Test Blu-ray / Les Damnés, réalisé par Joseph Losey

LES DAMNÉS (The Damned) réalisé par Joseph Losey, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 4 février 2020 chez ESC Editions.

Acteurs : Macdonald Carey, Shirley Anne Field, Viveca Lindfors, Alexander Knox, Oliver Reed, Walter Gotell, James Villiers, Tom Kempinski, Kenneth Cope, Brian Oulton…

Scénario : Evan Jones d’après le roman d’après le roman « The Children of Light » de H.L. Lawrence.

Photographie : Arthur Grant

Musique : James Bernard

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Dans un petit port britannique de la côte sud, l’Américain Simon Wells est dévalisé par une bande de blousons noirs dirigés par King. La soeur de ce dernier, Joan, qui a servi d’appât, prend la défense de Wells et s’enfuit avec lui à bord de son petit yacht. Un peu plus tard, caché dans une maison sur la falaise, refuge de la sculpteur Freya, la maîtresse de Bernard, un agent du gouvernement, le couple est retrouvé par King et sa bande. En fuyant à nouveau, Joan et Simon tombent de la falaise et prennent pied dans une grotte où ils sont bientôt rejoints par King.

Produit entre les formidables Maniac (1963) de Michael Carreras et Paranoïaque (1964) de Freddie Francis, Les DamnésThe Damned, ou bien encore These Are the Damned pour son exploitation aux Etats-Unis, a pour particularité d’avoir été mis en scène par un réalisateur que nous n’imaginions pas s’associer avec la célèbre firme britannique. Il s’agit de Joseph Losey (1909-1984), cinéaste américain à la filmographie déjà impressionnante en 1963, qui compte parmi ses œuvres les plus célèbres Le Garçon aux cheveux verts (1948) avec Dean Stockwell encore tout gamin dans le rôle-titre, Le Rôdeur The Prowler (1951) ou bien encore le formidable M (1951) remake du chef d’oeuvre de Fritz Lang. Avant d’obtenir le Grand prix du jury pour Accident au Festival de Cannes en 1967 et la Palme d’or pour Le Messager en 1971, le futur réalisateur de The Servant (1963), Cérémonie secrète (1968) et de Monsieur Klein (1976) emballe cette production Hammer, inspirée par le succès mondial du Village des damnésVillage of the Damned (1960) de Wolf Rilla. Etrange drame fantastique profondément pessimiste sur l’avenir de l’humanité, Les Damnés est autant un divertissement très réussi qu’un merveilleux objet de cinéma, dans lequel se démarque – une fois de plus – le grand Oliver Reed. Complètement méconnu et par ailleurs très souvent oublié quand on évoque l’histoire de la Hammer Films, The Damned connaît à juste titre un véritable regain d’intérêt depuis quelques années.

Simon, un touriste américain, propriétaire d’un bateau, faisant escale dans une station balnéaire du Sud de l’Angleterre, se fait tabasser par un groupe de blousons noirs pour avoir abordé Joan, la sœur de King, le chef de la bande. Recueilli par des passants, il est emmené dans le palace local le plus proche où il rencontre un couple dont la femme, sculptrice, rend visite à l’homme auquel elle reproche d’être trop accaparé par ses activités professionnelles dont il s’obstine depuis des années à ne rien révéler. L’Américain retrouve finalement Joan et s’enfuient en bateau. Ils sont pourchassés par les blousons noirs en moto, mais la belle, en proie à ses contradictions, décide de rentrer auprès de son frère. Leur retour à terre leur réserve d’autres dangers et surprises que celles promises par la petite bande de motards, auquel ils échappent en franchissant une clôture, celle d’un terrain militaire. Dans ce complexe sont emprisonnés neuf enfants étranges au corps glacé. Simon et Joan vont tenter de les ramener à l’air libre, mais se heurtent à un groupe de soldats placés sous les ordres du professeur Bernard. Irradiés dans le ventre de leurs mères, victimes d’un accident nucléaire, les enfants sont des Mutants

Rétrospectivement, Les Damnés est probablement l’un des opus de la Hammer les mieux réalisés de toute l’histoire du studio. Avec son magnifique et virtuose cadre large et son N&B (à se damner, oh oh) photographié par le grand Arthur Grant (Le Redoutable homme des neiges, La Nuit du Loup-Garou, Le Fascinant capitaine Clegg), The Damned flatte les rétines du début à la fin. Le scénario d’Evan Jones, adapté du roman de H. L. Lawrence, tire un signal d’alarme sur les dangers du nucléaire. En résulte un mélange des genres très réussi, entre chronique sociale qui ancre le récit dans une petite bourgade anglaise du bord de mer avec ses loubards qui s’en prennent aux touristes, une histoire d’amour quelque peu improbable entre un vieux beau et une jeune fille en fleur, et bien évidemment une fable de science-fiction inattendue où quelques enfants nés sous les radiations, s’avèrent les premiers éléments d’une nouvelle espèce qui succédera à l’humanité après l’accident nucléaire imminent.

En dépit de leur résistance et de leur désir d’aider ces victimes malgré-elles, Simon, Joan et King (intense interprétation d’Oliver Reed, qui éclipse le reste du casting) ne pourront pas lutter jusqu’au bout contre les forces armées. Les dernières minutes des Damnés sont particulièrement glaçantes, inattendues, jusqu’à la dernière seconde quand dans la grotte, les enfants, à l’insu de tous, attendent leur règne en criant au secours (le « Help us ! » arrache les tripes) se sachant désormais prisonniers. Et cet appel résonne encore longtemps après dans nos têtes. La marque des grands films.

LE COMBO

Les Damnés rejoint la collection « British Terrors » chez ESC Editions/Distribution, bien au chaud aux côtés de The Maniac, Le Caveau de la terreur, Le Train des épouvantes, Asylum, Les Contes aux limites de la folie, Histoires d’outre-tombe, Les Deux visages du Dr Jekyll, La Maison qui tue, La Revanche de Frankenstein, Hurler de peur, Fanatic et Les Maléfices de la Momie… Cette édition Mediabook se compose du DVD et du Blu-ray du film, ainsi que d’un livret de 16 pages rédigé par Marc Toullec. Le menu principal est animé et musical.

ESC a confié la présentation de la Hammer à l’éminent Nicolas Stanzick, auteur du livre Dans les griffes de la Hammer : la France livrée au cinéma d’épouvante. Dans un module de 13 minutes, le journaliste nous raconte l’histoire du mythique studio Hammer Film Productions. Comment le studio a-t-il fait sa place dans l’Histoire du cinéma, comment le studio a-t-il réussi l’exploit de susciter un véritable culte sur son seul nom et surtout en produisant de vrais auteurs ? Comment les créateurs du studio ont-ils pu ranimer l’intérêt des spectateurs pour des mythes alors tombés en désuétude ou parfois même devenus objets de comédies ? Nicolas Stanzick, érudit, passionnant, passe en revue les grands noms (Terence Fisher bien évidemment, Christopher Lee, Peter Cushing) qui ont fait le triomphe de la Hammer dans le monde entier, mais aussi les grandes étapes qui ont conduit le studio vers les films d’épouvante qui ont fait sa renommée. Voilà une formidable introduction !

A l’instar du caractère incongru de retrouver Joseph Losey aux commandes d’un film de la Hammer, Noël Simsolo est invité par ESC sur ce titre, plus précisément pour faire un large tour d’horizon de la filmographie et du parcours du réalisateur (18’). Excellemment illustré, ce module très exhaustif aborde les thèmes de prédilection de Joseph Losey (les trahisons du monde adulte), les hauts et les bas de sa longue carrière, ses récompenses, la chasse aux sorcières dont il a été victime et qui lui a valu d’être inscrit sur la tristement célèbre liste noire. Dans la seconde partie, Noël Simsolo propose une analyse sur le fond comme sur la forme des Damnés, tout en mentionnant le casting.

L’Image et le son

Su-per-be ! Ce nouveau master restauré HD (1080p, AVC) s’impose aisément comme l’une des plus belles surprises de cette collection British Terrors. Ce qui frappe d’emblée, mis à part le formidable usage du cadre large (une première pour Joseph Losey), c’est la densité du N&B et la profondeur de champ qui est souvent admirable. La photo est formidablement nuancée avec une large palette de gris, un blanc lumineux et des noirs profonds. La gestion du grain est fort plaisante. La copie est lumineuse, stable et le rendu des textures est très réaliste. On en prend plein les yeux !

Le film est disponible en version originale uniquement, en DTS HD Master Audio mono d’origine. La piste anglaise est très dynamique et s’impose sans mal avec une belle homogénéité entre les voix des comédiens, la musique et les effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Distribution / ESC Editions / Sony Pictures Home Entertainment / Columbia Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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