Test Blu-ray / Jours tranquilles à Clichy, réalisé par Claude Chabrol

JOURS TRANQUILLES À CLICHY réalisé par Claude Chabrol, disponible en DVD et Blu-ray chez LCJ Editions

Acteurs : Andrew McCarthy, Nigel Havers, Barbara De Rossi, Stéphanie Cotta, Isolde Barth, Eva Grimaldi, Anna Galiena, Giuditta Del Vecchio, Stéphane Audran, Mario Adorf…

Scénario : Claude Chabrol, Ugo Leonzio d’après le roman d’Henry Miller

Photographie : Jean Rabier

Musique : Jean-Michel Bernard, Luigi Ceccarelli, Matthieu Chabrol

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Au seuil de la mort, l’écrivain Henry Miller se souvient de sa vie parisienne des « Années folles », de son amitié avec Alfred, de ses conquêtes féminines, de Nys…

Quand le cul le plus chaud de Paris est réduit en cendres…

Jours tranquilles à Clichy, c’est en quelque sorte le vilain petit canard dans la filmographie de Chacha, Claude Chabrol, une œuvre qui aurait plus ou moins été reniée par son auteur, un bide commercial retentissant avec seulement 90.000 spectateurs à sa sortie en mai 1990. Pourtant, si l’on accepte le fait que cette chronique soit hors-série dans l’oeuvre du cinéaste, Jours tranquilles à Clichy n’a rien de déplaisant. Certes, Chabrol a souvent tendance à se prendre ici pour Federico Fellini, d’ailleurs son film est une co-production italienne, mais il y a de bonnes choses dans ce fourmillement de personnages, de fêtes et d’orgies.

Alors que la Mort se rapproche à grands pas, un homme très âgé, sur lequel veille une nymphette nue, se souvient de sa jeunesse… Henry Miller, jeune apprenti-écrivain new-yorkais qui se fait appeler Joey, débarque à Paris au milieu des années 30 pour oublier un mariage raté et une vie médiocre. Au contact de Carl, un photographe anglais qui partage le même amour de Proust et une propension à l’oubli dans l’alcool et les femmes, Joey découvre la vie parisienne des bordels et des salons d’artistes. Installés chez Manouche, une prostituée décédée dans l’oubli de tous, Carl et Joey font la rencontre de sa petite-fille Colette, timide adolescente provinciale qui arrive à Paris pour y trouver du travail. Autant Carl, qui la fait poser pour ses photographies, se méfie de sa candeur, autant Joey s’attache à elle et la sort dans les lieux interlopes. Tous deux l’épousent lors d’une parodie de mariage au Melody, le cabaret tenu par la sulfureuse Adrienne. S’ensuit un « voyage de noces » sur les terres de Proust… Mais la jeune femme leur échappe, dans tous les sens du terme. Gravitent également, dans le petit monde des deux hommes, deux prostituées, Nys la charnelle névrosée et Édith la littéraire psychotique.

Qu’est-ce qui a pu pousser Claude Chabrol à adapter le roman autobiographique d’Henry Miller, par ailleurs déjà transposé au cinéma en 1970 par le danois Jens Jørgen Thorsen avec Stille dage i Clichy ? Ecrit en 1940, mais publié quinze ans plus tard en France et en 1965 aux Etats-Unis où il était jusqu’alors interdit, Jours tranquilles à Clichy rend compte de l’agitation du Paris de la fin des années 1920, au moment où Henry Miller, alors écrivain débutant, découvrait le milieu artistique de la capitale française. Entre Une affaire de femmes (1988) et la même année que Docteur M, le réalisateur se livre ici à un exercice de style réussi. La reconstitution n’a rien de poussiéreux, le décor et la photographie sont très élégants (Jean Rabier aux manettes), les costumes soignés. On en prend souvent plein les yeux, surtout que Claude Chabrol ne rechigne pas à filmer ces demoiselles en tenue d’Eve, dont les sculpturales Barbara De Rossi, Anna Galiena et Eva Grimaldi. On imagine très bien le casting effectué pour trouver les plus belles poitrines transalpines du moment et Chacha ne se prive pas pour les mettre en valeur dès que l’action le lui permet.

« Nous sommes tous des morts, qui ne sont pas encore entrés en fonction… »

Il se dégage alors une vraie sensualité de Jours tranquilles à Clichy, un érotisme qui ravit les sens. Finalement, on se souviendra volontiers de la scène d’amour sous la douche, plutôt que ce qui anime réellement les personnages principaux, auxquels il est souvent difficile de s’attacher. Toutefois, Andrew McCarthy campe un excellent Henry Miller, américain paumé dans Paris, sans le sou, observateur puis très vite acteur de cette ville décadente et de débauche.

Le plaisir, facile, tabou, éphémère est au centre de Jours tranquilles à Clichy. Claude Chabrol regarde avec l’oeil d’un entomologiste, comme il le fera d’ailleurs tout au long de sa filmographie, tous ces « insectes » qui se percutent, se perdent et s’oublient. Certains y laisseront leur innocence, d’autres leur art, ou même leur âme. Alors, si on est loin de la grande réussite d’Henry & June, réalisé par Philip Kaufman en 1991, avec Fred Ward, Uma Thurman, Maria de Medeiros et Richard E. Grant, Jours tranquilles à Clichy demeure une savoureuse et lascive curiosité.

LE BLU-RAY

C’est assez rare pour être signalé, mais LCJ Editions est l’un des rares éditeurs à reprendre les visuels des affiches d’exploitation pour ses jaquettes. Une initiative que nous saluons. C’est encore le cas pour cette édition Blu-ray de Jours tranquilles à Clichy, disponible en HD depuis 2011 chez l’éditeur. Le menu principal est animé et musical.

Sur cette galette, nous ne trouvons que la bande-annonce et la filmographie de Claude Chabrol.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080i et le master proposé en 1.77. Copie française (les credits sont dans la langue de Molière) très bien restaurée, propre, souvent lumineuse et aux couleurs bigarrées. Certes, quelques poussières subsistent, mais ne gênent en rien le visionnage. La stabilité est de mise, la gestion des contrastes est solide, tout comme celle de la patine argentique. Le piqué est plus aléatoire, nettement plus convaincant et acéré sur les séquences en extérieur, que sur les scènes en intérieur parfois volontairement plus troubles et luminescentes.

Evitez le doublage français DD Stéréo 2.0 bien trop paresseux, tant du point de vue technique (le volume reste bien trop bas et les voix perdues dans les effets sonores) que qualitatif (les voix souvent inappropriées). La piste originale est bien plus convaincante, dynamique et suffisamment riche. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version anglaise et le changement de langue non verrouillé.

Crédits images : © L.C.J. Editions & Productions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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