Test Blu-ray / Terreur sur la ligne, réalisé par Fred Walton

TERREUR SUR LA LIGNE (When a Stranger Calls) réalisé par Fred Walton, disponible en DVD et Blu-ray le 6 août 2019 chez ESC Editions

Acteurs : Charles Durning, Carol Kane, Colleen Dewhurst, Rutanya Alda, Carmen Argenziano, Kirsten Larkin, William Boyett, Ron O’Neal…

Scénario : Fred Walton, Steve Feke

Photographie : Donald Peterman

Musique : Dana Kaproff

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Baby-sitter, Jill Johnson garde les enfants Mandrakis en l’absence de leurs parents. Rien que de très ordinaire ce soir-là pour cette étudiante de 17 ans. Très vite cependant, la tension monte. «Avez-vous vu les enfants ?», répète une voix au téléphone, sonnerie après sonnerie. Quand, enfin, la police prend au sérieux la détresse de Jill, il est déjà trop tard. Sept ans plus tard, Duncan, le tueur des enfants Mandrakis, s’évade de l’hôpital psychiatrique. Lorsqu’il apprend que Jill est désormais mère, il saisit la chance de prendre sa revanche…

Réalisé en 1979 par Fred Walton, Terreur sur la ligne When a Strangers Calls est un thriller devenu culte très vite auprès des cinéphiles et des spectateurs avides du genre. A l’origine, il y a un court-métrage, The Sitter, écrit et mis en scène par Fred Walton lui-même en 1977, qui correspond à ce que deviendra le premier acte de Terreur sur la ligne deux ans plus tard. D’ailleurs, le film vaut essentiellement pour toute cette partie, absolument sensationnelle de maîtrise, de tension, de suspense et d’effroi qui aura entre autres inspiré d’autres films du genre, à l’instar de l’introduction de Scream de Wes Craven. Si l’oeuvre de Fred Walton est ensuite plus inégale et se perd quelque peu dans une pseudo-enquête et chasse à l’homme, le cinéaste se rattrape dans une dernière partie glaçante qui aura marqué moult spectateurs.

Les 97 minutes de Terreur sur la ligne tournent autour de l’effrayant incipit. Fred Walton donne tout dans cette confrontation entre la baby-sitter, interprétée par Carol Kane (âgée de 27 ans et qui parvient à en faire dix de moins ici), vue dans La Dernière CorvéeThe Last Detail (1973) de Hal Ashby, Un après-midi de chienDog Day Afternoon (1975) de Sidney Lumet et Annie Hall (1977) de Woody Allen, poupée blonde aux yeux bleus, et son interlocuteur au téléphone. Avec une science aiguisée du découpage et de l’utilisation du son (la stridente sonnerie du téléphone en fera sursauter plus d’un), sans oublier la composition de Dana Kaproff (qui rappelle la « Deep Note » de THX), la belle photographie contrastée de Donald Peterman, futur chef-opérateur de Flashdance (1983) d’Adrian Lyne et de Cocoon (1985) de Ron Howard, When a Strangers Calls impressionne autant aujourd’hui qu’à la sortie du film il y a tout juste quarante ans. Après, le soufflé retombe et Fred Walton s’embourbe quelque peu dans une histoire de vengeance quasi-personnelle en suivant le personnage de John Clifford, incarné par le formidable Charles Durning.

Le récit se déroule sept ans après les faits racontés dans le prologue. Le tueur Curt Duncan (Tony Beckley dans son dernier rôle) s’est échappé d’un institut psychiatrique et Clifford, qui l’avait arrêté, se lance seul à sa poursuite, craignant que ses instincts criminels reprennent le dessus. Fred Walton passe de l’un à l’autre et dresse le portrait ambigu de deux hommes, côté pile et côté face d’une même pièce. Le réalisateur montre l’homme évadé, visiblement à la recherche d’affection et d’amour, luttant contre ses pulsions et ses démons, tandis que le second semble animé par la loi du talion, porté par son désir de supprimer son adversaire. L’ancien flic devenu détective privé en vient même à s’armer d’un poinçon, bien décidé à l’enfoncer dans le coeur de celui qu’il a arrêté sept ans auparavant. Si l’intérêt est somme toute relatif, Fred Walton soigne chacun de ses plans et chacune de ses scènes. Le cinéaste sait filmer la ville, ses rues, ses habitants, la faune des bas-quartiers, ses habitants désabusés, les grandes avenues grouillantes de voitures comme une fourmilière incessante. On ne s’ennuie pas devant When a Strangers Calls, surtout que l’on sent venir le danger, sans pour autant savoir où cela risque d’arriver et qui pourrait frapper en premier.

Arrive alors un final hallucinant qui retrouve la virtuosité du prologue, jusqu’à la résolution et même un dernier plan d’une beauté froide et implacable qui s’imprime dans la mémoire des spectateurs. Pas étonnant que Terreur sur la ligne, Prix Spécial du Jury (ex-aequo avec Mad Max !) au Festival du film Fantastique d’Avoriaz en 1980 et énorme succès aux Etats-Unis avec plus de 20 millions de dollars de recette (pour un budget de 740.000 dollars !), soit devenu culte. Fred Walton signera une suite pour la télévision près de quinze ans plus tard avec When a Stranger Calls Back(1993), dans laquelle Charles Durning et Carole Kane reprennent d’ailleurs leurs rôles respectifs. Enfin, Hollywood étant toujours prêt à reprendre les formules qui ont fait leurs preuves, livrera un remake éponyme en 2006 réalisé par le sympathique Simon West (Les Ailes de l’enfer, Le Déshonneur d’Elisabeth Campbell, Expendables 2 : Unité spéciale) avec Camilla Belle. Mais ça c’est une autre histoire, enfin la même, mais en en moins bien évidemment.

LE BLU-RAY

Terreur sur la ligne intègre la collection « Trésors du fantastique », anciennement éditée par ESC Distribution sous la bannière de Movinside. ESC Editions est ici l’éditeur à part entière, même si l’on se demande encore pourquoi ce titre rejoint d’autres fleurons du « fantastique ». Le visuel est soigné et le menu principal animé sur une séquence du film.

Dommage qu’ESC Editions n’ait pas repris les suppléments de l’édition HD britannique sortie chez Second Night et qui proposait entre autres le film qui nous intéresse, mais aussi sa suite When a Stranger Calls Back, le CD de la superbe musique de Dana Kaproff, mais aussi et surtout le court-métrage The Sitter à l’origine de Terreur sur la ligne ! Tout cela sans oublier quelques entretiens de l’équipe et un livret de 40 pages glissé dans un fourreau du plus bel effet.

Pour l’édition proposée par ESC Editions, il faudra se contenter d’une présentation de Marc Toullec (10’). Petit forme pour ce dernier, qui a néanmoins fait des progrès pour lire son texte hors-champ (avec une prise de son médiocre et sur un montage approximatif), même si tout cela manque cruellement de spontanéité. Cette introduction comporte quelques informations intéressantes, notamment sur les conditions de tournage de Terreur sur la ligne.

L’Image et le son

Très beau master HD qui trouve rapidement son équilibre. Les couleurs sont joliment rafraîchies, la copie est stable et très propre, les contrastes denses (tout le premier acte), le piqué agréable, tout comme la patine argentique bien équilibrée et gérée. Certaines séquences sortent du lot, notamment toutes les scènes diurnes avec un lot de détails très appréciables sur les décors naturels. Une définition très solide et élégante qui participe à la (re)découverte de ce classique de la fin des années 1970.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0. Le confort acoustique est assuré, surtout en français, étonnamment plus dynamique que la version originale légèrement chuintante et au volume aléatoire. Dans les deux cas, l’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont suffisamment clairs. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare ou celle de Molière (avec les voix légendaires de Jacques Dynam et Jackie Berger), l’ensemble reste propre et sans souffle. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © ESC Editions / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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