Test Blu-ray / Eclipse, réalisé par Artyom Aksenenko

ECLIPSE (Zatmenie – Мистическая Игра) réalisé par Artyom Aksenenko, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Condor Entertainment.

Acteurs : Alexander Petrov, Diana Pozharskaya, Ekaterina Kabak, Sergey Burunov, Svetlana Golovina, Kirill Kozakov, Semyon Lopatin, Andrey Perunov…

Scénario : Oleg Sirotkin

Photographie : Vyacheslav Lisnevskiy

Musique : Aleksandr Maev

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Le jour d’une éclipse, Alex rencontre Kristina et le charme commence à opérer entre eux. C’est l’opportunité pour le magicien Rustam de s’emparer de leur essence magique en leur lançant une malédiction.

Certaines grosses productions soviétiques parviennent à se frayer un chemin jusqu’en France grâce au marché de la VOD et du DVD, à l’instar du sympathique Titanium (2014) de Dmitriy Grachev ou l’affreux Guardians (2017) de Sarik Andreasyan, sans oublier Attraction 1 et 2 de Fedor Bondarchuk (2017-2020), Sputnik, espèce inconnue (2020) – rien à voir avec leur vaccin anti-COVID Spoutnik V – d’Egor Abramenko, Salyut-7 (2017) de Klim Shipenko, ainsi que le diptyque Night Watch Day Watch (2004-2008) de Timur Bekmambetov, qui avait réussi à se frayer un chemin vers les salles hexagonales et permis à son réalisateur d’obtenir son billet d’entrée à Hollywood pour y tourner Wanted : Choisis ton destin avec Angelina Jolie et James McAvoy. Le blockbuster soviétique existe bel et bien et nous sommes chaque fois curieux de découvrir ce qu’ils peuvent bien nous pondre au doux pays de Vladimir. Voici donc Eclipse, titre adopté dans nos contrées, traduit littéralement de Zatmenie en version originale, ou bien encore Mystic Game pour son exportation, qui surfe un peu sur toutes les grandes sagas – avortées ou non – qui ont déferlé sur les écrans depuis dix ou quinze ans, de Harry Potter en passant par Twilight, Divergente, The Mortal Instruments et Sublimes créatures. Tout cela à la sauce vodka, sous un climat rugueux et avec des acteurs à la peau diaphane qui parlent une langue étrange comme s’ils étaient en pleine incantation. Eclipse n’a rien de déshonorant, c’est juste qu’il est extrêmement bordélique et ce du début à la fin en dépit de sa très courte durée (75 minutes, montre en main). Voulant probablement parler de beaucoup de choses dans un temps extrêmement resserré, le réalisateur Artyom Aksenenko (né en 1983) montre ce qu’il a sous le capot, mais le scénario d’Oleg Sirotkin ne l’aide pas des masses. Plein de portes s’ouvrent dans Eclipse, les thèmes intéressants sont présents ou exposés, mais rien n’y est développé, tout va trop vite, on ne comprend rien. Rien à redire sur les acteurs, impeccables et grâce auxquels on arrive finalement au bout de cette 1h15, même si la frustration demeure en fin de projection, celle de s’être fait quelque peu avoir en assistant à l’introduction d’une franchise nouvellement créée. Cela ne semble pas être le cas puisque Eclipse est déjà sorti il y a cinq ans et qu’un deuxième volet n’est pas (ou plus) à l’ordre du jour…

Lors d’une éclipse qui intervient tous les 50 ans, la vie de la jeune Tania bascule: ceux qui croisent son regard y voient désormais leurs plus grandes peurs. Même Alex qui est follement amoureux d’elle, ne parvient plus à faire abstraction des hallucinations dont il est victime. Ils sont loin d’imaginer qu’en coulisses, de puissantes forces s’affrontent pour le contrôle de notre dimension, et que cette éclipse a réveillé en Tania un pouvoir qui peut faire basculer le destin du monde.

Le public ciblé avec Eclipse est clairement celui constitué des jeunes adolescents, qui pourront accrocher aux personnages et surtout aux comédiens, en particulier au couple principal formé par les jeunes et beaux Alexander Petrov (vu dans les deux Attraction, T-34, machine de guerre, la saga des Chroniques de Viy et même chez Luc Besson dans Anna) et Diana Pozharskaya. Quand le film s’attarde sur ces deux protagonistes, Eclipse est plutôt plaisant à suivre, avec cette petite histoire de malédiction qui pèse sur nos deux héros, alors qu’on aimerait bien les voir batifoler sans que rien ne s’immisce entre eux, mais cela ne ferait pas un film. A cette histoire d’amour s’ajoutent des médiums, un shaman, sans doute l’ajout le plus ridicule du film, auquel on ne croit pas une seconde et qui d’ailleurs n’est guère mis en valeur par une écriture tarabiscotée, que le montage complètement foireux (LE gros bémol du film) n’aide pas du tout. On aime bien aussi l’acteur Semyon Lopatin, l’autre révélation d’Eclipse, inquiétant, suintant et drôle, dont le personnage fait penser à un Harry Potter ( y compris au niveau du physique, ce qui vaut d’ailleurs la meilleure blague du long-métrage) qui aurait mal tourné, ou un Voldemort si vous préférez, enfin vous avez compris le truc.

Dès le premier quart d’heure, quelque chose cloche dans le scénario. Beaucoup d’éléments, indubitablement trop, arrivent en pleine tronche des spectateurs, qui doivent alors relier les protagonistes, leurs liens (s’il y en a), les époques, tout en se demandant pourquoi un tel n’a pas vieilli, ou alors si le couple principal est la réincarnation de celui qu’on avait découvert dans l’exposition située cinquante ans avant les événements contemporains, sans oublier les divers affrontements dans le monde « psychique » entre le shaman et Rustam. C’est trop, c’est gavant, c’est étouffant, c’est énervant. Ce cocktail d’histoire d’amour et de magie noire est au final comme l’huile et le vinaigre, cela ne se mélange pas et aurait eu fortement besoin d’être secoué pour que la mixture obtienne un goût plus relevé.

Eclipse vaut pour son côté « exotique », entendre une langue finalement à laquelle nous ne sommes pas si habitués, pour son casting impliqué, agréable à regarder et convaincant, sa petite critique de la télévision (ici à travers une émission du type Mystères, ça y est, vous avez la musique en tête), ses effets visuels acceptables et son cadre dépaysant. C’est déjà pas si mal que ça pour un divertissement, même si au final il ne nous reste rien de ce gloubi-boulga ruskov après le générique de fin.

LE BLU-RAY

C’est Condor Entertainment qui a mis la main sur Eclipse, qui ajoute un film russe, pour ainsi dire typique et récurrent du genre, à son catalogue. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, lui-même glissé dans un surétui cartonné, saura bien attirer l’oeil du jeune public. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

Un encodage honnête, même si la définition ne brille pas autant qu’espéré pour un divertissement de cet acabit. Dès les premières scènes, le piqué manque singulièrement de mordant, les contrastes sont bien trop légers et les détails sont peu nombreux sur le cadre large. C’est finalement la colorimétrie et la luminosité qui s’en sortent le mieux avec des teintes froides à souhait. Simple couche, ce Blu-ray déçoit la plupart du temps, même si on a déjà vu pire en la matière. Certains plans sortent du lot à l’instar des plans aériens sur la ville, mais dans l’ensemble, cela ressemble à un DVD « amélioré ».

En russe comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec un fracas assez jouissif aux moments opportuns. Si la langue de Molière n’est pas aussi dynamique et riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences d’affrontements. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La composition d’Aleksandr Maev (Les Maîtres de l’illusion) profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution.

Crédits images : © Condor Entertainment / Kinobyte / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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