamique, propre et intelligible, homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / MGM / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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