Test Blu-ray / De la part des copains, réalisé par Terence Young

DE LA PART DES COPAINS (Cold Sweat) réalisé par Terence Young, disponible en combo Blu-ray+DVD le 28 août 2019 chez Studiocanal

Acteurs : Charles Bronson, Liv Ullmann, James Mason, Jill Ireland, Michel Constantin, Jean Topart, Yannick Delulle, Luigi Pistilli…

Scénario : Shimon Wincelberg, Albert Simonin, d’après le roman Ride the Nightmare de Richard Matheson

Photographie : Jean Rabier

Musique : Michel Magne

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Les anciens complices de Joe réapparaissent dans sa vie, menaçant de bouleverser l’existence à présent rangée de l’ancien truand. Pris au piège du chantage, il est contraint de les aider…

A la fin des années 1960, la carrière de Charles Dennis Buchinsky alias Charles Bronson (1921-2003) prend un nouveau tournant. Habitué des seconds rôles chez André De Toth, Robert Aldrich et Delmer Daves, le comédien américain d’origine lituanienne n’a jamais arrêté de tourner depuis ses débuts en 1951. Il gravit un à un les échelons, sans forcer le destin, les réalisateurs étant très attirés par le charisme animal et singulier de l’acteur. L’année 1968 est déterminante avec la sortie d’Il était une fois dans l’OuestC’era una volta il West, ou Once Upon a Time in the West pour son exportation internationale, réalisé par Sergio Leone. Charles Bronson explose littéralement aux yeux des spectateurs du monde entier. Bénéficiant d’un confort qui lui échappait encore aux Etats-Unis, le comédien au visage taillé à la serpe s’installe en Europe où les propositions se multiplient. S’il retrouve Richard Donner huit ans après X-15, pour L’Ange et le démon, c’est avec René Clément et Le Passager de la pluie (4,8 millions d’entrées en 1970) qu’il trouve une formule adéquate qu’il déclinera à plusieurs reprises. Il fait alors un détour par l’Italie où il tourne La Cité de la violenceCittà violenta pour Sergio Solima, avant de poser ses bagages dans le sud de la France pour De la part des copainsCold Sweat, réalisé par Terence Young (1915-1994). Rétrospectivement, ce petit polar a bien du mal à se distinguer dans la filmographie conséquente de Charles Bronson. S’il assure dans le genre « mec peu prolixe aux gros bras », l’ami Charlie a constamment l’air d’apprendre ses répliques (pourtant limitées) au moment de tourner et assure le minimum syndical.

Pendant la guerre de Corée, Joe Moran, un sergent de l’armée US, est inculpé pour avoir frappé un colonel, et emprisonné en Allemagne. Dans la prison militaire, il rencontre le capitaine Cross, son ancien commandant de compagnie, et un soldat ayant été sous les ordres de Joe, appelé Vermont, mis sous les verrous pour avoir fait du marché noir et détourné des véhicules de l’armée. Joe accepte de s’échapper avec eux. L’évasion est organisée par un ancien légionnaire français nommé Katanga. Tout se déroule bien jusqu’à ce que Katanga tue un officier de police allemand trop curieux. Effrayé et dégoûté par le meurtre, Joe s’échappe seul, abandonnant ses amis et Katanga, repris par les autorités. Quelques années plus tard, Joe est maintenant connu sous le nom de Joe Martin. Il mène une vie rangée et possède une affaire de location de bateaux dans le sud de la France. Il vit avec sa femme, Fabienne, et sa belle-fille de 12 ans. Les choses vont bien pour Joe. Quand son portrait apparaît dans un journal local, Ross, Vermont et Katanga surgissent. Devenus trafiquants de drogue, ils veulent se venger de Joe et utiliser son affaire de location pour transporter leur marchandise de contrebande. Pour assurer la coopération de Joe, ils kidnappent sa femme et sa fille et les retiennent en otage quelque part dans l’arrière-pays Niçois. Joe Moran voit rouge.

Il flotte comme un avant-goût du légendaire Commando de Mark L. Lester, chef d’oeuvre avec Arnold Schwarzenegger, dans De la part des copains. A croire qu’il s’agit d’ailleurs d’un vrai remake tant certains éléments se répondent entre les deux films. Néanmoins plus sage, pour ne pas dire plus pépère, Cold Sweat déroule tranquillement son récit, un peu trop sans doute. Autant le dire, on s’ennuie même pas mal après une première demi-heure pourtant prometteuse. Charles Bronson, t-shirt moulant et biscotos aux veines gonflées, mais visage impassible avec la moustache qui frétille à peine quand il déclame ses quelques lignes de dialogue, a peu à faire pour attirer la caméra et l’oeil des spectateurs. D’ailleurs, conscient de son aura, le comédien fait ce qu’il sait faire de mieux, être, tout simplement, en étant d’ailleurs grassement payé avec un salaire de 400.000 dollars. Même lorsque son personnage entame une longue course contre-la-montre au volant d’un coupé Opel Commodore GS/E1 dans le but de ramener un médecin qui devra soigner un trafiquant blessé, ceci en échange de la liberté de sa compagne, Charles Bronson reste apathique. Un stress contrôlé qui indique que rien ne peut l’atteindre, ni lui arriver.

Le reste du casting vaut également son pesant. Liv Ullmann a le temps d’emballer De la part des copains entre Une passion et Cris et Chuchotements d’Ingmar Bergman et sa présence demeure pour le moins insolite ici. James Mason cabotine allègrement et en rajoute dans l’agonie de son personnage reflétée par un maquillage quelque peu outrancier, Jill Ireland est comme d’habitude imposée par son mari Charles Bronson, Jean Topart vole la vedette en sbire fielleux et notre Michel Constantin national vient se foutre sur la tronche avec Charlie – comme dans La Cité de la violence d’ailleurs – dans la meilleure séquence du film.

En adaptant le roman Ride the Nightmare du grand Richard Matheson (publié en 1959), d’après un scénario coécrit par Albert Simonin, Terence Young met son savoir-faire au service de ce polar standard. On sent néanmoins le metteur en scène beaucoup moins inspiré (euphémisme) que pour James Bond 007 contre Dr No (1962), Bons baisers de Russie (1963) et surtout Opération Tonnerre (1965), mais plus intéressé à passer du temps sur la Côte d’Azur, entre Nice, Grasse et Villefranche-sur-Mer. Reste une équipe très solide et talentueuse, Robert Dorfmann à la production, Michel Magne à la baguette, Jean Rabier à la photographie et Rémy Julienne qui emballe l’impressionnante poursuite susmentionnée.

Quant à savoir si tout cela fait de De la part des copains un bon film, rien n’est moins sûr, même si Bronson signait ici encore un beau succès dans les salles avec 1,5 million de spectateurs. Une curiosité sûrement, mais un divertissement daté, qui peine aujourd’hui à maintenir l’attention des spectateurs.

LE BLU-RAY

Voici venu le quinzième titre de la collection Make My Day disponible chez Studiocanal depuis maintenant un an ! Jean-Baptiste Thoret ne s’arrête pas là et nous propose cette fois Cold SweatDe la part des copains de Terence Young, en combo Blu-ray+DVD ! Un Digipack à deux volets renferme les disques et l’ensemble est glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est typique de la collection, légèrement animé et muet.

En tant que créateur de cette collection, Jean-Baptiste Thoret présente tout naturellement le film qui nous intéresse au cours d’une préface en avant-programme (8′). Comme il en a l’habitude, le critique replace de manière passionnante De la part des copains dans son contexte, dans la filmographie et le parcours de Charles Bronson. Il évoque également le reste du casting, la longue poursuite en automobile dans la campagne française (réalisée par Rémy Julienne) et le réalisateur Terence Young « une sorte de tâcheron » qui allait collaborer à trois reprises avec Charles Bronson. Tout cela est abordé sans pour autant spoiler le film pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vu.

A l’instar de l’interview d’Yves Boisset présente sur l’édition Blu-ray/DVD de Folle à tuer, Studiocanal propose cette fois un entretien avec Michel Constantin, enregistré pour l’émission Cinescope, diffusée sur RTBF Liège en 1975 (52′). Dans la première partie, le comédien revient sur son enfance passée à Billancourt, sur son père officier de l’Armée russe et sa mère, d’origine polonaise. Constantin Hokhloff de son vrai nom, l’invité de Cinescope revient ensuite sur ses petits boulots (fabricant d’aiguilles à tricoter), sur sa carrière sportive (International de volley-ball à partir de 1948, il devient capitaine de l’équipe de France, puis champion de France avec le CO Billancourt), avant de devenir journaliste à L’Equipe. Il tombe par hasard dans le monde du cinéma quand Jacques Becker le remarque et le choisit pour jouer dans Le Trou en 1959. D’anecdote en anecdote, Michel Constantin se livre sur sa vie, sur ses rencontres (dont Charles Bronson, José Giovanni, Georges Lautner, Mireille Darc) et sur quelques-uns de ses films.

Dessinateur, romancier, photographe, scénariste et cinéaste, Philippe Setbon revient sur De la part des copains (42’). Au fil de ce passionnant entretien, le réalisateur de Cross (1987) et Mister Frost (1990) évoque le parcours et la carrière « lente et progressive » de Charles Bronson, un comédien « bloc de granite », qui « n’avait pas les atouts d’une star typique des années 1950 ». Philippe Setbon parle ensuite du « non-jeu » du comédien (sur lequel il a écrit un livre à la fin des années 1970), son travail avec des « yes men », sur ses « choix de carrière de star ratée ». Il en vient ensuite au film qui nous intéresse, en pointant les similitudes avec Chasse au gangCrime Wave, réalisé en 1954 par André De Toth, dans lequel Charles Bronson avait un petit rôle. Enfin, à travers de nombreuses anecdotes, Philippe Setbon aborde le casting, le réalisateur Terence Young, l’investissement de Charles Bronson dans ses scènes d’action, avant d’indiquer que le film est à revoir avec beaucoup d’indulgence.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Quelque peu oublié par Studiocanal, qui avait sorti le film en DVD en 2004 dans la collection « Série noire », avant de le ressortir en loucedé en 2012, De la part des copains est ici entièrement restauré. Le film de Terence Young fait désormais peau neuve en Blu-ray. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce lifting lui va bien au teint, même si tout est loin d’être parfait. Tout d’abord, la copie affiche une propreté incontestable, aucune scorie n’a survécu à l’attention des restaurateurs. Dès la fin du générique d’ouverture, marqué par un voile granuleux enquiquinant, les contrastes trouvent une fermeté inédite, le piqué est renforcé et les noirs plus denses, les détails sur les décors et les costumes abondent. Attention cependant, quelques plans peuvent paraître plus doux en terme de définition, plus ternes aussi, d’ailleurs la colorimétrie n’est clairement pas le point fort de cette édition HD et nous notons divers fourmillements, ainsi que quelques flous intempestifs.

Le mixage anglais instaure un bon confort acoustique, ce qui n’est pas le cas pour la piste française, nettement plus déséquilibrée et qui mise avant tout sur le report des voix, au détriment des effets annexes. La version originale l’emporte aisément sur son homologue du point de vue homogénéité et ardeur, l’écoute demeure propre et percutante. Aucun souffle ne vient parasiter l’écoute. Le changement de langue est impossible à la volée. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Fair Films (Italie) / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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