Test DVD / Banco, réalisé par Koldo Serra

BANCO (70 Binladens) réalisé par Koldo Serra, disponible en DVD le 17 juillet 2019 chez Rimini Editions

Acteurs : Emma Suárez, Nathalie Poza, Hugo Silva, Daniel Pérez Prada, Bárbara Goenaga, Fernando AlbizuIone Irazábal, Richard Sahagún, Juan Viadas…

Scénario : Javier Echániz, Juan Antonio Gil Bengoa, Asier Guerricaechebarría

Photographie : Unax Mendia

Musique : Fernando Velázquez

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Raquel est une femme désespérée. Une série d’événements malheureux dans sa vie personnelle l’a criblée de dettes et elle doit impérativement trouver 35 000 euros dans les prochaines 24 heures pour récupérer la garde de sa fille. Son seul espoir est d’obtenir un emprunt. Alors qu’elle est sur le point de signer son offre de prêt dans une agence bancaire, deux braqueurs débarquent sur les lieux et rendent sa situation encore plus compliquée. Prise en otage, Rachel manque de temps et doit trouver un moyen de mettre la main sur l’argent, quel qu’en soit le prix…

Présenté en sélection officielle au Festival International du Film Policier de Beaune en 2019, Banco, titre français de 70 Binladens, est un polar ibérique interprété par Emma Suárez, l’une des deux stars du magnifique Julieta de Pedro Almodóvar, et produit par le couple Carolina Bang et Álex de la Iglesia. Un gage de qualité. Réalisé par un certain Koldo Serra, auteur en 2006 d’un thriller méconnu, The Backwoods (avec un casting hétéroclite composé de Gary Oldman, Virginie Ledoyen et Paddy Considine), Banco frappe fort et fait preuve d’une étonnante rigueur dans sa mise en scène. La tension est tellement bien maîtrisée du début à la fin, constante, que le metteur en scène parvient à faire passer certaines extravagances et rebondissements invraisemblables dans son dernier acte. C’est le jeu et cela fonctionne très bien. Banco est un divertissement soigné, qui n’a certes aucune intention d’être réaliste, mais qui procure un vrai plaisir de cinéma.

Le titre original 70 Binladens vient de l’argot désignant un billet de 500 euros. Comme un carton l’indique en introduction, le nom du terroriste a été emprunté pour ce billet puisque « tout le monde en parle, mais personne ne l’a jamais vu ». 70 Ben Laden correspondent donc à 35.000 euros, la somme recherchée par Raquel. Celle-ci est interprétée par Emma Suárez. Si Julieta l’a révélé aux yeux des spectateurs du monde entier, la comédienne est pourtant bien présente dans le monde du cinéma depuis près de quarante ans et par ailleurs lauréate du Goya de la meilleure actrice pour Le Chien du jardinierEl perro del hortelano de Pilar Miró en 1996. Actrice très en vue dans son pays et récompensée à plusieurs reprises, notamment pour La mosquitera (2010) d’Agustí Vila, elle est ici remarquable d’ambiguïté. L’empathie est difficile avec Raquel, même si son but est évidemment universel, mais le personnage dévoile plusieurs facettes inattendues, tandis que le récit prend une tournure insoupçonnée. Si le spectateur risque d’être décontenancé par les évènements, il faut faire confiance à Koldo Serra pour finalement comprendre et accepter les agissements de Raquel.

La caméra portée crée une intense immersion au coeur de ce braquage réalisé par un couple de paumés, l’un (Hugo Silva, José dans Les Sorcières de Zugarramurdi) complètement camé et en manque, l’autre (Nathalie Poza, également vue dans Julieta) hargneuse et le visage marqué par un œil laiteux. Certains plans-séquences sont admirables et le cinéaste sait filmer ses décors, celui exigu de la banque (qui rappelle Pris au piège d’Álex de la Iglesia), tout comme celui de la place principale où se déploie le dispositif policier, où Carlos le négociateur (excellent Daniel Pérez Prada) parvient à communiquer avec Raquel grâce à un code mystérieusement établi par cette dernière.

C’est une histoire de manipulation, à plusieurs niveaux donc, mais en dire plus en révélerait sans doute trop. Banco (« 5 francs, ça banque illico ! ») aura permis à Koldo Serra d’affirmer une fois sa prédilection pour le suspense et aura enchaîné immédiatement sur deux épisodes de la saison 3 de la série évènement La Casa de papel. Les amateurs de thrillers soignés sauront réserver un bon accueil à Banco.

LE DVD

Banco arrive dans l’escarcelle de Rimini Editions. Le DVD repose dans un boîtier Amaray de couleur noire, glissé dans un surétui. La jaquette est sobre, efficace, composé de critiques élogieuses. Le menu principal est animé et musical.

Nous ne trouvons que la bande-annonce en français comme supplément.

L’Image et le son

Si Banco ne bénéficie pas d’éditions HD, le DVD concocté par Rimini Editions dépasse les espérances. Ce superbe master SD jouit de contrastes riches et denses, une colorimétrie froide du plus bel effet, une clarté évidente et des détails à foison notables aux quatre coins du cadre. Le piqué est constamment affûté, y compris sur les nombreuses scènes sombres, les partis-pris de la belle photo du chef opérateur Unax Mendia (Pas de répit pour les damnés) ne cessent de flatter les yeux et se trouvent habilement restitués. Du très bel ouvrage.

L’éditeur livre deux pistes Stéréo en espagnol et en français. Si sans surprise la version originale l’emporte sur son homologue, l’immersion est complète dans les deux cas, avec des effets précis, une balance frontale ardente et des dialogues magistralement délivrés.

Crédits images : © Rimini Editions / Setenta Invisibles la pelicula aie, Sayaka Producciones SL, Pokeepsie Films SL, La Panda Producciones Audiovisuales SL / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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