Test Blu-ray / La Peur – Fright, réalisé par Peter Collinson

LA PEUR (Fright) réalisé par Peter Collinson, disponible en combo Blu-ray+DVD le 19 février 2020 chez Studiocanal.

Acteurs : Honor Blackman, Susan George, Ian Bannen, John Gregson, George Cole, Dennis Waterman, Tara Collinson…

Scénario : Tudor Gates

Photographie : Ian Wilson

Musique : Harry Robertson

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Amanda garde les enfants des amis ou des voisins. Un couple qui vient de s’installer dans le village lui demande de garder leur enfant. Le même soir, l’ex-époux et père de l’enfant, dangereux psychopathe, s’évade de l’établissement spécialisé dans lequel il était interné.​

Du réalisateur Peter Collinson (1936-1980), les cinéphiles se souviennent surtout de L’Or se barreThe Italian Job (1969) avec Michael Caine et Noël Coward, Les BaroudeursYou Can’t Win ‘Em All (1970) avec Tony Curtis, Charles Bronson et Michèle Mercier, ainsi que de l’adaptation d’Agatha Christie, Dix petits nègresAnd Then There Were None (1974), qui s’éloigne de la trame originale (dont le dénouement), mais qui vaut le coup pour son casting exceptionnel composé entre autres d’Olivier Reed, Richard Attenborough, Charles Aznavour et Stéphane Audran. Plus confidentiel, Thriller ou Fright en version originale, ou bien encore La Peur, titre français alternatif est un petit thriller emballé avec peu de moyens, mais qui réserve son lot d’émotions fortes et qui repose sur l’intense interprétation de l’incroyable Susan George.

Amanda (Susan George donc), une jeune baby-sitter, débarque dans une maison isolée de la campagne anglaise, afin de s’occuper du fils d’un couple désireux de passer la soirée en amoureux. Mais une fois seule, Amanda croit apercevoir un rôdeur derrière les fenêtres. Pendant ce temps, la mère (Honor Blackman) s’inquiète pour une raison qu’on ignore.

En fait, il ne se passe pas grand-chose dans Fright et la première partie peut paraître un peu longue. Pourtant, le film vaut pour sa mise en scène, très inspirée, même si l’ombre de la caméra se voit à plusieurs reprises quand elle colle au visage apeuré de Susan George. Cette dernière est aussi la véritable attraction de Fright aujourd’hui. La même année, la comédienne sera au générique des Chiens de pailleStraw Dogs de Sam Peckinpah, de Meurs en hurlant, Marianne de Pete Walker, avant d’enchaîner avec Far West Story de Sergio Corbucci et de tourner les légendaires Larry le dingue, Mary la garceDirty Mary Crazy Larry de John Hough et Mandingo de Richard Fleischer. Si finalement sa carrière n’a pas été celle qu’elle aurait pu être, Susan George est devenue une actrice mythique et Fright contribue à sa renommée. Sa prestation laisse pantois, surtout quand son personnage affronte l’inquiétant et suintant Ian Bannen (1928-1999), grand comédien britannique vu Dans la colline des hommes perdus de Sidney Lumet (1965) et Le Vol du phénix (1966) de Robert Aldrich, rôle pour lequel il obtiendra une nomination aux Oscars. Si certains jugeront sa performance légèrement surjouée, il ne démérite pourtant face à sa partenaire et se révèle particulièrement inquiétant et imprévisible. Les fans de James Bond reconnaîtront également la merveilleuse Honor Blackman, éternelle Pussy Galore de Goldfinger (1964) de Guy Hamilton et aussi Catherine Gale dans la série Chapeau melon et bottes de cuir de 1962 à 1964.

Dans la première partie, Fright s’amuse à faire perdre ses repères aux spectateurs. On se demande où Peter Collinson souhaite nous emmener avec cet étrange couple qui semble cacher quelque chose à leur baby-sitter. Par ailleurs, le réalisateur et le scénariste Tudor Gates (Barbarella de Roger Vadim, Les Sévices de Dracula de John Hough) insufflent même un souffle quasi-fantastique dans cette baraque étouffante où quelques fantômes pourraient avoir élu domicile. Il y a bel et bien une présence, réelle, dangereuse. Malheureusement, ce sera Amanda qui en fera les frais, ainsi que le garçon (interprété par le fils du réalisateur) dont elle a la garde.

Malgré son rythme un peu pépère, mais qui participe finalement au malaise distillé au compte-gouttes, Fright tient ses promesses, surtout dans sa deuxième partie, prenante, tendue, sèche, qui rappelle parfois le cinéma de Pete Walker, compatriote de Peter Collinson, et qui n’a pas à rougir d’autres titres plus emblématiques de thrillers britanniques qui fleurissaient alors dans les cinémas d’exploitation du monde entier.

LE BLU-RAY

Et voilà ! Le numéro 21 de la collection Make My Day disponible chez Studiocanal est arrivé ! A l’instar du combo Digipack Hitler…connais pas / France société anonyme qui regroupait un film de Bertrand Blier et d’Alain Corneau, ainsi que celui du combo Folle tuer / Canicule qui comprenait deux longs métrages d’Yves Boisset, l’éditeur et Jean-Baptiste Thoret proposent ici deux thrillers britanniques très rares, And soon the darkness (1970) de Robert Fuest et Fright (1971) de Peter Collinson. Nous nous concentrons aujourd’hui sur Fright. Le menu principal est typique de la collection, sensiblement animé et muet.

En tant que créateur de cette collection, Jean-Baptiste Thoret présente tout naturellement le film qui nous intéresse au cours d’une préface en avant-programme (7’). Comme il en a l’habitude, le critique replace de manière passionnante Fright dans son contexte, dans la filmographie et le parcours de Peter Collinson. Il évoque également les motifs du film qui seront ensuite repris par John Carpenter pour Halloween, la nuit des masques, ainsi que son casting, plus particulièrement Susan George. Jean-Baptiste Thoret admet tout de même que le jeu de Ian Bannen a vieilli, seul point faible du film. Tout cela est abordé sans pour autant spoiler le film pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vu.

Quel plaisir de revoir Susan George dans un entretien (16’30) réalisé pour la sortie en Blu-ray de Fright ! Quasiment absente des écrans depuis près de vingt ans, la comédienne, qui fêtera ses 70 ans en 2020, revient sur Fright et plus précisément sur sa collaboration avec le réalisateur Peter Collinson, « un homme énigmatique dans la vie comme au travail, un metteur en scène extrêmement sous-estimé », avec lequel elle a adoré travailler. L’actrice évoque tout d’abord leur rencontre et leur première collaboration sur Up the junction (1968), avant d’en venir au film qui nous intéresse aujourd’hui, Fright, sur lequel elle ne tarit pas d’éloges, « un film intense, extrêmement puissant, sur un scénario effrayant ». Quelques photos de tournage viennent illustrer cette rencontre, durant laquelle Susan George parle aussi de son partenaire Ian Bannen (qui lui faisait peur car véritablement habité par son rôle), des conditions de tournage et se dit très heureuse que Fright soit passé à la postérité et qu’il soit toujours très apprécié aujourd’hui.

L’Image et le son

Studiocanal déroule le tapis rouge au film de Peter Collison avec un très beau master Haute-Définition (1080p, AVC) issu d’un nouveau scan 4K. Ce traitement permet de (re)découvrir Fright dans les meilleures conditions techniques possibles. Dès le générique, la propreté est indéniable, la copie est stable, le grain original flatteur, le piqué aiguisé et la photo du chef opérateur Ian Wilson (And Soon the Darkness dont nous parlerons très bientôt) est respectée. N’oublions pas l’élégante tenue des contrastes.

Point de version française ici. Le mixage anglais DTS HD Master Audio Mono 2.0 aux sous-titres français (imposés) instaure une écoute propre avec parfois quelques sensibles chuintements dans les aigus et un léger souffle, mais rien de bien méchant.

Crédits images : © Studiocanal / Fantale Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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