Test Blu-ray / Goodbye & Amen, réalisé par Damiano Damiani

GOODBYE E AMEN réalisé par Damiano Damiani, disponible en Blu-ray + DVD + Livre Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Tony Musante, Claudia Cardinale, John Forsythe, John Steiner, Renzo Palmer, Angela Goodwin…

Scénario : Damiano Damiani & Nicole Badalucco

Photographie : Luigi Kuveiller

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un agent de la CIA en poste à Rome fomente un complot destiné à renverser un gouvernement africain. Mais ses plans s’effondrent lorsqu’il découvre qu’un de ses hommes l’a trahi. Fou de rage, il prend en otage un couple adultère dans une chambre d’hôtel.

Après avoir traité d’un complot d’extrême droite dans Un juge en danger Io ho paura, Damiano Damiani continue sur sa lancée et livre un nouveau thriller, Goodbye & Amen, qui cette fois ne sera pas interprété par Franco Nero ou Gian Maria Volonté, mais par l’excellent Tony Musante. Acteur américain découvert en 1964 dans Les Tueurs de San Francisco Once a thief de Ralph Nelson, ce dernier se fait surtout remarquer trois ans plus tard dans l’incroyable L’Incident The Incident de Larry Peerce, qui lui vaut d’être repéré aussi bien par les réalisateurs US (Gordon Douglas, Richard Fleischer, Robert Aldrich) qu’européens et notamment italiens, puisqu’il tournera avec Sergio Corbucci (El Mercenario), Giuseppe Patroni Griffi (Disons, un soir à dîner) et bien sûr Dario Argento (L’Oiseau au plumage de cristal). Il est impeccable dans Goodbye & Amen (ou L’uomo della CIA), qui n’est sans doute pas l’opus le plus célèbre de son auteur, mais qui n’en reste pas moins un spectacle souvent remarquable, même si moins virulent, politique et inspiré que ses monuments les plus reconnus. S’il n’y a rien à redire sur la force du casting et le déroulé efficace de l’intrigue, quasi huis clos qui se passe essentiellement dans un hôtel de luxe, Goodbye e Amen pâtit d’une esthétique vieillotte et d’une mise en scène qui rappelle une série télévisée de son époque. Ce qui n’empêche pas de prendre un sacré pied.

John Dannahay, un agent de la CIA en service à l’ambassade des États-Unis à Rome, prépare un coup d’État dans un pays africain non spécifié. Dannahay, qui est gardé sous contrôle par ses supérieurs après une erreur qui a gâché sa dernière opération, est prêt à tout pour mener à bien la mission ; cependant, grâce aux écoutes téléphoniques, il découvre que son collègue et ami proche Harry Lambert joue en fait un double jeu, passant des informations à l’ennemi. Quelques heures plus tard, en fin de soirée, un homme armé d’un fusil se met à tirer depuis un balcon de l’hôtel Hilton, tuant un mendiant et un touriste asiatique et semant la panique dans la rue. Se sentant traqué, le dangereux individu se barricade dans une chambre d’hôtel, où l’élégante Mme De Mauro, épouse infidèle d’un riche homme d’affaires, et son amant Jack Perry, un jeune acteur, passent la nuit. Le commissaire Moreno, de la police italienne, intervient sur place et tente avec ses hommes de gérer la situation. L’épouse de Harry Lambert, Renata, raconte à Dannahay que son mari a quitté la maison après une grande dispute et, puisque l’étui d’un de ses fusils a été retrouvé à l’hôtel, on pense qu’il est le ravisseur. Dannahay offre sa collaboration au commissaire Moreno et les deux essaient d’entrer en contact par téléphone avec la chambre dans laquelle l’homme a pris en otage Mme De Mauro et Perry. Les policiers tentent à plusieurs reprises de s’introduire dans la pièce, sans grand succès. Le ravisseur, menaçant de tuer les otages, exige que l’ambassadeur Carson soit également autorisé à entrer dans la pièce. Après une fusillade au cours de laquelle Dannahay parvient à libérer Mme De Mauro, la police décide d’accéder à la demande du ravisseur en lui remettant l’ambassadeur. Cependant, Dannahay se rend vite compte que le ravisseur n’est pas du tout Lambert.

Damiano Damiani écrit le scénario de Goodbye e Amen avec Nicola Badalucco, qui avait signé la même année le formidable Black Journal de Mauro Bolognini et surtout deux piliers de la filmographie de Luchino Visconti, Les Damnés (1969) et Mort à Venise (1970). Autant dire que c’est du lourd et l’un des éléments les plus réussis de Goodbye e Amen est son histoire qui assemble petit à petit ses éléments, sur un rythme soutenu et en compilant les rebondissements, jusqu’à la dernière scène. Là où on fait la fine bouche, c’est donc au niveau de la réalisation, plus posée, plus statique dirons-nous qu’à l’accoutumée chez Damiano Damiani, qui se contente de mettre en images son script en béton, tout en comptant sur le montage du fidèle Antonio Siciliano (La Mafia fait la loi, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République, Nous sommes tous en liberté provisoire) pour dynamiser l’ensemble, ce qu’il parvient à faire haut la main. Si la musique des mythiques frères Guido et Maurizio De Angelis (On continue à l’appeler Trinita, Les Anges mangent aussi des fayots, Deux super-flics !) est comme d’habitude réussie et même particulièrement entêtante, la photographie du pourtant talentueux Luigi Kuveiller (Les Frissons de l’angoisse, Avanti !, Un vrai crime d’amour, Le Venin de la peur, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon) laisse à désirer et paraît bien pauvre, peu aidée il est vrai par des décors également peu ragoûtants, typiques de la fin des années 1970.

Aux côtés de Tony Musante, brille comme toujours la magnifique Claudia Cardinale, qui retrouvait alors Damiano Damiani, quasiment dix ans après La Mafia fait la loi, qui lui avait valu le David di Donatello de la meilleure actrice. Le preneur d’otages est quant à lui incarné par le solide et charismatique John Steiner, qui campait l’inquiétant Piro (le tueur pétomane) dans Nous sommes tous en liberté provisoire et qui trouve ici un nouveau rôle de salopard haut de gamme, auquel il donne une vraie épaisseur à mesure qu’on en apprend plus sur le personnage. John Forsythe (la série Dynastie), Renzo Palmer (Comment tuer un juge, Le Cynique, l’infâme, le violent, Un Citoyen se rebelle, Exécutions) et même Angela Goodwin (Frissons d’horreur, Venez donc prendre le café chez nous) complètent la distribution, le film ayant été intégralement tourné en langue anglaise.

Certes, Goodbye e Amen a l’aspect d’un téléfilm, mais nier la science du storytelling propre à Damiano Damiani serait mentir et si tous les thrillers contemporains avaient ne serait-ce que la moitié de la force et de l’intensité de celui-ci, le cinéma de genre se porterait bien mieux.

LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRE

Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani. C’est ainsi que s’intitule le sublime coffret Artus Films consacré au réalisateur italien, qui regroupe trois longs-métrages jusqu’alors inédit en DVD et Blu-ray chez nous, à savoir Nous sommes tous en liberté provisoire, Comment tuer un juge et Goodbye & Amen. Chacun de ces films a été chroniqué par nos soins, un par un. Cet objet, d’ores et déjà un indispensable de l’année 2023, prend la forme d’un Digipack à quatre volets, glissé dans un fourreau cartonné suprêmement élégant. Le menu principal de chaque disque est fixe et musical. Cette édition comprend donc six disques, trois Blu-ray et trois DVD, mais aussi et surtout un ouvrage exceptionnel (96 pages) baptisé Damiano Damiani, un cinéaste se rebelle, écrit par le talentueux Emmanuel Gagne (Culturopoing.com) et souvent appelé par Artus Films pour présenter les gialli de l’éditeur. Un retour très complet sur la carrière (y compris à la télévision) et la filmographie du réalisateur, divisé par genres (western, mafias movies, cinéma politique, polars, fantastique…), le tout étant excellemment illustré et riche en analyse.

Comme sur les deux précédentes titres du coffret, ce trublion de Curd Ridel propose un beau retour sur le casting de Goodbye e Amen, tout en évoquant (et cela nous fait bien plaisir) les frères De Angelis qui ont composé la musique du film de Damiano Damiani, ainsi que toute une ribambelle d’opus avec Terence Hill et Bud Spencer (19’).

À l’instar de l’édition Blu-ray de Comment tuer un juge, le monteur Antonio Siciliano revient sur Goodbye e Amen (24’). Un module particulièrement émouvant, au cours duquel celui-ci parle de sa fructueuse collaboration avec Damiano Damiani, qui lui avait mis le pied à l’étrier sur La Mafia fait la loi, avant de s’associer avec lui par la suite à une dizaine de reprises. Il dresse un portrait honnête, sincère, intimiste de cet artiste pour lequel il n’a jamais cessé d’avoir de l’admiration, dont personne selon-lui n’a su reprendre le flambeau et dont il rêve encore souvent la nuit. Quelques anecdotes de tournage s’avèrent bien sympathiques, comme celle où Siciliano a dû inverser la pellicule afin d’éviter une erreur de montage au cours de la dernière séquence…pas étonnant de voir le grain de beauté de Tony Musante changer d’une joue à l’autre pendant quelques secondes !

L’interactivité se clôt sur un Diaporama d’affiches et de photos d’exploitation.

L’Image et le son

Un superbe travail éditorial. Goodbye e Amen, débarque en Blu-ray dans une copie de qualité. L’image, au format respecté affiche une propreté rarement prise en défaut, la clarté est de mise, les couleurs retrouvent une certaine vivacité, le grain cinéma est bien géré, les contrastes plutôt riches, le piqué agréable. Certains pointilleux noteront bien un point blanc ici et là, tout comme certains flous inhérents aux conditions techniques d’origine (le générique), mais cela reste anecdotique. La définition flatte les mirettes, la compression demeure discrète.

L’éditeur propose uniquement la version italienne (alors que le film a été tourné en anglais) dans un Mono original. Une piste certes marquée par un très léger souffle et quelques décrochages, mais les effets annexes, tout comme la musique des De Angelis, sont ardents et l’ensemble dynamique et vif. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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